V


Vos guerres, nos corps

mis en ligne le 21 mai 2018 - Lucie

Sachez que vous ne vous battez pas pour gratifier mes instincts,
pour me protéger moi ou mon pays. Puisque, dira l’outsider,
en tant que femme, je n’ai pas de pays. En tant que femme,
je ne veux d’aucun pays. En tant que femme, le monde entier est mon pays.
Virginia Woolf, Trois Guinées

Dans les quelques jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, une caricature a envahi la presse et lesdits réseaux sociaux. Une Marianne entièrement nue mis à part son bonnet phrygien, agenouillée dans une pose provocante, battant des cils, les bras gracieusement relevés autour de la tête, qui déclare : « Nous, nos bombes sont sexuelles et nos attentats à la pudeur ». Cette « caricature » a été imprimée et réimprimée, retweetée et facebookée, manière d’occulter dans un terrible élan collectif à la fois l’existence des interventions françaises à l’étranger (au Moyen-Orient contre l’État islamique depuis août 2014) et celle du viol. L’attentat à la pudeur est un ancien terme juridique qualifiant en France une agression sexuelle. Rien que ça. Cette phrase est le condensé d’une certaine idéologie française va-t-en-guerre et sexiste. Elle contient ce fameux « nous » universalisant dans lequel chacun et chacune devraient prétendument se reconnaître, et une allusion, par les « bombes sexuelles », à un certain idéal de « la femme française » sur lequel nous reviendrons, et l’idée de l’ « exception française », selon laquelle la « séduction » serait l’une de nos marques de fabrique. Le but de ce texte est de déplier les ressorts de cette idéologie républicaine qui, à des fins à la fois belliqueuses et auto-justificatrices, n’a jamais cessé de s’approprier le corps des femmes.

La République est une femme

La France, tout en étant une très mauvaise élève du féminisme européen, cultive depuis fort longtemps (pour certaine [1] cela remonterait au roman courtois) l’idée d’une femme française aux atouts spécifiques et à la situation juridique particulière, idée qui s’incarnerait dans la maîtresse de maison : tout en n’ayant aucune prise sur le monde extérieur, elle serait reine en son propre foyer. Ce pouvoir-là contrebalancerait, dans une curieuse vision de l’équilibre, le statut juridique des femmes, qui jusqu’à très tard était celui de mineures [2]. En 1877, tout en gardant les Françaises à genoux, la IIIe République choisit Marianne pour s’auto-symboliser dans les mairies. Comme le dit bien Michèle Sarde, « la Française se trouve donc déchirée entre deux représentations sublimées de sa personne : tour à tour, la Femme et la France [3] ». Autour de cette Française déjà mère protectrice des enfants de la République, déjà seins nus depuis « La liberté guidant le peuple » de Delacroix, affublée de multiples, lourdes, et bientôt vides casquettes de Révolution, Liberté, République et Démocratie, viennent s’amalgamer d’autres attributs, du côté « féminin » plutôt que français cette fois. Pêle-mêle, lafemmefrançaise est séduisante (comprenons qu’elle se met à disposition des hommes), élégante (c’est une vitrine ambulante des grandes marques françaises), piquante (elle offre un miroir de rires et de sourires aux discours masculins, au fameux « esprit français »), amoureuse (du Français de préférence, car quand la Française aime, c’est dans un cadre nationaliste et hétérosexuel) et émancipée (elle s’apitoie sur le sort des pauvres-femmes-du-tiers-monde, excisées, violées ou voilées, ou si possible les trois en même temps). Nous cherchons toujours les autres caractéristiques de cette émancipation à la française. N’hésitez pas à partager vos pistes avec nous.

Le féminisme est français

Le corps des femmes est donc l’étendard de la République française. Enlevons-le, il ne reste pas grand-chose de la France, à part peut-être le fromage. Mais soyons prudentes. Nous pourrions trouver des seins nus au fond d’un paquet de camembert.

Nous allons nous arrêter là afin d’épargner nos lectrices et profiter de l’occasion pour dire que, bien entendu, cette personne (lafemmefrançaise) dont nous parlons n’existe pas : c’est une projection collective des médias, féminins ou non, un archétype créé par la bourgeoisie, un écran de fumée cachant la forêt du sexisme (nous y reviendrons). Mais cet écran de fumée est également une injonction, un fil tendu sur lequel toutes les Françaises devraient s’élancer, pour tenter d’aller le plus loin possible dans la direction de la féminité estampillée républicaine. Et ce aux dires de ce prétendu « nous », de ce collectif universel qui n’existe pas, qui n’est en réalité que la volonté de l’idéologie bourgeoise blanche et masculine.

En temps de guerre, l’écran de fumée s’épaissit, l’injonction au funambulisme est plus insistante. Il faudrait se serrer les coudes autour de ce « nous » qui, le reste du temps, pousse tou.te.s les autres dans les orties. Depuis les attentats de 2015, lafemmefrançaise dont nous parlions a ressurgi avec plus de vigueur, visant à ressouder les hommes autour de « leurs » femmes et enjoignant celles-ci à s’offrir fièrement à eux. « La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : […] de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ». Rebelote. Ce commentaire écrit par un Américain sur le site du New-York Times au lendemain des attentats du 13 novembre offre une vision totalement améliepoulinisée de la France. Traduit en français par le journal de gauche bon teint Slate.fr, il est immédiatement relayé dans les heures qui suivent par une immense majorité de la sphère tweeter et par toutes sortes de sites internet, qu’ils soient pseudo-anarchistes, conspirationnistes-fascisants (Égalité&Réconciliation de Soral), catholiques, pseudo-féministes, et par l’ensemble des médias républicains mainstream. Chacun y va de son petit commentaire, oh-mais-oui-bien-sûr-c’est-bien-ça, c’est exactement ça la France. Nous voilà revenues à lafemmefrançaise : qui dit souriante et habillée légèrement, dit libre. Nous ne sommes pas très étonnées. C’est bien l’un des ressorts du discours du dit féminisme à la française. Il existe tout un bataillon de femmes, surreprésentées dans les médias, qui en sont les figures de proue. Telle la sociologue Irène Théry en mai 2011 dans Le Monde : « Mon sentiment est que, par-delà mes convictions, le féminisme à la française est toujours vivant. Il est fait d’une certaine façon de vivre et pas seulement de penser, qui refuse les impasses du politiquement correct, veut les droits égaux des sexes et les plaisirs asymétriques de la séduction, le respect absolu du consentement et la surprise délicieuse des baisers volés. » On ne se triturera pas trop longtemps le cerveau à essayer de comprendre comment l’égalité peut coexister avec les « plaisirs asymétriques de la séduction », ni en quoi un « baiser volé » peut être consenti, car s’il est volé, il n’est pas consenti. Ou alors tous ces mots n’ont plus de sens et nous discutons dans la quarante-sixième dimension, hors de tout cadre rationnel. Cet extrait, qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des déclarations de mesdames Théry, Badinter, Ozouf, Lévy et consœurs, oppose une galanterie française, qui serait délicieusement inégale, aux rapports judiciarisés entre les sexes que tenteraient d’imposer les féministes américaines, transformées par un coup de baguette magique en épouvantailles poilues et mal baisées. Ce que nous dit la bande à « féministes françaises », c’est tout simplement que l’espace de liberté des Françaises doit rester contenu dans le regard des hommes. Mélangeons tout cela et secouons : l’huile qui surnage n’est autre que la bonne vieille société patriarcale, légèrement saupoudrée d’anti-sexisme. Comme nous le dit si bien la féministe matérialiste Christine Delphy : « Ce n’est pas par hasard si c’est à des femmes – et à des femmes ayant une image féministe – que l’on confie la tâche de proclamer la fin du féminisme. Il est aisé de comprendre que ce n’est pas par ceux qui se disent ouvertement contre la libération des femmes, ou dont on sait qu’elle va contre leurs intérêts, mais par celles qui se prétendent pour la libération des femmes, ou dont on pense qu’elle est leur intérêt objectif, que la lutte est le mieux discréditée [4]. »

La femme de fumée dont nous parlions permet donc d’asseoir dans des imaginaires collectifs (ceux de personnes vivant en France, cette fois) l’idée que lafemmefrançaise est libre, que le féminisme restant à déployer par chez nous n’a besoin que de quelques ajustements mineurs (un zeste de parité par-ci, un chouia d’égalité hommes-femmes par-là) pour être achevé. Cette femme de fumée permet notamment à Sarkozy de déclarer, dans un discours du 14 janvier 2007 : « La soumission de la femme [sic] c’est le contraire de la République, ceux qui veulent soumettre leur femme n’ont rien à faire en France ». Cette simple phrase suffit à effacer d’un coup, comme sur une ardoise magique, tout le travail effectué par les féministes pour rendre visibles, au hasard, le viol et les violences conjugales. Rappelons que des statistiques nous disent qu’en France, une femme est violée toutes les sept minutes, et que tous les deux jours, une femme meurt sous les coups de son mari. Mais voyons ! Ces phénomènes n’existent pas en France ! Et s’ils existent, ils sont incarnés par des personnes qui sont des intrus, pour la simple et bonne raison qu’étant « arrivants », ils seraient toujours en mesure de repartir.

Seules les autres sont soumises

Ce que dit la phrase de Sarkozy en creux est que les hommes soumettant leurs femmes n’étant pas Français, les femmes soumises ne le sont pas non plus. Les Françaises ne sont donc pas soumises, et les Français ne sont pas des oppresseurs. CQFD.

À la fin des années 1980, qui curieusement sont aussi la période de perte de vitesse de la deuxième vague du féminisme, le discours médiatique bourgeois invoque une nouvelle épouvantaille. Une femme autre, étrangère, face obscure de la médaille delafemme : lafemmevoilée (qui n’existe pas plus que lafemmefrançaise, entendons-nous bien, car, jusqu’à preuve du contraire, seules existent des femmes qui portent le foulard). Cette figure d’altérité émerge dans les années 1980 et 1990, au fil des premières affaires du voile à l’école et des déclarations fracassantes du monde politico-médiatique qui vont d’abord construire une oppression idéologique des musulmanes qui portent le foulard, par un discours allant de la fameuse soumission (garder son corps pour son unique mari et pour Dieu, tandis que la bonne Française libérée l’offre à tous les hommes en même temps) à l’inévitable agression (toute burqa digne de ce nom abrite nécessairement une kalachnikov voire une bombe sous ses plis, quand ce n’est pas le diable de la religion en personne dans sa boîboîte).

En 2004, l’oppression idéologique devient ouvertement matérielle : car si auparavant les musulmanes portant le foulard avaient probablement des difficultés à trouver un travail, à moins qu’il ne s’agisse de passer l’aspirateur à la Défense en dehors des horaires de bureau, il est dorénavant gravé dans le marbre qu’elles ne pourront plus aller à l’école [5]. Voilà que l’idée de l’émancipation (idéal pourtant si généreusement octroyé à lafemmefrançaise par la République) est renversée sur la tête : avant de prétendre à l’émancipation, il faut pouvoir prouver qu’on est déjà « libre ».

Brandir ses propres femmes comme des modèles de liberté face à d’autres femmes soumises, aliénées voire brutalisées (car viol = tournante = banlieue = les autres (lire les non-blancs) permet de renforcer une unité nationale (d’hommes) tout en gardant le troupeau féminin sous contrôle (c’est pire chez les autres, hein !). Car plus l’Afghane en burqa est opprimée, plus la Française est libre. Et inversement.

Le mécanisme se déploie de la même manière à différents niveaux. On pourrait aller voir du côté du marché culturel, qui adore faire son beurre sur les films de la « diversité » mettant en scène des femmes du tiers-monde ou « des banlieues », de préférence musulmanes, harcelées, soumises, violentées dans leur propre pays, ou mieux, dans leur quartier, qui vont trouver la liberté, le bonheur en Occident, ou dans le mode de vie occidental, ou même avec un occidental [6]. Seul le caractère massif de cette production, au regard de l’inexistence ou de la rareté de la production de films présentant le sexisme ordinaire subi par Marie-Claire (au hasard), permet le bon fonctionnement du mécanisme.

Ou encore, il s’agira de survaloriser le passage de « la femme des autres » dans « notre » camp. L’exemple type est la « beurette libérée [7] », encartée à Ni putes ni soumises, association surmédiatisée, proche du Parti Socialiste, née d’un prétendu mouvement des femmes des quartiers en 2001, qui va mener tambour battant la guerre contre l’oppression des femmes des quartiers et contribuer à l’invisibilisation du sexisme, qui pourtant ne connaît ni classe ni couleur de peau, en désignant unilatéralement les « hommes des quartiers » comme agresseurs. En 2003, la « Marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité » se rend à l’Assemblée nationale et sa compatibilité avec la République est immortalisée par l’exposition « Mariannes d’aujourd’hui ». Quatorze femmes des quartiers qui posent en Marianne [8]. Là, c’est l’orgasme suprême. On va enfin pouvoir les baiser, ces salopes. Car l’un des principaux moteurs de la haine vis-à-vis des femmes qui portent le foulard est leur non-disponibilité sexuelle. Lafemmefrançaise doit être disponible sexuellement : partout, tout le temps, pour le flirt, la drague, la baise, la séduction, l’adultère. Lafemmefrançaise est éternellement consentante, lafemmevoilée ne l’est pas.

Faire la guerre au nom des femmes

Si la France refuse aux femmes qui portent le foulard vivant sur son sol le droit à l’éducation, l’un des buts officiels des occidentaux lors de leurs « interventions extérieures » est la libération des femmes. Cet extrait d’un mémo de la CIA nous rappelle qu’à chaque nouvelle guerre, qu’on pense à l’Afghanistan, au Mali ou aujourd’hui à l’État Islamique, les médias, de Elle à Libération en passant par Paris Match, nous noient sous des articles décrivant l’horreur de la situation des femmes de tel ou tel pays dans lequel il faudrait impérativement intervenir militairement [9] :

Les femmes afghanes pourraient être les messagères idéales pour humaniser le rôle de la FIAS [Force Internationale d’Assistance et de Sécurité] dans le combat contre les talibans, en raison de la capacité des femmes à parler de façon personnelle et crédible de leurs expériences sous le régime taliban, de leurs aspirations pour l’avenir et de leur crainte d’une victoire des talibans. Les initiatives susceptibles d’ouvrir les espaces médiatiques pour que les femmes afghanes partagent leur histoire avec les femmes de France, d’Allemagne ou d’autres pays d’Europe pourraient contribuer à vaincre le scepticisme sur la mission de la FIAS, qui domine très largement chez les femmes en Europe de l’Ouest.
Selon un sondage réalisé par l’INR [le Bureau of Intelligence and Research, rattaché au Département d’État] à l’automne 2009, le pourcentage de femmes qui soutiennent la mission est inférieur de 8 points à celui des hommes en France, et de 22 points en Allemagne.
Les événements médiatiques mettant en scène des témoignages de femmes afghanes seraient sans doute particulièrement efficaces s’ils étaient diffusés dans le cadre de programmes dont le public est très majoritairement féminin
 [10].

On ne s’étendra pas sur le caractère éternellement hypocrite et utilitariste de ce type de couverture médiatique, à peu près du niveau de BHL partant libérer la Libye juché sur un char. Lorsque l’on consulte les archives du Monde, on s’aperçoit qu’avant le 11 septembre 2001, les femmes afghanes n’existent que dans deux articles. Des dizaines de textes leur sont ensuite consacrés dans les mois qui suivent. Force est de constater qu’il en va de même pour de nombreux autres pays, dont les femmes n’existent chez nous qu’à l’aune de la nécessité de les envahir militairement. Car les guerres se sont toujours faites sur le dos des femmes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine a joué sur l’image de séductrices des femmes françaises outre-Atlantique pour recruter ses volontaires : « Le journal de l’Armée américaine, Stars and Stripes, expliquait aux GI comment prononcer des phrases telles que “Tu es belle !" ou “Est-ce que tes parents sont à la maison ?”, tandis que le magazine Life présentait à l’époque la France comme “un gigantesque bordel dans lequel [vivaient] 40 millions d’hédonistes [11]”. » Personne n’a raconté cette histoire à part l’historienne américaine Mary Louise Roberts, qui explique dans son livre Des G.I.’s et des femmes le caractère systématique et ahurissant des viols de Françaises commis par les soldats américains après le débarquement, et la parade trouvée à ce problème par l’État-Major… accuser des soldats noirs [12]. On s’appuie sur le système ségrégationniste bien rôdé au pays et le racisme bien enraciné dans la société française… ni vu ni connu. La boucle est bouclée, et les G.I.’s américains sont restés dans l’Histoire comme de valeureux gentlemen distribuant à profusion des tablettes de chewing-gum à une population française une et indivisible dans son ravissement [13].

Féministes contre la guerre

En 1938, dans son essai Trois Guinées, Virginia Woolf appelait les Anglaises à refuser de choisir entre le patriarcat de l’Angleterre capitaliste et celui de l’Allemagne nazie. « Et s’il dit qu’il combat pour protéger l’Angleterre d’une invasion étrangère, elle pensera que pour elle, il n’y a pas d’étrangers, car selon la loi, elle devient étrangère sitôt qu’elle épouse un étranger [14] ». De même, être féministe en 2016 revient à refuser les guerres que l’État français mène au nom des femmes dans de nombreux pays du monde. Et pour ce faire, il est nécessaire de lutter. Contre l’instrumentalisation des Françaises à qui est éternellement prescrit d’être un miroir ambulant du regard des hommes et le prétendu modèle d’émancipation de la démocratie européenne, d’une part. Contre la discrimination, la diabolisation et l’invisibilisation des femmes portant le foulard d’autre part, sur le dos desquelles on s’acharne à vouloir faire du sexisme l’apanage des non-blancs et des non-bourgeois. Les femmes seront toujours perdantes à être brandies comme alibis, elles seront toujours perdantes à être divisées. Pas de guerre en nos noms, ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain. Comme le dit encore notre amie Virginia Woolf, « C’est le devoir auquel les outsiders devront s’entraîner en temps de paix, avant que la crainte de la mort, inévitablement, ne rende la raison impuissante. »

[1Michèle Sarde, Regards sur les Françaises, Stock, 1983. Curieux mélange de poncifs essentialistes, d’idées brillantes et d’informations précieuses.

[2Jusqu’à 1965, les femmes françaises ne peuvent ni travailler ni ouvrir un compte bancaire en leur nom propre sans l’autorisation de leur mari.

[3Op. cit, p. 34.

[4Delphy, Christine, Un universalisme si particulier, Syllepses, 2010, p. 39.

[5Loi promulguée le 15 mars 2004, selon laquelle : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »

[6La série de téléfilms Aïcha, Aïcha, job à tout prix, Aïcha, la grande débrouille, Aïcha, vacances infernales, de Yamina Benguigui, en est l’exemple type.

[7Cf. « D’une autre étoffe », le portrait de Loubnia Méliane dans Libération, 15 janvier 2004, par Luc Le Vaillant : « Ces jours-ci, il y a des femmes voilées qui défilent, asservies volontaires à l’obscurantisme. Face à elles, cheveux au vent, jupe en jeans et bas résille, fière de son indépendance sur ses talons vacillants, se dresse Loubna Méliane, fille des Lumières et partisane du vivre libre, en pensées, en actions et en émotions. Le temps est venu de négliger la pluralité des motivations et de réaffirmer la nécessité de toutes les émancipations. D’autant que l’ancienne leader lycéenne, la vice-présidente de SOS Racisme, la marcheuse des Ni putes, ni soumises, la pro-loi sur le voile n’est pas seulement “une fille du prolétariat immigré de province” (dixit Malek Boutih) qui aurait atteint sa vitesse de libération, c’est surtout un emblème très romanesque. Qui a surmonté deuils familiaux, échecs scolaires et entraves financières pour démontrer à ses sœurs des cités qu’on peut échapper à ses origines, à l’endogamie amoureuse et à la reproduction sociale. »
http://www.liberation.fr/portrait/2004/01/17/d-une-autre-etoffe_465583 (consulté le 24/04/2018).

[8Pour y croire, voir la page http://www.assembleenationale.fr/evenements/mariannes.asp (consultée le 24 avril 2018).

[9« C’est inquiétant car, depuis 2001, les “droits des femmes” servent à justifier, entre autres choses, les guerres d’agression. Bush et Blair, en 2001, ont sorti ces droits de leur chapeau comme troisième et dernière raison de bombarder l’Afghanistan. Aussi curieux que cela paraisse en Europe, le sort des femmes a également été utilisé aux États-Unis pour justifier le renversement de Saddam Hussein. Les Américains ignoraient que le régime baasiste était laïc et que les femmes n’avaient rien à gagner mais tout à perdre d’une guerre qui mettrait forcément au pouvoir des religieux. Les Irakiennes le savaient et le disaient dès le lendemain de la prise de Bagdad, mais qui les a écoutées ? » Christine Delphy, « Bruit de bottes et féminisme », in Un universalisme si particulier, op. cit.

[10« CIA Red Cell : A Red Cell Special Memorandum/Confidential/No Foreign National », publié par WikiLeaks le 26 mars 2010, cité in Tariq Ali, Obama s’en va en guerre, La fabrique, 2010, p. 91-92 (traduit de l’anglais par Etienne Dobenesque).

[12Petit rectificatif 2018 ! D’autres ont raconté cette histoire. Dans son récit O.K. Joe, l’écrivain Louis Guilloux raconte son expérience d’interprète pour l’armée américaine pendant l’occupation en Bretagne. Quelque soit l’acte commis, les soldats noirs sont systématiquement inculpés et exécutés, et les soldats blancs majoritairement disculpés. Louis Guilloux, Salido suivi de O.K. Joe, Folio Gallimard, 1992 (1976).

[13On regardera à ce sujet l’excellent documentaire Les femmes de la libération de Xavier Villetard, où apparaît Mary-Louise Roberts. Quant à la libération des femmes, il faudra encore attendre.

[14Virginia Woolf, Trois guinées, Black Jack éditions, 2012 (traduit de l’anglais par Léa Gauthier). Existe également dans d’autres traductions, chez 10/18 et aux éditions des femmes. On notera que de 1951 à 1973, une femme qui épousait un étranger perdait sa nationalité française. Jolie manière de faire participer les femmes à l’effort de reconstruction d’après-guerre.


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