Q
Qu’est-ce que l’anarcho-primitivisme ?
mis en ligne le 5 avril 2021 - Anonyme
Notes de l’équipe de traduction
On n’est pas anarcho-primitivistes mais ce texte nous semblait intéressant pour mieux comprendre la critique de la civilisation et les idées écologistes profondes.
Comme suggéré par l’hypothèse de Sapir-Whorf [1], le langage influence notre perception du monde. Et l’utilisation du genre masculin comme genre neutre dans la langue française invisibilise une grande partie des personnes qui ne sont pas des hommes et nous fait inconsciemment penser – par une plus grande représentation – que les hommes sont capables d’accomplir bien plus [2]. C’est pourquoi on a choisi – un peu arbitrairement parmi les options qui se présentaient à nous – d’utiliser pour le neutre le pronom ol accordé au genre féminin.
Le texte parle souvent de la « nature » qui est un concept qu’on critique. La dichotomie humain-naturel ne sert finalement qu’à séparer l’humanité de son environnement pour mieux justifier son exploitation [3].
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Introduction
L’anarcho-primitivisme est une subculture et un mouvement politique qui, en général, promeut la chasse et la cueillette comme mode de subsistance idéal pour les humaines (du point de vue de l’utilisation soutenable des ressources) et la « bande » comme la structure d’organisation sociale idéale (en raison de l’égalitarisme qu’elle rend possible). Bien que cet objectif semble improbable, une primitiviste affirmerait qu’un objectif plus modeste ne serait pas désirable ou qu’il serait irréalisable au sein du système actuel. Les 10 000 dernières années ont après tout largement été une suite de « solutions » aux problèmes d’une société agricole. Cette critique de la « civilisation » rejette de manière inhérente les idées et affirmations moins radicales afin de cibler uniquement les racines des problèmes sociaux. Elle a des visages multiples, s’inspirant de plusieurs courants de pensée. Ceux-ci incluent des penseuses du XIXe siècle, l’anthropologie des chasseuses-cueilleuses, le situationnisme, l’anarchisme, l’écologie radicale (profonde) et la philosophie anti-technologie. Le problème potentiel de la mise en pratique de ces idées est largement résolu par un consensus grandissant selon lequel la fin du « développement économique » arrive à grande vitesse, rendant le changement révolutionnaire inévitable. La direction que prendra ce changement est ce qui intéresse les anarcho-primitivistes.
De plusieurs manières, l’anarcho-primitivisme influence subtilement la société. Le « manifeste » du Unabomber a énoncé plusieurs des principes centraux de l’anarcho-primitivisme (ex : le rejet du libéralisme et de l’industrialisme). Les primitivistes étaient parmi les manifestantes qui ont participé aux destructions de vitrines, tags et autres vandalismes lors des manifestations de 1999 à Seattle contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce. Ols sont probablement derrière la figure insaisissable des « écoterroristes » qui accomplissent des destructions de propriété au nom du Earth Liberation Front (ELF, « Front de Libération de la Terre » en français). Le roman à succès Fight Club [4], qui a été adapté en film, met en scène un groupe de jeunes hommes marginaux qui rejette la culture consumériste et tentent d’y mettre fin par le sabotage de masse. Bien que l’anarcho-primitivisme puisse ne pas sembler digne d’attention parce qu’il se situe très loin du discours politique grand public, il ne devrait pas être ignoré. Il mérite une attention importante pour la simple raison qu’il intègre harmonieusement plusieurs courants de pensée différents.
Objectifs
Le préfixe « anarcho » correspond au rejet anarchiste de l’État en faveur de structures politiques de petite taille. L’icône primitiviste John Zerzan [5] précise : « Je dirais que l’Anarchisme est la tentative d’éradiquer toute forme de domination ». Ainsi, une distinction majeure doit être faite entre les anarcho-primitivistes et la plupart des anarchistes car « par exemple, certaines anarchistes ne voient pas l’impératif technologique comme un type de domination ».
En gros, ols rejettent la « civilisation » en faveur du « sauvage ». Plus particulièrement, ols appellent à l’abandon ou à la destruction de la technologie industrielle (voir agricole) en faveur de modes de subsistance qui ne sont pas basés sur les « forces productrices » industrielles – d’où l’adoption de l’étiquette « primitive ». Cela signifie que les primitivistes rejettent même les modes de production basés sur la gestion collective et la copropriété car toute production excédant les besoins de subsistance immédiats est vue comme incompatible avec une soutenabilité à long terme. Derrick Jensen [6] explique :
« Ne vous faites pas avoir, notre système économique ne peut rien faire d’autre que de détruire tout ce qu’il rencontre. C’est ce qui arrive quand on convertit des êtres vivants en argent. Cette transformation d’un arbre vivant en bois, de bancs de morues en bâtonnets de poisson qui deviennent des numéros dans un tableau de compte… C’est le processus de base de notre système économique. »
Influence et précédents
a.
La cohérence interne de l’anarcho-primitivisme repose dans la synthèse complémentaire de plusieurs modes de pensée. Le plus vieux et le plus diffus de ceux-ci est l’idée romantique du bon sauvage, cette idée popularisée au XVIIIe siècle par Rousseau [7] a depuis persisté (Souvenez vous de la campagne de publicité anti-déchet avec Iron Eyes Cody) [8]. Ce romantisme a été adopté par les transcendantalistes du XIXe siècle comme Emerson, Thoreau et Fuller [9]. Toutefois, bien que ces premières penseuses radicales admiraient les « primitives » et étaient en faveur du changement social, ols ne cherchaient pas à imiter leurs sociétés. « Le fait est », écrivait Thoreau, « que l’Histoire de l’homme blanc est une histoire de progrès, là où celle de l’homme rouge est faite d’habitudes fixes et de stagnation. » [10]. « L’Histoire du progrès » de l’Homme blanc a été le centre d’intérêt d’un autre groupe de théoriciens qui incluait Auguste Comte, Edward Tylor, Baden Powell, Lewis Henry Morgan et Herbert Spencer et qui promouvait l’évolutionnisme [11]. Le plus proéminent de ceux-la était Morgan, qui a souligné la progression de la sauvagerie vers la barbarie jusqu’à la civilisation. Ces étapes se sont définies par un progrès technologique progressif (qui commence avec les chasseuses-cueilleuses de l’âge de pierre) aboutissant à une baisse proportionnelle de la dépendance à la nature et à l’augmentation des opportunités de diriger et de pratiquer des activités artistiques [12], mais seulement pour la classe dominante. Bien que ces catégories de société correspondent grossièrement à celles qui existent aujourd’hui, l’idée évolutionniste n’a plus d’intérêt autre qu’historique pour les anthropologues qui nous sont contemporaines. Celles-ci n’approuvent plus de telles généralisations sans preuves de qualité.
b.
Le stéréotype du « sauvage » n’a pas été remis en question avant les années 1960. En 1966, le premier congrès international d’étude des sociétés de chasseuses-cueilleuses (appelé « Man the Hunter », « L’Homme le Chasseur » en français) a eu lieu à Chicago [13]. L’importance de ce congrès est d’avoir renversé la supposition de longue date selon laquelle, en utilisant les mots de Thomas Hobbes, les vies des chasseuses-cueilleuses étaient « crasseuses, violentes et courtes ». Marshall Sahlins a remis en question cette idée dans son article « Notes on the Original Affluent Society » (« Notes sur la Société d’Abondance Première ») [14] qui combinait de toutes nouvelles recherches ethnographiques réalisées en Afrique et en Australie. Il conclut que les chasseuses-cueilleuses (celles les plus mobiles) pouvaient être considérées comme vivant dans une société d’abondance, car leurs quelques désirs simples étaient facilement remplis. Il appela ce modèle économique la « Zen Way » (« Voie Zen »). Bien que des problèmes significatifs avec ses données de référence aient depuis étés reconnus, son essai est encore communément donné à lire en introduction de cours d’anthropologie en raison du sentiment persistent qu’il « n’avait pas complètement tort ». Depuis Man the Hunter, il n’y a pas eu de retour dans la littérature scientifique vers le stéréotype négatif des chasseuses-cueilleuses (S’éloigner des stéréotypes en général est toutefois une tendance nette). Richard Lee, un des co-organisateurs du congrès de 1966 publie encore des travaux qui proposent l’étude du phénomène du « communisme primitif » [15]. Les participant⋅e⋅s de cette révolution de l’étude des chasseuses-cueilleuses étaient certainement conscient du stéréotype romantique du bon sauvage, et ols l’ont – même inconsciemment – mis à jour grâce aux connaissances modernes, lui donnant une crédibilité notable. Cette tendance primitiviste a attiré beaucoup de personnes vers l’étude des chasseuses-cueilleuses et a certainement posé les fondations nécessaires à l’apparition dans les décennies suivantes de l’anarcho-primitivisme.
c.
Par une critique inédite qu’on considérerait aujourd’hui comme post-moderniste de la société moderne, Guy Debord décrit dans La Société du Spectacle comme le « Spectacle » la vacuité de la vie au sein de la société industrielle. Le spectacle désigne la représentation symbolique devenue omniprésente. Dans sa thèse 1, il déclare « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. » [16] Debord était membre d’un mouvement artistique et révolutionnaire français des années 1960 : le Situationnisme, qui rejetait la substitution de l’expérience directe par la représentation. Comme de précédents mouvements artistiques l’avaient fait auparavant, les situationnistes ont cherché à relier l’art et la vie quotidienne, qui ont étés séparés. Le primitiviste Kevin Tucker [17] présente clairement comment, dans les décennies qui ont suivi la publication par Debord de sa critique, la prédominance de son « Spectacle » a augmenté de manière exponentielle avec le développement des technologies d’enregistrement audiovisuelles et de l’internet comme médias de communication (« médias » est ici un mot clé qui suggère la « médiation ») qui ont remplacée l’interaction directe entre les individus. Comme l’ancien primitivisme des transcendantalistes, le Situationnisme de Debord sous-entendait un désir de changement social, un désir qu’il rend explicite dans la préface d’une édition récente [18]. La citation ci-dessus de la Thèse 1 illustre également le primitivisme de Debord [19]. En lamentant la perte d’un passé supposé dans lequel l’expérience directe était universelle, il a pavé la route vers l’anarcho-primitivisme, lequel dessinera une image plus claire de cette alternative implicite. Debord et ses contemporaines étaient au courant de l’existence de mouvements politiques qui, historiquement, ont adopté de similaires attitudes critiques aux normes sociales et politiques [20]. Parmi ces mouvements politiques était l’anarchisme.
d.
L’anarchisme, aussi appelé socialisme libertaire a une histoire longue et compliquée qui commence en Europe il y a approximativement 200 ans durant une période qui a simultanément donné naissance aux socialismes libertaires et autoritaires [21]. À la fin du XIXe siècle, ils se diffusaient parmi les travailleuses des États-Unis et d’Europe. C’est à cette époque qu’est né le stéréotype de l’anarchiste poseuse de bombes, alimenté par des événements comme le massacre de Haymarket Square [22] [23]. Toutefois ces stéréotypes ne rendent pas justice aux motivations idéalistes des anarchistes comme explicité par ses nombreuses tenantes philosophiques. Le chaos qu’ols sont si fréquemment accusées de désirer est l’antithèse de leurs véritables motivations : l’omniprésence (socialement acceptée et internalisée) des désordres que sont la guerre, l’oppression, la cupidité, la faim et la dépression inhérents aux sociétés hiérarchiques est l’objet de l’assaut des anarchistes. Comme Howard Zinn [24] l’explique : « C’est ces conditions que les anarchistes ont voulu détruire pour apporter pour la première fois au monde une sorte d’ordre. Nous ne les avons jamais écoutées attentivement, excepté à travers les aides auditives fournies par les gardiennes du désordre – les dirigeantes des gouvernements, qu’ils soient capitalistes ou socialistes. »
Ce but ultime des anarchistes est peu différent de ceux des autres idéalistes qui ont traversé l’histoire. Mais l’optimisme des anarchistes, leur foi dans les compétences des êtres humains à coopérer volontairement les unes avec les autres – les différencie nettement des autres qui font systématiquement appel à une classe autoritaire pour le maintien de « l’ordre ».
C’est peut-être un affaiblissement dans cette vieille foi au moment de la perte d’optimisme des années 1960 qui a mené certaines anarchistes à la recherche de bases historiques à leurs convictions – une recherche qui les a menées jusqu’aux origines des premiers États – c’est à dire au début de la « civilisation » elle-même. Ces thématiques primitivistes ont commencé à apparaître dans les publications anarchistes des années 1980, et elles faisaient explicitement référence aux études anthropologiques des années 1960 sur les chasseuses-cueilleuses [25] ; la structure égalitaire des bandes semblait mettre en œuvre une solution anarchiste aux problèmes sociaux. Aussi le mouvement écologiste se développait dans les années 1970, ce qui est visible dans le roman à tendance anarchiste de Edward Abbey.
e.
Le roman d’Abbey, publié en 1975, The Monkey Wrench Gang (Le Gang de la clef à molette, en français), tournait autour d’un groupe de radicales, principalement des jeunes individus qui se consacraient au sabotage des infrastructures qui permettent la domestication des régions « sauvages » de l’Ouest américain. Ols sont représentés de manière positive comme les opprimées dans un pays où le pouvoir politique est entre les mains de destructeurs de la nature mal-intentionnés. Le point de vue sans compromis de « l’écodéfense » (un concept nouveau en lui-même) exprimé par Abbey correspond à une éthique écologiste radicale qui était complètement nouvelle et qui deviendra connue en tant que « écologie profonde ». Cette éthique est bien résumée par son créateur Arne Naess : « la prospérité de la vie humaine et non-humaine sur terre a une valeur intrinsèque. La valeur de la vie des non-humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour les objectifs humains restreints. » [26] C’est dans ce contexte du développement de l’éco-philosophie de Naess et de la promotion que faisait Abbey du « monkeywrenching » [27] que le nom « Earth First ! » (« La terre avant tout ! ») a été donné en 1989 à un nouveau mouvement, dédié à la défense du monde naturel par tous les moyens [28].
Derrick Jensen [29] énonce « la question fondamentale » que les activistes écologistes doivent affronter : « Que sont des réactions saines et adaptées à un comportement de destruction insensé ? ». Il continue : « Bien souvent les écologistes […] sont capables de parfaitement décrire les problèmes […] toutefois, quand confrontés à la tâche intimidante de mettre au point une réponse […] nous échouons généralement à réunir le courage et l’imagination nécessaire. ». Earth First ! correspond à la première tentative de dépasser ce manque de courage, mais le défi en a poussé d’autres à adopter des mesures encore plus extrêmes. Les destructions de propriété de grande ampleur (glorifiées dans le roman d’Abbey) du Earth Liberation Front ont été une des premières réactions aux mesures « réformistes » inefficaces adoptées par de nombreuses activistes. Les premières actions revendiquées par l’ELF ont eu lieu durant les années 1990 au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il y a eu par exemple l’incendie de 1998 de la station de ski de Vail Mountain, l’incendie de 2003 du site de construction d’un immeuble à San Diego, ainsi que de multiples exemples de vandalisme visant des concessionnaires automobiles, particulièrement de SUV [30].
Le mouvement écologiste radical était compatible avec les idées primitivistes, tel que la représentation des Indiennes comme des écologistes le prouve. Les peuples « primitifs », les chasseuses-cueilleuses en particulier, sont directement dépendantes de la région où ols vivent pour leur subsistance et ont vraisemblablement une vision du monde plus « écocentrée » qu’il ne l’est possible dans la société industrielle moderne. Des contestations ont ces dernières années été émises par des intellectuelles qui semblent « tenter de démontrer qu’il relève de la "nature humaine" que de détruire son environnement » [31]. Eugene Hunn tente de mettre le débat en perspective et conclut que « en raison de l’excellent état du continent au moment de l’arrivée des premières européennes », les natives américaines ont respecté leur environnement. Il continue :
« Que le continent n’était pas une "nature vierge" est indéniable, puisque il était depuis longtemps le lieu d’habitat de millions d’indiens. Que ces peuples indiens se sont bien occupés des lieux qu’ils habitaient et ont conservé leur biodiversité est également indéniable. La remise en question de la réalité de "l’Indien Écologiste" a pour rôle de nous cacher les dommages faits depuis au nom du progrès et du profit. »
Ainsi, les problèmes environnementaux en sont venus à être perçus comme des symptômes du bien plus grand problème qu’est la « civilisation » qui a démontré son manque de considération pour toute limite à la « croissance » au détriment du monde naturel. Un individu qui a répondu à certaines de ces inquiétudes, avec une approche plus anti-technologique est Theodore Kaczynski, plus connu sous le nom de « Unabomber ».
f.
Un texte de 34 000 mots appelé Industrial Society and Its Future (La Société Industrielle et son Avenir) a été publié en septembre 1995 par le Washington Post. Le journal répondait à une proposition anonyme du « Unabomber » : il arrêterait sa campagne d’envoi de colis explosifs longue de 17 ans en échange de la publication de son texte révolutionnaire. Seize colis piégés avaient étés envoyés par Kaczynski, aboutissant à la mort de trois personnes et en blessant 23 autres [32]. Le « manifeste », comme il fut appelé par les médias, décrit l’augmentation constante de la domination de la technologie au sein de la société moderne. Il appelle à une révolution, pas contre les structures politiques mais contre « les fondements économiques et technologiques de la société actuelle » [33]. Cette tendance à affronter de manière agressive l’innovation technologique remonte à l’Angleterre du début du XVIIIe siècle quand les avancées technologiques dans la manufacture des textiles a menacé de rendre obsolètes des siècles de tradition. Ces détracteurs de la technologie, connus sous le nom de Luddites, ont entre 1811 et 1812 saboté cette nouvelle machinerie, secouant la société anglaise [34]. Leur nom dérive de la figure légendaire de Ned Ludd dont le nom a servi comme pseudonyme dans leurs lettres de menaces ou de revendication de vandalisme [35]. Des philosophes modernes comme Jacques Ellul, Lewis Mumford et Chellis Glendinning – désignées comme néo-luddites [36] – continuent de promouvoir le scepticisme envers le « progrès » qui a sûrement existé depuis aussi longtemps que l’innovation technologique elle-même. La différence entre les néo-luddites et leurs prédécesseures est que durant le XIXe siècle, les nouvelles technologies n’étaient une menace que pour la société, là où la technologie d’aujourd’hui menace les systèmes biologiques qui constituent la base de l’existence humaine [37]. Le texte de Kaczynski est très clairement inspiré par la pensée néo-luddite, bien qu’il ne cite l’influence d’aucune de ses penseuses [38]. Il a déclaré en dehors de ce texte que « La technologie est par dessus tout responsable de la condition actuelle du monde et contrôlera son avenir ». L’idéologie des luddites et leurs équivalents modernes fournissent un pilier crucial de l’anarcho-primitivisme.
g.
Un dernier pilier soutenant l’ethos primitiviste démontre l’insoutenabilité de la société industrielle. Ces travaux réfutent l’idée selon laquelle la science fournira les solutions nécessaires pour maintenir le niveau de vie actuel des pays dominants face à l’appauvrissement massif des ressources disponibles. Ils fournissent également une réponse peu risquée et simple à la question « Comment allez-vous en arriver là ? ». Le livre Limits to Growth (LTG, Les Limites à la croissance ou Rapport Meadows en français) sorti en 1972 a été une des premières estimations méthodiques de la soutenabilité de la société moderne. Plus d’une décennie d’écologisme n’avait toujours pas produit un message cohérent pour le grand public à partir des problèmes environnementaux. Des travaux précédents comme The Population Bomb (La Bombe P) [39] de Erlich et Silent Spring (Printemps silencieux) [40] de Carson ne s’étaient concentrés que sur des problèmes spécifiques et limités. LTG a fourni une représentation complète bien que dérangeante du problème. C’était le résultat d’un projet de recherche commissionné par le Club de Rome, un groupe de réflexion international « d’hommes d’affaire, de dirigeants politiques et de scientifiques » [41] qui souhaitaient obtenir une estimation de la soutenabilité de parcours de la société humaine [42]. Le rapport final a prédit que, à moins que des mesures généralisées ne soient prises pour réduire assez tôt la consommation et la pollution, les sociétés humaines dépasseraient les limites de la terre pour finalement faire face à un effondrement défini comme « un déclin à la fois de la population et du bien être humain » [43]. Le groupe de recherche a atteint cette conclusion à travers l’utilisation d’un modèle informatique qui a été capable de prendre en compte de multiples variables et les interactions entre elles. LTG a été la première tentative de présenter la crise environnementale de manière complète et de montrer qu’elle nécessitait une réponse systémique [44].
L’épuisement des ressources est devenu ces dernières années une préoccupation sérieuse parmi les théoriciennes de la limite au développement. La plus populaire et diffusée des théories de l’épuisement des ressources est de loin celle qui concerne le pétrole. Le « pic pétrolier » (ou « peak oil ») fait référence au point à partir duquel le niveau d’extraction de pétrole (dans un champ pétrolifère particulier, une région ou la planète) atteint son plus haut point sur une courbe en forme de cloche. À partir de ce moment, l’offre commencera à chuter alors que la demande persistera. Ce phénomène a été observé depuis des décennies, mais l’économie mondiale a été capable de suffisamment redistribuer le pétrole dans les régions où l’offre était depuis longtemps épuisée (ex : le Texas). Les conséquences d’un pic planétaire de production de pétrole n’ont que récemment été prises en compte : quand la production globale sera incapable de répondre à la demande globale, la valeur de marché du pétrole se mettra à augmenter de manière exponentielle. Absolument tout ce qui dépend du pétrole (Essayez de penser à des aspects de notre société pour lesquels ce n’est pas le cas) deviendra de plus en plus cher, et la société industrielle finira immanquablement par ralentir jusqu’à son arrêt. Il faut ajouter que peu, voire aucune des intellectuelles qui expriment des critiques de limites au développement sont enthousiastes à l’idée de la fin de la « civilisation » qu’ols prévoient (la plupart espèrent l’empêcher). Mais pour une anarcho-primitiviste, leurs scénarios sont presque une panacée.
Les sept influences décrites ci-dessus ne sont en aucun cas universellement revendiquées par toutes les anarcho-primitivistes mais elles sont clairement identifiables dans la littérature « anti-civilisation » . Les écrivains principaux comme John Zerzan, Derrick Jensen et Daniel Quinn viennent tous de milieux différents – les mouvements de lutte des travailleuses, le mouvement écologiste ou des milieux non politisés – mais ils synthétisent tous des éléments des influences ci-dessus et apportent leurs propres contributions originales.
Synthèse
John Zerzan apporte la voix la plus académique au chœur. Bien que son style d’écriture soit le moins accessible, sa critique est de loin la plus développée. Il recherche les origines de toute domination et son chemin l’emmène plus loin encore dans la préhistoire que les origines de l’agriculture. L’art, le langage, les nombres, le temps et même la pensée symbolique ont été l’objet des interrogations de Zerzan. Pour lui, tout cela sert à séparer les humaines de l’expérience directe du monde dont Guy Debord faisait l’éloge. Ishmael (1995) de Daniel Quinn est sans aucun doute le livre le plus populaire à questionner les fondement de la civilisation. C’est un roman basé sur un dialogue socratique dans lequel le lecteur apprend comment la civilisation est apparue et ce qu’elle a fait oublier à l’humanité. Derrick Jensen fourni une analyse uniquement psychologique de la civilisation moderne, en se basant sur les travaux de R.D. Laing et de Erich Fromm. Il s’appuie sur l’expérience des abus subis pendant son enfance pour montrer comment les mêmes types de relations se manifestent à une plus grande échelle dans notre société [45]. Il analyse également la psychologie des groupes haineux en termes de relations avec la culture dominante [46].
Tous ces individus sont d’accord sur le fait que la civilisation a été une erreur qui a eu des conséquences désastreuses sur la vie humaine et non-humaine et qu’elle continuera à semer la destruction jusqu’à ce que des gens décident d’y mettre fin ou qu’elle s’effondre sous son propre poids. Après qu’un de ces événements soit arrivé, la planète commencera enfin à guérir de 10 000 ans de domestication humaine.
« [I]magine-toi en train de planter des radis et des semences de pomme de terre sur le quinzième green d’un terrain de golf oublié. Tu iras chasser l’élan dans les forêts ravinées et marécageuses qui entourent les ruines du Rockefeller Center, et déterrer des clams tout à côté du squelette de la Space Needle penchée à quarante-cinq degrés. Nous peindrons les gratte-ciel d’énormes visages totémiques et de tikis de farfadets, et tous les soirs, ce qui restera de l’humanité se retirera dans les zoos vides pour se boucler à double tour dans les cages afin de se protéger des ours et des gros chats et des loups qui arpentent le terrain et nous surveillent la nuit depuis l’extérieur des barreaux de la cage. […] [T]u porteras des vêtements de cuir qui te dureront le restant de ton existence, et tu escaladeras les plantes grimpantes grosses comme le poing qui enveloppent la tour Sears. […] [L]’air sera tellement propre que tu pourras voir de minuscules silhouettes battant le blé et découpant des tranches de venaison pour les laisser à sécher sur les voies vides de voitures d’une super-autoroute abandonnée s’étirant sur une largeur de huit voies brûlant d’un soleil d’août sur deux mille kilomètres. » [47]
La citation ci-dessus, tirée du roman à succès Fight Club, est une description frappante (certaines diraient même caricaturale) d’un monde dans lequel des sociétés de petite taille du genre auquel les anarcho-primitivistes aspirent auraient survécu à la civilisation industrielle. Il y a deux modes de pensée sur la manière dont les gens peuvent affecter cette conclusion. Le premier, promus par Daniel Quinn [48], est qu’elle ne peut être atteinte que par la diffusion dans la société d’une nouvelle « vision » qui aboutira inévitablement sur la transformation radicale de la civilisation nécessaire à l’arrêt de la destruction du monde naturel. Quinn pense que sans « changer les esprits » en premier lieu, tous les autres efforts seront inutiles. Toutefois, cette stratégie a été critiquée pour son manque de sens de l’urgence. Derrick Jensen [49] exprime bien cette urgence :
<quote « Beaucoup de personnes perçoivent directement dans leur chair la douleur des forêts rasées et des saumons disparus : une partie de leur identité personnelle comprend leur habitat et les vies humaines et non-humaines qui les entourent. Elles ne cherchent donc pas à sauver quelque chose d’extérieur mais réagissent bien en défense de leur propre vie. Ce n’est pas différent de la protection de sa famille : pourquoi une mère grizzly charge-t-elle un train pour protéger ses petits ? Et pourquoi une mère humaine se bat-elle férocement pour défendre les siens ? »
La réaction la plus répandue parmi les primitivistes correspond à cette urgence et aux appels à l’action directe qui – le plus vite possible – mèneront à sa fin la destruction causée par la technologie industrielle.
Une objection légitime à la destruction de l’infrastructure de la société industrielle est que cela mènerait immanquablement à la mort de millions de personnes. Mis à part la forte probabilité qu’un tel scénario devienne un jour réalité si la tendance actuelle continue, et ce sans l’aide de saboteuses [50] et que le plus tôt cette catastrophe aura lieu, le moins « désastreux le résultat sera » [51], une anarcho-primitiviste affirmerait que de telles objections font figure de naïveté à propos de la réalité du progrès technologique.
« On ne peut pas se débarrasser uniquement des « mauvais » côtés de la technologie pour uniquement garder les « bons ». Prenez par exemple la médecine moderne. Le progrès des sciences médicales dépend des progrès en chimie, physique, biologie informatique et d’autres domaines. Les traitements médicaux avancés demandent de coûteux équipements high-tech qui ne peuvent être rendus disponibles que par une société technologiquement progressiste et économiquement riche. On ne peut clairement pas avoir de progrès en médecine sans l’intégralité du système technologique et tout ce qui vient avec. » [52]]]
Le taux de cancer de plus en plus important est probablement la conséquence la plus ironique de ce « progrès ». En termes de santé humaine grandement améliorée par la médecine moderne, l’épidémie de cancer est un saisissant signal d’alarme adressé à celles qui défendent les technologies médicales. Il est consensuellement reconnu que le cancer est une maladie principalement causée par le mode de vie de la civilisation occidentale [53]. En même temps, l’espérance de vie a augmenté durant les 100 dernières années [54]. Cela pose la question de ce qui est le plus important entre la durée et la qualité de vie.
Les conséquences de la technologie moderne sont sûrement bien plus grandes pour les non-humaines, car elle n’est pas conçue pour leur apporter de bénéfices. L’actuel taux mondial d’extinction d’espèces est estimé entre 100 et 1000 fois supérieur à la normale [55]. En raison de la déforestation de masse, moins de 2% des forêts des États-Unis avaient en 1997 plus de 200 ans [56]. Tout manuel d’introduction aux sciences de l’environnement décrit en détail les atrocités apparemment sans fin commises contre le monde naturel. Les zones de pêche sont vidées à une vitesse bien supérieure au maximum soutenable. Les produits chimiques responsables de l’épidémie de cancers transforment des terres fertiles et des zones humides en décharges stériles.
L’anarcho-primitivisme vise un retour à une vie sauvage libérée d’une culture qui semble faire de son mieux pour détruire la planète : un mode de vie qui a été vécu par l’humanité pendant presque la totalité de notre temps sur cette terre [57]. Le résultat dans le contexte moderne est une société à petite échelle indépendante de l’économie industrielle globale. Mais cette société ne serait pas non plus limitée par les contraintes modernes de la propriété et des frontières imaginaires. Elle serait auto-suffisante, subsistant grâce à ce que le territoire local fournit ainsi que de tous les déchets de la civilisation (ou de ce qu’il en reste). Elle agirait sans le désir de contrôler ou de dominer les formes de vie dont elle dépend. Mais avant tout, une telle communauté aurait une relation viscérale avec l’environnement qu’elle habite.
Perspectives
Une grande partie de la communauté anarcho-primitiviste se limite aux pages de magazines anarchistes et à des sites web. C’est une communauté dans un sens large et virtuel. Mais dans un contexte moderne, c’est forme de « communauté » est presque sans aucun doute un prérequis à n’importe quel nouveau zeitgeist [58]. Ce sont de vraies personnes qui écrivent, lisent et pensent sur l’anarcho-primitivisme à travers le monde, et ce centre d’intérêt les connecte. Cependant cette « communauté » est seulement pertinente dans la mesure qu’elle a le potentiel de mener à des interactions en face-à-face.
Il existe des signes de l’émergence de communautés qui promeuvent et appliquent (jusqu’à un certain point) les principes d’une philosophie anarcho-primitiviste. Le premier mouvement laïque à grande échelle qui a exposé des thèmes « primitivistes » a été la création massive de communes pendant les années 1960 [59]. La sous-culture hippie idolâtrait les cultures natives américaines du sud-ouest comme les Pueblos, les Hopis et les Zuñis [60]. Désignées par le terme synonyme de mouvement de « retour à la terre », ces nouvelles communautés mettaient en avant la terre comme base véritable de l’économie [61]. Les hippies ont revendiqué peu des arguments philosophiques et aucun des arguments empiriques qui sont apparus ces 35 dernières années pour justifier une vie non civilisée, et leurs communes se sont toutes désagrégées. Au début des années 1980, les différents éléments qui constituent le primitivisme ont commencés à entrer en cohérence pour désigner la nouvelle vision du monde décrite ci-dessus.
Il y a aujourd’hui quelques groupes d’individus qui recherchent des communautés qui s’approchent (autant que possible) d’une alternative anarcho-primitiviste. Plus approximativement connectés à l’anarcho-primitivisme sont les rassemblements de partage de connaissances dites primitives, auxquels les participantes campent dans une zone non développée et apprennent quelques compétences de survie auto-suffisante comme la fabrication d’arcs et de flèches, l’allumage de feu par friction, l’identification de plantes comestibles, le pistage d’animaux et la construction d’abris [62]. Pour certaines, l’intérêt pour ces rencontres peut être plus une question de hobby que d’idéologie, mais les compétences qu’elles permettent d’apprendre seraient d’une utilité certaine dans un contexte où les besoins du quotidien ne seraient plus assouvis par une économie industrielle mondiale.
Wildroots (« racines sauvages ») est le nom d’une communauté en Caroline du Nord. Une résidente a pris part à un bref entretien [63] qui livre les informations suivantes. La communauté a commencé avec seulement deux personnes et la population a depuis doublé. Deux font partie de la « classe moyenne supérieure », une de la « classe moyenne » et une autre des « classes populaires ». Les visiteuses sont bienvenues et restent habituellement pour quelques semaines au printemps ou en été. « Il n’y a pas vraiment de règles, à part que si une nouvelle personne veut vivre ici sur le long-terme et construire une habitation, nous devrons tous les quatre accepter ». Il n’y a pas non plus de « limites économiques à "l’adhésion" ». Le groupe vit sur 12 hectares de terres luxuriantes dont il est propriétaire. Toutes les membres ont passé du temps dans de plus grandes communautés, et une a vécu dans une de celles-ci.
« On est beaucoup influencées par pas mal d’idées similaires même si on n’a pas lu les mêmes livres. Beaucoup d’entre nous apprécions Chellis Glendinning et Derrick Jensen. » Evidemment, Wildroots trouve ses bases philosophiques dans l’anarcho-primitivisme. Les résidentes ont dit que Wildroots n’était pas la seule tentative de monter une communauté primitive et ont cité deux exemples dans l’État de Washington (« l’Institute for Applied Piracy et la Feral Farm » ou en français « l’Institut pour la mise en pratique de la Piraterie et la Ferme Sauvage »).
Il devrait maintenant être clair qu’il existe un corpus assez solide de philosophie anarcho-primitiviste. Il fournit les graines qui pourraient potentiellement fleurir en un mouvement de résistance. Plusieurs périodiques (Green Anarchy, Species Traitor, Green Anarchist, Fifth Estate, Live Wild or Die, The Final Days, Green Journal, Disorderly Conduct, Cracks in the Empire, Do or Die et Quick !) sont consacrés à la théorie anarcho-primitiviste et le journal anarchiste américain le plus diffusé, Anarchy : A Journal of Desire Armed présente régulièrement des points de vue primitivistes [64]. Le FBI a probablement conscience du potentiel d’un mouvement écologiste radical puisque il a décrété l’écoterrorisme comme étant la plus grande menace de terrorisme domestique sur le territoire américain. Les petites communautés qui existent actuellement pourraient être les bourgeons de ce mouvement, ou pas. Dans tous les cas, les arguments que défendent les anarcho-primitivistes devraient être débattus dans la société « mainstream ». Car si ce qu’ols disent est vrai, les conséquences ont dès aujourd’hui un impact particulièrement important sur notre monde.
Aller plus loin
Sur l’anarcho-primitivisme :
- Landstreicher, W. (2007). A Critique, Not a Program : For a Non-Primitivist Anti-Civilization Critique. Consulté le 29 octobre 2020 sur The Anarchist Library. En anglais, critique anarchiste et anti-civilisation de l’anarcho-primitivisme.
- Kaczynski, T. (2008). La vérité au sujet de la vie primitive. L’effondrement du système technologique. Xenia. Écrit par un auteur cité dans la brochure, il critique la vision idyllique qu’ont bien des anarcho-primitivistes sur le mode de vie de chasseuses-cueilleuses qu’il a expérimenté pendant des années. Disponible en version originale sur The Anarchist Library (consulté le 30 octobre 2020).
Sur l’opposition à la civilisation :
Bon déso les quelques trucs qu’on a à proposer sont faits par des transphobes, mais tant qu’ols parlent que de civilisation ça reste intéressant.
- Jensen, D. (2006). Endgame Vol 1 & 2. Seven Stories Press.
- Lopez, F. (2010). END:CIV [Film]. SubMedia. Adaptation en film du livre Endgame.
- Blog Floraisons. Très intéressant quand ols ne parlent pas de genre ou de critique des médias.
- Site Le Partage. Des articles anti-civ et technocritiques intéressants, d’autres moins pertinents sur la transidentité.
[2] Sato, S., Gygax, P. M., et Gabriel, U. (2013). Gender inferences : Grammatical features and their impact on the representation of gender in bilinguals. Bilingualism : Language and Cognition, 16 (04), 792–807. doi:10.1017/s1366728912000739.
[3] Sur ce sujet voir le début de cet entretien : Lucchese, V. Philippe Descola, « Il faut combattre l’anthropocentrisme », Usbek & Rica. Consulté le 5 août 2020 sur usbeketrica.com.
[4] Palahniuk, C. (1999). Fight Club (Éditions Gallimard, Folio SF).
[5] Zerzan, J. (2002). Running on Emptiness : The Pathology of Civilisation. Los Angeles : Feral House.
[6] Jensen, D. (2000). A Language Older Than Words, New York : Context (p.143).
[7] Rousseau, J-J. Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes] (1755).
[8] NDT : Iron Eyes Cody était un acteur américain spécialisé dans les rôles d’autochtones du territoire nord-américain. En dehors de ses rôles au cinéma, il est connu pour avoir joué un autochtone pleurant devant des amoncellements de déchets dans une campagne anti-pollution. Il a longtemps affirmé être un véritable autochtone, on découvrira à sa mort qu’il était en réalité d’origine sicilienne. (Iron Eyes Cody dans Wikipedia, 31 août 2020.)
[9] Pearce, R. H. (1965). The Savages of America : A Study of the Indian and the Idea of Civilization (p.146-150). Baltimore : Johns Hopkins. (Première édition en 1953.)
[10] Ibid. p.149.
[11] Bettinger, R. L. (1991). Hunter-Gatherers : Archaeological and Evolutionary Theory (p.1-29). New York : Plenum.
[12] Ibid. p.4.
[13] Ibid. p.48.
[14] Sahlins, M. (1972). The Original Affluent Society. (p.1–39). Stone Age Economics. Hawthorne. New York : Aldine de Gruyter.
[15] Lee, R. B. (1995). Reflections on Primitive Communism (p.252–268). Hunters and Gatherers 1 : History, Evolution and Social Change. Ed. Tim Ingold, David Riches, James Woodburn. Washington : Berg.
[16] Debord, G. (2017). La Société du Spectacle (p.15, éditions Gallimard, Collection Folio, 3e éd., première édition en 1967).
[17] Tucker, K. (2003). The Spectacle of the Symbolic. Species Traitor : An Insurrectionary Anarcho-Primitivist Journal, 3, pp. 15–21.
[18] Debord, G. (1995). The Society of the Spectacle. New York : Zone. (Première édition en 1967.)
[19] NDT : Dans cette citation, il fait une critique d’une caractéristique du stade de la civilisation qui lui est contemporain mais pas de la civilisation en elle-même. Il ne fait pas une revendication particulièrement primitiviste, mais une revendication qui sera adoptée par les primitivistes.
[20] Situationism. (2002). Dans Art Movements Directory.
[21] Bose, A. (1967). A History of Anarchism (pp. 77, 379). Calcutta : World.
[22] Ibid. pp. 253, 392.
[23] NDT : Le 4 mai 1886 a lieu à Haymarket Square un rassemblement pour protester contre la répression brutale qui avait eu la veille contre un mouvement de grèves, les policiers avaient tué un homme et blessées plusieurs autres personnes. À la fin du rassemblement, la police charge les personnes présente et une bombe est envoyée sur les policier. À la fin de l’affrontement il y a plusieurs mortes et de nombreuses blessées des deux côtés, la police tirant dans la foule. 8 leaders anarchistes seront jugés pour leur soi-disant responsabilité dans un procès truqué. 3 seront condamnés à de longues peines de prisons, 1 se suicidera dans sa cellule et les 4 restants seront exécutés (Haymarket Affair. Dans Wikipedia (31 août 2020).
[24] Zinn, H. (1997). Anarchism. Dans The Zinn Reader : Writings on disobedience and democracy, p.644, New York : Seven Stories.
[25] Par exemple les travaux de Sahlins.
[26] Naess, A. (1999). The Deep Ecology Platform. (Première publication en 1989.)
[27] NDT : « Monkey wrench » est un mot anglais qui désigne la clé à molette. Le terme « monkeywrenching » fait référence à l’insertion d’une clé à molette dans une machine entraînant sa destruction et désigne le sabotage.
[28] About Earth First !, Earth First ! Worldwide consulté le 17 novembre 2005.
Earth First ! dans Wikipedia (consulté le 15 novembre 2005).
[29] Jensen, D. (2000). A Language Older Than Words (p.188). New York : Context.
[31] Hunn, E. S. (9 septembre 2002). In Defense of ‘The Ecological Indian’ [Conférence]. Ninth International Conference on Hunting and Gathering Societies, Edinburgh, Scotland.
[32] Goldberg, C. (21 septembre 1996). Diaries Disclosed In Unabom Hearing, The New York Times, p.1.
[33] Kaczynski, T. (2003). Industrial Society and Its Future (p.3).
[34] Sale, K. (1995). Rebels against the future : the Luddites and their war on the Industrial Revolution : lessons for the computer age. New York : Addison-Wesley.
[35] Ibid. pp.77-78.
[36] Ibid. pp.237-240.
[37] Ibid. pp.266-267.
[38] Ibid. p.305.
[39] NDT : Publié en 1968, parle des risques de famine liés à l’explosion démographique en cours.
[40] NDT : Publié en 1963, parle de l’impact négatif des pesticides sur l’environnement.
[41] Meadow, et.al. (2004). Limits to Growth : The 30-Year Update (IX). White River Junction, Vermont : Chelsea Green.
[42] NDT : Il ne nous semble pas pertinent de parler de « société humaine » pour désigner la civilisation industrielle. Ce modèle social n’est pas universel pour les groupes humains et nous refusons de nous identifier à celui-ci.
[43] Meadow, et.al. (2004). Limits to Growth : The 30-Year Update (XI). White River Junction, Vermont : Chelsea Green.
[44] Kassiola, J. J. (1990) The Death of Industrial Civilization : The Limits to Economic Growth and the Repoliticization of Advanced Industrial Society (p.17). Albany, New York : State U of New York Press.
[45] Jensen, D. (2000). A Language Older Than Words. New York : Context.
[46] Jensen, D. (2002). The Culture of Make Believe. New York : Context.
[47] Palahniuk, C. (1999). Fight Club (pp.178-179). Gallimard.
[48] Quinn, D. (26 janvier 2000). A Path of Hope for the Future [Conférence]. Youth Environmental Leadership Conference, Houston.
[49] Jensen, D. (2000). A Language Older Than Words (p.182). New York : Context.
[50] Meadow, et.al. (2004). Limits to Growth : The 30-Year Update (IX). White River Junction, Vermont : Chelsea Green.
[51] Kaczynski, T. (2003). Industrial Society and Its Future (3).
[52] [[Kaczynski, T. (2003). Industrial Society and Its Future (121).
[53] Moss, R W. Cancer : A Disease of Civilization ? New Age Journal.
NDT : On est pas assez renseignés sur le cancer pour poser des affirmations sur le contenu de cet article. Mais il est tout de même bon de savoir que l’auteur fait le commerce de « traitements alternatifs » contre le cancer. Il se présente comme docteur, ce qu’il est. Il n’est toutefois pas docteur en médecine mais en littérature antique ! L’article est publié sur un site qui fait le commerce de services de voyance et de jet de sorts. Enfin, même si la thèse selon laquelle le cancer est une maladie de civilisation nous semble crédible, il est à noter qu’un recensement d’un plus grand nombre de cancers peut s’expliquer par de meilleurs moyens de dépistage plutôt que par une réelle augmentation de cas de cancer.
[54] Stobbe, M (8 décembre 2005). U.S. Life Expectancy Hits All-Time High. Yahoo ! News.
[55] Levin, P. S., Levin, D. A. (janvier-février 2002). The Real BioDiversity Crisis. American Scientist, 90 (1) 6-8.
[56] U.S. Forestland by Age Class. Endgame Research Services. Consulté le 7 décembre 2005.
[57] Rosman, A., Paula, G. R. (2004) The Tapestry of Culture : an introduction to cultural anthropology (p.181). New York : McGraw-Hill.
[58] NDT : Le Zeitgeist signifie littéralement « esprit du temps ». Ce terme emprunté à la philosophie allemande désigne « les grandes lignes de la pensée », les questions en débat et la sensibilité d’une époque. « Le Zeitgeist se révèle par exemple dans le fait qu’une même découverte est faite quasi simultanément par des hommes qui travaillent de manière indépendante ». (Zeitgeist. Dans Wikipédia, consulté le 18 août 2020.)
[59] Houriet, R. (1971). Getting Back Together. New York : Coward, McCann & Geoghegan.
[60] Ibid. p.198.
[61] Ibid. pp.153, 181.
[62] Primitive Skills Gatherings. Traditional Tanners. Site consulté le 7 décembre 2005.
[63] Anonyme (26 novembre 2005). Re : Interview. Correspondance par e-mail avec l’autrice.
[64] Zerzan, J. (2002). Running on Emptiness : The Pathology of Civilisation (p.3). Los Angeles : Feral House.
Traduction de What is Anarcho-Primitivism ? – Texte nord-américain anonyme publié en 2005 sur blackandgreenbulletin.blogspot.org.
Texte original disponible sur The Anarchist Library.
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