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Petites réflexions sur la décroissance
mis en ligne le 29 novembre 2024 - André Sulfide , Gijomo , Groupe Marée Noire , Luce Fabbri , Thierry Libertad
Sommaire :
- La décroissance, Groupe Marée Noire
- Ne devenons pas des automates ! Réapproprions nous notre autonomie
(introduction à une réflexion sur la technique), Gijomo
- Une autre foi en crise : le Progrès, Luce Fabbri
- L’informatique : une impasse ?, Gijomo
- Paroles anarchistes & Décroissance
- Développement durable ou décroissance ?
- Voyage et tourisme de masse, Thierry Libertad
- L’empreinte écologique, article tiré de Passerelle Eco
- Test : Calculez votre empreinte écologique
- Décroissance et végétarisme, André Sulfide
- « Tout doit disparaître ! », Mala(la)testa
- Néo-malthusianisme et décroissance, Thierry Libertad
- Bibliographie
La décroissance ?
La décroissance n’est
pas qu’un slogan. C’est aussi un
concept qui nous oblige à prendre
en compte les limites physiques de
la planète auxquelles nous nous
heurtons. Elle nous contraint à une
remise en cause de la notion de
confort, de besoin.
La décroissance n’est pas une
idéologie, elle est une nécessité
absolue : depuis deux siècles, le
colonialisme, la révolution
industrielle, l’urbanisation, le
recours aux énergies fossiles, le
développement effréné et
l’utilisation de la chimie, de la
physique et de la biologie ont
accéléré considérablement les
dégâts commis à l’encontre du
milieu naturel. Mais c’est surtout à
partir de la seconde guerre
mondiale que les problèmes d’ordre
écologique vont s’orienter vers une
dimension planétaire. L’aide au « développement » des pays pauvres
(c’est-à-dire, en réalité, la recherche
de débouchés pour le potentiel
économique américain) va justifier
une croissance économique de plus
en plus forte et faire naître la « société de consommation ».
Or tout acte de consommation est un acte de destruction : prélèvement d’énergie et de matières premières,
en amont ; rejet de déchets, en aval.
Si bien que le bilan écologique est
aujourd’hui catastrophique :
changements climatiques,
déforestation, disparition de l’eau
douce, dégradation des sols, perte
de biodiversité, pollution chimique,
nucléaire, accumulation de déchets,
épuisement des ressources non
renouvelables. La croissance,
indispensable à la survie du
capitalisme, nous conduit à une
impasse certaine. Seule la
décroissance, c’est-à-dire
l’adoption de modes de vie,
d’habitat, de déplacement, de
consommation beaucoup plus
économes en ressources naturelles,
peut ouvrir des perspectives.
Mais la décroissance ne se
limite pas à ce seul aspect
écologique. C’est également une
réflexion sur l’aspect économique
et social de la production, de la
consommation et du partage des
richesses, ainsi qu’une critique de
l’idéologie du progrès, de
l’industrialisation, des techniques et du scientisme.
La décroissance ne sera pas
ce « retour à la bougie », ce
repoussoir que certains agitent pour
sauvegarder le profit capitaliste.
Elle sera, au contraire, l’occasion
de prendre conscience que le
bonheur ne se mesure pas aux
volumes de production, que c’est
l’altération des valeurs humaines
essentielles (respect, tolérance,
solidarité), la perte du sens (dans le
travail comme dans la vie en
général) qui nous entraînent vers
cette boulimie de consommation de
biens matériels. Elle peut être, pour
l’homme, la chance à ne pas
manquer de construire une autre
société, de développer des pratiques
et des expériences fondées sur
l’autonomie, la créativité, la
solidarité et la convivialité.
La décroissance c’est aussi
aller à l’encontre, dès
aujourd’hui, de ce système
capitaliste, industriel et
spectaculaire. C’est un grain de
sable dans l’engrenage de la méga-
machine. Un grain de sable parmi
tant d’autres afin d’abattre ce
système en minimisant la violence.
La décroissance, ce n’est pas qu’un
concept, c’est aussi et surtout des
pratiques à mettre en œuvre, ici et
maintenant : vivre autrement
(squats, écovillages), produire
autrement, consommer autrement,
etc. Autant de voies que l’on peut
suivre concrètement aujourd’hui sans attendre une hypothétique « grève générale ». Mais attention, pris séparément, chacune de ces pratiques peuvent-être récupérés par ce système, tout comme l’isolement des ces expérimentations et alternatives peuvent conduire aux pièges des communautés sectaires, utopiques et autarciques. Pour éviter ces écueils la critique anticapitaliste, anti-industrielle et anti-autoritaire
ainsi que le fédéralisme sont nécessaires.
Puisque la décroissance est
une nécessité de plus en plus
pressante, le choix n’est pas entre
décroissance ou croissance, mais
entre une société libertaire où les
populations maîtriseront la
décroissance ou une société où des
mesures draconiennes seront
imposées par des gouvernements autoritaires !
Construisons un autre présent !
Groupe Marée Noire
Marée Noire était un groupe anarchiste spécifique, actif sur Nancy à partir de l’an 2000. Ses activités étaient diverses. Le collectif participait aux mouvements sociaux, à des alternatives locales et se consacrait à la diffusion de la pensée et de la culture libertaire et à l’édition et la diffusion de textes. Cette brochure est la ré-édition d’un numéro spécial du Pétroleur (revue du groupe) consacré à la décroissance et réalisé à l’occasion des premières rencontres libertaires, à Nancy en mai 2005. Le groupe livre ici ses réflexions sur le sujet.
« La décroissance, c’est aller à l’encontre, dès aujourd’hui, du système capitaliste, industriel et spectaculaire. C’est un grain de sable dans l’engrenage de la méga-machine ».
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