La militante noire américaine Assata Shakur est mal connue, voire inconnue en France. La traduction de ce témoignage écrit depuis la prison pour femmes de Riker’s Island vise à faire connaître Assata Shakur en France, et à travers elle un pan occulté du mouvement de libération noir, en rendant accessibles en français des textes courts : entretiens, lettres ouvertes, témoignages. Le nombre de femmes dans les prisons américaines a explosé au cours des 30 dernières années, notamment du fait de la « guerre contre la drogue » dont les victimes sont en grande majorité issues des communautés noires et latinos. Il y a actuellement aux États-Unis plus de 200 000 femmes derrière les barreaux et plus d’un million en liberté conditionnelle ou en mise à l’épreuve.
MOTS: Oppressions de classe
Articles
-
Femmes en prison : Qu’advient-il de nous ?
3 octobre 2021, par Assata Shakur -
Les classes dans la société capitaliste
21 septembre 2016, par Grupo Ruptura« Ce qu’il nous intéresse de comprendre, c’est ce qu’est le prolétariat, ce que cela implique d’être un prolétaire ou un bourgeois, c’est mieux comprendre comment fonctionne le système capitaliste, mais surtout, mieux comprendre comment fonctionne sa destruction : les conflits, contradictions et crises qui se produisent en son sein. Pour cela nous considérons nécessaire de comprendre comment le capitalisme se base sur l’exploitation et la domination d’une classe par une autre, et quelles sont les caractéristiques de chacune. »
Tiré du numéro 5 de Ruptura, paru en décembre 2009.
-
De l’esclavage au salariat, deux facettes d’une même exploitation
17 janvier 2012, par CollectifCette brochure est un recueil de textes divers qui analysent de manière critique le passage de l’esclavage à l’exploitation salariée. Ils tirent leurs réflexions de contextes différents, que ce soit la Russie en 1861 ou les Etats-Unis en 1988. Ils tentent de montrer que l’abolition de l’esclavage n’a pas été qu’une tentative humaniste mais a surtout été une manière de changer le mode d’exploitation de ceux qui devinrent de véritables esclaves salariés tout en présentant une soupape de sécurité en réponse à des troubles croissants.
-
Postface à l’édition castillane de "C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis !"
19 avril 2010, par Alessi Dell’UmbriaC’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis !, sorti au pritemps 2006, est un livre traitant des émeutes qui ont eu lieu en France en octobre-novembre 2005.
L’auteur, Alessi Dell’Umbria, n’est ni sociologue ni journaliste. Son livre, aux
propos incisifs, replace les événements de l’automne 2005 dans le contexte
d’une désintégration sociale et d’un renforcement de l’Etat-Léviathan. Il met
également en évidence ce qui a fait la force de cette révolte quand des
centaines de groupes se sont organisés pour s’affronter avec l’Etat. Sans
mot d’ordre, mais en frappant juste ; sans délégation ni organe de liaison,
mais communiquant entre eux à travers leurs actes ; une partie de la
jeunesse pauvre du pays s’est identifiée à un sort commun et a fait preuve
de solidarité loin de toute prose idéologique.
Sans discours moralisant ou victimisant, l’auteur s’adresse d’égal à égal aux
révoltés des banlieues pauvres.Dans le texte présenté ici, issu d’une postface rédigée pour l’édition castillane de C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis !, il revient de manière auto-critique sur son livre et en profite pour développer quelques points.
-
Une Question de Classe
27 décembre 2014, par Dorothy AllisonLa première fois que j’ai entendu « ils sont différents de nous, ils n’accordent pas la même valeur que nous à la vie humaine », j’étais au lycée en Floride. L’homme qui parlait était un recruteur de l’armée s’adressant à une bande de garçons, leur expliquant ce qu’était vraiment l’armée et ce à quoi ils devaient s’attendre outre-mer. Un sentiment de colère froide m’avait envahie. J’avais entendu le mot "ils" prononcé sur le même ton dur, avant. "Ils", ces gens là-bas, ces gens ne sont pas nous, ils meurent si facilement, s’entre-tuent si aisément. Ils sont différents. "Nous", j’ai pensé. "Moi."
Ma famille et moi, nous avons toujours été "eux". Qui suis-je ? me demandai-je en écoutant ce recruteur. Qui sont mes semblables ? Nous mourons si facilement, disparaissons si sûrement – nous/elles/eux, les pauvres et les queers. J’ai pressé mes pauvres poings blancs osseux contre ma bouche de lesbienne têtue. La fureur était une bonne sensation, plus forte et plus pure que la honte qui lui succédait, que la peur et l’envie soudaine de courir et de se cacher, de nier, de faire semblant de ne savoir ni qui j’étais ni ce que le monde me faisait.
J’ai grandi dans la pauvreté, la haine, victime de violence physiques, psychologiques et sexuelles, et je sais que souffrir ne rend pas noble. Ça détruit. Pour résister à la destruction, à la haine de soi ou au désespoir à vie, nous devons nous débarrasser de la condition de mépriséE, de la peur de devenir le "eux" dont ils parlent avec tant de mépris. Nous devons refuser les mythes mensongers et les morales faciles. Nous devons nous voir nous-mêmes comme des êtres humains, avec des défauts, et extraordinaires. Nous touTEs – extraordinaires. -
Les Indésirables
6 avril 2009, par AnonymeGli indesiderabili/Les indésirables a été publié la première fois en mars 2000 en italien et en français.
"Il y a de plus en plus d’indésirables dans le monde. Il y a trop d’hommes et de femmes pour qui cette société n’a prévu qu’un rôle : celui de crever. Morts pour le monde ou pour eux-mêmes, la société ne les désire qu’ainsi.
Sans travail, ils servent à pousser ceux qui en ont un à accepter n’importe quelle humiliation afin de le préserver. Isolés, ils servent à faire croire aux citoyens se prétendant tels qu’ils ont une réelle vie commune (entre les paperasseries de l’autorité et les rayons des marchandises). Immigrés, ils servent à alimenter l’illusion d’avoir des racines chez des prolétaires seuls avec leur néant au bureau, dans le métro ou devant la télévision. Clandestins, ils servent à rappeler que la soumission salariale, n’est pas le pire - il existe aussi le travail forcé et la peur qui serre le ventre à chaque contrôle de routine. Expulsés, ils servent à renforcer, sur tous les réfugiés économiques de l’hécatombe capitaliste, le chantage du bannissement vers une misère sans retour. Prisonniers, ils servent à menacer avec le spectre de la punition ceux qui ne veulent plus de cette misérable existence. Extradés en tant qu’ennemis de l’Etat, ils servent à faire comprendre que dans l’Internationale de la domination et de l’exploitation il n’y a aucun espace pour le mauvais exemple de la révolte.
Pauvres, isolés, étrangers partout, incarcérés, hors-la-loi, bannis : les conditions de ces indésirables sont de plus en plus communes. Commune peut alors devenir la lutte, sur la base du refus d’une vie chaque jour plus précarisée et artificielle. Citoyens ou étrangers, innocents ou coupables, clandestins ou réguliers : ces distinctions des codes étatiques ne nous appartiennent plus. Pourquoi la solidarité devrait-elle respecter ces frontières sociales, alors que les pauvres sont continuellement trimbalés de l’une à l’autre ?
Nous ne sommes pas solidaires de la misère, mais de la vigueur avec laquelle les hommes et les femmes ne la supportent pas." -
Aux vagabonds, aux chômeurs, aux déshérités, aux miséreux...
8 octobre 2013, par Lucy ParsonsOriginalement publié dans le numéro du 4 octobre 1884 du journal anarchiste Alarm, ce texte fut distribué sous forme de tract par l’International Working People’s Association, organisation anarchiste dont le but était de reprendre là ou la première AIT (1864-1877) s’était arrêtée, et à laquelle appartenaient Albert Parsons (compagnon de Lucy), August Spies, et d’autres anarchistes emprisonnés et exécutés à la suite de la tentative insurrectionnelle de Haymarket à Chicago en 1886. D’origine afro-américaine, mexicaine et indienne Creek, Lucy nait en 1853 et grandit dans un ranch au Texas où elle est esclave, elle participera toute sa vie au combat anarchiste, jusqu’à sa mort dans l’incendie de sa maison à Chicago le 7 mars 1942.
-
De plages en cages...
28 août 2009, par anonymes« Les migrations sont la conséquence des inégalités entre les pays occidentaux qui se pavanent de toutes leurs richesses, pendant que le reste de la planète crève la dalle. Même si, on ne le dit jamais assez, la grande majorité des mouvements migratoires s’effectuent d’un pays du « Sud » à un autre. Mais les migrants, avec ou sans papiers, sont aussi « ici », car la raison économique crée les besoins d’une main d’œuvre flexible à souhait, composant une catégorie de travailleurs nécessaire pour maintenir la pression (salaires, droits, conditions de travail) sur l’ensemble des salariés. Les sans-papiers forment ainsi les régiments de prolos qui permettent pour nombre de secteurs d’effectuer une confortable « délocalisation-sur-place » (BTP, restauration, services, agriculture...). Les migrations – et les politiques migratoires – sont une question de travail autant que le travail est une question de migrations : on se souvient des exodes rurals massifs du début de l’industrialisation (au sacrifice d’une agriculture vivrière raisonnée), on a aussi en tête l’organisation méthodique des mouvements pendulaires quotidiens (le « métro-boulot-dodo »), au cœur de l’« organisation scientifique du travail ». Rappelons que le travail est cette « évidence » dont dépend, vitalement, la célèbrissime « reproduction du capital », celle-là même qui voudrait faire tourner en rond ce monde. Au-delà des manœuvres électoralistes, les chiffres et les pratiques des expulsions constituent surtout une menace supposée efficace pour maintenir dans la docilité cette main d’œuvre. »