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Black Bloc(s), au singulier ou au pluriel... mais de quoi s’agit-il donc ?

mis en ligne le 11 septembre 2003 - Anonyme

Cela fait désormais quelques mois qu’on entend parler
de "Black Bloc(s)", principalement dans les milieux
d’extrême gauche. Cependant, que ce soit du côté des
militant-e-s anticapitalistes comme dans le reste du
monde, le "Black Bloc" effraie et fascine, déchaîne
bien souvent des haines assez farouches ou au
contraire des tonnerres d’applaudissements, sans que
grand monde sache forcément de quoi il en retourne
réellement. L’aura de mystère qui entoure le phénomène
contribue à en faire une légende et à alimenter bien
des fantasmes quant à son existence, sa raison d’être,
les motifs comme la nature de ses actions. Parce que
le sujet vaut mieux que les approximations douteuses
auquel il est souvent résumé, et que l’actualité nous
donne de plus en plus d’occasions d’en entendre parler
et donc de nous en préoccuper, ce texte a pour but
d’expliquer de manière synthétique (mais cependant non
exhaustive) les "qui ?", "quoi ?", "pourquoi ?",
"comment ?" concernant le Black Bloc, et de proposer
une analyse positive (ne le cachons pas !) de
l’intérêt politique qu’il représente, de manière,
peut-être, à susciter des réactions et débats à ce
sujet !

I) Le(s) Black Bloc(s), c’est quoi ?

Un Black Bloc, c’est un ensemble d’individus ou de
groupes affinitaires, qui se regroupent de manière
spontanée ou organisée à un moment donné, à l’occasion
de manifestations ou actions politiques. Ce n’est ni
une organisation ni un réseau centralisé d’une
quelconque manière. On ne peut donc pas vraiment
parler "du" Black Bloc, mais "d’un" Black Bloc parmi
d’autres, la composition de ces groupes changeant et
fluctuant au gré de leurs apparitions [1]. Ce qui
caractérise un Black Bloc, c’est d’abord le fait que
les individus et groupes le composant se définissent
majoritairement [2] comme anarchistes et proposent une
perspective libertaire sur le(s) thème(s) de la
manifestation ou action en question. Ce qui rend
cependant le Black Bloc "visible" et singulier, c’est
le fait que ses participant-e-s sont généralement
vêtu-e-s de noir et portent un masque, un foulard ou
une cagoule. Rassemblé-e-s, ces différentes personnes
forment ainsi un "bloc noir". Désignés comme tels, les
Black Blocs sont apparus aux Etats-Unis dans le cadre
des manifs contre la guerre du Golfe en 1991. C’est
plus précisément le 30 Novembre 1999 à Seattle, lors
des actions de résistance au congrès de l’OMC
(Organisation Mondiale du Commerce), que des Black
Blocs se sont particulièrement illustrés, et ont
largement attiré l’attention des médias comme d’une
partie des manifestant-e-s. Cependant, le Black Bloc
n’est pas un phénomène nouveau. Il est directement
inspiré des mouvements d’ultra-gauche européens, comme
le mouvement autonome allemand des années 1980, dont
les acteurs et actrices s’habillaient en noir, étaient
masqué-e-s, combattaient la police dans la rue et
proposaient une critique et une pratique radicales, en
rupture avec les modes de protestation traditionnels.
Par ailleurs, le Black Bloc n’est pas "le" mouvement
anarchiste, qui existe sous de multiples autres formes
très diversifiées. Le Black Bloc n’en est qu’une des
formes ; c’est un mode d’organisation et d’action
parmi d’autres.

II) Un Black Bloc, pourquoi ?

Il existe tout un tas de raisons pour lesquelles des
anarchistes constituent des Black Blocs lors des
manifs. En voici quelques-unes :

 la solidarité : un grand nombre d’anarchistes peut
simultanément faire face à la répression policière et
met ainsi en oeuvre le principe de solidarité
ouvrière. Par ailleurs, l’organisation horizontale en
groupes affinitaires du Black Bloc prouve par les
faits qu’il est possible de s’organiser de manière
efficace, sans chefs ni hiérarchie, et que l’entraide
et la coordination de différents groupes autour de
buts communs est également fructueuse.

 la visibilité : se regrouper de la sorte permet de
montrer en quoi l’anarchisme représente une force
politique importante, souvent ignorée et méconnue.
C’est l’occasion de promouvoir des perspectives
anarchistes sur les problèmes politiques soulevés lors
des manifs/actions.

 les possibilités : évoluer en groupes permet de
réaliser des actions parfois illégales et qu’il serait
dangereux de faire de manière isolée. De plus,
l’anonymat du Black Bloc rend plus difficiles les
arrestations. Certains types d’actions pratiqués
(destruction de la propriété privée, etc.) peuvent
également ouvrir des perspectives de radicalisation
politique (voir plus bas).

III) Black Bloc : où, quand, comment ?

Les premières manifestations significatives de Black
Blocs organisés autour de buts précis eurent lieu à
Seattle, fin-novembre / début-décembre 1999, à
l’occasion du Congrès de l’Organisation Mondiale du
Commerce. D’énormes manifestations et actions eurent
lieu, rassemblant une large palette de groupes,
collectifs et revendications politiques, allant du
contrôle citoyen de l’OMC (par les partisan-ne-s d’un
"capitalisme à visage humain") à la destruction des
structures oppressives de l’OMC comme du pouvoir en
général (par les partisan-ne-s d’une révolution totale
de la société). Cette dernière tendance était animée
par les anarchistes, qui, très nombreux et nombreuses,
se sont impliqué-e-s dans un vaste éventail
d’activités (médias alternatifs, action directe
non-violente, manif festive, ouverture d’un squat,
etc.). Les manifestations et actions furent cependant
vite caractérisées par une répression policière
incroyable. Environ 200 personnes constituant des
Black Blocs ont entreprit de s’attaquer à la propriété
privée des multinationales jonchant le parcours de la
manif. Des vitrines de banques, de magasins Nike, de
cafés et commerces bourgeois furent brisées, et
certains magasins pillés, causant environ 7 millions
de dollars de dommages aux multinationales en
question. Des slogans furent également peints sur les
murs de la ville, et le mobilier urbain (poubelles,
panneaux) fut transformé tantôt en outil de
destruction de vitrine, tantôt en barricade ou encore
en feu de joie selon le cas. Pendant plusieurs heures,
certaines parties de la ville furent ainsi libérées
des présences agressives de la police comme des
multinationales et constituèrent des "zones autonomes
temporaires" [3]. Les critiques ne manquèrent pas, et
le "débat" sur le Black Bloc commença...

Les 16 & 17 Avril 2000, à Washington D.C., se tenait
une réunion du FMI (Fonds Monétaire International) et
de la Banque Mondiale. Une mobilisation également très
forte eut lieu, rassemblant toutes les composantes de
l’opposition à la mondialisation et/ou au capitalisme.
Un Black Bloc (Revolutionary Anti-Capitalist Bloc -
RACB) d’environ 1000 personnes y fut très présent,
optant cependant pour une tactique résolument
différente de celle mise en pratique à Seattle. Le
Black Bloc concentra tous ses efforts sur la police,
parvenant à faire reculer les lignes de police à
plusieurs reprises, à forcer les barrages policiers, à
libérer des personnes arrêtées, à entraîner la police
"au delà de son propre périmètre pour l’affaiblir", à
défendre les militant-e-s pratiquant la désobéissance
civile contre les agressions policières et à leur
permettre d’aller plus loin. A cette occasion, le
Black Bloc fut manifestement une force incroyable qui
permit à l’ensemble de la manifestation d’aller de
l’avant.

Des Black Blocs étaient également présents lors des
conventions républicaine et démocrate, bien que leur
action y ait été moins importante qu’à Seattle ou
Washington :

 A l’occasion de la Convention du Parti Républicain à
Philadelphie (RNC - Republican National Convention)
les 1 & 2 Août 2000, le Black Bloc (Anti-Statist Black
Bloc - ASBB) pris activement part aux manifestations
et publia ensuite un communiqué explicitant leurs
attaques contre la propriété privée et le matériel de
la police commises pendant les manifestations. A noter
qu’un Clown Bloc fut également de la partie, parodiant
le monde politique institutionnel à travers une
pratique subversive du théâtre de rue, réprimée par la
police.

 Du 14 au 17 Août 2000, la Convention du Parti
Démocrate à Los Angeles (DNC - Democratic National
Convention) fut également le siège de manifs et
actions diverses. La police dispersa violemment un
concert en plein air de Rage Against The Machine à
côté du centre ou avait lieu la convention. Des
membres du Black Bloc furent tout particulièrement
victimes de la brutalité policière (l’un d’eux fut
bombardé de balles en caoutchouc et de gaz au poivre
alors qu’il agitait un drapeau noir au dessus d’un
grillage), et répondirent en repoussant les flics à
coups de projectiles divers.

IV) Ce qu’apportent les Black Blocs

"Comme à Seattle, les Black Blocs ont apporté aux
actions de l’énergie tactique, de la créativité et du
courage, mais ont de plus manifesté une grande volonté
de respecter les désirs des autres participants et
n’ont cessé de défendre activement les personnes les
moins préparées.
" (Michael Albert, dans Znet Commentary, "Assessing
A16", Avril 2000.)

Il est facile de résumer le "phénomène" Black Bloc à
quelques pratiques qui semblent d’autant plus
ridicules et insuffisantes qu’elles sont souvent
caricaturées. Les actions des Black Blocs ne se
limitent pas à une "casse" systématique et sans objet.
A y regarder de plus près, il semble au contraire que
le Black Bloc, comme mode d’organisation et d’action
politique, trouve ses fondements dans une analyse
critique du militantisme d’extrême gauche, et peut
beaucoup lui apporter.

L’action des Black Blocs s’inscrit en effet dans un
dépassement des modes de protestation politique
traditionnels caractérisés par le lobbying et le
réformisme. Les Black Blocs pratiquent une
désobéissance civile active et l’action directe,
sortant ainsi la politique du jeu virtuel parfaitement
huilé dans lequel elle reste trop souvent enfermée
(quand la contestation du système devient un élément
parmi d’autres sur l’échiquier politique, prévisible
et intégré dans les calculs politiciens). Les Black
Blocs ré-insèrent l’action au sein de la protestation
et permettent ainsi une prise directe sur des éléments
du système qu’ils rejettent. Concrètement, les Black
Blocs ne se contentent pas des simples défilés
contestataires, certes importants par leur charge
symbolique mais inaptes à véritablement ébranler
l’ordre des choses. L’action des Black Blocs contribue
à réaliser la politique au lieu de seulement la dire.
En ce sens, l’action politique, de passive et/ou
symbolique devient active voire offensive. C’est
notamment ce qu’affirme le communiqué d’un Black Bloc
de Seattle, qui refuse "d’être désigné comme une
simple force de réaction" qui dépendrait ainsi
uniquement des manifestations et caprices du pouvoir.
Les Black Blocs se déclarent donc bel et bien en
faveur de l’action offensive contre les structures du
pouvoir, prenant au mot le fameux slogan "le
capitalisme ne s’écroulera pas du tout seul. Aidons-le
 !". Cela se caractérise par nombre d’actions
controversées, tout particulièrement les dommages
causés à la propriété privée des multinationales et
autres entreprises.

La "violence contre la propriété"

"Dans un système fondé sur la recherche du profit,
notre action est la plus efficace quand nous nous
attaquons au porte-monaie des oppresseurs. La
dégradation de la propriété, comme moyen stratégique
d’action directe, est une méthode efficace pour
remplir cet objectif. Ce n’est pas juste une
théorie... c’est un fait.
" (Communiqué de l’Anti-Statist Black Bloc,
Philadelphie, 9 août 2000.)

S’attaquer à la propriété des entreprises, c’est tout
d’abord rompre avec les classiques manifs-défilés dont
"le pouvoir" s’accomode parfaitement. C’est franchir
un pas, et s’attaquer frontalement aux multinationales
et autres usines à fric sur un terrain qui les affecte
directement, celui des intérêts économiques. Causer
des dommages matériels qui se chiffrent en dollars,
c’est signifier clairement à des gens qui ne parlent
que le langage de l’argent qu’ils ne sont pas
intouchables, c’est saboter un centième de leurs
profits et leur rendre un millième de la violence que
leurs activités génèrent.

S’attaquer à la propriété, c’est certes s’attaquer
(symboliquement) au porte-monnaie des propriétaires,
mais c’est aussi et surtout s’attaquer à leur image.
Par des actions ciblées accompagnées de communiqués
explicatifs, les Black Blocs à l’oeuvre à Seattle ont
dans une certaine mesure réussi à imposer une
interprétation politique de leurs actes de
destruction, amenant ainsi sur la scène publique des
questions relatives aux activités et pratiques des
entreprises visées. Même des médias institutionnels
n’ont pu si aisément balayer le sujet en attribuant
les actes de vandalisme à des "casseurs", et ont du
reconnaître un caractère politique à certaines actions
(aucun miracle cependant, les médias institutionnels
restent ce qu’ils sont - au service du pouvoir, bien
entendu). En somme, il est possible d’attirer
l’attention sur les exactions des entreprises et même
sur la "nature" du commerce en pratiquant de telles
actions directes de sabotage.

Si ces actions permettent d’affecter l’image des
compagnies ciblées, elle permettent aussi d’en
détourner le sens, en changeant la valeur accordée aux
divers bibelots et symboles du capitalisme. Par leurs
communiqués, les Black Blocs légitiment et positivent
leurs actions. Une vitrine brisée devient un autre
endroit libéré de tous ces symboles agressifs
témoignant de l’omniprésence arrogante du capitalisme
et des diverses oppressions qu’il entretient ou
génère. Un magasin pillé, c’est un ensemble de gens
qui prennent ce dont ils on besoin là cela se trouve,
en court-circuitant le processus marchand, en niant la
valeur marchande des objets pour leur reconnaître une
valeur utilitaire. C’est l’affirmation de la gratuité
contre le commerce, du vol comme mode de protestation
politique et moyen de vivre décemment dans un monde ou
rien n’est accessible sans argent, pas même la
satisfaction de ses besoins vitaux. Un mur tagué est
vu comme un petit espace urbain ré-approprié, comme
brèche dans la ville uniforme, blanche et immaculée.
C’est une attaque contre les surfaces grises, mornes
et asceptisées. Une façade devient alors un lieu
d’expression vivant et coloré, donnant la parole à
ceux et celles qui en sont d’ordinaire dépourvu-e-s.
L’impact visuel d’un slogan écrit sur un mur à la
bombe rivalise avec celui du panneau publicitaire, de
l’affiche officielle ou du spot télé qui s’imposent
comme uniques modes d’information et d’expression. Il
court-circuite également le processus "normal"
d’expression, réservé à ceux et celles qui peuvent se
l’offrir — par leur place sociale comme par leur
absence de remise en cause des fondements d’un système
aliénant.

Ces différents procédés, simples de réalisation, sont
la manifestation d’un pouvoir émanant de la base, d’un
pouvoir qui ne passe pas par les structures
officielles pour s’exprimer, mais qui choisit une voix
dissidente et par là même plus directe. Ces moyens
simples, directs et à la portée de tou-te-s sont donc
logiquement plus à même de toucher les milieux les
plus défavorisés, les milieux les plus frappés par
l’exclusion, ceux et celles que la politique a
toujours délaissé et qui ont fini par délaisser la
politique. En agissant concrètement sur les objets de
leurs révoltes, les Black Blocs sont plus que
quiconque à même de sensibiliser ces exclu-e-s qui en
soupent quotidiennement, qui en ont marre et sont
cependant souvent condamné-e-s à la résignation.
L’exemple de Seattle est flagrant à ce sujet : alors
que l’ensemble du mouvement de lutte contre l’OMC
déplorait la faible participation de gens de couleurs
et/ou des classes sociales les plus "basses" aux
événements, les initiatives des Black Blocs ont attiré
(et sont presque les seules à l’avoir fait) nombre de
jeunes des quartiers noirs et pauvres. Si les Black
Blocs peuvent effrayer et déclencher l’hostilité de
certain-e-s, ils peuvent également rendre la politique
et sa réalisation plus accessibles, et agir en facteur
politisant et dynamisant dans la lutte contre le
capitalisme.

Ces moments d’action contribuent à la création
momentanée de situations où tout semble possible, où
l’ordre bascule, où la ville semble réappropriée,
"libérée" en certains points. Ces "zones autonomes
temporaires" sont très importantes : il s’agit de
tout un travail sur l’atmosphère, sur les possibilités
que cela laisse entrevoir aux gens — le fait
qu’autre chose est possible, que la merde quotidienne
n’est pas une fatalité. Ces instants grisants - où
tout un monde semble s’écrouler - sont certes en
décalage avec la réalité, qui rappelle en général vite
à l’ordre, mais sont bénéfiques et indispensables. Ce
sont des coups de pouce qui dynamisent, donnent cette
impression que "rien ne sera plus comme avant", et
peuvent être catalyseurs d’énergies, points de départ
d’initiatives, de créations et d’action. Sur les murs
de Seattle, on pouvait lire "we are winning !" ("nous
sommes en train de gagner !"). Pour beaucoup, il
semble que cela n’ait pas été complètement faux.
L’expérience de Seattle et du Black Bloc en
particulier a considérablement poussé vers l’avant le
mouvement anarchiste nord-américain. Il n’y a qu’à
voir la multiplication des actions et du nombre de
participant-e-s pour s’en rendre compte...

Cependant, l’intérêt des Black Blocs ne se résume pas
à ces quelques exemples. Leurs modes d’organisations
et structures ainsi que leur évolution au fil des
manifestations expliquent pour beaucoup ces succès et
réussites.

Organisation horizontale, fluidité et évolutivité

"la police n’aime pas la guérilla urbaine qui
s’accorde mal à ses tactiques militaires : elle veut
des situations lentes, monolithiques, immobiles et
prévisibles, pour pouvoir déployer sa force de
contrôle pachydermique et son ordre hiérarchique
planifié.
" (dans Je sais tout, Genève, 3 juin 2000.)

Ce qui caractérise l’organisation des Black Blocs,
c’est sa forme horizontale, non-hiérarchique, propre à
éviter les lourdeurs d’une gestion centralisée. Il n’y
a pas de chef ni de véritable plan d’ensemble, mais
des individus qui constituent de petits groupes
affinitaires indépendants les uns des autres. Ce mode
de fonctionnement permet une relative autonomie, au
lieu d’une organisation globale souvent étouffante (et
plus propice à l’expression de rapports de pouvoir).

L’organisation en groupes affinitaires permet des
prises de décisions bien plus rapides et égalitaires
(les groupes sont constitués d’un faible nombre de
personnes qui se connaissent), et facilitent ainsi les
changements et évolutions instantanées, si
déroutant-e-s pour la police. Car si les groupes
affinitaires permettent une gestion plus fluide de
l’action, ils sont aussi très intéressants
tactiquement pour faire face à la répression
policière. Une masse de gens interdépendants est plus
facilement contrôlable par la police qu’un ensemble de
gens organisés en petits groupes autonomes mobiles,
susceptibles de prendre des décisions rapides et de
surprendre. Malgré ses stratégies de contrôle des
manifestations, la police peut se trouver complètement
désarmée face à une multitude de groupes qui agissent
simultanément. Au lieu de faire face à une
organisation rigide que les gens suivent (exemple type
 : la "tête d’une manif" mène le reste du cortège),
elle doit affronter plusieurs groupes qui agissent de
manière indépendante et simultanée. Pour le ou la
manifestant-e, il s’agit alors de devenir actrice ou
acteur de ses mouvements en s’organisant plutôt que de
suivre maladroitement ou aveuglément et être pris-e au
piège.

Une autre caractéristique des Black Blocs est
l’évolution de leurs stratégies. A Washington, leur
présence était impressionnante. Alors que tout le
monde attendait des Black Blocs qu’ils s’attaquent à
la propriété, ils ont au contraire porté tous leurs
efforts sur les moyens de résister à la police et de
l’affaiblir pour permettre à l’ensemble de
manifestation de gagner du terrain. Cette évolution
est significative. Elle prouve que sans organisation
centralisée et hiérarchisée, les Black Blocs sont
capables de prises de décisions collectives à grande
échelle, sans compromettre l’autonomie et
l’indépendance des groupes affinitaires les
constituant. De plus, une telle décision suppose un
recul et un regard critiques vis à vis des actions
précédentes, des facultés d’autocritique et de prise
de décision tactiques importantes, qui ont jusqu’ici
fait défaut à beaucoup d’autres composantes du
mouvement anticapitaliste. Le DAN (Direct Action
Network - réseau de désobéissance civile non-violente
très actif lors des manifestations contre la
mondialisation) a par exemple appliqué les mêmes
techniques à Washington qu’à Seattle, ce à quoi la
police était largement rodée et préparée. En prévoyant
cette situation, le Black Bloc montre qu’il est non
seulement capable d’anticiper et d’agir en
conséquence, mais qu’il ne s’arrête pas à un moyen
d’action en particulier, que la destruction de la
propriété n’est pas une fin en soi, mais un moyen
parmi d’autres, propice à certains moments mais
pouvant laisser place à d’autres techniques parfois
plus appropriées à la situation donnée. Cette
"maturité politique" fait du Black Bloc une réelle
force qui a su dépasser une impasse dans laquelle
nombre de groupes militants plus anciens restent
bloqués.

Vers un égalitarisme ?

"Nous nous devons de critiquer nos privilèges de
blancs et d’hommes ainsi que l’autorité illégitime à
l’extérieur comme à l’intérieur de notre "mouvement",
et ne pas le considérer tel qu’il est comme un outil
libérateur (ce qu’il n’est pas !)
" (un anarchiste anonyme du Black Bloc.)

Bien qu’il soit difficile de parler de ligne politique
en ce qui concerne les Black Blocs (leur particularité
étant de ne pas se reconnaître comme groupe défini),
les différents communiqués rendus publics se recoupent
sur plusieurs points et les nombreux débats ayant
animé la scène militante américaine (notamment sur
Internet, cf www.indymedia.org) ont donné lieu à des
précisions et explications politiques de la part de
divers-es participant-e-s aux Black Blocs. A défaut de
pouvoir rendre compte des Black Blocs dans leur
totalité, ces différents débats permettent cependant
d’esquisser des pensées communes à leur
participant-e-s. Il en ressort diverses préoccupations
liées aux rapports de domination, qu’il s’agisse de
discrimination selon l’appartenance à un sexe, une
classe sociale, une couleur de peau ou une catégorie
d’âge (et aussi, pour certain-e-s, selon
l’appartenance à une espèce). Certain-e-s membres des
Black Blocs manifestent explicitement cette volonté
d’égalitarisme, qui semble intégrer les critiques
féministes, anti-classistes, anti-racistes,
anti-âgistes voire antispécistes. Au vu des
difficultés que rencontrent ces idées, y compris dans
les milieux d’extrême gauche (qui bien souvent
considèrent certains de ces questionnements comme
secondaires ou les rejettent tout simplement car trop
dérangeants), il apparaît particulièrement important
de les mettre en avant et de travailler activement à
leur mise en pratique. Qu’en est-il réellement des
Black Blocs ? Le collectif ACME, par exemple,
manifeste dans son communiqué une conscience de ces
discriminations, et dans les rues, une volonté d’agir
concrètement en conséquence (par exemple, la mixité
femmes/hommes du collectif). A défaut de certitudes
cependant, il semble plus prudent de considérer les
Black Blocs ou certains de leurs éléments comme
potentiels vecteurs d’une conscience politique
réellement approfondie et intéressante plutôt que de
considérer comme acquis leur travail contre toutes les
dominations (ce qui est assurément loin d’être le cas
et reviendrait encore une fois à mythifier le
phénomène). Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà
affirmer que la démarche de certains groupes d’amener
ces divers questionnements égalitaristes sur le
terrain de l’action directe et de les intégrer aux
formes de lutte confrontationnelles des Black Blocs
est pour le moins intéressant et encourageant !

V) Contre les Black Blocs

"Nous sommes ici en train de protéger Nike,
McDonald’s, Gap et tout le reste, où est la police ?
Ces anarchistes devraient être arrêtés.
" (Medea Benjamin (leader de Global Exchange), dans
New York Times, 2 décembre 1999.)

"Ces actions non-violentes ont été interrompues et
détournées dès le début par des petites bandes de
vandales qui ont renversé des distributeurs de
journaux et ont manifestement brisé quelques vitrines
du centre-ville. La police a été incapable
d’identifier et d’arrêter ces quelques individus
asociaux. Pourquoi la police n’a-t-elle identifié et
arrêté ces vandales plus tôt ? Si elle l’avait fait,
cela m’aurait évité ce vilain après-midi et ce
sentiment d’être mal à l’aise. Nous ne sommes pas
venus pour détruire Seattle, nous sommes là pour
mettre au jour l’effet destructeur de l’OMC.
" (Mike Dolan (du groupe Public Citizen), dans World
Trade Observer
, 1er décembre 1999.)

La similitude entre les déclarations de certain-e-s
manifestant-e-s et le discours officiel est plutôt
frappante, et rend compte d’une part de l’hostilité
d’une partie de la "contestation de gauche" vis-à-vis
des activistes plus radicaux et radicales des Black
Blocs, et d’autre part de la participation active de
ces mêmes personnes au système répressif. Car au delà
des simples divergences d’opinion, c’est jusque dans
les faits que s’est manifestée cette hostilité.
Ci-dessous, quelques grands traits de ces oppositions
virulentes :

Etre violent-e

"Nous considérons que la destruction de la propriété
n’est pas un geste violent, à moins que cela ne
détruise des vies ou cause des blessures. Selon cette
définition, la propriété privée — en particulier la
propriété privée des entreprises — est elle-même
infiniment plus violente que toute action entreprise
contre elle.
" (Communiqué d’un Black Bloc de Seattle, collectif
ACME, 5 décembre 1999.)

Les premières accusations envers les Black Blocs
furent celles de violence. Cette "violence" (on peut
cependant choisir de ne pas la désigner comme telle)
est un acte de révolte concrète qui a des cibles
particulières. C’est une réponse légitime à une
violence sans commune mesure avec un quelconque bris
de vitre, magasin pillé ou mur tagué. Rappelons que la
propriété privée reste un ensemble d’objets inanimés,
alors que les différents êtres victimes du
capitalisme, qu’il s’agisse de paysan-ne-s
brésilien-ne-s, de rebel-le-s zapatistes, de
travailleurs et travailleuses de partout comme
d’animaux des mers et terres du monde entier, sont par
contre bien vivant-e-s, leurs souffrances bien
réelles.

Dénoncer la "violence" des Black Blocs, c’est suivre
un raisonnement aberrant et malhonnête : le problème,
ce serait la pseudo-violence des gens qui luttent
contre le capitalisme, et non la violence du
capitalisme lui-même ! En focalisant leur attention
sur des actes de violence mineure (l’intensité de
violence générée par le commerce mondial n’est pas
comparable une seule seconde à la "violence" des
actions des Black Blocs !), qui ne sont pourtant que
des réponses à une violence permanente, déguisée,
intégrée et acceptée, certain-e-s pacifistes à tout
rompre nient ainsi la violence intrinsèque à la
propriété privée et aux activités perpétrées par leurs
propriétaires. Ce faisant, ces pacifistes reproduisent
un processus à l’oeuvre dans la société toute entière
 : s’attaquer aux conséquences en prenant soin de ne
pas en voir les causes. Cette position est une
position profondément réactionnaire, car au lieu de
condamner le système, elle condamne les gens qui
réagissent contre ce système, et de ce fait, défend le
système etsesinégalités. Quel meilleurexemple que
celui du 30 novembre à Seattle ? Aussi incroyable que
cela puisse paraître, certain-e-s militant-e-s
pacifistes y ont formé une chaîne humaine pour
protéger le magasin Nike Town des attaques d’un Black
Bloc !

Etre masqué-e

"Prévoir un foulard n’est pas une question de
romantisme révolutionnaire mais bien l’envers d’une
triste réalité : Big Brother nous regarde !
" (dans Pourquoi il faut toujours manifester masqué, 1999.)

Pendant les manifestations de Seattle, il fut très
violemment reproché aux membres des Black Blocs d’agir
masqué-e-s (certaines personnes allèrent jusqu’à les
comparer à des membres du Ku Klux Klan !), pour tout
un tas de raisons diverses. Quelles qu’ils soient, les
différents arguments contre le port de masques,
foulards ou autres cagoules s’avèrent souvent bien
faibles face à la réalité de la répression. Il est
pourtant bien connu que la police souffre d’un
syndrome vidéomaniaque (pour s’en convaincre, il
suffit d’aller faire un tour sur le site Internet de
la police de Seattle : on y trouve des dizaines de
photos de manifestant-e-s accompagnées d’une
incitation à la "citoyenneté", c’est-à-dire à
reconnaître et dénoncer les personnes photographiées), et on ne peut reprocher à quelqu’un-e de préférer
ne pas être fiché-e. Les masques garantissent un
anonymat indispensable dans le cadre d’actions
illégales, toujours durement réprimées. L’état
policier est bel et bien une réalité, et ne pas se
faire arrêter puis inculper une nécessité. Si
certain-e-s militant-e-s sont prêt-e-s à se faire
embarquer et choisissent de ne pas en empêcher la
police d’une quelconque manière, les membres des Black
Blocs ne sont en aucun cas animé-e-s de la même
volonté de sacrifice chrétien, comme le précise l’un
de leurs communiqués. En somme, ce n’est pas pour
effrayer les gens ou pour se complaire dans une
imagerie para-militaire que les membres des Black
Blocs portent des masques, mais par simple pragmatisme
dans une société toujours plus fliquée.

Nuire à la manifestation

"A Washington, le Black Bloc a travaillé avec le reste
des manifestants de manière très solidaire,
intelligente et stimulante. Ils ont été remarquables,
et n’ont pas oublié le reste de la mobilisation. Ils
ont "bloqué" des croisements de rue avec une
implacable efficacité, et résisté intelligemment à la
brutalité policière. Ils étaient une des présences les
plus précieuses à cet événement.
" (Anonyme, recueilli par Jim Bray dans
(Working)Start of Critique of Black Bloc Technique, 2000.)

Beaucoup d’accusations tenndent à rendre les Black
Bloc responsables de la violence de la police. Est-il
besoin de préciser qu’il en va de la fonction même de
la police ? La police a toujours été et sera toujours
violente envers ceux et celles qui combattent le
système qui leur donne raison d’être. A Seattle, les
violences policières ont commencé avant que les
premières attaques contre la propriété n’aient lieu.
Et si cela avait été le contraire ? Quel est le
véritable problème : des actions de destruction
légitimes ou l’existence illégitime de la police ?
Encore une fois, certain-e-s manifestant-e-s semblent
se tromper de cible. Par ailleurs, les Black Blocs se
sont également distingués par le soutien apporté aux
actions non-violentes. A Seattle, ils se sont joints
aux barrages humains des activistes non-violent-e-s,
les consolidant ou construisant des barricades plus
résistantes un peu plus loin. De nombreux-ses membres
des Black Blocs ont également participé aux actions
non-violentes organisées par le Direct Action Network
ou d’autres collectifs (comme empêcher les délégués
d’atteindre le lieu du congrès par exemple). A
Washington, le succès de certaines actions de
désobéissance civile non-violentes est du aux Black
Blocs qui repoussèrent la police, protégèrent les
personnes en difficulté et élargirent le périmètre de
la manifestation. Loin de s’opposer, les actions des
Black Blocs et de certain-e-s militant-e-s pacifistes
se sont donc au contraire souvent complétées.
N’agissant ni dans le mépris de ces actions ni contre
elles, les Black Blocs y ont plus souvent activement
participé, s’affirmant comme force politique
essentielle au mouvement de lutte anticapitaliste et
non juste comme phénomène marginal.

Ces critiques dans la pratique

"La coordination des organisations participantes doit
à l’avenir préparer encore plus les manifestants à
immobiliser et livrer à la police tout "hooligan"
indésirable. Même si un "hooligan" venait à être tué,
ce ne serait qu’une très petite perte à côté des
20 000 enfants disparaissant quotidiennement sous le
règne des multinationales.
" (Ole Fjord Larsen (membre de United Peoples),
dans Future planning after Seattle, 12 décembre 1999.)

S’il est facile de répondre à ces critiques souvent
grossières, elles se sont manifestées de manière
autrement plus problématique par des gestes de
violence mettant parfois en danger des membres des
Black Blocs. En effet, lors de la "bataille de
Seattle", certaines personnes ont été frappées par des
manifestant-e-s disant s’opposer à la violence et les
accusant de saboter la manifestation (on notera le
paradoxe !). A plusieurs reprises, certaines personnes
essayèrent d’arracher les masques du Black Bloc, ou
même d’en livrer les membres à la police ! Bien
souvent, le Black Bloc eu plus à faire à ces
pacifistes surexcité-e-s constituant une véritable
"police de la paix" qu’à la police en uniformes.

Cette
attitude réactive contre toute critique qui s’exprime
autrement que par des défilés bien sages participe
pleinement du système répressif mis en place par les
autorités. Quelle est la révolte de ces soit-disant
"pacifistes" qui se font flics quand flics il n’y a
pas, qui usent de la violence physique (dans le mépris
de leur propre cohérence) contre ceux et celles qui
brisent la tranquillité servile de "leurs" défilés
contemplateurs ? Leur objectif semble être le même que
celui des flics : préserver la paix sociale, et ce à
n’importe quel prix. Eteindre la révolte dès que
celle-ci prend sens et s’incarne de manière un peu
plus concrète que par des mots vidés de leur
signification. Ces "pacifistes" se trompent de colère,
et auraient sérieusement besoin de prendre conscience
de leur propre participation aux structures
répressives qu’ils sont censés dénoncer. En attendant,
ils constituent un certain danger pour qui veut
prendre ses désirs pour des réalités, et anticiper de
quelques pavés ce fameux "changement global" qui tarde
tant à arriver...

Enfin, le fait que ces quelques critiques soient
tantôt grossières et ridicules, tantôt violentes et
dangereuses ne signifie pas pour autant qu’il faille
épargner les Black Blocs de toute critique. Il serait
peut-être bon, cependant, de le faire intelligemment,
en commençant par reconnaître l’utilité dont ils ont
jusque là fait preuve.

VI) Conclusion

"Le Black Bloc est une source d’inspiration pour tout
le monde. La quasi-intégralité des Etats-Unis voue un
culte à une vie matérialiste qui ne va nulle part,
animée par des automates en chair et en os. Le Black
Bloc est la seule étincelle de bon sens en Amérique du
Nord, dont la situation sans cela serait sans issue.
" (Craig Stehr, 2000.)

Au cours des manifestations de ces derniers mois, on a
pu observer de plus en plus de Black Blocs se former.
Ce mouvement semble manifeste d’une certaine
radicalisation des milieux d’extrême-gauche et
anarchistes américains en même temps qu’il pourrait
signifier un regain d’intérêt pour les idées et
pratiques libertaires. Mais le Black Bloc est plus
qu’un indicateur de tendances. Parti prenante de ce
processus, il sort la protestation de l’ornière du
réformisme et de la contemplation, en ré-inventant et
popularisant une désobéissance civile offensive. Le
Black Bloc, c’est non seulement un dépassement des
moyens de contestation traditionnels, mais aussi un
dépassement de l’action illégale isolée, qui prend
sens dans le cadre d’une lutte globale et politique.
Le Black Bloc, c’est aussi la désorganisation
organisée, la possibilité de lier efficacité
stratégique et pratique égalitaire, radicalité et
lucidité politique.

Pour toutes ces raisons, le Black Bloc m’apparaît
comme une réelle force politique, porteuse de
nombreuses dynamiques et potentialités quant à
l’avenir des luttes anti-capitalistes et
anti-étatistes.

Il demeure à mon sens que si l’initiative du Black
Bloc doit être encouragée, elle doit nécessairement
s’accompagner de discussions et d’analyses critiques à
ce sujet. Le Black Bloc doit éviter de se figer dans
un mode d’action particulier ou se perdre dans
l’autosatisfaction et ainsi éviter de se questionner
plus avant. Tout au contraire, ces pratiques
"radicales" peuvent être autant d’occasions de
soulever des questions essentielles : questions
relatives aux discriminations (sexisme et racisme,
notamment), au caractère identitaire et
potentiellement excluant des Blocs, etc. Car il ne
s’agit pas simplement de s’unir contre un système,
mais de combattre ici et maintenant les
discriminations qui existent en son sein, et que nous
perpétrons au quotidien par l’absence de remise en
question de nos comportements. Les actions du Black
Bloc peuvent, au prix d’une réelle volonté
égalitariste, aller dans le sens d’une pratique à la
fois égalitaire et offensive vis à vis des structures
du pouvoir, comme elles peuvent facilement par
négligence et facilité affermir des rapports de
domination masqués par la lutte contre un ennemi
commun. J’espère pour ma part que l’expansion des
Black Blocs se fera dans ce sens, et que les récentes
propositions visant une plus grande coordination des
groupes permettront l’expression de positions
politiques et de débats constructifs à ce sujet.

[1Dans la suite du texte, il est parfois question du
Black Bloc (le Black Bloc), comme phénomène ou mode de
protestation.

[2Il arrive que des individus se disant communistes, socialistes, etc. participent aux Black Blocs.

[3La "Zone Autonome Temporaire" (en anglais TAZ,
pour Temporary Autonomous Zone) est un concept inventé
par le philosophe américain Hakim Bey. Lire TAZ - Zone
Autonome Temporaire (Editions de l’éclat, 1997).


Principales sources :
 Agence de presse A-Infos (http://www.ainfos.ca)
 Indypendent Media Center (Indymedia)
 The Mid-Atlantic Infoshop (Infoshop.org)



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