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Atlanta contre Cop City et son monde

mis en ligne le 22 février 2024 - anonymes

Ce recueil de textes est constitué de deux entretiens, deux chronologies, plusieurs communiqués d’actions et quelques articles à propos de la lutte contre Cop City et pour la défense de la forêt d’Atlanta, aux USA.

Sommaire :

- Défendre la forêt, abolir la police (entretien avec un·e anarchiste publié le 23 août 2022 sur lundi.am)
- Entretien avec une camarade de Unity & Struggle à propos de la lutte contre le projet Cop City à Atlanta (publié en septembre 2023 dans Le Ravachol)
- Chronologie de la première année de lutte, avril 2021 – mars 2022 (extrait de l’article « The City in the Forest. Reinventing Resistance for an Age of Climate Crisis and Police Militarization », publié le 11 avril 2022 sur le site de Crimethinc)
- Suite de la chronologie d’actions directes effectuées en défense de la forêt d’Atlanta et contre le projet de Cop City, avril 2022 – février 2024 (par les éditions de l’ours sans drapeau)
- Atlanta (USA) : Cramer le studio de cinéma pour défendre la forêt (publié le 30 octobre 2022 sur Sans Nom)
- À propos de la fermeture du champ de tir de la police d’Atlanta (publié le 23 novembre 2022 sur Scenes from the Atlanta Forest)
- Atlanta (USA) : Des défenseur·es de la forêt incarcéré·es avec des accusations de terrorisme (publié le 19 décembre 2022 sur Unoffensive Animal)
- Atlanta (USA) : Des bonnes nouvelles pour les prisonnier·es (publié le 29 décembre 2022 sur Unoffensive Animal)
- Atlanta (USA) : solidarité avec le mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt Weelaunee (publié le 19 janvier 2023 sur le site Defend the Atlanta Forest)
- Portland (USA) : Du feu pour les destructeurs de la Terre (publié le 23 janvier 2023 sur Scenes from the Atlanta Forest)
- Atlanta (USA) : Récit de la journée du 5 mars en défense de la forêt (publié le 7 mars 2023 sur Scenes from the Atlanta Forest)
- Williston (USA) : Le bureau d’Atlas vandalisé (publié le 22 juillet 2023 sur Scenes from the Atlanta Forest)
- Atlanta (USA) : Cramer les chantiers des collabos de Cop City (publié le 29 janvier 2024 sur Sans Nom)
- Atlanta (USA) : Une voiture de police incendiée (publié le 10 février 2024 sur Scenes from the Atlanta Forest)

Défendre la forêt, abolir la police (entretien avec un·e anarchiste)

Par Greta Kaczynski (lundi.am), 23 août 2022.

Depuis avril 2021, la forêt d’Atlanta est devenue le point de rencontre symbolique et pratique de deux champs de lutte habituellement distincts : l’abolition de la police et la défense de la terre. En effet, le gouvernement y a pour projet de détruire une forêt afin de construire un gigantesque complexe d’entraînement pour la police ainsi qu’un plateau d’enregistrement pour l’industrie cinématographique. La police, le spectacle, le béton et les pelleteuses. Evidemment, la résistance s’organise et s’annonce féroce. La reporter Greta Kaczynski est allée interroger un·e militant·e active dans cette lutte qui s’inscrit dans le double sillage de l’insurrection George Floyd et des luttes écologiques radicales : occupation de la forêt, harcèlement d’élu·es et sabotages des infrastructures des entreprises complices au menu.

Bonjour, peux-tu te présenter ?

Je suis un·e anarchiste originaire de Turtle Island, impliqué·e dans le mouvement de défense de la forêt de Weelaunee, et je bénéfice d’une expérience internationale assez étendue. C’est pourquoi l’on m’a demandé d’être votre interlocuteur·ice pour cette interview. Je ne parle qu’en mon nom, aucune organisation ou individu ne pouvant représenter ce mouvement diversifié et décentralisé qu’est Defend the Atlanta Forest. Gardez cela à l’esprit pour le reste de cette interview.

En quoi consiste le mouvement Defend the Atlanta Forest (DTF) ? Pourquoi défendez-vous la forêt de Weelaunee, contre quoi et contre qui ?

En tant que mouvement, Defend the Atlanta Forest (DTF) est un ensemble décentralisé et diversifié de groupes et d’individus qui ont pour objectif d’empêcher deux projets menaçant la forêt de South River/Weelaunee à Atlanta : la construction du complexe d’entraînement Cop City, et la construction du Soundstage Complex des Blackhall Studios. Au-delà de l’importance locale et écologique de cette forêt urbaine unique, nous luttons également contre les avancées dystopiques en matière de militarisation de la police et de destruction de l’environnement. Notre mouvement recueille l’héritage militant de la rébellion George Floyd à Atlanta ainsi que celui de la tradition séculaire de défense des forêts et des terres sur notre continent.

Pour emprunter une expression zadiste, nos ennemis sont Cop City « et son monde » [1], mais surtout, dans les circonstances présentes : l’Atlanta Police Foundation (APF) et les Blackhall Studios, les diverses forces de police qui les servent (Atlanta Police Department, Dekalb Police, etc.), ainsi que leurs partisan·es, leurs soutiens financiers et leurs sous-traitants : Brassfield & Gorrie, Atlas Consultants, Long Engineering, et quelques autres, que nous ciblerons tous sans relâche jusqu’à ce qu’ils s’engagent publiquement à abandonner leurs plans de destruction.

Quels sont vos objectifs, et que considéreriez-vous comme une victoire ?

Pour l’instant, nous nous concentrons sur l’arrêt de ces projets et la défense de la forêt. Une fois que nous aurons définitivement atteint cet objectif, je pense que les différents groupes et individus en lutte auront une idée et une vision différentes de la victoire ainsi que des projections différentes sur l’avenir de cette terre : nombreux sont celles et ceux qui soutiennent sa restitution aux habitant·es d’origine, les Muscogee (Creek) ; d’autres défendent simplement son maintien en tant que forêt publique. À cet égard, certains d’entre nous cherchent bien sûr à tirer les leçons de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et espèrent apprendre de ses succès et de ses échecs.

Qui est impliqué dans ce mouvement ? Êtes-vous lié·es à des groupes comme Extinction Rebellion ou Youth for climate ?

Nous ne sommes pas lié·es à ces groupes, bien que certains d’entre eux nous aient soutenus sur les réseaux sociaux. Le mouvement se compose surtout d’individus et de groupes locaux d’Atlanta, mais aussi de nombreuses personnes non affiliées venant de tout le continent, qui sont inspirées par notre lutte.

Quand le mouvement Defend the Atlanta Forest a-t-il commencé, et que s’est-il passé depuis ? Y a-t-il eu des tentatives d’évacuation ?

Le mouvement a commencé en avril-mai 2021, lorsque des militants locaux ont découvert les plans secrets de construction de Cop City. La première semaine d’action a eu lieu en juin. Nous avons maintenu une présence permanente dans la forêt depuis l’automne 2021, et survécu à deux tentatives d’expulsion. Simultanément et indépendamment, des personnes anonymes ont lancé une campagne ciblant les diverses entreprises et personnes impliquées dans la destruction de la forêt. Elles rapportent leurs sabotages, leurs manifestations et leurs autres activités sur le site Scenes from the Atlanta Forest : https://scenes.noblogs.org/

À cet égard, l’événement le plus marquant a sans doute été le retrait de l’entreprise de construction Reeves Young (qui devait se charger de Cop City) le 18 avril 2022, après une série de sabotages féroces, de manifestations et la création du site web stopreevesyoung.com contenant une liste de noms et les adresses personnelles de leurs dirigeants et affiliés. Il y a eu trois semaines d’action au total, la quatrième a débuté le 23 juillet 2022.

Quelle est la situation actuelle sur place, le lieu est-il occupé en permanence ?

Actuellement, plusieurs groupes occupent en permanence différentes parties de la forêt avec des campements et des cabanes dans les arbres. Je dirais que la situation est assez tendue depuis quelques mois, car l’Atlanta Police Foundation a prévu de commencer les travaux et de construire une clôture pour protéger leur déroulement (bien qu’elle n’ait pas de permis pour le faire). De multiples raids ont déjà eu lieu contre la forêt, à ses abords, et certaines de nos cabanes dans les arbres ont été détruites. Pourtant il est clair, de l’aveu même de nos ennemis, qu’il suffit d’un petit nombre de militant·es pour causer des retards significatifs, même si nous avons toujours besoin de plus de monde.

Où les personnes qui prennent part à votre lutte se situent-elles sur l’échiquier politique ?

De larges pans de la gauche soutiennent la lutte et participent plus largement. Ceux qui défendent la forêt en première ligne restent pour la plupart des anarchistes se situant hors de l’échiquier politique, bien que des personnes d’orientations politiques plus inattendues fassent parfois leur apparition.

Soutenez-vous uniquement l’action non-violente, ou acceptez-vous la diversité des tactiques ?

Il est évident que la non-violence ne domine pas nos modes d’action. Le mouvement s’est engagé dès le départ en faveur d’une diversité des tactiques, refusant de se conformer à la pratique libérale consistant à dénoncer les tactiques les plus combatives. Comme certains l’ont affirmé, le mouvement a démarré en trombe, les radicaux donnant immédiatement le ton avec une campagne de sabotage impliquant la destruction de machinerie lourde et le bris des fenêtres des bureaux de l’APF dans le centre-ville. De ce fait, les tactiques combatives font partie de l’ADN de DTF. De manière quelque peu inhabituelle dans les mouvements dits américains, l’un des défis que nous nous donnons aujourd’hui est en réalité d’entamer volontairement une désescalade, pour pouvoir recourir efficacement à des tactiques non-violentes plus classiques lorsque c’est utile pour notre campagne, plutôt que de se conformer à un modus operandi particulier, soit-il combatif, que nos ennemis seraient en mesure d’anticiper et donc de neutraliser.

Quelle relation entretiennent les habitant·es d’Atlanta avec la police depuis le mouvement George Floyd ? Les personnes qui ont été impliquées dans ce mouvement, notamment les populations noires, sont-elles également impliquées dans la défense de la forêt d’Atlanta ?

L’esprit de George Floyd dynamise évidemment notre mouvement, et des groupes et individus qui ont participé à la rébellion de 2020 à Atlanta sont aussi présents sur place et dans les rues avec nous, ou soutiennent le mouvement par d’autres moyens. Il est important de rappeler qu’Atlanta possède aussi une bourgeoisie diversifiée, et que les populations noires sont représentées à tous ses échelons, des médias dominants au maire d’Atlanta. L’élite qui niait l’existence du soulèvement de George Floyd à Atlanta, à l’occasion duquel s’était tout de même établie une zone autonome armée sur les ruines du Wendy’s (une chaîne de fast-food) où Rayshard Brooks a été assassiné par la police, nie aujourd’hui la participation des Noirs à notre mouvement et nous traite d’« anarchistes blancs » et d’« agitateurs extérieurs ».

Mais toutes celles et ceux qui ont été sur le terrain et dans les rues avec nous savent que c’est faux. Ils essaient de nous appâter pour que nous fassions du profilage racial et que nous nous exposions à des condamnations en divulguant nos identités officielles. Un de nos défis, justement, est d’arriver à conserver notre sécurité tout en montrant notre diversité pour revendiquer une légitimité publique.

Que pensez-vous de la police en général ? Est-elle une institution utile, d’intérêt général ? Ou bien plaidez-vous pour son abolition ?

La police est notre ennemie en tant qu’institution et en tant que concept. La police doit être démantelée à la fois matériellement et dans nos esprits. Personnellement, je n’en ai rien à foutre du réformisme du mouvement Defund the police (Définancer la police) et de ceux qui pensent pouvoir abolir la police par le biais des conseils municipaux ou d’autres moyens électoraux. Le soulèvement George Floyd a montré les faiblesses de la police. Elle n’est plus perçue comme une force omnipotente, mais comme une institution hiérarchique limitée, intrinsèquement stupide, dont les faiblesses peuvent être exploitées. Le type d’abolitionnisme mis en acte par ceux qui ont réussi à brûler le Third Precinct à Minneapolis le 28 mai 2020 est le seul abolitionnisme qui m’inspire. Mais dans la campagne contre Cop City en tant que mouvement, on trouvera aussi des personnes prônant l’abolitionnisme Defund ou réformiste, et cette diversité d’opinions et de méthodes fait partie de la force du mouvement.

Y a-t-il d’autres luttes écologiques en cours à Atlanta, et plus généralement aux États-Unis ? Êtes-vous en lien avec elles ?

Certain·es d’entre nous participent, bien sûr, à un vaste réseau de défense écologique qui s’inspire de la tradition de résistance et d’action directe des autochtones. Par exemple : Standing Rock, et plus récemment la défense des forêts en Californie du Nord, la défense des forêts et la résistance contre les pipelines dans le Michigan et le Minnesota, et la résistance contre les pipelines en Virginie.

J’ai récemment interviewé des écologistes qui dégonflent les pneus des SUV à Londres [2] dans le but de faire interdire ces véhicules dans les villes. Que pensez-vous de cette méthode et de cette lutte ?

Sans avoir encore lu l’interview, et au risque de commenter bêtement quelque chose dont je ne sais rien, je dirais que cette lutte me paraît très étrangère à la nôtre, avec des priorités et un contexte très différents de ceux auxquels nous avons affaire ici aux États-Unis, où les transports publics sont terribles, les populations très dispersées, et les véhicules, y compris les SUV et autres produits de l’industrialisation, restent relativement accessibles pour l’instant et utiles pour nos luttes.

Quoi qu’il en soit, je soutiens ces actions en tant que lutte des classes et je suis sûr·e que nous pourrions progresser sur le plan tactique en apprenant des choses sur le dégonflement des pneus.

Quels livres, médias ou vidéos vous inspirent ? Êtes-vous inspiré par d’autres mouvements politiques contemporains ou historiques ?

Un livre : Blessed is the Flame, de Serafinski. Une brochure : How to Start a Fire. Une vidéo : « Quand l’État utilise les politiques de l’identité pour réprimer les mouvements sociaux ».

J’aime aussi le travail de Sub.media. Le livre How It Might Should Be Done d’Idris Robinson a eu un impact énorme sur moi en 2020, et j’ai été heureux de voir que lundi.am en avait mis en ligne une traduction française. En dehors des mouvements historiques habituels qui nous intéressent, nous, les partisan·es, je suis récemment revenu·e sur les révoltes d’esclaves d’Haïti – et la contre-insurrection qui en découle – qui raconte une histoire particulièrement intéressante.

Quel message souhaiterais-tu adresser aux écologistes francophones ?

Tout d’abord, sachez que certain·es, sinon beaucoup d’entre nous ici, regardent les luttes dans le monde francophone, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en particulier, avec beaucoup d’admiration et de curiosité, cherchant à apprendre de vos succès et de vos erreurs pour aller de l’avant. J’espère donc que ces conversations pourront se tenir au cours d’un dialogue vivant, à double sens, et pas seulement via des essais et des communiqués où beaucoup d’informations se perdent dans la traduction.

À cet égard, un conseil que je livrerais aux camarades francophones serait d’être très prudent·es dans l’adoption des théories provenant du milieu universitaire américain, et je parle spécifiquement de la logique de la politique identitaire. Il m’est apparu que cette logique connaît une certaine résurgence, récemment, dans les cercles radicaux en France, et ce malgré le fait que les ailes modérées/marxistes de la gauche américaine commencent elles-mêmes à prendre conscience des problèmes qu’elle pose, comme l’illustre la popularité du nouveau livre d’Olufemi Taiwo, Elite Capture.

Ceux d’entre vous qui ont saisi le caractère insidieux de la politique identitaire, et la facilité avec laquelle elle peut être récupérée par l’élite néolibérale, doivent prendre la confiance nécessaire pour mettre un terme à ce développement dangereux. Frantz Fanon, en tant que référence historique majeure, et Idris Robinson, en tant que critique contemporain, peuvent être utiles à ce propos. Il serait tellement dommage de voir le monde entier se calquer sur les États-Unis, avec son ascétisme paralysant et ses espaces politiques où règne la culpabilisation.

Entretien avec une camarade de Unity & Struggle à propos de la lutte contre le projet Cop City à Atlanta

Publié dans Le Ravachol n°79, septembre 2023.

Pour le numéro de rentrée on s’attaque a du lourd et vu qu’on est internationaliste on a eu la chance de pouvoir faire un entretien avec Fern, militante de Unity & Struggle et engagée dans le mouvement à Atlanta contre Cop City. Cop City, c’est un projet énorme soutenu par la mairie d’Atlanta et les services de police pour construire un centre de formation à la sécurité publique dans la forêt de Weelaunee. Ce mouvement contestataire inédit a su rallier à lui le mouvement écolo et le mouvement pour l’abolition de la police. Maintenant, place à l’entretien !

Salut, peux-tu te présenter et nous dire comment et quand as-tu rejoint le mouvement Stop Cop City ?

Salut, je m’appelle Fern et j’utilise le pronom « elle ». Je vis à Atlanta depuis 8 ans maintenant et je me suis engagée dans des collectifs anarchistes. Avant la pandémie de covid-19, j’ai milité dans un groupe, A World Without Police, qui est un groupe qui lutte pour l’abolition de la police. J’ai pris une pause dans le militantisme parce que je ne me sentais pas rassurée avec les risques de la pandémie, je les ai donc retrouvés plus tard, courant 2022, et iels faisaient à ce moment pas mal de boulot avec le mouvement Stop Cop City. C’est comme ça que je me suis mise à militer dans le mouvement, en aidant dans les évènements, en faisant de la défense collective et en soutenant des camarades et personnes qui se faisaient arrêter. Ça va faire à peu près 2 ans que je suis dans le mouvement.

Qui est derrière le projet Cop City et qui apporte le financement ?

Le financement de ce projet provient d’une part de l’argent des contribuables, donné par la ville d’Atlanta, mais une majeure partie du financement vient d’un groupe nommé The Atlanta Police Foundation. Pour résumer, c’est une association à but non lucratif. Ils ont une place très importante concernant les votes pour le budget de la police et sont un grand soutien du service de police d’Atlanta. Beaucoup de sociétés et d’entreprises financent cette association, comme Home Depot, Delta Airlines, mais aussi des universités comme celle de Georgia. Beaucoup d’entreprises soutiennent le projet puisqu’ils ont des intérêts communs avec la police, comme celui de protéger la propriété privée, qui a pour conséquence de repousser les pauvres en dehors des villes.

Après l’expulsion de la forêt de Weelaunee en décembre 2022 (ou des militant.e.s s’étaient installé.e.s), et le meurtre de Tortuguita par la police, que devient le mouvement actuellement ? Y a-t-il de nouveaux endroits où les gens discutent et s’organisent ?

C’est une bonne question et pour être honnête, c’est plutôt compliqué. Depuis janvier le mouvement a pas mal changé. Je ne connaissais pas personnellement Tortuguita mais certain.e.s de mes ami.e.s étaient proches de lui. Après sa mort, ça nous a fait un choc mais on n’a pas eu le temps de faire notre deuil, ni de prendre soin de nous car l’Etat était constamment sur notre dos, à nous surveiller quoi qu’on fasse. Tu sais que si toi tu prends une pause, le projet de Cop City ne va pas en prendre. C’était difficile pour nous de prendre du temps et de prendre soin de nous collectivement, mais on avait besoin de ce temps-là. D’autres personnes du mouvement ont été arrêtées aussi, il fallait donc les soutenir car iels se sont pris de grosses peines. La mort de Tortuguita et l’expulsion de la forêt ont été une grande perte pour le mouvement. La forêt était un lieu formidable où l’on pouvait tou.te.s se rassembler.

Par la suite, il y a eu des tentatives de revenir occuper la forêt, qui n’ont pas vraiment abouti, même si certaines personnes font des distributions de nourriture et de vêtements, et ça n’a pas l’air de déranger les flics. Pendant une semaine d’action, il y a eu une espèce de fête/barbecue avec des camarades qui se tenait à l’entrée de la forêt, et la police était là pour surveiller. Elle n’est pas intervenue, ce qui laisse penser qu’il n’y aura plus d’autres occupations dorénavant. En mai et juin, lors des deux réunions du Conseil d’État, des militant.e.s se sont mis.es, de manière complètement inattendue, à occuper temporairement la mairie. Il y avait beaucoup de colère mais aussi beaucoup de joie d’enfin se retrouver après tout ce temps, et l’on a pu revenir, pendant un temps, à ce qu’on avait créé comme forme d’organisation dans la forêt.

Lors de la dernière semaine d’action, il y a eu plusieurs occupations de la forêt mais encore une fois c’était temporaire et il y a surtout eu de la distribution de nourriture et des gens avec du matériel de camping. Il y a eu un changement dans la stratégie de lutte, qui n’est plus basée sur une défense des terres mais sur le fait de cibler les entreprises qui sont derrière le projet, de faire pression sur les élu.e.s et de faire des pétitions. Ça ne marche pas énormément, on espère donc revenir à une stratégie comme la précédente, plus offensive.

Comment le mouvement est-il organisé ?

Le mouvement est organisé d’une manière décentralisée. On est constamment en train de réfléchir à nos manières de faire en observant ce qui marche et ce qui ne marche pas. Pendant pas mal de temps c’était assez informel, il n’y avait pas de mouvement ou de lieu où les gens pouvaient discuter entre elleux, mais il y a de cela un an environ, des camarades de confiance et impliqué.e.s dans le mouvement ont décidé de mettre en place un espace de coordination. C’était un espace pour partager des informations, des projets et discuter collectivement. La coordination n’avait pas pour but de prendre des décisions pour le mouvement, mais de regrouper différents groupes politiques ou individus afin de parler stratégies, etc.

On fait très attention à la manière dont on s’organise, parce que depuis le début, le mouvement est très ouvert à la pluralité des moyens d’action. Personne ne condamne les stratégies des un.e.s ou des autres et si des gens veulent par soucis de sécurité s’organiser ailleurs iels peuvent tout à fait le faire. Cette coordination et son fonctionnement ont un peu changé au fil du temps en raison d’une visibilité grandissante. Des gens faisant partie d’associations légalistes ou d’ONG sont venu.e.s dans la coordination et des gens, comme moi, un peu sceptiques vis-à-vis de ces organisations, ont quitté petit à petit la coordination. Il y en a toujours toutes les semaines mais je n’y vais plus. Il y a un nouvel espace d’échange qui vient de se lancer ce mois-ci sous forme d’assemblée populaire.

Il y a eu une réunion, à laquelle je n’étais pas, mais des gens de A World Without Police m’ont rapporté que ça reprenait les mêmes idées que la coordination à ses débuts, mais en un peu plus formel, où chaque personne représente un groupe différent. Il y a aussi un temps dédié aux personnes qui souhaitent partager des informations importantes et demander de l’aide à d’autres groupes et individus pour organiser des évènements. Il y a eu des problèmes en interne notamment à propos de groupes qui prennent des décisions sans consulter les autres pour faire les semaines d’action. C’est un point assez difficile dans l’organisation, et il y a eu quelques conflits à propos de ça la semaine dernière. Mais quand un groupe appelle à une semaine d’action, on se doit d’apporter du soutien parce que si ça tourne mal c’est l’entièreté du mouvement qui prend. On essaie d’être le plus à l’écoute des besoins des un.e.s et des autres, et de faire en sorte que tous les groupes puissent faire les actions qu’ils ont prévues, mais c’est toujours complexe à mettre en place. L’organisation décentralisée peut générer de la frustration et des moments de tension, on doit donc trouver certains compromis pour que tout le monde soit écouté et pour qu’on puisse prendre soin des un.e.s des autres. Quelques groupes formels sont dans l’organisation comme A World Without Police ou Unity & Struggle, et beaucoup de gens font des allers-retours dans des collectifs selon leurs affinités. Jusqu’alors, personne n’a dénoncé qui que ce soit sur l’espace public donc c’est un bon signe pour la suite, et ça montre que les gens sont prêt.e.s à travailler ensemble.

Le mouvement pour l’abolition de la police et le mouvement écolo sont deux groupes bien distincts mais ce mouvement semble être le trait d’union entre les deux. Comment cette rencontre s’est-elle passée ?

C’est un sujet sur lequel on a beaucoup parlé avec Unity & Struggle car c’est un mouvement vraiment unique qui traite de ces deux problèmes. Avant que je sois impliquée dans le mouvement, il y avait ce groupe nommé South River Watershed Alliance qui était beaucoup plus penché sur des questions écologiques, d’une manière assez libérale et légaliste, pour protéger la rivière et la forêt de Weelaunee. Lorsque des gens plus radicaux ont commencé à s’organiser et notamment à évoquer des concepts d’abolition du système pénal et carcéral, le groupe les regardait d’un mauvais œil en disant que les radicaux allaient faire peur aux gens susceptibles de les rejoindre. En bref, iels avaient peur que des anarchistes utilisent la forêt pour conspirer. Iels étaient donc sceptiques, mais quand iels ont vu que les radicaux s’organisaient également autour des questions environnementales, ça les a rassuré.e.s. Au fur et à mesure qu’iels ont commencé à mieux se connaître, une relation de confiance s’est instaurée. Ce groupe est aujourd’hui encore dans le mouvement, mais n’est plus au centre de l’organisation.

C’est une généralisation, mais les gens qui sont dans le mouvement pour des raisons écologiques sont plus du côté « libéral » politiquement, tandis que ceux qui militent pour l’abolition de la police ont un fonctionnement plus radical, ce qui peut être à l’origine de tensions. Les gens impliqué.e.s pour des raisons écologiques ont tendance à dire « Je suis d’accord avec le projet Cop City, mais pas dans la forêt » alors que bien entendu, notre positionnement est que Cop City ne doit être ni dans la forêt ni ailleurs.

Mais je pense finalement que les gens ont conscience que s’iels veulent un mouvement d’ampleur avec un soutien populaire massif, il faut accepter que les gens s’impliquent dans le mouvement pour des raisons différentes des nôtres. Et plutôt que de fermer ses portes, il faut espérer qu’en accueillant ces gens, en discutant avec eux et en leur montrant nos actions, iels changeront d’avis et prendront conscience qu’aucun Cop City n’est souhaitable. 

Nous pouvons dire que le mouvement est très local et populaire, mais est-ce que des organisations écologiques ou politiques nationales ont rejoint et soutenu la lutte ?

Le mouvement a clairement été populaire avec une organisation par la base depuis le début, les gens opposé.e.s au projet Cop City en ville font le travail depuis des années maintenant pour le combattre. Au début, pendant la première année, il n’y avait pas d’assos ou d’ONG impliquées, à part le Community Movement Builders qui est techniquement un organisme à but non lucratif, mais qui opérait beaucoup plus sur le terrain et à la base. Le DSA (Democratic Socialists of America) a été impliqué au début et iels essayaient de combattre le projet par des moyens électoraux et quand cela n’a plus fonctionné, iels ont en quelque sorte abandonné. Pendant longtemps, c’était donc juste des organisations anarchistes / communistes, et peut-être dans les six derniers mois, surtout après l’assassinat de Tortuguita et après que toutes les accusations de terrorisme intérieur aient commencé à tomber, le mouvement a commencé à avoir plus d’attention nationale et internationale. C’est à ce moment que les organisations à but non lucratif ont commencé à s’impliquer et que le DSA a recommencé à s’impliquer. Le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), le mouvement Black Lives Matter, et beaucoup de grands groupes sans but lucratif sont derrière la stratégie référendaire.

Par exemple, au cours des deux ou trois derniers mois, il y a eu cette nouvelle stratégie qui consiste à essayer d’obtenir un référendum sur le financement afin que les gens puissent voter pour ou contre que la population dépense de l’argent pour financer le projet Cop City. Je suis très sceptique à l’égard de ce plan et de la stratégie électorale en général. Même si on ne veut pas soutenir cette stratégie, on aide du mieux qu’on peut, mais nous sommes très critiques à ce sujet, avec notre groupe. Certain.e.s de mes ami.e.s et camarades pensent que c’est une excellente idée, mais je pense que les ONG ont été beaucoup plus impliquées dans cette stratégie parce qu’elle leur est familière.

Il y a des pour et des contre dans le mouvement par rapport à l’implication des ONG : d’un côté certain.e.s pensent que c’est une bonne manière d’avoir du soutien financier et matériel, mais d’un autre côté cette présence pousse toujours les mouvements à avoir une stratégie moins radicale que celle initialement imaginée, on reste donc sur nos gardes. Jusqu’à présent, les relations sont correctes, ils font leurs choses de leur côté, nous faisons les nôtres de notre côté, et ils nous laissent en quelque sorte tranquilles, sans essayer de dénoncer nos tactiques ou de créer une fracture dans le mouvement. Je pense que ce mouvement a été fort parce que c’est un mouvement très populaire et je pense que ce qui va le rendre plus fort c’est que personne ne se met des bâtons dans les roues.

Est-ce que la construction de Cop City a déjà commencé ?

Oui, et c’est vraiment horrible et déchirant. On peut voir les chantiers dans la forêt en suivant une longue route que l’on peut parcourir en voiture. J’avais des ami.e.s qui vivaient là-bas, donc j’y passais plus souvent mais maintenant j’évite d’y aller parce que ça me rend triste. On peut voir des endroits où ils ont commencé le chantier et il y a eu des images de drone où l’on pouvait voir la zone complète qu’ils avaient dégagée et coupée. Certaines personnes, lors d’une réunion publique de la ville, ont montré une photo de ce qu’ils avaient coupé et on remarquait qu’iels avaient coupé beaucoup plus que prévu. Je pense que le coulage de béton pour les fondations est censé se dérouler bientôt, il n’a pas encore commencé et je connais des gens qui ont élaboré des stratégies pour perturber cela, mais la construction avance malgré tout. Il y a quelque chose de très intime et émotionnel dans le lien que l’on peut avoir avec la forêt, et voir des arbres être abattus c’est en quelque sorte s’avouer que l’on n’a pas réussi à les protéger, ce qui est dur à avaler. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aller de l’avant et nous assurer qu’aucun autre arbre ne sera abattu.

Pour conclure, cela pourrait intéresser nos lecteur.ice.s : comment pouvons-nous soutenir le combat depuis la France ? Est-il prévu de faire un jour des rencontres internationales à Atlanta ?

C’est une bonne question. A certains égards, je pense que c’est déjà une lutte internationale et même le fait que vous nous ayez contacté.e.s et que vous vouliez entendre parler de la lutte, c’est quelque chose d’incroyable pour moi. Je sais qu’il y a eu beaucoup de tentatives pour trouver de la solidarité entre les luttes, comme en Allemagne et en France, il y a beaucoup de gens ici qui sont internationaux et qui font l’aller-retour ou qui vivent ici et qui rejoignent le mouvement. Au cours de la dernière semaine d’action, il y a eu un événement qui était essentiellement un appel vidéo et il y avait des gens en France et des gens en Italie qui parlaient des différentes défenses de terres dans lesquelles iels étaient impliqué.e.s. On essaie de faire le lien entre ces mouvements et nous.

On doit continuer la lutte et penser à la façon dont notre lutte et les autres luttes sont liées, surtout parce que la propagande d’État va toujours utiliser l’argument du récit de « l’agitateur extérieur » en disant que les habitant.e.s d’Atlanta veulent Cop City et que ce sont seulement les gens qui viennent d’autres endroits qui veulent vraiment causer des problèmes. Évidemment, ce n’est pas vrai, mais il est également important de se rappeler que si Cop City devait être construit, cela ne toucherait pas seulement les habitant.e.s d’Atlanta mais cela servirait de modèle pour les services de police partout dans le pays, et même dans le monde. Nous voyons déjà d’autres villes aux États-Unis qui se sentent influencées et qui commencent à en proposer leur propre version. Nous savons déjà que la police aux États-Unis est formée à l’étranger et qu’ils forment les forces de police dans d’autres pays en leur apprenant leurs techniques. Les gens se battent depuis longtemps contre un programme appelé GILEE (Georgia International Law Enforcement Exchange, un programme d’échange international d’application de la loi en Géorgie) qui facilite les échanges internationaux entre les pays et leurs polices. Des agents de police d’Atlanta peuvent avoir des liens avec les Forces de défense israéliennes, de sorte que les agents de police vont en Israël et que les agents de police d’Israël viennent à Atlanta pour apprendre essentiellement des tactiques de répression. La police d’Atlanta leur enseigne comment réprimer les communautés noires et la police israélienne leur enseigne ce qu’ils ont appris en réprimant et en assassinant les Palestinien.ne.s. C’est une lutte internationale, alors nous continuons de partager les informations sur ce qui nous semble important.

Un point important également c’est que mon organisation (Unity & Struggle) est une organisation nationale, nous avons des gens impliqué.e.s à Atlanta et dans d’autres villes comme à New York. C’est important d’être en contact avec des gens en dehors du mouvement puisqu’on est tellement à l’intérieur de la lutte qu’il est très difficile pour nous d’avoir une plus grande perspective et de penser aux choses de manière plus abstraite, étant donné qu’on se retrouve régulièrement à avoir un.e ami.e et/ou notre bien-aimé.e ciblé.e.s par l’État. J’ai l’impression qu’ici on fait constamment face à l’État, qui surveille nos faits et gestes. Il est donc essentiel d’avoir des gens qui sont plus éloigné.e.s de la lutte, qui peuvent penser à la stratégie et par exemple à faire le lien entre les choses qui se passent ailleurs. En quelque sorte, tirer des conclusions plus générales sur une stratégie ou sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ou sur ce que nous pouvons apprendre de ce mouvement. Alors oui, je pense qu’il est important de participer au mouvement et que les gens viennent de partout dans le monde, mais je ne sais pas encore s’il y a des plans pour vous à l’échelle internationale ou une semaine d’action internationale.

Cependant, toutes les semaines d’action depuis le début ont été internationales et les gens comme vos lecteur.ice.s devraient se sentir absolument libres de venir à Atlanta, nous adorerions vous accueillir. Nous devons faire le travail nécessaire pour continuer les combats et organiser l’infrastructure, et les gens qui sont plus loin ont le travail de théoriser ou d’entrer en contact avec des camarades. C’est peut-être une sorte de point de vue marxiste sur les choses mais il y a un temps où l’on doit penser plus concrètement et il y a un temps où l’on doit penser plus abstraitement, et je pense que pour nous à Atlanta tout est très concret, mais il est également important d’avoir ce retrait plus abstrait. Je pense que c’est ce que nos camarades et ami.e.s d’autres endroits peuvent faire pour aider la lutte, pour continuer à aller de l’avant, et nous guider sur les choses que nous pouvons apprendre sur cette expérience.

Chronologie de la première année de lutte (avril 2021 – mars 2022)

Extrait de l’article « The City in the Forest. Reinventing Resistance for an Age of Climate Crisis and Police Militarization », publié le 11 avril 2022 sur Crimethinc.

Par souci de brièveté, cette chronologie ne comprend pas les poursuites judiciaires, les décisions de Justice, les injonctions, les requêtes légales pour bloquer le chantier, etc.

  Printemps-été 2021 : La ville d’Atlanta, en partenariat avec Blackhall Studios, approuve l’échange de terrains publics du comté de Dekalb au Intrenchment Creek Park contre une parcelle de terrain appartenant actuellement au studio de cinéma.
  Avril-mai 2021 : Des activistes et des écologistes locaux découvrent un plan de la Fondation de la police d’Atlanta visant à transformer le terrain connu sous le nom de Old Atlanta Prison Farm, à l’angle de Key Road et de Fayetteville Road, en un vaste complexe d’entraînement de la police.
  15 mai 2021 : Plus de 200 personnes se réunissent dans le parc Intrenchment Creek pour une séance d’information sur les propositions de développement.
  17 mai 2021 : Selon une déclaration anonyme sur Abolition Media Worldwide, sept machines laissées sans surveillance sur la parcelle de terrain appartenant à Blackhall – principalement des tracteurs et des excavateurs – sont vandalisées. Leurs vitres sont brisées, leurs pneus crevés, puis les engins de chantier sont incendiés [3]. (...)
  Juin 2021 : Des avis sont apposés dans la forêt pour informer les passants que les arbres de la zone ont été « cloués », ce qui a pour conséquence que leur coupe pourrait endommager les tronçonneuses et éventuellement blesser ceux qui les utilisent.
  [9] juin 2021 : Trois autres excavatrices sont brûlées sur la parcelle de terrain appartenant à Blackhall Studios.
  16 juin 2021 : Le soir où le conseil municipal d’Atlanta doit voter sur l’ordonnance de construction de « Cop City », une poignée d’activistes protestent devant la résidence privée de la conseillère municipale Joyce Shepherd, commanditaire de l’ordonnance.
  Du 23 au 26 juin 2021 : La première semaine d’action attire des centaines de personnes dans le mouvement.
  [18] août 2021 : À Roseville, dans le Minnesota, les vitres du bureau de la Corporation Service Company sont fracassées.
  Été 2021 : La coalition Stop Cop City et d’autres groupes de gauche rejoignent le mouvement. Les organisations et réseaux militants de base organisent leurs propres manifestations, réunions et créent des pages sur les réseaux sociaux. (…)
  Septembre 2021 : Les réunions du conseil municipal, tenues sur Zoom en raison des restrictions liées au coronavirus, sont à plusieurs reprises inondées d’heures d’objections au projet. Les votes sur l’ordonnance concernant Cop City sont retardés à plusieurs reprises en raison de ces objections et des manifestations devant les domiciles du directeur des opérations Jon Keen et de la conseillère municipale Natalyn Archibong.
  7 octobre 2021 : Color of Change annonce que Coca-Cola quitte le conseil de l’Atlanta Police Foundation.
  18 octobre 2021 : Un petit groupe de gens perturbe l’arpentage et le nettoyage des terrains de l’Old Atlanta Prison Farm. Une tour d’arpentage est détruite.
  Du 10 au 14 novembre 2021 : Un large éventail d’événements culturels, de soirées d’information, de feux de joie et de réunions ont lieu pendant une deuxième semaine d’action. Celle-ci coïncide avec l’établissement d’un campement dans la forêt, qui a tenu six semaines.
  12 novembre 2021 : une manifestation a lieu devant le siège social de Reeves Young. Les renseignements recueillis par les activistes indiquent que la société Reeves Young Construction a été engagée pour détruire la forêt et construire le projet Cop City. Environ une trentaine de personnes convergent vers le siège de l’entreprise à Sugar Hill, en Géorgie, brandissant des banderoles et exigeant que l’entreprise rompe son contrat avec l’Atlanta Police Foundation.
  20 novembre 2021 : Deux nouveaux bulldozers brûlent dans la forêt. Cet équipement était situé sur la parcelle actuellement détenue par Blackhall Studios, l’emplacement prévu pour le futur « parc Michelle Obama ».
  27 novembre 2021 : Des Muscogee (Creek) retournent sur leurs terres ancestrales, à l’emplacement actuel du parc Intrenchment Creek, dans la forêt de South River, qui, en creek, s’appelle Weelaunee. La délégation Muscogee appelle tout le monde à défendre la terre contre les développements de Cop City et de Blackhall.
  17 décembre 2021 : Une dizaine de manifestants marchent jusqu’à la porte d’entrée des studios Blackhall sur Constitution Road et bloquent l’entrée principale en scandant des slogans. Peu de temps après, un important contingent de policiers fait une descente dans la forêt, expulsant le camp de protestation qui s’y est établi.
  20 décembre 2021 : Selon une déclaration écrite anonymement et republiée sur le site Scenes from the Atlanta Forest, des banderoles sont accrochées dans l’arrière-cour de la résidence privée de Dean Reeves, président de Reeves Young]. (...)
  [8] janvier 2022 : Survival Resistance, une organisation écologiste locale, entame une campagne contre l’entreprise AT&T, qui finance le développement de Cop City, en organisant des manifestations devant ses bureaux.
  18 janvier 2022 : Afin de commencer à « raser » la terre, un processus nécessaire pour déterminer les fournitures de construction nécessaires à la pose des fondations, Reeves Young et un représentant de l’Atlanta Police Foundation entrent dans les bois près de Key Road et utilisent un bulldozer pour abattre de nombreux arbres. Le chantier est stoppé lorsque des manifestants exigent qu’ils partent. Le bulldozer reste sur les lieux ; il est ensuite vandalisé et perd ses vitres.
  19 janvier 2022 : Plusieurs personnes grimpent dans des cabanes dans la forêt, près du lieu de la confrontation de la veille, annonçant leur intention d’y rester afin de retarder la poursuite du chantier.
  Du 25 au 27 janvier 2022 : Long Engineering reprend l’arpentage de l’Old Atlanta Prison Farm, accompagné par des représentants l’Atlanta Police Foundation, des policiers d’Atlanta et des shérifs du comté de Dekalb.
  28 janvier 2022 : 60 défenseurs des forêts marchent dans la forêt de South River près de l’Old Atlanta Prison Farm pour arrêter le forage et la collecte d’échantillons de sol. La police du comté de Dekalb attaque les manifestants, en arrêtant quatre – il s’agit des premières arrestations dans la forêt dans le contexte du mouvement de lutte pour la forêt d’Atlanta.
  31 janvier 2022 : À Minneapolis, des « vandales autonomes » brisent des fenêtres d’une Bank of America et y taguent « Stop Cop City ». Selon une déclaration en ligne, cela se produit en solidarité avec les manifestants arrêtés le 28 janvier.
  1er mars 2022 : Selon un communiqué publié sur Scenes from the Atlanta Forest, « cinq gros camions de Long Engineering, utilisés pour effectuer des travaux d’arpentage dans le but d’aider à délimiter la destruction dans la forêt du sud d’Atlanta, ont été détruits en solidarité avec les eco-defenders qui protègent actuellement la forêt », contre le projet de Cop City et d’infrastructures hollywoodiennes de Blackhall Studios.
  19 mars 2022 : Six machines appartenant à Reeves Young, dont deux pelleteuses et un bulldozer, sont détruites à Flowery Branch, en Géorgie. On peut lire dans un communiqué : « À moins que votre entreprise ne choisisse de se retirer du projet Cop City de l’APF de son propre chef, nous saperons vos profits si sévèrement que vous n’aurez pas d’autre choix que d’abandonner le contrat. »
  26 mars 2022 : Des distributeurs automatiques de billets de Wells Fargo et de la Bank of America sont vandalisés dans le centre-ville de Philadelphie. Selon une déclaration en ligne [4], les deux institutions ont été ciblées parce qu’elles financent l’Atlanta Police Foundation.

Suite de la chronologie d’actions directes effectuées en défense de la forêt d’Atlanta et contre le projet de Cop City (avril 2022 – février 2024)

Rédigée par les éditions de l’ours sans drapeau en février 2024, cette chronologie ne serait rien sans le taf de traduction des sites Attaque (attaque.noblogs.org), Sans Nom (sansnom.noblogs.org) et Squat !net (fr.squat.net). Cette liste d’actions n’est pas exhaustive ; de plus, elle se limite aux actions effectuées aux États-Unis.

  Fin avril 2022 : À Portland, les portes, les vitrines et les distributeurs de billets du centre financier de la Bank of America ont été cassés, et le bâtiment a été tagué avec des messages contre la destruction de la forêt d’Atlanta.
  Fin avril 2022 : À San Francisco, des « hooligans autonomes » ont mis de la super-glu dans les lecteurs de cartes de deux banques.
  1er mai 2022 : À Fridley, en banlieue de Minneapolis, le bâtiment d’Atlas Technical Consultants voit toutes ses fenêtres réduites en miettes, des seaux de peinture ont également été jetés à l’intérieur des bureaux et la façade a été redécorée avec un tag « Fuck Cop City, défendons la forêt d’Atlanta ».
  1er mai 2022 : À Pittsburgh (PA), les vitres d’une Bank of America sont brisées.
  10 mai 2022 : À Albany (NY), sept vitres du bâtiment de l’entreprise Atlas sont brisées. Un tag accompagne cette action : « ATLAS – Arrêtez de détruire la forêt d’Atlanta ».
  11 mai 2022 : Dans la forêt d’Atlanta, pendant la troisième semaine d’action contre Cop City et pour défendre la forêt, des véhicules de police et une camionnette du Department of Juvenile Justice de l’État de Géorgie (GA) ont été vandalisés (vitres brisées et pneus crevés).
  13 mai 2022 : À Birmingham (AL), les vitres et les portes vitrées du siège de l’entreprise Brasfield & Gorrie ont été brisées. Un tag « Drop Cop City, or else... » a été laissé sur place.
  16 mai 2022 : À Dawsonville (GA), une maison en lien avec l’entreprise Dodd Drilling a été taguée avec des slogans comme « Dodd Drilling, dehors », « Stop Cop City » et « Laissez tomber l’Atlanta Police Department ».
  Mai 2022 : Au fil du mois, dans le comté de Lane, dans l’Oregon, des véhicules de construction ont été vandalisés en solidarité avec les défenseur·euses de la forêt d’Atlanta.
  26 mai 2022 : À Oakland (CA), des vitres sont brisées au siège social de Consolidated Engineering Laboratories, une filiale d’Atlas.
  27 mai 2022 : À Atlanta, incendie de l’At Promise Center, financé par l’Atlanta Police Foundation.
  1er juin 2022 : À Erie (PA), les bureaux d’Atlas sont tagués et leur porte vitrée d’entrée brisée.
  2 juin 2022 : Dans la forêt d’Atlanta, une dizaine de défenseur·euses attaquent un bulldozer à coups de pierres et de feux d’artifice.
  2 juin 2022 : À Columbus (OH), les bureaux d’Atlas sont vandalisés.
  7 juin 2022 : Dans la forêt d’Atlanta, un engin de chantier de Boyette Brothers est incendié.
  29 juillet 2022 : Dans la forêt d’Atlanta, une dépanneuse présente pour enlever des véhicules appartenant à des défenseur·euses de la forêt est vandalisée puis incendiée.
  Été 2022 : À Atlanta, dans le parc Michelle Obama, une pelleteuse est incendiée.
  Début septembre 2022 : À Atlanta, plusieurs engins de chantier sont incendiés, au nord de l’Intrenchment Creek Park.
  Début octobre 2022 : À la lisière de la forêt d’Atlanta, des camions de chantier et des grues appartenant à Georgia Power ont été attaqués à coups de pierres et de feu.
  17 octobre 2022 : À Atlanta, un bâtiment est incendié au sein du complexe des studios cinématographiques Shadowbox (nouveau nom des Blackhall Studios).
  Début novembre 2022 : Dans la forêt d’Atlanta, une excavatrice de Norfolk Southern est incendiée.
  19 novembre 2022 : Blocage et sabotage du stand de tir de la police d’Atlanta, dans la forêt d’Atlanta.
  Mi-décembre 2022 : À San Francisco, cinq vitres et un distributeur automatique de billets d’une banque Wells Fargo ont été brisés.
  Mi-décembre 2022 : À New York City, le bâtiment où vit le vice-président d’Atlas est tagué, contre Cop City, pour la préservation de la forêt d’Atlanta.
  1er janvier 2023 : À Portland, une succursale de la Bank of America est incendiée.
  18 janvier 2023 : Lors d’une opération de police dans la forêt d’Atlanta, Manuel Esteban Paez Terán, aussi connu·e sous le surnom de Tortuguita, est tué·e par balle par la police sur le campement Stop Cop City. Lors de l’autopsie, seront trouvées sur son corps 57 blessures par balles !
  20 janvier 2023 : À Oakland (CA), en mémoire de Tortuguita, une trentaine d’anarchistes brisent des dizaines de vitres le long de la façade d’un bâtiment de la Bank of America. Des distributeurs automatiques de billets sont vandalisés et des tags sont effectués dans le centre-ville.
  20 janvier 2023 : À Portland, un bâtiment d’UPS est attaqué, près d’une quinzaine de leurs vitres sont brisées.
  21 janvier 2023 : À Atlanta, une manif sauvage de quelques centaines de personnes provoque plusieurs actions : des vitres et portes vitrées sont détruites en bas des Deloitte Towers, ciblant le QG de l’Atlanta Police Department, et Wells Fargo, qui finance l’Atlanta Police Foundation. Un premier véhicule de police est saccagé, puis un second est incendié.
  22 janvier 2023 : À Portland, une excavatrice est incendiée en mémoire de Tortuguita. Des tags « Stop Cop City » et « Avenge Tort’ ! » sont inscrits sur la façade.
  25 janvier 2023 : À New York City, les vitres des bureaux d’Alta Vista, filiale d’Atlas, sont brisées.
  28 janvier 2023 : À Ann Arbor (MI), une centaine de personnes se sont réunies devant le bâtiment où se trouvent les bureaux de Merrill Lynch, pour partager des souvenirs, des larmes et de la vengeance pour Tortuguita. Lors de la manifestation sauvage qui a suivi, plus de quarante véhicules Porsche d’un concessionnaire ont été taguées, leurs pneus crevés. Des tags ont été inscrits en différents endroits : « Cop City will never be built » et « You fund police murder ».
  29 janvier 2023 : À Minneapolis, deux agences bancaires (US Bank et Wells Fargo) ont des vitres brisées et sont taguées : « Defend the Forest », « Fuck 12 » et « Rest In Peace Tortuguita and Tyre Nichols ».
  30 janvier 2023 : À Fridley, en banlieue de Minneapolis, le bâtiment d’Atlas voit ses vitres brisées, accompagnées par des tags « Stop Cop City » et « Vive Tort’ ».
  Fin janvier 2023 : À Highland (IN), toutes les fenêtres et portes vitrées des bureaux d’Atlas sont brisées. Une puissante bombe puante a laissé les bureaux inutilisables. Six véhicules d’Atlas, garés devant les bureaux, sont eux aussi vandalisés.
  Début février 2023 : À Columbia (SC), quatre camions d’Atlas ont leurs pneus crevés.
  Début février 2023 : À Augusta (GA), toutes les vitres des bureaux d’Atlas sont brisées. Un tag « Avenge Tortuguita » est laissé sur place.
  Début février 2023 : À Berkeley (CA), cinq distributeurs automatiques de billets de la Bank of America sont englués. Des tags sont inscrits sur place : « Stop Cop City » et « Avenge Tort’ ».
  19 février 2023 : Dans la forêt d’Atlanta, trois engins de chantier sont incendiés.
  20 février 2023 : À East Hartford (CT), les bureaux d’Atlas sont tagués : « Stop Cop City », « Defend Weelaunee » et « Avenge Tort’ ». Les coffres de sécurité des deux côtés du bâtiment ont été rendus inutilisables avec de la super-glu, et les portes du bâtiment ont été cadenassées. Le véhicule Atlas garé devant les bureaux a reçu le même traitement : vandalisme et sabotage.
  Fin février 2023 : À Belmont (MA), un distributeur automatique de billets de la Bank of America est saboté à la super-glu.
  5 mars 2023 : À Atlanta, une manifestation d’un peu plus de 300 personnes attaque la clôture d’un site de l’entreprise Brent Scarbrough, un sous-traitant de Brasfield & Gorrie. Pendant le sabotage, des pierres, des feux d’artifice et des cocktails Molotov sont lancés sur les policiers pour les empêcher d’intervenir. Deux projecteurs et plusieurs engins de chantier sont détruits. En raison de cette action, la plupart ou la totalité du travail effectué depuis le meurtre de Tortuguita a été anéantie.
  Mi-mars 2023 : À Philadelphie, de l’eau de javel est versée dans le réservoir d’un engin de chantier. Une boîte à outils est également volée sur place.
  5 avril 2023 : À Atlanta, sur un site situé face à la prison fédérale de la ville, trois pelleteuses de la société Brent Scarbrough sont incendiées.
  25 avril 2023 : Les distributeurs automatiques de billets de la Bank of America d’East Atlanta Village sont sabotés avec de la glu.
  Fin juin 2023 : Dans la forêt d’Atlanta, de l’acide chlorhydrique est versé dans les réservoirs de trois engins de chantier.
  30 juin 2023 : Dans la baie de San Francisco, à Oakland, Concord et San Francisco, quatre succursales de la Bank of America et cinq distributeurs automatiques de billets ont été détruits ou dégradés. Des tags ont été inscrits sur place : « Stop Cop City » et « ACAB ».
  1er juillet 2023 : À Atlanta, deux attaques coordonnées ont lieu contre du matériel de la police d’Atlanta, dans l’actuel centre d’entraînement de la police, et sur Memorial Drive, où huit motos de police ont été détruites.
  Début juillet 2023 : À Atlanta, des postes d’aiguillage des chemins de fer Norfolk Southern sont sabotés.
  3 juillet 2023 : À Berkeley (CA), une agence de la Bank of America est taguée « Stop Cop City – RIP Tort’ », trois écrans de distributeurs de billets sont brisés.
  4 juillet 2023 : À Atlanta, en face de la prison fédérale de la ville, sur le même chantier que le 5 avril, deux engins de chantier sont incendiés en plein jour.
  4 juillet 2023 : Dans le sud-est du Michigan, les grandes vitrines et un distributeur automatique de billets (DAB) d’une succursale de la Chase Bank sont attaqués : le DAB est englué, les vitrines saccagées avec de la peinture acide et des tags inscrits sur les murs : « Abandonnez le projet de Cop City » et « vive Tortuguita ».
  8 juillet 2023 : À Oakland (CA), une brique est lancée dans la vitrine d’une agence UPS.
  9 juillet 2023 : À Williston (VT), des tags « Laissez tomber Cop City » et « Tort’ vit » sont inscrits sur deux camionnettes de service et sur la façade de l’immeuble d’Atlas.
  Fin août 2023 : À Milwaukie (OR), en banlieue de Portland, un camion de Vertiv est incendié, notamment en mémoire de Tortuguita et de Rayshard Brooks.
  9 septembre 2023 : À Olympia (WA), contre « Cop City et son monde », un restaurant de la chaîne Arby’s est tagué, ses vitres brisées.
  1er octobre 2023 : À Atlanta, le site de Brent Scarbrough qui se trouve en face de la prison fédérale est visité pour la troisième fois, et une excavatrice est incendiée.
  13 novembre 2023 : À Lawrenceville (GA), six camions de l’entreprise Ernst Concrete sont incendiés.
  22 novembre 2023 : À Walnut Creek (CA), toutes les vitres atteignables du bâtiment de Pcf Insurance Services sont brisées. Un tag est inscrit sur un des murs : « Démasquons Cop City ».
  3 janvier 2024 : À Atlanta, de la super-glu est mise dans toutes les serrures de la Manuel’s Tavern, qui devait accueillir Andre Dickens, le maire d’Atlanta.
  Mi-janvier 2024 : À Atlanta, un engin de chantier appartenant aux studios Shadowbox (nouveau nom des Blackhall Studios) est incendié près de l’autoroute.
  18 janvier 2024 : À Atlanta, une attaque coordonnée contre deux agences de l’assurance Nationwide a lieu. Leurs vitres sont brisées à coup de marteaux.
  18 janvier 2024 : À San Francisco, dix-huit vitres de la San Francisco Police Credit Union sont brisées, en mémoire de Tortuguita, Klee Benally, Sekou Odinga et Banko Brown.
  26 janvier 2024 : À Atlanta, quatre engins de chantier appartenant à Brent Scarbrough sont incendiés.
  1er février 2024 : À Atlanta, lors d’une attaque coordonnée, grâce à de la super-glu, onze distributeurs automatiques de billets et agences de la banque Truist sont sabotés. Des messages sont également tagués sur place contre les projets de Cop City et du gazoduc Mountain Valley Pipeline.
  10 février 2024 : À Atlanta, dans le quartier de Lakewood, une voiture de police est incendiée, en solidarité avec Jack, arrêté dans le même quartier deux jours auparavant.
  10 février 2024 : À Saint Paul (MN), deux camions de distribution Home Depot sont incendiés, en solidarité avec Jack.

Atlanta (USA) : Cramer le studio de cinéma pour défendre la forêt

VO : Sans Nom, 30 octobre 2022

À Atlanta (GA), le conseil municipal a voté le 8 septembre 2021 l’attribution de 34 hectares de la forêt de South River à un projet de centre de formation à la militarisation de la police de 90 millions de dollars, connu des habitants sous le nom de « Cop City ». Ces installations comprennent une ville reconstituée dans laquelle les flics pourront s’entraîner, ainsi qu’une base d’atterrissage pour hélicoptères, de nouveaux champs de tir, etc. Son développement est dirigé par la Fondation de la police d’Atlanta et les deux tiers du financement proviennent de donateurs « philanthropiques » et d’entreprises, renvoyant le reste de la facture au public.

Depuis avril 2021, une lutte est en cours pour s’opposer à ce projet de « Cop City », avec des attaques et sabotages réguliers et une occupation de la zone boisée à l’est, qui a repris son ancien nom de forêt de Weelaunee. Et comme le studio de tournage hollywoodien situé en bordure de la forêt, Shadowbox Studios (ex-Blackhall Studios), a lui aussi prévu de s’agrandir en détruisant 80 autres hectares du même côté que le projet de « Cop City », il est dès le début devenu une autre cible. Cet été, le 31 juillet dernier, lorsque des ouvriers sont intervenus accompagnés de flics pour tenter de défricher le terrain nécessaire à son agrandissement, ils ont par exemple été copieusement arrosés de pierres, une pelleteuse a été défoncée et un pick-up de l’entreprise incendié, après d’autres attaques identiques (…).

À propos de la fermeture du champ de tir de la police d’Atlanta

VO : Scenes from the Atlanta Forest, 23 novembre 2022
Traduction : Sans Nom, 7 décembre 2022

Dans la soirée du samedi 19 novembre, des militants munis de tronçonneuses ont pris des mesures pour fermer le champ de tir de la police d’Atlanta (APD) dans la forêt de Weelaunee, où la police s’entraîne chaque semaine à tuer et mutiler les habitants d’Atlanta. Quelques petits arbres ont été abattus de manière sélective afin de bloquer sa route d’accès. L’un des arbres abattus a touché une ligne électrique qui alimente le champ de tir en électricité, ce qui a provoqué une surtension qui a fait sauter un transformateur et désactivé les caméras, qui ont ensuite été détruites par le feu et des marteaux. La ligne électrique ne dessert que le champ de tir. Aucune zone résidentielle n’a été touchée par la panne.

Au milieu du champ de tir se trouve un bus scolaire jaune. Les vitres sont brisées par des impacts de balles et des munitions – grenades flash et gaz lacrymogènes – gisent sous les sièges. Son rôle sur le champ de tir est clair : la seule « protection » offerte par la police, c’est la violence et la mort.

La décision de couper un arbre vivant ne doit jamais être prise à la légère. La présence permanente du stand de tir est un affront à la forêt et à tous ceux qui vivent à l’intérieur ou à proximité ; les coups de feu et les explosions à toute heure du jour et de la nuit, les munitions au plomb toxique qui empoisonnent le sol et s’infiltrent dans l’eau, la façon dont les personnes à la peau noire ou brune (Black and brown people) vivant à proximité sont contraints d’écouter quotidiennement la police s’entraîner à les assassiner.

Par rapport à ces impacts et au projet de la Fondation de la police d’Atlanta de détruire toute la forêt, nous comprenons l’abattage de ces quelques arbres comme la défense de la forêt. À l’heure où le modèle américain de police militarisée est activement exporté dans le monde entier pour faciliter la destruction de l’Amazonie et d’autres des dernières grandes forêts et bastions indigènes qui se dressent entre nous et l’extinction massive, nous savons que si ces arbres pouvaient parler, ils diraient « j’emmerde la police » et se porteraient volontiers volontaires pour tomber et les écraser.

Depuis la fermeture du stand de tir, la forêt de Weelaunee n’a pas été calme – même les bois froids de novembre sont pleins de vie et de bruit – mais elle a été plus paisible sans que la police ne la remplisse des sons de la guerre. Nous espérons que tous les habitants de la forêt et du quartier environnant pourront mieux se détendre dans ce silence relatif, mais nous devons être clairs : nous n’avons pas fait cela pour eux.

Nous avons entrepris cette action pour les morts – pour Rayshard Brooks et toutes les personnes tuées par la police d’Atlanta, pour tous les révolutionnaires assassinés, pour les Muskogee qui ont été chassés de cette terre, pour toutes les personnes réduites en esclavage qui ont vécu et sont mortes sur la plantation ici, pour tous les prisonniers tués par les gardiens de l’ancienne ferme-prison et enterrés dans des tombes non marquées dans la forêt. Cette forêt est la leur et nous ne permettrons pas à la police de la profaner par sa présence.

Nous ne permettrons pas à la police d’écraser au bulldozer l’histoire de ses propres crimes.

La terre se souvient. Nous nous en souvenons. Cop City ne sera jamais construite.

Atlanta (USA) : Des défenseur·es de la forêt incarcéré·es avec des accusations de terrorisme

VO : Unoffensive Animal, 19 décembre 2022
Traduction : Attaque, 13 janvier 2023

Mardi 13 et mercredi 14 décembre, des unités d’intervention et d’autres policiers armés appartenant à huit différentes agences de police, fédérales, de l’État, du comté et de la ville ont effectué une descente contre les personnes qui campent dans la forêt d’Atlanta dans l’espoir d’empêcher la construction d’une structure d’entraînement pour la police, de 85 acres, que les opposant·es ont rebaptisé « Cop City ».

Pendant la descente, la police a utilisé du gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc et a fait sortir les gens de la forêt sous la menace des armes. Des flics dans des pelleteuses et d’autres engins lourds on détruit des habitations dans les arbres, une cuisine commune et d’autres infrastructures construites par les personnes engagées dans la défense de la forêt.

À la fin de l’opération de deux jours, douze personnes au total avaient été interpellées, selon la police. Au moins six d’entre elles ont été inculpées avec tout un tas de chefs d’accusation, y compris des inculpations pour terrorisme intérieur, au niveau de l’État, selon les informations de l’Atlanta Solidarity Fund.

Lors d’une audience, jeudi 15 décembre, la juge Claire Jason a refusé la libération sous caution de cinq des personnes arrêtées et inculpées de ces chefs d’inculpation. « Chacun·e de vous est inculpé·e de terrorisme intérieur », a dit Jason, en lisant apparemment un document sur son écran. « Généralement, les informations que j’ai sur le mandat… Vous avez participé à des actions du DTAF (Defend the Atlanta Forest), un groupe qui a été classé par le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis comme groupe extrémiste violent interne aux USA ».

Une fois encore, la police abuse de son pouvoir dans le but d’acquérir plus de pouvoir politique. Ils veulent détruire la forêt qui empêche que la ville d’Atlanta soit inondée dans le but de s’entraîner à tuer des gens dans leur terrain de jeu privé. Les gens qui s’opposent à la destruction de la nature sauvage et à la privatisation des espaces publics sont jetés en taule avec des charges de terrorisme intérieur.

Nous devons faire de notre mieux pour montrer notre solidarité aux personnes arrêtées et pour nous assurer que Cop City (et les studios Blackhall) ne soit pas construite dans la forêt d’Atlanta, ni nulle
part ailleurs. (...)

Atlanta (USA) : Des bonnes nouvelles pour les prisonnier·es

VO : Unoffensive Animal, 29 décembre 2022
Traduction : Attaque, 20 janvier 2023

Lors de la dernière descente policière contre les défenseur·es de la forêt d’Atlanta, six personnes ont été arrêtées et envoyées en taule avec des charges de terrorisme, pour avoir été simplement assises dans une cabane dans les arbres, dans le but de bloquer l’abattage des arbres pour construire un nouveau centre d’entraînement pour la police et un studio de cinéma.

Après des nombreux appels suite aux décisions de justice, nous avons reçu la nouvelle que tou·tes les arrêté·es ont été libéré·es sous caution et pourront rentrer chez leurs proches, au lieu de passer plus de temps encore en taule, en attendant leur procès. (…)

Nous ne pourrions pas être plus heureux·ses qu’en entendant ces nouvelles et nous voulons envoyer tout notre amour et notre soutien à toute personne qui a dû subir le système carcéral pour protéger la forêt d’Atlanta.

Bienvenue dans les bois à nouveau.

Post-scriptum : le Fonds de défense légale d’Atlanta est encore actif et a besoin de soutien, le travail de défense devra continuer, puisque les dépenses de justice et pour les avocat·es sont chères. Si vous pouvez vous le permettre, envoyez un petit peu d’argent, SVP :
https://atlsolidarity.org/

Atlanta (USA) : solidarité avec le mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt Weelaunee

VO : Defend the Atlanta Forest, 19 janvier 2023
Traduction : Squat.net, 20 janvier 2023

Nous appelons toutes les personnes de « bonne conscience » à être solidaires du mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt de Weelaunee, à Atlanta.

Le 18 janvier 2023, dans le cadre de leur dernier raid militarisé contre la forêt, la police d’Atlanta a abattu une personne [5]. Ce n’est que la plus récente d’une série de violentes représailles policières contre le mouvement. Le récit officiel est que Cop City est nécessaire pour rendre Atlanta « safe », mais ce meurtre brutal révèle ce qu’ils veulent dire quand ils utilisent ce mot.

Les forêts sont les poumons de la planète Terre. La destruction des forêts nous touche tou·tes. Tout comme la gentrification et la violence policière que la déforestation de la forêt Weelaunee faciliterait. Ce qui se passe à Atlanta n’est pas un problème local.

Les politiciens qui soutiennent Cop City ont tenté de discréditer les défenseurs des forêts en tant qu’« agitateurs extérieurs ». Cette diffamation a une histoire honteuse dans le Sud, où les autorités l’ont utilisée contre les abolitionnistes, les syndicalistes et le Mouvement des droits civiques, entre autres. Le but de ceux qui propagent ce récit est de décourager la solidarité et d’isoler les communautés les unes des autres tout en offrant un prétexte pour faire venir des forces étatiques et fédérales, qui sont les véritables « agitateurs extérieurs ». Les conséquences de cette stratégie sont bien visibles dans la tragédie du 18 janvier.

Le remplacement d’une forêt par un centre de formation de policiers ne fera que créer une société plus violemment contrôlée, dans laquelle les ressources des contribuables enrichissent les compagnies de police et d’armement plutôt que de répondre aux besoins sociaux. L’incarcération massive et la militarisation policière n’ont pas réussi à réduire la criminalité ou à améliorer les conditions de vie des communautés pauvres et exploitées.

À Atlanta et aux États-Unis, l’investissement dans les budgets de la police se fait au détriment de l’accès à la nourriture, à l’éducation, à la garde d’enfants et aux soins de santé, à des logements abordables et stables, à des parcs et à des espaces publics, aux transports en commun et à la libre circulation des personnes, à la stabilité économique pour tou·tes. Concentrer les ressources entre les mains de la police sert à défendre l’accumulation extrême de richesses et de pouvoir par les entreprises et les très riches.

Que font les policiers avec leurs budgets accrus et la carte blanche qui leur est offerte par les politiciens ? Ils tuent des gens tous les jours. Ils incarcèrent et traumatisent des écoliers, des parents, des êtres qui luttent pour survivre. Nous ne devons pas nous contenter d’une société organisée imprudemment selon des valeurs de violence, de racisme, de cupidité et d’indifférence à la vie.

La lutte qui se déroule à Atlanta est une lutte pour le futur. Alors que les effets catastrophiques des changements climatiques frappent nos collectivités avec des ouragans, des vagues de canicule et des feux de forêts, les enjeux de ce combat sont plus clairs que jamais. Ils détermineront si ceux qui viendront après nous hériteront d’une Terre habitable ou d’un cauchemar d’État policier. C’est à nous de créer une société pacifique qui ne considère pas la vie humaine comme sacrifiable.

Les défenseur·es des forêts essaient de créer un monde meilleur pour nous tou·tes. Nous devons soutenir les habitant·es d’Atlanta et les générations futures de partout.

Quelques moyens pour soutenir la lutte en défense de la forêt d’Atlanta :
 Dons pour l’Atlanta Solidarity Fund, pour soutenir les coûts légaux dûs aux poursuites visant des activistes.
 Appel aux investisseurs et actionnaires de l’Atlanta Police Foundation à quitter et annuler le projet Cop City (liste des investisseurs de l’APF). Appel aux constructeurs du projet à abandonner leurs contrats de construction.
 Organisation de caisses de solidarité politique en défense de la forêt, et de comités locaux de défense de la forêt.
 Participation et organisation d’actions locales de solidarité.

Contact : defendweelaunee@@@riseup.net

Portland (USA) : Du feu pour les destructeurs de la Terre

VO : Scenes from the Atlanta Forest, 23 janvier 2023
Traduction : Attaque, 28 janvier 2023

Pour répondre à l’appel [à la riposte] contre l’assassinat de Tortuguita, hier soir nous avons incendié une grosse excavatrice, à Portland.

Tortuguita est mort en essayant de tuer un flic, pour défendre la forêt de Weelaunee. Ne l’oublions jamais.

Avec ces flammes, nous rendons honneur à son courage. Avec la fumée, nous envoyons une prière dans la nuit, que le prochain flic ne soit pas si chanceux.
Nous attaquons les mêmes engins qui menacent la forêt, à Atlanta, et tout ce qui est sauvage.

DU FEU POUR LES DESTRUCTEURS DE LA TERRE.

Jusqu’à ce que tous les flics soient morts et que tout ce qu’ils défendent soit réduit en cendres.

Atlanta (USA) : Récit de la journée du 5 mars en défense de la forêt

VO : Scenes from the Atlanta Forest, 7 mars 2023
Traduction : Attaque, 19 mars 2023

Le 5 mars, vers 17h30, un peu plus de 300 personnes ont marché jusqu’à North Gate, située sur Key Road. Il s’agit du site de « contrôle de l’érosion » par l’entreprise Brent Scarbrough, un sous-traitant de Brasfield & Gorrie. Depuis plus d’un mois, la police se déplace 24h/24 et dépense 41 500 $ par jour pour protéger le site contre les manifestant·es. Ils ont utilisé des phares de véhicules et deux gros projecteurs pour éclairer les arbres entourant la coupure de la ligne électrique.

Les 300 d’entre nous avons endommagé la clôture sur les côtés est et ouest du site. En utilisant des cutters ainsi que nos mains et nos pieds, nous avons détruit un pourcentage élevé du travail effectué par les entrepreneurs de l’Atlanta Police Foundation au cours du dernier mois. Ce travail doit être refait afin de respecter les normes établies par la loi (une norme que nous ne connaissons pas beaucoup car ce n’est pas notre principale préoccupation).

Nous avons facilement repoussé la police de la zone autour de la North Gate en utilisant seulement des pierres et des feux d’artifice. Certaines personnes ont fermé la North Gate tandis que d’autres ont lancé des pierres, des feux d’artifice et des cocktails Molotov sur les policiers de l’autre côté, afin de les empêcher d’affluer et de nous nuire. Pendant ce temps, les deux projecteurs ont été détruits. Deux engins de chantier ont été détruits. Une pièce de machinerie lourde utilisée pour perturber la terre a été détruite. Une remorque utilisée comme bureau de fortune, fournie à l’Atlanta Police Foundation par United Rentals, a été détruite. Toutes les toilettes portatives ont été renversées. La barrière de sécurité construite à l’intérieur de cette zone, qui est fixée au sommet par des barbelés, a été endommagée et partiellement détruite.

En raison de cette action, la plupart ou la totalité du travail effectué depuis le meurtre de Tortuguita a été anéantie. Une partie d’entre nous avons utilisé des boucliers pour nous protéger contre d’éventuels tirs policiers, mais il n’y en a pas eu. Le groupe s’est dispersé dans les bois sans laisser de trace. Personne d’entre nous n’a été arrêté·e ou détenu·e.

Repose en paix, Tort.
Cop City ne sera jamais construit.

Post-scriptum : Les cocktails Molotov semblaient être différents des recettes classiques. Cet outil simple semblait ne contenir qu’une petite quantité de matière inflammable, comme de l’alcool à friction avec du savon à vaisselle ajouté comme épaississant, et un petit pétard scotché sur le côté. Fabriqués de cette façon, les défenseur·es de la forêt ne dépendaient pas du sol pour casser la bouteille, comme ils le feraient avec une bouteille en verre. À l’avenir, peut-être est-ce une information utile pour quiconque combat dans la forêt, le désert, ou des endroits sans une surface dure sous leurs pieds ?

Williston (USA) : Le bureau d’Atlas vandalisé

VO : Scenes from the Atlanta Forest, 22 juillet 2023
Traduction : Attaque, 23 juillet 2023

Nous avons entendu un dirigeant d’Atlas [6] affirmer qu’ils n’étaient plus impliqués dans le projet de Cop City, mais Atlas n’en a pas parlé dans les médias. Le 9 juillet, nous avons laissé aux gens d’Atlas Technical un petit message tagué à la peinture rouge. On a écrit « Laissez tomber Cop City » et « Tort vit » partout sur deux camionnettes de service et sur la façade de l’immeuble. Le lendemain, Atlas a fait une déclaration devant un journaliste, pour confirmer qu’ils ne sont plus impliqués dans ce projet. Depuis la rivière Connecticut [7] jusqu’à la forêt de South River [8], tout prestataire qui choisit de travailler avec l’Atlanta Police Foundation devra en répondre devant des gens audacieux qui en ont marre de ce système.

Sacré·es délinquant·es des Green Mountains

Atlanta (USA) : Cramer les chantiers des collabos de Cop City

VO : Sans Nom, 29 janvier 2024

Vendredi 26 janvier 2024, vers 5h du matin au sud-est d’Atlanta, quatre engins de chantier ont été endommagés par des incendies volontaires anonymes survenus sur un site de construction de nouvelles maisons, dans une communauté appelée Empire Zephyr.

Les pelleteuses enflammées appartiennent à Brent Scarbrough, l’entrepreneur du futur centre de formation et d’entraînement de la police, Cop City. Le président régional d’Empire Communities, pour laquelle était réalisée ce chantier, Paul Corely, siège au conseil d’administration de la Fondation pour la Police d’Atlanta (APF) et l’entreprise y contribue financièrement.

Les pompiers ont été appelés au 543 Burroughs Street NE pour un incendie signalé peu avant 5 heures du matin, vite rejoints sur place par le FBI et l’ATF. L’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms, and Explosives) est une agence fédérale qui collabore notamment avec les forces de l’ordre locales pour enquêter sur les incendies criminels.

Selon la police, plus de 80 actes de violence ont été signalés dans tout le pays (dans 23 États différents) contre le projet de Cop City, donnant lieu à plus de 173 arrestations. Parmi ces délits, 23 étaient des incendies criminels, endommageant 81 équipements et bâtiments.

Atlanta (USA) : Une voiture de police incendiée

VO : Scenes from the Atlanta Forest, 10 février 2024
Traduction : Attaque, 11 février 2024

Un véhicule de l’Atlanta Police Department (APD) a été incendié pendant la nuit en réponse à l’opération répressive du 8 février, qui a donné lieu à trois perquisitions et à l’arrestation de John « Jack » Mazurek, qui est détenu sans caution.

Nous voulons dissiper l’idée que les gens vont prendre cette nouvelle vague de répression en se couchant, ou que l’arrestation d’incendiaires présumé·es dissuadera les incendies futurs.

Jack est accusé d’avoir participé à l’incendie criminel du 1er juillet 2023, huit motos de l’APD avaient alors été brûlées dans l’actuel centre de formation de la police, que le projet Cop City est destiné à remplacer. Le groupe qui a revendiqué la responsabilité de cette action a appelé le mouvement contre Cop City à se transformer en une lutte de guérilla urbaine. C’est toujours à Atlanta le seul plan d’action raisonnable pour quiconque se considère comme un·e révolutionnaire sérieux.

À la lumière des incendies récents de matériel de construction appartenant à Brent Scarbrough, l’entrepreneur de Cop City, la police a dû faire un geste pour rassurer leurs entrepreneurs et bailleurs de fonds. Ne paniquons pas et ne nous décourageons pas ; ils sont sur la défensive. Nous répondrons à leurs agressions en maintenant le rythme des attaques.

La voiture de police que nous avons incendiée faisait partie du programme « Take-Home Car » de l’APD. Il y a au moins 39 policiers sur Atlanta avec des voitures de patrouille garées juste devant leurs maisons. La possibilité d’avoir une take-home car (voiture à emporter) flambant neuve serait la principale raison de la rétention policière. Ce projet est également destiné à agir comme un moyen de dissuasion de la criminalité dans les quartiers ; nous pensons que c’est drôle. Cette voiture se trouvait à Lakewood, le quartier où deux des perquisitions ont eu lieu. Notre message est simple : si nos comrades ne peuvent pas dormir tranquillement chez eux, les pigs non plus.

Nous ne sommes pas spéciaux. Nos compétences ne sont pas particulièrement techniques ou avancées, et nos outils sont simples à acquérir. Si vous lisez ceci, vous êtes capable de faire ce que nous faisons. Nous avons tou·tes quelque chose à perdre ; il s’agit simplement de faire vivre nos convictions ou de nous soumettre à l’État policier. L’inaction est un choix tout autant que l’action, et nous devons tou·tes vivre avec les choix que nous faisons.

[1Note des éditions de l’ours sans drapeau (NdE) : L’expression n’est pas spécialement zadiste, elle est même bien antérieure à la première ZAD (par exemple en 2006, on parlait du mouvement « contre le CPE et son monde »).

[2Note de lundi.am : « Dégonfler des pneus, un nouveau loisir écologique », lundi.am, 13 juin 2022.

[3NdE : Comuniqué sur Attaque, « Atlanta (USA) : Des engins forestiers attaqués », 25 mai 2021 et photos sur Scenes from the Atlanta Forest, « Photos of what was left of the Machinery Destroyed on May 17th 2021 », 20 mai 2021.

[4NdE : Version originale sur Scenes from the Atlanta Forest, « Banks Attacked in Solidarity with Atlanta Forest Defenders », 26 mars 2022 ; traduction en français sur Attaque, « Philadelphie (USA) : Des banques attaquées en solidarité avec les défenseur.euse.s de la forêt d’Atlanta », 1er avril 2022.

[5Note de Squat.net : Manuel « Tortuguita » Terán.

[6Note d’Attaque (NdA) : Société de consultation dans le domaine du BTP et des constructions immobilières.

[7NdA : Rivière Connecticut dont la vallée, limitée à l’ouest par les Green Mountains, modèle le Vermont, où se situe Williston.

[8NdA : À Atlanta, où la police veut construire son nouveau centre d’entraînement.


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