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Contributions à la lutte
Lettres depuis la prison de Silvia, Billy, Costa et Marco

mis en ligne le 7 septembre 2011 - Collectif


Histoires

Marco Camenisch

Marco a commencé son engagement politique en soutenant des prisonniers en lutte et dès 1978 il s’est joint à la lutte contre les centrales nucléaires en Suisse.

Début 1980, il est arrêté à cause de deux attentats à l’explosif : un contre un pylône à haute tension de la société électrique Nordostschweizerische Kraftwerke (NOK, une des compagnies entretenant des centrales nucléaires en Suisse à cette période-là) et un autre contre des transformateurs et le pylône d’une centrale hydro-électrique aux Grisons.

Le jugement relativement dur de 10 ans était d’un côté certainement, selon son point de vue, l’expression de ce qui était en jeu : la destruction écologique réalisée par l’industrie de l’énergie comme faisant partie de la force destructrice du système de domination en général, ce qui constituait une partie des cibles déclarées de sa lutte. Le "tarif normal" à cette époque en Suisse se serait situé entre 4 et 6 ans et même la presse réactionnaire a été surprise par le quantum de la peine, correspondant alors environ à celui qui aurait été attribué pour un homicide. D’un autre côté, le jugement relativement dur est à voir aussi et surtout comme une adaptation répressive au contexte européen et international avec des mouvements de guérilla forts (Italie, Allemagne, etc.) et au durcissement répressif correspondant opéré par la bourgeoisie. [...]

Le 17 décembre 1981, Marco Camenisch s’évade avec quelques co-prisonniers italiens de la prison de Regensdorf, évasion durant laquelle un gardien est tué et un autre blessé. Pendant 10 ans, Marco Camenisch vit dans la clandestinité, continue son activité anti-nucléaire et écrit des articles pour la presse anarchiste. En décembre 1989, un douanier a est tué à la frontière italo-suisse, les médias et les autorités présentent immédiatement Marco Camenisch comme l’auteur. Marco Camenisch a toujours nié cette accusation. La longue fuite de 10 ans est interrompue par un contrôle de papiers ordinaire dans la province toscane de Massa. La réaction stupide d’un carabinier à une arme tirée de Marco provoque un échange de coups de feu, dans lequel un carabinier est blessé et Marco touché de balles aux deux jambes, empêchant ainsi sa fuite et aboutissant à son arrestation. [...]

Il refuse toute collaboration avec la justice et est condamné à 12 ans de prison en mai 1992 pour la fusillade avec les carabinieri et pour un attentat à l’explosif contre le pylône à haute tension La Spezia-Acciaiolo, important du courant nucléaire de France. [...]

Après avoir purgé la peine en Italie, Marco Camenisch est extradé en avril 2002 en Suisse pour les 8 ans restants de sa première peine, ainsi que pour le procès pour l’évasion et la fusillade à la douane. Son procès dure de mai 2002 jusqu’en 2004, accompagné d’une vaste campagne de solidarité. Il a été conclu par un acquittement dans l’affaire du gardien mort et par une condamnation à 17 ans pour la mort du douanier. Cette condamnation s’explique par l’absence de « regrets » et par son positionnement pour un renversement révolutionnaire de l’ordre global capitaliste-impérialiste, devenu en l’occurrence de plus en plus urgent. Ces 17 ans de « peine supplémentaire » constituent (dans ce cas spécifique) une violation du code pénal.

En mars 2007, la peine a dû être réduite au quantum de peine maximal de 8 ans dans ce cas spécifique, signifiant en tout 30 ans de taule avec libération prévue en 2018.

En prison, Marco participe quand même aux luttes des prisonniers sociaux et politiques et continue à souligner la nécessité de la résistance solidaire contre ce système de domination. Il joue un rôle actif dans l’alliance de différentes situations de lutte (cercles anarchistes, collectifs d’écologistes et des groupes œuvrant à la création du Secours Rouge international) et dans la création de rapports forts de solidarité et de proximité. [...]

[Extraits d’un texte du Secours Rouge International, le texte est lisible en entier ici.]

Costantino Ragusa, Silvia Guerini et Luca Bernasconi

Costantino Ragusa, Silvia Guerini et Luca Bernasconi (Billy) sont des anarchistes engagés dans différentes luttes et projets pour la libération animale et de la Terre en Italie. Costa et Silvia sont actifs dans le mouvement de libération animale depuis beaucoup d’années ; ils ont pris part à de nombreuses luttes écologistes locales et à la rédaction de la revue écologiste radicale de critique de la civilisation « Terra Selvaggia » [« Terre Sauvage »] ; ils ont participé à la création d’une nouvelle coalition contre les OGM et contre tout type de nocivité et ils sont actifs dans le soutien aux prisonniers. Ils sont depuis beaucoup de temps visés par la répression à cause de la détermination avec laquelle ils mènent leurs luttes.
Luca, connu comme Billy, a grandi au Tessin, est allé vivre en Italie où il a participé de manière active aux campagnes publiques de pression contre la vivisection et l’industrie de la fourrure, à la coalition contre les nocivités, et a mené un projet d’agriculture et de refuge pour animaux sauvés d’exploitations industrielles.

Le 15 avril 2010, Costa, Silvia et Billy ont été arrêté-e-s dans un contrôle routier en Suisse allemande. La police affirme avoir trouvé dans la voiture pendant la fouille des explosifs et un communiqué de revendication concernant une action de sabotage contre le nouveau centre de recherche sur les nanotechnologies de la multinationale IBM en construction près de Zurich.
En Suisse, les explosifs sont un des rares domaines de la police fédérale, dès le début de l’enquête c’est un procureur fédéral qui a pris en charge leur dossier. Motivation pour laquelle les trois anarchistes ont été amenés dans trois taules du canton de Berne : Silvia a été amenée à Bienne, Costa à Berne et Billy à Thun.
Depuis le mois d’avril [2010], ils se trouvent en préventive, seulement dernièrement l’enquête vient de terminer et la date du procès reste encore inconnue. Leurs conditions de détention sont particulièrement dures, notamment en ce qui concerne la censure de la correspondance. Au delà de l’habituelle censure typique dans les enfermements préventifs, qui fait que le courrier met un temps très long à parvenir, le procureur fédéral a introduit arbitrairement des limitations ultérieures aux courriers, qui, de fait, rendent impossible l’entrée ou la sortie des lettres sinon sur la base du pouvoir discrétionnaire du procureur lui-même.
Ils ne peuvent pas communiquer entre eux, et ils ont des limites absurdes sur le nombre de lettres qu’ils peuvent envoyer ou recevoir. Toutes les lettres sont traduites en allemand et lues par les autorités, démarche qui ralentit encore plus le processus.
Il s’agit d’une manœuvre politique, d’une tentative évidente de les isoler en interrompant de fait le canal des communications entre l’extérieur et l’intérieur, de façon à limiter lourdement leurs possibilités d’intervenir dans les luttes.
Malgré la difficulté de communiquer entre eux, en septembre [2010], ils ont réussi à faire une grève collective de la faim à partir du 10 jusqu’à fin du mois à laquelle Marco a aussi participé.
Suite à cette première initiative collective, au début du mois d’octobre, des rétorsions de la part du pouvoir ont eu lieu, Marco a été transféré de la prison de Regensdorf près de Zurich où il a passé les dernières huit années à la prison de Bochuz dans le canton de Vaud, Billy et Costa ont aussi été déplacés, Billy à Berne, et Costa à Thun.
En décembre [2010], une semaine de mobilisation pour les trois a été lancée par la coordination de soutien à leur lutte. Billy et Silvia ont voulu y participer avec une autre grève de la faim, à laquelle Marco a aussi pris part.
A la mi-janvier [2011], Marco a été déplacé à nouveau, cette fois dans le canton d’Argovie à Lenzburg. De même, Costa et Billy ont été de nouveau invertis : Costa a été ramené à Berne et Billy à Thun.


Les lettres

 Lettre de solidarité aux trois
Marco, mai 2010

Cher Billy, cher Costa, chère Silvia !

Bien évidemment, il n’est jamais temps et il n’y a aucune motivation de nature essentielle pour la prostration et les regrets !
Surtout du moment que l’attaque ratée exprime et s’inscrit dans l’offensive révolutionnaire internationaliste « niveau stratégique » comme fait et effet principal. Comme signe, continuité, développement, en soulevant et en transmettant socialement et politiquement des contenus et des questions générales et particulières, avec la mobilisation-solidarité correspondante, l’échec déjà en soi, pour ne pas parler du niveau-effet « stratégique » et de moyenne et longue durée, est renversé en regardant nos cibles communes générales (système) et particulières-fondamentales (nocivités) !
Le tout amplifié par le moment et lieu social et politique, le premier mai.
Nous avons appris à être, nous avons été, nous sommes et nous serons à la hauteur en continuant notre contribution non pas amoindrie mais renforcée d’une importance accrue !
Toujours ensemble dans la lutte ! Ces mots, un jour ou l’autre vont vous arriver et nous allons naturellement pouvoir échanger à nouveau !
Avec un grand respect, une solidarité sereine et un amour profond.

Marco.

 Message pour la rencontre de libération de la terre
Silvia, juillet 2010

[La première rencontre italienne de libération de la terre a eu lieu en Toscane du 10 au 12 septembre 2010. Il s’agit de trois jours sur les luttes de libération animale, écologistes radicales et antiautoritaires. Elle a été organisée par plusieurs groupes d’anarchistes vert-e-s, dans lesquels Silvia, Costa et Billy militent aussi. L’idée était de s’unir dans un moment de réflexion et d’approfondissement les thématiques de libération animale et celles de libération de la terre pour créer un front unitaire des différentes luttes. La nécessité de cette rencontre naît de la conscience de l’importance de considérer ces deux luttes comme capables de miner les fondements des logiques autoritaires et des systèmes qu’elles génèrent, à savoir l’avancée techno-scientifique qui est le moteur permettant le développement et la survie du capitalisme.]
Pour plus d’info [it]

Je ne peux malheureusement pas être présente à ces trois journées très importantes de la première rencontre des libérations animale et de la Terre, mais mon coeur et mes pensées sont avec vous.
Je vous envoie ce message et je pense à vous avec amour.

Nous sommes continuellement bombardéEs par une multitude de substances toxiques rejetées dans l’air, dans les sols, dans les fleuves, dans les mers ; submergéEs par des nocivités industrielles et technologiques. Les biotechnologies et les nanotechnologies sont en train de pénétrer dans tous les tissus de cette société.
IntoxiquéEs, considéréEs comme des cobayes et des pièces de rechange, violéEs dans la profondeur de nos corps... entre l’aliénation d’un monde de circuits électroniques...
Tous les jours, à chaque instant, une partie de la forêt amazonienne est définitivement détruite. Des espèces animales et végétales dont on ne connaît même pas l’existence sont en train de s’éteindre. À cause des liens et des équilibres fragiles et complexes du monde naturel, d’autres espèces sont destinées à s’éteindre.
Le poids de la destruction des écosystèmes et de leur biodiversité, de la continuelle déprédation de leurs « ressources » pour le besoin énergétique du système industriel et des bouleversements climatiques a des conséquences si terribles et irréversibles pour la planète toute entière et pour tous les êtres vivants, qu’il ne peut plus être considéré comme une question secondaire. D’où l’importance des luttes écologistes radicales pour s’opposer et contester ce système, qui se base sur l’avancée du progrès scientifique et technologique.

Les mêmes multinationales qui ont leurs sièges et leurs centres de recherche chez nous et qui étendent leur pouvoir et leurs projets de la manière la plus sournoise manifestent leur visage de mort dans le sud du monde. Pour les agriculteurs destitués de leur savoir et obligés par des multinationales biotech comme Monsanto à planter des semences OGM stériles, et pour les dernières tribus restées dans les forêts qui sont en train de disparaître pour faire place à des monocultures de soja et pour extraire des biocarburants, il s’agit d’une question de survie.
Ne pas réagir signifie mourir. Prêts à prendre les armes, ils résistent à l’avancée des multinationales et de la civilisation. Leur résistance est aussi la nôtre, elle fait partie de la même lutte. Les luttes de libération animale et de la Terre font partie du même parcours, elles ne peuvent pas être dissociées et considérées séparément.
Tous les êtres vivants sont reliés au même système d’exploitation. C’est le même système, le même paradigme anthropocentrique qui réifie tout être vivant en le réduisant à un simple numéro, le considérant comme de la marchandise, de la viande de boucherie, des ressources à exploiter, une agrégation d’organes à sectionner, un ensemble de cellules, de gènes et d’atomes à modeler et à modifier...
Les nombreux plans d’exploitation et d’oppression du système peuvent être comparés à plusieurs dimensions qui s’entremêlent et fusionnent en formant un filet à mailles serrées de liens et de relations. Éloigner une question spécifique de ce filet signifie perdre le contact avec la réalité qui nous entoure et ne plus être à même de comprendre les évolutions de la domination.

Il faut se demander à quoi on s’oppose. Si c’est à la domination sous toutes ses formes, il faut reconnaître la nécessité de l’union des luttes de libération quand on conduit des projets spécifiques. Sans jamais perdre cette tension qui nous amène à être en conflit avec la société toute entière, qui nous empêche d’être satisfaitEs, qui nous empêche de nous cacher derrière des mots, et qui les met en pratique.

« Protester, c’est dire que quelque chose ne nous plaît pas, s’opposer, c’est faire en sorte que ce qui ne nous plaît pas ne va plus jamais arriver. » (Ulrike Meinhof, militante de la RAF).
Nous opposer, c’est concrétiser l’ennemi en le rendant bien clair et visible devant nous, c’est rendre notre entendre et notre pensée concrets.
C’est seulement en regroupant dans un seul front les luttes de libération animale et écologistes radicales que nous saurons faire face à la complexité et à la profondeur de la domination, avec une lutte qui va au-delà de la surface pour détruire à la source et dans sa totalité toute forme d’exploitation.
Nous pourrions dire que le chemin que nous avons pris est facile, que nous ne nous tromperons jamais et que nous obtiendrons beaucoup de victoires. Nous gagnerions plusieurs militantEs, mais ainsi, sans être prêtEs à affronter les premières difficultés quand elles se présenteront, le mouvement entier coulera. Pour éviter un tel scénario, nous devons être conscientEs qu’en réalité le chemin est long et tortueux, plein d’entraves qui nous semblent parfois insurmontables. Nous allons commettre des erreurs, nous allons subir des défaites, certainEs vont quitter la lutte et nous devrons affronter la répression... mais malgré tout cela, malgré le contexte autour de nous, qui nous semble toujours plus désolant, et malgré qu’il soit toujours plus difficile de transmettre nos messages dans leur complexité et leur radicalité, si nous ne sommes pas nous, si ce n’est pas à toi de décider de combattre, qui le fera ? Si nous ne commençons pas maintenant à lutter, quand le ferons-nous ? Si nous attendons, si tu attends, il sera trop tard...
Face à ce scénario qui nous entoure, si nous sommes assailliEs par l’impuissance et par le désespoir, nous ne devons par céder à ces sentiments, mais au contraire les renverser avec la conscience et la force. Cette question tourbillonne dans la tête : « Qu’est-ce qu’on peut bien faire ? A quoi pourrait-on bien parvenir contre tout cela ? » Pour y répondre, il suffit simplement de commencer à inverser le chemin tracé par le système, en arrêtant le cours des événements que les puissants veulent nous faire croire comme inéluctables.
TouTEs sont indispensables, un seul individu peut donc faire la différence, il peut ouvrir une cage, et il n’y a pas de prix trop élevé à payer pour avoir sauvé une vie... A plusieurs, les individus peuvent devenir un bâton dans les rouages de ce système et ils peuvent l’attaquer dans ses centres vitaux. Si toutes les personnes qui viennent pour la première fois à cette rencontre, quand elle sera terminée, s’engagent concrètement et avec continuité, de nouvelles campagnes de lutte pourront naître et des projets déjà existants se renforceront et prendront de l’ampleur. Ensemble, nous pourrons développer un mouvement de libération animale et de la Terre fort dans sa radicalité, composé par plusieurs âmes et plusieurs projets spécifiques, mais touTEs uniEs par le même amour, par la même haine, par la même rage, par la même passion et par la même ardente nécessité dans le cœur de combattre contre ceux qui exploitent et tuent tous les êtres vivants et la Terre, en conflit avec le système entier.
Sans avoir peur de se tromper, car c’est au travers de nos fautes que nous apprendrons et que nous serons plus conscientEs et plus fortEs. Sans avoir peur de la répression, car il n’y a pas de cages plus terribles que celles qui enferment des millions d’animaux. Face à une planète mourante, il faut apprendre à avoir le courage de risquer notre liberté, car les cages les plus grandes sont celles que nous nous construisons autour de notre cœur et de notre esprit, faites d’indifférences et de justifications pour ne pas agir...
Sous la peur, ce frisson qui nous fait vivre jusqu’à notre dernier soupir, qui nous coupe le souffle, qui nous fait battre le cœur et garder les poings toujours fermés. Avec la certitude de combattre de toutes nos forces jusqu’au bout... Nous levons les yeux vers la lumière des étoiles et nous conquérons le ciel...

A tous les esprits libres et sauvages qui le restent même lorsqu’ils sont enfermés derrière les barreaux d’une prison ou d’une cage.
Liberté pour Costantino Ragusa, Luca Bernasconi, Marco Camenisch et toutes les prisonnières et tous les prisonniers révolutionnaires.

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, juillet 2010.

 Communiqué collectif sur la grève de la faim
Billy, Costa, Silvia et Marco, 7 septembre 2010

[Billy, Costa, Silvia et Marco décident de faire une grève de la faim du 10 septembre jusqu’à la fin du mois. Cette initiative s’insère aussi dans la campagne de libération des prisonniers et des prisonnières révolutionnaires de longue durée. Il s’agit de leur première initiative collective. La coordination d’appui à leur lutte soutient cette initiative et lance en même temps une campagne de solidarité.]
Pour plus d’infos sur la campagne de libération des prisonnières et des prisonniers de longue peine : http://rhi-sri.org/campaigns_detail... [fr].

Nous, Billy, Costa, Silvia, et Marco, individualités écologistes révolutionnaires et anarchistes, otages de l’état Suisse, nous avons décidé de faire une grève de la faim collective de durée individuellement variable, du 10 à la fin de septembre 2010.

Pour les limitations et les retards dans les communications (ces dernières sont totalement interdites entre nous en détention préventive), l’accord et l’organisation de cette initiative est difficile et des nouvelles confirmations et déclarations individuelles plus exhaustives et particulières seront peut-être possibles seulement par la suite.

En tant qu’individualités anarchistes et révolutionnaires, avec cette initiative nous voulons confirmer fortement :
La solidarité et la participation internationaliste – de l’intérieur en dépassant toute tendance spécifique – aux initiatives et aux luttes révolutionnaires, dedans et dehors, contre la répression, la prison, l’isolement, la torture..., pour la libération de toutes les individualités qui sont otages de la guerre sociale et révolutionnaire contre le système, pour la liberté de tous et toutes, ainsi que pour la destruction de toute prison, en tant que bâtiment et société qui en a besoin.
En ce sens on donne un appui total et notre solidarité aux campagnes de libération pour les révolutionnaires de longue peine nées récemment.
Il s’agit de continuité de lutte avec toutes les individualités qui n’ont jamais voulu subir cette guerre et cette crise sociale, économique, politique et environnementale du système, toujours plus aiguë et brutale.
Il s’agit pour nous de continuité dans les rapports forts de lutte et d’affinité qui, en tant qu’individualités anarchistes « vertes/anti-civilisation » nous unissent depuis beaucoup d’années. Contre tout état, prêtre et patron, contre toute prison et répression, contre toute exploitation de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la femme, de l’homme sur d’autres espèces et de l’homme sur la nature. Être unis, entre nous et avec d’autres individualités et expériences, dans la lutte radicale contre les nocivités, les destructions et le même schéma qui les produit et les rend nécessaires, c’est-à-dire ce présent technoscientifique de production et de consommation industrielle, capitaliste, mercantile, monopoliste et impérialiste des multinationales et de leurs états. Sans faire distinction entre des nocivités et destructions anciennes ou novatrices, sans écouter la rhétorique arrogante et malhonnête des patrons et des laquais (savants, médias, politiciens, flics, prêtres et organisations payées par le jeu « du dialogue démocratique » des patrons) qui présentent les nanos, les biotech, les OGM, les « énergies alternatives », le nucléaire, etc., comme humanitaires, nécessaires et écocompatibles. Et en s’en fichant si cette lie impérialiste, belliciste et terroriste de patrons et de leurs complices et institutions déclarent que nous et tous ceux qui ne sont pas d’accord et qui résistent réellement et luttent pour une société d’individus libres et autonomes, sans esclavage, oppression, exploitation et destruction, que nous sommes des « vandales », des « terroristes », des « ecoterroristes » !
En étant radicalement critiques et en lutte contre les lointaines racines du système actuel, en tant qu’expression la plus avancée, accomplie et destructive de la civilisation anthropocentrique millénaire, de la domination industrielle (production-consommation) et de l’apprivoisement patriarcal, de la stratification, du contrôle social, de la massification/incarcération dans les villes, de l’exploitation, de l’oppression, de la violence organisée et de la guerre de l’homme contre l’homme, de l’homme contre la femme, de l’homme contre les autres espèces, contre la nature, contre le reste de l’univers.
Pour conclure, mais certainement pas de moindre importance : cette initiative est aussi une contribution et un salut complice, solidaire et actif à vous toutes individualités révolutionnaires de chaque tendance qui individuellement ou unitairement ici dehors et maintenant nous soutenez avec votre amour révolutionnaire complice, libre et vrai, avec vos initiatives, avec la continuité et le renforcement de la résistance et de l’offensive révolutionnaire sous la lumière du soleil, de la lune et des étoiles, avec tout type de moyen nécessaire, contre toute expression du monstre état et capital.
Ensemble nous sommes forts, la solidarité est notre meilleure arme !

7 septembre 2010, prison Suisse, Billy, Costa, Silvia et Marco

 Sur la grève collective de la faim
Silvia, septembre 2010

J’entreprends cette grève de la faim collective avec les camarades Luca Bernasconi, Costantino Ragusa et Marco Camenisch, pour une durée de vingt jours. Les motifs de cette grève sont exprimés et définis dans leur ensemble dans un autre texte écrit collectivement.

Cette initiative représente la suite d’une lutte importante et nécessaire afin qu’elle continue malgré ces murs et ces grilles qui nous enferment et comme reflet de l’affinité anarchiste verte qui nous unit.

Nous voulons rester présent dans le mouvement révolutionnaire, dans le mouvement de libération animale et de la Terre, comme sujets actifs et en lutte, malgré le fait que nous soyons en taule. Cette grève de la faim va au-delà de la forte censure, faite par le ralentissement et les restrictions du courrier, que nous sommes en train de subir nous trois en prison préventive. Elle abat les murs de l’isolement et elle nous unit avec vous tous et toutes dehors qui luttez contre ce présent.

Pour affirmer à nouveau la critique fondamentale du paradigme anthropocentrique qui est aux racines de cette société techno-industrielle et de toute exploitation. Ces racines sont inhérentes à la naissance de la civilisation avec comme conséquences l’aliénation et la séparation de l’homme et de la femme du reste de la nature et de la domestication du monde végétal et animal.

Relançons avec force la lutte contre toutes les nocivités et les progrès techno-scientifiques qui voit leur apogée dans les bio et les nanotechnologies. Arrêtons l’avancée de l’ingénierie génétique et l’entrée des OGM en Europe, avant qu’il ne soit trop tard !

Contre la dévastation d’écosystèmes naturels entiers et de leur biodiversité, contre toute exploitation et oppression de tous les êtres vivants et de la Terre.

Contre le système de domination dans son entier et dans toutes ses manifestations.

Barreaux de métal froid, corps serrés les uns sur les autres, crocs de fer pendants du plafond, décharge électrique, pistolet à la tempe, crocs enfoncés dans la chair, gorge déchirée, sang qui jaillit, corps en morceaux...

Des mains saisissent et bloquent les membres, des aiguilles sous la peau, des électrodes dans le cerveau, un liquide blanchâtre dans les veines, le corps immobilisé, les yeux écarquillés, brûlure, douleur, lente agonie... Bistouri qui coupent, déchirent et sectionnent des organes encore chauds... Corps, seulement des corps, dans la négation totale de toute individualité et sensibilité. Élevage intensifs, expérimentation animale... Contre toutes les cages, pour une libération totale.

À ces pulsations du cœur qu’on entend jusqu’à la gorge, toujours plus forts... À ce souffle court qu’on sent, courant sous les étoiles... Au loin, un éclair déchire le silence et l’obscurité d’un ciel sombre. En courant sans peur vers la tempête, en serrant les poings contre la poitrine, dans les yeux la lumière des étoiles et dans le cœur la passion du feu de la lutte qui ne finira jamais de brûler...

Silvia Guerini, prison de Bienne, Suisse, septembre 2010.

 Sur la grève collective de la faim
Billy, 21 septembre 2010

Quelques lignes pour dire que depuis ce matin j’ai recommencé à manger, arrêtant ainsi la grève de la faim que j’avais commencé vendredi 10 septembre, et pour faire quelques considérations courtes et personnelles comme contribution à l’initiative.

Peut-être est-ce le ton des gardes en allemand, ou je ne sais pas pourquoi, mais dans ma tête j’ai toujours la phrase « arbeit macht frei » et je me dis que cette inscription rouillée en fin de compte, est devenue le leit-motiv de la société. Le travail, la production, le profit comme impératif. Voilà la mesure dans les rapports actuels, la valeur de l’individu et son éventuel droit d’exister. C’est quoi une forêt par rapport à un câble à haute tension ? Les africains sont quoi par rapport aux oranges qu’on retrouve au supermarché toute l’année ? Une vache, un poulet ou un cheval, ils sont quoi par rapport au lait pour le petit déjeuner, à une portion de chicken nuggets à midi ou un steak (de production locale, clair !) au souper ?

Tu as droit aux droits du moment que tu es employé-e, utile à l’économie. Peut-être. Si tu travailles tu seras libre ! D’avoir un toit, de la nourriture et toutes les distractions que tu pourras te permettre en consommant avec frénésie ou avec responsabilité. Mais si tu ne t’acquittes pas de cette logique ou si tu refuses de t’y soumettre, gare !, on le sait bien : tu deviens un problème à criminaliser ou médicaliser si tu t’interposes à la marche du profit, à l’accumulation, à la maitrise et à la domination du capitalisme. Profit et domination qui n’ont pas encore fini de piller les continents, les mers et les océans de cette planète et dominer (ou numériser) tout l’existant, que déjà se retroussent les manches pour se réapproprier et soumettre aussi l’inexistant et l’impalpable, ce qu’un individu a de plus intime, au travers des bio et nanotechnologies. Des technologies qui veulent dire manipulation de la matière et de tous les êtres vivants, pour les rendre plus productifs, plus fonctionnels à l’intérieur de cette économie, plus utiles et plus efficients dans leurs fonctions.

Où sont-elles arrivées les guerres, où le colonialisme, les dictatures ou les politiciens démocratiques pour garantir toute chose au dieu économie ? La science des multinationales et de ses experts chercheurs est en train d’y arriver, avec leur fantastique monde eco-durable et « tout-réalisable », digital et charitable envers les pays riches en ressources humaines et naturelles à dévaster. Ce sont le système, le développement qui continuent leur course homicide, leur assaut à la vie. Et notre envie de liberté, d’autodétermination, ne peut pas cohabiter ni avec ça ni avec les autorités et les institutions qui le défendent et le garantissent, justement elle est envie de libération de ce développement dévastant. On se fait des illusions si on croit que le capitalisme, les gouvernements et l’économie peuvent renoncer à une condition de base pour leur croissance : l’oppression.

Même si pendant ces cinq mois les autorités fédérales nous imposent d’étouffants contrôles et des restrictions sur notre correspondance et pendant les visites accordées, rares et toujours trop courtes, le sens de cette initiative je ne le trouve pas dans une demande ou dans quelques prétentions envers les autorités, parce que elles n’ont rien qu’elles puissent m’offrir. Rien qui pourrait être à mon bénéfice ou me garantir un droit qui puisse me satisfaire réellement, encore moins leur idée de liberté faite de beaucoup de « si » et 1000 « mais », strictement surveillée, constamment menacée et qui fait du chantage.
La liberté pour laquelle on lutte, probablement eux, ils savent même pas la concevoir et, sûrement, elle peut pas accepter leurs frontières, leurs prisons et leurs sales affaires. Elle ne peut pas accepter leur exploitation et leur anéantissement des femmes et des hommes, des animaux et de la terre, pour leur profit et leur avidité.

Un sens je l’ai trouvé en éprouvant à un certain point la faim, le corps qui appelait, animal, à réagir. Je me sens rassuré du fait que je ne suis pas, on n’est pas, dominé-e-s par la machine comme eux le veulent. Je me suis rassuré du fait qu’on leur donnera jamais aucun bouton pour pouvoir nous éteindre sur commande devant la catastrophe qu’ils ont fait de cette planète.

Le sens est de donner une matérialité à la haine envers ce système de domination et d’anéantissement et donner une matérialité à la complicité vive et active envers tous-toutes ceux-celles qui, dedans ou dehors, jour et nuit, y résistent.

Liberté pour nous tous, liberté pour Mumia, liberté pour Marco, liberté pour Alfredo, liberté pour tous les prisonniers et toutes les prisonnières et soutien à la campagne de libération des prisonniers de longue peines !

Merci à celles-ceux qui avec des lettres, cartes postales, voix, initiatives sous le soleil ou sous les étoiles nous transmettent la chaleur de la solidarité.

Ciao Costa ! Ciao Silvia !

Avec amour, Thun, 21 septembre 2010, Billy.

 Sur la grève collective de la faim
Marco, septembre 2010

Au mois de juin nous avons commencé la discussion et l’organisation de cette initiative. Tout de suite, la procure fédérale a décrété les raffermissements très connues et lâches du blocage des communications politiques et personnelles avec Silvia, Costa et Billy. On est confronté à la logique habituelle d’anéantissement et d’isolement faite par un des États les plus canailles, capitalistes et impérialistes (je vous rappelle qu’à eux seuls, les banquiers privés genevois administrent le 10% des patrimoines privés du monde), État où des multinationales de nature raciste et fasciste ont leur siège. La raison utilisée comme prétexte pour cette agression contre l’intégrité et l’identité des trois camarades n’étonne plus, il s’agit d’un grave acte de discrimination dans un État qui vante quatre langues officielles, parmi lesquelles l’italien. La justification officielle affirme que la quantité de correspondance à traduire de l’italien à l’allemand est trop élevée. Et il y a toujours un flic de la répression fédérale qui, pour des motivations d’animosité et des représailles politiques, bloque de manière arbitraire toute correspondance entre les trois anarchistes et une camarade de Secours Rouge International Suisse aussi très engagée dans leur soutien.

Dans la pratique : si une lettre n’est pas supprimée, je reçois la réponse seulement après un mois ou un mois et demi. Ainsi, la discussion et l’élaboration commune d’une déclaration plus articulée et achevée dans la forme et dans les contenus a été empêchée. C’était à moi donc d’esquisser la déclaration présente et nous avons seulement « in extremis » pu recevoir l’approbation certaine de tous, que ce soit dans les contenus fondamentaux, ou sur les questions de temps.

Une chose est certaine, et nous sommes en train de le démontrer à nouveau maintenant, ici et ailleurs. Nous dedans, et vous dehors, au lieu de nous terroriser et de nous laisser paralyser par les logiques criminelles de représailles et d’agression de la lie répressive de l’État et du capital, ces dernières ne font que nous mobiliser et nous font nous renforcer dans la confrontation, la participation et l’union dans l’action sur différents niveaux de lutte. Dans ce sens, par exemple, je fait un salut chaleureux à la rencontre pour la libération animale et de la Terre du 10-11-12 septembre. J’appuie le message de Silvia pour cette rencontre, que je partage complètement. De même je me réjouis de l’union entre forces communistes et anarchistes à Rome dans les initiatives de la campagne internationale pour la libération des camarades séquestrés. Ou comme au Mexique, au Chili, en Argentine, ici et partout : je salue avec joie les actions militantes de solidarité et de représailles révolutionnaires, insurrectionnelles contre l’agression répressive, parce que les représailles révolutionnaires sont un des champs de bataille important et fondamental de la guerre sociale.

Leur infamie ne doit jamais nous étonner, mais, tant qu’ils ne seront pas balayés, plus ils s’en tireront à bon compte, plus ils continueront de manière effrénée.

Marco Camenisch, Pöschwies, Regensdorf, 7 septembre 2010.

 Grève de la faim pour la liberté de Marco Camenisch et en solidarité avec tous les prisonniers
et les prisonnières révolutionnaires

Silvia, septembre 2010

[Silvia a décidé de continuer la grève de la faim commencée le 10 septembre. Elle le fait pour soutenir de manière plus forte la campagne de solidarité avec les prisonnières et les prisonniers de longues peines et la campagne internationale de libération de Marco Camenisch.]

Je continue à faire la grève de la faim pour une nouvelle période de dix jours pour participer à la « Journée d’action internationale de solidarité » des 18 et 19 septembre. Pour transmettre mon affinité, ma solidarité, et pour lutter avec tou-te-s les prisonniers/ères politiques ayant de longues peines à faire, et surtout comme moyen de lutte afin de prendre part activement à la Campagne internationale pour la liberté de Marco Camenisch.

Faire une campagne solidaire autour de Marco, c’est parler d’un parcours de lutte qui a été initié avec les luttes antinucléaires des années soixante-dix en Suisse et qui ne s’est jamais interrompu, c’est faire sortir des murs de la prison la voix d’un prisonnier anarchiste vert qui n’a jamais capitulé. Durant toutes ces années, Marco a toujours été présent dans le mouvement révolutionnaire au travers de ses nombreuses grèves de la faim en solidarité avec les autres prisonniers et prisonnières, les militants et les peuples autochtones, au travers de ses traductions fréquentes et importantes et de ses interventions écrites. Nous sentons que sa lutte fait partie de notre lutte !

Aussi, nous, en tant que prisonniers et prisonnières, nous devons de contribuer activement à cette Campagne. Il faut faire naître et développer une forte mobilisation qui soit capable de rebrousser le chemin que la Suisse a tracé, ce chemin global qui mène à une répression toujours plus dure contre tout-e prisonnière et prisonnier révolutionnaire qui ne se soumet pas et ne renie pas son identité et son parcours politique. La situation des prisonnières et prisonniers politiques s’inscrit dans la volonté de ce système, qui veut casser toute forme de dissension, de résistance et de lutte.

Que cette Campagne internationale croisse et soit incisive, que le cri “Marco libero” résonne partout !
Pour la liberté de Marco Camenisch et pour tou-te-s les prisonniers et prisonnières révolutionnaires !

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, septembre 2010.

 La solidarité est en mouvement
Costa, octobre 2010

« Au moment de l’action on ne peut contrôler que les moyens utilisés et non le but qu’on voulait atteindre, ou, plus simplement on ne peut contrôler la fin qu’à travers les moyens. Le fin concerne l’avenir seulement, les moyens concernent le présent. Il est donc important que les moyens soient le début de la fin » Jean-Marie Muller.

Chères camarades,

notre proximité et notre complicité ne s’est pas interrompue le 15 avril, quand, avec Billy et Silvia j’ai été arrêté ici en Suisse, sous l’accusation de vouloir accomplir une attaque contre les structures en construction, d’un des plus importants centres de recherche au monde dans le domaine des nanotechnologies, appartenant à la multinationale américaine IBM, qui a ses laboratoires à Ruschlinkon près de Zurich.

La belle voiture que nous avions louée et nos grands sourires n’ont pas suffi à nous faire passer un barrage routier. Cette arrestation sera justifiée d’après le peu de documents du dossier qui nous sont accessibles en ce moment : « à cause de notre attitude nerveuse ». Il devait s’agir d’une rue avec des « énergies négatives » particulièrement élevées du moment que chaque véhicule passant par là était contrôlé dans un emplacement réservé. Etaient présents cinq ou six voitures de flics et un fourgon en civil avec les vitres teintées et muni d’équipements informatiques et de puissantes lumières mobiles sur le toit. Nous n’étions pas la seule voiture, mais il a été toute de suite évident aux regards des agents que c’était nous qui les intéressions ; je ne sais pas si c’était tout de suite ou après nos contrôles d’identité. Je pense après ces derniers. Un des flics parlait un peu d’italien et il a utilisé dans notre langue, en parlant à son collègue, le terme de « terrorisme », avant même de procéder aux fouilles corporelles et de la voiture. Toute de suite ils ont trouvé les premiers explosifs et nous ont menottés. Par la suite dans la voiture, encerclée dans l’attente des artificiers, des conteneurs de substances gazeuses, du matériel incendiaire, et des dizaines d’écrits seront découverts.

Après, nous sommes éparpillés dans trois prisons différentes en Suisse ; les accusations à notre charge sont : transport d’explosifs, de gaz toxiques, tentative d’incendie et tentative d’accomplissement d’un attentat.

Cette dernière accusation se réfère au contenu des écrits en notre possession qui parlent d’un attaque à l’explosif, avec l’utilisation de gaz et de feu pour empêcher la recherche, dans les futurs laboratoires d’IBM. Les dizaines de courriers adressés à des organes d’information portaient la signature « ELF SWITZERLAND ».

Au même moment les autorités italiennes ont commencé à s’intéresser à cette histoire de la seule manière possible pour eux : c’est à dire en enquêtant sur la base de l’article 270bis (association subversive avec finalité de terrorisme) pour avoir, en tant que membres de l’ELF (Earth liberation front) promu, constitué et organisé entre nous et avec d’autres personnes en cours d’identification, une association ayant pour but l’accomplissement d’actes de violence terroriste ou de subversion de l’ordre démocratique, aussi contre des Etats étrangers. Dans la commission rogatoire internationale demandant la collaboration des autorités suisses les deux procureurs turinois titulaires de l’enquête concluent avec cette curieuse affirmation : « on ne procède pas pour des délits politiques ou pour des crimes qui ont à avoir avec des délits politiques ».

Pendant ces mois la censure a été de plus en plus forte, en arrivant jusqu’à, quelques fois, nous empêcher toute communication qu’on peut définir comme telle. Chacune des nos lettres, cartes postales, livre ou matériel papier est envoyé de la prison à la procureure pour qu’il soit lu et traduit en allemand ; récemment s’est ajouté une nouvelle restriction du transit postal : « ...la correspondance en entrée et en sortie avec la personne en détention est limitée, elles sont permises seulement à raison d’un maximum de trois lettres par semaine (de quatre pages dactylographiques)... ». Si nous pensons a tout le parcours que fait notre courrier, y compris les traductions, nous pourrions citer des problèmes de type « technique-pratique »...pour justifier les retards et le courrier qui n’arrive jamais à destination. Mais nous savons trop bien comment certaines structures peuvent être efficaces quand elles l’estiment nécessaire et donc nous ne pouvons que voir dans ces restrictions une volonté précise de limiter chaque relation au dehors de murs de la prison. D’ailleurs elles servent à quoi ces enquêtes préventives si ce n’est à essayer d’élargir le réseau répressif : d’un côté pour rechercher d’éventuelles complicités et de l’autre pour nous isoler ultérieurement de la sphère solidaire et affective. Il est évident que pendant ces mois, des complicités sont apparues, évidemment beaucoup trop ! Permettant d’empêcher toutes les attaques auxquelles la police et la procureure ambitionnaient. Donc d’une ouverture fonctionnelle ils se sont dirigés vers une nécessaire fermeture.

La proximité et la complicité de ces mois s’est transformé en une grande solidarité, toute de suite devenue internationale, dépassant toutes tendances particulières. Elle s’est exprimé de mille manières possibles, celles que chaque individu ou situation ont trouvé opportunes. De l’Italie, de la Suisse et de beaucoup d’autres pays : initiatives, moments solidaires et en pensées comme celui très beau provenant de camarades anarchistes prisonniers dans la taule de S. Michele. Tout ceci avec un seul but, qui n’a pas eu besoin d’être définit ou coordonné : rendre cette solidarité active, vivante et surtout en mouvement. La forte censure n’a pas empêché ce flux qui s’est fait de plus en plus énergique, du dedans au dehors et du dehors au dedans. Notre meilleure communication, le fil indissoluble qui ne s’est jamais desserré ne serait-ce qu’un instant sont le luttes en cours. Ce sont définitivement elles qui ont caractérisé notre parcours pendant ces années, surtout en nous voyant opposés aux nocivités industrielles et technologiques comme les biotechnologies et les nanotechnologies. En exprimant l’écologisme, non comme une science de la domination, mais comme une nécessité de créer une forte résistance qui se fait de plus en plus indispensable face à l’écocide en cours.

Toute la planète brûle, elle se stérilise, elle se recouvre de pétrole et de substances toxiques, elle se désagrège sous le double impératif du progrès et de l’idéologie de la domination et du développement. Il y a beaucoup de théories et suppositions sur les origines des premières formes de vie sur la planète, mais nous savons maintenant avec certitude comment elles pourraient avoir une fin, et cela sous les yeux de toute le monde. Les changements climatiques sont là pour le démontrer et des guerres de plus en plus plus totales (nucléaires et nano-biotechologiques) se prépare dans chaque état pour quand les temps seront encore plus difficiles. Le mécanisme de la société industrielle reproduit dans la société de masse et de son économie de mort.

Le risque n’est pas seulement la possibilité de la destruction de la société de domination ; mais la prémisse de cette nécessité. Les formes de contrôle et de désagrégation sociale ont été « intériorisées » a tel point que l’opposition est ciblée à ses racines. Le refus de se « prêter au jeu », de « marcher » apparaît comme irrationnel, « névrotique », impensable : comme une bizarre forme pathologique d’une profondeur telle qu’elle obscurcit la distinction entre le comportement imposé et le spontané.

La destruction de la nature révèle encore une fois sa signification vu que nous, comme les autres animaux, nous en faisons partie. Comment ne pas voir l’analogie entre une vache droguée aux hormones de croissance de Monsanto pour produire plus de lait, plantes qui sans apport continuel de produits chimiques ne réussissent pas à survivre, aux êtres humains drogués depuis l’enfance à la Ritaline, pour ensuite passer au Prozac, aux anxiolytiques, à l’ingénierie génétique jusqu’à la dépendance et à l’acceptation volontaire d’un contexte social toujours plus insoutenable.

Les vaches connaissent l’élevage intensif et avec celui-ci le début de la folie, les plantes ingénieurisées débordent des limites des laboratoires et les humains se sont faits instruments universels au service de l’appareil technologique. La technologie et, en particulier les soi-disantes sciences convergentes (nanotechnologie, biotechnologie, cybernétique, neuroscience) sont en train de remplacer l’essence même de chaque être vivant. L’être en soi et l’être pour soi résultent constitués par la technique, en tant que structure instrumentaire qui a son but et sa vraie raison d’exister au délà de soi-même, dans la rationalité nouvelle collective et anonyme d’une collectivité efficace, mais aveugle. 

En tant que totalité, l’appareil technologique comprend les les prestations qu’il exige et le choses qu’il produit ; il impose ses exigences aux attitudes, aspirations et valeurs de l’être humain ; il constitue le cadre ultime de l’expérience du monde : il définit les espoirs et le faillites, tout ce qui c’est légitime rêver, craindre et désirer.
Sa promesse suprême est celle qui progressivement se réalise dans les sociétés industrielles les plus avancées, celle d’une vie toujours plus confortable et d’une sécurité croissante pour une partie toujours plus importante de la population avec le progrès de la réalité technique en direction d’une domination plus complète. Nous allons vers une singularité : la réalité technique redéfinit chaque aspect de la nature, son passé et son présent, mais surtout son futur. Elle se fait garante face à la « crise » et le « désastre naturel ». Tandis que ces aspects sont toujours plus au centre de la domination qui se renouvelle et se perpétue effectivement non au travers d’une émergence provisoire, mais dans une émergence désormais permanente. Le vrai pouvoir aujourd’hui est celui qui se cache dans les pièges de cette infrastructure devenue indispensable et donc qui peut être éliminé ; d’où le fait qu’elle tient le monde en otage. La domination, aujourd’hui, peut aussi très bien être représentée par le chercheur qui observe le monde à partir de son bouillon de culture dans son laboratoire, en espérant comme un joueur, que par un coup de chance telle nanomolécule finisse au bon endroit ou que le canon génétique cette fois atteigne son but. Peut être avec un résultat qui s’approche d’un brevet qu’une autre multinationale a déjà enregistré depuis longtemps.

Dépassée la phase purement affairiste, le système entier est dans la partie « symbolique » qui sera le pas suivant, en démontrant encore une fois à travers les moyens techniques et la manipulation la justesse de son modèle d’intervention. Pour tout ceci le rôle fondamental est donné à son bras opérationnel : la science. Celle-ci n’a pas simplement permis depuis toujours nouvelles possibilités de contraintes technologiques ; elle a aussi dirigé, de manière de plus en plus évidente, l’expérience existentielle, la moralité et chaque aspiration de l’être humain.

Elle a redéfini le rôle de la nature et des autres animaux. Cette direction était apparemment indirecte : la méthode scientifique ne semblait apporter rien qui pouvait fournir une orientation comportementale, aucune idée par rapport aux buts et à la « destination » à atteindre. Elle semblait être, de tous les points de vue, neutre. Aujourd’hui nous savons que ce n’est pas le cas.
Ces victoires sur la nature (parmi lesquelles la nature humaine) nous ont fait hériter ou ont déjà hypothéqué le futur par des destructions environnementales et sociales sans précédents.

Les espaces qui permettent la solidarité militante démontrent qu’on se trouve dans une période favorable pour les mobilisation en cours. Je pense que ceci est un bon critère d’évaluation de la qualité et du bon état de santé des parcours de lutte entreprises ; de la compréhension des dynamiques internes au système de domination et surtout cela veut dire que nous avons appris à cohabiter avec la répression ; c’est le seul moyen pour maintenir, et toujours créer de nouveaux espaces de liberté sans se replier dans une simple activité défensive, qui pourrait, avec le temps, faire perdre du précieux terrain gagné par la lutte. Le moment répressif est toujours porteur de destruction et de pertes pour les situations qui sont touchées. Cependant cette signification peut disparaître si on arrive à lui donner un autre sens, à l’exprimer avec force. Jusqu’à quand, encore une fois, un nouvel obstacle sera prêt pour entraver les engrenages de cette machine de mort.

J’aimerais arrêter mon attention sur deux moments solidaires qui sont en train de prendre forme et auxquelles je veux exprimer tout mon soutien et ma solidarité. Ce sont : la campagne pour la libération des prisonniers en longues peines et la campagne internationale pour la libération de Marco Camenisch, anarchiste vert qui est en prison depuis plus que vingt ans entre l’Italie et la Suisse.

Ces deux campagnes ont la même essence. Et cela pas seulement parce que les gouvernements dans le cas de Marco, mais aussi la mafia de l’atome (qui récemment recommence à se faire entendre en Suisse), ne voudraient jamais mettre le mot fin à la captivité de quelqu’un qui a voulu mettre en discussion leur monde d’exploitation.
Ces prisonniers révolutionnaires, qu’ils soient anarchistes comme Marco, anti-impérialistes comme les prisonniers d’Action Directe, dans le mouvement Basque, communistes des GRAPO et du 17 Novembre ou encore écologistes des MOVE ou de l’ELF (Earth Libération Front) aux Etats-Unis et beaucoup, beaucoup d’autres ont un aspect fondamental en commun : ils ont connu les différents visages, remplis de mensonges du dominant, du système fasciste, autoritaire et démocratique selon l’occasion ou de tous ces aspects.

Ils ont connu ou ils sont encore en train de subir aujourd’hui des années de prison très dure : isolement, torture, différenciation, privations, disparitions et aussi l’élimination physique. Parfois le système est « clément » avec ces prisonnières en longues peines, comme quand fit sortir de prison après beaucoup d’années la militante d’Action Directe Nathalie Menigon à temps pour qu’elle puisse mourir avec les personnes aimées à cause d’un mal aggravé et impossible à soigner dans les murs d’une prison.

L’acharnement policier et judiciaire n’est pas le fruit d’un contexte particulier de terreur ou de l’énième « émergence ». Mais il est le résultat d’une stratégie planifiée de plus en plus similaire en Europe et en Amérique et dans d’autres pays. Une stratégie répressive calibrée au niveau maximal d’anéantissement, quelque soit le niveau d’opposition mis en place. Où l’économie de la mort tisse sa toile sur le monde, en pillant et en saccageant tout ce qui peut donner du profit ou contribuer à construire encore plus de pouvoir, là nous pouvons être certains que la résistance ne sera pas tolérée. La prison est prédisposée pour ces rebelles au système représente le dernier maillon où conclure l’offensive contre-révolutionnaire, réactionnaire, pacificatrice et récupératrice prônant le status quo qui, forcément, doit se conclure par leur « réhabilitation » ou par leur anéantissement sous forme d’incarcérations infinies.

Parce qu’ici commence l’aspect le plus important qui partout caractérise les prisonniers révolutionnaires.

La lutte contre le système n’est pas terminée ! Ces prisonniers ne sont pas disposés à se laisser transformer en cocons vides ou en dociles ex-militantes... ils continuent à revendiquer fortement leur identité et leur ressenti, en refusant de se repentir ou de se distancier des projets de lutte auxquels ils appartenaient : en continuant à faire entendre leurs voix et leurs action comme avec les récentes grèves de la faim des prisonniers mapuche et basques.

Ces derniers représentent un cas exemplaire de comment un état, ici espagnol, veut éliminer ses ennemis intérieurs ; en instituant de nouvelles lois qui sont appliquées rétro-activement, sur des prisonniers qui ont déjà fini de purger leurs longues peines et qui sont gravement malades souvent à cause des tortures subies.
Cet acharnement féroce contre les prisonniers politiques de la part du système sert aussi à justifier des actes draconiens souvent déclenchés préventivement. En Amérique beaucoup de militants écologistes de l’Earth Liberation Front sont en train de purger des peines très longues de prison pour ne pas avoir trahi leur camarades et pour ne pas s’être distanciés de leurs actions. En donnant ainsi à ces dernières une signification précise, et en dévoilant qui, dans cette société d’exploitation et d’anéantissement représente le vrai écoterrorisme. Sauver la planète ne représente pas une action de « bénévolat » mais une nécessité dont l’action ne peut être retardée, non pour réformer ou mieux gérer le système industriel, mais pour le supprimer complètement.

Significativement c’est le cas de la militante écologiste Marie Mason condamnée à 22 ans de prison pour différents attaques de structures écocides, parmi lesquelles un sabotage d’un centre de recherche sur le biotechnologies, toutes des actions portant la signature de l’ELF. Déjà depuis quelques années le gouvernement des États-Unis a déclaré une guerre, sous forte pression des lobbys industriels et de la recherche, à l’ELF ennemi public numéro un, et arrive à des dures condamnations et à des mesures spéciales très lourdes.
Les attaques contre les situations de lutte qui continuent ainsi que contre les prisonniers essayent de désagréger le potentiel de résistance, visant à réprimer ceux qui refusent les logiques de la domination avec sa terrifiante « normalité » de misère et de destruction.

Dans ce contexte la solidarité envers les prisonniers révolutionnaires gagne une nouvelle signification qui ne peut ni être ignorée ni, surtout, négligée. Ceux-ci sont une partie organique du grand mouvement de résistance, parce que l’affirmation de la solidarité dépend immédiatement du développement et des succès du mouvement, mais aussi à l’opposé, parce que la solidarité renforce fondamentalement l’expérience et la radicalisation d’une grande partie du mouvement.

Seule la construction d’un front solidaire fort et multiforme, pour lequel les deux campagnes citées avant sont une bonne expression et j’espère qu’elle soient seulement le début, rendra possible le renversement de la situation dans laquelle se trouvent beaucoup de prisonniers, situation apparemment inéluctable et que le système voudrait laisser telle quelle. Les expériences des années passées ont déjà démontré que des mobilisations internationales peuvent arrêter ce processus ou au moins lui rendre la vie difficile. Beaucoup de camarades peuvent affirmer qu’ils-elles ont pu retourner en liberté ou se voir réduire les condamnations, dans d’autres cas, comme avec Mumia Abu Jamal militant du « MOVE » il a été possible d’arrêter une peine de mort, mais seulement après une impressionnante mobilisation internationale.

Si nous sommes convaincus que les prisonniers révolutionnaires font partie de notre mouvement, alors je crois que nous devons nous convaincre qu’aucun mouvement ne peut espérer exprimer une critique radicale ou obtenir quelque chose si ces luttes ne passent pas aussi à travers la revendication de leur libération. Institutions, conventions pour les droits de l’homme ou associations humanitaires ne sauront certainement pas faire la différence. C’est souvent en leur nom que les système perpétua les violences les plus atroces et les destructions contre les exclus et la nature.

Jusqu’à que, comme l’écrit Arundhati Roy, écrivain écologiste indienne qui se bat contre les grands barrages en Inde, « même la guerre soit appelée paix ».

Transformons « cette brûlante rage d’un planète mourante » (ELF) en un cri de révolte.

Liberté pour Mumia Abu Jamal, Jamie Simon Quintela, Marco Camenisch, Georges Ibrahim Abdallah et tous-toutes les prisonniers-ères politiques avec condamnations exceptionnellement dures qui restent en prison parce qu’ils-elles refusent de renoncer à leur identité révolutionnaire.
Supportons la campagne internationale pour la libération de Marco Camenisch.
Liberté pour les écologistes anarchistes Leonardo Landi, Silvia Guerini, Luca Bernasconi.
Liberté pour les prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim

Cages ouvertes pour tous-toutes toujours et de toute façon.

Costantino Ragusa, Prison de Berne, octobre 2010.

 Sur les sabotages et les destructions de cultures
d’OGM pendant l’été 2010

Billy, octobre 2010

Les destructions de cultures d’OGM faites en Espagne et en France, le sabotage du champ expérimental et les endommagements réalisés en Suisse sont la meilleure contribution de l’été au « débat sur la modification génétique ». La question est claire : le refus de ces technologies ne se limite pas à émettre un simple doute sur le fait que la modification génétique puisse se révéler un danger pour notre santé ou pour celle des générations futures.
Les technologies de telle portée ne peuvent pas être critiquées exclusivement sur la base des conséquences directes qu’elles auront sur notre peau, en négligeant ou en reléguant à un niveau marginal toutes les autres conséquences écologiques et sociales que nous sommes déjà en train de constater avec la diffusion des OGM. Au niveau de la santé humaine, ce sont les associations de consommateurs, les partis plus ou moins verts qui insistent, mais toute cette opposition est trop liée aux multinationales et à leurs innovations suicides.

Au travers des actions de cet été, le poids réel que le développement et la diffusion de ces technologies de mort amènent émerge de manière claire : c’est l’ajout d’un anneau décisif à la chaîne qui emprisonne la vie de toute la planète. Malgré tout le papier et l’argent qu’ils dépensent dans leur propagande, nous savons bien que derrière les OGM il n’y a pas la volonté d’améliorer les conditions de milliards de paysans et de personnes qui paient les conséquences des « révolutions vertes ». Il n’y a aucun élan charitable envers les populations qui souffrent du legs d’un colonialisme jamais interrompu. Il n’y a plus, comme certains scientifiques italiens osent l’affirmer, de possibilités de contribuer au rétablissement d’une biodiversité perdue à cause de ces mêmes multinationales. Nous ne sommes pas assez idiots et naïfs pour croire au mensonge que derrière ces géants agro-chimiques il y a une étique qui les conduit dans leurs développements et dans leurs investissements.

La nourriture est un besoin fondamental nécessaire pour survivre, quelque chose dont nous ne pouvons nous passer. Les céréales et les légumes sont à la base de notre alimentation, et de celles des animaux enfermés dans les élevages. Le contrôle sur la production et la vente de ces semences, en termes politiques et économiques, est quelque chose de plus important qu’une simple affaire. Il s’agit de saisir et de détenir le contrôle sur la nutrition de tout individu de cette planète.
En termes politiques, les gouvernements ont tout intérêt à promouvoir des industries et des marchés en essayant perpétuellement de s’imposer sur la scène internationale. De même, ils ont tout intérêt à enterrer l’autonomie des communautés locales, en particulier dans les pays créés de manière artificielle par les jeux coloniaux, dans lesquels les gouvernements sont également le fruit des jeux économiques « post-coloniaux ».

En termes économiques, il y a un intérêt évident à vouloir s’adjuger la propriété des semences qui seront employées (imposées) par tous les agriculteurs du monde et qui sauront garantir dépendance et sujétion grâce au fait qu’ils ne peuvent pas se reproduire. Il n’est alors pas étonnant que les multinationales s’équipent d’instruments communs avec les gouvernements (l’EFSA) pour pouvoir continuer sans être dérangées leur marche, main dans la main avec l’économie capitaliste : le contrôle et la domination traduisibles en profit.

A partir de cet angle de vue, il est possible d’appréhender la portée et la gravité de ces technologies : par leur diffusion, elles sont en train de nous empêcher de penser et d’activer toute perspective d’autonomie et de réappropriation de nos vies en dehors et loin des canaux de cette économie suicide et homicide.

C’est en comprenant cela qu’il est possible de construire une vraie opposition, et non pas seulement une opposition fonctionnelle, aux aspirations d’enrichissement des corporations agro-chimiques et de celles de domination des gouvernements qui pèsent sur les épaules et sur la peau de toutes les populations de ce monde. C’est en comprenant la gravité innée contenue dans ces nécro-technologies qui sont en train d’être développées seulement pour renforcer et enraciner ultérieurement ce modèle productif agrico-industriel dévastant et ce système social dévasté, qu’on peut apercevoir le sens et l’urgence de contester toute culture d’OGM, commerciale ou scientifique, ainsi que tout laboratoire, toute université, toute entreprise, toute institution ou multinationale impliquée dans le développement et la diffusion de biotechnologies sur la planète. La planète même étant le laboratoire où ces technologies sont testées, en attendre les résultats signifie se condamner :
les OGM et toute modification sur les êtres vivants doivent s’arrêter dès maintenant !

Suisse, octobre 2010.

 Grève de la faim symbolique
Silvia, octobre 2010

…A TOUTES LES PRISONNIÈRES ET TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES CHILIEN-NE-S, MAPUCHES, À TOUS LES PEUPLES ORIGINAIRES EN LUTTE, CE MESSAGE ET TROIS JOURS DE GRÈVE DE LA FAIM SYMBOLIQUE - 17/19 OCTOBRE 2010

Je ne reçois des nouvelles de l’extérieur que de manière fragmentée du fait de la forte censure au sujet d’une grande rafle répressive au Chili avec beaucoup d’arrestations de camarades anarchistes ainsi que d’une grève de la faim des prisonniers/ères Mapuches.
Bien que je ne sois pas au clair sur la situation actuelle, avec ces lignes et une grève de la faim symbolique de trois jours à partir du 18 jusqu’au 20 octobre, je veux transmettre mon entière solidarité et proximité à toutes les chiliennes et chiliens arrêté-e-s et aux prisonniers et prisonnières Mapuches en grève de la faim. J’espère que mon message franchisse ces barreaux et qu’il parvienne jusqu’aux prisons chiliennes et argentines...
Je saisis l’occasion pour faire quelques brèves réflexions.
Le peuple Mapuche s’affronte chaque jour avec la répression et la violence de l’État et de ses « carabinieros », avec l’expropriation de leurs terres et le pouvoir de la multinationale Benetton. Par des protestations avec la mise en place de piquets de grève, de blocages routiers et de manifestations, la lutte est renforcée et grandie avec beaucoup d’attaques et de sabotages de la part de ceux qui ne sont plus du tout disposés à subir passivement la domination de l’État et de Benetton sur ses propres Terres natives et sur ses propres vies.
Un important saut de qualité dans la lutte on peut la voir aussi au Chili, avec beaucoup d’actions avec des revendications et des écrits toujours plus approfondis dans l’analyse et dans les réflexions. Ce sont des contributions vraiment importantes et significatives pour une croissance du mouvement révolutionnaire international dans son entier.
Beaucoup d’attaques du FLA (Front de Libération Animale) ou du FLT (Front de Libération de la Terre) contre des boucheries, élevages d’animaux, antennes de téléphonie, pylônes, centres de recherches... Avec un message qui va contre tout autoritarisme et tout spécisme.

« [...] On considère la technologie comme un instrument qui facilite l’aliénation et le contrôle de la part des puissants sur les gens exploités. […] On pourrait encore s’étendre sur les relations superficielles que les technologies fomentent, lesquelles ne sont définitivement pas neutres. »
(par une action contre une antenne de téléphonie des “Banda Salvaje e Insurrecta en Guerra Contro la Dominacion”, mai 2010, Santiago du Chili)

« [...] Des milliers d’animaux sont quotidiennement assassinés par l’industrie de l’élevage, assassinés par la convoitise humaine, enfoncée dans l’idée que les animaux sont des ressources pour le bénéfice humain. Ni les fausses intentions qui se cachent derrière la bonne alimentation, ni la volonté d’un faux dieu justifient le quotidien génocide de l’industrie de la viande. C’est pour ça que le spécisme trouve son appui que dans l’autoritarisme, même si ça coûte cher à beaucoup de personnes de le reconnaître. »
(par une action contre une boucherie du FLA, mai 2010, Santiago du Chili)

On doit éviter le risque de tomber dans des mystifications faciles, enveloppant d’une atmosphère lointaine et exotique les peuples originaires et les luttes d’autres pays, mais conscient-e-s aussi des différences, on doit reconnaître la valeur et l’importance de leurs luttes. On ne doit pas se limiter à trinquer aux révoltes qui allument des pays lointains, se cachant derrière des considérations sur les contextes sociaux différents du nôtre, qui ne sont que des justifications pour continuer dans notre tranquillité quotidienne.
C’est facile d’être des spectatrices et spectateurs devant l’écran d’un ordinateur, bien à l’aise sur une chaise, c’est plus difficile de se lever et transformer ses propres mots radicaux en pratique.

Il n’y a pas de justifications, on sait qui sont les responsables directs de l’exploitation continue et de la destruction... Mais cette conscience doit être reliée à l’analyse des rapports de domination actuels et des liens qui existent entre toute forme d’exploitation, pour la construction d’un parcours de lutte à long terme.

Une opposition discontinue dans le temps qui saute d’un objectif à un autre, dépendant des "tendances" du moment, se laissant transporter par un élan momentané et fugace, ne pourra jamais devenir une forte lutte en mesure d’attaquer les fondements de ce système.

Les dernières tribus qui restent, défendant leurs territoires ancestraux et donc leur propre survie, sont les derniers remparts dans la défense des biomes que l’exploitation et la destruction n’ont pas réussi à toucher. Multinationales biotech pour la production de soya, maïs, sucre, huile de palme, biocarburants... Entreprises de bois, pétrolifères, hydroélectriques, de l’extraction de minéraux rares et précieux nécessaire à la réalisation de pièces électroniques, minières et carrières de charbon à ciel ouvert... Voilà peu d’exemples des ravages infinis faits jusqu’aux entrailles de la terre, tentacules de ce monde industriel et technologique à la recherche continuelle de nouvelles ressources énergétiques et de matières premières pour continuer à survivre. C’est à nous de couper ces tentacules...
À côté des tribus d’Amazonie, des Mapuches, des paysannes et paysans en Inde, des combattant-e-s du Delta du Niger... Contre l’empire Benetton, toute multinationale et ce système de mort. Contre toute répression, oppression et anéantissement des peuples originaires.
En rappelant aussi les tombé-e-s au combat comme le camarade Maurizio Morales, qui restera toujours vivant dans la flamme de la lutte, dans les yeux et dans le cœur de chaque combattant-e-s...
À cette lune de Jupiter que les aborigènes australiens voient encore en haut dans le ciel...
À ce son imperceptible qui monte de la profondeur de la terre...
Échos lointains d’ancestrales mélodies, sons rythmés qui se perdent dans le temps et dans l’espace...
D’anciens chants de batailles reviennent criant pour rallumer les âmes et la force de la lutte...

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, octobre 2010.

 Sur le transfert
Costa, 26 octobre 2010

[Pendant le mois d’octobre, Costantino et Billy vont aussi être transférés. Costa de Berne à Thun, et Billy l’envers, de Thun à Berne. Voici le compte-rendu du transfert fait par Costa.]

Chères camarades, chers camarades,

depuis jeudi 21 octobre je suis dans la prison préventive de Thun dans le canton de Berne. Le transfert depuis la prison de Berne a été très rapide et sans préavis, juste le temps de préparer rapidement mes affaires, de les rendre au garde et de donner quelques salutations à la section.

Depuis mon arrivée j’ai perçu une certaine rigidité de la part du personnel de sécurité, j’ai imaginé qu’il s’agissait d’une sorte d’« approche d’entrée », en considérant aussi les difficultés de communication à cause de la langue. Ensuite, d’autres comportements ont mis en évidence le fait qu’il y avait probablement aussi les raisons de mon transfert rapide à garder à l’esprit, raisons que personne ne m’a expliqué.

Du moment que mes affaires sont arrivées de Berne, les surprises ont commencé. Ils m’ont dit de choisir seulement trois livres et trois lettres, le reste serait entreposé dans le dépôt de la prison.
Je me suis opposé, car j’avais toute la correspondance légale mélangée avec le reste des lettres, des lettres auxquelles je n’avais pas encore répondu, certains livres que je n’avais pas encore lus, mais surtout parce que je connais bien la situation des dépôts des prisons. J’avais l’impression de parler avec des pompiers de Farenheit 415, ils avaient une véritable phobie du papier : trop de livres..., trop de lettres..., trop de journaux, trop d’impressions ; peut-être trop de solidarité (?). Parmi les perles que j’ai pu comprendre, avec mon allemand inexistant et mon faible niveau de français, ils ont apposé la définition de bibliothèque pour la vingtaine de livre que j’avais. Pour finir j’ai proposé – ce qui a été accepté - de rendre après l’entretien du jour toute la correspondance à laquelle j’ai répondu et tous les livres et journaux que j’ai déjà lus et ils ont accepté ; c’est ce que je faisais déjà à Berne pour les livres. Le lendemain j’ai parlé avec le responsable de la sécurité et la situation est redevenue un peu plus tranquille, au moins on n’a plus parlé de ces nombres absurdes.

En changeant de prison, mon grand souci était que les modalités avec lesquelles je faisais les parloirs à Berne puissent changer. Et en effet, en réponse à mes « instances internes », la direction m’a fait savoir que les visites ne dureraient qu’une heure et avec la vitre haute. À la dernière minute, juste avant le parloir de lundi j’ai su que le Parquet Fédéral avait rétabli l’autorisation précédente valable dans la prison de Berne : pas de vitre mitoyenne, deux heures de parloir (en considérant que les parents arrivent d’Italie) avec la présence d’un fonctionnaire de police comme auditeur.

D’habitude quand on change de prison, on trouve des aspects meilleurs et des aspects moins bons : ceci dépend de la structure, mais surtout du règlement que chaque direction tend toujours à personnaliser. Je dois dire qu’améliorer la situation de la prison de Berne n’était pas difficile, cette structure ayant une fermeture hermétique hallucinante. Ici j’ai une grande fenêtre placée à trois mètres et demi de hauteur qu’on peut ouvrir électroniquement, en permettant ainsi une entrée d’air de l’extérieur. La fenêtre en bas reste par contre scellée, avec une couverture à l’extérieur qui empêche toute vue.

Avec l’alimentation, c’est bien allé, j’ai pu parler avec le responsable de la cuisine, qui est très disponible ; en dix minutes nous nous sommes accordés sur un bon menu vegan avec d’importants changements par rapport à avant, pour le même résultat à Berne j’ai dû discuter pendant trois mois et les résultats n’étaient pas toujours définitifs et positifs.

En général la situation est mieux qu’à Berne, la promenade en commun avec une vingtaine de détenus est minuscule avec une grille en réseau à mailles serrées comme toit et presque complètement sans abri en cas de pluie.

Un maton nous informe pour les 23 heures restantes d’enfermement total : « de ne sonner seulement pour les médicaments ». Comme toutes les prisons celle-ci non plus ne se dément pas, les psychotropes sont l’aspect le plus répandu, ils sont distribués abondamment. Quelle mystification de les appeler médicaments. D’autres mensonges ou réécritures de la réalité, la prison en est pleine : les psychotropes font partie de la dimension prison, ils travaillent lentement, mais de manière tenace à la dissolution de l’individu.

Comme à Berne, ici il y a aussi la possibilité de bosser, la même activité aliénante : assembler les confections des montres Swatch de la célèbre multinationale suisse de l’horlogerie. Le salaire est « à la pièce », selon combien on « produit ». Pour beaucoup d’heures de travail quotidien, la paye équivaut à un peu plus de la « valeur » d’une confection de café. La majorité des détenus en effet « ne bosse pas pour l’argent mais pour faire passer le temps », je ne crois pas que la multinationale Swatch aie une aussi faible estime de ce boulot.
Les prisons représentent pour beaucoup de multinationales des espaces d’îles du Sud du monde insérées dans le Nord riche et évolué. Si le Sud du monde est depuis toujours pour eux un territoire de pillage et d’exploitation, chaque lieu où les exclus et les exploités sont présents l’est également.

Ce n’est pas un hasard que ceux qui terminent derrière les murs de ces prisons sont la plupart du temps ceux qui cherchent à échapper de situations insoutenables dans leurs pays ? Exploités invisibles dans les métropoles luisantes occidentales tant que c’est possible, ensuite, peut-être ré-enfermés : pour un permis de séjour périmé ou pour le caprice d’un quelconque politicien. Encore une fois l’exploitation n’est pas terminée.

Dans une carte postale de Secours Rouge International de Zurich je viens de découvrir que Marco a aussi été transféré dans un canton plutôt éloigné. Je ne sais encore rien de Silvia et Billy, mais c’est clair qu’il y a une dispersion en cours suite à nos initiatives de grève dans les différentes prisons, et celles de solidarité mises sur pied ici en Suisse et en Italie.

La censure ne me permet pas d’avoir beaucoup d’informations sur ce qui est en train de se passer là autour, mais avec cette agitation de la répression, il me semble que les initiatives ne passent pas inaperçues.
De toute façon, ce type de représailles n’empêche rien de toute la forte solidarité bio-diverse répandue dans beaucoup de luttes et surtout ne décourage sûrement pas toutes celles qui viendront.
Je vous embrasse toute et tous,

Prison de Thun, 26 octobre, Costantino Ragusa.

 Communiqué sur la grève de la faim
Marco, décembre 2010

Mon cœur et mon esprit sont avec l’initiative du 6 au 12 décembre 2010 en solidarité avec Costa, Billy et Silvia et contre l’isolement. Je fais une petite grève de la faim symbolique de 3 jours, du 6 au 8 décembre 2010, comme un moment de contraste collectif à la dépravation effrontée et extrême et à l’essai d’entraver la communication/information politique, à laquelle la procure fédérale suisse et la main-d’œuvre répressive des prisons soumettent nos camardes prisonniers-ère.

Contraste qui doit devenir plus décidé et efficace jusqu’à la fin de ces répressions de matrice exclusivement politique ! C’est aussi un salut solidaire au symposium, désormais traditionnel, contre l’isolement (le racisme, l’oppression, l’exploitation) organisé par les camarades de Turquie, cette année à Vienne du 4 au 5 décembre, qui commémore aussi les nombreux morts pendant la longue lutte contre l’isolement F-Type en Turquie. C’est un salut fraternel et révolutionnaire aux camarades prisonniers-ères politiques GRAPO, PC(r), SRI qui commencent en Espagne le premier décembre l’énième et longue lutte contre une des politiques étatiques d’anéantissement contre nous prisonniers-ères politiques de guerre sociale les plus brutales et fascistes. Mon cœur et mon esprit sont avec tout vivant dans une cage, isolé, torturé, exploité, anéanti, mais d’abord avec les guerrières sociales et les guerriers sociaux qui, dans une cage ou dehors, luttent pour en finir avec ce système, pour en finir avec l’État et le capital, pour en finir avec toute domination, racisme, oppression et exploitation.

Marco Camenisch, Orbe, décembre 2010

 Communiqué sur la grève de la faim
Silvia, décembre 2010

[Plusieurs collectifs engagés dans l’appui de la lutte de Costa, Silvia et Billy ont lancé une semaine de mobilisation contre l’isolement et de solidarité pour les trois, du 6 au 12 décembre. Silvia, Marco et Billy y ont adhéré avec une grève de la faim de quelques jours.]
Pour plus d’infos à propos de cette semaine de mobilisation et de l’isolement auquel les trois sont soumis, lire Campagne de pression contre l’isolement et Dedans et dehors un seul combat, solidarité avec les trois.

Le parquet fédéral essaie très fortement de nous isoler du reste du mouvement, des camarades qui ont exprimé leur solidarité et leur affection envers nous par de nombreuses lettres, messages de soutien et initiatives organisées. La solidarité est arrivée surtout de Suisse et d’Italie, mais aussi d’autres pays. Interrompre le canal de communication avec l’extérieur, en rendant le passage des lettres lent et arbitraire signifie interrompre le seul moyen par lequel nous pouvons continuer à être proches des camarades et continuer la lutte.

Les temps, trop longs, de passage par la censure de la correspondance nous limitent fortement dans la possibilité d’être présents dans le mouvement avec des contributions et des écrits ; cela nous rend la nécessaire confrontation et le maintien du lien avec les camarades encore plus difficiles ; cela nous rend la participation active dans des initiatives solidaires et de luttes encore plus difficile ; cela nous rend le suivi de projets comme ceux de la Coalition contre les Nocivités ou du journal « Terra Selvaggia – pagine anticivilizzatrici » encore plus difficile. Depuis des mois, la situation s’est encore aggravée à travers une restriction à un maximum de trois lettres à recevoir et trois lettres à envoyer par semaine.

Cette semaine de mobilisation est une réponse politique nécessaire pour ne pas passer sous silence la tentative de nous isoler du reste du mouvement et des luttes. Essai qui ne nous a pas empêché, moi, Costa, Billy et Marco Camenisch, d’entreprendre une grève de la faim collective en septembre et qui ne nous empêchera pas de réaffirmer notre identité éco-anarchiste et de continuer les parcours de lutte entrepris...

Les récents transferts de Marco de la prison de Regensdorf au pénitencier de haute sécurité de Bochuz à Orbe, de Costa de la prison de Berne à celle de Thun et de Billy de la prison de Thun à celle de Berne sont des manœuvres qui s’inscrivent comme des réponses répressives à notre grève de la faim, aux nombreuses initiatives solidaires, ainsi qu’à la « Campagne pour la liberté des prisonnier-ères politiques en longue détention ».

Tous ces transferts n’arrêteront pas le développement de cette Campagne importante et nécessaire, ne casseront pas les liens de lutte et d’affection, n’arrêteront pas ni la forte solidarité, ni la détermination de la lutte, en dedans et en dehors des barreaux...
J’adhère activement par une grève de la faim du 30 novembre au 5 décembre au « Symposium International » contre l’isolement, le racisme, l’oppression et l’exploitation, qui aura lieu du 3 au 5 décembre à Vienne [1]. Je tiens à rappeler le massacre du 19 décembre 2000 dans les prisons turques. L’État turque, dans l’impossibilité d’abattre la volonté des révolutionnaires qui étaient en grève de la faim, est passé de la torture à l’élimination physique. Vingt-huit prisonniers ont été brulés, tués avec des armes à feu, des bombes chimiques, des tortures ; des centaines de prisonniers ont été blessés, gardant des mutilations définitives. Une opération de massacre commencée simultanément dans vingt prisons, mais qui n’a abouti à l’élimination, ni de la résistance des prisonniers politiques, ni du mouvement révolutionnaire à l’extérieur des prisons. J’exprime ma solidarité aux prisonnières et aux prisonniers politiques du SRI, du PCE(r) et des GRAPO, qui sont en grève de la faim tous les mardi et vendredi depuis le premier décembre. L’État espagnol est en train de mettre en place une politique de répression et d’élimination des prisonnières et des prisonniers politiques par la dispersion, l’isolement, et la « Doctrine Parot ». Créée de façon ad hoc, il s’agit d’une politique qui vise à prolonger les peines. Les vagues de répression et d’arrestations des camarades basques soumis-es à la torture dans les prisons continuent, suite à l’interdiction de l’organisation SEGI, le mouvement des jeunes basques a subi de nombreuses attaques.

Il ne faut pas considérer cette liste comme des cas isolés, mais comme faisant partie d’un processus bien plus ample de répression et d’oppression globale à l’encontre de toutes les prisonnières et tous les prisonniers politiques qui ne renient pas leurs parcours et leur identité révolutionnaire, et qui soutiennent toute forme de lutte à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.

J’adresse ma solidarité aussi aux prisonnières et prisonniers politiques argentin-e-s, mexicain-e-s, chiliens-ennes, et Mapuche en lutte.
Solidarité et liberté pour tou-te-s les prisonnières et les prisonniers révolutionnaires.

Pour la « semaine de mobilisation contre l’isolement » et en signe de notre solidarité j’entreprendrai une grève de la faim du 6 au 12 décembre. Dedans et dehors, un seul combat !

Nous tirons notre force de la conscience que cette terre est en train de mourir, du croisement de nos yeux avec ceux d’un animal en cage, du battement de notre cœur pour la passion de la lutte, de notre esprit toujours indompté et sauvage... Jusqu’au dernier souffle...

Silvia Guerini, prison de Bienne, décembre 2010.

 Quelques mots sur le sommet sur les changements climatiques au Mexique et sur les semences de maïs OGM en Italie
Silvia, décembre 2010

Ces jours, du 29 novembre au 10 décembre, à Cancun au Mexique le COP16, le sommet sur les changements climatiques, est en train de se dérouler. Ne pouvant pas nier les bouleversements climatiques et leurs conséquences, les puissants se rencontrent dans cette farce médiatique pour vendre et acheter des quotes-parts d’émissions de CO2, pour nouer des rapports et fusionner des intérêts économiques sur les énergies alternatives et les nouvelles technologies.

Désertification, tarissement des cours d’eau, fonte des glaciers, élévation du niveau des mers, augmentation de la température, extinction d’espèces animales et végétales, disparition d’écosystèmes entiers... Tribus, communautés et populations entières à la limite de la survie condamnées à disparaître ou à laisser leurs terres ancestrales ou leurs régions. Nouvelles guerres pour les migrations de masse, pour le contrôle des zones stratégiques, pour les ressources précieuses comme l’eau et les ressources énergétiques... Un scénario qui ne relève pas de l’avenir, mais qui est devenu présent.

Tous courent pour s’accaparer une tranche dans la gestion des désastres et des urgences. Des états, entreprises et multinationales tissent des intérêts économiques nouveaux sur les désastres et sur l’état d’urgence permanent alors qu’ils en sont la cause, ils les alimentent, ils les gèrent et ils y proposent des « solutions ». Techniciens et experts, apparats de contrôle, gérants de la militarisation du territoire... pour répandre en même temps la peur du désastre imminent qui devient constante et permanente, et les paroles rassurantes à propos des recherches scientifiques et d’une « sûreté » plus grande.

Ils coincent ainsi les personnes dans l’étau de la peur et de la dépendance. Scientifiques et chercheurs lancent des signaux d’alarme et ils se disputent les prévisions des prochaines années et décennies si les émissions de CO2 dans l’atmosphère ne sont pas réduites : « Pourcentage à réduire dans des délais précis pour sauver la planète des conséquences de l’élévation de la température globale ».

Nous assistons au développement de toujours plus d’applications de l’ingénierie génétique et des nanotechnologies pour la « défense de l’environnement » : pour réduire l’émission des gaz à effet de serre et de la pollution, pour absorber les composts chimiques, pour produire des énergies renouvelables et « propres »... Plantations d’OGM pour produire biocarburants, bactéries modifiées génétiquement, nanoparticules, matériaux nouveaux nanotech... Dans le business vert les intérêts économiques et une tranche large de marché s’ouvrent autour de l’énergie solaire avec les panneaux solaires nanotech, le besoin toujours plus grand d’énergie est un élan qui alimente les recherches sur le solaire, l’éolien et le géothermique à échelle nanométrique. Bien évidemment il faut ajouter à la liste le charbon qui est relancé en tant que nouvelle génération « verte » et le nucléaire qui apparaît à nouveau à nos portes en tant qu’énergie « propre » car il n’y a pas d’émission directe de gaz à effet de serre. En Italie, derrière les pressions pour le retour du nucléaire nous apercevons le lobby de l’atome composé par Ansaldo et Enel. Le nucléaire n’a jamais vraiment disparu [2], mais il est toujours présent dans les applications militaires, dans les sites de stockage des déchets, dans les réacteurs, dans les centres de recherche publics et privés qui ont continué les recherches dans le domaine militaire et civil. La dimension réelle disparaît dans ce mélange de pourcentages, de chiffres, de technologies nouvelles, de technologies vieilles et de formes énergétiques proposées à nouveau en solutions éco-soutenable.
Du moment qu’une société techno-industrielle éco-soutenable n’existera jamais, ce n’est pas tout ça qui sauvera la planète, ce ne seront pas les scientifiques, les chercheurs, les multinationales et les puissants qui le feront.

Toute forme énergétique servira à alimenter ce système d’exploitation et de mort. Ainsi que pour les OGM et les particules nanotechnologiques, nous ne sommes pas disposé-e-s à spéculer sur les « seuils de tolérance » qui sont seulement des contaminations déjà en cours, ne devons pas spéculer sur rien du tout. Ni les pourcentages de réduction de CO2 ni les énergies alternatives...
Ce sommet peut être une occasion pour une sensibilisation qui dévoile ce qui se cache derrière ce Capitalisme qui est en train de se construire une façade verte de protection de l’environnement, en proposant des recettes miraculeuses pour tous les malheurs qu’il génère lui-même. En ne réduisant pas notre opposition à une protestation contre les événements et dans les temps préfixés par les puissants, nous devons construire un contexte qui n’est pas seulement sensible aux questions écologiques, mais un terrain fort de lutte.

On ne peut pas poser la vie de cette Terre sur la balance des profits et des « solutions » du pouvoir, ces dernières il faut seulement les renvoyer à l’expéditeur. Les solutions réelles sont recherchées en dehors des tracés définis par ce système. Traçons des sentiers nouveaux pour ouvrir des horizons de lutte dans la chape de plomb composée par l’indifférence, l’immobilisme, les atteintes et les incertitudes...

Une fissure dans cette chape de plomb. Le soleil descend à l’horizon, il se teint de rouge feu et il devient sang, sang dans la veine de la Terre... Et dans le sang de la Terre notre cri, un cri de rage et non pas de résignation, qui se crée l’espace dans notre corps et sous notre peau, dans nos veines... Un cri qui tonne, comme un tonnerre, lointain...

Le vent lance nos paroles dans le silence de la nuit... paroles qui deviennent passion, elles se font viande et elles se transforment en actions qui nous libèrent des doutes et des atteintes... et nous projettent dans une lutte sans peur et sans frontières...

En avril deux champs à Vivaro et à Fanna (Pordenone) ont été semés avec du maïs OGM par les agriculteurs-entrepreneurs Silvano della Libera (vice-président de Futuragra) et Giorgio Fidenato (président d’Agricoltori Federati). Le but est d’obtenir l’autorisation pour des cultures de maïs ogm MON 810 de Monsanto, déjà autorisées au niveau européen, et pour que la région Friuli soit pionnière pour la diffusion dans toute l’Italie des cultures OGM. 

Derrière cette semence, il y a les associations d’agriculteurs favorables aux ogm, la Futuragra et les Agricoltori Federati, mais pas seulement, il y a aussi les multinationales qui, pour briser les oppositions aux ogm, font des contaminations un fait accompli, afin d’imposer la situation où il ne reste que la possibilité d’accepter l’invasion des ogm. Pratiques en cours depuis longtemps aux états unis, mais aussi en Italie comme par exemple la contamination du riz de Bayer et du maïs de Mansanto arrivée il y a quelques années à Pavie et à Vercelli...

Ces champs ne sont pas à considérer comme une simple provocation, ils sont un précédant très grave et dangereux, qui va forcer les portes pour les ouvrir par la suite aux multinationales biotechnologiques.
Les pressions des lobbys biotech pour détruire les résistances européennes sont toujours plus fortes. Un rôle clé est joué par l’EFSA (European Safety Food Authority, l’autorité de sécurité alimentaire au niveau européen dont le siège est à Parme), ses « évaluations » sont un passage obligatoire pour obtenir l’autorisation de la Communauté Européenne. Elle est en train de libérer la voie à tous les ogm.
Les derniers octrois ont été six types de maïs à but alimentaire et comme nourriture pour animaux de la Dow chemical, Dupont, Monsanto et Syngenta.

La diffusion des Ogm à travers la filière agro-alimentaire avec la contamination de semence, nourriture ogm et aliments avec ogm est déjà une réalité depuis des années. Cependant, ce fait ne doit pas empêcher d’entreprendre un parcours de lutte, ne doit pas nous décourager. Il doit au contraire être une motivation de plus pour ne plus nous faire attendre plus, pour ne pas arriver au moment où il sera vraiment trop tard, où la diffusion sera totale.

Tout ne sera pas perdu tant qu’il y aura des esprits libres et rebelles qui oseront encore tenter l’assaut au ciel dans ce monde-machine qui nous veut asservis et automates, tout ne sera jamais perdu...

En août le champ de Vivaro a été détruit en plein jour par une centaine de no global qui ont piétiné les plantes de maïs d’une hauteur de deux mètres. Action mass-médiatique revendiquée après par « Yabasta ! ».

Le champ de Fanna a été en revanche récolté et 450 quintaux de maïs transgénique ont été stockés dans un dépôt en attente de l’autorisation pour la commercialisation. Cette récolte équivaut à la contamination des champs voisins...

La réponse à ces semailles ne s’est pas faite attendre : à Pordenone en octobre une importante manifestation a amené dans les rues de la ville beaucoup de personnes et plusieurs groupes anti ogm. Il s’agit d’une importante occasion pour relancer la lutte contre l’ingénierie génétique et pour transmettre notre critique radicale.

Cet été, les pas en avant les plus forts et incisifs dans la lutte contre les biotechnologies ont été donnés par des actions en Catalogna, avec le sabotage de deux champs expérimentaux de maïs ogm de Syngenta, en France avec la fauchage de deux champs de tournesols ogm de Pioneer et en Suisse avec le sabotage d’un champ de blé ogm. Rappelons nous qu’en Angleterre, les destructions et les sabotages de 52 champs expérimentaux d’ogm ont bloqué les cultures en plein air.

Nous ne pouvons pas nous permettre de nous laisser échapper des mains ces précédents graves et nous ne devons pas laisser le terrain de l’opposition aux associations écologistes, de consommateurs, des no global et des politiciens qui élèvent en chœur leurs voix.
Ne laissons pas d’espaces ultérieurs aux diffusions et contaminations des ogm, faisons terre brûlée autours des essais et des projets des lobby biotech...

Contre toute modification génétique du vivant, de l’agriculture aux applications médicales, serrons les mains autour de mots et d’actions concrètes pour une lutte réellement incisive et efficace, capable d’arrêter l’avancée des ogm...

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, décembre 2010


Adresses

Pour ceux et celles qui veulent leur écrire, les adresses
où leur envoyer des lettres ou des cartes postales sont trouvables sur le site http://silviabillycostaliberi.tk/.

Nous rappelons que tous les écrits seront traduits en allemand et que le procureur fédéral enquête et lit tout avec beaucoup d’intérêt. En outre, la procureure de Turin enquête aussi sur les trois, et les flics italiens ont obtenu l’autorisation de lire toute la correspondance.

Pour ceux et celles qui souhaiteraient faire un versement, le numéro de compte est
en Suisse : Rote Hilfe 85-559939-2 Zürich 8026
en Italie : C.C.P. 93785582 au nom de Benedetta Galante,
pour les virements bancaires code IBAN IT79T0760110700000093785582

Liens

Silvia Billy Costa liberi [it]
Site de soutien à la lutte des trois anarchistes emprisonné-e-s, il publie leurs contributions, de même que des communiqués d’actions de solidarité.

Informa-azione [it]
Site d’information anarchiste radical. Il publie de manière fréquente des mises à jours sur Silvia, Billy, Costa et Marco.

Indymedia Suisse Romande [fr]

Secours Rouge International [fr-de-en-it-sp]
La Commission pour un Secours Rouge International s’est constituée à l’automne 2000. Un des buts est de soutenir les militants révolutionnaires détenus pour leurs activités politiques ou politico-militaires, les travailleurs, chômeurs, étudiants, jeunes et femmes des masses populaires, persécutés ou emprisonnés dans le cadre de la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste, ainsi que les combattants emprisonnés des luttes de libération nationale.

Coalizione contro le nocività [it]
Coalizione contro le nocività, MBE 222, C.so Diaz 51, 47100, Forlì, Italie
nonanobio at inventati point org
Site de la coalition contre les nuisances. Il publie des mises à jours, analyses, réflexions, comptes-rendus des luttes.

Terra selvaggia : Il Silvestre c/o F. Bonamici, C. P. 88, 56127 Pisa centro, Italie
Journal écologiste radical de critique de la civilisation.

Contacts

Pour informations, critiques, et pour organiser dans vos espaces collectifs des moments de présentation et de discussions :

Mail : lycopodium at inventati point org

Adresse postale :
Lycopodium
c/o Espace autogéré
rue César-Roux 30
1005 Lausanne (Suisse)

[1Le « Symposium International » est une rencontre organisée par la Plate-forme internationale contre l’isolement (IPAI). Pour plus d’infos, voir http://www.ipai-isolation.info/ et http://www.secoursrouge.org/Vienne-....

[2Au 1987, en Italie a eu lieu un référendum pour abroger le nucléaire.


)

http://silviabillycostaliberi.noblo...



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