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Agricultures libertaires et révolutions suivi de Vers une agriculture DIY

mis en ligne le 10 octobre 2021 - Anonyme

Agricultures libertaires et révolutions : pistes de réflexion

Le système capitaliste actuel n’en finit plus d’approfondir ses
contradictions. La possibilité d’une révolution a été maintes fois
envisagée, mais l’aspect agricole semble être un angle mort de la
pensée révolutionnaire. Que se passerait-il une fois la révolution
advenue et les supermarchés vides ?

Envisageons deux possibilités (parmi d’autres) :

1/ une approche plutôt marxiste orthodoxe :
- une réflexion basée sur le salariat voire son extension
(revendiquée par le mouvement radfem marxiste, par exemple la
mobilisation "wages for housework", en français "un salaire pour le
travail domestique").
- une vision "classiste" de l’après-révolution, où les paysan-nes
indépendant-es et les ex-salarié-es agricoles resteraient producteur-
rices de nourriture. Un exemple significatif est la popularité
d’ouvrages tels que Le paysan impossible de Yannick Ogor qui
revendique une classe paysanne "rebelle" à laquelle il appartiendrait.
Ou plus classiquement Les paysans dans la lutte des classes de
Bernard Lambert.

Ce qui pose les questions suivantes :
- quelle portée de la revendication d’abolition des classes ? Ne
s’agirait-il pas in fine de remplacer une classe dirigeante par une
autre ? Auquel cas pour les exploité-es (du monde agricole mais pas
que), à quoi bon la révolution ?
- une fois le salariat aboli, qui produirait la nourriture ?

En effet, on peut partir du constat que si l’agriculture capitaliste
était abolie, l’agriculture "paysanne" ne pourrait pas fournir la
demande et les ouvrier-es agricoles actuel-les ne seraient pas motivé-es à continuer la production ; la plupart d’entre elleux étant plus en recherche de salaire que de travail agricole ; peu font ce métier par "vocation".

2/ une approche plus libertaire :
- les urgences actuelles sont multiples et l’agriculture n’est pas un thème prioritaire mais
- après l’avènement de la révolution, un processus assembléiste et
autogestionnaire serait mis en place parmi les révolutionnaires pour
décider qui prendrait part à la production agricole
(ce qui serait compatible avec une application à l’agriculture du slogan
syndical "travailler tous-tes, moins et autrement" et avec le principe de
rotation des tâches)
(ce qui pourrait conduire théoriquement à l’abolition de la "classe
paysanne" (!))

Ce qui pose les questions suivantes :
- quels stocks de nourriture assureraient la jonction pendant le
nécessaire temps de la mise en place de l’autogestion (formation
d’assemblées, décisions collectives, acquisition de connaissances
nécessaires à la production, émergence de nouvelles formes
d’organisation de la production) ?
- comment éviter la perpétuation, certes sous des formes plus
subtiles, des hiérarchies sociales actuelles (comme trop souvent dans
les milieux militants) ?

Autrement dit, comment éviter que les tâches "minorées
socialement" (et l’agriculture en fait partie) ne soient in fine effectuées
par des groupes ou personnes "minoré-es socialement" ?
(Via des discriminations sexistes, racistes, âgistes, validistes, religieuses, etc.)

Autrement dit encore, tout ce que tu décides par choix de ne pas
faire toi-même et qui doit être fait est fait par d’autres, qui n’ont pas le
choix.

Remarques :
- Ces pistes de réflexion ne sont pas exhaustives et d’autres
réponses pertinentes existent probablement ;
- La thématique agricole mérite d’être appropriée par les forces
militantes pour éviter que la révolution ne finisse en famine (et en
contre-révolution capitaliste, fasciste ou autre) ;
- Historiquement, les révolutions qui n’ont pas rapidement fini en
famine sont celles issues de sociétés paysannes (révolution française
1789, Catalogne 1936, révolutions latino-américaines, ...) ; par
opposition à d’autres soulèvements qui ont tourné court (Commune de
Paris) ;
- Les rapports de force des salarié-es peuvent être posés - et
gagnables - lorsqu’une désertion collective de longue durée est
possible (comme dans les manufactures françaises de la deuxième
moitié du XIXe siècle).
- À défaut de démarche à large échelle, des connaissances même
basiques en agriculture (et en autoconstruction) permettent des
processus d’émancipation (individuelle ou en petits groupes
affinitaires), même partielle, du salariat et de la société de
consommation.

En d’autre termes, construire l’autonomie.
... faute de quoi on ne peut que faire le constat de son aliénation
au système capitaliste.

Vers une agriculture DIY ?

Début du XXIe siècle. De larges pans du mouvement social
s’autonomisent des syndicats. Les ZAD [1] fleurissent et inspirent des
futurs plus respirables. Face à l’urgence climatique, les thématiques
environnementales refont surface. Constater que l’économie
marchande happe toujours plus de pans de nos activités ne suffit plus.
Ici et là, on s’organise pour inverser la tendance.
Le DIY [2] est partout, jusque sur les unes de la presse bourgeoise.

Cuisines collectives, ouvrages littéraires collectifs, vaisselles
autogérées, repair café [3], refus de l’habitat individuel, ménage par
roulement des espaces collectifs, jusqu’à la gestion des toilettes
sèches... Faire par soi-même, seul ou avec les autres ; faire sans
argent ; faire sans patron ; ...
Ces pratiques sont vivaces dans de nombreux domaines. Mais
dès que l’on envisage de produire son alimentation, les bonnes
volontés se font rares, et les tentatives collectives aboutissent le plus
souvent à des échecs.
Ce n’est pas une fatalité.
Au vu de la situation actuelle, très peu satisfaisante, où des
travailleur-euses produisent et vendent de la nourriture dans l’espoir
d’en tirer un revenu décent, et où d’autres se serrent la ceinture faute
d’argent, il est urgent de penser ce que pourrait être la place de
l’agriculture dans une société libertaire. Pistes de réflexion pour une
agriculture hors de l’économie monétaire.

• Une agriculture anti-capitaliste ?

Pour qui la nourriture est-elle une marchandise source de
profit ? Pour qui est-elle aliénation ?

Curieuse époque où l’on cherche un « job alimentaire » pour
pouvoir remplir son frigo et où l’on fait son potager pour se détendre
après sa semaine de boulot. Dépendant-es de l’argent pour pouvoir
manger, les exploité-es se privent d’une arme de poids : la grève
générale.

Il n’en a pas toujours été ainsi. « Pendant tout le XIXe siècle, de
nombreux ouvriers gardent une base rurale et domestique dont ils
tirent leurs moyens de subsistance.
 » [4] L’agriculture vivrière,
individuelle ou collective, fournit de la nourriture qui n’est pas une
marchandise (au sens où elle n’est pas produite dans le but d’être
vendue). Elle permet surtout de déserter le salariat (toujours bon à
prendre d’un point de vue individuel), de sortir de la dualité
production/consommation et, si elle est portée collectivement, de
mettre un frein à l’exploitation et l’accumulation des ressources entre
toujours moins de mains.

• Quelle valeur donner à sa production ?

Et si tu faisais le potager pendant que nous jouions de la
guitare ? (l’art aussi est important)

Produire de la nourriture est une chose. On y laisse du temps, de
l’argent, des trésors d’organisation, et une partie de sa santé. D’où
l’idée d’envisager de se répartir la production.

Comme le déclarent Camille et Loïc, « Nous avons pratiqué
différents modes d’échange, notamment au travers de la fournée de
pain que nous faisions tous les dimanches, ou de coups de main pour
des gardes d’enfants, faire les foins, poser du carrelage, etc. Il y a des
personnes à qui nous avons pu tour à tour vendre, troquer, et parfois
donner du pain. Des familles desquelles nous avons accepté le paiement de la garde d’enfants, puis l’échange du même service, enfin
des gardes que nous faisons sans réciprocité apparente. » [5]

« Sans réciprocité apparente » : même débarrassée des rapports
marchands, une société (collectif, village, quartier, ...) doit garder en
tête que les biens et services produits ont une valeur relative les uns
par rapport aux autres. Éluder la question, c’est prendre le risque que
certain-es se sentent rapidement floué-es sur la reconnaissance de la
valeur de leur participation au fonctionnement du groupe.

• Une agriculture autonome ?

→ Pourquoi produire sa bouffe soi-même quand les poubelles
débordent de nourriture ?

Nous vivons en pleine crise de surproduction, agricole et pas que
(et historiquement, on sait comment ça se termine). Cette
surproduction agricole est incitée par différents mécanismes, ne serait-
ce que par l’espoir de l’agriculteur-trice de vendre plus à un prix
correct pour toucher un revenu décent [6].

Les pertes agricoles à tous les niveaux (production, stockage,
transformation, distribution, ...) représentent de l’ordre du tiers de la
production mondiale, et les poubelles débordent. Le problème n’étant
pas tant les poubelles pleines où il n’y aurait qu’à se servir, mais la
surproduction agricole organisée et la grande distribution qui vont avec.

Produire soi-même, glaner dans les parcelles, démarcher les paysan-ne-s pour qu’iels cèdent une part de leur production... Les alternatives sont nombreuses pour s’autonomiser de l’agrobusiness.

• Une agriculture autogérée ?

→ Jardins partagés, potagers collectifs, ... : peut-on dépasser les échecs des tentatives précédentes ?

Trois conditions sont nécessaires à l’autogestion : connaître ; décider collectivement ; agir.

Comme tout métier, le métier de paysan-ne nécessite un socle de
connaissances, accessibles à qui s’en donne les moyens. Pas besoin
d’un bac+5 universitaire ni d’un bac+10 en militantisme, les meilleur-es paysan-nes de par le monde ne savent souvent ni lire, ni écrire [7].

Apprendre par soi-même (internet peut t’aider), apprendre avec
d’autres (tant de passionné-es sont intarissables sur leur thématique de
prédilection et ne souhaitent que transmettre !), apprendre aux autres,
apprendre de manière formelle en payant cher des formations pour
obtenir des bribes de connaissances, apprendre à se faire formater par
des codes agricoles, ou non.

Apprendre en faisant seul-e ou à plusieurs, expérimenter,
observer, s’autoriser à penser le temps long... Apprendre à essayer,
apprendre de ses erreurs, apprendre la modestie et la persévérance.

Décider collectivement, de manière affinitaire (difficile par
exemple de s’organiser entre éleveur-ses et végans) ou géographique
(merci à l’éleveur-se qui vient ouvrir et fermer la serre quand je pars
en week-end, merci au-à la végan-e qui vient s’assurer que mon
troupeau va bien quand je pars en week-end).

Être au clair sur ses besoins et ses envies, sur les fins et les
moyens pour y arriver, sur qui s’engage à quoi sur un temps long.

Être ouvert à l’évolution des objectifs collectifs tout en restant
vigilant vis-à-vis de tentatives de récupération...

Agir : tout est possible, à toi de jouer !

• Un agriculture collective ?

→ Pourquoi faire seul-e ce que l’on peut faire à plusieurs ?

Se regrouper sur des bases géographiques et/ou affinitaires est
souvent un plus. Chantiers collectifs (il est tant de tâches qui
nécessitent plus de deux bras simultanément !), jours d’astreintes qui
permettent de libérer les autres (sorte de travail collectif mais non
simultané), « non-travail » collectif...

→ Pourquoi faire à plusieurs ce que l’on peut faire seul-e ?

Pas de faux prétexte : pas besoin d’attendre d’être deux (ou plus)
pour agir et s’émanciper des étals des (super)marchés.
Faire son potager, élever quelques poules ou produire son blé et
son pain, tout seul dans son coin, serait-ce la panacée ? Loin de là,
mais décrocher des logiques consuméristes est déjà un pas dans la
bonne direction.

• Une agriculture solidaire ?

→ Produire plus que ce que l’on consomme, certes... mais que faire de l’excédant ?

Autonomie ne veut pas dire autarcie. Et même être atomisé-es
dans les campagnes, de manière ponctuelle ou permanente, n’empêche
pas de créer des liens d’échange et d’entraide avec les autres. Luttes
sociales, migrant-es, populations urbaines ou vie de village... il existe
de nombreux moyens de distribuer de la bouffe de manière pertinente,
affinitaire ou non, hors des circuits marchands.

Attention cependant à produire de préférence avec les autres
plutôt que pour les autres, faute de quoi des rancœurs et
incompréhensions peuvent rapidement apparaître.

• Une agriculture « fun » ?

→ Les paysan-nes sont-iels condamné-es à rester ploucs (ou à le
devenir) ?

L’enjeu est de taille : comme le rappelle Lewis Mumford, « le confort, la sécurité et l’absence d’effort physique sont les plus grands
bienfaits de la civilisation
 » [8] et aller contre cette tendance n’est pas
toujours évident.

Sauf cas très particuliers, peu de coups de matraques dans les
campagnes. L’ordre et la sécurité y sont maintenus par d’autres
méthodes : un contrôle social venant de différentes institutions,
agricoles ou non (chambre d’agriculture, syndicats paternalistes,
organismes certificateurs, préfecture, mairie, sociétés de chasse,
voisins vigilants, ...). Le qu’en-dira-t-on fait le reste.

À force d’être confronté à des discours puants – et faute d’en
entendre d’autres – le risque est grand de finir par reproduire des
discussions « standard » mille fois entendues. Lutter contre cette
tendance est épuisant (d’ailleurs, est-ce le but ?). Jouer collectif, faire
du lien ville-campagne, être paysan-ne intermittent-e, autant de
stratégies pour éviter de tomber dans le creuset des discours
dominants. Libérer du temps aux paysan-nes « permanent-es » peut
également être salvateur pour elleux.

Attention, avant de se lancer à produire, être au clair sur son positionnement sur la thématique du productivisme... et envisager de finir par tenir un discours corporatiste !

• Une agriculture nécessairement « identitaire » ?

→ Vers une abolition de la classe paysanne ?

Qu’il est tentant de se définir par le métier qu’on exerce. Même
si le pourquoi on l’exerce reste souvent éludé, voire impensé [9]. Le
métier de paysan-ne est peu valorisé économiquement (la part de
l’agriculture dans l’économie d’un pays est systématiquement
inférieure à la part de la population qui travaille dans ce secteur), peu
reconnu socialement (trop plouc !), et à la contribution
environnementale critiquable (pourquoi prendre le temps et l’énergie
de prendre soin de la nature lorsque l’objectif est de produire plus
dans l’espoir d’avoir un revenu décent ?).

De même que l’on peut se passer de personnel d’entretien en
faisant le ménage soi-même, se réapproprier l’activité agricole
permettrait de mettre fin à ce métier (si tant est qu’il existe encore). En
quelque sorte, revendiquer des valeurs morales (et les mettre en
pratique) plutôt qu’une forme de corporatisme.

Quelles valeurs ? À chacun-e de voir. La mode est à la volonté de
plus de « communs » : terres agricoles et zones connexes (voies de
communication et de transport, haies et taillis, lacs et forêts, ...), force
de travail, outils et machines, productions brutes et transformées...
quasiment tout peut être socialisé.

L’agriculture est ainsi un bon moyen de « changer d’échelle »,
au-delà des squats urbains ou des amphis étudiants occupés.
(L’agriculture comme moyen d’organisation plutôt que comme
finalité ? Peut-être aussi.)

• La délicate question du foncier

→ Et la terre elle est à qui ?

On a tou-tes en tête la revendication « socialisation des moyens
de production ! ». Qui deviendraient propriété de l’État, de la
commune, de la coopérative de production ou autres.

Les terres agricoles représentent un cas particulier. « La terre
appartient à qui la travaille
 » ; « la terre appartient à tous-tes » ;
« la terre appartient aux générations futures » ; « la terre appartient
à la nature et doit cesser d’être cultivée
 »... Les revendications
fluctuent selon les contextes et se télescopent parfois.

La propriété du foncier est essentielle, sauf à considérer que
travailler est une fin en soi, indépendamment de la nourriture
éventuellement produite. Mais quel type de propriété ? A minima une
forme de propriété d’usage continue de la mise en culture à la récolte,
afin d’être sûr-e de récolter le fruit de son travail. En l’état actuel des
choses, les types de propriété peuvent êtres multiples sur une même
parcelle : propriétaire formel et locataire, mais telle personne aura le
droit de venir glaner après la récolte, telle autre pourra venir cueillir
les fruits dans les vieux arbres fruitiers de la haie, une troisième aura
le droit d’y passer pour rentrer plus vite chez elle, quand telle autre
aura l’accès à un puits...

À chacun-e d’estimer si une forme de socialisation du foncier
doit être une fin en soi (et le cas échéant, quelles doivent en être des
mises en application harmonieuses). À défaut, de nombreuses
alternatives existent : prêt gratuit, location contre argent ou coup de main, ...

Au vu du statut particulier des terres agricoles comme moyen de
production (« support » physique plus que machine ou outil), on peut
légitimement s’interroger : faut-il socialiser la terre, ou se contenter de
socialiser la production agricole ?

Attention aux dérives que peuvent entraîner la propriété (d’usage
ou autre) de terres agricoles : on en arrive à voir les campagnes
comme des surfaces, des « zones » (terres agricoles, forêts, ...) et non
comme des axes de déplacement, comme des flux (routes). Les
revendications de « territoires en luttes » à défendre et/ou à gérer
peuvent devenir compatibles avec les revendications impérialistes
et/ou d’extrême-droite dès qu’elles sont présentées indépendamment
des valeurs à défendre qui vont avec.

• Désobéir pour produire ?

→ Nos rêves sont-ils compatibles avec leurs lois ?

La loi est une corde qui, telle celle qui attache une chèvre au
piquet, te permet d’aller jusque là, et pas plus loin (en te mettant à
genoux, tu peux gagner quelques centimètres).

Rentrer scrupuleusement dans les clous, militer pour changer la
loi, ou encore s’affranchir des réglementations [10] de manière ponctuelle
ou plus globale, individuellement ou collectivement... à chacun-e ses
stratégies, ses tactiques, sa conscience.

Si l’on envisage qu’une approche légaliste reste possible, alors la
configuration la plus permissive semble être l’organisation sous forme
associative (en terme de normes d’hygiène et de sécurité, de diffusion de semences paysannes, de production collective non-salariée, de
modalités de distribution aux adhérent-es, ...).

Mais cette division légal/illégal reste très théorique : comme en
ville, on peut bien souvent déroger à la loi tant que l’ordre règne (et
que la productivité suit). Production stricto sensu, règles d’urbanisme,
normes environnementales... il existe une tendance historique tenace
dans le monde agricole à ne reconnaître aucune légitimité à l’État et
ses administrations. (« Maître chez soi, esclave des vaches »). Cependant, en zone rurale comme ailleurs, le capitalisme libéral (et le flicage militaro-administratif qui va avec) gagne du terrain, et tue [11].

***

Produire soi-même, seul-e ou avec d’autres. Par choix, selon des
idéaux libertaires. Par contrainte, comme en Grèce, lorsque les
offensives libérales sont telles que l’alternative est produire ou mourir.

... vers une agriculture DIY ?

[1ZAD : zone à défendre, néologisme militant pour désigner une forme de squat à
vocation politique, la plupart du temps à l’air libre, et généralement destinée à
s’opposer à un projet d’aménagement (ainsi qu’à déployer des modes de vie
autonomes).

[2DIY : Do It Yourself, anglicisme, en français « faites-le vous-même », « faites-le
par vous-même », désigne à la fois des activités visant à créer ou réparer des
objets de la vie courante, technologiques (hacking), ou artistiques, généralement
de façon artisanale (bricolage), et un mouvement culturel, notamment musical.

[3Un repair café (littéralement café de réparation) est un atelier consacré à la réparation d’objets et organisé à un niveau local, entre des personnes qui habitent ou fréquentent un même endroit.

[4Le capitalisme tue le travail, Cédric Biagini, dans Construire l’autonomie, Offensive, Éditions l’Échappée.

[5Autonomes matériellement, libres politiquement, dans Construire
l’autonomie
, Offensive, Éditions L’Échappée, p.239.

[6Ainsi à l’échelle d’un pays, la surproduction est telle que les prix s’orientent tendanciellement à la baisse...

[7Cependant, les personnes ayant reçu une double formation de paysan-ne (à la maison) et d’ingénieur-e agronome (à l’école) sont des producteur-trices particulièrement lucides sur leur métier, et efficaces dans la production.

[8Ce que je crois, Lewis Mumford, cité dans L’inventaire n°6, automne 2017, p. 76.

[9Yannick Ogor, dans son livre Le paysan impossible, est ambigu sur la question : il
se revendique tour à tour paysan « être pris comme l’inverse d’être pris en
charge
 » (p.8), puis plutôt bricoleur que paysan, ou encore paysan-chomeur,
« pour sauver la possibilité de prendre soin » (p.183).

[10Pour percevoir le côté loufoque de certaines réglementations, on pourra lire avec
intérêt Le paysan impossible, de Yannick Ogor, et Le ménage des champs, de
Xavier Noulhianne, aux Éditions du bout de la ville.

[11Nos pensées vont à Jérome L, paysan tué par les gendarmes.


)

Le texte Vers une agriculture DIY a été écrit au
printemps 2018, dans le contexte de victoire
contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes « et son monde ».
Le texte Agricultures libertaires et révolutions a été écrit à l’automne 2020.
Une version précédente de ces deux textes a été
publiée sur Indymedia-Nantes en décembre 2020.
La version actuelle, légèrement modifiée, date de
l’été 2021.



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