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Brûler les foyers du virus technologique De la nécessité de couper les réseaux de la domination

mis en ligne le 12 décembre 2020 - anonymes

Sommaire :

- Traduction du texte Wann, wenn nicht jetzt ? [Quand, si ce n’est maintenant ?] publié dans la feuille anarchiste hebdomadaire Zündlumpen n°64, 8 mai 2020 (Munich)

- Annexes
Sabotages contre la normalité numérique, publié le 12 mai 2020 sur Sans Attendre
Promenades incendiaires le long des voies ferrées à Munich, le 17 avril 2020, publié sur Sans Attendre
Brûle, antenne, brûle ! – une petite chronique (non-exhaustive) de sabotages d’avril à mai 2020


Quand, si ce n’est maintenant ?

Ces dernières années, tous les appareils qui nous entourent se sont mis à développer une vie qui leur est propre. Les téléviseurs modernes enregistrent les conversations de leur entourage, les réfrigérateurs modernes s’occupent dans le même temps de la gestion des provisions et même les fours modernes ne se limitent plus à être un foyer de chaleur électrique : ils disposent d’interfaces internet avec lesquelles on est censé pouvoir les allumer « [en étant] en chemin » et grâce auxquelles ils échangent / sont capables d’échanger à leur guise des données avec leurs fabricants et autres indiscrets. Avec les smartphones, la plupart des gens trimballent de toute manière volontairement leur micro depuis longtemps sur tous leurs trajets. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses personnes fassent rentrer chez elles, y compris de leur plein gré, le programme d’espionnage de l’entreprise Amazon nommé Alexa. Et tandis que les « féru.e.s de technologies » construisent avec enthousiasme des cages qu’ils appellent « Smart Home », l’État et une flopée d’entreprises de technologie ont des plans et des visions encore plus vastes et importants : la (l’auto-)surveillance volontaire entre ses quatre murs, c’était hier : la « smart city » d’aujourd’hui et de demain comprend un répertoire impressionnant de capteurs sensoriels afin non seulement d’enregistrer et de surveiller avec minutie qui est où et avec qui, mais également de contrôler les mouvements et les actions des habitant.e.s de la ville, ainsi que de les orienter et de les manipuler, en utilisant des méthodes plus ou moins sophistiquées. A y regarder de plus près, cela relève semble-t-il pour eux d’une cruelle nécessité, car dans les environnements de plus en plus hostiles des villes d’aujourd’hui, où la priorité absolue est accordée au transport de bétail humain dans les bureaux, les magasins et les usines, ainsi qu’au transport de marchandises censées satisfaire de faux besoins, tout potentiel subversif doit être réduit au silence – ou mieux encore – être intégré au sein de cette illusion de vie avant qu’il ne se propage telle une épidémie et ne cause des dégâts irréparables à ce monde idéal merveilleux.

Mais comment être en capacité de contrôler une ville entière ? Là où les méthodes classiques d’architecture, de travail policier, de psychiatrie, de société carcérale, d’école et d’éducation en général atteignent leurs limites, la technologie d’information ouvre de nouvelles possibilités jusqu’alors inconnues. Et les personnes contrôlées ? Elles se laissent vendre cela (littéralement) comme un progrès (ce que c’est peut-être, mais le progrès n’a rien de positif en soi), comme une solution à leurs problèmes. N’est-il pas pratique que Google Maps nous montre le trajet le plus rapide pour se rendre au travail ? N’est-il pas agréable d’utiliser cette trottinette électrique si bien située sur son chemin pour rentrer plus rapidement à son domicile ? Et qu’en est-il du paiement ? Échelonner les paiements par sans contact avec le smartphone, partager la facture via Paypal et il ne vient même plus à l’idée d’embarquer simplement les marchandises en foutant le camp. Avec toutes ces caméras, qui aurait une telle idée ?

La plupart de ces « offres » ne sont possibles que si les données peuvent être échangées partout et à tout moment. Sinon, comment Google saurait-il exactement où se trouvent les embouteillages ? Comment les trop nombreuses trottinettes électriques (mais pas tant que ça en fin de compte) arriveraient-elles là où leurs client.e.s les attendent ? Comment s’assurer qu’on a l’argent ou la marge de crédit nécessaire sur son compte pour opérer un paiement ? Très juste : tout cela fonctionne si internet est accessible partout. D’ailleurs, si j’ai déjà accès à internet, je peux bien utiliser aussi toutes les autres offres que peut m’offrir le cyberespace. Je ne dois plus jamais perdre mon temps. Quand je prends le métro pour aller au taf, je ne gaspille plus de temps : je peux lire les nouvelles du jour, regarder en streaming le dernier épisode de ma série préférée, rester en contact avec mes potes grâce à Whatsapp, me prendre en photo pour Instagram, etc. C’est si simple que je n’ai plus jamais à ressentir l’ennui. A chaque minute de libre, je peux regarder mon smartphone plutôt que de me perdre dans mes pensées. Parfois, regarder mon appareil me semble même plus excitant que d’être en contact – rapproché – dans la réalité. Ne laisser simplement aucune place à l’ennui. Mais quand, à la fin de la journée, je repense à ce qui reste de tout cela, il n’y a que le vide laissé par cette occupation comme fin en soi. Je n’ai peut-être pas eu le sentiment de m’ennuyer mais j’ai mené une vie assez ennuyeuse. Ma vie est devenue l’incarnation d’une existence contrôlée. Mes actions sont non seulement devenues prévisibles, mais elles ne sont même plus miennes. Est-ce vraiment la vie dont j’ai rêvé ? Travailler toute la journée et regarder Netflix ou des pornos pour se détendre ? Une normalité tout au plus brisée par la montée de dopamine à chaque nouvelle notification push entrante ? Sauf que c’est le cas en permanence, parfois même chaque minute…

Même les plus fervent.e.s défenseur.e.s de la nouvelle idéologie de la « connexion permanente » ont compris entre-temps que cette forme de vie ne peut pas être « ce qui est vrai ». « Digital Detox » est l’une des dernières tendances de la Silicon Valley et désigne une sorte de « prise de congé » de l’utilisation de tous les appareils par conséquent toxiques. Pendant quelques jours, une semaine ou parfois même un mois, les utilisateur.e.s surmené.e.s sont censé.e.s faire une pause en matière d’utilisation de smartphone et d’ordinateur et ainsi désintoxiquer leurs cerveaux et leurs esprits de toute la merde technologique. Mais alors pourquoi absorber ce poison ? Alors que les gouvernements, les entreprises de technologie et leurs disciples continuent de faire des expériences avec ce venin numérique, une question se pose en premier lieu à tou.te.s les autres : pourquoi devrais-je m’administrer / me faire administrer ce poison ?

En fin de compte, rien de cela n’est ma vision. Et pourtant : en regardant autour de moi, je peux clairement voir de quelles manières (et sous quelles variantes) cette vision détermine(ra) et change(ra) ma vie, actuellement et dans un avenir proche. Même si je n’ai pas mon mouchard à écran tactile sur moi, je ne peux quasiment plus, dans cette ville sous caméras et autres capteurs, faire un pas sans que mes moindres mouvements ne soient détectés et enregistrés. Même si je n’ai pas accueilli chez moi le probablement plus grand programme privé d’espionnage du moment accessible sans smartphone ‘Alexa’, même si je n’ai pas de four, de téléviseur, de frigo « smart » ou autres, il suffit que mon/ma voisin.e et mes ami.e.s possède(nt) ce type d’appareils. Quiconque permet à un tel dispositif d’espionner son environnement rend possible non seulement le fait de se surveiller soi-même, mais aussi les autres. Le calcul des technocrates s’avère juste : une fois qu’ils/elles sont parvenu.e.s à mettre en circulation une certaine quantité d’appareils-espion, ils/elles sont capables de contrôler tous les gens, peu importe qu’ils partagent (volontairement) ou non leur vision. Selon moi, nous en sommes déjà plus loin. Des lignes internet de plus en plus rapides, des réseaux de télécommunication sans cesse plus performants ont fait exploser le nombre d’appareils (et d’objets) qui nous espionnent : des lampadaires jusqu’aux fours. De nos jours, tout semble avoir des yeux et des oreilles. Et tout cela ne fait que commencer. Si aujourd’hui on le souhaite ou on ne fait pas attention, des montres et des bracelets peuvent surveiller notre rythme cardiaque et autres paramètres vitaux. A l’avenir, nos vêtements s’en chargeront tout seuls, du moins c’est ce qu’annonce l’industrie textile. Et ce n’est qu’un exemple de la façon dont le nombre de choses qui nous espionnent va exploser. Les réseaux classiques qui aujourd’hui connectent les smartphones des gens ne suffisent plus. Ils sont trop lents et ne sont absolument pas suffisants pour connecter plusieurs appareils en même temps.

C’est la raison avancée pour le déploiement de la 5G, mais aussi pour que les gros pontifes de la technologie comme Elon Musk (le cinglé qui veut coloniser Mars pour faire de l’humanité une « espèce multi-planétaire » – c’est pas une blague, c’est sa raison !) ou le patron d’Amazon Bezos et d’autres travaillent au lancement de milliers de satellites dans l’espace censés pouvoir couvrir le monde entier en connexion internet rapide – et probablement aussi nous espionner encore de différentes manières. Plusieurs centaines de ces voyeurs de l’espace nous surveillent déjà actuellement.

Ce que certain.e.s veulent réaliser avec des satellites dans l’espace, d’autres le prévoient avec un réseau mobile terrestre partout sur le globe. La 5G, en tant que nouvelle norme de réseau mobile, est censée fournir un internet plus rapide à une large gamme d’appareils. Ainsi, la 5G devrait pouvoir s’adresser à près de 100 milliards d’appareils mobiles en même temps. Cela représente une moyenne de 12,5 appareils par personne déambulant sur la Terre. Ainsi, ils devraient tous être en mesure d’échanger de 50 Mbit jusqu’à 2 Gbit de données par seconde. Pourquoi ? Le prétexte selon lequel il s’agirait, pour les architectes de la prison technologique, de nous apporter la liberté, des possibilités d’internet rapide et la bénédiction de la technologie, ne peut pas nous tromper. Si les dirigeant.e.s de l’industrie technologique étaient si soucieux de notre bien-être, comment se fait-il que, pendant le processus de normalisation de la 5G ainsi que depuis le début de l’arrivée du réseau mobile couvrant tout le territoire, l’ensemble des préoccupations en matière de santé aient été mises de côté ? Au lieu de cela, celles et ceux qui ont abordé et abordent les aspects sanitaires ont été et sont qualifié.e.s d’adeptes de théories complotistes, même si en même temps aucun.e des partisan.e.s des réseaux mobiles n’a jusqu’à présent pu apporter la preuve (comment le pourrait-il ?!) que ces mêmes réseaux ne sont pas nocifs pour tout être vivant. Alors que de nombreux pays ont constamment augmenté les seuils d’exposition aux ondes radio afin d’ouvrir la voie aux nouvelles technologies qui, grâce à ces réajustements ont pu s’y conformer, nous devons en même temps nous demander pourquoi de tels seuils existent alors que tout le monde semble être si convaincu que la technologie des ondes ne présente aucun risque pour la santé. Ce qui n’est à vrai dire pour moi qu’une question secondaire (car je pense que ce qui est pire que tout risque d’exposition aux ondes pour la santé – à mes yeux facteur insignifiant dans le cadre des nuisances de la civilisation–, ce sont les répercussions sociales de leur technologie), me semble être cependant une excellente preuve d’à quel point les acteur.e.s qui promeuvent tant l’extension de la 5G, du réseau mobile ou d’un réseau de communication par satellite, se moquent du salut de l’humain qu’ils/elles mettent pourtant tellement en avant.

L’ironie de tout cela – que je n’aurais probablement jamais pu présenter de manière aussi claire et concise sans les évolutions de ces dernières semaines – saute tout particulièrement aux yeux au moment où le déploiement de la 5G est justement promu sous prétexte d’une « guerre » contre la pandémie. Pendant que les gens sont enfermés chez eux au nom de leur « santé publique » ou d’une politique sanitaire aux allures quasi-fascistes, sont érigés dans leur quartier de nouveaux pylônes émetteurs, dont les effets sur la santé ne sont au minimum pas connus et contre lesquels certains médecins mettent en garde parce qu’ils affaibliraient les défenses immunitaires. Dans le but plus ou moins dissimulé de rendre l’enfermement d’une certaine manière « plus supportable » et donc plus durable, car quiconque est pacifié.e par des offres (gratuites) de porno et de Netflix, est sans cesse aliéné.e de la sorte de ses propres désirs et besoins, et se voit poussé.e de force dans les normes violentes d’une société de production et de reproduction, finit par avoir de moins en moins l’idée de se révolter contre le fait d’être confiné.e, d’être interdit.e de contact et d’être mis.e en quarantaine. « The Revolution will not be televised » demeure malheureusement une affirmation trop juste dans une période qui, à mon avis, est bien trop surestimée et qui voit même la télévision classique s’élargir à quelques fonctions ridicules d’interaction afin de pouvoir commenter et évaluer ; cela ne fait que parfaire la fonction pacificatrice de tout cela : si le trollage sur les réseaux sociaux, les posts énervés et même les films « subversifs » et les émissions télévisées servent à exprimer son propre mécontentement, pourquoi les gens auraient-ils alors à porter dans les rues la colère liée à cette ridicule illusion de liberté dont on nous berce ? Ne faisons-nous pas déjà partie de cette illusion ?

Maintenant, la bonne nouvelle est que justement beaucoup de personnes semblent prendre conscience de cette situation, peut-être en ont-elles toujours été conscientes, mais nombre d’entre elles semblent à présent ne plus vouloir se taire, ne plus être prêtes à se laisser malmener et opter pour l’attaque, plutôt que de crier leur désaccord dans les sphères sans fin du numérique où il finit par se perdre (sans être entendu).

Presque tous les jours des infos me parviennent que quelque part dans le monde une antenne-relais 5G ou tout autre pylône émetteur est incendié, explosé, abattu ou détruit d’une quelconque manière. Même si la presse (démocratique) tente soit de taire ces attaques, soit de les discréditer comme étant l’œuvre de n’importe quel.le cinglé.e – qu’est-ce que ça veut dire ? Pour être clair, je préfère passer pour « cinglé.e ou fou/folle » dans ce monde plutôt que pour une personne « normale » –, il n’est plus possible de cacher plus longtemps que s’exprime là l’opposition intransigeante des personnes qui ne veulent plus que leurs vies soient déterminées par les États, les entreprises ou autres. De celles et ceux qui en ont assez de produire et de reproduire, qui en ont assez d’être domestiqué.e.s ; de celles et ceux qui veulent vivre plutôt que de végéter.


Sabotages contre la normalité numérique

De multiples sabotages des antennes-relais et des câbles Internet ont eu lieu ces dernières semaines, non seulement en France mais partout dans le monde. Il y a probablement des motivations très différentes, parfois puantes (complotisme par exemple). Il y a aussi une conscience partagée de la réduction de la liberté par le développement des nouvelles technologies et des possibilités de freiner le cours normal de l’ordre existant par des sabotages à la portée de chacun et chacune. Il n’en fallait pas moins pour que les services de renseignement commencent à diffuser via les médias le spectre de l’ultragauche et de la mouvance anarchiste, citant au passage quelques sites de compas qui publicisent ces sabotages.

La 5G en cours d’installation est la promesse de l’accélération de la restructuration technologique du capitalisme. Une connexion nouvelle génération, en plus puissant, en plus rapide. L’épidémie de coronavirus a accéléré le processus. Comme le web n’est pas matériel, mais s’appuie bien sur une infrastructure très matérielle (des câbles, des antennes, des bateaux câbliers, des data centers, des usines de production d’énergie, etc.), la 5G a besoin de construire un nouveau réseau d’antennes-relais plus puissantes et plus génératrices d’ondes. En outre, la 5G est conçue pour un nouveau saut qualitatif dans la numérisation du monde et de l’intégralité de la vie. Elle est prévue pour l’installation de l’internet des objets (montres, balances, lits, frigos, etc.), des voitures autonomes, des drones livreurs, de la chirurgie à distance, des usines robotisées et connectées, etc. C’est plus qu’une simple accentuation de ce qui existe déjà. En langage d’ingénieur Recherche et Développement, on parle de « technologie de rupture ».

Concrètement, les machines connectées permettent aux entreprises de connaître les taux de productivité en temps réel de manière individualisée et donc de déterminer en permanence les gestes à réaliser par les salariés. Au passage, on se révolte plus difficilement contre des algorithmes que contre le patron, le cadre ou le contremaître.

L’algorithme supplante l’horloge et le contremaître. Le lit connecté permet lui de connaître votre courbe du sommeil pour optimiser votre récupération. Derrière, il s’agit d’être plus efficace, évidemment. Au passage, vous recevrez des suggestions de somnifères, de séjours à la montagne, etc. Il y a toujours du fric à se faire. Pour donner une idée, gagner quelques nanosecondes pour les flux financiers actuels en améliorant les câbles Internet, c’est gagner quelques milliards d’euros. Le temps, c’est de l’argent. Le fait que tout soit transparent, de sa consommation alimentaire via les frigos connectés à ses déplacements via les cartes à puce de transport, en passant par sa consommation électrique via les compteurs Linky ou sa production de déchets relevée par des poubelles « intelligentes », va surtout permettre d’anticiper les comportements afin de maximiser l’administration du cheptel humain.

Drones, objets connectés, e-commerce, flash codes, caméras intelligentes sont déjà partout. A Saint-Étienne, le fabricant d’armes Serenicity sous l’égide de la municipalité développe un projet d’implantation de capteurs sonores dans les rues afin de repérer les bruits suspects : klaxons, bris de verre, bombes de peinture aérosols, etc. L’objectif est d’aider à une intervention plus rapide de la police. Les capteurs envoient ainsi un signal aux forces de l’ordre. Les premières phases du projet prévoyaient l’utilisation de drones qui auraient décollé automatiquement suite à la captation du son suspect, mais ce recours a finalement été abandonné. Le projet est en partie financé par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine dans le cadre du « Programme d’investissement d’avenir ville et territoires durables ». De quoi faire durer leur monde de merde, en somme. En mai 2019, la réalisation du projet a été repoussée en attente d’un avis de la CNIL. Loin de nous paralyser, cette surveillance peut aussi renforcer notre détermination à agir pour peu qu’on fasse preuve d’un peu d’ingéniosité.

Pas moins de 20 sabotages coordonnés ont eu lieu en région parisienne le 5 mai sur le réseau à fibre optique, faisant cesser le télétravail pour nombre de salariés, freinant les communications de plusieurs commissariats et faisant cesser l’activité de plusieurs entreprises, comme le site de poker en ligne Winamax. Leur système est partout, diffus. Cela en fait quelque chose de vulnérable : des armoires internet à chaque coin de rue, des câbles dans chaque égout, des antennes-relais sur chaque promontoire.

Il y aura toujours quelques citoyens et citoyennes pour promouvoir un alternumérisme et condamner ce genre de sabotages. Mais non, la technique n’est pas neutre et ne dépend pas de l’usage qu’on en fait ! Elle fabrique son monde auquel il faut s’adapter, à l’image des ouvriers et ouvrières captés par le rythme de la machine. Elle fait aussi système dans lequel progrès et catastrophe sont les deux faces de la même médaille. La technique en elle-même contient des potentialités qui seront inévitablement exploitées. Le couteau peut aussi bien servir à couper le pain qu’à planter son adversaire. Le train va avec les déraillements, l’avion avec les crashs, le nucléaire avec la bombe, le numérique avec la surveillance, etc. La question, telle que les Luddites l’avaient perçu, devient alors quelle communauté voulons-nous et à partir de là s’opposer à toute technologie préjudiciable à celle-ci. Il y aura donc toujours des personnes pour tenter de briser la normalité, y compris quand elle prend les allures parfois ludiques de la technologie.

La révolte, c’est la vie… y compris contre le gouvernement de la science.

Le 12 mai 2020

Munich : promenades incendiaires le long des voies ferrées…

Reportage de Munich : incendies des installations de la Deutsche Bahn et d’internet

Grâce à des contacts avec des employés de la Deutsche Bahn (société ferroviaire allemande), j’ai appris que la police et la presse ont minimisé deux faits à Munich. Vendredi 17 avril, des câbles ont été incendiés le long de la voie ferrée à Allach et Johanneskirchen. Ces tronçons sont utilisés pour le trafic des grandes lignes et le trafic (péri)urbain, ainsi que pour la circulation des marchandises. Sur le site en question, étaient entreposés non seulement des câbles de signalisation, mais aussi, comme c’est souvent le cas, des câbles en fibres optiques. La plupart du temps, ces câbles se trouvent sous des dalles en béton le long des voies ferrées, ceux en fibres optiques étant marqués par des ondulations. Ces incendies ont provoqué des retards pendant plusieurs jours pour la Deutsche Bahn, étant donné qu’elle a dû dévier ses trains. On ne connaît pas les conséquences sur les câbles à fibres optiques, car les médias les ont dissimulées.

Dépêche des journaflics, 17 avril 2020 :
Incendie sur les installations ferroviaires – Johanneskirchen

Vendredi 17 avril 2020, vers 2h, des employés de la Deutsche Bahn (DB) ont remarqué un foyer d’incendie tout proche de la gare de Johanneskirchen. Ils ont informé la police fédérale en composant le numéro d’urgence. Les employés de la DB ont pu éteindre eux-mêmes les flammes, de sorte qu’aucun dommage majeur ne survienne. Selon les premiers éléments de l’enquête, des inconnus ont mis le feu à des conduites de câbles. Le Kommissariat 43 (atteintes à la sûreté de l’État) s’est saisi de l’enquête.

Dépêche des journaflics, 20 avril 2020 :
Incendie sur les installations ferroviaires – Allach

Vendredi 17 avril 2020, entre 1h et 3h du matin, une conduite de câbles de la DB a été incendiée à la gare d’Allach. Les dégâts causés par l’incendie ont été si importants que les systèmes de signalisation entre Allach et Karlsfeld sont tombés en panne et que la ligne a dû être fermée. Par la suite, cet incident a entraîné de fortes perturbations du trafic dans ce secteur.

[Traduit de l’allemand par Sans Attendre, d’un article supprimé entre-temps par Indymedia, 26 avril 2020.]

Brûle, antenne, brûle ! - une petite chronique (non-exhaustive)

Les techno-fascistes et autres partisan.e.s du soi-disant « progrès » placent beaucoup d’espoir en la numérisation pour que les gens acceptent les mesures qui leur ont été imposées au cours de la « crise du coronavirus », car le numérique serait tout aussi bon que la vie réelle.

L’expansion massive de l’offre numérique comprend la construction de milliers de nouvelles antennes-relais censées révolutionner l’univers numérique avec la toute nouvelle 5G et permettre de réaliser les fantasmes d’un monde connecté, smart et totalement contrôlable. Mais là où s’érigent ces antennes se trouvent toujours des personnes qui attendent justement de pouvoir les incendier à nouveau. Ainsi, l’opposition contre les nouvelles antennes 5G de même que contre tout autre symbole phallique de la domination technologique se répand comme une traînée de poudre. Ces rebelles sont qualifié.e.s de « complotistes », et bien que certain.e.s puissent avoir quelques théories barrées, quelques feux brûlants contre le monde froid de la technologie ne font jamais de mal. Voici une petite chronique non-exhaustive, établie à partir des sites demesure.noblogs.org, sansattendre.noblogs.org et attaque.noblogs.org :

Belgique

- Tard dans la soirée du 18 avril, une antenne de l’opérateur Telenet est brûlée à Pelt, petite commune dans la province du Limbourg, située à quelques kilomètres de la frontière avec les Pays-Bas. Un acte délibéré ne semble guère faire de doute car le grillage protégeant le mât a été découpé et des restes de produit accélérant ont été retrouvés. En réaction à cette attaque, l’accès au site internet donnant l’emplacement précis de chaque antenne sur le territoire belge a été verrouillé par un mot de passe.

Chili

- A l’aube du 27 mars, de fortes explosions ont secoué la commune de Contulmo, ville située dans la province d’Arauco au sud du pays [en région Mapuche]. Des mains anonymes ont placé des explosifs au pied d’une antenne de télécommunication, ce qui l’a totalement détruit. Le souffle de l’explosion a également endommagé une deuxième antenne dressée à quelques mètres.

France

- Le 3 avril, à Mandres-en-Barrois (Meuse), une antenne-relais de Bouygues est sabotée, privant de mobile les habitant.e.s des environs.

- Dans la nuit du 9 au 10 avril, dans le secteur de Salins-les-Bains (Jura), deux antennes-relais situées à seulement quelques mètres de distance sont incendiées sur le Mont Poupet. Elles étaient notamment utilisées par Orange et SFR. La téléphonie mobile et internet ont été interrompus pendant plusieurs jours dans diverses communes. Par ailleurs, il a fallu remplacer 8 câbles de plus de 50 mètres de longueur. « Cette destruction rappelle celle des trois relais situés au lieu-dit ‘Au Belu’ à Aiglepierre. L’incendie volontaire avait eu lieu dans la nuit du 7 au 8 avril 2019, vers 2h30 du matin, il y a quasiment un an jour pour jour. En février 2019, peu avant, plusieurs pylônes de téléphonie mobile avaient été incendiés en quelques semaines autour de Besançon », détaille le procureur du Jura.

- Le 13 avril en fin de journée, quelque part entre les départements du Gard et de la Lozère, un câble de fibre optique est sectionné le long d’une voie ferrée, coupant net le réseau internet et téléphone à plus de 23 300 clients, dont plus de 900 entreprises et 400 professionnels, pendant au moins 12 heures. Selon les décomptes précis de l’opérateur, 24 140 clients n’ont pas pu se connecter à la 3G, 12 260 à la 2G.

- Dans la nuit du 14 au 15 avril, une antenne de l’opérateur Orange est de nouveau incendiée dans le Jura, au lieu-dit « des Ruines » à Foncine-le-Haut. Au moins 1 500 lignes téléphoniques sont coupées pendant au moins dix jours. Ce sont principalement les boîtiers d’alimentation et les câbles coaxiaux qui sont détruits par le feu. D’après l’opérateur, « depuis quelques semaines, et dans l’ensemble des régions, de nombreux actes de vandalismes ont été recensés contre des infrastructures Orange. ».

- Dans la nuit du 23 au 24 avril à Belfort, un utilitaire d’une entreprise qui installe la fibre optique est livré aux flammes. Tout le matériel et les outils qui se trouvaient dans le coffre du véhicule sont carbonisés.

- Le 26 avril à Plaintel (Côtes-d’Armor), une antenne-relais d’Orange est en grande partie détruite par un incendie. Entre 1 000 et 2 000 lignes de téléphone portable sont coupées dans les environs.

- Dans la nuit du 29 au 30 avril, à Annecy (Haute-Savoie), une antenne de l’opérateur Free est incendiée. Des pneus enflammés auraient été jetés au pied du mât.

- Entre le 30 avril et le 1er mai, à Saint-Marcellin (Isère), le local technique d’une antenne-relais de l’opérateur Orange est détruit par le feu. Dans les semaines précédentes, deux autres antennes ont été sabotées dans le département, l’une à Estrablin (13 avril) et l’autre de l’opérateur SFR à Chatte (29 mars).

- Le 3 mai vers 2h, deux relais téléphoniques sont incendiés au-dessus de la vallée de l’Ouvèze, entre le Pouzin et Privas, en Ardèche. « Contre la société de contrôle et la dictature sanitaire [...] Alors quoi : arrêter de vivre ? Plutôt mourir ! »

- Dans la nuit du 5 au 6 mai à Toulouse, une antenne-relais est incendiée côté est, sur le Pont de l’Embouchure. Les incendiaires affirment : « C’était plus simple qu’on l’imaginait. Visiblement on n’est pas les seules personnes à bouillir de rage et on s’en réjouit. » Vers 2h, à Oriol-en-Royans dans la Drôme, c’est un relais TDF, géré notamment par SFR et Bouygues Telecom, qui est parti en fumée. Les dégâts matériels sont très importants. 19 000 clients des deux opérateurs sont privés de téléphone mobile.

- Lors du week-end (9-10 mai) à Brest (Finistère), une antenne-relais en construction, située près du port de plaisance et d’Océanopolis, est complètement détruite, « carbonisée par les flammes ».

- Le 12 mai à Alby-sur-Chéran (Haute-Savoie), le relais TDF situé route des Chavonnets est volontairement détruit par le feu vers 23h30. « (…) l’antenne relais et le chalet abritant à son pied les raccordements de diffusion télé et d’opérateurs téléphoniques a été totalement dévastée. L’infrastructure est hors service, impactant lourdement les communications radios et les diffusions de la TNT sur le secteur, ainsi que la couverture très haut débit mobile et de la fibre optique. »

Grande-Bretagne

- La Grande-Bretagne est vue comme le point de départ des attaques contre les antennes-relais (5G et autres). Début avril, les premiers incidents ont eu lieu et c’est un total de 77 pylônes qui ont entre-temps été incendiés – la majorité d’entre eux n’étaient pas équipés de 5G, ce qui n’a pourtant pas empêché les médias, mandataires du gouvernement et « experts » de répandre que les incendies d’antennes-relais seraient exclusivement liés à la théorie selon laquelle la 5G provoquerait le coronavirus. En l’espace du seul week-end de Pâques, 20 antennes ont été la cible des flammes dans tout le pays. Par ailleurs, il y aurait eu 40 incidents répertoriés au cours desquels des individus auraient agressé, physiquement et verbalement, des employé.e.s de Mobile UK.

Italie

- Le 6 avril à La Spezia (Ligurie), une antenne de téléphonie mobile est brûlée. Elle hébergeait entre autres des équipements GSM, 3G et 4G des opérateurs Telecom et WindTre, avant d’être réduite en cendres. Le feu a également touché les équipements enfermés dans le bâtiment adjacent.

- Le 10 ou 22 avril, à Maddaloni, ville située en banlieue de Caserte (Campanie), une partie des habitants est privée d’internet et de téléphone en plein confinement. Plusieurs antennes-relais 3G et 4G des réseaux WindTre et Iliad sont parties en fumée sur les hauteurs de Montedecoro.

- Dans la nuit du 29 avril à Rome, les câbles d’une antenne Wind sont incendiés près de la gare Tiburtina. « Solidarité avec les prisonniers et les prisonnières en lutte. Proximité avec le prisonnier anarchiste Davide Delogu en grève de la faim. Contre l’État et ses mesures. Contre les technologies de contrôle. Agir est toujours possible ».

Canada

- Le 1er mai vers 2h, une antenne-relais située dans une zone commerciale du secteur ouest de Chomedey est livrée aux flammes, coupant les communications mobiles à plusieurs milliers de clients des opérateurs Rogers et Telus. Les dégâts sont importants (au moins 1 million de dollars, soit environ 650 000 euros).

- Le 4 mai, deux antennes sont incendiées dans les Laurentides, à Prevost et à Piedmont.

- Le 5 mai vers 3h30, à Laval, un pylône est brûlé dans la zone industrielle de Fabreville.

- Au total, 7 pylônes de télécommunication ont été endommagés par le feu en quelques jours.

Pays-Bas

- Le 4 mai à La Haye, deux antennes-relais sont incendiées entre 1h30 et 2h, dont l’une est utilisée par des services de sécurité (flics, militaires et pompiers). Lors de la semaine précédente, trois autres relais avaient subi le même sort. En tout, depuis début avril, ce sont plus d’une vingtaine d’antennes-relais qui ont été sabotées par le feu partout dans le pays.

Etats-Unis

Le 1er mai à Philadelphie, une antenne-relais est incendiée. La ‘Bristling Badger Brigade’ a revendiqué l’attaque en solidarité avec l’anarchiste Badger, actuellement en cavale depuis son inculpation pour des attaques similaires, à Bristol : « nous ne voulons plus jamais revenir à la "normalité". Nous ne connaissons pas la différence entre la 4G et la 5G. Tout ce que nous savons, c’est que nous ne voulons aucune des deux [...] La fumée qui s’ensuivit est un signal pour les compagnon-e-s qui subissent la persécution du procès Scripta Manent en Italie... Nous sommes à vos côtés ! Pour la liberté, pour l’anarchie ! »



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