Z


ZADissidences 3 Des voix off de la ZAD - 2e vague d’expulsions - Mai/Juin 2018

mis en ligne le 29 septembre 2018 - Anonyme , Blackarabian , Des copaines, habitantes expulsées ou de passage , Lama furieux , MNI , Un habitant de l’extreme ouest , Une habitante de la zad , Une occupante (très) en colere , Une révoltée

Sommaire

  • Éditoto
  • Quelques définitions
  • Chronologie de la 2e vague d’expulsions
  • Foutre la merde : tout un art (2 mai)
  • Lâche l’appel, prends la pioche (5 mai)
  • Plus de frangines, plus de frangins (6 mai)
  • Naufrage partout ? (8 mai)
  • Le 14, ils négocient (12 mai)
  • Se doutent-ils ? (première quinzaine de mai)
  • Communiqué du dimanche 20 mai
  • Récit subjectif de ce qu’il s’est passé au domaine re-re-re-re liberée #Zad #NDDL depuis le 18 mai
  • La bataille de l’Ouest... cernées de tous côtés ! (23 mai)
  • Embrouilles de tiekar (24 mai)
  • Jusqu’où ira-t-on dans ce foutage de gueule des négociations ? (27 mai)
  • Plusieurs trous dans la vitrine de la Maison de la Grève (MG) de Rennes (2 juin)
  • Quant à la stratégie administrative et au fond de dotations de la zad (1er juillet)
  • Bibliographie
  • Ode au CMDO

Éditoto

Et voici le 3e numéro de ZADissidences !

ZADissidences 1 concernait la période allant de la « victoire » de mi-janvier et
s’arrêtant au tout début des expulsions-destructions de début avril 2018.

ZADissidences 2 relatait la 1ère vague d’expulsions, soit le mois d’avril.

Ce numéro-ci concerne la deuxième vague d’expulsions qui a eu lieu en mai,
après ce que l’État avait appelé une « trêve ».

L’idée est ici toujours de compiler des textes qui causent de la zad, critiquent la
tendance dominante dans le mouvement de lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et tentent d’enrayer ses pratiques autoritaires et réformistes.
Plus précisément, nous voulons participer à diffuser des voix de ce mouvement
qu’on entend moins et qui refusent les choix et les visions politiques d’une partie
des occupant·e·s, notamment celle qu’on entend beaucoup et qui depuis quelques
mois préfère se nommer « habitant·e·s » (comme pour se défaire d’un costume devenu gênant). Ces conflits ne sont pas nouveaux, l’abandon du projet n’a fait
qu’amplifier ce qui était déjà la direction prise depuis des années par quelques
occupant·e·s en alliance avec les « composantes », direction qui en déjà fait fuir
plus d’un·e depuis longtemps.

Certain·e·s trouveront triste de donner tant de place à ce qu’illes préfèrent appeler des « embrouilles internes » et se diront que ça n’a pas vraiment
d’importance comparé aux grands enjeux de « l’avenir » de la zad. D’autres
sauront y voir la densité des réels conflits politiques que la situation révèle, et
chercheront à en tirer des leçons pour d’autres luttes. Déjà beaucoup sont
parti·e·s écoeur·é·es, d’autres tiennent le coup vaille que vaille. Il y aura encore
tant à raconter et à discuter de cette aventure dans les temps prochains avec
celleux qui voudront y donner de la place.

Ces textes ont en commun une sorte de rage. Et ces temps-ci, c’est notamment
cette rage qui nous permet de nous reconnaître dans la tempête. On a choisi ces
textes-là parmi d’autres, sans être nécessairement en accord sur tout.

Ambiance réactionnaire... pour une écriture de l’Histoire des vainqueurs

Pourtant certain·e·s continuent de crier à la victoire pour mieux séduire et appeler au soutien de leur « projet d’avenir ». Mais on devine que l’enjeu est surtout
de tirer le maximum de profit de cette situation tant qu’elle reste bien cotée à la
bourse des luttes modèles.

On voit naître un « fonds de dotation » pour diversifier et pérenniser l’investissement des dernières années dans la composition et les liens avec « la gauche » et sa
manne financière. De nombreux écrits, images et évènements fleurissent pour
bien ancrer une version arrangeante tant que le cadavre de la lutte est encore
chaud et déjà embaumé.

Enfin, jusqu’à l’échelle plus petite des réseaux indépendants de contre-information, on perçoit une entreprise discrète et diffuse de censure et d’étouffement des quelques voix qui ont réussi à se faire entendre et qui font tache dans
ce tableau parfait. À titre d’exemple, le site Paris-luttes.info refusera la publication des ZADissidences mais dans le même temps publiera les comptes-rendus du site expansive.info de la semaine « Reprendre son souffle » d’août 2018, une forme de copinage pour une des tendances les plus autoritaires de la ZAD.

Loin de nous l’envie de se positionner en pauvres petits choux, nous préférons
regarder en face ce processus et en tirer des leçons à partir des positionnements
de chacun·e. Certains faits ne trompent pas :
Le 6 juillet, « ZADissidences 2, 1ère vague d’expulsions » était publié sur le site
zad.nadir.org, conformément à la prétention du site de relayer toute « parole d’occupant·e·s » qui lui était envoyée.
Le 9 juillet, il était dépublié. Un mail expliquait que « la publication ne fait pas accord (...). On en reparle à notre prochaine réu dans quinze jours ».

Le 30 juillet, à notre question « vous avez publié le premier ZADissidences, alors
quelles raisons pour ne pas publier celui là ?
 », un mail de l’équipe du site répond
« merci pour le rappel, par soucis de cohérences on dépublie ZADissidences 1 aussi ».
Hop, un petit nettoyage rétroactif en passant, on peut alors se demander
jusqu’où s’arrêteront-illes ?

Depuis, nous avons pu lire le nouveau mode de fonctionnement du site zad.nadir. On y trouve le refus d’« alimenter les querelles de milieux », ou de « servir de "crachoir à chaud" pour des gens qui ne seraient pas capables de se parler directement ». Ça
semble à la mode de dépolitiser les conflits et de cantonner au privé ce qui se
joue dans les luttes.

Un autre argument pour ne pas publier ces brochures est que le site ne veut pas
publier « des textes qui sont inintelligibles pour quiconque ne vit pas sur la zad » (même argument utilisé par Paris-luttes.info d’ailleurs) « et qu’on ne considère pas comme des critiques constructives ». Il ne faudrait pas confondre ce qui est intelligible de ce qui est politiquement correct de dire à propos de la zad. Et les textes
présents dans ZADissidences viennent d’un bon nombre de personnes, avec tous
les points de vue que ça peut représenter. Sûr que ça paraît plus foisonnant
qu’une ligne claire, argumentée, d’un groupe organisé où seules quelques personnes écrivent pour l’ensemble. Et font la part belle au mythe de la zad et à la
mise en scène de la révolte.

Bon, on va pas prétendre être surpris·es non plus, hein, c’est pas la première
censure de ces temps-ci. Mais le rapport de force devient de plus en plus écrasant
sur la zad en général, et donc aussi dans ses divers groupes collectifs où certain·e·s tentaient encore de la faire fonctionner de manière horizontale, tant bien
que mal jusque-là.

La critique politique et les conflits sont à étouffer discrètement, et une image
positive de la zad est à reconstruire d’urgence. Les artistes et intellectuel·le·s se
mobilisent, en croyant bien faire comme à leur habitude, en soutien aux légendaires « mauvaises herbes » de la zad, enfin pas celles qui l’étaient
probablement un peu trop, mauvaises. Et qui se sont déjà fait éradiquer, pour le
coup...

Mais certains coups de couteau dans le dos ont tout de même été trop visibles et
conflictuels pour pouvoir être niés plus longtemps. Alors, dans les derniers
textes [1] qui tentent de sauver tout ce capital subversif investi dans « la zad », ils
sont présentés comme des choix difficiles, parfois même douloureux. Ah, pauvres
d’elleux, incompris·es et critiqué·e·s pour avoir dû prendre ces décisions ingrates
de couper et d’abandonner dans la bataille quelques membres gênants de ce
grand « corps » qu’était la zad, et qui n’auraient pas tenu sous le « manteau » de
la légalisation. Mais tout ça pour sauver l’essentiel bien sûr. L’essentiel...

On peut aussi y lire que oui, peut être, d’autres choix auraient été possibles, mais
bon voilà, c’est fait, maintenant on doit se préoccuper de « la suite ». La suite...

Assumer ces quelques bribes leur permet de nier ce qui peut encore l’être, et de
préparer le terrain pour une réécriture de l’Histoire en direct, de la probable future défaite collective par la faute des « radicaux », de la discorde qui aurait laissé
la place à l’État, d’un mythe de l’« unité du mouvement » pour cacher qu’elle a été
l’un de leurs outils favoris de gestion de la lutte tant que le filon était exploitable.

« Une des postures doit gagner et l’autre doit perdre, la diversité des tactiques devient impossible parce que les buts diffèrent » ( La zad est morte, vive la zad , texte de la Maison
de la Grève de Rennes). C’est pourtant si simple, non ? Les positions sont
nivelées, égales les unes aux autres, face au hasard de la vie. Et le suspense est à
son comble : en effet, entre la stratégie réformiste et le refus du dialogue avec
l’État, qui donc aurait pu parier sur le vainqueur ? De même, qui serait assez
clairvoyant·e pour deviner ce que l’Histoire officielle choisira finalement de
retenir ?

Alors pour lire des textes qui causent de la zad hors des canaux officiels, il faut
chercher d’autres sources, comme par exemple les sites zadresist.antirep.net et
nantes.indymedia.org !

Merci encore pour toutes ces contributions, et prenez soin de vous !

Merci de les lire, et tenez bon !

Et ne soyons pas tristes, car tout ce qui a été vécu dans cette lutte, y compris ces
derniers mois, continue de nourrir des parcours et des rencontres contre ce
monde de merde.

À la prochaine !

Pour resituer certains trucs qui prennent beaucoup de place dans cette lutte et donc dans les textes qui suivent

Coord : « Coordination d’opposant.e.s à l’aéroport » regroupant une cinquantaine
d’assos, partis, syndicats et orgas citoyennes (dont l’ACIPA principale asso
citoyenne contre l’aéroport , l’ADECA asso des exploitants agricole de la zone,
Europe Ecologie Les Verts, le parti de gauche, ATTAC, le Modem, Solidaires, la
Confédération Paysanne, etc)

COPAIN : collectif regroupant une soixantaine d’agriculteurs des environs contre
l’aéroport où la confédération paysanne prend beaucoup de place.

CMDO : « Comité pour le Maintien De l’Occupation » est un regroupement d’occupant-es de divers lieux, dont les initiatives sont principalement axées sur
l’organisation avec les « composantes du mouvement » pour des évènements spectaculaires contre l’aéroport et pour imaginer un « avenir sans aéroport ». Ce
groupe au départ secret s’est peu à peu « autonomisé » du reste de l’occupation,
n’acceptant pas les critiques qui pouvaient, une fois son existence connue, leur
être sur leurs méthodes qui privatisaient avec les autres « composantes » les décisions du mouvement.

A.G. des Usages : assemblée crée en septembre 2017, avec pour objectif de préparer l’« avenir sans aéroport ». Sa vocation est de créer une délégation et des arguments pour aller négocier avec l’état après l’abandon du projet. Elle a été
mise en place par un accord entre le CMDO et les « composantes », laissant de côté comités locaux et autres non-affilié·e·s. S’y sont joint d’autres occupant·e·s pour au départ surveiller ce qui s’y disait et faire que les décisions y soient le moins
pire possible, jusqu’à finir par y reconnaître une légitimité et pleinement y participer. Elle fonctionne par commissions, échanges de textes (mais seulement de
« composantes ») et comptes-rendus. Ses réunions n’étaient, en général, pas annoncées publiquement, et au fur et à mesure il devenait de plus en plus difficile
de suivre les débats qui s’y déroulaient tant ils devenaient techniques qu’au vu
du temps que cela demandait. Les personnes qui ne sont pas « habitantes » depuis
longtemps sont priées de ne pas prendre la parole lors de ces assemblées. Elle est parallèle à l’AG du mouvement, ouverte à tou·te·s, qui se retrouve ainsi de fait
dépossédée de certains débats.

Chronologie de la 2e vague d’expulsions

Semaine du 31 avril au 06 mai

Les flics sont présents sur zone chaque jour à contrôler, ficher, attaquer et
déblayer les barricades. Des conflits sur zone entre celleux qui veulent ouvrir les
barricades parce que ce serait « la trève » et celleux qui voient bien qu’illes seront
arnaqué-es et veulent continuer à se protéger des flics.

02 mai : 5 comparutions au tribunal de Nantes

05 mai : parloir sauvage annoncé publiquement à la taule de Carquefou

06 mai : publication d’un texte « En cas de nouvelles expulsions sur la zad, appel à
mobilisation et à reconstruction
 »... mais bon, seulement le dimanche suivant la date
déjà annoncée de reprise des expulsions... Jardinage aux Planchouettes,
« Cueill’Est », balade botanique dans l’Est

Semaine du 07 mai au 13 mai

07 mai : Rendez-vous de la délégation à la pref : « Le camp adverse a laissé entendre
que peut-être, potentiellement, sous conditions, si on est gentils, les projets non-agricoles
et certaines cabanes pourront éviter l’anéantissement annoncé pour la semaine
prochaine.
 » (radio klaxon)

08 Mai : Un zadiste arrété vers la sècherie... Jugé le 1er juin il prend 2 ans ferme
pour lancé de pétard provoquant 1 jour d’ITT pour 2 gendarmes.

09 mai : Publication du texte « La stratégie d’autodéfense administrative ». On peut y
lire : « En remplissant ces fiches, on fait un geste et donc il nous est beaucoup plus facile
d’exiger l’arrêt des expulsions avec l’ensemble des composantes du mouvement.
 ». L’art
de la composition ... ou comment tous les moyens sont bons pour ne pas être
lâché par les composantes.

10 mai : Le collectif des « 100noms » s’accaparent une maison du Liminbout alors qu’un processus collectif était en cours pour décider de l’usage de cette maison dont l’occupant était parti. Ce coup de force restera en travers de la gorge de beaucoup d’occupant-es. Tout ça dans un contexte où plein de personnes ont vu
leurs cabanes détruites lors de la 1ère vague d’expulsions et sont accueilli·e·s
selon les capacités d’accueil des lieux non-expulsés.

11 mai : Nuit de tension sur la zad, affrontements avec les GM qui attaquent de
jour comme de nuit lourdement pour contrôler les routes.

12-13 mai : « Lache l’appel, prends la pioche » à la Grée, l’accès est cerné par les checkpoints 24h/24h. « Le camping du Far Farwest vous ouvre ses portes sur la ZAD ».
En solidarité, un engin de chantier est incendié à Poitiers.

13 mai : Dans la série paye ta trêve dans la ZAD, une cabane « historique » détruite à mains nues par un groupe de gendarmes sans huissier...

Semaine du 14 au 21 mai

Les spéculations sur le début de la 2ème vague d’expulsions s’étalent dans la
presse, les lieux visés sont ceux qui ont refusé de remplir des fiches, particulièrement des cabanes de l’ouest de la zad et plusieurs maisons.

14 mai : À Nantes, un « rassemblement pour un avenir commun dans le bocage ! » a lieu devant la préfecture où se réunit le « comité de pilotage » pour décider de la
redistribution des terres. Sur la zad, 5 interpellations lors de diverses manœuvres, blocages de routes et autres coups de pression. Publication du texte « Tank
on est là
 » du CMDO dans lequel on peut lire : « Face au retour des pelleteuses, les cabinets préfectoraux espèrent que le mouvement plonge dans des divisions aussi stupides
qu’inintéressantes politiquement entre ceux qui ont rempli le formulaire et ceux qui ne
l’ont pas fait. Nous refusons fermement ces dichotomies, et ils nous trouveront derrière les
barricades pour défendre la zad et tous ses lieux de vie
 ». Comme si tenter de se régulariser ou simplement remplir une fiche n’était pas, à ce moment-là, une
désolidarisation concrète d’avec les squatteur·euse·s.

15 mai : Opérations militaires de nuit en centre-zad, les gendarmes font des embuscades. Destruction de la cabane de la mandragore dans la zone non motorisée.
3 arrestations.

16 mai : Dépôt d’un dossier collectif de demande de conventions pour les habitats de la zad (COP habitat). Communiqué du conseil des ministres : « Sécuriser la
zone, mettre en œuvre les procédures judiciaires et poursuivre la mise en œuvre des décisions d expulsions
 », interprété comme une probable invasion des gendarmes le lendemain matin. Communiqué de presse de COPAIN 44 en soutien aux 100noms
réinstallés. Annonce que le non-camping du lac à l’extrême ouest est opérationnel, invitation à s’y pointer massivement. Rapidement des personnes
arrivant en renfort de Bellevue se font refouler à St Jean par des gens expliquant
qu’il y aurait assez de monde à l’ouest...

17 mai : Deuxième vague d’expulsion. Dès 4h, les flics commencent de gros mou-
vements autour de la zad. A 6h30, le général Lizuray en charge des opérationsmontre la carte des lieux ciblés ce jour-là : la Vosgerie, la Châteigne, la Datcha,
Puiplus, et des cabanes dans la forêt de Rohanne. Les lieux qui ont déposé des
projets, agricoles ou pas, ne seront pas inquiétés. À 7h, les affrontements commencent autour du chemin de Suez. Au tribunal de Nantes, après 1 mois de
détention préventive, un camarade prend 1 an ferme et 6 ans d’interdiction du
44. Le lendemain, un autre sera libéré avec 5 mois de sursis et 5 ans d’interdiction
du 44.

18 mai : Suite de la veille, même mode, aux extrêmes Est et Ouest.. La carte des
expulsions du chef des gendarmes montre les lieux visés : les Domaines libérées,
Le Phoenix, la Tarte, la Freuze, et la Gare et Kerterre côté Est. Nasse autour de St
Jean. Une invitation à St-jean-cabane où il est conseillé de venir « muni de sa
carte d’identité » pour un banquet de soutien et écouter Damasio lire son
bouquin. La cabane sur l’eau est incendiée par les gendarmes. 9 arrestations.

19 mai : Patrouilles massives de flics avec blindés, contrôles et pression autour
des lieux détruits ou expulsés (les Domaines libérés notamment).

20 mai : Contrôles alentours. Plusieurs rendez-vous sur la zad : à la Chateigne
pour récupérer des matériaux, à Bellevue pour déplacer une structure de dôme
vers le Gourbi, à la Saulce pour aller ré-ré-réoccuper les domaines libérées et le
phoenix, à la Wardine pour une action de solidarité avec la Palestine, à la Grée
pour aller repotager le sabot.

Semaine du 21 au 28 mai

Des textes paraissent sur le net pour soutenir la voie de la négociation, et contrer
la parole critique des expulsé-es et autres dissident-es. 1er rassemblement d’une
trentaine de personnes « en soutien aux agriculteurs » de la D281 pour laisser
passer le laitier bloqué par les flics « à cause des barricades » : « laissez tomber les domaines ! »

22 mai : Retour des flics en masse, notamment pour déblayer les cabanes
dernièrement détruites. L’hélico survol la ZAD depuis 4h40. Au moins 2 blindés et
50 fourgons sur zone. À midi, affrontements autour de la Chateigne, plusieurs
blessé-es, une personne (Maxime) à la main arrachée par une grenade de type
GLI-F4. AG des usages au « hangar de l’avenir ».

23 et 24 mai : Opérations de déblayage des lieux détruits avec un millier de flics
dès 7h du mat. Affrontements autour du chemin de Suez.

25 mai : Opérations de nettoyage et contrôle des routes. Ré-expulsion des domaines, pendant laquelle un occupant perd connaissance suite à des violences
policières, et ré-ré-réoccupation immédiate. Une réunion des fiches a lieu au
même moment non loin à la Rolandière.

26 mai : A Nantes manifestation en soutien à Maxime. Rencontres « habiter la zad
et ouvrir d’autres mondes
 »... (Tiens, mais où est José Bové ?)

27 mai : Les flics patrouillent pour empêcher les reconstructions et réoccupations.

Semaine du 28 mai au 03 juin

De nombreux rassemblements et actions ont lieu en france en soutien a Maxime,
dont le 30 mai à Nantes. COPAIN lance une invitation à des pique-niques qui
s’avèrent être des coups de pression sur des lieux identifiés comme obstacles aux
dynamiques agricoles.

28 mai : Un mail mensonger en « soutien aux paysan-es en détresse de la zad » est
envoyé dans le réseau de COPAIN pour prévenir qu’une action aura lieu
prochainement ciblant des « antispécistes aux pratiques fascisantes ».

31 mai : Des gens de COPAIN et des occupant-es ayant signé une COP organisent
un « pique nique de soutien aux projets agricoles » qui passe sur la D81 devant les Domaines Libérés et est arrêté avant la Saulce par des pneus enflammés.

01 juin : Le repas de COPAIN est déplacé exceptionnellement de Bellevue au
Rosier en « soutien aux projets agricoles », nouvelle pression dans un lieu où les
habitant·e·s n’ont pas voulu signer de fiches mais où Sème ta zad et la Riotière ont
rempli deux fiches de projets agricoles. A Nantes, un camarade est condamné à 2
ans ferme pour un pétard lancé sur les gendarmes (ils ont eu des acouphènes qui
a justifié une journée d’ITT chacun...).

03 juin : Nouveau pique nique organisé autour de la Grée pour soutenir des projets de COP agricoles à la Grée et la Sècherie.

Semaine du 04 au 10 juin

« Suite à la signature de 15 conventions sur les terres de la zad et à propos des enjeux à
venir
 » ou comment faire du « subversive washing » à chaque nouveau pas vers le
droit chemin. Les flics continuent de surveiller la zone et interviennent pour
détruire les tentatives de reconstruction.

12 juin : Les flics expulsent les Domaines libérées et murent chaque ouverture.

[Agitation] Foutre la merde : tout un art

Publié sur Indymedia-Nantes le 2 mai 2018

L’ennui recommence à s’ancrer sur zone. Avec ses patrouilles militarisées qui
tracent, indifférentes, devant les Fosses Noires, tel un troupeau de vaches dans le
bocage. Ils se servent même du Gourbi comme parking maintenant.

Pendant cela, la pacification et la concertation sur les campements des soutiens
dits « incontrôlables » est prêchée jusqu’à une heure du matin... par une mamie du
mouvement, en sortant de son AG, racontant aux copain·e·s dans leurs sacs de
couchage une histoire pour s’endormir. Le lendemain, les chantiers pour le glorieux avenir de la zad reprennent sous le soleil du printemps.

Par exemple, la ferme des COPAIN propose le creusage d’un lac pour de la pisciculture. Dans la lignée de La Grée qui a eu l’idée d’une ferme d’escargots (en pénurie sur le marché), idée qui a beaucoup plu à la préfète, la ferme de nos copain·e·s cherche aussi des idées pour ré-adapter son futur marché, en détournant
la volonté incontrôlable de certain·e·s de creuser des tranchées. On commence
déjà à se demander si ce n’est pas plutôt une fosse commune que nos ami·e·s
creusent si avidement pour pouvoir nous accueillir au cas ou une cinquième et
définitive débâcle de Lascar nous soit fatale.

Pendant que tout le monde —médias, fachos, partis et gouvernement— se moque
du mouvement libertaire, incapable de critiquer en bloc la domestication d’une
zone libre et de ses gens, dépendant encore une fois des avant-gardes intellectuelles qui puent la manipulation et l’autorité... les bonnes manières
hypocrites de Lundi.am reprennent leur place dans les processus d’auto-critique.
Les interviews du Doc du Réel font même pleurer Stallone. « Il n’y a rien dans ce
qu’ils nous avaient dit, dans les règles du jeu
 », comme nous dit par exemple Maël,
bureaucrate anti-autoritaire et barricadier légal.

Ce qu’on nommait hier de « collectif » redevient peu-à-peu « commun » (comme une fiche individuelle pour tou·te·s). Ne pleurez pas : peut-être que la zad ne
vaincra pas, mais, comme les châtelain·e·s locaux du CMDO l’affirment depuis la
kermesse du 10 février : « ZAD will survive ».

Malgré cela, deux de ces châtelains survivalistes ont été gentillement raccompagnés à la sortie d’une teuf sur un lieu de la zone ce week-end, et un de leurs domaines pris d’assaut.

Histoire de mettre en lumière les conflits internes à la zad, et de les projeter contre le monde qui nous engouffre. C’est une histoire de confiance, entre nous et
ceux et celles qui mettent sa vie en jeu pour cette zone.

Comme se conformer à cette idée dystopique du présent ne convient pas à tout le
monde, voici une affiche en proposition pour que ces idées de délégation, de
composition à tout prix, d’avant-garde et de (ses) compromis avec l’État ne
passent plus dans le futur, surtout à partir du 14 Mai —quand un « comité de pilotage » de l’État définira la pertinence des projets en voie de légalisation.

Sur la ZAD, comme ailleurs... Foutre la merde : tout un art.

Lâche l’Appel, prends la pioche

Publié sur Indymedia-Nantes le 4 mai

Compagnon·ne·s, copa·in·e·s, compas, complices, camarades, c’est le moment de
faire face aux forces armées de l’état capitaliste, aux tenant.e.s de la régularisation et aux gouvernances auto-proclamées de l’intérieur. Partout nous subissons
leur domination et leur dédain. Partout nous luttons pour qu’ielles ne dirigent
pas nos vies.

Le 14 mai 2018 a été fixé par l’état comme date limite pour les occupant.e.s « illégaux·ales » ne souhaitant pas se régulariser pour quitter les lieux... Cela pose la
question de ce qu’est une occupant.e « illégal·le » ? Et quels sont ces « lieux » ? Et
vers où ces personnes sont censées aller ? La « zone » deviendrait-elle un territoire d’accès contrôlé ? Qui y aura accès ? Qui donnera les autorisations ? Sur quelles bases ? Dans quelles limites géographiques ? Que cela implique-t-il comme
mesures de contrôle social ? Qu’adviendra-t’il des personnes jugées « illégales » ?

Une partie du mouvement contre l’aéroport et pour son monde a imposé sa vision au reste des occupant.e.s : si on est gentil.le, si on signe, si on barricade pas
les boulevards de flics, si on acquiesce aux ordres de la police zadionale et de ses
zadiocrates, l’état nous laissera tranquille...

Après avoir vendu à prix libre la route des chicanes (RD281) et imposé par la
force la destruction de Lama Fâché, le dépôt de fiches (non communiquées auparavant à l’ensemble du mouvement ni à l’ensemble des occupant·e·s) a été fait
malgré les désaccords profonds sur cette stratégie grâce à une campagne de lobbying dans l’urgence (avec en arrière plan les risques réels de sanctions
physiques en mode « coffre et coups de pression »).

Depuis des années déjà, les coups de forces et les prises de pouvoir gangrènent la vie sur la Zad. Longtemps, les anti-autoritaires ont rongé leur frein pour ne pas
compromettre la lutte contre l’aéroport. Aujourd’hui, le temps n’est plus à la
compromission avec les franges « capitalist-friendly » ou hiérarchiques. L’aéroport
est mort, vive les luttes !

Depuis la Zad, nous nous organisons pour lutter contre toutes les dominations et
contre toutes les hiérarchies. Parce que nous ne tolérons pas que la Zad soit appropriée par des groupes qui imposent leurs vues à tou·te·s, s’approprient les
moyens de production et cadenassent les organes de décisions politiques. Parce
que la Zad est à tou·te·s, qu’elle se maintient grâce aux solidarité de tou·te·s, nous
refusons sa gentrification.

Nous invitons tou·te·s les anti-autoritaires, les rebelles, les insurgé·e·s, les autonomes, les non-enfiché·e·s, les minorisé·e·s, les marginal·e·s, les cas sociaux, les
loosers, les galèrien·ne·s, les schlags à se retrouver sur la Zad de Notre Dame des
Landes les 12 et 13 mai 2018 (si tu veux venir avant, welcome) pour organiser de
façon horizontale les ripostes les plus imprévisibles aux attaques autoritaires,
étatiques et capitalistes.

La peur n’évite pas le danger.

Nous sommes résolu·e·s à ne pas céder sous les menaces d’où qu’elles viennent.

Évidemment tout est autogéré et nos résistances seront ce que nous en feront.
Venez avec vos idées, vos analyses, vos points de vue, vos divergences, vos ateliers, votre matos, vos cagoules...

Soyons incontrôlables.

PS : Les comportements sexistes, validistes, homophobes, et généralement tous
les comportements « relous » et oppressifs n’ont rien à faire de ce coté de la barricade ; ils sont les instruments de nos oppressions !

Plus de frangines, plus de frangins

Publié sur Indymedia-Nantes le 6 mai

Nous, enfants d’ouvrières, de chômeuses, de galériennes, le plus souvent,
sommes né-e-s dans les quartiers populaires construits par les nôtres qui avaient
été chassés auparavant de leur terre et déplacé-e-s de force et nous avons fait le
choix de venir vivre à la ZAD de Notre-Dame des Landes et, comme avant et
ailleurs, assumons de se battre contre la police coloniale et de garder un bout de
terre pour rester libres. Comme dans certains de nos quartiers, la ZAD est un
territoire libéré du contrôle policier où nous pouvons éviter les contrôles
d’identité, et tout ce qui va avec : les coups de pressions, les insultes, les coups
qui traumatisent nos corps et l’intérieur de nos têtes. On a quitté la ville et nos
quartiers car on est saoulé de vivre dans des territoires de plus en plus occupé
par la police et l’armée et subir comme les générations précédentes ce système
qui veut faire de nous une chaire à canon ou de simples ouvrier·ère·s, contraint·e·s de se lever tôt car vivant loin de leur lieu de travail, ou de survivre avec le
RSA ou les indemnités de chômage.

Arrivées à la ZAD, nous avons vu un collectif divisé à cause des stratégies du
gouvernement, et des divisions qui reproduisent des dominations sociales et
économiques que nous combattons déjà en partie, tel le racisme, le colonialisme,
le système des castes et des cases. Beaucoup d’entre nous n’ont pas fait d’étude,
ici, il y a peu de gens issus des quartiers, et encore moins, celles qui subissent
personnellement le racisme au quotidien. On remarque qu’on ne peut s’exprimer
librement dans les assemblées, soit parce que l’on a pas acquis le langage
universitaire, soit parce que nous refusons d’utiliser la langue réservée à une
élite. Nous constatons que les groupes qui dominent les assemblées, se réservent
les médias et ne sont pas cibles des opérations d’expulsion, sont le plus souvent à
l’arrière, à des postes au sec (communication, médias, constructions inutiles vu le
contexte...) et envoient nos sœurs et frères des quartiers comme chair à canon,
en première ligne, sur le front, les barricades ou les lieux qui subissent le plus de
pressions policières au quotidien. Ces personnes ont très peu de considération et
de solidarité envers celles et ceux qui ont été la cible de la première vague
d’expulsion et de la prochaine qui démarrera, selon le gouvernement, le 14 mai
2018. Après avoir utilisé les sœurs et frères pour lutter contre l’aéroport,
aujourd’hui certains agriculteurs les insultent dans les assemblées et sur les
barricades.

Les violences subies ici sont extrêmes : tirs tendus de flashball à la tête et dans le
dos, matraquages, gazages intensifs, impossibilité de récupérer des blessés ou de les extraire de la ZAD alors que des soins urgents et vitaux sont nécessaires. Le
dimanche 15 avril, de nombreuses personnes, dont des familles avec enfants,
sont venus soutenir la ZAD et elles ont subi le même sort.

L’opération de maintien de l’ordre en cours nous fait penser à la répression des
révoltes de 2005 et nous voyons ici la même division entre la jeunesse issue des
quartiers et la jeunesse des classes privilégiées. Comme en 2005, la jeunesse
pauvre subit la répression et une partie de la jeunesse des classes moyennes et
aisées négocie avec l’État qui leur donnera quelques miettes pour continuer la
division.

Mais nous gardons espoir car depuis le 9 avril, nous avons de plus en plus de
frères et sœurs des quartiers venus défendre la ZAD et qui continuent de tenir le
rapport de force contre les milices de l’État français. Certain-e-s d’entre nous
veulent rester ici et développer des projets pour les nôtres, sans subir la
répression quotidienne du système des castes et des cases et affirmer des espaces
spécifiquement dédiés pour les luttes des quartiers populaires, à savoir les luttes
contre les violences policières, le système carcéral, le racisme, le colonialisme, le
sexisme, l’homophobie...!

Nous ne voulons pas laisser la ZAD aux classes bourgeoises qui s’organisent déjà
pour récupérer des fonds et racheter l’ensemble des terres occupées. À chaque
instant, nous luttons à notre manière pour affirmer à celles et ceux qui nous
méprisent et oublient souvent nos luttes contre la répression que nous subissons,
que vous subissez chaque jour, qu’ils aillent exercer leurs privilèges en dehors de
la ZAD, et non pas, comme c’est le cas à ce jour, contre la résistance de notre
classe sociale qui, ici, comme ailleurs, est la plus réprimée par l’État.

Nous ne supportons pas que certains agriculteurs qui nous ont demandé du
soutien viennent sous notre nez, en toute impunité, épandre des produits
chimiques dans les champs, pratiquent des cultures et élevages massifs,
concentrent entre leurs mains de vastes territoires agricoles, après une lutte
conjointe qui a duré plus de quarante ans.

Nous ne voulons pas que leurs produits agricoles finissent, une fois de plus, dans
l’assiette de nos familles, de nos sœurs, de nos frères, de nos potos qui doivent
pouvoir aussi se nourrir sainement malgré la galère pour payer le loyer, faire ses
courses, vivre dans des tours de béton péraves...!

Nous vous invitons toutes et tous à venir dès le 12 mai 2018 pour défendre la ZAD
pour que les gentes des quartiers populaires aient leur place ici et peuvent
comme tout le monde avoir le choix entre le béton et la terre !

Des gent-e-s fiers d’être issu des quartiers populaires

Justice et dignité.

Naufrage partout ?

Publié sur Indymedia-Nantes le 8 mai

C’est quoi c’est têtes baissées, ces regards fuyants ?

Vous semblez accablés, honteux peut-être, en tout cas mal à l’aise.

Auriez vous envie de vous cacher ?

Pourtant Monsieur Fresnau déclare que la rencontre avec « Nicole » a été con-
structive...

Il ya aurait des « avancées » en vue ............. Whaou !!!!! mais assorties d’expulsions.

Des « avancées » pour les unes et des expulsions pour les autres !!!! « Joli » non ?
En plein dans leur monde donc !

Devriez avoir la « banane » !

Arrivez-vous à vous faire un sourire dans le miroir le matin, une fois bien
réveillé ?

Utiliser l’adjectif « constructif » quand on sait ce que les troupes de l’Etat ont
détruit ça a quand même un côté ........ indécent je trouve. Non ?

Il est vrai que l’indécence est « tendance » et qu’on ne peut échapper à l’air du
temps à 100% à moins peut être de partir vivre en ermite.
Comment peut on « construire » un projet personnel en collaborant sur de telles
bases ?

Cela relève du pathétique et c’est ce qui transparait sur cette photo.
Au bout du compte vous êtes devenus des acteurs du « naufrage » en cours et par
conséquent de votre « naufrage ».

Les membres de l’Oligarchie au pouvoir doivent bien se marrer qand même.
J’espère qu’ils vous remerciront. En tout cas bon « naufrage à vous ».

Le 14 ils negocient

Publié sur Indymedia-Nantes le 12 mai

Vérités sur les negociations de lundi 14 mai entre l’etats et le « mouvement »

Ils négocient...

Ils détruisent nos cabanes / ils négocient
ils nous interpellent / ils négocient
ils nous blessent / ils négocient
ils nous mettent en prison / ils négocient...

Moi je vous dit : négociez vos petits projets entre amis, mais ne dites plus jamais
que c’est pour le bien de tous assumez !

Dans l’appel « Rassemblement le 14 mai pour un avenir commun dans le bocage ! »
lisible sur zad.nadir, rien sur les revendications soit disant portées au début,
comme le gel des terres, pas d’expulsions, l’amnistie... Et bien sûr rien sur les
violences et le harcelement policier subi aujourdhui sur la zad, rien sur nos
cabanes à reconstruire, rien sur les copains à faire sortir de prison.

Ils ne gagnent rien mais négocient encore ? Mais peut-être gagnent-ils beaucoup
en fait ? Voila ce que demande l’appel du 14 mai : « un soutien aux différents
projets présentés, à la vision coopérative qui s’en dégage
 » et dans le calme s’il vous plaît !

Ils les obtiendront leurs lopins de terres pour cultiver leurs p’tits projets entre
amis. Et bien sur ils parlerons encore une fois de victoire...

Et sinon sur la zad de notre dame des landes toujours beaucoup de cabanes a
reconstruire, toujours des blessés, les arrestations continuent, le harcèlement
policier aussi, des personnes sont toujours en prison.

Alors on compte sur vous a défaut de compter sur le mouvement du monde de
l’aéroport. Vous saurez où nous trouver... À très vite !

Se doutent-ils de quelque chose ?

Première quinzaine de mai

Petit cours de novlangue appliquée.
Les réunions se multiplient tellement que même les grand’ messes (l’AG des
abusages, par exemple) sont annoncées à la va vite, par texto sur des listes affinitaires. Du coup, personne n’y est sauf ceux et celles qui y sont les bienvenu·e·s. Il
paraît que la dernière en date, celle de mercredi, a été recadrée par un porte-parole de COPAIN. Il y avait eu trop de perturbations à la précédente, des
personnes osant intervenir hors tour de parole, osant ne pas se taire sur injonction, osant tenir tête aux nervis.

La délégation du Mouvement se fait de plus en plus réduite : les délégués des
habitant·e·s, un naturaliste sans lutte et un COPAIN. Les autres sont retournés à
leurs affaires.

Il y eut deux entrevues bilatérales entre cette délégation et les services administratifs de la préfecture. Sous mandat rétroactif de confiance...

On se rappelle qu’il y a un peu moins de deux semaines, J. était revenu informer
l’AG du mouvement de la séance où la préfète les avait félicités pour leur travail
colossal. Il avait fanfaronné en disant que le montage fait par la délégation était
si enchevêtré que les administratifs n’y comprenaient rien ! Les nuls, il avait fallu
une bonne heure pour leur montrer que leurs fiches individuelles étaient de fait
des fiches collectives. On les a bien eus !

Cette fois-ci, J. n’a pas jugé la peine de venir répondre de son mandat devant le
groupe. Il faut dire que ce n’était que la réu des Zhabs, qu’il ne reconnaît pas.
C’est un remplaçant, L., qui est venu faire le compte-rendu de leur nouvelle reculade. Il a eu le culot de dire « On ne demande pas à siéger à la Commission de Pilotage.
On a obtenu un cadre de négociation bilatéral satisfaisant.
 »

Satisfaisant ? Jugez plutôt :

À chaque fiche individuelle ne correspondra qu’un nom et une série de parcelles.
Sur chaque parcelle n’est enregistré qu’un projet. Point. « Ils ont bousillé notre
enchevêtrement...
 ». Satisfaisant ?

Chaque COP peut être assortie de clause comme « il est interdit de poser des caravanes ou habitats légers ». Satisfaisant ?

Les COP peuvent être dénoncées par les deux parties à tout moment, surtout par
la DDTM, si les visites de contrôle ne sont pas... satisfaisantes.

Chaque porteur de projet doit se présenter individuellement en début de semaine prochaine pour passer un oral de 15/20 minutes devant des chefs de
service de la DDTM afin de tester de la capacité des individus à se projeter dans
l’avenir de manière... satisfaisante. Il pourra être assisté d’un délégué. Ouf !
Les projets doivent pouvoir dégager un revenu décent, et prévoir les moyens de
production ad hoc.

Les projets non agricoles seront pris en compte... plus tard.

Il y avait au départ 41 fifiches couvrant « presque la totalité de la ZAD », c’est-à-dire
270 ha, sur les 1650 en totalité, couvrant la quasi-totalité des lieux de vie (ceux
détruits ne comptent plus, évidemment), et la quasi-totalité des habitant·e·s
(bouffons non inclus). Il n’y a que 19 projets « aboutis ». 19 noms individuels. Sur
des parcelles que les agriculteurs de la FNSEA convoitent aujourd’hui de leurs
côtés. Satisfaisant ?

Comme le droit commun doit s’appliquer, le délégué mise sur la protection de la
préfète, de l’État donc, pour appuyer ces dossiers individuels à la signature de
COP, sur des parcelles en litige avec la Chambre d’Agriculture. Et on ne parle plus
de bail emphytéotique puisqu’un fond de dotation est déjà en projet pour pouvoir acheter les terres que l’Etat mettra en vente. Et on oublie le manteau,
cachant un corps déjà meurtri. Les phalanges qui tomberont ou seront mutilées
ne seront que des « couacs ».

Les 19 éligibles resteront en lice, sans état d’âme. Les beaux principes du style
« on signe tous ensemble ou personne » ne sont que de la fumette.
Et ceux qui passeront le cap de la mise en concurrence avec les agris du coin qui
lorgnent sur ces terres depuis des décennies, devront se conformer aux normes
administratives, et à la rentabilité capitaliste, sous la menace de se voir expulser
de leur COP.

Se doutent-ils de quelque chose ?

Note d’actualisation : « Finalement, quinze projets ont été retenus. Quatre ont été déclarés
non éligibles à la COP car se situant sur des terres dites "conflictuelles" ».

Communiqué du dimanche 20 mai

Publié sur Indymedia-Nantes le 21 mai

On s’est retrouvées à 5,6 (10 parfois) dans une cabane aujourd’hui et on a eu
besoin d’ecrire ensemble pour exprimer nos ressentis. On sait que cet avis est
partagé plus largement. Nous ne partageons pas la strategie actuelle de
communication faite au nom de la zad et voulons faire entendre notre voix, celle
de celleux qui sont souvent invisibilisés ou censurés.

La dernière manif de reconstruction du gourbi (manif de réoccup’ du 15 avril 2018,
voir chronologie
) avait été une opération de com axée sur la symbolique, et
destinée a diffuser de belles photos. Cela ne fait pas sens pour nous. L’action qui
avait été organisée était une fois de plus déconnectée de nos réalités.

Lors de ce dimanche 15 avril la Grée avait été nassée par les flics avec une
100aine de copaines à l’interieur tandis que 5000 personnes s’étaient retrouvées
pour déplacer des charpentes en tronçonnant des arbres sur leur passage,
charpente finalement détruite le lendemain matin.

Aujourd’hui encore nous assistons à un mouvement qui se veut spectaculaire
alors qu’il se passe plein d’autres de choses sur la Zad et que nous avons besoin
de soutien quotidien pour faire face à l’occupation militaire et continuer à
défendre des espaces libres et non motorisé. Nous avons besoin de personnes qui
viennent habiter, occuper la forêt, construire des cabanes et des barricades et
vivre ici tout simplement.

Habitante ou juste de passage, chacune doit pouvoir proposer des projets, avoir
des opnions, vivre et exister ici. Alors des ce soir nous vous invitons a venir aux
Domaines libérées et a la Grée pour prendre part aux différentes dynamiques en
cours.

C’est ainsi que nous défendons la zad du champ des possibles.

Des copaines, habitantes expulsées ou de passage

Récit subjectif de ce qu’il s’est passé au domaine re-re-re-re-libérée depuis le 18 mai

Publié sur zadresist.antirep.net le 22 mai

Comment et pourquoi la maison du domaine libérée a été ré-ouverte et réoccupée, et la portion de la route D81 qui se trouve devant transformée en nouvelle « route des chicanes »

Le vendredi 18 au matin entre 7h et 8h, 1 douzaine de fourgons de gendarmerie et un camion de surveillance OEIL sont arrivés devant la maison du domaine libérée, aux Domaines sur la D81. La centaine de GM a encerclé la parcelle, un gros groupe (40, 50 ?) attendant devant la porte que la manœuvre soit terminée pour me dire « Monsieur, vous habitez ici ? » / « Si on veut » je lui réponds / « On va entrer chez vous ».

Domaine BarricadeNous étions six à l’intérieur, deux habitants un peu durables et quatre companer@s de fRance et d’ailleurs. Devant, autour, personne. Ni du « mouvement d’occupation », ni d’autres composantes (alors que l’info était passée une demi-heure à l’avance sur le talkie, et qu’on savait depuis plus longtemps encore que les lieux « sans fiche » étaient visés par la 2e vague d’expulsion). Le gros groupe de GM s’est répandu par le portail puis dans la maison (non sans que trois se cassent la gueule sur les quelques vélos qui traînaient malencontreusement devant la porte ;). L’huissier et le haut gradé (4 étoiles ?) présent.es ont laissé une dizaine de minutes aux gens pour prendre quelques affaires – on a sorti une caravane à la main pour la mettre sur le parking de la Petite Vacherie en face, pris les sacs déjà préparés et ce qu’on pouvait d’autre. S’ensuit un contrôle d’identité des présent.es : trois vérifiés à l’oral, deux sur papier, un refus d’identité – qui est bientôt emmené pour être mis en GAV à la gendarmerie de Mitrie à Nantes.

Au bout d’un certain temps (2h ?) après avoir fouillé la maison et les autres bâtiments, que des déménageurs collabos aient emporté non seulement tous les matelas et le matos de cuisine sur ordre de l’huissier, et les flics du matériel informatique qui servait pour l’accès internet collectif, les flics avancent leur dispositif d’une quinzaine de mètres, laissant l’entrée accessible. On en profite pour retourner dans la maison (domaine re-libéré). Les flics s’en aperçoivent bien sûr, reviennent au bout de dix minutes pour nous ré-expulser. On ressort avec quand même quelques affaires supplémentaires. Puis un peu plus tard, tout le dispositif s’en va. On retourne dans la maison. domaine re-re-libéré. On passe quelques heures à mettre des affaires en sécurité, avant que le dispositif revienne et que les flics nous ré-ré-expulsent.

Vers 17h, l’entreprise de maçonnerie (qui venait de murer le Phoenix) arrive et commence à travailler. À 17h30, elle se barre. Peu après 18h, les GM aussi. On rentre voir, il y a juste un mur posé devant l’ancienne porte de devant depuis longtemps condamnée. Toutes les autres ouvertures sont juste fermées d’un petit scotch rouge (« gendarmerie nationale, ne pas ouvrir »).

10mn plus tard, quelques dizaines de personnes qu’on n’a même pas appelé arrivent et réouvrent la maison (le joli hasard de la zad – l’harzad ?), posant les parpaings sur la route devant le lieu (on apprend pendant ce temps que le copain arrêté va sortir sans rien, et qu’une copine de Nantes le ramène sur zone). Ensuite, quelques personnes arrivées entre-temps utilisent les parpaings démurés pour construire une petite chicane pour protéger le portail, qui sera joliment décorée (des plantes, des miroirs et des slogans, « merci pour le matos ! », « rien ne se perd, tout se transforme »).

Nous, on retrouve la baraque, et constate la disparation de pas mal de choses (en plus des matelas, gaz, le matos informatique et quelques livres dont Le petit manuel d’autoconstruction et les deux tomes du Guide d’autodéfense numérique). Mais les flics ont laissé l’eau et l’électricité, et pas mal de mobilier (visiblement, ils ne conçoivent pas qu’on puisse dormir sur un canapé). Alors on décide de rester là, à quelques-uns (domaine re-re-re-libéré).

On est contre toutes les expulsions, non ? Il y a une manif de réoccup’ dimanche, non ? Ou c’est juste « symbolique » ? Les autres composantes n’ont-elles pas dit qu’elles défendraient les lieux en dur ? (et leurs habitant.es, ou pas ?)

Le lendemain, debout avant 5h, on a le temps de mettre en sécurité quelques affaires encore, puis on quitte la maison au cas où. Vers 9 ou 10h, revenant du sud de la D81 pour aller vers Notre-Dame-des-Landes parce que je m’éloigne pour le week-end, je vois une voiture banalisée et une camionnette de gendarmes qui arrivent du nord et s’arrêtent à la Rolandière. Quelques gendarmes, visiblement gradés, sortent de la voiture et se dirigent vers les deux personnes présentes devant la Rol’, pendant que je les rejoins.

Le plus haut gradé présent explique qu’ils sont revenus parce qu’ils avaient entendus que Phoenix et Domaine libéré avaient été réoccupés, qu’ils revenaient vérifier, et que la semaine suivante ils « procéderaient à la déconstruction du Domaine, du Phoenix et de la Freuzière ». Je demande au gradé qui cause si je peux me rendre à NDDL, il me dit que oui, avec une escorte. Je pars donc sur la D81, et traverse tout le dispositif qui s’étend du chemin de la Friche à après la Vacherie escorté par un puis deux GM. En passant à côté du Domaine libéré, je ne peux rien voir à cause de la haie de flics, mais j’entends des bruits de coups de masses, de bris de verre ou de faïence, etc.

Après je ne suis pas là jusqu’à dimanche après-midi. Il se passe plein de trucs que je raconte vite fait de ce que j’en ai compris.

À l’intérieur de la maison, les flics ou leurs collabos ont tout détruit : les cloisons, le toit de la maison, les éviers, baignoire, sanitaire, tuyauterie et chauffe-eau sont percés, la machine à laver collective a été renversée et cassée, ainsi qu’une partie du mobilier, comme l’échelle pour monter dans le grenier sleeping,… Le dimanche, pour la réoccupation, plein de monde débarque spontanément et/ou s’organise pour aider le Domaine libéré (malgré les quelques personnes du CMDO – Comité pour le maintien de l’ordre ? – présentes à la Saulce qui tentent de dissuader les gens de le faire !). Peut-être une cinquantaine de personnes, de plein de pays, dont un bon nombre qu’aucun.e des occupant.es récent.es du Domaine ne connaît, se succèdent pour trier, récupérer ce qui peut l’être, faire des allers-retours en véhicule pour emmener ça sur d’autres lieux où ça peut servir, et déposer le reste du matos sur la route. Quand j’arrive à pied depuis le nord en fin de journée, je ne comprends pas bien ce que je vois au début. Avant de comprendre : c’est une route des chicanes !

Il y a une discussion un peu tendue, en mode dialogue de sourds, avec des personnes de l’ACIPA et des voisin.es, sur la présence des chicanes et la re-re-re-re-libération du Domaine (et puis sur les fiches, et le refus de la légalisation). En très gros, d’un côté ça dit, « en démurant et réoccupant la maison, vous donnez aux flics la légitimité pour la démolir – voire pour démolir toutes les maisons pour certain.es – et les chicanes, c’est de la provocation, ça leur donne aussi une raison de venir – vous n’aviez qu’à faire un projet », de l’autre « Si les composantes tenaient leurs engagements de défendre les lieux de vie et leurs occupant.es, on n’aurait pas besoin de barricader, ou moins, et on pourrait le faire de manière plus négociée. Là on est seul.es face aux flics, on se défend comme on peut, à notre manière qui n’est pas la vôtre, mais ça a tout autant contribué à l’abandon du projet d’aéroport et à la défense de la zone ».

Bref, incompréhension mutuelle, divergence d’intérêts concrets, et pas mal d’a priori (des personnes disant être voisines expliquaient que le lieu était « privatisé par des gens qui ne font rien », ne sachant même pas que le Domaine était un lieu de passage pour beaucoup de monde, avec des outils collectifs – douche, machine à laver, ordinateurs et internet – utilisés largement, même par des gens avec qui on n’est pas d’accord politiquement ou qui ne sont pas nos potes).

Au Domaine, le dimanche soir, ça s’organise, ça chill, ça prépare un peu la boum de réoccup’ prévue le soir, où la cour du Domaine se retrouve plus remplie que depuis bien longtemps. Et après la boum, ça discute, à une trentaine de personnes dont pas beaucoup d’ancien.nes occupant.es de la zad. Pas de tour de parole, de la traduction, et tout le monde s’écoute, et réfléchit ensemble, et ce jusqu’à 2h du mat’. Organisation, tactique et stratégie, enjeux de la réoccupation – action directe, sens politique de nos actes, risques collectifs, implication de chacun.e.

Puis ça s’endort doucement ou ça veille, au son d’un violon qui nous chante des chants de luttes. A las barricadas semble avoir du sens, pour une fois. L’état d’esprit me rappelle certains de mes premiers moments sur la zad, il y a quelques années de ça. La zad ne serait pas morte ? Ou la zad est morte, vive la zad, en nous pour longtemps ?

Lundi matin, ce matin (ou plutôt hier, vu que j’écris ça dans la nuit de lundi à mardi), on se prépare tôt à la venue des flics, organisé.es pour les retarder au maximum, et pour ralentir si possible la venue des machines, en ne faisant pas courir trop de risques aux défenseureuses du lieu. On sait que seul.es, on tiendra pas très longtemps. Mais si on est malin.es, on les fera bien chier, et peut-être qu’un peu de soutien viendra, et les freinera encore plus, et que la démolition sera trop galère à faire ce jour-là.

Et puis une chouette surprise, certaines composantes sont plus correctes que d’autres, et un Naturaliste en lutte passe par là ce lundi matin, pour recenser les espèces protégées présentes dans les trois lieux en dur voués à la démolition – justement, « chez nous », c’est aussi chez des hirondelles, des pipistrelles, et une autre espèce de chauve-souris dont j’ai oublié le nom.

En tous les cas, même si on perd le lieu, les GM ne l’auront pas à prix libre, comme ils ont eu l’ancienne route des chicanes sur la D281. Et puis ça fera toujours un point de cristallisation, qui soulagera peut-être la pression sur les autres lieux de la zad, et que pour une fois, on aura choisi.

Viendront, viendront pas ? C’est férié aujourd’hui, disent certain.es. Il n’y aura pas d’entreprises de BTP pour démolir. Oui, mais ils ne vont pas laisser des chicanes sur la D81, disent d’autres, ils viendront de toute façon. Bref, on n’en sait rien. La matinée avance, et toujours rien. Vers 10h30, des fourgons de flics passent sur la zone, mais pas par là. Ils ne viennent pas du tout de la journée de lundi. Pendant ce temps, des gens repartent, se reposent, d’autres arrivent.

Cette nuit, rebelote. On s’organise et on attend. On ne sait pas quand les GM viendront, mais on sait qu’ils viendront. Si des gens veulent soutenir la réoccupation, iels sont les bienvenues. On ne sait pas si on pourra défendre le lieu longtemps – et probablement pas, la situation « militaire » de l’endroit est à chier. Mais on sait que celleux qui le veulent essaieront, sans non plus jouer les héro.ïnes ou les martyres, en faisant tout ce qu’elles peuvent pour protéger le lieu et chacun.e de celleux qui le défendront.

Pourquoi on a fait tout ça ? Quelques raisons partielles et partiales

Parce que cellui qui ne se bat pas a déjà perdu (et s’il peut parfois négocier, ce sera depuis une position de capitulation, et les termes ne peuvent pas être avantageux dans ces cas-là…).

Parce chez nous, il y a eu habitant.es ou de passage, des gens sans papiers, des gens recherché.es, des personnes qui jamais n’auraient pu faire aucune fiche ou convention ou quoi que ce soit avec l’État, même si elles l’avaient voulu. Que nous sommes solidaires de toutes celles dont c’est le cas. Et que pour celleux d’entre nous qui auraient pu faire une « fiche/un projet » « pour protéger les autres », he bien… On ne pense pas que ce soit très émancipateur de « lutter » en faisant de nos privilèges un parapluie (« un manteau » ?) pour protéger celleux qui n’en bénéficient pas, sans se battre contre la structure sociale qui fait que certain.es ont ces privilèges et d’autres non.

Parce qu’on n’a pas protégé l’Est en lâchant les chicanes de la D281 pour sauver le Sabot et Lama faché, puis en lâchant le Sabot pour sauver Lama faché, puis en lâchant Lama Faché pour sauver l’Est…

Parce qu’on en a eu marre d’accepter le chantage (comme avec la mafia : « si tu paies, on te protège ; sinon, ce qui t’arrivera sera de ta faute » ; marre de courber l’échine, de baisser la tête, de ravaler notre rage et d’accepter sans résister le pouvoir de l’État ; marre de se laisser faire dans un truc qu’on appelle encore « une lutte », semble-t-il de plus en plus pour le spectacle et la plus-value symbolique que ça rapporte, à mesure que les années passent.

Je dis « on » parce que tout ça s’est fait collectivement, et que ces décisions ont résulté de l’attente et de la volonté de plein de personnes diverses qui ont contribué à la victoire contre l’aéroport mais ont participé à cette lutte, depuis peu ou depuis longtemps, en s’y engageant au-delà, contre « le monde de l’aéroport », y compris en cherchant à lutter contre ce que nous pouvons en reproduire entre nous. Si c’est une fin, c’est une belle fin, grosse de plein de débuts.

Merci à toutes les personnes solidaires et en lutte, et à tous les animaux humain.es ou non qui ont fait vivre ce lieu et l’ont pris comme la maison ouverte que c’était, la leur pour un soir ou plus longtemps

/ especial muchas gracias a l@s companer@s // thanks everyone for solidarity and struggle

PS : Ce matin, les flics sont venus sur zone. 50 fourgons, 2 blindés, 4 jeeps du PSIG. Je n’ai pas pu rester au Domaine, je devais aller en ville tôt, et avoir des papiers sur moi, etc. Selon les dernières infos que j’ai reçues, la moitié du dispositif allait du Gourbi vers la Saulce en chargeant celleux qui étaient sur sa route. L’autre moitié, on ne savait pas trop. Peut-être pour le Domaine libéré ?

La boule au ventre, rage et joie, et beaucoup d’amour et d’admiration pour les compagnon.nes de partout venu.es défendre ce lieu. Attention à vous les copaines !

La bataille de l’ouest... Cernées de tous côtés !

Publié sur zadresist.antirep.net le 24 mai

Suite au récit des personnes qui ont perdu leurs maisons ce vendredi 18 mai
2018, un sentiment de colère monumental ne me quitte plus. J’ai eu l’envie
d’écrire ce texte, afin de visibiliser la violence qu’illes ont subi durant cette
morbide journée. Tant de la part des flics et par la destruction de leurs maisons
que de la part de Saint Jean du Tertre Cabane.

Je ne ferai pas un historique complet relatant les mauvaises relations entre Saint
Jean et leurs voisinages, cela me ferait perdre beaucoup trop de temps. Je veux
juste noter que depuis le début des expulsions, les divergences politiques et
l’omerta de Saint Jean concernant les stratégies de défense du quartier, n’ont fait
que renforcer ce sentiment de méfiance et d’absence totale de confiance. Le fait
de quitter les guets et de réouvrir les barricades, que Saint Jean tenait, sans
prendre la peine d’en informer le quartier, le jeudi 17 mai, en est un exemple
parmi tant d’autres.

Je souhaite plutôt me concentrer sur la journée du vendredi 18, jour de
l’expulsion et de la destruction de trois lieux de l’ouest. Elle a été marquée par
deux événements particulièrement choquants.

Les flics sont arrivés à 6h, tout a été extrêmement rapide. Ils ont commencé par
attaquer la Freuzière, puis les flics se sont attaqués à la barricade Déchet’, qui
fermait l’accès à la Pré-Fight, la Mogette Cosmique et la Tarte. L’isolement des
copaines était tel qu’illes se sont rapidement retrouvées au carrefour de Saint
Jean cabane. Les keufs étant en train de faire une « inspection visuelle » à St J.
ferme, presque tout le quartier s’est retrouvé nassé à cet endroit. A 7h08, les flics
attendaient les pelleteuses pour la destruction des caravanes de la Freuzière et
de la cabane de la Tarte. Quelque temps plus tard, ils faisaient bruler la Pré-Fight,
bien loin des journalistes.

Mais la violence subie lors de cette journée ne s’est pas arrêtée là. C’est d’ailleurs
à partir de ce moment du récit des copaines que j’ai commencé à vriller.

J’ai alors immédiatement pris papier et crayon dans le but d’éviter toute
transformation et mauvaises interprétations de ma part. L’accueil et la violence
des propos tenus par les personnes de Saint Jean Cabane aux copaines venues se
réfugier sont inqualifiables. Je vais tenter d’en faire une liste (non exhaustive),
afin que vous puissiez vous en rendre compte par vous-même :

« Nan mais ne restez pas là au milieu du carrefour, vous allez attirer les flics, ça serait
mieux si vous partiez. »

« Nen mais vous n’avez pas d’eau ? Fallait penser à en prendre ! » (Heureusement que
les copaines ont réussi à prendre dans la fuite un bidon au camping)

« Nen mais là, on n’a pas grand-chose pour vous héberger . »

Quelqu’une de la médic’ vient demander du pain à la cabane et se fait dégager :

« Mais va falloir nous laisser tranquille, nous laisser de l’espace et arrêter de nous
dépouiller . »

En entendant des bruits de machines, une copaine demande aux personnes qui
sont sur la terrasse en hauteur « Tu vois ce qui se passe à la cabane ? » « Mais quelle
cabane ? » (Je vous laisse imaginer le ton) « Ben la tarte ! »

« Ok, vous venez vous réfugier chez nous, mais vous nous laissez faire, vous vous mettez
dans un coin, et vous la fermez. » (bien entendu, je ne parle pas là d’un coin dans la
cabane, mais plutôt dans un champ plus loin en plein soleil)

« Mais allez-y là ! Les flics sont peut-être pas par ici, ça serait bien que vous y alliez pour
vous casser. »

« Vous voyez vous n’avez pas de soutien, faudrait peut-être vous poser des questions
sur vos stratégies. » (Ce qu’il faut préciser, c’est que les quelques personnes qui ont
essayé de venir à l’ouest, se sont arrêté à St Jean pour demander leurs chemin, on
leur a répondu que ce n’était pas la peine, ce n’était pas l’envie du quartier qu’il y
ait du monde)

La situation était tellement oppressante, qu’illes ont eu l’étrange sentiment que
si les keufs se faisaient plus insistants, ils allaient se faire balancer. Illes ont
finalement réussi à s’échapper de cette nasse, vers 12h/13h, afin de se mettre en
sécurité, et de trouver un accueil plus chaleureux ailleurs.

L’ « appel » de Saint Jean : « Au secours on est nassées, on a besoin de soutien
finalement, et puis on fait un grand banquet ( spécialité appeliste n’est-ce pas ), et une
lecture de Damasio, avec des journalistes, pour montrer comme on est oppressées.

Prenez vos CNI pour (vous auto ficher) passer les lignes de keufs » a fini d’achever les
copaines déjà bien abattues par cette matinée hallucinante.

Illes remercient malgré tout l’équipe médic présente là-bas, qui leurs ont apporté
pain, Nutella, pâte de cacahuète et tous leurs soutiens. Heureusement !

En fin de journée, une fois les keufs enfin partis de l’ouest, les copaines sont
retournées sur les terrains vagues laissés par les pelleteuses. Nous pouvons
toustes imaginer à quel point l’émotion qui les a submergé à ce moment était
forte. Elle s’est largement intensifiée, lorsqu’il a fallu retourner à la caravane
médic de Saint Jean, rechercher les quelques affaires qu’illes avait réussi à
sauver.

Retraverser ces tablées de gentes aux regards méprisants, dans un silence de
mort, a été pour certaines l’humiliation ultime de la journée.

Sur le chemin du retour, des copaines se sont alors mises à chanter « le brin
d’herbe
 » de Brigitte Fontaine. Puis l’écœurement grandissant, il y a eu des « Merci
pour l’accueil, le café et le soutien de ce matin
 » des plus sarcastiques. Ça s’est terminé
en « collabo », « traitre »... et j’en passe, mais vous voyez le ton. Je regrette
amèrement les insultes à caractère sexistes, putophobe qui sont sortie de la
bouche de certaines personnes. En aucun cas cette situation était préméditée. Je
conçois que cette petite partie de lâchage de pression, de colère et de rancœur
n’était pas des plus futées, et que l’alcool n’a pas aidé à rendre la situation
intelligente.

Ce que je ne conçois pas, c’est l’arrivée en courant d’une vingtaine ou trentaine
de personnes venant de Saint Jean, cagoulées, armées de matraques, pieds de
biche, barres de fer, gazeuses, cagettes remplies de canettes vide... Il me semblait
pourtant que ces équipements étaient destinés aux keufs, ou au fachos, et non à
des copaines en plein désarroi.

Je vous laisse imaginer l’attitude viriliste et dominante de ces personnes qui,
visiblement, ont été dans l’incapacité totale d’apprécier la situation à sa juste valeur
ni de manifester, depuis le début de la journée, ou même de la présence policière sur
zone d’ailleurs, la moindre empathie.

En même temps, je suis plus écœurée que surprise, puisque finalement la seule
stratégie que je leur connais, c’est celle de la domination, l’autoritarisme primaire
et la peur.

S’en est suivit quelques échanges bien épicés, à base d’intimidation, allant de :
« non mais ça va de quoi tu te plains, t’es pas la première personne à qui ça arrive », « oui
bah moi j’ai été en taule
 », à : « Toi là ! Tu fais quoi là ! Tu fais quoi ici ! ». Ah j’oubliais
les coups de lattes aux potes qui essayaient de baisser les barres de fer...

Finalement, les quelques « cagoulées » venant de Saint Jean qui ont commencé à
comprendre la situation, sont, petit à petit, retournées chez illeux. Les plus
récalcitrantes (pas toustes des habitantes de longue date d’ailleurs) ont fini
également par faire demi-tour sur la demande des quelques habitantes de St Jean
ferme qui ont daigné discuter pour comprendre et apaiser les tensions. Ah enfin
une attitude intelligente, je commençais à ne plus y croire !

Des habitantes de la ferme, et des « expulsées de la matinée » ont continué la
discussion à un coin de table du hameau pour tenter de crever un abcès déjà bien
trop gros. La violence ne s’est malheureusement pas arrêtée puisque là encore,
des gentes attablées se sont encore permises de leurs demander de dégager. Afin
d’être la plus juste possible, je trouve important de préciser que la situation
vécue dans la matinée ne venait pas de toustes. En effet, suite à cette discussion,
quelques habitantes de la ferme ont été désolées et choquées de ce que les
copaines avaient subi.

Je me demande tout de même, Saint Jean Cabane, (et autres qui se reconnaitront
dans ces pratiques) si vous avez oublié vos valeurs de solidarité, de volonté de
commune et tutti quanti. Si c’est le cas, à quoi doit-on s’attendre encore de votre
part dans les jours et les mois à venir ?

Cette colère ne me quitte plus, à cause de cette journée, mais aussi car il me
semblait pourtant que sur la zad, nous défendions, entre autre, les refus de
rentrer dans les cases que l’état nous impose. Il me semblait que nous défendions
la solidarité et l’entraide face à l’oppression de l’état de droit. Non seulement
nous sommes en plein dedans, (merci les fifiches de la zazad), mais en plus
celleux qui les refusent se font totalement écraser de l’intérieur.

Mais quand est-ce que vous allez comprendre que vous jouez le jeu de l’état en
accentuant les divisions internes (entre autre) ! Ou peut-être que je me trompe
complétement sur ce qu’est une zone « hors contrôle » ? Que peut-être le seul
objectif de certains groupes, dominants sur cette zone, c’est seulement de se faire
son petit cocon privé quitte à détruire tout sur son passage ? Mais vous savez, il y
a plein de ferme à louer ou à acheter pas chère partout ailleurs. C’est parce que
c’est plus facile ici que vous venez tout détruire ?

Comme l’a dit très justement une amie : « Le cancer est né dans le poumon de la
Zad
 », et je ne vous en remercie pas.

Je suis certes épuisée de devoir me battre à la fois contre l’état policier et
capitaliste, contre ces groupes qui s’inscrive dans les mêmes logiques tout en
faisant semblant de partager nos valeurs, et contre les fachos qui prennent de
plus en plus de place... La liste des oppresseurs s’allonge de jours en jours... Mais
je reste déterminée, et refuse de laisser passer ces actions dignes des actions
fascistes.

Je ne signerai pas ce texte par peur de finir dans un (voire deux) coffre.

Bien à vous.

Une révoltée

PS : Dans le but d’éviter toute forme de rumeur, et afin de valider l’exactitude des
propos entendus dans la matinée, ce texte a été lu et relu par les personnes ayant
subi cette violence. Le texte dans son entièreté provient de ma propre initiative.

Embrouilles de tiekar

La personne qui a écrit ce texte, après l’avoir publié sur zad-nadir et Nantes.Indymedia, a
préféré demander qu’il soit retiré de ces deux sites. La raison : des pressions pour qu’il le
fasse, entre autres parce que le texte donnerait trop d’informations aux flics. C’est pas la
1ère fois que cet argument est utilisé par les élites zadiennes pour empêcher que des
conflits en internes sortent vers l’extérieur. Dans ce texte-ci on ne voit pas d’informations
que les flics n’auraient déjà, vu la surveillance accrue de la zone (drone, hélico, flics en
civil...). Et de toute manière, puisque le texte avait déjà été publié, ça ne changeait plus
rien de le laisser ou non si c’était là le problème.

Publié sur Indymedia-Nantes le 27 mai

L’organisation « collective » à l’extrème ouest de la ZAD

Sur zone on parle d’« extrême ouest » depuis peu, un nouveau terme local. Avant, lorsque les gens évoquaient cette zone, seul Saint-Jean leur venait en tête, ne savaient pas qu’on existait. En fait, les lieux de là-bas sont, ou étaient : La Freuzière avec sa dernière nouvelle ancienne bonne équipe d’habitant-es (cf. les embrouilles et l’incendie du squat par le dernier Gogol qui y vivait avant), La Mogette Cosmique, L’Après-Faillite, La Tarte, La Maison Rose, La Pointe et les deux Saint-Jean (ferme et cabane).
Les quatre premiers énoncés fédèrent un groupe affinitaire élargi, ils entourent les deux Saint-Jean, ils étaient donc de facto leurs avant-postes. Plus loin vers Temple de Bretagne, il y a La Maison Rose, une belle baraque rempli de bons gens, isolée géographiquement. Encore plus au bout du monde siège La Pointe, les potes aussi, encore plus seul-es sur la route du Fay de Bretagne.

Environ deux semaines avant le 9 avril, date du début des expulsions, ce quartier organisait déjà des réunions pour discuter ensemble de stratégie(s) sinon commune(s) au moins complémentaires dans leurs diversités. Dès le départ, le groupe affinitaire La Tarte, Freuz’, Mogette et Pré-Fight ont annoncé quelques priorités absolues qui dirigeront toutes leurs décisions et actions à venir, à savoir :
1- Sortir de la zone ce qui est sauvable et précieux avant l’intervention.
2- Notre sécurité (habitant-es et invité-es) prime avant tout, mais…
3- Nous ne lâcherons pas nos lieux sans résistance.
4- Dans le doute, nous envisagerons toujours la pire hypothèse, ne pas être optimistes.
Saint-Jean ferme exprime aussi sa position dès le début : pas d’affrontement autour de la ferme. La Maison Rose, elle, n’est pas ou très difficilement défendable car isolée, mais il y a tout le confort, du matos divers dont communication et informatique, il y a un sleepin’, et offre un poste de guet idéal, c’est un lieu stratégique. La Pointe se rend bien compte de la distance qui les sépare de leurs voisin-es les plus proches, déjà peu nombreux eux-mêmes. Pour Saint-Jean cabane et leurs invité-es, on ne sait pas trop, on les sait fortement soutenu-es et le secteur bondé de leurs camarades lorsque appelé-es pour d’autres occasions. Donc on ne nous le confirme pas, mais beaucoup comptent aussi sur leurs effectifs pour la défense du quartier, sous n’importe quelle forme. La veille des expulsions, le 8 avril, Saint-Jean cabane nous informe du flou quand au nombre de gens en renfort chez eux et que, dans le doute, illes s’alignent sur la position de Saint-Jean ferme : pas de fight aux abords de leur lieu, soit. 0n définit donc une espèce de « zone de transit » aux abords de l’entrée du lac où cesseront les velléités contre les flics.

Pour bien comprendre et si vous prenez une carte du quartier, on y voit trois accès par deux routes. Saint-Jean s’inscrit au centre d’un cercle tronqué que forment la Tarte, L’Après Faillite, la Mogette et La Freuz’. Nos premières barricades feront tampons plus loin sur les routes pour former un triangle plus large qui englobera tout, d’autres, plus proches des cabanes, seront plus solides et seront le théâtre des affrontements. Nous appliquerons donc une logique de défense crescendo en domino avec pour « final » avant Saint-Jean, si nous sommes rendus à Saint-Jean c’est que nous avons tout perdu, nous partirons alors vers le centre de la zad par les forêts.
Aussi, nous prévoyions deux barricades mobiles, pour les blessé-es évidement, mais aussi afin que Saint-Jean ferme puisse sortir son lait, que le Latay sorte des chevaux en cas d’urgence et que les agriculteurs aient au moins un accès à leurs champs. Une façon aussi de démontrer notre force de faire ce que bon nous semble, flics ou pas.
Enfin bon… ça c’était le plan, qui, malgré les péripéties de l’histoire qui va suivre, aura plus ou moins tenu jusqu’au bout, il ne manquait quasi rien dans notre dispositif au moment de l’intervention, si ce n’est plus de monde.
Il faut bien avouer que tous et toutes la veille des expulsions nous parions plus ou moins ouvertement que cela commencerait, voir se cantonnerait à des interventions sur la D281 et l’Est, cela nous mettait dans une étrange ambiance de sentiments divisés.

Sur l’axe Le Temple de Bretagne-Les Ardillères via le Chêne des Perrières, nous avions donc mis deux bonnes rangées de pneus, un truc léger plutôt symbolique en soutien aux potes de l’Est, on bloque la route, mais pas trop… Le lundi au matin, rien ne se passe chez nous, on se réunit et on décide de rouvrir la route à ses usagers. Mais on apprend vite que les 100noms ont été détruits, haut lieu de projet agricole toukomifo… A ce moment-là, les pro-légalisation du coin ont flippé : « il faut qu’on arrête d’être mi-figue mi-raisin, faut qu’on s’y mette sérieux là ! ». Nous, qui étions déjà vénér’ et pas confiant-es du tout, on potentialise leur crainte, leurs soutiens et leurs tracteurs pour renforcer des barricades, ça nous arrange bien, la barricade Déchèt’ est méga fat. Mais, celles de la grande route principale Maison Rose-Chêne des Perrières que nous refermons le soir même resteront elles fragiles. Celle du Sud, prenant le quartier à revers sera aussi renforcée, mais une deuxième fois au mauvais endroit, qui était déjà un sujet de conflit : c’est une fourche en contrebas et en virage, un chemin reste libre et roulant, même pour un blindé et des fourgons. A ce sujet, on nous répond alternativement « C’est une erreur », « Mais !? C’est débile ! On va corriger ça », « Les flics ne sont encore jamais arrivés par des chemins » jusqu’à, en fait : « Non mais nous à Saint-Jean on veut avoir un accès libre pour faire nos allées et venues, voilà ». Grogne et frustration, c’est pas ce qu’on avait décidé en réus, on avait acté une barricade qui bloque les deux accès et mobile pour le lait deux fois par semaine et les blessé-es quand ça charclera… Déjà je fais des liens avec d’autres conflits avec elleux, de manipulations et coups pernicieux à l’échelle plus globale qu’est la zad… Bref, on savait déjà que la coopération serait difficile.

Le lendemain matin, mardi, le convoi de flics passe en force et défonce à toute vitesse les deux points de blocage qui mènent au centre-zad, blindés en tête, on les voit défiler devant la barricade Déchèt’ sans s’arrêter. A chaque extrémité de la route, distantes de 2km, les deux binômes en guets ont à peine eu le temps de recevoir l’info au talkie et de se carapater tant bien que mal par les champs. De leurs propres aveux gênés, Saint-Jean avait mis deux de leurs invité-es sur un guet mais ne connaissaient rien des lieux, illes ont eu chaud et ont grave flippé ! On avait pourtant aussi acté cela : la nécessité de mettre sur les barricades des gens de confiance, informé-es et au jus des procédures de communications talkies, pour de multiples raisons toutes aussi sensées les unes que les autres, ce n’était pas le cas ce jour-là et le cas s’est répété par la suite.
Pour beaucoup c’est un déclencheur, une réu est convoquée. Il y a déjà beaucoup de monde à Saint-Jean et nous leur présentons l’équation ainsi : « Vous êtes en supériorité numéraire évidente, mais 5 lieux sur 7 veulent et vont bloquer cette foutue route. On en a marre que les flics aillent au centre par devant chez nous, on va les détourner, leur faire perdre du temps et du gasoil. En plus, tout bénef’ : on se sentira plus en sécurité car nous sommes au bord de la route. Que décidez-vous ? ». A cette réu, Saint-Jean seront venus à 30 personnes, 10 leur ont tenu tête et fait un ultimatum, illes n’ont pas aimé. Un délais de 3 heures est accordé afin qu’illes fassent un retour chez elleux et se positionnent. Leur réponse fut : « On vous aide en bras et en moteur pour les barricades, mais on ne tiendra pas ces guets. ». OK, deal. Saint-Jean ne gérera donc plus que la surveillance de celle menant directement chez eux, nous les deux autres. Eux sont plus de cent, pour les autres lieux nous comptabilisons un total d’une vingtaine de personnes environ à ce moment-là.

Mais dès mardi soir, ou mercredi matin j’ai un doute, la confiance et l’optimisme regagnent les Saint-Jean. La déclaration du président : « Tout ce qui était évacuable a été évacué », selon elleux semble « évidente, claire et sans équivoque, c’est la trêve ». Illes nous disent cela alors que tous nous entendons encore les déflagrations en live qui viennent de l’est et du centre. Illes ne pensent qu’à faire bonne figure nous-on-est-les-gentilles et veulent rouvrir la route absolument, « faut pas attirer l’attention » disent-illes.. J’ai pu être le témoin privilégié d’un moment magique où l’exploitant équestre du Latay explique à quelqu’un de Saint-Jean « qu’il ne faut pas ramollir là, que l’État se fout de vot’ gueule ! Faut rien lâcher ! », qui se voit répondre « Mais non , j’suis pas d’accord, ça semble pourtant clair ce qu’a dit Macron, c’est finit on est tranquilles, c’est la trêve »… soupir.
S’en suit une longue semaine d’affrontements au centre, de gestion des vivres, de planning de guets, de fatigue et d’énervements, etc. avec en plus dès jeudi l’afflux massif à gérer de personnes venues pour la manif’ de reconstruction de dimanche et qui arrivent par la Maison Rose, on covoit’ et dirige entre 1000 autres trucs les invités de Saint-Jean et leurs ravitaillements divers et variés… aucun coup de main ou de merci de leur part ces jours-là.

Dimanche, grosse manif’ sur zone, il y a une réunion de quartier prévue à 14h concernant les barricades, est-ce qu’on les garde fermées ? On rouvre ? Filtrant ? Ouvertes la journée, fermées la nuit ? Bof, on doit en discuter selon la situation sur zone mais de toute façon on changera rien avant lundi ou mardi, on était tous restés la dessus. Beaucoup sont partis au centre pour la manif’, y a fort à y faire. Méfiant et visionnaire, je demande à ce qu’on porte ma voix comme quoi si jamais Saint-Jean ou autres veulent ouvrir dès aujourd’hui, je mets mon veto car c’est pas ce qu’on avait acté et qu’il faut qu’on soit tous et toutes au courant et prêt-es pour cela… Je pars au charbon confiant.
Il est 18h, il y a eu une moyenne de 1 blessé-e toutes les dix minutes pour les quatre dernières heures de l’après-midi. Je rentre en vélo, éreinté mais vivant, libre et pas blessé, que vois-je en rentrant au quartier ?! Les barricades ont été défoncées ! Pétage de câbles, on m’explique que Saint-Jean a fait le forcing, que soi-disant « ça fait chier les riverains, les agris et le Latay », alors que nous leur parlions régulièrement et en de bons termes, et que nous aussi ça nous emmerde les barricades en fait. Cet après-midi là, avant la réunion, Saint-Jean avaient même invité deux personnes du Latay a venir attendre la fin du putsch derrière la barricade, donc non-visibles pour celles et ceux qui se faisaient pressuriser de l’autre coté. Les gens écopent des « de toute façon vous proposez rien, nous si », un « t’es qui toi ? je t’ai jamais vu en réu donc ta parole elle vaut rien » (dixit un zadiste qu’on ne voit qu’à la télé et qui dit ça à un autre qui vit ici depuis 6 ans). Là, bizarrement, les tracteurs c’était plus si « compliqué a avoir », trois quarts d’heure après cette réunion, il était déjà en action pour ouvrir la route. Le temps de 3 heures que nous leur avions accordé plus tôt cette semaine pour faire un retour chez eux ne nous a pas été accordé, ce malgré les demandes répétées des potes pour qu’illes aient le temps de prévenir tout le monde, mais non. Nous étions beaucoup au front et autour ce jour là, les gens de Saint-Jean le savent très bien car ils nous y ont vu. Lorsque nous rentrons chez nous, enfouraillé-es comme des furieux, grillé-es et coupables, on se rend compte que Saint-Jean a fait sauter le verrou qui fermait la porte de nos chambres, sans qu’on ait eu le temps de les ranger. Les craintes de perquisitions sont intenses. Ça c’était les lignes du couplet THT, très haute trahison… ;)
Cet événement a aussi été un autre déclencheur, du moins pour moi, le moment où j’ai abandonné toute tentative de communication et/ou organisation avec elleux, les considérant presque comme des ennemi-es déclaré-es. Plus de comm’ talkie, plus de planning de guets, plus de réus, plus rien, comme avant lorsque nous étions de simples voisin-es qui s’ignorent. Le poste CiBi ? Illes ne l’ont jamais pris malgré les demandes répétées de celleux qui s’y épuisaient depuis trop longtemps déjà. Illes ne se seront de toute façon jamais excusé de cet épisode, s’en défendront même une semaine plus tard, lorsqu’un émissaire vient me voir et m’explique que « …ce n’était pas de la malveillance mais une analyse différente de la situation… », sic. Il me propose de ressayer de faire des trucs ensemble, mais pour moi ni le goût ni la foi n’y sont plus, « peut être avec les potes » lui dis-je… mais non pas vraiment. Statu quo, la semaine suivante on optera pour une route ouverte la journée, fermée la nuit, là encore Saint-Jean n’est pas satisfait et nous titille, vient vérifier avec un drone les horaires d’ouverture le matin, nous survole alors que nous sommes en opération en train de manipuler tracteur et carcasses de voitures entre deux passages de flics… nous re-convoque pour essayer de rouvrir mais ne gagne que deux heures d’avance sur l’heure d’ouverture, une sorte de compromis…
Blasé, je me raccrochais à une citation de leur part : « on n’est pas des chefs de guerre, on ne donne pas d’ordre, nos gens vont là où ça se passe, on n’a aucune emprise là-dessus, point », et je me disais que au moins, lorsque ça se passerait dans le quartier, on pourrait compter sur elles et eux. Mais encore une fois, déception, on m’apprit plus tard que la veille de la deuxième phase d’expulsions et l’incendie des lieux du quartier non-signataires de fi-fiche, illes auraient débattu jusque tard dans la soirée pour choisir où se rendre le lendemain matin, « défendre », ou plutôt devrais-je dire aller se défouler au centre de la zad à la Saulce ou Lama, lieux tampons de cristallisation choisis par les flics et la géographie de la zad ; ou bien rester ici à défendre le quartier qui lui était pourtant clairement et sans hésitation la cible qui allait subir le courroux de l’État le lendemain matin. Le soir même de cette 2e journée d’expulsions, le 18 mai, un Saint-Jean-tien me répond à la question « Pourquoi personne de chez vous n’a bougé ce matin ? » par « on a donné des consignes aux gens de pas y aller, que c’était trop dangereux, qu’ils allaient se faire serrer… » (pas de chef de guerre qu’il disait ?). Ce à quoi nous n’avons pas eu la répartie de répondre directement que, nous, nous l’avions fait, à très peu, et qu’on l’a bien fait, que pourtant nous étions toujours là, aucun-e blessé-e aucun-e arrêté-e, qu’il n’y avait aucune surprise de la part des flics sur leurs mouvements par rapport aux infrastructures qu’on avait mises en place et ce que nous imaginions, que avec plus de gens ça aurait été une bataille géante, que de l’aveu du haut commandement robocop la barricade Déchèt’ était celle qui leur a posé le plus de complications techniques depuis le début des opérations… Toussa toussa qui laisse un amère goût de gâchis et d’énergies gaspillées.
Ce reproche que je fais à Saint-Jean de ne pas avoir soutenu la défense du quartier, je ne peux le leur faire sans comprendre que ça n’était pas dans leur intérêt, que ce n’était pas leur stratégie, leurs analyses et conclusions, que eux et nous n’avons pas les mêmes billes et cartes en main, pas les mêmes objectifs ni le même capital à perdre, pas la même histoire, que je comprends l’attitude du chacun-e ou chaque groupe pour sa gueule mais que je ne la respecte pas.
J’invite les gens a lire le texte « La bataille de l’ouest, cernées de tous cotés », ce texte-là décrit une partie de la journée d’expulsion de notre quartier. Bien que j’ai, comparé a ce qui y est écrit, personnellement eu un vécu différent de cette journée, que beaucoup de choses décrites ne s’appliquent pas à ce que j’y ai vécu (ex : Je n’attends pas qu’on me propose de l’eau, je vais la chercher), toujours est-il que je ne peux rien démentir de ce qui y est écrit. Les potes ont vraiment vécu ça… et c’est à gerber.

Pour résumer, Saint-Jean aura changé de stratégies et d’avis comme de chaussettes au jour le jour selon tel ou tel article de presse, telle déclaration de préfète, ministre, président ou p’tites infos bien glissées. Ce n’est pas forcément une erreur stratégique que d’être malléable et capable de changer de plan, mais pas lorsque cela va à l’encontre du quartier, de la zad et des choses décidées collectivement. De notre coté, nous avions opté pour une ligne ferme et pessimiste, l’exacte inverse d’eux, d’où les discordes. Et ce schéma peut être projeté de manière bien plus large sur ce qui se passe ou s’est passé sur zone avec la politique de certain-es et les négociations qui n’en ont jamais été à mon sens et aux yeux de beaucoup.

Mais je tiens aussi à faire mon coup de gueule, plus difficile à faire celui-là, à tous ces potes qui disaient « vouloir venir pour aider, que la zad c’est un tout, que y’a pas moyen d’abandonner le quartier à Saint-Jean, qu’on aimerait bien faire des trucs avec vous, qu’on passera vous voir, que vous avez besoin de quoi, que j’te ramènerai ceci et cela, etc. » en fait vous parlez bien et on y croit quand c’est dit, mais en fait vous étiez où au final ? Nous connaissons les distances et le temps nécessaire pour rejoindre l’extrême ouest, nous le faisions tous les jours ou presque pour aller défendre le centre et l’est, c’est pas tant la mer à boire si on s’en donne les moyens et le temps. Et ça je ne peux pas le cacher, c’est une source de tristesse et frustration au moins égale sinon supérieure à toutes ces embrouilles de voisinage relatées dans ce texte.

Le but n’est pas de faire un listing (d’ailleurs incomplet faute de papier) des p’tites crasses, dysfonctionnements et guéguerres de quartier, pas que, mais aussi de démontrer comment à une échelle palpable et concrète qu’est celle d’un quartier et de ses habitant-es, comment ces manipulations et p’tites techniques de la part de certain-es peuvent avoir un écho et des similitudes avec des schémas plus grands. Comment cela peut refléter le fonctionnement plus vaste et global d’une organisation, dans des stratégies politique, que ce soit sur la zad et/ou ailleurs. Qu’illes se nomment appelistes, tikkuniens, communistes ou même communards, ou bien même qu’ils réfutent et dénigrent tous ces qualificatifs (on sait plus trop comment les nommer en vrai), on n’est pas sans savoir que ce genre de conflictualités se passent aussi ailleurs, dans d’autres villes, sur d’autres terrains…

Nous ne sommes pas des victimes et refusons d’être « les dommages collatéraux » du grand plan et des p’tites histoires de gens qui ne pensent qu’à leurs gueules !

Un habitant de l’extrême ouest

Jusqu’où ira-t-on dans ce foutage de gueule des négociations ?

Publié sur zadresist.antirep.net le 27 mai

Je n’ai pas fait de fiche ni ne crois en la négociation avec un État. Je ne veux pas discuter avec cet oppresseur, je veux uniquement et simplement le détruire. Mais je me sens tout de même concernée par le processus de légalisation qui englobe quasi toutes les terres et lieux de la ZAD, cette zone que je vois comme un ensemble et non pas juste comme mon petit chez moi, qui lui, aujourd’hui n’est plus. On appelle les injonctions de la préfète des négociations, alors que je ne vois vraiment pas à quel moment nous avons négocié. Quand avons-nous tiré un quelconque avantage de la situation ? Quand avons-nous dit autre chose que « Oui oui madame, on a peur, on est gentils ! » ?. Et aujourd’hui il est encore question de signer les projets valides, sans même attendre ceux qui ne sont pas encore acceptés ?! Encore une fois, notre fameuse dernière limite de jusqu’où on accepte de se faire enfumer est repoussée.

Certains des arguments qui sont POUR se légaliser et VITE se légaliser me paraissent absurdes, je reste divisée entre : est-ce que les gens convaincus se voilent la face ou bien se fichent-ils de moi ? Je ne pense pas qu’on puisse être plus malins que l’ennemi lorsqu’on joue son jeu.

Voici les arguments qu’on nous avance :

– « Signer pour ne pas perdre les soutiens. »

Est-ce qu’on parle bien des soutiens qui ne sont déjà plus là ? A force de demi-positions qui doivent convenir a toutes les composantes, beaucoup de personnes ne savent plus ce qu’on défend ici. Je préfère entendre différentes voix fortes mais aux discours assumés qu’une voix pseudo unitaire mensongère au propos trop peu incisif.
Les personnes contre la légalisation, largement plus nombreuses qu’on veut nous faire croire, risquent de ne plus venir.
Ceux qui poussent à la légalisation, utilisent le chantage : « Si vous faites pas ça on vous laisse dans la merde ! » (chantage qui n’est même pas respecté, la d281 en est un bel exemple !), tout en écrivant de jolis textes et communiqués sur notre solidarité en toutes circonstances, sont très peu présents sur le terrain, au front, que ce soit en 1ère, 2e ou 3e ligne, nous l’avons constaté. D’un autre coté, beaucoup d’énervé-es se sont limité-es dans les actions justement par soucis de composition et modération. Que ce soit clair, je ne reproche en aucun cas à qui que ce soit de ne pas vouloir se battre contre les keufs, il y a aussi d’autres choses à faire, mais faire présence en grand nombre est important ! D’ailleurs, où sont ces soutiens pour dénoncer massivement l’ultra violence et la répression de l’État ? Où sont passés ces moments magiques où tous types de personnes se mélangeaient pour faire bloc ? Où chaque action trouvait sa place et surtout où on ne se trompait pas d’ennemi ? Je simplifie en pointant deux groupes bien distincts mais j’ai conscience que beaucoup se situent mal dans tout ce merdier.
Beaucoup se posent cette question : « Suis-je prêt-e à risquer mutilation et/ou emprisonnement pour des gens qui, au final veulent payer un loyer ? ».

– « Signer pour gagner du temps. »

Gagner le temps de se faire oublier, en voilà une bonne idée ! On sait que les moments forts en intensité sont souvent courts. Le temps est-il encore notre allié ? Faut-il vraiment temporiser ? Que ce soit aujourd’hui ou plus tard, ma manière de vivre est et restera illégale, donc repousser les expulsions pour qu’elles se passent de manière éparse et dans le silence ne me paraît pas du tout judicieux. A moins qu’on ne gagne du temps que pour rentrer dans leur normes ? Que le combat contre la normalisation ne soit pas partagé par tous ?

– « Signer c’est dans notre intérêt. »

Je me demande si nous défendons la ZAD dans son ensemble ou si chacun essaie de protéger son lieu. Je comprends que perdre une ferme, une exploitation, des hangars, etc. ne soit pas la même chose qu’une cabane faite de récup’. Je ne comprends pas, ou trop bien, la manipulation de se cacher sous couvert d’intérêts communs pour en fait protéger son « petit » chez soi. Comment se comprendre quand on ne se dit pas la vérité ?

– « Signer ces clauses pourries car la préfète ne les appliquera pas à la lettre. »

D’où vient cette confiance aveugle ? Comment et pourquoi signer un contrat dont les clauses poussent à la délation et à la normalisation (cf. article 2 des COP : aucune caravane, camion ou cabane ne sera tolérée autour des lieux sous peine de…). Je ne comprends pas que les 15 camarades ayant leurs noms sur les projets puissent envisager de signer un tel contrat. Mais peut-être qu’encore une fois je me trompe d’amis. Je préférerais, et je soutiendrais qu’on ne s’écrase pas et qu’on ne renie pas nos convictions devant l’État.
Les clauses du contrat semblent nous mettre dans la même situation que l’on a toujours été, sauf que désormais cela est écrit noir sur blanc, en voie d’être signé et avec en prime des amendes journalière et des frais de destruction à notre charge pour ce qui ne rentre pas dans leurs normes. A moins que, évidement, nous respections ses clauses, et dans ce cas, oui la zad est morte et oui je foutrai un méga bordel avant de partir…

Des années de lutte contre l’aéroport ET son monde ne peuvent déboucher sur une poignée d’exploitations toutes bien, toutes propres, toutes normalisées sans attiser une colère furieuse de celles et ceux qui se sont battus et/ou ont vécu ici.

Une habitante de la zad

Plusieurs trous dans la vitrine de la Maison de la Grève (MG) de Rennes

Publié le 2 juin sur Indymedia-Nantes

Plusieurs trous dans la vitrine de la Maison de la Grève(MG) de Rennes, de
simples coups de marteau et les serrures collées lors d’une ballade d’un soir de
pleine lune.

Ce n’est pas grand chose, juste une façon parmi d’autres de rappeler que derrière
cette vitrine se cachent des politicien.nes réformistes et autoritaires, et leur lieu
de recrutement.

D’autres cibles nous font plus de joie mais ça nous a quand même soulagé.es de
mettre en actes la rupture avec ces faux.sses allié.es. Cette nouvelle branche de la
gauche qui fait son beurre sur la révolte et sur nos luttes.

Partout où nous sommes confronté.es à elleux, nuisons à leur contrôle des
assemblées, à leur stratégie de collaboration avec le pouvoir et ses relais
citoyens. Ripostons aux coups et menaces contre celleux qui les gênent sur leurs
routes toutes tracées.

Solidarité avec celleux qui leur font face au quotidien sur la Zad de notre-dame-
des-landes, depuis qu’elle est devenue la vitrine de ces crevards et de leurs
allié.e.s...

On veut faire écho à la vitrine brisée du resto appelliste de Rouen, il y a un mois. Ça faisait longtemps que ça nous démangeait et ça nous a donné chaud au coeur. Alors on s’y est mis et on compte
pas s’arrêter là, ici ou ailleurs, tant qu’elleux-et-d’autres pourriront nos
imaginaires et espaces de lutte.

Quant à la stratégie administrative et au fonds de dotation de la ZAD

Publié sur Indymedia-Nantes le 1er juillet

Analyse transversale de la déviance Politique

Mesdames et messieurs, bonjour ; ou bonsoir peut être,

Ce que nous vivons ici, habitants-es et occupants-es de la ZAD, n’a aucun précédent. Aucune lutte n’y ressemble et aucune méthodologie ou stratégie ne s’y
applique pour tendre assurément vers une victoire majeure pour la conservation
d’un espace politique marginal et expérimental.

Nous avons su pendant ces 10 longues années d’occupation faire preuve d’une
créativité entretenant le mythe d’une ZAD poétique et offensive. C’est ce rêve,
cet imaginaire, cette liberté fragile et cette fougue sauvage et violente, qui a su
donner espoir à celles et ceux qui cherchaient l’éclaircie, et su faire peur à celles
et ceux qui cherchent à l’éteindre.

La stratégie administrative renforce l’État

Non, ce ne sont pas les recours en justice, les petites victoires administratives, les
pique-niques, ou les éternels rassemblements forains qui ont fait converger les
regards sur notre bocage. Ces méthodes usées depuis des décennies, nourrissent
parfaitement la légitimité de l’état à se prétendre démocratique, en laissant ici et
là les luttes pacifiées et non violentes échouer sur le sable blanc de l’épuisement
ou de l’isolement.

Continuer à utiliser ces méthodes c’est faire croire qu’elles furent utiles un jour,
et qu’elles seront encore utiles demain, c’est maintenir la croyance que la marche
légale et les cadres d’actions imposés par l’état, des stratégies légalistes aux manifestations déambulatoires, pourront servir un jour à remettre en cause notre
civilisation et libérer des espaces de son emprise.

La stratégie administrative, quel message politique ?

La stratégie administrative et son lot de fiches ne porte aucun message politique
émancipateur. Il affirme à nos soutiens que nous n’avons plus aucune ressource
créative, que baisser la tête reste la seule porte ouverte vers un semblant de liberté, que nous déposons les armes avant nos adversaires pour jouer selon leurs
règles. Sans cela plus rien n’existerai ici. Aucune lutte ne saurait s’émanciper de
l’état sans lui demander l’autorisation. Voilà le message que nous lançons « La
liberté ne se prend pas, elle se demande
 ».

La stratégie administrative et le tri sélectif

On entend souvent par ci par là l’argument prêt à valider l’efficacité toute relative de l’étape « signature de projet individuel » énonçant le constat de :
« ne vois-tu pas que s’il y a encore du monde ici c’est parce qu’il y a eu des
"barricades administratives "
 » suivi de près par « s’il l’avait voulu, il nous aurait
écrasé
 ».

Depuis l’abandon de l’aéroport nous ne faisons que valider la tactique de l’état.
D’abord en libérant la route des chicanes plutôt que d’en faire une autre visant à
protéger ou ralentir l’expulsion d’une Zad doublement menacée qui souhaiterait
rester unie.

Ensuite l’ouverture ou la poursuite d’un dialogue malgré le non-respect des demandes fermes à propos de la D281.

Pour finir la signature des fiches projets qui après l’ouverture au déploiement logistique des forces militaires, montraient du doigt celles-eux qui refuseraient de
rentrer dans le rang.

Le premier message de la part de la ZAD est « notre radicalité est négociable »

Le deuxième : « les "radicaux-ales" sont une minorité ignorable et nous pouvons les faire
marcher au pas dans le mouvement
 »

Le troisième : nos rêves, même rabaissés à de vulgaires dos d’âne et crapauducs, sont
ignorables.

Le quatrième : « celles-eux qui ne sont pas capable de baisser la tête pour continuer à
lutter dans les cases sont là
 » « nous assumons notre division, et ne sommes pas solidaire
dans les actes collectifs
 ».

Jusqu’où sommes-nous prêt-es à aller ?

La Stratégie administrative fait gagner du temps ?

Nul besoin de s’étendre sur l’argument implacable de ces derniers mois.
Seul le temps fait gagner du temps. La stratégie administrative permet juste de
conserver du confort. L’énergie allouée à cette stratégie nous fait perdre du
temps, à collaborer ou à nous organiser pour s’y opposer. Temps que nous
préférerions avoir pour nos jardins, pour reconstruire, pour l’action directe, pour
prendre du repos, pour discuter de fond politique ou simplement pour penser à
autre chose.

Et l’Affront de dotation dans tout ça ?

Nous reconnaissons le travail harassant subi par les partisan-es des méandres
judiciaires et administratifs. Un travail pour nous déterrer la moindre petite fissure dans la prison administrative dans laquelle nous nous engouffrons. Quand
ils-elles trouvent un peu d’ironie dans une solution ils-elles nous l’offrent. Et
voilà le fond de dotation. Solution viable sur bien des points même pour celles-eux qui rejettent la propriété et ses conflits d’usage.

Pour autant la solution est bien loin de satisfaire certaines envies de lendemain
qui chantent. Non encore une fois ça ne fait pas rêver.

Profiter de la « notoriété » privilégiée de la zad pour lever des fonds et acheter des
terres ? légitimer notre usage de ces terres par l’achat et non par la revendication politique ou philosophique ?

Libérer ces terres du désastre économique et environnemental par le rachat alors
que nous sommes en mesure de l’arracher par la lutte politique ? C’est mettre la
charrue avant les bœufs, (ou donner la route avant de négocier comme vous
voudrez). C’est un aveu d’échec dont beaucoup ne se remettront pas.

Alors KESKONFOU ici ?

Nulle autre stratégie efficace et cohérente que de maintenir une occupation de
territoire sans compromis, d’en ralentir les accès, de continuer à harceler les
forces étatiques en présences (administratives ou militaires), reconstruire ce qui
a été détruit et continuer à faire tourner ce qui reste debout, jusqu’au dernier
souffle.

Une fois que nos ennemi-es s’épuiseront à nous écraser, nous mutiler, détruire
nos maisons, nous tuer, nous enfermer, sans que le soutien populaire ne s’essouffle, nous pourrons éventuellement discuter avec l’État, d’égal à égal. Seul notre
manque de courage et notre peur de perdre nos petits conforts et acquis bourgeois peuvent nous faire échouer dans nos ambitions révolutionnaires.

Restons confiants, confiantes et déterminées.

Bibliographie

Des textes qu’on n’a pas inclus mais qui valent le coup de lire :

Ode au CMDO

(Nos excuses aux veaux, c’est une reprise.)

Publié sur Indymedia-Nantes sur le 15 juin 2018

J’ai un beau costume
Et un nœud papillon
J’suis pour les coutumes
Et a la pref’ j’irons

Refrain :
Je signe, je signe
Car je suis un veau
Et tous les veaux signent
Gloire au CMDO

Le matin à la préfecture
Je m’en vais poser
Triste et taciturne
Mon petit dossier

Refrain

Qu’importe la liste
Des lieux légaux
Qu’importe la liste
Que crève le CMDO
Je signe, je signe
Car je suis un veau
Et tous les veaux signent
Que crève le CMDO

[1Du CMDO, de la Maison de la Grève et de Lundi-Matin qui prétendent presque ne pas se
connaître. Même des membres du POMPS en ont écrit un...


)



ce texte est aussi consultable en :
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (8.2 Mo)
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (8.2 Mo)