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La sorcirènecière à l’assaut de patriacatastrophe

mis en ligne le 22 janvier 2008 - Gaëlle

Elle était une fois ou deux, une Sorsirènecière qui habitait en patriacatastrophe. Elle était justicière parmi tant d’autres. Si le patriacatastrophe n’était pas catastrophique pour toutes les filles, les meufs, les bonnes, les plastiques, les gouines, les fââmes, les mères et nique-ta-mère, il n’y aurait peut-être pas de justicières comme la Sorsirènecière.

Seulement voilà, c’était la catastrophe, une guerre civile non-médiatisée, une prison où toutes les prisonnières semblent être libérées, une religion où tous
les hommes deviennent des prêtres...

En patriacatastrophe, tout être ressemblant de près... ou de loin à une femelle pouvait être draguée, violée, baisée, achetée, échangée, cognée, découpée, méprisée, colonisée, cassandrée, infibulée, clitoridectomisée, enfermée, pénétrée, apeurée, vernis-à-onglisée, dépoilisée, coiffée, parfumée, cachée, oubliée...

Affamée, psychiatrisée, dans le placard, enfermée, publicitée, sifflée, tripotée, assassinée, jugée, mariée, engrossée, adorée, niée, mixitée, embrassée, giflée, bikinisée, voilée, femme-au-foyer, usée, utilisée, prostituée, déifiée, déshabillée, désarmée, sous-notée, sous-payée, pas-payée... et à part ça être heureuse, souriante, aimable, élégante, satisfaite, amoureuse, disponible, gentille, gentille, gentille... C’était très fatiguant comme situation.

Mais la Sorsirènecière était bien décidée à trouver des solutions.

Elle avait pendant longtemps observé ce qui se passait en patriacatastrophe, elle connaissait les difficultés à surmonter :presque tout les monde s’était habitué à devenir soit un garçon, soit une fille, soit « supérieur », soit « inférieure », et presque tout le monde jouait et aimait son rôle selon les règles qui avaient cours en patriacatastrophe.

Elle risquait d’être ridiculisée à vouloir changer des choses que presque tout le monde croyait immuable. Déjà, elle avait été traitée de folle, d’excentrique, de chieuse, de elle-veut-réinventer-le-monde-celle-là, quand elle avait décidé de ne plus utiliser, à des fins digestives ou vestimentaires, les animaux. C’était pas parce que c’était « normal » ou que parait-il que les animaux souffraient peut-être pas, ou étaient soi-disant « inférieurs » ou obéissants ou goûteux qu’elle trouvait cela juste de les manger. Alors elle les mangeait pas.

De toute façon, la Sorcirènesière se fâchait à chaque fois qu’elle entendait des mensonges.

Souvent, les patriacatastrophistes avaient essayé de lui faire croire que l’intelligence se trouvait dans les pigments de la peau, que la répression policière fait du bien aux gens, que le travail rendait libre, que les femmes aimaient naturellement faire la cuisine et le ménage gratuitement pour le plaisir, qu’on peut rien y changer...

...que y’a un dieu gentil si tu fais pas de bêtises et qu’y a eu une Déesse-Mère qu’aurait jamais été déesse si elle n’avait pas été mère, que l’école est le seul lieu d’épanouissement des enfants, et que patriacatastrophe est une démocratie.
La Sorsirènecière, ça l’énervait les mensonges, mais elle savait que presque tout le monde se protégeait derrière les mensonges parce que presque tout le monde avait très peur.

Elle, c’est pas qu’elle avait pas un peu peur, mais ça l’énervait les mensonges. Elle n’avait ni de laid balais, ni des potionpistouilles, juste son sourire en coin de justicière, et ziva ! Elle faisait le tour de patriacatastrophe.

Les hôpitaux l’énervaient, alors « Clitocliquetaclitclit ! » elle se transformait en gynécologue pour enlever les ovaires des femmes qui ne voulaient ni d’enfant, ni de règles douloureuses et inutiles.

La télévision l’énervait, alors « Clitocliquetaclitclit ! » elle se transformait en présentatrice du journal télévisé de vingt heure pour parler de ce dont on ne parlait pas : des lesbiennes, des transgenres, des vieilles, des grosses, des naines, des « tiers-mondaines », des justicières comme elle...

Les cours de justice et les prisons l’énervaient alors « Clitocliquetaclitclit ! » elle se transformait en avocate des femmes battues, violées, de celles qui avaient subi des incestes ou encore des violences verbales, et jetaient un sort aux hommes incriminés : « couillebredouillenoeudouille ! » ils se retrouvaient avec un noeud-à-la-queue.

Les musées l’énervaient alors « Clitocliquetaclitclit ! » elle se transformait en conférencière et parlait en long et en large de toutes les femmes et lesbiennes artistes à travers les âges. Et ainsi de suite, elles se transformait sans cesse...

Mais c’était toujours très fatigant comme situation.

En fait, ce qu’elle aurait vraiment aimé faire, c’est quicher de fond en comble patriacatastrophe.

Secouer ce fourbi d’horreurs, jeter aux oubliettes les écoles, bringuebouler les prisons, dynamiter les hôpitaux, exploser les télés, puantiser les bureaux de labeur, branquebraquer les banques, couler les mairies, sonner le glas des églises, faire une tête au carré aux musées, abattre les abattoirs, complexer les complexes touristiques, désarmer les armées et boumtrashcataploumbrincradaboum ! Pouiou, elle se serait sentie bien mieux.

Mais surtout, elle aurait aimé jeter les idées qui vont avec ces lieux nuisibles et fatigants. Vraiment, elle aurait aimé les faire disparaître d’un coup de « Clitocliquetaclitclit ». Ça la déprimait beaucoup, des fois... elle avait beau être Sorsirènecière Justicière, elle n’échappait pas aux coups de blues.

Et quand elle était bien saoule, la Sorcirènecière se sentait encore plus créative et imaginative et pensait à de nouvelles transformations et « Clitocliquetaclitclit ! » elle parcourait déjà patriacatastrophe avec son sourire en coin de justicière.

Fin

La version html ne comprend pas les images grand-dieu-qui-n’existe-pas-que-c’est-dommage-et-moins-beau... donc je vous conseille grandement à tous et toutes de vous en faire un exemplaire papier !



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