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Les inculpé.e.s du 8 décembre 2020
mis en ligne le 20 août 2023 - Camille, inculpée pour terrorisme , CCFR (Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava) , Collectif , Libre Flot , Manu
Introduction
Depuis deux ans maintenant, sept personnes sont mises en examen pour « association de malfaiteurs à caractère terroriste ». Cinq d’entre eux ont passés de nombreux mois derrière les barreaux, dont l’un à l’isolement total pendant 16 mois.
Pour rappel, le matin du 8 décembre 2020 s’est déployé simultanément dans plusieurs villes de France un « coup de filet anti-terroriste », donnant lieu à l’arrestation et la garde à vue de neuf personnes présentées comme appartenant à ce que la police et le pouvoir politique désignent comme étant « l’ultra-gauche ». Ce terme est utilisé à dessein pour servir d’épouvantail sans jamais que soient définis sérieusement son contenu politique ni ce qu’il recouvre.
Concernant les mis.es en examen, les faits qui leur sont reprochés sont flous, les liens entre elleux également, certain.es ne s’étant jamais rencontré.es auparavant. Le scénario de la DGSI semble avoir été pré-écrit et être le résultat d’une construction policière à visée politique, avec la création de figures de coupables idéaux et d’une structure pyramidale.
Dès le premier jour de leur incarcération, les détenu.e.s ont été emprisonné.e.s sous le statut de DPS (détenu.e.s particulièrement surveillé.e.s), soumis.e.s à un régime de détention strict, avec son lot de brimades et de privations.
Le 27 février 2022, Libre Flot, à l’isolement depuis le début de sa détention, entame une grève de la faim pour protester contre l’acharnement carcéral qu’il subissait, s’apparentant à de la torture blanche, ainsi que pour dénoncer la criminalisation de l’Etat français envers lui et les autres militants qui ont combattu Daesh auprès des forces kurdes au Rojava, les YPG. Il sera libéré sous bracelet électronique après 37 jours de grève de la faim. Tous.tes les inculpé.e.s sont encore à ce jour sous divers contrôles judiciaires stricts, en attente d’un procès.
Ces arrestations sont intervenues dans un contexte politique de criminalisation croissante des mouvements sociaux. Le recours à l’accusation d’association de malfaiteurs est toujours plus utilisée pour casser les collectifs militants et écraser les luttes.
Nous assistons depuis plusieurs années à une surenchère législative : loi Sécurité Globale, loi Séparatisme, décrets Darmanin, loi SILT… . Avec la mise en œuvre d’une forme de justice prédictive, tout le monde est présumé coupable, et désormais les personnes sont jugées sur des intentions et même des présomptions d’intention et plus sur des faits.
Par ailleurs, nous observons également un énième changement de doctrine de la France sur la question kurde, avec l’arrestation de militant.es kurdes en mars 2021 et la criminalisation des personnes ayant combattu au Rojava, considérées un temps comme alliées dans la lutte contre Daesh et à nouveau perçues comme des « ennemi.es de l’intérieur » et des terroristes.
Il nous a semblé important, deux ans après les arrestations du 8 décembre 2020, de rassembler les différents textes écrits au cours de ces deux années de lutte, de répression mais aussi de solidarité. Non seulement à but de « mémoire » mais aussi à but informatif car si cette affaire semblait au premier abord « exceptionnelle » 10 ans après l’affaire Tarnac et celle de Mauvaises intentions, (pourtant, qualifier des militant.es anars et de gauche de terroristes ou assimilé.es n’est pas nouveau), elle paraît finalement être une étape supplémentaire d’une tendance inquiétante qui se renforce toujours plus : loi SILT pérennisée (2021), les inculpé.es du 15 juin (Limousin) arrêté. es par la SDAT (Sous Direction Anti Terroriste) en 2021 (sans inculpation terroriste cependant), Ivan arrêté par la SDAT (sans inculpation terroriste non plus) en 2022, les salariés grévistes de RTE (EDF) arrêtés par la DGSI en 2022… et maintenant le nouveau terme « éco-terrorisme », entendu récemment de la bouche de Darmanin lors des manifestations contre les méga-bassines à Sainte-Soline (2022-2023) et utilisé à dessein pour criminaliser toujours plus les militant.es en lutte contre le capitalisme et l’écocide en cours. Encore une fois, l’État place dans le « fourre-tout terroriste » toustes celleux qui le menacent politiquement.
Et le plus inquiétant n’est pas l’étalage indécent des moyens de répression du pouvoir, connus et familiers des militant.es tout au long de leur histoire, mais sa décomplexion à le faire ouvertement dans le plus grand calme, sans aucune réaction des organisations dites de gauche traditionnelle. La triste habitude du fascisme distillé ?
Sommaire
- Chronologie depuis le 8 décembre 2020
- Événements de solidarité et de soutien aux inculpé.e.s du 8 décembre
- Communiqué du CCFR du 2 février 2021
- Lettre du QI de Bois d’Arcy (mai 2021)
- Lois liberticides et contexte législatif au 8 décembre 2020
- Lettre ouverte au juge Herbaut (septembre 2021)
- La taule a réduit mon corps à son plus petit souffle (Camille, texte publié en mai 2022 dans la revue Z)
- Lettre depuis l’isolement (été 2021)
- Un témoignage parmi d’autres d’un DPS à Fleury-Mérogis
- Communiqué de l’équipe du LAP (Lycée autogéré de Paris, mars 2021)
- Début de la grève de la faim de Libre Flot (février 2022)
- Ces arrestations spectaculaires sont vouées à semer la terreur (publié dans CQFD en juillet-août 2022)
- Expérience de GAV en anti-terro dans les locaux de la DGSI
- La justice s’entête dans l’affaire du 8 décembre (février 2022)
- Point juridique, petit guide explicatif (la chaine pénale en antiterro, les différents types d’auditions)
- Communiqué du CCFR du 8 décembre 2021
- Médiapart, chien de garde de la DGSI (avril 2022)
- Libre Flot : un an après l’isolement (30 mars 2023)
- L’isolement carcéral de Libre Flot reconnu illégal (mai 2023)
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