P
Pierre par pierre - mur par mur
Quelques pistes pour organiser des chantiers à plusieurs quand on aime pas les chef.fe.s
mis en ligne le 28 août 2019 - Anonyme
Mon tout premier objectif en écrivant cette brochure était d’éviter à d’autres quelques expérimentations faites par essais/erreurs, éviter certains déboires qui peuvent provoquer du découragement et donc faire en sorte qu’on puisse continuer à s’enthousiasmer à l’idée d’organiser des chantiers.
J’avais aussi envie qu’elle pose des questions d’ordre relationnel souvent reléguées au second plan mais qui me semblent essentielles si l’on souhaite mettre en pratique de manière cohérente des idées anti-autoritaires que l’on porte par ailleurs.
Cette brochure est écrite d’une manière qui peut laisser penser qu’elles ne s’adresse qu’aux personnes qui souhaitent organiser des chantiers. Elle est aussi (je le souhaite fort) destinée à permettre de mieux comprendre dans quoi on met les pattes lorsqu’on est "juste" participant.e. On a ainsi plus de prise sur les enjeux d’un chantier, ce qui peut aider à anticiper les endroits qui peuvent nous mettre en jeu.
Dans un document à part, j’ai rédigé des annexes qui rassemblent des informations que je trouve pratiques de garder sous le coude : formules de calculs, exemples explicités, tableaux de conversions, liste des masses volumiques des principaux matériaux et liens internet que j’ai trouvés pertinents pour trouver des informations plus précises dans différentes thématiques (de la construction et relationnelles).
Sommaire :
1. Décider du chantier : une étape où il faut
accumuler beaucoup d’informations tout en
faisant des choix
- 1.1 Prendre en compte les idées de chaque
personne tout en trouvant des solutions
collectives
- 1.2 Évaluer les moyens disponibles
- 1.2.1 Les personnes prêtes à s’embarquer dans l’orga
- 1.2.2 La thune
- 1.2.3 Les récup
- 1.2.4 Les capacités d’accueil
- 1.2.5 Le temps
- 1.2.6 Les ressources et complicités "extérieures"
- 1.3 Des pistes pour essayer d’évaluer de manière
réaliste le temps nécessaire à l’orga d’un
chantier
- 1.3.1 Avant le chantier
- 1.3.2 Pendant le chantier
- 1.3.3 Après le chantier
- 1.3.4 Limiter la pression et le sentiment d’urgence
- 1.4 Collecter des informations
- 1.5 Conception/plans
- 1.5.1 Partir du général pour revenir au particulier
- 1.5.2 L’accessibilité
- 1.5.3 Détailler les étapes
- 1.5.4 Les documents, la transmission des infos
- 1.6 Quelles compétences sont nécessaires pour
réaliser ce/ces chantiers et la répartition
des tâches
- 1.6.1 Définir les besoins
- 1.6.2 Dans quels domaines avons-nous besoin d’aide ?
- 1.6.3 Comment se répartir les tâches ?
- 1.7 La taille du chantier et qui on invite
- 1.7.1 Combien de personnes ?
- 1.7.2 Qui ?
- 1.7.3 Pour quoi ?
2. On y est presque ! La prépa "concrète"
- 2.1 Invitations
- 2.1.1 Rédiger l’invitation
- 2.1.2 Les réponses aux invitations
- 2.2 Approvisionnements / achats
- 2.3 Équipements de sécurité et outils
- 2.3.1 Les équipements de sécurité
- 2.3.2 Les outils
- 2.3.3 Gérer les emprunts d’outils
- 2.4 Aménagements
- 2.4.1 Faciliter l’accès du chantier pour les matériaux
- 2.4.2 L’eau et l’électricité
- 2.4.3 Ranger les outils et stocker les matériaux
- 2.4.4 Anticiper la météo
- 2.4.5 Affichages
- 2.4.6 Douches
- 2.4.7 Cuisine
- 2.4.8 Diversité de solutions de couchage
- 2.4.9 Espaces pour manger, se poser, se réunir, faire d’autres
types d’activités
- 2.5 Pharmacie
- 2.6 Risques d’incendies
3. L’organisation pendant le chantier
- 3.1 Habiter ensemble en dehors des temps de
travail
- 3.1.1 Horaires
- 3.1.2 Tâches de la vie quotidienne
- 3.1.3 Manger
- 3.2 Prendre soin
- 3.2.1 Ce qui peut jouer sur le moral
- 3.2.2 L’effet "bourrin.ne"
- 3.2.3 Du temps pour s’échauffer et s’étirer, apprendre
à ne pas se faire mal - 3.2.4 Le sommeil, la fatigue en général
- 3.2.5 Déshydratation et chaleur
- 3.2.6 L’alcool et les drogues
- 3.2.7 Le bruit
- 3.2.8 Limiter la pression
- 3.3 Temps libre, pauses et autres activités
- 3.4 Travailler
- 3.4.1 Se créer un langage commun
- 3.4.2 Présentation des chantiers
- 3.4.3 Répartition des rôles-Changer de rôle en cours
de chantier - 3.4.4 Le démarrage
- 3.4.5 Apprentissage et transmission
- 3.4.6 Sécurité
- 3.4.7 Se coordonner
- 3.4.8 Comment ce qui a été fait par plein de personnes à
différents endroits prend du sens pour tou.te.s
- 3.5 Ce qu’il faudrait faire régulièrement
4. Et après ?
- 4.1 Rangement
- 4.2 Retour des emprunts
- 4.3 Finir ce qui n’a pas pu l’être
- 4.4 À suivre ?
- 4.5 Se reposer
Il m’aura fallu 4 ans pour écrire cette brochure : par "manque de temps" ou disons par choix de passer mon temps à d’autres choses. Surtout, ce que j’avais pensé à la base comme un outil de quelques pages pour transmettre des infos pratiques sur les chantiers [1] s’est transformé au fil du temps en un "chantier" beaucoup plus conséquent pour moi vu mes difficultés à me confronter seule à l’écrit.
Parce qu’elle s’est écrite sur plusieurs années, cette brochure est donc aussi le reflet de ce qui m’a questionné pendant tout ce temps. Les thématiques du consentement dans les relations ont notamment peu à peu imprégné l’ensemble des textes que je rédigeais car il m’apparaissait de plus en plus évident que ces thèmes ne pouvaient pas concerner seulement les domaines affectifs et sexuels, mais bien l’ensemble des manières de relationner.
J’ai bien galéré à faire que cette brochure reste un outil "pratico-pratique" pour organiser des chantiers. J’avais envie qu’elle pose des questions d’ordre relationnel souvent reléguées au second plan mais qui me semblent essentielles si l’on souhaite mettre en pratique de manière cohérente des idées anti-autoritaires [2] que l’on porte par ailleurs. Pour autant je ne souhaitais pas m’embarquer à rédiger un essai sociologique sur "les rapports entre individus dans des contextes de chantiers". J’espère avoir à peu près réussi ce subtil mélange qui reflète bien pour moi ce que j’aime partager dans les chantiers.
Bien que les expériences que j’ai vécues de participation et d’organisation de chantiers "collectifs", "participatifs", "bénévoles" (mais pas que) furent toutes riches et plutôt joyeuses, elles posaient à chaque fois de nouvelles questions (et elles continueront de m’en poser, c’est certain et je le souhaite fort !). Elles me confrontaient (et me confrontent toujours), ainsi que les différentes personnes avec qui j’ai partagé l’organisation et les chantiers, à des problématiques pas toujours faciles à encaisser (on a son égo… et il en prend un coup).
La pression à atteindre un objectif fixé mais aussi l’enthousiasme qu’on peut individuellement ressentir amènent parfois à des manières d’interagir avec les autres pas forcément glorieuses, notamment dans ce qu’elles laissent entrevoir de rapports de pouvoir tout pourris contre lesquels on tente de se battre/on se bat par ailleurs. J’espère avoir réussi à faire ressortir les enjeux que je ressens à prendre garde aux phénomènes d’urgence qui empêchent régulièrement (et parfois volontairement) de prendre le temps de réfléchir aussi à "comment" on va faire.
Quand bien même en tant que meuf ayant une grille de lecture anti-autoritaire (donc féministe) j’ai pu longuement observer et analyser les implications du rapport de domination patriarcal dans les contextes de chantiers [3] , j’ai fait le choix de ne pas focaliser ce que j’écrivais autour de ces enjeux pour ne pas occulter tous les autres rapports de domination (et l’imbrication complexe des rapports de pouvoir) et pour ne pas verser dans l’écrit sociologique qui n’était pas mon objectif. Il me semble pour autant notable de remarquer que c’est bien une meuf et pas un gars qui s’est tapée ce boulot de réflexion et de rédaction des quelques pistes qui suivent pour mettre en lien enjeux relationnels et techniques. CQFD.
Cette brochure est écrite d’une manière qui s’adresse principalement aux personnes qui souhaitent organiser des chantiers, mais elle est (je le souhaite) possiblement une manière pour comprendre et avoir plus de prise sur un chantier également lorsqu’on y participe.
Lire le sommaire de cette brochure peut faire peur [4] . Il faut savoir que certaines des propositions faites ici ne seront utiles que pour l’orga de "gros" chantiers (avec beaucoup de personnes et de l’hébergement, ou dans le cas de chantiers avec plusieurs équipes et/ou espaces de travail). Évidemment, ce n’est pas pareil si c’est seulement un chantier de 3 jours à 4 personnes qui rentrent dormir chez elles le soir.
De même, l’idée a été de pouvoir donner quelques billes concernant ce à quoi il faut penser pour planifier différents chantiers sur du moyen/long terme (rénovation d’un bâtiment dans son ensemble par exemple).
L’objectif de cette brochure n’est pas de vous noyer sous une tonne d’informations. Alors n’hésitez pas à choisir les paragraphes en fonction de vos besoins, lisez-en certains en diagonale si ça ne vous semble pas utile de vous y arrêter, annotez, inventez et testez d’autres manières de faire, faites votre propre tambouille…
Voilà, mon tout premier objectif était d’éviter à d’autres quelques expérimentations faites par essais/erreurs (certes intéressantes une fois qu’on a pris du recul, mais parfois rudes sur le moment !), éviter certains déboires qui peuvent provoquer du découragement et donc faire en sorte qu’on soit plein à s’enthousiasmer à l’idée d’organiser des chantiers.
J’espère avoir atteint cet objectif !
1. Décider du chantier : une étape où il faut accumuler beaucoup d’informations tout en faisant des choix
Selon les chantiers, il peut y avoir un enjeu plus ou moins important à prendre vraiment du temps pour réfléchir, faire des recherches, confronter nos idées à celles d’autres. Construire une cabane à outils ou retaper un bâtiment dans son ensemble pour y accueillir de l’habitation et/ou des événements publics n’impliquent pas la même chose selon par exemple que le lieu sur lequel on fait le chantier a une situation pérenne ou pas.
– 1.1 Prendre en compte les idées de chaque personne tout en trouvant des solutions collectives
Il peut y avoir plusieurs manières de collecter les différents besoins des personnes concernées par un projet de chantier. Ça peut passer par une grande discussion avec toutes les personnes concernées, des temps d’échanges avec chacun.e faits par quelques personnes pour en synthétiser les différentes idées, un cahier où laisser des propositions, etc...
Plus il va y avoir de personnes concernées par ces questions, plus il faudra proposer de formes et de temps différents afin de réussir à avoir un aperçu complet des enjeux qu’impliquent tel aménagement ou telle construction.
Certaines personnes n’ont pas de compétences techniques mais un regard pertinent sur les possibles évolutions des besoins du lieu. Dans ce premier temps, la question n’est pas de réfléchir en terme de faisabilité. Renvoyer directement à certaines personnes lorsqu’elles donnent leur avis que "ça ne va pas marcher", risque peut-être de les amener à ne plus donner leur avis par la suite et à se sentir exclues du processus de réflexion/organisation. Des personnes "qui s’y connaissent" peuvent avoir sur le moment des objections à formuler à telle ou telle idée parce qu’elles en ont la représentation que ce serait très coûteux ou technique à réaliser. Mais au fil des discussions, le fait que cette proposition ait été évoquée peut permettre en la combinant avec une autre idée de donner lieu à "LA" solution : c’est-à-dire la plus adaptée au contexte ainsi qu’aux besoins et envies des personnes qui utiliseront cet espace.
Il arrive notamment aussi que, lorsqu’on a une compétence dans un domaine particulier (bois, pierre, métal...), on ne voit que par cette focale et qu’on passe à côté de solutions plus pratiques, plus jolies mais aussi plus amusantes à réaliser ou à utiliser. Si on "oublie" de demander leur avis à d’autres (parce que notamment on serait déjà focalisé.e.s sur une idée), on risque fort de passer à côté de leurs compétences. On peut penser les "compétences" dans le sens technique du terme (diplôme et tout ce qui va avec), mais pour moi c’est nettement plus large que ça. Utiliser un espace, c’est-à-dire y vivre et y faire les activités pour lequel il est pensé (ou pas !), offre je trouve un regard beaucoup plus pertinent sur les solutions à envisager que celui du/de la technicien.ne qui n’a jamais l’usage de ce qu’iel construit/aménage.
– 1.2 Évaluer les moyens disponibles
- 1.2.1 Les personnes prêtes à s’embarquer dans l’orga
Concrètement, "on" est combien ? C’est qui "on" ? ça veut dire quoi pour chacun.e le fait "d’en être" ?
Des fois il y a plein de personnes (et tant mieux !) qui trouvent que ce serait une super idée d’organiser un "gros" chantier (au fait, ça veut dire quoi un "gros" chantier pour chacun.e ? Voir 1.7.1). Ça se passerait sur 15 jours avec plein de potes, histoire de refaire la toiture, aménager la cuisine avec une table qu’on peut ranger au plafond avec des poulies quand on veut faire une boum, et puis aussi construire une cabane dans les arbres et enterrer les 200 mètres de canalisations d’eau avant qu’il ne gèle ! Mais peut-être qu’une partie des personnes enthousiasmées par cette idée pensent par ailleurs ne pas être concernées par la prépa (parce qu’elles "n’y connaissent rien", parce que ça semble évident qu’elles n’ont pas la dispo) ou bien parce que, par manque d’expérience, elles n’imaginent pas ce que ça représente. À contrario, d’autres peuvent (parce qu’elles ont le temps, des expériences antérieures) imaginer que cet engouement général est une forme "d’engagement" de chacun.e à s’embarquer dans 3 mois de prépa à temps plein. Si un tel malentendu persiste trop longtemps, ça peut faire des mauvaises surprises de part et d’autres, créer des déceptions et de la rancœur.
Je trouve donc important que chacun.e réfléchisse en dehors d’un moment d’enthousiasme collectif à ce qu’iel est prêt.e à mettre comme énergie dans les temps qui viennent pour prendre part à la prépa d’un chantier (ou de tout autre "projet" d’ailleurs...). J’ai l’impression qu’une manière de faire, c’est de laisser passer un peu de temps et de se donner rendez-vous plus tard pour en reparler en ayant pris chacun.e de son côté la peine d’y réfléchir (pour des pistes de questions à se poser : voir 1.6.3).
Je trouve que ça vaut le coup aussi d’évoquer l’éventualité (et ses conséquences) qu’au cours du processus de réflexion il faille revoir à la baisse les projets, voire décider de ne pas faire tout ou partie du chantier. Ça peut sembler défaitiste, mais ça me semble important que cette possibilité existe pour ne pas donner le sentiment qu’on n’a pas le choix... donc qu’il faudra absolument que des personnes "se dévouent" pour porter l’ensemble. C’est au contraire je trouve ce qui peut permettre que chacun.e s’embarque dans cette histoire avec une réelle envie, en faisant un vrai choix. (Voir fin de la partie 1.3)
- 1.2.2 La thune
Quand on évalue le coût d’un chantier, au-delà des coûts en matériaux, il ne faut pas oublier de prendre en compte les fluides (électricité, eau, gaz pour la cuisine) ; la nourriture ; l’essence et l’usure des véhicules pour faire des courses (matos/bouffe) avant et pendant le chantier, pour aller chercher des personnes à la gare, pour faire des récups ; les coûts de livraison des matériaux… Prévoir une caisse "imprévus", peut aussi permettre d’éviter de se planter. (Voir 1.5.3)
- 1.2.3 Les récup
Faire des récups de matériaux, de nourriture peut permettre de réduire de manière conséquente les coûts d’un chantier, mais il ne faut pas oublier de tenir compte du fait que ça prend du temps et que ça peut aussi coûter de l’argent en transport et en fatigue. Démonter un vieux parquet pour le réutiliser implique d’en retirer les clous qui ont servi à le fixer et il faudra ensuite le transporter ; récupérer des pierres sur une ruine nécessite des véhicules pouvant supporter de lourdes charges et beaucoup de manutention. Parfois ça implique aussi de faire le tour de plusieurs "poubelles" d’entreprises à différentes dates (par exemple pour trouver des fenêtres qui ont les dimensions qu’on cherche).
- 1.2.4 Les capacités d’accueil
Est-ce que le lieu permet d’héberger tout le monde ? Ou, si on est en ville, existe-t-il des lieux proches où il est possible de dormir (voir 1.2.6) ?
S’il fait bon, des espaces pour camper ou poser des camions/véhicules aménagés (donc un peu plats...) peuvent suffire. Mais, en cas de froid, il vaut parfois mieux prévoir des espaces à l’intérieur.
Il ne faut pas oublier non plus de se demander s’il y a de la place pour des espaces de vie quotidienne confortables... (voir 2.4.6 à 2.4.9).
Et dans le cas où plusieurs chantiers seraient menés en parallèle : comment penser l’espace pour qu’ils ne se gênent pas mutuellement à un moment ou à un autre (voir 1.5.3) ?
- 1.2.5 Le temps
Pour ne pas se retrouver dépassé.e.s, il vaut mieux tout compter parce que récupérer des fenêtres, acheter des bottes de paille... et bien ça implique de faire des trajets aller-retour, charger/décharger/ranger, voire aménager un espace ou vider une pièce pour pouvoir stocker le matos... (voir aussi 1.5.3)
Tout ça peut vite faire des heures, des journées ou des semaines en plus (et ça peut aussi coûter cher, notamment à force de faire des allers-retours en véhicules. Le super plan récup ou l’occas’ du siècle sur "le bon coin" ne sont pas toujours si avantageux que ça).
Penser à compter également le temps "qui ne compte pas", où on ne fait "rien", c’est-à-dire les temps d’attentes : les délais de production et/ou livraison des matériaux (voir 2.2), les temps de séchages (dalles, fondations, assemblages en menuiserie) ou bien lorsqu’il lorsque le choix a été fait de demander un permis de construire (voir 1.5) par exemple.
Dans tous les cas, même lorsqu’on pense avoir tout anticipé, prévoir de la marge pour des imprévus, ne pas hésiter à sur-évaluer le temps que peuvent prendre certaines choses. On peut alors avoir l’agréable surprise d’être un peu "en avance" sur ce qu’on imaginait, d’avoir l’occasion d’une journée tranquille ensemble et de pouvoir finir vraiment (y compris le rangement !) pendant le temps où il y a du monde sur place et pas en jouant les prolongations à 3 ou 4 alors qu’on est super fatigué.e.s… (voir 1.3 ; 4.1 et 4.3)
Des fois préparer un chantier ça veut dire prévoir un autre chantier en amont (avec plus ou moins de monde) pour construire des aménagements (voir 2.4), anticiper une étape nécessaire pour faire le chantier en lui-même (couler une dalle quelques semaines avant pour pouvoir bosser dessus/autour). Ça veut donc dire la prépa, les approvisionnements, etc... pour ce chantier également.
- 1.2.6 Les ressources et complicités "extérieures"
Ce que j’appelle les ressources extérieures, c’est, au delà des personnes et ressources concrètes qu’on peut identifier parmi les personnes directement embarquées dans le lieu ou la prépa du chantier, les personnes qu’on identifie comme pouvant filer un coup de main : la pote du pote de potes qui fait de la soudure ; les voisin.e.s paysan.ne.s qui pourraient venir avec leur tracteur pour sortir la souche d’un arbre en une demi-heure là où 4 personnes peuvent y laisser leur journée et leurs dos ; les potes qui font du jardin et qui pourraient prêter des pioches ; celleux qui squattent un grand bâtiment dans le quartier et qui peuvent accueillir les espaces de vie quotidienne pour la durée du chantier (dormir, manger, se laver) ; celleux qui organisent des cantines et qui sauront facilement filer des infos utiles pour l’orga des repas ; celleux qui ont déjà retapé une baraque et qui pourront dire ce qu’iels referaient différemment si iels en avaient l’occasion ; la boulangerie d’à côté avec qui il y a peut-être moyen de s’arranger pour avoir des prix, voire du pain en récup, etc.
Sans forcément contacter tout le monde directement (des fois le début de la réflexion commence longtemps avant un chantier), avoir déjà fait un peu le tour permet de ne pas se décourager en ayant l’impression de se confronter à une montagne, ou bien au contraire de s’emballer en se disant "ouais mais t’inquiète, y aura plein de monde pour filer la main" sans avoir vraiment réfléchi à qui.
– 1.3 Des pistes pour essayer d’évaluer de manière réaliste le temps nécessaire à l’orga d’un chantier
Oublier certains aspects du chantier peut créer lorsqu’on s’en rend compte une situation stressante, "d’urgence" qui rajoute de la pression dans des situations qui sont parfois (mais pas toujours !) bien assez speed. Parce qu’en effet, vu qu’on n’avait pas prévu des personnes pour le faire, ce "truc" qui se rajoute quand on ne s’y attend pas impose à quelques personnes ou à toutes de dégager du temps en plus pour s’en occuper. Et ça, c’est potentiellement stressant.
Voici une liste de quelques éléments à ne pas oublier lorsqu’on essaye de planifier un chantier. Comme c’est dit en intro, ça ne veut pas dire que tous les chantiers sont concernés par tous ces points, mais en se posant la question, on peut éviter d’avoir une mauvaise surprise.
- 1.3.1 Avant le chantier :
- le temps nécessaire aux recherches, à la réflexion, à la conception et aux prises de décisions (voir 1.4 ; 1.5 ; 1.6 et 1.7 dans leur totalité),
- si c’est un choix qui est fait, les délais de montage des dossiers de permis de construire, les délais d’attente de réponses, les retours du dossier parce qu’il manque des documents, re les délais d’attente de réponse, etc.. ça peut parfois signifier plusieurs mois (voir 1.5),
- trouver assez d’outils pour tout le monde (voir 1.2.6 ; 2.3.1 et 2.3.2)
- les approvisionnements en matériaux : récup et achats + le temps pour les faire et les délais des magasins (voir 1.2.3 ; 1.2.5 et 2.2)
- les petits chantiers qu’il est nécessaire d’avoir réalisés pour pouvoir commencer. Par exemple, faire un mini-chantier pour créer les aménagements nécessaires pour accueillir les personnes qui viendront faire le "gros" chantier : WC, douches, sleeping… (voir la partie 2.4)
- et donc, il ne faut pas oublier de prendre en compte le temps de prépa de ces "petits" chantiers (voir 1.2.5)
- 1.3.2 Pendant le chantier :
- le temps d’ apprentissage : c’est toujours plus lent le/les premiers jours, parce qu’on prend ses marques, on cherche les outils, on apprend à se construire un langage commun avec les personnes avec qui on travaille, on apprend tout court... (voir 3.4.1 ; 3.4.4 et 3.4.5),
- le temps d’installation/d’arrivée : installation vie quotidienne et présentation/choix des chantiers (voir 3.4.2 et 3.4.3),
- les délais de séchage de certains types de travaux (assemblages collés, temps de séchage des enduits, sous-bassements ou fondations) (voir 1.5.3 et 2.4.4),
- les journées de pause si le chantier dure plus de 4 ou 5 jours (voir 3.3),
- la météo (voir 2.4.4) et la possibilité que cela empêche de travailler certains jours,
- les imprévus… et oui, il y en a quand même (presque) toujours,
- le temps de rangement (voir 4.1 et 4.2)
- 1.3.3 Après le chantier :
- le temps pour finir ce qui ne l’aurait pas été (voir 4.3)
du temps pour faire le point, un bilan, garder des traces.. seul.e ou à plusieurs (voir 4.4 et 4.5), - le besoin de repos après tout ça, c’est-à-dire tenir compte du fait qu’on ne pourra sûrement pas embrayer directement sur autre chose (voir 4.5)
- le temps pour finir ce qui ne l’aurait pas été (voir 4.3)
- 1.3.4 Limiter la pression et le sentiment d’urgence
Un petit truc pour être un peu tranquille, surtout si on n’a jamais fait ce type de réalisation, ou alors pas dans ce contexte, c’est d’essayer d’évaluer combien de temps on imagine nécessaire au maximum… et de rajouter un tiers de temps en plus (ou un quart, ça dépend de la durée et d’à quel point on doute) (voir aussi 1.2.5).
Limiter la pression, pour moi ça a du sens pour plusieurs raisons. D’une part, faire que le chantier soit agréable pour tou.te.s, c’est-à-dire pour les participant.e.s mais aussi les personnes qui coordonnent le(s) chantier(s). Parfois la pression n’est pas ressentie par les personnes qui participent (et tant mieux !), mais celles qui organisent le chantier finissent épuisées, voire fâchées entre elles. D’autre part (et c’est lié), ça fait sens de ne pas se retrouver (à cause de la pression qu’on ressent) à mettre en place des fonctionnements pourris (rôles de chef.fe.s, productivisme etc.) qu’on peut par ailleurs critiquer dans le travail salarié (voir 3.2.8).
Je crois fort que pour éviter ça, il faut s’être explicitement questionné.e.s ensemble sur ce qu’on appelle "l’urgence" et ce qu’elle suscite en chacun.e. Pour sûr, ça ne va pas éviter de vivre de tels moments. Mais on pourra mieux y faire face, prendre du recul à plusieurs, se faire taper sur l’épaule d’une manière un peu chouette et qui nous va si on en a déjà parlé avant.
Également dans l’idée de limiter la pression qu’on peut ressentir pendant le chantier ou pendant la prépa, ça me semble vraiment nécessaire d’avoir pris le temps de se poser la question des enjeux qu’on a à ce que ça soit fini dans les temps (voir 1.2.1).
Qu’est-ce qui se passe si ce n’est pas le cas ? Quelles sont les priorités si on constate qu’on n’arrivera pas à finir tout ce qui a été commencé ? Quels moyens on se donne pour régulièrement évaluer (lever le nez du guidon) et réajuster nos objectifs pour qu’ils restent réalisables ? (voir 3.2.1 ; 3.2.2 ; 3.3 ; 3.4.7 et 4.3).
– 1.4 Collecter des informations
Il est souvent intéressant de demander plusieurs avis/récits d’expériences à des personnes qui ont déjà été confrontées à des situations similaires ou proches. Mais il faut savoir qu’il est très rare de retrouver une situation identique en tous points et où il serait juste possible de faire un copier-coller de la solution retenue. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit d’une rénovation ou de la transformation d’un bâtiment existant.
Aussi, il faut faire attention à ne pas demander trop d’avis ou à ne pas imprimer des centaines de pages de commentaires lus sur des forums afin de ne pas se retrouver à crouler sous une quantité d’informations parmi lesquelles il devient difficile de différencier celles qui sont importantes de celles qui sont accessoires.
En ce qui concerne les recherches sur internet : on ne sait jamais trop dans quoi on s’embarque lorsqu’on commence à visiter des sites ou des forums de discussions thématiques. Alors pour pouvoir s’y retrouver plus tard, je conseille vivement de noter d’où proviennent les infos collectées (adresse du site pour pouvoir retourner chercher des infos complémentaires si besoin) et de quand elles datent (certaines infos se "périment", par exemple les tarifs de certains matériaux/outils ou bien les contacts de personnes ou de carrières où il est possible de se fournir en argile). (Voir 1.5.4)
– 1.5 Conception/plans
Pour info, je ne consacre pas de partie aux questions de permis de construire (ou de déclaration de travaux selon les cas). Sûrement ça serait utile concrètement (quelles questions ça pose de le demander ou pas, les démarches et délais pour le faire, etc.) mais je n’ai aucune envie de me taper ces recherches (sûrement elles sont dispos auprès de tout un tas de personnes qui sont déjà passées par là). Tout ce que j’ai envie d’en dire c’est que c’est un bout qui peut prendre énormément de temps, alors il vaut mieux ne pas le zapper (voir 1.2.5 et 1.3).
- 1.5.1 Partir du général pour revenir au particulier
Ça veut dire se demander si ce qu’on construit/répare aujourd’hui ne va pas compliquer un chantier qu’on prévoit pour plus tard. Cette question se pose particulièrement dans les cas où le manque de moyens financiers impose de faire des choix dans la priorité des travaux à envisager. Cela va peut-être impliquer de planifier les différents chantiers selon un autre ordre que celui qui aurait été le plus logique si on avait eu plein de temps et de sous (par exemple on peut se retrouver à faire rapidement des aménagements pour rendre utilisable une cuisine tout en sachant qu’il faudra les démonter/détruire lorsqu’il y aura l’argent ou le plan récup pour refaire la plomberie).
- 1.5.2 L’accessibilité
Cette question est souvent reléguée dans le rang des "bonus", les choses à penser plus tard quand on aura du temps et de l’argent mais c’est typiquement le genre d’oubli qui impose par la suite de devoir détruire ce qu’on aura au préalable construit... Et puis penser l’accessibilité d’un espace, ça n’est pas simplement penser aux personnes qui ont durablement ou temporairement des difficultés pour se déplacer. Un lieu avec des portes larges et de plein pied, des rampes plutôt que des marches, rend l’usage plus agréable pour tout le monde à tout moment : qu’il s’agisse de l’étape de chantier où cela permet d’amener une brouette de matériaux ou de mortier (bien liquide...) sans avoir à la porter, ou bien lorsqu’on ramène direct avec le caddy les courses de produits secs qu’on a prévu pour les 3 prochains mois… (voir annexes)
- 1.5.3 Détailler les étapes
Détailler chaque étape peut permettre de voir qu’on a oublié un élément anodin mais aux conséquences importantes. Quand je parle de détailler chaque étape, c’est justement prendre en compte ce qui "ne se compte pas". Par exemple, les temps de séchage c’est pas du temps de "travail". Il n’empêche que pendant ce temps-là on peut ou on ne peut pas faire autre chose. Et justement quand on ne peut pas, ben ça risque de coincer avec ce qu’on avait imaginé comme délais à tenir. C’est donc parfois aussi en croisant nos infos/questions avec celles d’autres personnes qu’on réalise tel ou tel type d’enjeu dont on n’avait pas conscience. Typiquement, si quelqu’un.e planifie le chantier pour poser le carrelage et nous annonce que ce sera fait en 5 jours, on peut avoir dans la tête que le 6ème jour on pourra venir dans la pièce pour finir l’électricité. Sauf qu’il faudra certainement attendre un ou plusieurs jours avant de pouvoir marcher dessus, (sauf si la personne avait inclus le temps de séchage dans l’estimation de durée du chantier).
Dans la catégorie des choses à penser qui peuvent interagir, il y a bien sûr les interactions avec d’autres chantiers qui auraient lieu en même temps ou juste après (une structure bois qui doit être posée sur des plots de fondations), l’usage de l’espace où se déroule le chantier (est-ce que cet espace garde une fonction nécessaire au quotidien ? Comme une cuisine par exemple), les contraintes d’horaires (on ne peut pas commencer avant telle heure, ou bien pas finir plus tard que… à cause du bruit par exemple), etc.
Le fait de prendre le temps de détailler un plan, les étapes d’un chantier, les matériaux nécessaires etc permet aussi de ne pas avoir de mauvaise surprise d’achats/récup non prévu.e.s ou d’outils à trouver (voir 2.3.2). Une structure en bois est principalement faite de bois, mais on peut prévoir de la visser ou de la faire tenir par des équerres ou tout autre quincaillerie. Certes, le bois est souvent le plus cher ou le plus compliqué à récupérer et on se focalise dessus, laissant traîner le moment de penser à la visserie. Ça peut finir qu’on fait acheter ça la veille du chantier et c’est à ce moment-là qu’on réalise que ce sont des quantités importantes d’éléments de quincaillerie et que donc ça va coûter cher (voir 1.2.2).
On peut commencer en partie un descriptif d’étapes de chantier mais des fois on n’a pas les compétences pour aller très loin. Ça peut être repris par la suite par une personne qu’on aura sollicitée spécifiquement pour coordonner tel chantier (voir 1.5.4 et 1.6).
- 1.5.4 Les documents, la transmission des infos
Garder des traces de toutes les étapes de réflexion (et notamment d’où viennent les infos, voir 1.4), ça permet de se souvenir et/ou de transmettre à d’autres les chemins qu’on a suivis pour arriver à prendre une décision.
Parfois la préparation d’un chantier se fait sur plusieurs mois, par des discussions entre des personnes qui ne sont pas forcément toutes présentes d’une fois sur l’autre. On pense rarement à le faire, mais lorsqu’on fait des calculs sur une feuille de brouillon pour un approvisionnement de matériaux par exemple, écrire une petite phrase à côté des différents résultats pour expliciter ce que tel ou tel chiffre représente (surface de la dalle à couler, volume de mortier total, volume de sable à acheter, volume de sable qu’on a déjà...etc…), ça permet de ne pas refaire les mêmes calculs 2 mois ou 2 heures plus tard. C’est souvent suffisant de simplement garder les brouillons sans forcément passer son temps à recopier au propre tout ce qu’on fait.
Mettre régulièrement au propre les notes et les schémas aide tout de même à s’y retrouver, mais surtout à transmettre plus facilement des informations à d’autres.
– 1.6 Quelles compétences sont nécessaires pour réaliser ce/ces chantiers et la répartition des tâches
- 1.6.1 Définir les besoins
Ça va pas mal passer par le fait de décrire quels vont être les chantiers et ce qu’ils impliquent. Ça veut dire des allers-retours entre ce qui s’appelle plus haut "détailler les étapes" (1.5.3) et ce qui suit. On peut réaliser au fur et à mesure du temps qu’on va avoir besoin de telle ou telle compétence. Dans "compétences", je mets aussi ce qui est de l’ordre des expériences (voir 1.1). C’est-à-dire que ça n’est pas une histoire de qui a la formation dans tel ou tel "métier" du bâtiment, mais aussi de qui dans nos connaissances proches ou moins proches a déjà fait ça auparavant (voir 1.2.6 et 1.4)… La question c’est pas le diplôme !
- 1.6.2 Dans quels domaines avons-nous besoin d’aide ?
Ça fait écho au fait de s’être posé les questions de quelles ressources on a ou pas (voir 1.2.1 et 1.2.6). Ça nécessite aussi d’évaluer quel temps chacun.e aura de dispo, et quand. Parce que pour s’engager à coordonner un chantier, il faut aussi savoir ce que ça va vouloir dire en terme de prépa, de passages sur le lieu du chantier si on n’est pas sur place. Est-ce que, parce qu’on prépare un chantier, on fait aussi les récups de matériaux qui vont avec ? Est-ce que ça peut être fait en même temps que d’autres récups ? Faire gaffe lorsque ce ne sont pas les mêmes personnes aux différentes étapes, à la transmission des informations (voir 1.5.3 et 1.5.4).
- 1.6.3 Comment se répartir les tâches ?
Attention au cumul des mandats qui peut mener au burn-out, mais aussi à l’hyper spécialisation qui fait perdre une vue d’ensemble. On peut se retrouver à prévoir les choses dans son coin et qu’au final ça ne marche pas parce qu’on n’a pas conscience des contraintes des autres.
Selon le contexte, la complexité de coordination de ce qu’on prévoit, il peut être important de prévoir un vrai temps de "réunion" en amont qui rassemble (au maximum) toutes les personnes concernées par la prépa du chantier (c’est-à-dire le "groupe de base" + les "personnes ressources"). Si c’est une réu "courte" (moins d’une journée), il faut que chacun.e ait préparé un minimum pour pouvoir répondre aux questions des autres. Lorsque le temps prévu est un peu long (genre deux ou trois jours), ça peut permettre que chacun.e avance individuellement de son côté (ça fait moins de trucs pour lesquels trouver du temps dans son quotidien) tout en faisant des allers-retours avec les autres pour affiner des propositions qui prennent mieux en compte tous les enjeux (voir 1.5.3).
En tout cas, peu importe sous quelle forme, il y a pas mal de choses à discuter pour ne pas s’engager à prendre en charge des choses dont on ne découvrirait certains enjeux qu’après coup, au fur et à mesure que le temps passe. Et si le sentiment d’urgence s’en mêle, ça peut rendre alors très difficile le fait de solliciter les autres pour des réajustements. On peut finir par se sentir "coincé.e", se retrouver avec des responsabilités qu’on n’est en réalité pas capable de porter, ou qu’on ne veut pas porter, ou bien pas seul.e, ou bien pas comme ça (voir 1.2.1).
Une liste (non exhaustive...) de questions à se poser à plusieurs pour permettre que chacun.e se demande ce sur quoi iel est prêt.e à s’engager et comment :
* concrètement, c’est quoi ce qu’on sait faire ou ce qu’on n’a jamais fait mais dont on se sent de prendre la responsabilité ; ce qu’on est prêt.e à faire seul.e ou au contraire surtout pas ; ce qu’on veut bien préparer mais pas réaliser (ou l’inverse) ?
*comment est-ce qu’on se sent de transmettre à des personnes (des fois on a des compétences, encore toutes fraîches ou pas, mais en tout cas qu’on se sent en difficulté de transmettre à d’autres) ? (voir 3.4.5)
*Est-ce qu’on se sent de de coordonner une équipe ? Est-ce qu’on l’a déjà fait et comment on imagine ce que ça implique (ça peut vouloir dire ne faire « que ça » et ne pas « travailler » soi-même) ?
*Comment on imagine que le groupe qui prépare est prêt à prendre en charge collectivement les conséquences des erreurs ou des imprévus qui (en amont ou pendant le chantier) peuvent modifier l’organisation d’une équipe ou de tout le chantier ?
*Quel temps a-t-on concrètement en amont ? Comment est-ce qu’on a en tête que sûrement ça va impliquer de répondre à des questions, interagir par mail ou téléphone avec d’autres personnes concernées ? Est-ce qu’on sera dispo pour ça et comment ça nous va le mieux de le faire ?
* Répartition concrète des rôles :
Comment on fait pour ne pas faire seulement ce qu’on sait déjà bien faire mais penser des binômes (ou +) pour se transmettre ce qu’on sait (des compétences techniques, des expériences d’organisation avec plein de monde, ou un regard particulier sur comment transmettre de manière chouette, être attentif.ve.s à ce que tout le monde aille bien...) ou pour se relayer sur des tâches "chiantes" ?
– 1.7 La taille du chantier et qui on invite pour y participer
Les réponses aux questions qui suivent sont importantes pour pouvoir lancer les invitations. Elles vont permettre de donner les moyens aux personnes qu’on invite de choisir de venir en sachant le mieux possible à quoi s’attendre. Et même si on n’aura sûrement pas pensé à tout, recevoir une invitation un peu précise leur permettra peut-être plus facilement de se sentir à l’aise pour poser des questions et juger ainsi si le contexte leur convient.
- 1.7.1 Combien de personnes ?
Grand ou petit chantier ? Selon ce qu’on décidera, ça va nécessiter plus ou moins de monde pour préparer et pour coordonner, et ça donnera des ambiances différentes.
Ça dépend vraiment de ce qu’on a envie de vivre (voir 1.7.2 ; 1.7.3 et 1.7.4) et de ce qu’on se sent de porter : plus longtemps avec moins de personnes (par exemple plusieurs petits chantiers qui se suivent ou avec des temps de pause entre chaque) ou plus court et intense (un seul gros chantier à beaucoup).
Ça va dépendre aussi de :
* qui coordonne chaque chantier ?
* combien de personnes se sentent-iels d’accompagner ?
* combien de personnes peuvent bosser au maximum en même temps ?
Il y a aussi l’aspect logistique. Est-ce que le lieu permet d’accueillir confortablement tout le monde (voir 1.2.6 ; 2.4.8 et 2.4.9) ? Est-ce qu’on aura / est-ce qu’on se sent de trouver des outils pour tout le monde ? (voir 1.2.6 ; 2.3.1 et 2.3.2)
- 1.7.2 Qui ?
Dans quelle(s) mixité(s) est-ce qu’on a envie de vivre ce(s) chantier(s) ? Est-ce qu’on veut que ce soit un espace de rencontres ? Pour/entre/avec qui (des personnes qu’on connaît déjà ou pas, des personnes qui se connaissent entre elles ou pas, les voisin.es, la famille… Avec plus ou moins d’affinité politique...) ?
Est-ce que ça le fera pour tou.te.s ? C’est-à dire comment on prend en compte le fait que certains enjeux liés à des rapports de domination peuvent constituer de vrais freins à la participation de certaines personnes ?
Comment peut-on penser plusieurs chantiers en parallèle dans des mixités différentes ? Quels seront alors les espaces de "croisement" de ces différents groupes et comment on les pense ?
Les personnes qui viennent doivent-elles avoir des "compétences/expériences" particulières ou pas ? Si oui lesquelles ? Comment est-ce qu’on prend en compte que tout le monde n’a pas la même capacité physique ? En fonction de chaque chantier, quelles seront les différentes activités possibles ? Avoir réfléchi à ça permet de savoir si et comment les activités proposées pourront s’adapter aux spécificités des personnes qu’on voudrait inviter.
Comment est-ce qu’on envisage le fait que des personnes qui vivent habituellement ou à ce moment-là avec des enfants viennent au chantier avec elleux ? Y-a-t-il du chantier partageable avec des très jeunes ? Au-delà de la "capacité" de ces personnes, qu’en est-il de leurs envies ? Comment on en tient compte dans le rythme ? Comment on pourrait penser l’organisation autour de ce sujet pour que ça ne soit pas qu’aux personnes qui viennent avec des enfants de réfléchir avec elleux de ce qu’iels ont envie de faire dans la journée ?
Pour résumer, dans quelle mesure est-on prêt.e.s à s’adapter ? Qu’est-ce que le lieu et les chantiers permettent/empêchent ? Dans quelle mesure on est prêt.e.s à mettre de l’énergie pour adapter le lieu/le rythme pour tenir compte de contraintes ou besoins particuliers ? Quelles propositions peut-on déjà faire ?
- 1.7.3 Pour quoi ?
Est-ce qu’on invite seulement à faire du chantier ou à partager autre chose (genre des "vacances") ? Est-ce qu’il y aura une équipe cuisine ou est-ce que ce sera une des taches partagées à tour de rôle (3.1.2) ? S’il y a une équipe pour la préparation des repas, est-ce qu’on fait une invitation spécifique ?
Dans quelle mesure est-ce qu’on veut que ce soit un espace d’apprentissage (c’en est forcément un mais est-ce que c’est un objectif premier, secondaire..) ? Est-ce que c’est un chantier "école", c’est-à-dire où la question de la transmission de compétences/savoirs-faire est centrale (voir 1.6.3 et 3.4.5) ? Est-ce qu’on a envie de partager autre chose que le chantier : des discussions, des moments de balades…(3.3) ?. En gros, qu’est-ce qu’on a envie de partager ensemble ?
2. On y est presque ! La prépa "concrète"
– 2.1 Invitations
- 2.1.1 Rédiger l’invitation
Voir les paragraphes précédents : 1.7.1 ; 1.7.2 et 1.7.3.
Penser la manière dont on invite des personnes, ce qu’on donne comme infos sur le rythme, la manière de s’organiser, de manger, qui sont les autres personnes (Qui invite ? Qui est invité.e ? Qui coordonne les chantiers ? Est-ce que le chantier est dans une mixité particulière ? Y-a-t-il plusieurs chantiers en parallèle dans des mixités différentes ?).
Est-ce qu’il faut des compétences particulières ou pas ? Est-ce que c’est un chantier "école" (c’est-à-dire où la question de la transmission de compétences/savoirs-faire est centrale) ? Est-ce qu’on invite les personnes à venir participer à un chantier "physique" et/ou répétitif ?
Tout cela peut avoir une incidence sur la manière dont des personnes vont pouvoir se sentir de venir ou pas. Ça peut aussi avoir des conséquences sur le fait que les personnes peuvent être déçues ou mises en difficulté une fois sur le chantier. Par exemple, une personne peut s’attendre à apprendre une technique alors qu’en réalité elle ne fera que faire de la manutention, une autre peut s’épuiser parce que le rythme de travail n’était pas précisé. Ça veut peut-être aussi dire qu’on n’a pas pris assez soin d’en parler au début du chantier et de vérifier en cours de route comment les gen.te.s vont... (Voir 3.2 ; 3.4.2 ; 3.4.5 et 3.5)
C’est important de penser à préciser dans l’invitation ce qu’on sait déjà des possibilités qu’on a pour s’adapter au mieux aux besoins ou contextes des personnes qui viendront (comment on prend en compte que tout le monde n’a pas la même capacité physique, pas forcément de compétences techniques ou d’expérience dans la construction ; que certain.es auront des enfants qui les accompagnent et qui peut-être veulent aussi participer ; des besoins spécifiques comme de quoi bien dormir, des espaces non-mixtes, un régime particulier…). Ça passe entre autre par dire les contraintes du lieu et/ou du chantier et expliciter qu’on peut être contacté.e.s afin que des personnes qui en auraient envie puissent se sentir à l’aise de nous poser des questions.
- 2.1.2 Les réponses aux invitations
C’est un rôle à ne pas zapper pour l’équipe qui prépare le chantier. Les personnes qui prennent ça en charge doivent avoir une bonne vision d’ensemble des contraintes et possibilités du chantier (voir 1.6.3 et 2.1.1) car elles devront répondre aux questions des personnes, planifier les arrivées et départs. Il faut que ce soit une/des personne(s) facilement joignable(s) (définir comment), et prévoir des relais si la personne qui s’en occupe principalement ne peut pas être dispo à certains moments. Bien sûr, tout ça dépend de la taille et de la durée du chantier mais dans tous les cas, c’est une tâche à part entière et qui peut vite prendre du temps.
– 2.2 Approvisionnements / achats
Ne pas oublier l’accès à l’électricité et à l’eau (ouvrir des contrats ou les augmenter en puissance pour l’électricité). (voir aussi 2.4.2)
Faire des listes détaillées pour chaque chantier précisant quels matériaux devront être là avant le chantier, ceux qui peuvent arriver plus tard. Pour certains matériaux il est difficile d’évaluer précisément les besoins et ça nécessite d’attendre d’avoir commencé certaines étapes. Des fois, les plans ne sont pas encore définitifs, ça mérite d’avoir évalué (en appelant les fournisseurs par exemple) quelle souplesse on peut avoir ou pas pour passer des commandes, faire les récups.
Faire une liste globale qui regroupe les matériaux par type. Ça peut éviter d’acheter plusieurs fois du sable en sacs quand on en a besoin de presque tout un camion.
Attention ! Pour certains matériaux il y a parfois des délais : parce qu’on doit commander du bois en scierie pour être sûr.e d’avoir ce qu’il faut et que ce soit sec ; parce que certains matériaux sont peu utilisés et que les grands magasins de bricolage ne les ont pas forcément en stock ou pas en quantité importante ; parce que pour d’autres matériaux, c’est difficile à trouver (une terre suffisamment argileuse en vrac pour la construction par exemple) et que ça nécessite donc de nombreux coups de fil et/ou déplacements pour vérifier que c’est bien ce qu’on cherche (c’est particulièrement vrai pour les plans récup).
Selon la taille du/des chantiers et ce qu’on évalue concernant la possibilité de faire des courses pendant le chantier (la distance à laquelle se trouvent les magasins, la facilité d’avoir un véhicule dispo pour ça), il peut s’avérer utile de définir une tâche "approvisionnement" (voir 3.4.7) qui peut aller avec d’autres rôles nécessitant une personne mobile et véhiculée (par exemple ça peut être une personne qui se charge d’accueillir celleux qui arrivent et qu’il faut aller chercher à la gare). Une autre possibilité c’est de définir à l’avance un/des jours où il y aura des courses qui seront faites pour que les différents chantiers évaluent leurs besoins éventuels. S’il manque d’autres choses en dehors de ces temps-là, chaque équipe se débrouille alors pour aller les acheter/les récupérer par ses propres moyens.
ATTENTION aux dates de fermeture pour cause de vacances des magasins/entreprises auprès desquelles on compte se fournir ! Particulièrement en août.
– 2.3 Équipements de sécurité et outils
- 2.3.1 Les équipements de sécurité
Une petite liste (non exhaustive) à adapter selon les besoins :
– casques anti-bruit et/ou bouchons d’oreilles,
– gants (attention qu’ils soient étanches pour les mortiers à la chaux ou au ciment),
– lunettes de protection,
– chaussures de sécurité,
– cordes et baudriers pour travaux en hauteur,
– masques de protection pour la poussière ou les produits dangereux (simples masques en tissu ou carrément des masques à gaz),
– pantalons spéciaux pour l’utilisation de tronçonneuses,
– échafaudages, tréteaux, étais,
– casques,
– matériel de protection pour la soudure...
Anticiper quel nombre il faudra de chaque équipement. Ça nécessite de vraiment détailler ce qui va être utilisé (voir un exemple concret en 2.3.2).
- 2.3.2 Les outils
Il va en falloir pour tout le monde, alors ça peut vouloir dire en emprunter à plein de personnes différentes (voir 2.3.3). Dans la mesure du possible lorsqu’il y a plusieurs chantiers en parallèle, faire en sorte que chaque chantier ait ses propres outils (les outils spécifiques au chantier et ceux qui sont nécessaires un peu tout le temps). C’est agréable de ne pas avoir à courir après une pince coupante ou à aller emprunter à d’autres un tournevis cruciforme.
Donc il va falloir pas mal détailler les étapes pour se rendre compte de ce dont on aura besoin. (voir 1.5.3). Reprendre les plans et se demander "pour réaliser ça qu’est-ce qu’il va falloir faire ? Et donc de quels outils aura-t-on besoin ?"
Un exemple concret :
on veut changer une fenêtre. On en a trouvé une en récup qui n’a pas de cadre et pas exactement aux dimensions de la maçonnerie.
Réaliser ce chantier, ça va vouloir dire fabriquer le cadre donc mesurer et couper (mètre, équerre, scie égoïne), utiliser des machines de menuiserie (raboteuse, dégauchisseuse, scie circulaire, défonceuse) et peut-être aussi des ciseaux à bois, de quoi affûter les ciseaux, une ponceuse…
Il faudra aussi enlever l’ancienne fenêtre et peut-être faire péter les fiches qui la retiennent dans le mur. Pour ça on risque d’avoir besoin de burins, massettes, une meuleuse et un perfo. Éventuellement des tournevis…
Il faudra faire ensuite un peu de maçonnerie pour reprendre le sous bassement ou la maçonnerie dans laquelle le cadre va s’insérer donc utiliser gamattes, truelles, seau, bétonnière…
Ensuite on va poser la nouvelle fenêtre : on aura besoin d’un ou plusieurs niveaux, d’une visseuse (et les embouts qui vont avec), un perfo (avec des mèches à béton). On risque d’utiliser du joint pour l’étanchéité donc aussi le pistolet adapté.
Pour finir, on va protéger la menuiserie en passant une lasure ou une peinture, donc il faudra avoir des pinceaux et de quoi les nettoyer.
Et puis bien sûr, ça implique le matériel de sécurité qui va avec (voir 2.3.1).
Il peut y avoir des outils qu’on prévoit de collectiviser entre plusieurs équipes parce qu’il sont difficiles à emprunter, chers à louer, et/ou d’un usage très ponctuel sur chaque chantier. Du coup ça veut dire que les personnes qui en auront besoin doivent s’organiser entre elles pour s’en servir à des moments différents (un marteau piqueur par exemple), ou qu’elles voient comment elles peuvent faire au contraire pour que les moments où elles en auront besoin soient regroupés (quand il faut louer une mini-pelle par exemple).
- 2.3.3 Gérer les emprunts d’outils
Pour rassembler tout ces outils, il faudra certainement en emprunter (voir 1.2.6), peut-être plein. Pour s’éviter de bonnes galères au moment où il faudra les rendre (on est bien d’accord que je parle de situations qui nécessitent plein d’emprunts, pas du chantier où tu as emprunté un tournevis et un marteau...), c’est malin de trouver une manière de se souvenir de ce qui est à qui. Il vaut mieux en effet ne pas trop compter sur sa mémoire, elle sera déjà bien sollicitée et nettement plus utile sur d’autres aspects du chantier.
Une solution toute simple, ça peut être de marquer les outils avec un feutre. Lorsque ça risque de ne pas tenir (outils qui vont être lavés régulièrement par exemple), les systèmes de codes couleurs avec des scotchs d’électricité marchent pas mal (mais il faut alors penser à noter quel code correspond à quoi…).
Il y a aussi la possibilité de faire une liste des outils empruntés (en les décrivant s’il y en a plusieurs qui se ressemblent et qui ne sont pas aux mêmes personnes lorsqu’il y a un enjeu particulier à ce que F. récupère "sa" pelle et pas celle de J.).
Selon la quantité d’outils empruntés et les enjeux autour de ça, peut être que ça veut dire faire les 2 (marquer et faire une liste), parce que parfois les scotchs se décollent...
Et puis les listes se perdent... Alors même si elles sont faites à l’arrach’ sur un coin de brouillon et qu’on n’a pas le temps de les recopier, ça me paraît super important de les ranger dans une pochette clairement identifiée "à ne pas jeter", ou de les agrafer dans un cahier, ou de les scanner pour en garder une trace sur un ordi… Peu importe la manière, mais que les personnes qui viennent de passer 2 heures à faire ça ne l’aient pas fait pour rien (voir 4.1 et 4.2).
– 2.4 Aménagements
On peut éviter une partie du taf de prépa pour un futur chantier, ou une rencontre qui serait programmée plus tard (Voir 4.1 et 4.4) en se demandant si ce qu’on aménage pour la durée du chantier pourrait resservir une autre fois (dans deux mois, l’an prochain…). C’est à garder en tête en lisant les points suivants.
- 2.4.1 Faciliter l’accès du chantier pour les matériaux
Préparer le lieu pour que les matériaux puissent être déchargés (en véhicule ou à l’aide d’une brouette) au plus proche de l’endroit où ils seront utilisés peut faire gagner beaucoup de temps et éviter plein de fatigue. Si ce n’est pas possible, ça peut valoir le coup de se demander comment ils vont être emmenés par la suite sur le lieu où ils seront utilisés. Si c’est à 2 ou 3 personnes en brouette il vaut mieux privilégier un chemin où la brouette passe facilement même s’il est un peu long ; si on compte mobiliser plein de monde pour faire une chaîne de seaux, peut-être que ça permet de choisir un chemin plus court et moins "praticable" en répartissant les personnes de manière à ce que les seaux passent de main en main sans qu’il y ait besoin de se déplacer dans les passages les plus raides ou galères.
Prévoir aussi un ou plusieurs espaces où stocker les déchets du chantier selon si on doit ensuite les emmener en déchetterie ou si on les garde sur place (par exemple pour les gravats qui peuvent servir à remblayer).
- 2.4.2 L’eau et l’électricité
Pour l’eau, il faut penser à avoir des tuyaux en nombre suffisant et de la bonne longueur pour approvisionner les chantiers qui en ont besoin. Penser aussi à avoir quelques raccords en rab pour le cas où l’un d’eux pète (toujours très chiant…).
Sur les chantiers qui utilisent beaucoup d’eau (pour faire des bétonnières par exemple), un récipient de stockage d’eau à proximité (grand tonneau par exemple) est souvent très pratique (voire nécessaire lorsque le débit au tuyau est faible). Ça permet de remplir d’un seul coup un seau plutôt que de devoir le faire au tuyau d’arrosage, ce qui est souvent plus long et produit assez rapidement une zone boueuse à proximité.
Définir à l’avance ce qui sera fait des eaux usées du chantier (eau de rinçage de bétonnière, de pinceaux…).
Pour l’élec, s’assurer que la puissance d’alimentation est suffisante pour couvrir l’ensemble des besoins du chantier et de la vie quotidienne. Par exemple : une bétonnière sur un chantier, 2 fours + 3 bouilloires électriques en cuisine, une meuleuse sur un autre chantier : ça fait sauter les plombs toutes les 5 minutes et c’est super relou pour tout le monde. Pourtant chacun.e a sûrement ses propres enjeux à faire ça à ce moment précis. Ça peut vite créer des tensions autour de débats sur "qu’est-ce qui serait prioritaire".
Selon la taille du chantier, ça peut être en amont un mini-chantier à part entière de créer un réseau électrique qui supporte tout ça, avec les compétences nécessaires à trouver pour le réaliser… (Voir 1.2.5 ; 1.2.6 et 1.6)
- 2.4.3 Ranger les outils et stocker les matériaux
Même si ça n’est pas fait pendant la prépa et que ça se fait avec les premières personnes qui arrivent, il peut être pratique d’avoir anticipé les espaces "atelier" où seront rangés les outils (un ou plusieurs espaces en fonction de la place disponible, de ce qui existe déjà sur place, du besoin de séparer en fonction des usages).
C’est mieux de prévoir de stocker les outils en hauteur (pas au sol) et à l’abri. Ça évite qu’on marche dessus ou qu’ils ne prennent l’eau en cas de pluie ou de fuite.
Le stockage des matériaux doit prendre en compte la durée pendant laquelle ils doivent être stockés. S’ils sont livrés le premier jour du chantier et utilisés en totalité dans la semaine qui suit, c’est pas grave que ça soit en plein milieu de la cour. Mais si ça doit servir aussi pour des chantiers à venir, ça veut dire se poser la question d’où on va pouvoir les mettre et les stocker dans des conditions qui permettront qu’ils ne se détériorent pas.
Le bois par exemple doit être stocké à l’abri de la pluie (voire à l’abri de l’humidité pour les parquets), et pas en tas directement sur le sol (on pose la première couche sur des grosses traverses puis on intercale entre chaque couche des liteaux pour laisser passer l’air).
Un tas de sable qui n’est pas couvert est une litière très appréciée des chats du quartier ce qui rend très désagréable voire impossible son utilisation future. S’il pleut pendant le chantier et que le sable n’était pas bâché, il se peut que cela modifie conséquemment la consistance des mortiers qui peuvent être fabriqués avec. En effet, lorsque le sable est mouillé, on dit qu’il "foisonne", c’est-à-dire que l’eau prend de la place entre les grains de sable, les "éloignant" légèrement les uns des autres. Ça fait qu’un seau de sable mouillé contient moins de grains de sable qu’un seau de sable sec et qu’il contient du coup aussi déjà plein d’eau. Cela peut avoir pour conséquence qu’une recette ne fonctionne plus et qu’on se retrouve à devoir rajouter du sable au pif pour avoir la même composition, voire qu’un mortier soit trop liquide (des fois alors même qu’on n’a pas encore rajouté de l’eau).
Certains aménagements qui vont permettre de travailler plus confortablement (voir 3.2.3) peuvent également être faits pendant le temps de prépa ou bien se faire dans les premiers jours de chantier (voir 3.4.4).
- 2.4.4 Anticiper la météo
*Pluie :
Penser, si le chantier n’est pas abrité, à une manière de bosser le moins possible sous la pluie. Mieux vaut anticiper d’éventuelles intempéries et avoir un système facile à mettre en place en cas de pluie pour éviter de se laisser surprendre et peut-être de devoir recommencer une partie du boulot qu’on vient de faire.
*Contre la boue :
Étaler au sol de la paille, du gravier, de la moquette de récup pour éviter de glisser, de salir les espaces ou bien les chantiers qui doivent rester propres (par exemple une dalle qui doit prochainement recevoir un carrelage, des pièces de charpente qui seront visibles et sur lesquelles on risque de marcher parce qu’elles vont être travaillées au sol).
*Soleil/chaleur :
Comme ça on se dit que c’est plutôt sympa ! Mais ça peut être une donnée à prendre en compte notamment si le chantier est dans une zone avec risque de sécheresse. Penser à se renseigner sur cette éventualité (à la mairie, auprès du voisinage). Un chantier peut vite consommer beaucoup d’eau (s’il y a des enduits à faire ou des dalles à couler notamment, mais aussi parce qu’on risque de consommer plus d’eau que d’habitude pour les douches et la cuisine étant donné qu’il y aura plus de personnes sur le lieu).
Si besoin, prévoir de stocker de l’eau avant le chantier (en remplissant des cuves avant la sécheresse, en récupérant l’eau des gouttières, ou bien en s’organisant pendant le chantier pour remplir des réserves d’eau la nuit si la problématique d’approvisionnement est liée au fait que tout le monde en tire en même temps).
La chaleur peut aussi être un problème si des chantiers se déroulent dehors dans des endroits où il n’y a pas d’ombre (voir sur les risques de déshydratation 3.2.5). Penser à créer des zones d’ombres pour travailler ou au moins pour faire des pauses régulièrement avec un drap et des perches en bois, un parasol de marché…
*Gel/froid :
Certains types de travaux vont être affectés par le gel ou le froid. C’est une donnée à avoir en tête pour couler une dalle, faire des enduits ou pour des assemblages collés en menuiserie. Et puis c’est bien aussi de prendre en compte le fait que c’est pas cool de bosser quand il fait très froid, et que, même en étant des super warrior, pour certains travaux on ne va pas pouvoir bosser avec des moufles !
D’une manière générale, l’humidité, la chaleur, le froid sont des critères importants pour un certain nombre de chantiers qui impliquent des conditions de séchage particulières (menuiserie, maçonnerie). Il faut donc savoir que la durée de séchage ou la qualité de l’ouvrage peuvent être différentes de celles prévues théoriquement en fonction du contexte météo (par exemple, un enduit épais à l’argile fait à la fin de l’automne dans une région pluvieuse peut mettre très longtemps à sécher et donc retarder la possibilité de faire la finition ou même carrément moisir avant d’avoir eu le temps de sécher) .
- 2.4.5 Affichages
L’objectif de l’affichage est de faciliter la lisibilité de l’ensemble d’un chantier (notamment quand il y a plusieurs chantiers en même temps sur des espaces différents) et de donner des outils de compréhension sur ce qui est en train de se faire, quel en est le sens, à la fois dans un ensemble d’étapes de travaux (là on prépare le sol de telle manière parce que plus tard il est prévu de faire un parquet), mais aussi à quoi servira le lieu/la pièce (est-ce que ça va servir de local commercial ou de zone de gratuité).
Et puis donner des billes à plus de personnes, c’est pas mal si on veut éviter l’effet "chef.fe.s qui savent tout" Vs "manars bon.ne.s à piocher". C’est une manière d’éviter des prises de pouvoir (même involontaires), de se donner les moyens de favoriser un contexte "autogéré" par la simplification des prises d’initiatives de chacun.e.
Créer un espace d’affichage (à l’abri) qui regroupe plans et schémas, éventuellement des dessins avec un lexique des termes techniques qui peuvent être employés, la liste des outils empruntés, un tableau des tâches, les numéros d’urgences, un plan du site si besoin, etc... Il peut y avoir différents espaces d’affichages selon les besoins.
Lorsqu’il y a plusieurs chantiers en parallèle, il n’est pas nécessaire que tout le monde ait accès aux détails de chaque chantier. En donnant une explication succincte de ce qui est fait et de en quoi consistent les différentes tâches sur ce chantier, on peut permettre à une personne qui arrive en cours de route d’avoir une idée de ce qui se fait sur les différentes équipes et de choisir en conséquence où elle veut aller.
Un récapitulatif des étapes du chantier dans leurs grandes lignes est suffisant sur un espace d’affichage global. Ça peut être complété sur chaque chantier par un affichage des plans plus précis ou bien un classeur qui regroupe les schémas nécessaires à la réalisation d’un élément en particulier, les notes du groupes, les modifications apportées au plan… (voir 3.4.1 et 3.4.2)
- 2.4.6 Douches
Des douches en nombre suffisant et (si possible) chaudes (surtout dans des périodes ou des régions où il ne fait pas très chaud) sont les bienvenues car on a souvent besoin de se laver plus que dans d’autres contextes. Selon les chantiers, on peut finir la journée vraiment crades et avoir besoin de se laver à "grandes eaux". Lorsqu’il fait bien chaud, une rivière ou un lac jouent ce rôle parfaitement et sont l’occasion de finir la journée par un moment agréable à plusieurs.
- 2.4.7 Cuisine
Un des enjeux principaux lié à l’aménagement de l’espace cuisine c’est que ce soit un espace clairement à part du chantier pour que les personnes (et la nourriture) n’en subissent pas trop les désagréments : poussière et bruit en particulier. Éviter que ce soit un lieu de passage (de personnes ou de matériaux). Faire en sorte que le réseau électrique soit le plus indépendant possible de celui du reste du chantier (voir 2.4.2).
Pour éviter de déranger les personnes qui cuisinent (voire de les mettre dans la merde parce que des personnes ayant un coup de fringale auraient mangé des choses prévues pour un repas), il est important de différencier les espaces où sont stockées les réserves de l’endroit où n’importe qui peut venir se servir librement (un frigo, une étagère ou carrément, selon les moyens logistiques du lieu et le nombre de personnes sur le chantier, une pièce entière dédiée à stocker les restes de repas et la nourriture prévue pour des goûters) (voir 3.1.3).
Intermède gastro...
De nombreux récits mythologiques parlent d’épidémies foudroyantes qui vinrent à bout des meilleures organisations de chantiers (ou autres rendez-vous de plusieurs dizaines de personnes) : la gastroooooo…. Les récentes conclusions des meilleur.e.s expert.e.s de cette terreur permettent de faire un lien très net entre la trop grande proximité des cuisines et du tas de compost à caca (lorsque les WC sont de type toilettes sèches, il faut régulièrement les vider à des endroits prévus pour ça). Ce serait en effet principalement les mouches qui trimbaleraient le virus d’un endroit à l’autre. Pour autant, il reste important de prévoir des moyens de pouvoir se laver les mains après être passé.e.s aux toilettes et avant les repas (le fait d’avoir des toilettes à eau n’exclue malheureusement pas le risque d’épidémie lorsqu’un grand nombre de personnes partagent du quotidien sur un temps un peu long).
Lorsqu’il y a des toilettes sèches, une distance minimale de beaucoup de mètres [5] est donc recommandée entre la cuisine, les réserves de nourriture ou les espaces de repas et les WC ou le tas de compost.
- 2.4.8 Diversité de solutions de couchage
Combien peut-on proposer de couchages ? Sur place ou dans un autre lieu ? Comment on pense des espaces non-mixtes ?
Si on propose aux personnes qui viennent de dormir sous tente, c’est bien d’avoir déjà quelques tentes, voire un grand marabout pour celleux qui n’auraient pas la leur et de voir quels espaces plats peuvent servir pour camper.
Est-ce que la place permet aux personnes qui le souhaitent de ne pas avoir leur tente collée à celle des autres (l’isolation phonique en tente ça n’existe pas) ?
Quelles solutions est-ce qu’on a "en dur" pour des personnes qui auraient des problèmes de sommeil et/ou pour qui le camping est vraiment un facteur de mauvaises nuits ?
Dans tous les cas prévoir les lieux de couchage suffisamment éloignés des autres espaces pour que celleux qui veulent se coucher tôt ou dormir plus tard ne soient pas gêné.e.s par le bruit, surtout si tout le monde n’a pas les mêmes horaires (voir 3.1.1 et 3.2.4). Avoir des matelas et des couvertures en quantité pour s’assurer que chacun.e ait les moyens de dormir confortablement. Ça n’est en effet pas du luxe d’avoir des nuits reposantes lorsqu’on vient de passer une journée à creuser, porter, ou éplucher, surtout quand on n’est pas habitué à faire ça.
- 2.4.9 Espaces pour manger, se poser, se réunir, faire d’autres types d’activités
Des espaces qui permettent de s’abriter des intempéries s’il y en a ou de la chaleur, de se retrouver pour discuter, passer une soirée ensemble. Mais aussi des espaces où pouvoir se poser seul.e ou à moins nombreux.ses (3.2) pour bouquiner, jouer, discuter plus tranquillement, proposer une discussion ou une projection sans obliger tout le monde à y participer (ou sans être gêné par le bruit du dîner qui se poursuit pour d’autres).
– 2.5 Pharmacie
Avoir une pharmacie de base pour les petites blessures et petits maux (de tête, de ventre, etc.). Penser notamment à avoir du collyre pour les yeux en quantité (sciure, "jus de bétonnière"), des sutures rapides, une pince à épiler (échardes).
Pour les chantiers qui utilisent du plâtre, de la chaux, du ciment, c’est pas mal d’avoir de la crème hydratante pour les mains (pour après le chantier) mais aussi de mettre à disposition sur le chantier de l’huile (de cuisson par exemple) ou un corps gras quelconque à se mettre sur les mains et avant-bras avant de manipuler de la chaux ou du ciment (surtout pour la chaux et en particulier la chaux aérienne, plus corrosive). Attention, si le chantier est en extérieur et qu’il y a du soleil (même voilé), il vaut mieux trouver des huiles/crèmes solaires grasses, sinon il y a risque d’avoir de très gros coups de soleil.
Faire en sorte que la pharmacie soit protégée de la poussière, pratique à utiliser et SURTOUT à proximité du chantier (en faire plusieurs si des équipes travaillent sur des espaces éloignés les uns des autres) et facile à trouver (que chaque personne, même si elle n’a pas vu à quoi ressemble la mallette, puisse la retrouver seul.e et savoir que c’est une pharmacie). Penser à y joindre les numéros de téléphone utiles (voir 3.4.2 et 3.4.6).
Si un chantier se trouve loin des autres/du lieu de vie (nécessitant par exemple que l’équipe parte pour la journée), prévoir une pharmacie "à emporter".
– 2.6 Risques d’incendies
Au-delà des précautions à prendre dans n’importe quel contexte (prévoir des cendriers pour les clopes ; délimiter les espaces où c’est possible de faire du feu, un barbecue ; faire que les dernières personnes à aller se coucher pensent à éteindre le feu), il y a sur les chantiers des risques d’incendies dus à l’utilisation de certaines machines comme les disqueuses/meuleuses (sans parler des chalumeaux mais j’ai l’impression que ça semble plus évident). C’est surtout le cas lorsqu’il s’agit de découper du métal. Faire gaffe à utiliser ces outils dans des zones dégagées d’éventuels déchets de chantier inflammables (sciure, copeaux, papiers, cartons et plastiques d’emballage).
Prévoir en divers endroits du chantier des extincteurs, des récipients remplis de sable, des points d’accès à l’eau. Faire en sorte que chaque personne sache où tout cela se trouve (ça peut faire partie d’une visite à l’arrivée par exemple). Donner si nécessaire les infos sur les différents types d’extincteurs et leur utilisation.
3. L’organisation pendant le chantier
– 3.1 Habiter ensemble en dehors des temps de travail
Dans ce paragraphe, j’ai fait le choix de ne donner que ce que j’identifie comme des spécificités du contexte de chantier qui peuvent influencer certains aspects de la vie quotidienne. Je pars du postulat que les personnes qui organisent le chantier ont vécu des expériences de rencontres diverses et variées regroupant des nombres plus ou moins grands de personnes, ou bien qu’elles ont participé à l’organisation de concerts, soirées publiques, ou bien habité à plein et qu’elles savent ce que ça implique de faire à manger pour plus de 20, 30, 50 personnes, d’aménager un sleeping, etc. Si ça n’est pas le cas, peut-être ça vaut le coup de s’y intéresser mais ce n’est pas l’objet de cette brochure (voir 1.2.6 et 1.6.2).
- 3.1.1 Horaires
Plusieurs choses peuvent nécessiter d’aménager les horaires. Par exemple les conditions climatiques. Lorsqu’il faut travailler sur un toit et qu’il fait un temps caniculaire, il peut être préférable de travailler tôt le matin, de faire une longue pause dans la journée et de reprendre en fin d’après-midi.
Des fois, il n’y a qu’une équipe qui a des contraintes de ce type. Ça peut vouloir dire soit qu’il y a des horaires différents selon les chantiers, soit que tout le monde se cale sur les mêmes horaires.
Dans le cas où tout le monde n’a pas le même rythme, ça veut dire prendre en compte ce que ça implique sur les horaires de coucher/lever (voir 2.4.8), des repas, de partage de la vie quotidienne en général et donc sur les relations entre les personnes.
Avoir des horaires bien calés, surtout pour les repas, c’est bien pratique... d’une part parce que si le repas est trop en retard, c’est dur de faire durer la matinée quand on a faim (d’où l’importance des goûters : voir 3.1.3 et 3.4.7) mais aussi que, selon le chantier, ça a des conséquences sur l’organisation : décider ou pas de préparer une nouvelle bétonnière ; ne pas être à l’heure pour un RDV qu’on a fixé à des personnes extérieures au chantier (un.e voisin.e avec son tracteur, des personnes en renfort) pour déplacer un truc très lourd ou faire une chaîne au moment de la livraison de matériaux.
Le fait de ne pas manger trop tard le soir permet de traîner, papoter, voir un film, avoir une discussion, etc... et que tout le monde puisse y participer sans être obligé.e de se coucher à 3 h du mat’ (voir 3.2.4).
- 3.1.2 Tâches de la vie quotidienne
En fonction du type de chantier et des choix d’organisation, quelles seront les implications/enjeux du fonctionnement sur les tâches de la vie quotidienne ? Est-ce qu’on choisit l’option où des personnes s’absentent parfois du chantier ou arrivent plus tard ? Est-ce que les horaires de chantier permettent de faire ces tâches pendant les pauses ? Est-ce que l’ensemble des tâches quotidiennes sont prises en charge par une/quelques personne(s) qui ne font pas de chantier ce jour-là (rôle tournant sur une journée complète par exemple) ?
- 3.1.3 Manger
Par rapport à d’autres types de rassemblement, une des spécificités liée aux repas est que les gen.te.s vont peut-être manger globalement plus que d’habitude, mais surtout c’est la question du rythme et de la fréquence des repas qui me semble particulière dans le cadre des chantiers (même si à mon avis ça devrait toujours être une préoccupation !)
Il n’est pas nécessaire de faire des repas trop bourratifs car ça devient difficile de retourner bosser quand on a trop mangé. Mais par contre, c’est super de veiller à ce qu’il y ait toujours disponibles des restes ou des goûters que les équipes peuvent venir prendre de manière autonome lorsqu’elles veulent se faire une pause (voir 2.4.7 ; 3.1.1 et 3.4.7). Ça permet d’éviter les baisses d’énergie, ou des hypoglycémies en fin de matinée (surtout si des personnes ne sont pas habituées à manger au petit-déjeuner) ou en fin d’après-midi.
Et puis avoir des repas variés, en quantité, beaux et bons, ça motive et ça joue beaucoup sur l’ambiance d’un chantier !
– 3.2 Prendre soin
Pareil que pour d’autres points de cette brochure, je pense que se demander "comment prendre soin" (de soi, des autres) ne devrait pas être spécifique aux contextes de chantiers. Il y a pour moi tout un tas de manières de prendre soin et plein d’aspects auxquels on devrait faire gaffe. Comment je me donne les moyens de savoir comment je vais ? Comment est-ce qu’on se donne les moyens de savoir comment chacun.e va ? Est-ce que j’ai/est-ce que chacun.e a de quoi être confortable dans les partages d’espaces avec les autres ? Qu’en est-il des personnes pour qui ça ne serait pas le cas ? Qu’est-ce que j’en fait si ça n’est pas le cas pour moi ? Comment on pense les rythmes et les possibilités de s’isoler seul.e ou à quelques un.e.s pour ne pas faire une overdose de collectif ? Et tant d’autres questions... (voir 7.1). Bon tout ça pour dire qu’ici, ça se concentre plus particulièrement sur les enjeux liés au contexte de chantier.
- 3.2.1 Ce qui peut jouer sur le moral de quelques un.e.s ou de tou.te.s
Ci-dessous quelques points que je trouve importants d’avoir en tête comme une partie des choses qui peuvent avoir de l’influence sur le moral individuel des personnes et l’ambiance dans une équipe, sur le chantier en général :
*la fatigue (du fait d’une mauvaise orga, de taches trop répétitives, de manque de sommeil ou de soirées "arrosées", d’un rythme trop soutenu, ou d’un manque de pause notamment pour manger et boire si besoin, le bruit…) (voir 3.2.2 ; 3.2.4 ; 3.2.6 ; 3.3 ; 3.4.4 et 3.4.7)
*le mauvais temps (pas d’espace pour être à l’abri au moins pendant les temps informels et les pauses) (voir 2.4.4 et 2.4.9)
*le manque de sens sur le chantier (quand l’utilité de ce qu’on fait n’est pas claire, que ce soit de manière générale ou à propos d’une tache précise (voir 2.4.5 ; 3.2.8 ; 3.4.2 ; 3.4.4 ; 3.4.5 ; 3.4.7 et 3.4.8)
- 3.2.2 L’effet "bourrin.ne"
J’en parle en connaissance de cause puisque je fais partie des personnes qui peuvent avoir tendance à produire cet effet-là ! Avec le temps, on apprend, il n’empêche que c’est une manière de fonctionner qui peut faire qu’on va cramer ses limites et par le même coup (et c’est surtout ça qui est problématique) produire des ambiances productivistes qui vont amener d’autres personnes à cramer leurs limites physiques ou même simplement à aller au-delà de ce qu’elles avaient envie de consacrer comme temps à bosser. Chose qui peut-être relou pour beaucoup de personnes (dans le meilleur des cas), voire qui peut contribuer à instaurer des rapports foireux en terme de domination ou de pouvoir.
Ce que j’appelle "l’effet bourrin.ne", c’est par exemple faire traîner la journée de chantier après les horaires qu’on s’est fixé parce qu’on veut absolument finir quelque chose (et trouver tous les jours "quelque chose" à finir...). Mais c’est aussi, dans un contexte où on suit ces horaires, créer une ambiance stressante par la crainte de ne pas atteindre les objectifs qu’on s’est fixés, vivre les temps de chantier (mais pas que...) avec un sentiment d’urgence permanent. Ça s’accompagne potentiellement d’attitudes virilistes comme "qui va charger le plus sa brouette" qui peuvent être une des conséquences de l’effet bourrin.ne mais aussi une de ses causes (ce qui est chiant dans les deux cas).
Pour éviter ça, je pense qu’il est tout d’abord important d’avoir discuté avant le chantier des enjeux à finir ou pas ce qui est prévu (voir 1.2.1 ; 1.3 ; 3.2.8 et 4.3) et du type d’ambiance qu’on souhaite partager (c’est quoi l’objectif ? Avancer au plus vite ou partager un temps d’apprentissage (voir 1.7.3) ?). Ça permet d’y rester plus attentif.ve à plusieurs. Ça peut être intéressant de l’expliciter dans l’invitation (voir 2.1) et en tout cas d’en dire un mot au début du chantier (voir 3.4.2). Ce qui marche super bien je trouve c’est de trouver des manières de ponctuer les fins de journées par un moment ritualisé, comme un point quotidien et/ou des étirements (voir 3.2.3 et 3.4.7). Cette pause permet de se demander si on a vraiment la forme pour continuer, si on en a envie et si c’est tellement nécessaire. Nommer l’effet bourrin et ses conséquences merdiques (mise en concurrence des personnes entre elles notamment), faire de l’auto dérision, sont aussi des manières de donner les moyens d’être interpellé.e si on se met à retomber dans cette tendance sans s’en rendre compte.
Bien que ce soit quelque chose sur lequel je porte aujourd’hui un regard critique, je peux par ailleurs continuer à aimer le faire (bourriner) parce qu’en vrai des fois ça fait du bien de se défouler, se vider la tête, sentir qu’on dort de vraie fatigue. Mais pour le coup, ça ne marche que si ça a été discuté avec tout le monde et que ça va : soit qu’on est tou.te.s sur ce mode là, soit que les personnes qui ne le veulent pas sentent que les autres ne vont pas leur coller la pression (ça passe par vérifier souvent que ça le fait pour tou.te.s). Dans tous les cas, ça ne marche pas de simplement dire « personne n’est obligé de suivre ce rythme »... Parce que c’est pas toujours simple de faire abstraction, de ne pas ressentir une forme de compétition.
Et puis dans tous les cas, comment on fait pour ne pas se casser le dos (voir la partie suivante) ?
- 3.2.3 Du temps pour s’échauffer et s’étirer, apprendre à ne pas se faire mal
Tout le monde ne va pas arriver en ayant fait de la muscu les semaines précédentes et pas mal de personnes peuvent avoir des activités qui impliquent peu d’effort physique au quotidien. Pour éviter de se faire mal (au dos, genoux et poignets typiquement), d’avoir des courbatures, de se faire des tendinites (Gestes répétitifs et déshydratation sont les causes principales des tendinites qui, mal soignées, risquent de revenir chroniquement voir 3.2.5), c’est chouette de penser ces moments d’échauffement et d’étirement comme "compris" dans le rythme de la journée. Il faut avouer qu’on les zappe assez souvent…
Une des manières d’éviter de les oublier, ça peut être de proposer des rendez-vous pour ces temps-là. Et puis ça peut être motivant pour les personnes qui n’ont pas l’habitude, qui ne sauraient pas comment faire. Ça peut se proposer par équipe ou tou.te.s ensemble, avec aussi les personnes qui font la cuisine par exemple. Ça permet de marquer un début et une fin au temps de chantier et ainsi d’éviter de se faire embarquer par une potentielle tendance "bourrin.ne" (voir 3.2.2)…
Ci-dessous, quelques pistes pour travailler sans se faire mal :
Les vertèbres lombaires (le bas du dos) sont celles qui risquent le plus d’être sollicitées et abîmées lorsqu’on fait du chantier.
Par exemple pour porter une charge :
Selon la posture, pour une même charge de 25 kg, la force s’exerçant au niveau des vertèbres lombaires sera de 75 kg (en pliant les genoux et en gardant le dos droit) ou de 325 kg (lorsqu’on se baisse pour attraper la charge en gardant les jambes tendues.
Les cuisses sont des muscles très puissants, mieux vaut les utiliser au maximum plutôt que ceux du dos souvent très sollicités et qui "se coincent" plus facilement.
Porter le plus près du corps possible plutôt qu’à bout de bras, par exemple en calant la charge sur ses hanches et en la serrant contre le ventre.
On n’est pas obligé.e de porter seul.e. On peut aussi porter à plusieurs...
Des fois on se fait plus mal avec des choses moins lourdes parce qu’on peut les porter alors on ne réfléchit pas à faire autrement. Quand c’est de manière évidente très très lourd, on va trouver d’autres solutions qui auraient pu aussi bien être utilisées dans le cas précédent.
Déplacer des choses lourdes ça ne nécessite pas toujours de les porter. Une brouette, un diable, une carriole, une voiture ou n’importe quel autre objet à roulettes peuvent être utilisé.e.s dans plein d’occasions… Selon ce qu’on veut déplacer, on peut imaginer le faire sans forcément soulever la charge. Par exemple une grosse pierre n’est pas fragile (encore que ça dépend lesquelles mais on ne va pas chipoter...) donc il y a moyen de la déplacer de plein d’autres manières : en la faisant rouler ou basculer d’une face sur une autre. Typiquement dans ces cas-là, il faut faire bosser ses cuisses : se coller au plus près de la pierre, accroupi.e, et l’entourer de ses cuisses, pousser avec les bras, le bassin, les cuisses, tout ce qu’on peut en essayent de garder le dos droit (faire bosser les abdos !). Il y a aussi moyen d’utiliser des sangles pour tirer, des leviers (barres à mine, grosses pièces de bois) pour démultiplier les forces. On peut aussi faire basculer la pierre sur une planche bien lisse ou une plaque de métal pour ensuite la faire glisser en poussant et/ou tirant.
Éviter le plus possible les mouvements de torsion. Par exemple pour pelleter, essayer d’utiliser la cuisse pour pousser ou faire levier sur le manche de la pelle et ainsi limiter les efforts sur le haut du dos, les épaules et les bras ; pivoter le bassin plutôt que de tordre les épaules.
Essayer de faire travailler les muscles plutôt que les articulations. Par exemple quand on pousse une brouette, garder les bras légèrement fléchis pour que ce soient les muscles qui amortissent les vibrations ou les chocs et non pas les articulations des coudes et des épaules.
Et puis, d’une manière générale, il faut penser à boire (voir 3.2.5) et à s’étirer régulièrement, surtout lorsqu’on fait un geste répétitif.
Penser aux aménagements
Prendre le temps de faire les aménagements nécessaires pour rendre plus confortable une tâche qui va se répéter régulièrement (par exemple en construisant un plan de travail qui évite de nettoyer les outils au sol, en fabriquant avec des palettes une structure qui permet de tamiser assis.e ou debout plutôt qu’accroupi.e). Voir 2.4.3.
Penser à utiliser étau, serre-joint ou tout autre technique pour fixer une pièce sur un établi ou une table dès que c’est possible : ça permet ensuite de travailler à bonne hauteur, de trouver une meilleure position pour travailler, de se déplacer autour.
Quand on travaille longtemps au sol, utiliser des genouillères ou si on n’en a pas avoir du carton, un bout de mousse, du plastique à poser par terre pour se faire moins mal mais aussi parfois s’isoler du froid/de l’humidité.
- 3.2.4 Le sommeil, la fatigue en général
Peut-être que ça peut sembler une évidence, mais je trouve important de ne pas passer à côté des conséquences que peuvent avoir le manque de sommeil et la fatigue d’une manière générale. Ce ne sera d’abord pas confortable pour les personnes concernées mais aussi le risque de se blesser ou blesser d’autres personnes augmente dans ce genre de situation. Ça peut aller des petits bobos à des accidents plus graves comme des chutes (échafaudages, toits) ou des accidents avec certaines machines comme les scies circulaires ou des engins de chantier.
Mais aussi la fatigue rend plus difficile une communication qui fait gaffe aux autres et ça peut vite donner des ambiances de merde si plusieurs personnes sont crevées et n’ont plus la capacité de prêter attention à comment elles parlent aux autres.
Pour prévenir ce genre de situations on peut poser la question les premiers jours : est-ce que chacun.e a ce qu’il lui faut pour bien dormir (un matelas suffisamment confortable, assez de couvertures, un contexte pas trop bruyant/passant pour celleux qui ont le sommeil léger) et inviter explicitement (et à plusieurs reprises pendant la durée du chantier) chacun.e à dire son état de fatigue. Ça implique qu’on est prêt.e.s à en tenir compte, qu’on saura s’adapter, et qu’on choisira donc peut-être de faire une pause qui n’était pas prévue (voir 1.3 et 3.4.7). Ça peut permettre à tout le monde de se faire une grasse mat’. Ou bien seulement pour celleux qui le souhaitent, mais alors il faut que ce soit clair que les personnes qui feront le choix de travailler s’organiseront en fonction du nombre qu’elles seront, sans pression pour les autres (voir 3.3).
- 3.2.5 Déshydratation et chaleur
Sans même s’attarder sur les conséquences un peu "spectaculaires" et immédiates des cas de déshydratations graves (diarrhées, vomissements, fièvre, etc…), il me paraît important de parler des déshydratations "courantes" qui peuvent arriver très fréquemment dans le quotidien et encore plus dans des contextes de chantier. Ces petites déshydratations peu impressionnantes en terme de symptômes peuvent pour autant avoir comme conséquences de la fatigue, des maux de tête, des crampes et des tendinites (voir 3.2.3).
La plupart du temps, on ne va pas identifier qu’on est déshydraté.e. Pourtant, on peut considérer qu’on l’est dès le moment où on a soif. Il est assez commun de ne pas boire assez d’eau sous toutes ses formes [6] (attention car café et alcool peuvent participer à la déshydratation).
Si on est absorbé.e par ce qu’on fait et encore plus lorsqu’il n’y a pas d’eau à proximité, on peut facilement oublier de boire. Penser aussi à proposer régulièrement des pauses et faire gaffe que chacun.e ait une bouteille d’eau sous la main (voir 3.4.7, les goûters).
Avec le soleil, il y a aussi des risques de brûlures (faire particulièrement attention en altitude, ou au début du printemps, ou quand on a mis de l’huile sur sa peau pour se protéger de la chaux ou du ciment voir 2.5). C’est comme pour l’eau, si la crème solaire est restée dans le salon, on va avoir la flemme d’aller la chercher et on ne va pas s’en mettre. Penser aussi aux chapeaux et aux T-shirt avec des manches.
La chaleur, au-delà de provoquer une déshydratation, peut fatiguer. On peut mieux la supporter en faisant régulièrement des pauses à l’ombre, en s’humectant avec un tissu mouillé ou en gardant un foulard humide autour de la tête.
Faire particulièrement gaffe sur les chantiers où il n’y a pas la possibilité de travailler ou de faire les pauses à l’ombre (toiture, champ isolé…) (voir 2.4.4).
- 3.2.6 L’alcool et les drogues
Je pense que c’est un sujet à discuter également en amont du chantier parce que ça joue sur la couleur que peut prendre le chantier. Si on n’en parle pas et que par exemple les personnes qui s’occupent des courses achètent des réserves conséquentes d’alcool, ça devient plus compliqué de pouvoir avoir la discussion ensuite parce que quelque part il y aurait un stock "à écouler" (notamment s’il y a un enjeu à ce que l’argent dépensé soit remboursé par un prix libre).
La question que je pose n’est pas "pour ou contre l’alcool et les drogues" mais plutôt comment on fait gaffe aux conséquences que ça peut avoir. Là encore, je vais m’en tenir aux conséquences liées au fait de partager un chantier ensemble. Il n’empêche que cela a aussi tout plein de conséquences possibles qui dépassent ce cadre-là, comme par exemple le risque de dépasser certaines limites dans des cadres affectifs et sexuels qui peuvent conduire à des agressions/viols/situations de merde. Mais c’est encore un autre sujet (voir brochures en annexe).
Des soirées qui ont tendance à être presque systématiquement "festives" avec beaucoup d’alcool et/ou de drogues [7], peuvent produire à la longue une fatigue qui peut avoir pour conséquence une vraie augmentation du risque d’accidents sur le chantier (voir 3.2.4).
Prévoir une fête à un moment précis (avec grasse matinée ou journée de pause le lendemain pour le coup), peut entre autre permettre de visibiliser un moment spécifique pour "faire la fête"/"se mettre une caisse". Même si cela ne devrait pas empêcher de chercher des manières de faire qu’il soit simple d’en parler si nécessaire. (phrase difficile à comprendre)
Ça me semble important de réfléchir aux manières d’aborder le sujet pour ne pas mettre mal à l’aise des personnes pour qui ces consommations font partie de leur fonctionnement quotidien ou à l’inverse des personnes pour qui il est difficile de partager un espace où alcool et drogues sont consommées. Aborder le sujet d’une manière hyper solennelle et moralisante ne contribuera pas à créer un contexte où il est possible de parler en inter individuel d’une manière simple et sans jugement de nos rapports à ça (pour pouvoir construire un rapport de confiance lorsqu’on va bosser en binôme par exemple). C’est à adapter en fonction des contextes, il n’y a bien évidemment pas de recette.
- 3.2.7 Le bruit
Quand on utilise des outils électro-portatifs bruyants, on va sûrement penser à se protéger du bruit. Ça devient moins évident quand on est seulement à proximité (même un peu éloignée) d’une personne qui utilise ce type d’outils, ou bien lorsqu’on utilise des outils qui par eux-mêmes ne font pas de bruit mais par contre ce qu’on fait avec en fait (tailler une pierre avec des ciseaux à pierre : l’outil en lui même ne fait pas de bruit comme une scie circulaire quand on la met en marche, mais ce qu’on va faire avec (taper deux éléments métalliques l’un sur l’autre) va en produire).
Utiliser des protections permet de protéger ses oreilles sur du long terme (éviter de perdre en capacité auditive) mais aussi de limiter la fatigue en fin de journée. On ne ressent pas la même fatigue selon qu’on a subi ou pas du bruit toute la journée.
Il peut parfois suffire de légèrement atténuer le bruit (par exemple les bruits d’impacts) en mettant des bouchons d’oreille qui réduisent peu de décibels (ou + facile à trouver : un bout de mouchoir en papier ou de papier toilette) qui vont permettre de continuer à communiquer avec les autres tout en diminuant l’impact des bruits "agressifs" et fatigants. En effet, si on a des protections "trop" efficaces, on risque de les enlever pour parler aux personnes avec qui on bosse. On peut ensuite oublier de les remettre ou ne plus vouloir les mettre parce que c’est relou de les enlever tout le temps.
- 3.2.8 Limiter la pression
Je parle de la pression qu’on peut se coller quand on organise/coordonne des chantiers. Il y a la pression qui se ressent sur toute l’ambiance du chantier (voir 3.2.2), mais il est possible de réussir à coordonner un chantier super stressant sans que les personnes qui y participent ne le remarquent. Tant mieux pour elles, mais ça veut sûrement dire dans ces cas-là que c’est un stress qui a été porté par les personnes qui ont préparé le chantier, et possiblement ça a causé des tensions pas agréables pour et entre elles. Ça peut se gérer d’une manière plus chouette en faisant gaffe à certaines choses :
*Par exemple je trouve important d’avoir parlé avant des enjeux qu’il y aurait à finir "absolument" le chantier, d’avoir évoqué les conséquences (matérielles et relationnelles) si on n’y arrivait pas (voir 1.2.1). C’est quelque chose qui peut aider à relativiser dans des contextes où on n’est pas très sûr.e de soi (parce qu’on n’a jamais fait ce type d’ouvrage, qu’on a préparé en grande partie seule.e mais aussi parce qu’on a pu avoir une construction sociale qui fait douter de soi, même lorsqu’on a les compétences (voir 3.4.2) ;
*Fonctionner par binôme (même si on est seul.e à coordonner un bout du chantier) pour faire des points réguliers et se demander où on en est.
*On peut aussi se demander individuellement : « c’est quoi mon rapport au stress ? À quoi ça se remarque ? Ce serait quoi une manière chouette de m’interpeller à ce sujet si je ne le vois pas mais que les autres oui ? » Même s’il est difficile de répondre précisément à ces questions en dehors du contexte (avant le chantier par exemple), ça peut permettre plus facilement de repérer les symptômes de stress dès qu’ils apparaissent. Et puis avec l’expérience, on peut apprendre d’une fois sur l’autre.
*Partager régulièrement avec les autres (co-organisateur.ice.s et participant.e.s) comment on se sent, si on repère qu’on est fatigué.e, qu’on a moins de patience. Donner des billes sur comment ça peut être plus chouette de venir nous dire quand on n’est pas assez attentif.ve à nos manières d’interagir (voir 3.4.2 ; 3.4.5 et 3.4.7). Ça participe au fait que ce soit plus simple pour les personnes autour de se sentir à l’aise de nous faire des retours et que ça soit aussi moins difficile à entendre si ça ne nous est pas renvoyé sans qu’on s’y attende, à un moment où il y a du "trop plein".
– 3.3 Temps libre, pauses et autres activités
Quels espaces/moments en dehors du chantier permettent de se rencontrer, de partager des idées, d’être seul.e (voir 2.4.9 ; 3.1.1 et 4.5) ?
Comment est-ce que le rythme global est clair dans l’invitation ? C’est-à-dire comment fait-on pour que des personnes ne se retrouvent pas dans un contexte super speed/productiviste auquel elles ne s’attendaient pas, ou inversement, qu’elles soient déçues parce qu’elles avaient imaginé qu’elles en feraient plus ? (voir 1.7.3 et 2.1.1)
Qu’est-ce qui est prévu et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quelle adaptabilité on a pour faire de la place à des envies, des besoins qu’on n’avait pas anticipé.e.s ?
Des fois il faut se donner la marge de proposer une grasse matinée qui n’était pas prévue lorsqu’on sent que tout le monde rame et que par exemple ça devient dur de commencer ensemble à l’heure qu’on avait convenue. Si le chantier en lui-même ne le permet pas (peut-être qu’il faut déjà se demander qu’est-ce qui ferait qu’on "ne peut pas"… voir 1.3 ; 3.2.1 ; 3.2.2 et 3.2.8), qu’est-ce qui peut permettre de se créer la souplesse pour que, au moins à tour de rôle, ce soit possible ?
D’une manière générale, si on ne veut pas que des personnes finissent épuisées, il ne faudrait pas prévoir plus de 4 ou 5 jours de travail sans pause. Par exemple s’il est prévu que le chantier se fasse en 7 journées de travail : prévoir 4 jours, puis 1 jour de pause et de nouveau 3 jours. Avec 6 jours de travail, ça devient limite et c’est sûr qu’il est tentant de les faire d’une seule traite. C’est jouable, mais je trouve que pour faire ce choix, il faut que les personnes qui vont y prendre part soient prévenues. Et c’est malgré tout important de prévoir qu’il y aura une ou deux matinées ou après-midi plus cool (décidées à l’avance ou pas, tournantes ou pas) pour permettre aux personnes qui le souhaiteraient de faire une grasse mat’, ou bien d’aller se baigner, ou juste de profiter d’une fin de journée plus tranquille pour se reposer.
– 3.4 Travailler
- 3.4.1 Se créer un langage commun
Une des choses qui peut créer du décalage voire des rapports de pouvoir entre les personnes "qui savent" et celles "qui ne savent pas", et ainsi renforcer des positions de "chef.fe.s vs exécutant.e.s", c’est notamment le fait de maîtriser ou pas tout un champ lexical lié à ce qui va être fait.
Pour éviter ces phénomènes, on peut prendre le temps en début de chantier (et régulièrement si nécessaire) de se construire des codes communs, de comprendre ensemble qu’est-ce qui est quoi et à quoi ça sert ou servira plus tard (que ce soient les outils ou les différents éléments d’une construction). En vrai, on s’en fout que ce soient les "bons" termes (ceux utilisés par les "pros") ou pas. L’important est qu’on se comprenne.
On peut entre autres se créer un mini-lexique du chantier. Cela devient quasi indispensable lorsqu’il y a plusieurs langues employées par différentes personnes, mais peut tout aussi bien être très utile lorsqu’on communique dans la même langue. On peut le faire sous forme d’un petit livret ou d’un dessin comme par exemple pour nommer et expliquer la fonction des différentes pièces d’une charpente. Tout cela va de pair avec l’affichage (voir 2.4.5), la présentation des étapes de chantier (voir 3.4.2) et une communication dans l’équipe tout au long du chantier (voir 3.4.7).
- 3.4.2 Présentation des chantiers
*La présentation du chantier à tout le monde (lorsqu’il y a plusieurs chantiers en même temps et/ou sur différents lieux)
Elle doit être succincte tout en donnant assez d’éléments pour permettre à chaque personne venue pour participer de faire son choix. Notamment il est important de spécifier si le chantier va impliquer la répétition d’une même tâche (piocher, porter, etc..) qui peut être difficilement compatible avec un problème physique chronique (tendinite, hernie…) là où une personne peut décider que ces mêmes tâches faites de manière non répétitive seront possibles pour elle. Cela permet aussi aux personnes de choisir en fonction de leurs goûts et envies du moment. Par exemple, faire un chantier répétitif ou un peu "bourrin" peut faire envie à certaines personnes qui veulent se vider la tronche et avoir plus de disponibilité pour pouvoir discuter avec les autres. D’autres personnes vont avoir envie de réfléchir et de s’impliquer vraiment dans une réalisation en particulier. D’autres auront envie de varier les tâches. Si on donne assez d’éléments pour que chacun.e choisisse au plus proche de ce qui lui plaira, on évite de créer des situations où une personne s’ennuie sur le chantier ou bien se sent larguée, ou bien s’épuise.
On peut ensuite afficher des traces de la présentation (plans généraux, un petit descriptif de chaque chantier…) pour que chacun.e puisse s’y référer pour éventuellement changer de chantier à un moment s’iel le souhaite.
C’est aussi le moment de parler des pharmacies et de ce qui concerne la sécurité en général. (voir 2.5 ; 2.6 et 3.4.6)
Bien sûr l’idée serait de faire attention à tout ce qui est dit plus haut au cours du chantier pour pouvoir proposer des changements d’équipes si besoin. Il arrive souvent qu’on reste dans une situation plus ou moins agréable et qu’on ne se donne pas les moyens de modifier la répartition des chantiers, parce qu’il y a plein de choses à gérer en même temps ou une pression à finir qui nous collent des oeillères…
Une des choses que je trouve aussi important d’avoir en tête , c’est la manière dont chacun.e aura différemment confiance en soi concernant le rapport à ce qui est dit manuel ou à ce qu’on classe comme technique. Et cela peut vraiment faire varier du tout au tout la constitution des équipes.
Un exemple très parlant : les questions de genre. Il peut y avoir une "tendance" (on est bien d’accord que ce n’est pas une généralité, encore moins une fatalité) pour certaines des personnes qui ont grandi comme meufs à se sous estimer sur ces domaines (mais pas que) et à l’inverse, une "tendance" des garçons à se dire que ça va jouer même s’ils n’ont pas de grandes compétences dans le domaine. On peut ainsi se retrouver à observer une répartition sur les chantiers très genrée. C’est-à-dire que selon la manière dont un chantier a été présenté (« faut vraiment des personnes qui se sentent de faire ci ou ça et de porter, etc... », ou bien : « alors là c’est un peu chiant comme chantier, faut avoir de la patience, etc... »), ça peut donner des chantiers annoncés comme "techniques", ou "bourrin" avec plein de "gros gars", et des chantiers "petites mains/finitions chiantes" avec principalement des "meufs/TPG/gringalets". Voire ces dernièr.e.s se retrouvent dans l’équipe cuisine ou le groupe qui passe du temps avec les enfants… OK, ça peut sembler très caricatural… Malheureusement, en vrai pas tant.
*La présentation plus spécifique dans chaque équipe :
Le lancement du chantier est un moment qui vaut la peine de ne pas être oublié dans la prépa. Quand on sait ce qu’on a à transmettre sur ce temps là et comment, on a plus de chance d’être mieux compris.e.s. Par la suite ça évite d’avoir à donner individuellement une information qu’on a oublié de dire à ce moment-là. Par exemple lorsqu’on construit un mur en pierres, prendre la peine d’expliquer les principes de base de la maçonnerie et montrer concrètement à tout le monde rend la suite du chantier bien plus simple et agréable pour chacun.e. En effet, le temps qu’on aurait pu passer par la suite à donner ces infos individuellement selon les demandes ou des erreurs constatées, et bien on peut le passer à aider telle ou telle personne, voire à maçonner soi-même. Et surtout ça fait qu’on est moins speed dans les interactions et qu’on est donc plus à même de transmettre des choses de manière chouette.
Le temps de présentation du chantier, c’est aussi le moment pour parler plus spécifiquement des risques liés à ce chantier (voir 3.4.6) et parler des documents qu’on peut avoir pour mieux comprendre ce qu’on va faire (voir 2.4.5 et 3.4.1).
C’est également un temps important pour se demander ce que chacun.e se sent de faire, ne veut pas faire ou aimerait apprendre, et pour voir comment on constitue des binômes ou petits groupes qui peuvent répondre au mieux à ces besoins/envies/limites.
- 3.4.3 Répartition des rôles-Changer de rôle en cours de chantier
Selon les chantiers (les enjeux à aller vite ou pas, le temps nécessaire pour s’approprier un geste, comment la ou les personnes qui coordonne(nt) le chantier se sent(ent) d’assumer ou pas un rôle de transmission d’infos un peu en continu. Voir toute la partie 1.6 ; 1.7 et 3.4.5), il va être plus ou moins nécessaire d’avoir tout ou partie de l’équipe qui reste stable sur plusieurs jours, la semaine ou la durée totale du chantier (si c’est plus d’une semaine). Peu importe au final, tant que cela est un minimum anticipé et que les personnes qui participent sont au courant de ce dans quoi elles s’embarquent quand elles choisissent quelque chose.
Pour prendre un exemple concret : sur certains chantiers de maçonnerie, il peut y avoir un enjeu à ce que la qualité du mortier préparé à la bétonnière (ou pas d’ailleurs...) soit la plus constante possible pour éviter d’avoir des raccords difficiles à gérer. Pour cela, il est important que la/les personnes qui préparent le mortier ne changent pas toutes les heures, voire pas du tout de la journée. C’est un poste qui peut facilement être considéré comme secondaire alors qu’il est vraiment important (c’est l’approvisionnement en matière première, d’une qualité égale, qui va rythmer la pose de l’enduit, le coulage de la dalle, le montage de la maçonnerie). Il est donc nécessaire de s’assurer que la personne (si elle est seule) se sent de tenir le rythme sur la durée prévue, ou bien de faire qu’elles soient deux (ou trois selon les besoins) qui prendront leurs marques ensemble.
C’est bien aussi qu’elles soient prévenues de ce que cette tâche implique en terme de transmission, donc s’il faut qu’elles soient présentes le lendemain ou bien s’il faut qu’elles fassent les dernières bétonnières en fin de journée (demi-journée) avec les personnes qui les relaieront. Quand il y a plusieurs personnes à la béto, ça peut aussi passer par le fait qu’une personne reste sur ce poste le lendemain (ou l’après-midi) pour en accompagner une nouvelle.
- 3.4.4 Le démarrage
Le/les premiers jours (selon la taille et la durée du chantier), il y a un enjeu à prendre du temps pour que chacun.e trouve son rythme et prenne ses repères, mais aussi pour aménager au mieux l’espace pour travailler confortablement, éviter de se faire mal inutilement (voir 3.2.3). Ça peut donner l’impression qu’on n’est pas très efficace, qu’on traîne et ça peut faire qu’on zappe cette étape pourtant nécessaire pour qu’ensuite les personnes soient plus autonomes et à l’aise dans ce qu’elles font.
Ce temps-là est aussi important pour que chaque personne trouve sa manière de travailler, son rythme pour éviter de pousser trop loin des limites physiques qu’elle n’aurait pas encore approchées et pour capter dans quelle forme elle est en ce moment (des fois on a déjà fait telle activité physique mais on avait avant ça passé 3 semaines à faire du jardin alors que là, c’est peut-être le même type d’activité sauf qu’on sort d’une période de 4 mois à bosser sur l’ordi). Ça peut éviter de se blesser ou de développer des douleurs chroniques (voir 3.2.3 et 3.2.5)
Le démarrage a également son importance dans la place qu’il laisse à chacun.e pour rencontrer les autres, apprendre à fonctionner ensemble, se demander si on a envie ou pas d’être aidé.e, qu’on nous explique des choses et la manière dont on a envie que ce soit fait. C’est un des moments pour voir ce qui fait sens pour chacun.e à être ici et y faire attention (voir 3.2.1).
- 3.4.5 Apprentissage et transmission
De fait, pendant un moment de chantier (comme à tout plein d’autres moments), il y a de la transmission, une forme d’apprentissage. Si on n’y prête pas attention, on risque fort de se retrouver à transmettre des choses, apporter des connaissances ou des infos (qui entre autre contribuent à donner du sens à ce qu’on fait, voir 3.2.1) seulement aux personnes auprès de qui il est plus simple de le faire : celleux qui savent déjà des choses dans ce/ces domaines(s), que ça intéresse, qui sont à l’aise pour poser des questions (voir 3.4.2), ou qui nous connaissent déjà.
Est-ce qu’on prévoit des moments où les personnes qui le veulent peuvent apprendre à utiliser une machine, acquérir certaines compétences nécessaires à la réalisation d’une tâche dont elles pourront éventuellement prendre la responsabilité par la suite ? Si ce n’est pas le cas, comment ça se transmet lorsque l’usage de ce type de machines est fréquent pendant le chantier ? Comment fait-on pour que des personnes ne se retrouvent pas, de fait, à faire pendant tout le chantier certaines tâches "ingrates" (ou tout du moins qu’elles n’ont pas choisies) parce qu’elles ne se sentaient pas au départ de porter des tâches qui étaient (ou semblaient) trop techniques ?
Est-ce qu’il y a une attention à ça tout au long du chantier ? Par quoi ça passe ?
C’est pas mal d’avoir évalué avant le chantier quelle place est faite pour accompagner des personnes qui n’ont pas du tout de connaissance sur telle ou telle technique, ou qui en ont peur, et comment la/les personnes qui ont des choses à transmettre se sentent par rapport à ça (voir 1.6.3 ; 1.7.2 et 1.7.3).
Ce qui me semble le plus important par rapport à "comment" on transmet, c’est de faire gaffe à ne pas s’adresser à un tout homogène mais bien à différentes personnes qui ne vont pas toutes apprendre ou comprendre de la même manière. Il faudra donc souvent expliquer, mais aussi montrer, et puis laisser des schémas à disposition pour que celleux qui le souhaitent puissent y revenir à tout moment… Surtout, ça veut dire laisser le temps à chacun.e de faire à son rythme. On s’approprie vraiment un geste, une technique ou une logique en les expérimentant plusieurs fois… et en faisant des erreurs.
Autour de la transmission et de l’apprentissage, je trouve qu’il y a un enjeu à questionner l’habituel rapport "prof/élèves". Ce qui donne entre autre du pouvoir dans le rôle de prof/chef/sachant.e, c’est peut être qu’iels "savent des choses" : des connaissances techniques certes, mais surtout des infos sur ce qui va se passer parce que ce sont elleux qui auront préparé le chantier. En faisant de la rétention d’info, on empêche clairement d’autres personnes de s’approprier quoi que ce soit et de pouvoir prendre une part active à ce qui se passe (voir 3.2.1 ; 3.4.1 et 3.4.2).
Même si ce n’est pas facile parce qu’on a fort la représentation qu’il faut être sûr.e de soi pour donner confiance, je crois qu’il ne faut pas hésiter aussi à dire ses propres limites quant au rôle de transmission. Si on a peur de ne pas savoir bien faire, c’est bien de laisser des portes ouvertes pour qu’on vienne nous faire des remarques (ça peut être chouette de s’être demandé comment on est prêt.e à les entendre !). Et même lorsqu’on se sent sûr.e de soi il est important de donner les moyens d’être "conseillé.e" sur comment faire mieux (parce que ça a pu marcher à d’autres moments cette manière de faire mais ça ne veut pas dire que c’est une recette qui prendra toujours). Ça évite d’être "critiqué.e" a posteriori sur comment on a mal fait et d’attendre un bilan final pour constater que ce qu’on faisait n’était pas adapté.
Quand on est plusieurs à avoir ça en tête c’est plus facile : que ce soit parce qu’on a pensé le chantier à plusieurs à la base ou bien parce que des personnes se sentent elles aussi prêtes à transmettre des choses qu’elles savent déjà ou bien qu’elles viendront d’apprendre.
- 3.4.6 Sécurité
Laisser dans chaque pharmacie (voir 2.5) ou près du/des téléphone(s) une liste de numéros d’urgence : médecins proches (vérifier qu’iels ne prennent pas leurs vacances à ce moment-là), SAMU, hôpital le plus proche. S’assurer qu’il y a un téléphone à proximité de chaque chantier. Lorsqu’on n’est pas en ville, prévoir qu’une voiture reste en permanence disponible en cas d’urgence. Ça veut dire aussi veiller à laisser les clés dessus (ou dans un endroit facile d’accès et connu de tou.te.s). Faire aussi gaffe à ce que la voiture en question ne soit pas coincée par d’autres véhicules ou des matériaux déchargés sur le chemin.
Vérifier régulièrement l’état du matériel d’échafaudage (goupilles toujours en place, nettoyage régulier des planches d’échafaudage pour éviter d’alourdir inutilement la structure et de se prendre les pieds dans des outils/matériaux inutilisés qui seraient restés dessus), ainsi que l’état du matériel pour assurer des travaux en hauteur (cordes, baudriers, mousquetons…). Pas de chaux ou de ciment sur les cordes. Les nettoyer rapidement si besoin. Veiller lorsqu’elles traînent au sol à les mettre de manière à ce qu’on ne marche pas dessus.
Lorsque des personnes travaillent en hauteur (échafaudage, toiture, arbres...), prêter attention aux personnes qui pourraient travailler ou passer en dessous : délimiter des zones où il ne faut pas passer ou, s’il n’y a pas la possibilité de faire autrement, s’assurer qu’il y a des casques disponibles pour celleux qui travaillent en bas. Trouver la manière qui fera que tout le monde saura comment se signaler à celleux "d’en haut" quand on passe dessous. C’est aussi aux personnes qui bossent en hauteur de vérifier qu’il n’y a personne en dessous lorsqu’elles savent qu’elles vont faire tomber des objets ou des matériaux.
Faire le point en début de chantier des personnes ayant des compétences en 1er secours, celles qui veulent bien être "référentes" en cas de pépin. Faire en sorte que tout le monde sache qui c’est.
Faire un point global sur tout ça au début du chantier et, selon la configuration et les besoins (quand des nouvelles personnes arrivent sur le chantier), renouveler ce point informatif si nécessaire (voir 3.4.2).
Avec les machines et outils électro-portatifs (machines de menuiserie, perfo, disqueuses, scies circulaires, bétonnière, etc.), penser à dire qu’il faut faire attention à ne pas avoir de vêtements ou de cheveux qui pendent et qui pourraient se prendre dedans (vêtements amples, manches très longues, cheveux détachés, écharpes, etc.). De la même manière, il faut faire attention à ce qui pourrait se retrouver "sur le chemin" d’un outil tranchant (du type scie circulaire, disqueuse) et qui pourraient provoquer un "retour" dangereux : fil électrique, clous dans du bois (faire gaffe avec les matériaux de récup), ficelle...
Ranger/nettoyer régulièrement le chantier contribue aussi à éviter des accidents (petits ou gros). Et quand on démonte un échafaudage, penser à aller voir sur le plateau s’il ne reste pas une massette qu’on risquerait de se prendre sur la tête. Un autre grand classique, la planche pleine de clous au milieu du passage.
- 3.4.7 Se coordonner
*Des points réguliers dans chaque équipe :
Perso j’ai le sentiment que des points quotidiens pas très longs sont plus pertinents que des grands moments "réus". Par exemple un point rapide en début de journée (5 min) pour lancer le chantier et vérifier que tout le monde sait ce qu’iel fait aujourd’hui et avec qui. Faire un autre point en fin de journée (10/15 min ou + selon les besoins du moment) permet de donner une heure de fin à la journée et d’arrêter le chantier ensemble. Libre ensuite à qui veut de poursuivre plus tard. En tout cas ça évite les effets d’entraînement à se faire embarquer par d’autres qui sont au taquet alors qu’il est temps pour soi de s’arrêter (voir 3.2.2). Ça permet aussi de savoir qui sera là le lendemain ou pas.
Tout ça peut éviter qu’il y ait seulement quelques personnes qui accumulent plein d’infos/d’enjeux dans leur têtes sans que les autres ne les captent. Ça permet de se demander comment on avance (Est-ce qu’on va pouvoir tenir les délais qu’on a prévu ? Faut-il réajuster les objectifs ? Voir 1.3), si tout le monde se sent bien ou s’il y a besoin de faire tourner les tâches.
*Les goûters :
Les goûters (voir 2.4.7 et 3.1.3) permettent, notamment sur les chantiers bruyants ou dispersés dans l’espace, de partager un moment ensemble, de discuter, de manger (très important !), de boire (voir 3.2.5). Éventuellement ça peut être un moment pour se transmettre des infos si on n’a pas pu commencer tou.te.s en même temps (mais c’est chouette si ça ne sert pas systématiquement à ça sinon ce n’est plus une pause).
*Coordination avec d’autres chantiers :
Il peut y avoir aussi des points réguliers de coordination qui regroupent une ou plusieurs personnes de chaque équipe. Elles doivent avoir une vision globale de leur propre chantier, des besoins, des enjeux futurs qu’il pourrait y avoir en terme d’interactions avec les autres chantiers. Ça ne veut donc pas nécessairement dire que ce sont les personnes qui ont préparé le chantier en amont. Ça peut être vu au cours des points quotidien qui est d’accord pour participer à ce temps. C’est un rôle qui peut tourner.
*Moments de coordination particuliers :
En ce qui concerne certains moments qui impliquent que plusieurs personnes se coordonnent sur un temps spécifique (un temps à plein pour décharger un camion de matériaux par exemple) et/ou qui comporte des risques (mettre en place un escalier, rehausser une toiture, faire s’écrouler un mur, déplacer/porter quelque chose de très lourd…), c’est plus pratique de se mettre d’accord AVANT sur qui donnera les informations (par exemple : « 1, 2, 3… on soulève ») et expliquer clairement ce qui va se passer, la méthode envisagée. Il n’est pas rare en effet que ce soit le moment où se lancent de longs débats contradictoires sur la méthode à employer… [8]. Pendant ce temps, 10 personnes se retrouvent à poireauter avec une poutre à bout de bras !
*Les approvisionnements de dernière minute :
C’est une tâche qui implique de récupérer les infos de chaque chantier et d’anticiper les jours et horaires de fermeture des magasins et le(s) lieu(x) où ils se trouvent afin d’éviter trop d’allers-retours (voir 2.2). C’est une tâche qui peut se coupler facilement avec un rôle "intendance/courses/taxi" par exemple.
- 3.4.8 Comment ce qui a été fait par plein de personnes à différents endroits prend du sens pour tou.te.s
Lorsqu’il y a plusieurs chantiers en même temps, dans différents endroits ou sur plusieurs semaines avec des équipes différentes, ça peut être chouette de visibiliser ce qui a été fait, ce que les personnes ont appris, les étapes réalisées et celles qui restent. Pas mal de choses ne se "voient" que dans les derniers jours et ça peut être décourageant de ne pas sentir le chantier avancer (voir 3.2.1).
Certains chantiers sont peu visibles parce qu’éloignés du lieu principal de vie et de travail des autres équipes ou pas très "impressionnants" (par exemple, ranger un atelier en triant des tonnes de vis ou pièces détachées pour les remettre dans des boites, c’est sûrement moins impressionnant que de refaire une façade, mais ça peut pourtant être une tâche d’une grande importance pour le lieu), ou bien certains travaux ne se voient plus une fois le chantier terminé (typiquement : creuser un drain à la pioche pour ensuite le remplir de cailloux… ça risque de parler à certain.e.s !).
Faire une visite des chantiers à la fin (ou à plusieurs moments quand le chantier dure plusieurs semaines), prendre le temps d’expliquer ce qui a été fait, ça peut permettre de valoriser des travaux pénibles et/ou invisibles. Et c’est chouette de ne pas oublier dans ces présentations de montrer aussi ce que font les personnes en cuisine, les personnes polyvalentes qui font les courses, accueillent les personnes qui arrivent, gèrent de la logistique, de la compta, du quotidien sans peut-être jamais "faire du chantier".
– 3.5 Ce qu’il faudrait faire régulièrement pendant le chantier
* Vérifier le contenu des pharmacies : l’idée c’est qu’elles restent complètes et propres.
* Gros rangement du/des chantiers. + ou – souvent en fonction des chantiers : 1 à 2 fois par semaine en moyenne jusqu’à un rythme quotidien lorsque c’est un des enjeux du chantier (finitions). Ça permet de ranger des outils dont on n’a plus besoin pour la suite du chantier et qui traînaient là, et aussi de dégager l’espace, ce qui facilite la suite et limite les risques de chutes ou de blessures.
* Points de coordination entre chantiers, sur chaque chantier, avec les chantiers cuisine et orga divers (avec les voisin.e.s éventuellement) selon les besoins.
* Un moment et/ou des outils pour savoir comment vont les personnes qui participent et celles qui organisent pour éventuellement réajuster certains choix de fonctionnement (rythme, répartition des tâches, ambiance relationnelle)
* Vérifier régulièrement l’état du matériel d’échafaudage et les autres points réguliers à faire concernant la sécurité.
* Faire des pauses.
4. Et après ?
– 4.1 Rangement
Je trouve qu’il y a un enjeu important à avoir réfléchi quand et avec qui se passe le rangement. En fait, il s’agit plutôt de parler "des" rangements.
Il y a le rangement propre à chaque équipe qui à mon avis doit être compté dans le temps de "travail" : faire les finitions, ranger le lieu sur lequel on a bossé, nettoyer (plus ou moins selon si la pièce sera encore en travaux ensuite ou si elle doit être utilisée pour habiter), ramener les outils à l’atelier ou dans un lieu prévu pour.
Il y a ensuite le rangement des espaces de vie quotidienne (installations diverses pour cuisiner, manger, dormir... qui ne resserviront pas tout de suite. Voir 2.4 et 4.4). Tout ne pourra pas se faire avec la totalité des personnes qui ont participé au chantier (puisque tant qu’on est nombreux.ses, on a besoin d’à peu près tout), mais ça peut être bien de profiter d’avoir encore du monde pour mettre un gros coup avant que la plupart ne s’en aille (démonter/transporter par exemple des chapiteaux, tables, bancs, chaises ; aller à la déchetterie…) parce que pour le coup, à pas nombreux.ses ça peut devenir vraiment galère.
Il faut avoir en tête que la plupart du temps, les personnes qui vont participer au rangement sont également celles qui ont fait la prépa, voire la prépa de la prépa, voire ce sont celles qui vivent sur place et qui vont passer les 3 prochains mois à ranger ce qui traîne : les cendriers éparpillés un peu partout, les scotchs de protection pas enlevés, tous les "3 petits trucs qui restent" et qu’elles ont dit qu’elles feraient plus tard parce que sur le coup ça ne semblait pas beaucoup. Elles risquent de finir très fatiguées.
Un des trucs qui peut se produire c’est ce que j’appelle "l’effilochage" (ça se passe en général sur 2 ou 3 jours) : le chantier est officiellement fini. D’heure en heure les personnes s’en vont. On est triste de se quitter, tout ça... Il y a de moins en moins de monde pour faire des trucs et l’ambiance est à la mélancolie. Les personnes qui hésitaient à rester ont un gros coup de fatigue/de blues et décident finalement de partir. Il ne reste plus que 6 personnes. 2 d’entre elles se chopent une angine et comatent dans un coin, 2 se pètent le dos à force de déplacer des trucs trop lourds. Qu’est-ce qui reste ? Réponse : les 2 personnes qui avaient prévenu à l’avance qu’elles ne se sentiraient pas d’enchaîner avec le rangement et qui finissent quand même par le faire en ayant les boules contre les autres…
Bon je ne veux pas casser la baraque… C’est un peu démoralisant je le reconnais, mais j’ai le sentiment pourtant que c’est à peine caricatural. Alors peut-être que ça vaudrait le coup d’essayer (je n’ai pas encore expérimenté) de prévoir que des personnes qui n’ont pas fait le chantier viennent en renfort pour voir la fin du chantier et être fraîches pour les journées de rangement, ou bien que des personnes prévoient de se prendre une vraie grosse pause sur les derniers jours de chantier (en même temps c’est dur parce que c’est le moment où en général ce qui a été fait "se voit" vraiment !). Voilà, je pense que ça dépend des contextes et des personnes. En tout cas, je sais que ce qui arrive très souvent c’est que le rangement attaque directement après le chantier et qu’on ne réalise alors pas toujours qu’on est en train de s’enchaîner plein de journées bien physiques sans prendre de pause (voir 3.3). Les derniers jours de chantier sont en effet souvent bien intenses (parce qu’on veut finir) et on peut penser que le rangement ira vite alors qu’au final ça n’en finit plus. À faire gaffe, quoi.
– 4.2 Retour des emprunts
Dans les rangements, il y a aussi rendre tout ce qui a été emprunté, donc se souvenir de ce qui est à qui. C’est là que d’éventuelles listes prennent tout leur sens ! Si on ne les a pas perdues… (voir 2.3.3) Parce qu’après un gros chantier notamment (beaucoup de personnes et sur plusieurs semaines) c’est compliqué de se souvenir de la petite marque sur le manche de la pioche de la voisine (parce qu’entre temps elle a sûrement connue des tonnes de péripéties cette pioche…).
– 4.3 Finir ce qui n’a pas pu l’être
Il arrive parfois que le temps de rangement a été pensé comme un vrai temps avec du monde, mais qu’au final il soit "mangé" par la poursuite ou par les finitions d’un ou plusieurs chantiers qui n’ont pas pu être finis. Ça peut en faire un moment vécu comme étant lourd et pas satisfaisant parce qu’on n’aura pas réussi à faire tout ce qu’on voulait (voir 4.1).
Quand on constate qu’il risque d’y avoir des "retards", c’est chouette d’avoir déjà un peu réfléchi à ce qui pourrait se passer si un chantier ne peut pas être terminé dans les temps (voir 1.3). Qui va se retrouver à faire le rangement qui n’aura pas pu être fait ? Est-ce que ça va à ces personnes ? Est-ce qu’on demande à d’autres de rester plus longtemps ? Ou bien est-ce que c’est plutôt le/les chantiers "en retard" qu’on va choisir de laisser pour plus tard ?
Quand on réalise qu’on ne pourra peut-être pas finir (notamment c’est difficile d’évaluer le temps nécessaire pour certains chantiers lorsque, avant une phase de reconstruction, il y a un démontage/démolition qui peut révéler des surprises), on peut essayer d’anticiper ce qui se passera. Avoir déjà prévu une période pour faire une autre semaine de chantier avec quelques personnes pour finir des choses si besoin. Et si au final tout était terminé dans les temps, ce serait toujours une semaine de calée pour faire d’autres choses pas prioritaires mais super utiles, ou juste se faire des vacances ensemble !
– 4.4 À suivre ?
Comment on tire un bilan de ce qu’on vient de vivre ? Avec qui (tout le monde, les personnes qui ont préparé… ?).
Comment on en garde des traces pour que ça resserve (pour soi, pour d’autres) ?
Est-ce qu’il faut démonter tous les aménagements ou pas (si on a par exemple construit des toilettes sèches ou des douches d’extérieur) ? Si on en conserve certains, est-ce qu’il faut les protéger pour qu’ils ne s’abîment pas ?
Est-ce qu’on a envie d’organiser d’autres chantiers du même genre ? Ici ou ailleurs ? Qui veut bien relancer les personnes intéressées quand le moment sera venu ?
– 4.5 Se reposer
Ça me semble important d’en faire un point à part parce que je crois bien que ça concerne plein de monde ! Par exemple : le chantier se finit le 13, et le 14 tu as prévu d’être à 200 bornes de là pour des rencontres trop chouettes avec 280 personnes… Trop bien !
Ça peut jouer, on est d’accord. Mais en vrai, je pense qu’il faut vraiment se poser la question de savoir de quelle marge de temps on a besoin pour se reposer. Il y a bien sûr la fatigue physique, mais il y a aussi le fait qu’on aura vécu avec beaucoup de personnes pendant un certain temps, eu plein de chouettes ou moins chouettes discussions, fait des promesses de se revoir bientôt... Comment est-ce qu’on prend le temps de digérer ce qu’on a vécu, de prendre du recul, de se demander ce qu’on en apprend ?
Peut-être aussi qu’on n’aura pas eu les temps de solitudes dont on a besoin pour prendre soin de soi, bouquiner, écrire, ne rien faire… ce dont on peut avoir besoin régulièrement d’habitude. Peut-être que ça pose aussi la question de comment on fait pour se prendre ces temps-là pendant la durée du chantier (voir 3.2) ?
Dans tous les cas, et même si on s’y est préparé.e.s, et malgré tout plein de bonnes résolutions, c’est le genre de contexte qui peut vite embarquer dans un rythme soutenu. Parce que c’est dense et riche (et tant mieux !), mais aussi parce que c’est peut-être confrontant et que ça peut brasser. Alors voilà, prendre le temps de s’approprier tout ça, prendre soin, et tout et tout… ça ne me semble pas du luxe.
[1] Qu’est-ce que j’entends par "chantier" dans cette brochure ? Un contexte où on ne se fait pas de fric, où on bosse avec les moyens du bord pour créer des espaces ou des outils à partager (par exemple des structures mobiles pour les mettre à dispo d’autres lieux/événements). Un espace-temps où trouver du sens et une occasion de se rencontrer en partageant à la fois la réalisation concrète de cet espace ou outil, mais aussi en partageant du quotidien : avoir du temps pour s’embarquer dans un grand débat autour d’une tisane après manger, en faisant la vaisselle ou en creusant une tranchée. Une expérience pour apprendre à faire soi-même (que ce soit acquérir des compétences techniques ou expérimenter des manières de faire ensemble).
[2] Pour moi anti autoritaire ça veut dire contre toutes formes de domination. Mais bon si c’était suffisant de dire ça, ça se saurait. Personnellement, je trouve que ça implique de la nuance, des remises en question (quasi) permanentes. Ça n’est pas un langage informatique où tu as le choix entre 1 ou 0. Il n’y a pas la bonne manière. Ça veut dire être capable de bouger, donc d’être parfois (souvent ?) dans l’inconfort (Comment alors on réussit à se construire malgré tout du confort, quelque chose qui n’est pas que déstabilisant sans pour autant s’enfermer dans un "nous" qu’on ne pourrait plus remettre en QUESTIONS SANS RISQUER DE S’ISOLER ?).
Ça veut donc dire aussi contre tout discours dogmatique. En cela l’exercice de l’écriture fut difficile : comment réussir à "transmettre", partager des questions sans nécessairement "donner" une réponse ? Mais aussi comment reconnaître que non, "tout" ne se vaut pas ? Que j’ai une opinion, donc que ça n’est pas vrai qu’il n’y a pas selon moi de bonne réponse à certaines questions ?
[3] Ce qui touche au sentiment de légitimité, à la confiance en soi. Les trop classiques situations où on t’enlève un outil des mains pour "te montrer" ; où par "galanterie" on vient porter à ta place. Tous les « c’est rare de voir une femme dans ces domaines » etc… La liste serait trop longue à faire.
[4] J’ai fait le choix de laisser cette forme extrêmement universitaire afin de simplifier la navigation dans le texte par des renvois entre les différentes parties évitant certaines redites (ça reste compliqué… désolée).
[5] je n’ai malheureusement pas trouvé de chiffres précis, mais apparemment 20 mètres ne sont pas suffisants... Recherches à poursuivre.
[6] Selon les personnes (taille/poids), il serait nécessaire de trouver dans ses boissons ou alimentation a minima 1 litre (pour des très jeunes) à 2,5 litres d’eau (pour un.e adulte de 70 kg), sachant qu’on en consomme entre 0,5 à 1 litre par le biais de ce qu’on mange. Lorsqu’il fait chaud et lorsqu’on a une activité physique intense, il faudrait même boire encore plus, par exemple rajouter 1 litre d’eau par heure d’activité physique pratiquée…
[7] On pourrait débattre de ce que ça veut dire pour chacun.e (et c’est chouette de le faire d’ailleurs), il n’empêche que pour pas mal de monde, "festif" c’est forcément avec des "produits"…
[8] Combien faut-il de bricoleur.euse.s pour changer 1 ampoule ?
Réponse : 30… 1 qui change l’ampoule et 29 qui disent qu’iels auraient fait autrement.
Des annexes vont avec cette brochure, elles sont en pdf avec cet article.
Dans ces annexes, on trouve des infos plus spécifiques et techniques qui peuvent faciliter la préparation : formules de calculs avec des exemples explicités, tableaux de conversions, liste des masses volumiques des principaux matériaux et liens internet que j’ai trouvés pertinents pour trouver des informations plus précises dans différentes thématiques (de la construction et relationnelles).
Ci-dessous les liens internet qui sont présents dans ces annexes :
– Sur la charpente, les cours de la formation OPRP (Ouvrier Professionnel en Restauration du Patrimoine), le document est une introduction à la charpente de 27 pages : http://gabionorg.free.fr/docs.htm
– Sur l’électricité : on trouve l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur les bases en électricté dans la brochure "Petit manuel d’électricité DIY" qui se trouve ici : https://infokiosques.net/spip.php?article1013
– Sur la maçonnerie : voir ce document téléchargeable sur le site du Gabion : "Maçonnerie" http://gabionorg.free.fr/docs.htm
– Menuiserie - travail du bois : ces 2 documents qui ont l’air pas mal, téléchargeables sur le site du Gabion ; "Le matériau BOIS" (présentation du bois, le séchage et les retraits, 8 pages) et "Menuiserie" (Cours de la formation OPRP, 26 pages, concis et en même temps précis) : http://gabionorg.free.fr/docs.htm
– Sur la plomberie : c’est possible de télécharger un bouquin très bien de 209 pages sur la plomberie (comment faire de la plomberie soi-même) avec ce lien https://nopanic.fr/wp-content/uploads/2014/01/Gallauziaux-Thierry-Fedullo-David-Jacquelot-Maurice-La-plomberie.pdf
Autres liens :
– "La flex-yourte", des explications pour construire une structure mobile : https://infokiosques.net/spip.php?article1127
– "Cuisine de survie ou comment nourrir 100 personnes ou plus dans la joie et le bonne humeur", tout est dans le titre... : https://infokiosuqes.net/spip.php?article397
– "Manuel pour un peu d’autonomie face aux premiers secours" : https://infokiosuqes.net/spip.php?article367
– Autour des questions de consentement dans les relations, voir la brochure "Apprendre le consentement en 3 semaines" : https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1315. Ainsi que la brochure "Jour après jour - violences entre proches : apporter du soutien et changer les choses collectivement" : https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1300
– Mais aussi sur des questions de consentement en lien avec la consommation d’alcool : "Sans retenue, nous fêtons notre absence de retenue" : https://www.infokiosques.net/spip.php?article1332
– Et autour du consentement en lien avec la psychiatrie et la prise de substances modifiant les perceptions : "Y a pas viol si c’est une folle", texte publié sur www.zinzinzine.net
ce texte est aussi consultable en :
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (26.6 Mio)
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (26.6 Mio)
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (25.9 Mio)
- PDF par téléchargement, en cliquant ici (25.9 Mio)