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Face à Facebook

mis en ligne le 25 février 2020 - anonymes , Cédric Kernoa , Géraldine Delacroix , Richard Stallman , Serge André

Que fait Facebook de nos données personnelles ? [1]

L’information est au cœur du processus de décision stratégique. Une connaissance parfaite de l’information pertinente permet de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent, d’appréhender et de maîtriser les risques et de mener des actions efficaces et déterminantes pour son avenir. La maîtrise de l’information constitue donc le facteur à ne pas négliger dans l’entreprise. Elle est devenue un réel outil économique, indispensable quel que soit le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise. C’est pourquoi les entreprises accordent beaucoup d’importance à celle-ci aujourd’hui pour pouvoir se positionner sur un marché donné.

Depuis quelques années Facebook est devenue la 1ère source de trafic devant Google. En effet depuis le début de l’année 2015 Facebook concentrerait 43% du trafic des sites de médias et c’est l’une des plateformes numériques disposant du plus grand nombre de renseignements personnels sur ses utilisateurs.

Facebook est un réseau social à l’initiative de Mark Zuckerberg. Tout d’abord réservé aux étudiants d’Harvard, il s’est par la suite ouvert aux autres universités américaines avant de pouvoir être accessible à toute personne âgée d’au moins 13 ans en septembre 2006. La version française a été lancée en février 2008. C’est désormais le deuxième site web le plus visité au monde derrière Google. Aujourd’hui Facebook rassemble plus d’un milliard de membres à travers le monde.

Ce nombre impressionnant d’utilisateurs inquiète car par définition un réseau social est un espace de partage. Facebook a donc totalisé et stocké sur des serveurs des milliards d’informations concernant ses utilisateurs. Plus de de 500 To sont ainsi stockés chaque jour. Nos moindres informations présentes sur ce réseau sont enregistrées par Facebook. Au vu de ces chiffres impressionnants, il est légitime de se poser la question suivante : que deviennent nos données personnelles et est-ce que Facebook les utilise ?

Quelques précisions sur le fonctionnement de Facebook.

En décembre 2013, des chercheurs américains découvrent que ce réseau social peut également avoir connaissance de ce que nous écrivons mais que nous effaçons avant publication. Cela laisse donc à penser que nous sommes sans arrêt sous la surveillance de Facebook.

En Février 2015 The Register remarque également des changements dans les conditions d’utilisation de Facebook. Grâce à ces nouvelles conditions ils peuvent utiliser nos données WhatsApp et Instagram afin d’afficher des publicités encore plus ciblées.

Les administrateurs de Facebook utilisent des paramètres de confidentialité qui sont flous. Même si les utilisateurs ont tendance à de plus en plus verrouiller leurs informations en se renseignant sur les conditions d’utilisation, la divulgation de données est souvent involontaire grâce ou à cause d’applications espionnes comme les jeux connectés à Facebook qui en profitent pour récupérer nos noms, nos « j’aime »…. En 2011 Facebook avait annoncé que le nombre de données partagées par les utilisateurs avait doublé.

Facebook avait déjà fait évoluer ses conditions d’utilisation en novembre 2014. Ainsi, si cela n’était pas le cas avant, ce géant des réseaux sociaux a tout bonnement décidé que nous n’étions plus propriétaires de nos informations. Il s’attaque alors et dorénavant directement à la vie privée de ses utilisateurs.

La mine d’or d’informations que possèdent Facebook sur ses utilisateurs.

Les informations visées sont vendues par Facebook aux entreprises intéressées. Ces informations porteraient principalement sur l’algorithme des plug-ins qui mettrait en relation le réseau social et les sites web que les utilisateurs visitent, y compris lorsqu’ils ne sont pas connectés à Facebook. Ainsi Facebook peut relier nos habitudes de navigation avec « notre » personnalité réelle, un avantage unique que possède Facebook.

Ceci va donc à l’encontre du but premier de Facebook car son créateur avait déclaré en 2013 que « Facebook n’a pas été créé pour être une entreprise mais pour remplir une mission sociale : rendre le monde plus ouvert et connecté. »

Facebook a une capitalisation boursière de 262 milliards. Mais qu’est ce qui en fait une entreprise aussi rentable ? Car en effet, même si Facebook comporte des services payants, comme les pages professionnelles sponsorisées, ceci ne suffit pas à engendrer autant de bénéfices. En fait, si on ne voit pas le produit vendu par Facebook, c’est que c’est nous qui sommes bel est bien ce produit. Nos informations valent de l’or pour les entreprises, nous le savons. D’après une étude du Boston Consulting Group, les données d’une personne vaudraient 600€. Facebook gagne en moyenne 5€ par utilisateurs.

Sans le savoir, quand nous acceptons les conditions générales d’utilisation, nous abandonnons tous nos droits sur nos photos et sur nos informations et tout contenu relevant de notre propriété intellectuelle est cédé à Facebook. De ce fait, Facebook peut les utiliser comme bon lui semble. Là est la force de ce réseau social.

L’utilisation du Big Data.

Du fait de détenir des milliards d’informations sur ses utilisateurs, Facebook est l’une des premières entreprises à avoir développé le Big Data ou en français mégadonnées. Pour rendre cette multitude d’informations exploitables, Facebook utilise le Big Data afin de mettre en place un processus de transformation de l’information disponible en analyse afin de pouvoir l’exploiter. Les Métadonnées ne permettent pas d’accéder directement au contenu mais à tout ce qui le caractérise : date d’envoi, expéditeur, destinataire, lieu, objet … En somme, grâce aux métadonnées, Facebook peut connaître nos habitudes (où nous allons, avec qui nous communiquons, quels sont les sites que nous visitons, quels sont nos liens d’amitié … ). De plus, avec Facebook nous publions des données directes sur ce que l’on fait, en postant des photos, en aimant ou en partageant des liens ce qui lui permet d’avoir des informations encore plus précises sur nos goûts. Ces informations sont une mine d’or pour les entreprises ou les services de renseignements.

Les annonces en Display font vivre Facebook. C’est un marketing réalisé en temps réel par les entreprises qui utilisent nos données personnelles dans un algorithme pour nous proposer des annonces publicitaires personnalisées.

Facebook au centre de toutes les attentions.

Le CNIL belge s’attaque à Facebook. En effet La Commission de la protection de la vie privée reproche à Facebook de « tracer » illégalement les internautes même si ils ne sont pas utilisateurs de Facebook. En effet des cookies permettent à Facebook de tracer nos consultations de site.

La CNIL belge demande aux dirigeants de Facebook de revoir leur réglementation afin de solliciter explicitement l’autorisation de recueillir ce type de données.
Cependant un autre système plus efficace leur permet de nous suivre à la trace avec l’utilisation de Single Sign-On ou « identification unique ». C’est un système qui permet de s’enregistrer beaucoup plus facilement sur certains sites ou applications. Certes, c’est un moyen rapide d’authentification, cependant c’est aussi un moyen pour ce réseau social de suivre nos informations sur des sites tiers et d’augmenter ainsi leurs bases de données. De ce fait, il est capable de savoir ce que nous écoutons, où nous le faisons… Cette technique de traçage permet de recouper toutes nos informations sur un seul et même compte. Il est à noter que Facebook n’est pas le seul à l’utiliser car Google le fait sur toutes ses plateformes.

De plus, le 6 octobre dernier, la CJUE a déclaré « invalide » la cadre juridique qui concerne le transfert de données personnelles de l’UE vers les Etats-Unis. Cette affaire oppose le Géant Facebook à un juriste autrichien Max Schrems qui lutte contre cette pratique au nom du respect de la vie privée. La CJUE a interdit le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis. La remise en question des clauses du « Safe harbor » va largement limiter les possibilités de transférer ces données personnelles. Conscient de la valeur des données qu’il pourrait perdre, le Géant Américain appelle les deux gouvernements à trouver un accord pour faire perdurer ces transferts.

Au cœur de la polémique « Facebook » se trouve le brevet déposé le 4 aout 2015 intitulé « Autorisation et authentification basée sur le réseau social de l’individu ». Ce brevet permettrait aux banques d’analyser le futur emprunteur en fonction de ses contacts afin de connaître sa capacité à rembourser le crédit. Cet algorithme permettrait de limiter les risques de mauvais payeur et de prêter aux personnes dites fiables. En outre, si vos « amis » ou relations sont de bons payeurs alors on pourrait vous accorder un emprunt. Nos contacts seront donc peut-être un des critères de sélection.

Cela pourrait encore aller plus loin : nous pouvons effectivement nous demander si les données personnelles que l’on poste sur notre état de santé par exemple pourraient être utilisées par ces mêmes personnes. Peut-être, car les grands groupes comme Facebook déposent de nombreux brevets mais ils ne sont pas toujours utilisés totalement.

Cette affaire montre bien que la question du partage de données personnelles est tout à fait d’actualité et que le monde a bien compris son enjeu capital, que ce soit dans la sphère commerciale ou la sphère politique. Les internautes et utilisateurs de réseaux sociaux commencent à prendre conscience de l’importance de se protéger. Ils ont une plus grande maîtrise des manœuvres de ces marchands d’informations et réfléchissent aux renseignements qu’ils postent sur le net. Il faut éviter de lier son nom à des renseignements personnels. Il ne faut pas oublier que quoi que nous fassions pour protéger nos informations via les paramètres de sécurité ou de confidentialité, afin de restreindre la visibilité de nos informations vis-à-vis du grand public, Facebook pourra quant à lui réutiliser toutes les informations mises en ligne par le site.

* * * * *

Le scandale Facebook-Cambridge Analytica ou la fuite de données Facebook-Cambridge Analytica renvoie aux données personnelles de 87 millions d’utilisateurs Facebook que la société Cambridge Analytica (CA) a commencé à recueillir dès 2014. Ces informations ont servi à influencer les intentions de votes en faveur d’hommes politiques qui ont retenu les services de CA. […] CA aurait participé en 2016 à la campagne électorale de Donald Trump.

(wikipedia, page de cambridge analytica consulté en octobre 2019)


Pourquoi s’organiser politiquement sur Facebook n’est pas une bonne idée [2]

Boudé il y a quelques années par les milieux militants, les réseaux sociaux et particulièrement Facebook sont aujourd’hui utilisés sans aucune retenue ni questionnement. Facebook c’est peut-être pratique pour sa fluidité, ses buzz, son côté populaire, bien que cette impression soit largement surestimée. Mais en tant que militant.e.s, activistes ou révolutionnaires il est grand temps de questionner notre usage exclusif ou notre dépendance aux réseaux sociaux.
C’est ce que propose cet article.

Avant tout Facebook est quand même pensé pour absorber de la donnée et donc par définition fliquer ses utilisateurs et utilisatrices. Pour des militant.es et des activistes ce n’est pas forcément judicieux de laisser traîner des informations sensibles ou non sur soi et ses proches.

De plus, bien que cela puisse paraître étrange pour certain-e-s d’entre nous, en 2018, tout le monde n’utilise pas FB ! Tout le monde n’a pas de compte. Quelques personnes n’en veulent pas, d’autres ferment les leurs. Ou certaines encore ont des comptes actifs mais ne veulent pas associer leur « vie politique » à leur « vie publique ». Ces personnes n’ont pas tort. Quand un groupe décide de communiquer uniquement via cette plateforme il force la mains aux non utilisateurs et les entraîne dans le monde de Facebook ou, s’ils refusent, les prive purement et simplement d’informations.

Et pourtant de plus en plus de collectifs n’utilisent exclusivement plus que Facebook pour communiquer, s’organiser, discuter, ou proposer un événement. Il n’y a parfois même plus d’adresse e-mail pour contacter un collectif et de moins en moins de blogs ou de sites internet ! On peut imaginer que c’est le manque de temps de réflexion sur la question, pour parer au plus pressé, ou la facilité d’ouvrir une page FB qui encourage cette pratique.

Le résultat c’est qu’on se met collectivement en danger et qu’on laisse une part importante de notre stratégie de communication numérique à une multinationale. Pour qui souhaite un changement de société profond ça ne paraît pas très sérieux.

Facebook ton meilleur ami ! Un flicage minutieux

Facebook nous flique avant tout pour des fins commerciales. Il vend des espaces publicitaires ciblés et va proposer aux entreprises d’afficher des pubs lorsque les utilisateurs sont susceptibles d’en avoir besoin. Bref Facebook fait du business mais ça tout le monde le sait.

Mais tu penses peut-être savoir gérer tes infos et tes données personnelles sur ce réseau ? Pourtant même quand on pense avoir la main sur ses paramètres de confidentialité, ceux-ci changent régulièrement sans que l’on s’en rende compte.
Pour ceux d’entre nous qui ont installé le réseau social sur leur téléphone, c’est pire.
Ainsi vous avez déjà autorisé cette entreprise à avoir accès aux données de votre smartphone (photos, géolocalisations, etc.).

On travaille toutes et tous gratuitement pour FB. Nos données produites par notre profil, toutes nos visites, les « j’aime », la géolocalisation, etc. sont revendues. Ainsi chaque utilisateur de FB génère de l’argent pour cette multinationale.

On est les mineurs de nos propres données personnelles (les datas c’est la matière première des GAFAM) [3].

Aux USA on appelle cela le « digital labour ». Que nos luttes et activités engraissent la Silicon Valley semble être une grosse contradiction. Pour ceux et celles qui voudraient rester « anonymes » sur Facebook, cela devient très difficile. FB traque les « faux comptes ».

Il y a des demandes de plus en plus pressantes pour justifier de son identité (demande de CNI, de photos, de numéro de tel, etc.). Facebook se prend de plus en plus pour un flic. Il est donc plus dur de tenir une page sans devoir justifier de son identité et donc « personnifier » aux yeux de l’entreprise (et des autorités si nécessaire) un collectif ou un mouvement. Si vous refusez, votre compte est bloqué.
Par ailleurs Facebook peut décider, sans prévenir, de supprimer un poste comme c’est déjà arrivé à Paris-luttes.info [4] par exemple. Facebook peut aussi simplement décider de fermer votre compte à tout moment. Cela arrive de plus en plus souvent. Dernièrement le compte de Urgence notre police assassine (environ 65 000 likes quand même) a été fermé.

Bien sûr, on peut supposer que les réseaux sociaux travaillent main dans la main avec les services de renseignements de plusieurs pays. Par exemple, FB développe un algorithme pour détecter des publications « à caractère terroriste ». Cet algorithme, non public, s’étend à un certain nombre de contenus militants, il a la capacité d’effacer avant même d’être publiés et de ficher avec beaucoup de précisions les comptes qui font des publications jugés comme terroriste par facebook.

En dernier recours, il est techniquement possible de couper purement et simplement les réseaux sociaux par les autorités en cas de « risque » pour l’État.
Par exemple, en Turquie lors du coup d’état du 15 juillet 2016, où les réseaux sociaux après avoir sauvé le « trône » de M. Erdogan ont vite été repris en main par les autorités pour... les bloquer.

FB a par ailleurs annoncé son intention de se plier aux lois nationales. C’est à dire que si un pays exige au nom de la « lutte contre le terrorisme » des infos privées sur les utilisateurs, FB les fournira. On voit qu’il y a un danger structurel à laisser reposer nos stratégies de communications et d’information dans les mains de grandes multinationales.

Les réseaux sociaux, un espace d’ouverture. Vraiment ?

Les réseaux sociaux et la réalité de leur impact.

Après ce tour incomplet des inconvénients majeurs de Facebook, nous aimerions tordre le coup à quelques idées reçues. On a toutes et tous pu constater des différences énormes entre le nombre de participant.es qui dit être intéressé par un événement Facebook (une manif par exemple) et la réalité des personnes physiquement présentes, souvent bien moins nombreuses...

1 like ne fait pas un manifestant
1 follower ne fait pas un militant

Il ne faudrait pas croire ou se faire croire qu’avec disons 5000 likes on touche 5000 personnes. Ça ne fonctionne pas comme ça. D’une part car sur internet les usagers sont très « volatiles ». C’est à dire qu’ils likent une page mais n’y reviendront pas forcément. C’est bien moins engageant que de sortir dans la vie réelle dans la rue.
D’autre part, Facebook opère un choix, à travers un algorithme, et une hiérarchie dans ce que les utilisateurs et utilisatrices reçoivent sur leur « fil ». Pour faire court : ce n’est pas parce que vous postez un article sur Facebook que l’ensemble des personnes qui vous suivent le reçoivent. Loin de là. Et il semblerait que les idées contestataires n’aient pas forcément la cote pour cette entreprise.

Se donner rendez-vous sur FB pour lutter contre le système, c’est comme se donner rendez-vous à KFC sous une caméra en laissant sa carte d’identité au vigile avant de comploter contre ce monde. Tout cela serait justifié car « il y a beaucoup de monde à KFC »...Mais enfin, nous direz-vous, je reçois beaucoup d’infos via FB et de nombreuses personnes autour de moi semblent s’emparer de cet espace pour communiquer et s’organiser. On rencontre des gens d’autres horizons, d’autres milieux sociaux... C’est possible mais c’est possiblement aussi ce qu’on appelle « l’effet bulle de filtres ». [5] Pour faire court, FB va encourager le contenu qui semble vous passionner. Si vous adorez la pêche, vous aurez non seulement des pubs pour des hameçons mais en plus les contenus postés par vos amis sur ce sujet seront mis en valeur dans votre fil.

Si vous êtes intéressé par les mouvements sociaux et les manifs alors FB favorisera ces contenus spécifiques. D’où une distorsion entre l’impression de diversité des gens et d’impact de nos sujets de préoccupations sur FB et la réalité des mises en relations qui sont beaucoup plus confinées.

Hormis quelques buzz qui arrivent à transpercer les « bulles », vos articles risquent seulement d’alimenter une communauté de déjà convaincu.e.s, et encore, pas même l’ensemble des gens qui suivent votre page. D’ailleurs, FB « punit » les pages de collectifs qui refusent d’acheter de la pub pour être mieux diffusés. Ainsi les collectifs qui ne veulent ou ne peuvent payer se retrouvent un peu plus invisibilisés.

Enfin, la structure même du réseau encourage les buzz au détriment de la réflexion, les rumeurs, les fake news, les manipulations... Il paraît que Facebook et Twitter ne sont pas pour rien dans l’élection de Trump…

FB est-ce vraiment si pratique ?

Pour en terminer rapidement sur les aspects négatifs de Facebook, il est certes facile d’ouvrir une page mais le réseau social est pensé pour une utilisation individuelle et non pas collective.

Il y a par exemple un vrai problème d’archivage pour les collectifs. Il est impossible pour un lecteur de retrouver un post qui a plus de quelques jours. L’outil n’est pas pensé pour ça mais pour l’immédiateté, ce qui ne nourrit pas toujours la réflexion.
Il y a un nivellement de l’information ou un appel à une action anticapitaliste se retrouve coincé entre deux pubs par exemple. Où la vacuité de votre pote qui parle de ses stan smith côtoie l’annonce d’un meurtre policier. Les infos sont mises au même niveau. De même FB atomise l’information des collectifs, il y a du coup difficulté à relier les infos ou les initiatives entre elles.

Facebook n’encourage pas une gestion très horizontale, ni même collective des comptes. Que se passe t-il quand le ou la camarade qui a les codes se barre avec ou décide que la page du collectif est la sienne ? [6]

Zad et biodiversité numérique, s’émanciper de FB

Pour utiliser une métaphore simple FB, Twitter, Google,... sont comme des monocultures ultra-libérale dans des champs gigantesques, or nous avons besoin de plus petites parcelles pour expérimenter l’autogestion. Nous avons besoin de diversité dans les contenus mais aussi de diversités dans les structures (multitude de sites, de serveurs, etc.). Bref, faire du « bio » et des AMAP pour filer la métaphore jusqu’au bout.

Alors que faire ?

Un article spécifique serait probablement nécessaire pour répondre à la question.
Le but n’est pas de ne plus utiliser les réseaux sociaux du tout mais de ne pas être totalement dépendant d’eux. On peut avoir son site, publier sur Paris-luttes.info pour faire connaître son actu ou ses positions ET aussi avoir des comptes de réseaux sociaux qui servent comme caisse de résonance à vos contenus.

Dans ce cas-là, c’est vous qui tentez d’utiliser FB et Twitter pour parvenir à vos fins et amener les lecteurs sur votre site. Vous sortez ainsi les gens de FB pour les amener vers des outils plus cleans (pas de pub, sécurité) et respectueux de la vie privée des utilisateurs et utilisatrices.

Votre site ou votre blog lui, même s’il tombe en disgrâce auprès de FB, ne sera pas fermé. Vous préservez un archivage, une trace de votre activité et vous laissez le choix aux personnes qui veulent vous lire ou vous rejoindre de le faire sans être dépendant d’une multinationale.

Ici sont exposées seulement quelques pistes.

• Créer un site ou un blog c’est se projeter dans le temps pour ce qui est de l’archivage. C’est multiplier les écosystèmes et les espèces numériques, bref renforcer la biodiversité numérique en plus d’avoir un outil plus adapté. [7]
• Participer à un site Mutu [8] comme Paris-luttes.info, Rebellyon, Manif’Est, Marseille Info Autonome,... en tant que contributeur (individu ou groupe) c’est créer du commun avec les autres groupes, les autres initiatives, c’est voir ce qui se passe dans le champ d’à côté, c’est créer et renforcer collectivement un outil qui permet à toutes et tous d’être mieux lu car Paris-luttes.info, par exemple, a été pensé pour être un porte-voix (importante page FB et Twitter, lectorat nombreux et déjà constitué).

Quelques outils pour réduire notre dépendance aux réseaux sociaux

Utiliser Signal pour les discussions de groupes plutôt que Messenger
ou Whatsapp ; Utilisez des Wiki ; Utilisez Framadate, Framapad, des listes de discussion pour vous organiser, vous donner rendez-vous ; Utilisez aussi les sites comme Paris-luttes info, Rebellyon, Mars Info Autonomes, etc. pour maximiser la diffusion.


Facebook anéantit l’audience d’une partie de la gauche radicale [9]


La chute du nombre de vues des messages de la page Lille insurgée.

Confrontée à une soudaine chute du nombre de vues de leurs publications, plusieurs pages Facebook de collectifs de la gauche radicale cherchent à comprendre ce qui leur est arrivé. Censure politique, économique, algorithmes ?
Ils s’appellent Lille insurgée, Bretagne noire, Collectif Auto Média énervé, Cerveaux non disponibles, Groupe Lyon Antifa... Plusieurs collectifs qui administrent des pages Facebook font état depuis quelques jours de la chute libre du nombre de vues sur leurs publications, alors qu’elles touchaient jusque- là des milliers de lecteurs, souvent des dizaines de milliers, parfois des centaines. Un des plus importants d’entre eux, Nantes révoltée, a fait savoir jeudi 29 en fin de journée, sur Twitter, qu’il subissait le même sort.

Pour ces groupes qui partagent des informations sur les mouvements sociaux et se présentent comme très à gauche, le soupçon est fort d’une censure politique, pour les uns avant le G7, pour les autres après qu’ils ont partagé, en début de semaine, un article d’Indymedia Nantes. Le site affirme qu’une militante bien connue des mouvements de « gilets jaunes », notamment à Toulouse, et des organisations présentes au contre-sommet de Biarritz serait en réalité une policière infiltrée.

Cerveaux non disponibles

Paul* est fondateur et administrateur des Cerveaux non disponibles, « collectif qui a pour ambition de relayer des contenus (articles, vidéo, photos) alternatifs mais aussi d’en produire ». Après une époque où la page Facebook du collectif se contentait de partager ses lectures, les choses ont changé avec le mouvement des gilets jaunes : « On a rapidement pris position, écrit des textes, on est globalement marqués à gauche, gauche radicale, on a appelé à rejoindre les gilets jaunes... On est sortis du cadre, on a écrit nous- mêmes. Aujourd’hui, on est entre un média et un relais d’infos. »


La chute du nombre de vues des publications de la page Cerveaux non disponibles.

Quand un utilisateur ou une utilisatrice se connecte sur son compte Facebook, il ou elle voit apparaître dans son « fil d’actualités » une sélection algorithmique des publications de ses ami·e·s, des groupes auxquels il ou elle appartient, des pages qu’il ou elle suit. Depuis le mercredi 22 août, explique Paul, « [la] page [des Cerveaux non disponibles] a perdu la quasi-totalité de son audience : 200 personnes touchées par post, alors qu’on est habituellement sur une moyenne de 20 000 par post (avec des pics à 300 000) ». « Ce n’est jamais arrivé », ajoute-t-il.
Dans un billet de blog publié dès le 23 août sur Mediapart, Zazaz, lectrice habituelle de la page, témoigne de la disparition des Cerveaux non disponibles : « Ça faisait plusieurs jours que je ressentais un vide, quelque chose me manquait, mais je n’arrivais pas à déterminer vraiment de quoi il s’agissait. Ce matin, j’ai compris, la disponibilité de mon cerveau à une autre information était censurée. »

L’administrateur envisage une explication possible : « Il y a 10 jours, quelqu’un a fait une réclamation sur une vidéo pour atteinte au droit d’auteur. »

« Forcément, on se demande ce qui se passe. Est- ce que d’autres ont ce même problème ou est-ce que c’est seulement des pages militantes ? Le silence de Facebook alimente les questions, c’est hyper opaque et très difficile, s’interroge Paul. On peut aussi se dire que ç’a été discuté en interne puisqu’on sait qu’ils discutent avec le gouvernement. Il suffit d’un employé de Facebook qui a eu des consignes orales... »

L’administrateur de la page a bien tenté de contacter Facebook et posé cette question : « Depuis quelques jours, et surtout hier, nous avons constaté une très forte baisse de la visibilité de nos posts (près de 95 % de moins qu’en moyenne !). Pourriez-vous nous expliquer les raisons de ce changement brutal ? Et nous dire comment y remédier ? Notre média étant particulièrement axé sur le traitement de l’actualité médiatique, il est très problématique pour nous de ne pas pouvoir toucher notre public au moment d’un événement aussi important que le sommet du G7. Merci d’avance pour votre compréhension et votre retour. »

Réponse : « Votre avis sera utilisé pour améliorer Facebook. Merci d’avoir pris le temps de nous envoyer votre signalement. » « Une réponse automatisée », « qui n’est même pas adaptée... », souligne Paul.

« L’idée d’être moins dépendant de Facebook » avait déjà conduit le groupe à créer son propre site : « Pour nos textes importants et nos vidéos : on n’a pas envie de tout perdre si la page est supprimée. »

Jeudi 29 août, alors que Mediapart avait contacté Facebook la veille pour obtenir des explications, la page commençait à reprendre des couleurs, et des abonnés témoignaient de ce que ses publications étaient réapparues dans leur fil. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? « Cela semble revenir depuis ce matin. Pas autant qu’avant le 22 août, mais largement mieux que depuis une semaine. Sans raison ni explication », nous dit un membre du collectif.

Collectif Auto Média énervé

Basé à Toulouse et « fondé en 2016 pendant la loi travail », le Collectif Auto Média énervé s’appelait il y a encore deux semaines le Collectif Auto Média étudiant. C’est mardi 27 août que ses difficultés ont commencé, « une forme de censure », regrette Léon*, un des animateurs du groupe. « On a publié l’article sur l’indic à Toulouse et au contre-sommet, suite à ça on a été de suite déréférencés de Facebook..., nous explique-t-il. D’un coup, on n’apparaît plus sur le fil d’actu des personnes, même moi je ne vois plus les posts qu’on fait... »

Confronté à la disparition de ses lecteurs pour la première fois, le collectif a tenté de contacter Facebook, puis « supprimé le post qui pouvait poser problème » : « Si jamais ça pouvait résoudre le problème... On s’est dit que c’est peut-être des algorithmes... ». Jeudi 29, Léon a trouvé un message de Facebook daté du 27 et titré : « Your page has a breach » (« Votre page est en infraction »), dans lequel le réseau social explique qu’un contenu a été supprimé car il allait à l’encontre des « standards de la communauté », mais sans préciser de quel contenu il s’agit. Le collectif n’avait pas eu de problème pendant le G7 : « On a vachement produit sur le G7 en photos ; on a écrit des petits articles, qui ont fait plusieurs centaines à plusieurs milliers de vues. Le dernier truc, c’est quatre personnes ! Les stats ont été constantes jusqu’au G7, puis en hausse parce qu’on a couvert le G7, puis c’est redescendu après et aujourd’hui on n’a plus rien... »

« On reste radicaux », admet Léon, mais le groupe se veut sérieux et prudent : « On partage de l’info, on recoupe, on vérifie, on floute les visages, que ce soit ceux des flics ou des manifestants ; on fait attention, on travaille avec des avocats. »
Lille insurgée

Léon ne voit plus les publications de Lille insurgée. Car le groupe lillois rencontre les mêmes difficultés : « Avant, on faisait plusieurs dizaines de milliers de personnes (28 000 vues, 68 000 vues) et là, on passe à 400 vues depuis les 22-23 août », témoigne un membre du collectif, Camille*. La rencontre Macron-Poutine, « c’est la dernière publication qui fait pas mal de vues ».


La chute du nombre de vues des messages de la page Lille insurgée.

Fataliste, le collectif a « juste interrogé le compte Twitter de Facebook. On sait pas trop quoi faire, on sait pas trop comment faire pour les contacter, je vois pas l’intérêt ».
En l’absence de justification, d’éléments de compréhension, les hypothèses fleurissent : « Une possibilité, c’est que Facebook ait envie de nous inciter à faire de la pub. Donc ils nous coupent notre audience pour qu’on prenne de la pub. » Mais « si c’est une censure délibérée, il y a un lien avec le G7, forcément ».

Sur Twitter, le Groupe Antifa Lyon relaie les Lillois et fait le même constat :
Bretagne noire, habitué à ce genre de traitement, a invité dès le 25 août à se rendre sur sa deuxième page : « [INFO] Vous l’avez peut-être remarqués, cette page ci est une nouvelle fois censurée, nous vous invitons donc à rejoindre notre 2nde page. Merci à vous tous pour vos messages de soutien. »

Contacté à de multiples reprises par Mediapart, Facebook nous a fait savoir vendredi soir que les pages en question n’ont pas été censurées, et que si leur visibilité a été réduite, c’est parce qu’elles ont publié un ou des contenus contrevenant aux Standards de la Communauté.


Facebook n’aime pas les pédés, trans, bi-es et gouines qui n’aiment pas En Marche ! [10]

Mardi 27 juin, Facebook a supprimé une publication [11] sur la page de Paris Luttes Info écrite par des personnes participant à la Pride. Erreur de jugement de la part du réseau social ? Pas vraiment...

Lundi 26 juin était publié sur Paris Luttes Info un article nommé Blocage du cortège d’En Marche ! à la Pride parisienne et dont le résumé était le suivant : Des pédés, trans, bi-es, gouines ont bloqué le cortège d’En Marche à la pride parisienne pour protester contre la politique raciste de Macron et Collomb.

L’article est composé assez simplement du tract qu’ont distribué les personnes participant à cette action et de 2 photos, pas spécialement spectaculaires.
La page facebook de Paris Luttes Info (PLI) est alimentée automatiquement au fur et à mesure des parutions, ce qui signifie que l’équipe d’animation de PLI n’intervient pas. Facebook récupère donc le titre, le descriptif, et la photo (logo) de l’article.
Le lendemain, Facebook supprimait la parution. Motif : elle ne respecte pas les standards de la communauté.

Pour quelles raisons ?

La première est certainement un grand nombre de signalements. Un grand nombre de militants virtuels de l’extrême-droite passe son temps à essayer de répandre leur haine dans les commentaires. Un article précédent Polémique des bouches d’incendie : entre hypocrisie et mépris de classe [12] a été énormément partagé et a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu raciste. De quoi attirer l’attention de ces derniers sur les publications de PLI.

Très amusant en effet alors que les identitaires, les fans de Dieudonné et les racistes du genre Henry de Lesquen passent leur temps à appeler à la haine sur ce réseau social, au meurtre d’immigré.es, de juif.ves, d’homosexuel.les...

L’utilisation ici des termes "pédés" et "gouines" a sûrement était la raison officielle de la suppression. On pourra argumenter qu’il était clair que ces deux termes étaient utilisés dans leur sens militant, par les concerné-e-s elles/eux-mêmes, qu’il n’y avait rien d’offensant, et que depuis des dizaines d’années le mouvement militant radical LGBTQI se les sont réappropriés. Or, il y a 3 jours - le jour même de la suppression, l’un des dirigeants de la politique publique de Facebook, dans un paté sur la modération des "discours de haine", pointait précisément cette utilisation [13] :
En Italie, « le mot “frocio” (“pédé”) » est par exemple considéré comme du discours de haine lorsqu’il est adressé à une personne, mais il est aussi utilisé par les militants des droits LGBT pour dénoncer l’homophobie »

Dans l’explication officielle de Facebook, l’entreprise explique donc que la modération est faite en fonction du contexte. Ce n’est donc pas l’utilisation de ces deux mots qui ont motivé la censure.

Deux explications se proposent donc :
• Le modérateur de facebook est un admirateur zélé de Macron, et il n’a pas apprécié l’action.
• Le texte allait à l’encontre du principe des "bulles communautaires" imaginé et mis en pratique par Marc Zuckerberg.

Zuckerberg, le patron de Facebook, s’est récemment fait le défenseur de la cause LGBT, et signe de son engagement, a proposé une icone "arc-en-ciel" pour réagir aux publications. Une prise de position qui a ses limites. Dans un pamphlet (!) publié en début d’année 2017 et nommé "Construire la communauté globale" il propose sa vision idéale de facebook : un ensemble de bulles communautaires partageant un même espace virtuel (facebook !). Ces bulles, ensemble de personnes ne se connaissant pas mais partageant une même sensibilité (les chats mignons, les cakes aux épinards ou même le nazisme) sont déjà en place sur facebook, à travers les algorithmes d’affichage et de propositions. C’est à travers un mélange d’intelligence artificielle et de choix individuels qu’il imagine leur coexistence pacifique dans la communauté globale. Homophobes ou LGBT, nationalistes ou anarchistes, côte-à-côte, du moment qu’il ne se croisent pas. De toute évidence un tel article qui mêlait, pour facebook, les bulles LGBT + migrants + Macron (et qui circulaient dans ces différentes bulles facebook) allaient à l’encontre de l’harmonie facebookienne et ne convenait pas au méga-réseau-social.

De manière générale, le bébé de Mark Zuckerberg cherche avant tout à devenir hégémonique. Un article récent (en anglais) tend à montrer que Facebook fait en sorte que les posts avec lien (ceux disponibles vers Paris Luttes Info par exemple) soient de moins en moins distribués. Comprenez que Facebook souhaite devenir complètement autonome des autres sites (et des autres usages d’Internet) et que les textes soient publiés en intégralité sur le réseau social... Autant dire que les pratiques de censure, de suppressions aléatoires et de blocage de compte rendront les usagers complètement démunis.

Une des seules solutions à ces pratiques de censure c’est de ne pas se livrer pieds et poings liés à une multinationale publicitaire.

Au delà des aspects de sécurité, il est très inquiétant de voir des groupes militants s’organiser uniquement sur une plateforme commerciale et devenir complétement dépendant d’algorithmes developpés pour des usages capitalistes. Algorithmes qui ne garantissent évidement aucun archivage, algorithmes qui enferment des publications dans un groupe social déterminé, algorithmes qui t’obligent, à terme, à payer Facebook pour devenir compétitif…

Business is business.

Des participant-e-s à Paris Luttes Info


Facebook la poucave [14]

Comme lors des printemps arabes, on a beaucoup glosé sur la symbiose entre Gilets jaunes et réseaux sociaux. Si les plates-formes numériques ont pesé dans la structuration du mouvement, elles ont aussi fourni le biscuit aux flics et aux juges.
Acte XVIII à Paris, il y était Max. Le trajet depuis Perpignan fait la veille. Et samedi 16 mars, dès la matinée, chaud patate pour la manif dans les rues de la capitale. Sauf que pour rejoindre les jaunes, il doit d’abord passer un cordon de bleus. Et Max, il n’a pas vraiment fait gaffe : dans son sac à dos, les flics trouvent cinq pétards et une cagoule. Les pétards, il dit que c’est une connerie pas bien méchante. « Il y en a qui les jettent sur les forces de l’ordre ! », lui renvoie un policier. Malgré les menottes et les cahots du panier à salade, Max envoie un dernier SMS à sa copine pour lui dire qu’il part en garde à vue mais que tout va bien.

Au comico, on lui prend son smartphone. On exige le code d’accès sinon son cas va s’aggraver. Max cède aux pressions. Dans son bigo, il y a l’icône Facebook. Sur son compte, Max a partagé la photo d’une voiture en feu avec un Gilet jaune posant fiérot devant. « Ça vous plaît une voiture qui brûle ? Et s’il y avait des gens à l’intérieur ? », le tisonne un képi qui tombe peu après sur un message dans lequel Max indique que les Black Blocs sont sur les Champs-Élysées.

Et là, il est cuit, Max. Car tous ces menus indices ne laissent aucun doute : le voilà maqué à la nébuleuse des émeutiers péteurs de vitrines. Début août, il devra retourner à Paname pour répondre de ses actes devant la justice. Trouver un avocat, gérer le stress, payer un nouvel aller-retour à Paris. Quand la galère appelle la galère. « Si j’avais su que ça craignait autant, j’aurais supprimé l’appli Facebook quand ils m’ont embarqué », regrette-t-il un peu trop tard.

« Intelligence connective »

Gilets jaunes et réseaux sociaux, tout le monde connaît la love story : de la genèse du mouvement – la pétition mise en ligne par Priscillia Ludosky et son million de signatures – à sa structuration via les Facebook, Twitter et compagnie. On ne minimisera pas la contribution de l’outil numérique à ce soulèvement populaire, souvent à partir d’affects exprimés par des témoignages, cris de ralliement ou partages de vidéos. « L’usage des réseaux socio-numériques est particulièrement en phase avec ces évolutions sociales et politiques, où la participation politique est de plus en plus souvent associée à un contenu expressif personnel, à une souffrance, une indignation, qu’on éprouve le besoin de partager avec d’autres pour être reconnu socialement, résume le professeur en information-communication Arnaud Mercier [15]. Or les plates-formes numériques ouvrent la possibilité de témoigner, de trouver des personnes qu’on ne connaissait pas et qui partagent les mêmes idées ou les mêmes souffrances. »

En miroir d’une presse traditionnelle vouée aux gémonies, les réseaux sociaux ont aussi servi de contre-média permettant de documenter les violences policières, mettre au jour les duperies politiciennes et diffuser les mobilisations à venir. Ardent technophile et défenseur de la cause fluo, le philosophe Vincent Cespedes a trouvé chez les Gilets la concrétisation de ce qu’il nomme « l’intelligence connective » au service d’un soulèvement « cyber-moderne ». À côté de l’intelligence collective où les corps sont en présence, l’intelligence connective ne serait pas le reflet d’une vulgaire coordination numérique mais l’incarnation d’un « débat beaucoup plus proche d’une quête philosophique ». Comme si la communication via les réseaux, désincarnée et désentravée, permettait de se concentrer uniquement sur les arguments développés par l’autre. Et donc d’élever le débat. Quand, sur Le Média [16], la journaliste Aude Lancelin lui demande d’être un peu plus explicite, l’homme répond de façon lapidaire : « On se contacte par les téléphones portables et ça produit une autre façon de penser. » Carrément.

Cyber-crétinerie

Reste que les signes d’une cyber-crétinerie ont été très tôt pointés sur les ronds-points. Galvanisés par les euphories émeutières et quelques pulsions narcissiques, plusieurs clampins ont filmé leurs camarades de lutte en train de commettre des actes accessoirement punis par la loi. Quand ce n’était pas eux-mêmes sur le mode selfie. Puis rapidement, la fureur avec laquelle chacun dégainait son portable pour enregistrer les moindres attroupements ou dégradations a laissé place à une certaine circonspection quand les fluos ont commencé à piger que tout ce matos mis en ligne pouvait aussi finir chez les limiers de la maréchaussée. « C’est formidable », s’est enthousiasmée auprès du Monde une source policière racontant « comment on peut désormais “filocher” un individu à travers quasiment toute la capitale, en mêlant caméras officielles et observation des réseaux sociaux, où pullulent les films amateurs [17]. »

Début février, le tribunal de Perpignan a condamné Abdelaziz à huit mois de prison (dont trois ferme) pour des violences contre un policier commises devant le palais de justice lors de l’acte VIII. La prétendue preuve ? Servie sur un plateau par un Gilet jaune se filmant devant les échauffourées et qui aura la judicieuse idée de poster sa vidéo sur Facebook. Dans l’arrière-plan : les marches du tribunal où Abdelaziz a le réflexe de lever un bras lors du passage de la colonne de flics venus vider les lieux. Les enquêteurs n’auront qu’à faire une capture d’écran pour donner du grain à moudre à l’accusation.

Le 27 février, lors du procès de Nasser, accusé d’avoir traité un flic de « collabo » (ce qu’il nie), le président du tribunal s’offrira même le luxe de citer en public les nom et prénom d’un fluo remercié d’avoir « filmé pendant le mouvement des Gilets jaunes et donné ainsi à la police des vidéos probantes ». Le vidéaste inconscient n’eut plus qu’à raser les murs et manger sa chasuble.

Myriade de relayeurs

Inconscience. Le mot est lâché. Car il a fallu expliquer et répéter lors d’assemblées et discussions que Facebook, c’est pas comme à la maison. Qu’il ne suffit pas de prendre un pseudo pour se sentir impunément pousser des ailes et appeler à un surplus de radicalité. Que le monde numérique est un univers de mouchards et autres traceurs. Qu’il n’est pas forcément très opportun de publier, par exemple, la photo d’un flic – eût-il la main trop preste sur la gazeuse – en donnant quelques détails sur son intimité ou ses habitudes. Que tout ça peut être constitutif de délits. Comme pour ces deux Gilets jaunes reconnus coupables par le tribunal de Rouen, le 13 février, de « provocation non suivie d’effet au crime ou délit par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique ». Le premier avait posté un laconique : « Faut venir armé d’une 22 » ; le second : « Pourquoi ne pas brûler le commissariat ? ». Sanction : plusieurs mois de taule avec sursis et 1 000 € d’amende. Non, Facebook, malgré ses faux-airs de connivence, n’est pas le bar du coin où on peut épancher ses colères entre potes et rouler des mécaniques. Le terrain est miné.

Pis. Contacté par des Gilets jaunes perpignanais, un avocat du barreau de Montpellier leur a expliqué que dans leur quête frénétique des leaders de la cause fluo, les flics cherchent activement les lanceurs d’idées et d’actions sur le web. Un Gilet résuma alors la stratégie à adopter : « Si on décide d’une action, il ne faut pas qu’elle soit émise par une seule personne sur les réseaux mais qu’elle émane de plusieurs points. D’une myriade de relayeurs. »

Autre menace, le spectre de l’ « association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations » plane au-dessus de la tête de n’importe quel clampin diffusant l’annonce d’une manifestation à venir, même s’il ne met pas un orteil à ladite manifestation.

Dix ans après, l’affaire Tarnac continue à féconder les doctrines du maintien de l’ordre et les constructions policières autour de la fameuse « mouvance ». S’il ne faut pas sombrer dans la paranoïa, il convient d’évaluer le double tranchant des sociabilités connectées. Et leur extrême limite. Combien de fois a-t-on entendu dans la vraie vie : « On est une vingtaine à tenir le rond-point, ils sont où les 3 000 membres de la page Facebook ? » Sûrement à lubrifier leur intelligence connective à coup de likes.


Ne plus s’informer sur Facebook [18]

Face à la censure opérée par les géants du net et leur manipulation de l’opinion par les algorithmes, il est nécessaire que nous reprenions la main sur nos habitudes de partage de l’information.

Pour ne plus dépendre des choix qu’opère Facebook pour nous présenter des articles qui pourraient nous intéresser (et par coïncidence, ces derniers temps, les articles trop révolutionnaires n’ont plus la cote auprès de l’algorithme de suggestion), nous allons utiliser une technologie qui date des débuts du web 2.0 : le flux RSS.

Le flux RSS, qu’est-ce que c’est ?

RSS signifie « Really Simple Syndication » : syndication super simple. Il n’est pas question ici de la CGT, de Solidaires ou de la CNT : cela signifie que l’on peut s’abonner à un flux de contenu. Beaucoup de sites, sans qu’on le sache forcément, mettent à disposition un flux RSS de leurs derniers articles.

Techniquement, le RSS est un langage de description de contenu reposant sur le XML, un format d’échange de données sur internet. On trouve dans le flux RSS une liste d’articles contenant au moins le titre de l’article, son contenu (ou un extrait), et un lien vers sa localisation en ligne. Souvent s’y ajoutent sa date de publication et un·e auteur·rice.

J’ai besoin de quoi ?

Il est nécessaire d’avoir un lecteur de flux RSS. Il y en a de trois catégories :
• logiciel local, à installer sur son ordinateur/téléphone : par exemple QuietRSS (Windows), NetNewsWire (macOS) ou FeedReader (GNU/Linux), Flym news reader(Android)
• service en ligne, par un fournisseur : par exemple FramaNews
• service autohébergé par nos soins : par exemple TinyTinyRSS ou Selfoss

Il en existe bien sûr de nombreux autres, mais ceux présentés ici ont l’avantage d’être libres. Il en existe aussi sur smartphones, à rechercher dans les magasins d’applications, pour être informé n’importe où !

Un logiciel local est le plus simple. L’inconvénient est qu’il n’est pas possible de synchroniser nos flux entre plusieurs appareils.

Le service en ligne est lui accessible via internet, donc depuis n’importe quel appareil connecté. L’inconvénient est que l’on dépend d’un fournisseur qui peut fermer à tout moment. Quant au service auto-hébergé, c’est la solution la plus complexe à mettre en œuvre puisqu’elle demande d’avoir son propre serveur et des connaissances techniques spécifiques, mais elle permet d’accéder à nos flux partout et nous garantit que le service existera tant que nous en aurons besoin.


Le logiciel FeedReader sous Linux

Comment utiliser le lecteur de flux ?

Le fonctionnement exact dépend de chaque logiciel, mais le principe est toujours le même : nous lui donnons l’adresse du flux auquel nous souhaitons nous syndiquer, et il se charge de le mettre à jour régulièrement et nous notifie quand de nouveaux articles sont disponibles. Nous pouvons alors soit lire l’article dans le lecteur, soit nous rendre directement sur le site où il a été publié.

Pour obtenir l’adresse du flux RSS, nous pouvons chercher sur le site (en général dans le pied de page) un lien contenant le mot RSS ou le logo RSS. Il est souvent aussi possible de donner au logiciel l’URL du site, et il trouvera tout seul l’URL du flux.

Nous pouvons maintenant rester informés sans craindre que Facebook ne nous cache les articles qui nous intéressent vraiment !


Si vous estimez que votre organisation a besoin d’être « présente » sur Facebook [19]

Facebook est un moteur de surveillance, accumulant beaucoup de données personnelles disponibles aussi pour I’Etat [il s’agit donc de flicage). Par égard pour votre vie privée et votre liberté. il est important de ne pas posséder de compte Facebook actif ; en refusant, vous bloquez le principal canal par lequel Facebook recueille des informations sur vous, et, à travers vous sur vos parents et amis (il est également important d’éviter Whatsapp et lnstagram, des filiales de Facebook). Si vous leur expliquez pourquoi vous insistez fermement pour communiquer avec eux par un autre système, vous renforcerez votre volonté de résister aux systèmes qui se servent de vous pour vous nuire et nuire aux autres.

Facebook a acquis un tel pouvoir de nos jours que cela met en danger la Liberté et la démocratie. Ses règles concernant ce qui peut être publié reviennent à une censure de la société dans son ensemble et conduisent à des différents politiques. Mais ces différents détournent notre attention de l’essentiel, qui est qu’aucune entreprise ne doit posséder un tel pouvoir.

Les expériences de facebook ont montré que cette société a le pouvoir de manipuler les élections au moyen de changements subtiles dans ses règles. Qu’elle l’ait déjà fait ou non, il n’en reste pas moins que cet état des choses est dangereux.

De nombreuses organisations entretiennent une page facebook pour chercher du soutien. L’existence de cette page ne nuit pas directement à l’organisation mais sans un minimum de précautions, elle augmentera le pouvoir de facebook.

En général les organisations ont une page Facebook pour essayer d’obtenir le maximum de visibilité. Or les ingénieurs de facebook ont conçu un système sournois dans lequel, pour obtenir une visibilité maximale, on doit renforcer le plus possible le pouvoir de cette société. Le moyen le plus radical pour éviter cela, c’est de refuser d’avoir une page facebook. Cependant il y a peut-être un moyen de trouver un compromis dans lequel on attire le soutien du public sans trop augmenter le pouvoir de Facebook. Dans cet article nous proposons un compromis de ce type.

Principes généraux
• Faites de votre site web l’endroit où il faut aller pour avoir tous les renseignements sur votre organisation. Quoi qu’on veuille savoir, c’est sur le site web qu’on doit le trouver.
• Dites sur la page Facebook que le site web de l’organisation est la meilleure source d’information. Demandez explicitement aux gens de toujours mettre en lien le site web, jamais la page facebook.
• Adoptez cette devise : "Facebook est mauvais pour les gens. Quand ils nous trouvent sur Facebook, nous leur montrons le chemin de la sortie et c’est ailleurs que nous leur parlons."

Ce qu’il faut mettre sur Facebook ; ce qu’il ne faut pas mettre
• Sélectionnez ce que vous mettez sur Facebook pour que le site Web soit clairement la meilleure source d’information sur l’organisation.
• Mettez sur Facebook de nouveaux articles ou annonces importantes de l’organisation, mais seulement la moitié, à peu près. Puis dites sur la page Facebook : "Consultez notre site web, il y a beaucoup plus d’infos là-bas !"
• Mettez des fichiers GIF animés présentant le point de vue et les idées de votre organisation - mais moitié moins que sur votre site Web.
• Quand vous annoncez un événement sur Facebook, ne dites pas tout. Donnez le lieu, la date, l’heure et une brève description, assez pour que les gens viennent s’ils le souhaitent - mais donnez un lien vers la page de votre site qui décrit cette réunion et réservez pour cette page une partie des informations intéressantes sur l’événement.
• Mettez la même liste de résumés d’événements sur le site Web, pour que les gens en quête d’un résumé n’aient pas l’impression qu’ils trouveront mieux sur Facebook.
• Sur la page Facebook de l’organisation, n’actualisez pas tous les champs d’information temporaire. Lorsque le site Web change de manière significative, indiquez-le seulement par quelques mots dans le champ Statut.
• Sur le site Web de l’organisation, donnez aux visiteurs qui le souhaitent un moyen d’être avisés des changements et de recevoir les nouvelles annonces, pour qu’ils n’aient pas besoin de recourir à Facebook pour cela.
• Ne donnez sur Facebook aucun renseignement sur les personnes qui participent à vos événements — surtout pas leur nom. Respectez leur vie privée ! Ne faites d’exception que pour les noms des conférenciers ou professeurs, dans le cadre de la description préliminaire des activités.
• En particulier. ne mettez pas de photo montrant des personnes. Souvenez-vous que Facebook les identifie sur la photo d’après leur visage ou même d’après l’arrière de leur tête. Ne montrez aucune tête sur Facebook, quel que soit l’angle de prise de vue.

Évitez la messagerie Facebook !
• Indiquez sur la page Facebook que les personnes souhaitant s’adresser à l’organisation doivent le faire par d’autres systèmes et NON par la messagerie Facebook. Dites quels systèmes vous préférez et donnez les noms ou les identifiants des comptes à utiliser.
• Les autres systèmes de communication peuvent avoir d’autres failles. A la Free Software Foundation (FSF), nous nous servons surtout du courriel et du téléphone ; nous utilisons SIP pour la communication audio ou vidéo sur Internet, mais jamais Skype parce que Skype nécessite un logiciel client "privateur". Ce qui est essentiel ici, c’est que TOUTE méthode de communication autre que Facebook et WhatsApp (propriété de Facebook) éloignera les gens de Facebook.
• Si quelqu‘un vous envoie un message Facebook en dépit de votre demande, répondez en disant : "Continuons cette conversation par le système X. Y ou Z. Nous ne voulons pas donner d’information supplémentaire à Facebook sur notre organisation ou ses contacts, y compris sur vous."

Évitez d’aider ou de promouvoir Facebook !
• Ne mentionnez pas la page Facebook sur votre site Web ou autre document en ligne. La page Facebook est pour ceux qui la cherchent sur Facebook.
• N’affichez pas de bouton Like sur vos pages Web. Facebook utilise les boutons Like présents sur les sites tiers pour suivre tous leurs visiteurs à la trace. Le bouton traque même les visiteurs qui n’ont pas de compte Facebook.
• Une autre raison de ne pas avoir de bouton Like est que ce bouton incite les gens a s’impliquer davantage dans Facebook.

Comment communiquer avec Facebook de manière sûre

Facebook utilise de nombreuses méthodes pour se procurer des données personnelles. Certaines sont assez sournoises. Voici quelques suggestions pour vous protéger du pistage lorsque vous travaillez sur la page de l’organisation. Elles ne fonctionneront peut-être pas complètement si vous avez vous-même un compte Facebook, mais c’est votre responsabilité.

• Pour assurer la maintenance de la page de l’organisation, créez un compte sous un alias. Donnez de faux renseignements plausibles, sans connotation humoristique et sans rapport avec vous. Ensuite. n’utilisez JAMAIS ce compte pour quoi que ce soit, saut pour vous occuper de la page de l’organisation. Facebook n’aura jamais aucune raison de mettre en doute les données de votre compte.
• Si plusieurs personnes gèrent la page de l’organisation, donnez à chacune un compte séparé sous un alias. Ne mettez pas un même renseignement dans deux comptes.
• Créez deux comptes de secours sur le même modèle.
• La seule manière plus ou moins sûre de se connecter sur Facebook est d’utiliser un navigateur. Ne vous connectez JAMAIS avec l’application mobile de Facebook, car cela nécessite de lui donner accès a d’autres informations présentes sur votre appareil mobile, comme votre carnet d’adresses personnel, vos SMS, votre agenda et autres données confidentielles. Cela peut révéler vos données personnelles et celles d‘autres personnes. Cela peut même révéler des informations sensibles et vous causer du tort, à vous ou à des gens que vous connaissez. Ne soyez pas surpris : l’application est constituée de logiciel "privateur" (ce qui est en soi une injustice ; voir https://fsf.org/tedx) et il est courant que le logiciel "privateur" espionne ses utilisateurs (voir https://gnu.org/proprietar/proprietary-surveiIIance.html).
• Le plus sûr est de ne se connecter sur Facebook qu’à partir du bureau de l’organisation, avec un ordinateur appartenant à l’organisation.
• S’il vous arrive de vous connecter à Facebook avec votre ordinateur personnel (plutôt que celui du bureau de l’organisation), faites-le de la façon suivante : installez Tor Browser Bundle (navigateur destiné au réseau de Tor, disponible pour Windows et Mac OS aussi bien que pour GNUI Linux) et utilisez-le pour vous rendre sur https://facebookcorewwwi.onion/ au lieu d’aller sur Facebook directement. Cela empêchera Facebook de vous géolocaliser ou de déterminer votre adresse IP. (Remarque : le site facebookcorewwwi.onion.to est "bidon". Ne vous faites pas avoir !)
• N’indiquez jamais votre présence a proximité d’un lieu, quelle que soit l’insistance de Facebook.
• Sur l’ordinateur, créez un compte local séparé pour chaque compte Facebook. Connectez-vous a partir de ce compte local et ne l’utilisez jamais pour autre chose.
• Si vous ne créez pas de compte utilisateur local particulier pour communiquer sur Facebook, supprimez les cookies IMMEDlATEMENT après chaque connexion a Facebook : pas seulement une fois par jour ! Facebook s’en sert en effet pour surveiller le reste de la navigation Web provenant du même compte. Beaucoup de navigateurs vous permettent de définir une configuration qui traite tous les cookies comme des cookies de session. Leur suppression sera automatique à condition de quitter le navigateur après chaque utilisation de Facebook, ce qui est conseillé.
• Par principe, il est recommandé d’utiliser un navigateur comme IceCat qui bloque les systèmes de pistage présents dans les pages Web, en particulier les boutons Like et la plupart des publicités.
• Ne permettez pas à Facebook d’accéder au moindre compte réel sur d’autres sites. Si Facebook exige des informations sur vos autres comptes, indiquez-lui des comptes-bidons créés pour cet usage et que vous n’utilisez pas vraiment. Il est acceptable de donner à Facebook les adresses de courriel publiées par l’organisation pour le contact avec le public, mais pas les mots de passe de ces comptes.

Facebook nuit aux gens de multiples manières (voir https://stallman.org/facebook.html) et il n’y a pas moyen de les éviter complètement. Nous espérons que cette approche de compromis bénéficiera à votre organisation tout en lui évitant de se faire instrumentaliser par Facebook. Il existe par ailleurs d’autres réseaux sociaux pouvant répondre à vos besoins. Beaucoup de réseaux sociaux centralisés bien connus sont moins intrusifs que Facebook, mais il y a encore mieux : GNU Social et Diaspora respectent les droits de leurs utilisateurs grâce a une architecture décentralisée basée sur des logiciels libres. Pourquoi ne pas les essayer ?

[1Paru à l’origine sur le site du Master en Intelligence économique et stratégies compétitives de l’IESC d’Angers, le 2 novembre 2015, écrit par Cédric Kernoa.

[2Article paru à l’origine sur Paris-Luttes.info le 16 juillet 2019, mise à jour le 4 novembre suivant. L’article a été légèrement modifié ici.

[3Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft

[5Lire à ce sujet la page Bulle de filtres de wikipédia. : « J’ai testé les algorithmes de Facebook et ça a rapidement dégénéré », https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1029916/experience-facebook-algorithmes-bulle-desinformation dont les conclusions sont :
- Même quand on est abonné à un éventail de médias sur Facebook, si on interagit avec seulement une catégorie de contenu, notre fil d’actualités se retrouve bondé de ce type d’articles. De plus, Facebook nous encourage à nous abonner à des pages qui diffusent du contenu semblable.
- Nos amis peuvent bien apporter une diversité de sources sur notre fil. Par contre, si on interagit seulement avec des articles qui représentent notre point de vue, on se retrouve encore une fois entouré de contenu qui nous réconforte. Les opinions contraires se font alors plus rares.
- Notre fil Facebook ne montre pas l’actualité telle qu’elle est, mais telle que nous voulons la voir.

[6À ce sujet lire l’article : Lettre ouverte d’Occupy Wall Street à Nuit Debout : Nuit Debout, méfiez-vous ! : https://paris-luttes.info/lettre-ouverte-d-occupy-wall-5983

[7Pour créer des sites militants rapidement et sécurisés il est possible de créer un site « noblogs » : https://noblogs.org/

[8L’adresse du site mutu qui recense tous les sites locaux : https://mutu.mediaslibres.org/

[9Article paru à l’origine dans médiapart le 29 août 2019 écrit par Géraldine Delacroix.

[10Article paru le 30 juin2017 sur Paris Luttes info.

[13Hard Questions : Hate Speech, cité par Le Monde.

[14Paru dans CQFD n°175 (avril 2019), par Serge André, illustré par Marine Summercity.

[15« Gilets jaunes, médias et Internet : les premiers enseignements », The Conversation (10/12/2018).

[16Dans l’émission « L’Entretien libre » (11/03/2019).

[17« Gilets jaunes : comment les films amateurs, les chaînes d’info et la vidéosurveillance nourrissent les enquêtes judiciaires » (01/02/2019).

[18Publié à l’origine sur Paris-luttes.info, le 7 septembre 2019.

[19Le Dr Richard Stallman est président de la Free Software Foundation (gnu.org - fsf.org) version anglaise : https://stallman.org/facebook-presence.html (décembre 2016)


)

Mise en page en octobre 2019.
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