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Le vote n’est pas une réduction des risques — Une perspective autochtone

mis en ligne le 9 novembre 2022 - Indigenous Action

Lorsque l’on entend proclamer que le vote relève de la « réduction des risques », il est difficile de comprendre comment cette fameuse réduction est véritablement calculée. Est-ce que l’on considère combien de millions de sans-papiers autochtones ont été expulsé⋅es ? Est-ce que l’on cherche à savoir quel parti politique a effectué le plus de frappes aériennes ? Ou de qui dispose du plus grand budget militaire ? Est-ce que l’on prend en compte la profanation des sites sacrés par les pipelines, les mines et les barrages ? Est-ce que l’on compare les taux d’incarcération ? Les statistiques sur les violences sexuelles ? La réduction des risques se cache-t-elle dans les budgets faramineux des politicien⋅nes qui dépensent des millions de dollars pour se disputer les votes ?

Bien qu’il existe certaines distinctions politiques entre les deux principaux partis des soi-disant États-Unis, ils prêtent tous deux allégeance au même drapeau. Les rayures sur le chiffon, qu’elles soient rouges ou bleues, continuent de s’agiter au-dessus des terres spoliées et des vies volées sur lesquelles a été bâti ce pays.

Nous n’ignorons pas que, à l’échelle de la violence coloniale étasunienne, même la plus petite différence dans les préjudices politiques subis peut signifier la vie ou la mort pour les plus vulnérables. Ce que nous affirmons ici, c’est que la notion même du « vote comme réduction des risques » obscurcit et perpétue la violence coloniale, qu’elle n’a rien de « moins nocif », et qu’il existe des manières plus efficaces de lutter concrètement.

Il y a un certain temps, la gauche étasunienne a réalisé que la stratégie consistant à convaincre les gens de se rallier à un « moindre mal » était perdante. Elle s’est alors réapproprié le terme « réduction des risques » pour justifier à nouveau sa participation au théâtre de ce qu’on appelle « démocratie » aux États-Unis, et pour pousser les gens à s’y engager derrière elle.

Initialement, la réduction des risques (RDR) est une stratégie de santé publique mise en place dans les années 1980 au bénéfice de personnes confrontées à des problèmes d’usage de drogues, et ne parvenant pas à l’abstinence totale. Selon la Harm Reduction Coalition (HRC) les principes de la réduction des risques posent le comportement à risque comme « faisant partie de la vie [de l’usager⋅e] », de sorte que ses partisans « choisissent non pas d’ignorer ou condamner, mais de minimiser les effets néfastes [de l’usage] » et s’efforcent par ailleurs de briser les préjugés négatifs sur l’« usage plus safe ». Toujours selon le HRC, « il n’y a pas de définition universelle de ce qu’est la réduction des risques, ni de la façon de la mettre en place ». De manière générale, la RDR se concentre donc sur la réduction des effets néfastes associés aux comportements dangereux.

Appliquée au vote, la notion de « réduction des risques » ne signifie pas du tout la même chose que dans la bouche de celles et ceux qui s’organisent pour répondre aux problèmes de dépendances. Elle revient à dire, « puisque ce système politique ne disparaît pas, nous soutiendrons les politicien⋅nes et les lois qui sont susceptibles de causer moins de dommages. »

L’idée qu’un bulletin de vote soit capable de limiter les dégâts dans un système fondé sur la domination et l’exploitation coloniale, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat et le capitalisme est une formidable exagération. Il n’existe personne dont la vie ne soit pas affectée par l’un ou l’autre de ces systèmes d’oppression, mais au réformisme codifié et ses campagnes « Get out the vote » [1] prônant un colonialisme « plus safe », nous préférons demander : « Quels sont les préjudices réels et les dangers tragiques qu’implique la perpétuation du pouvoir colonial, et que pouvons-nous faire pour y mettre fin ? »

Le vote tel qu’il est pratiqué dans la « démocratie » étasunienne est le procédé par lequel les gens (à l’exception des mineur⋅es, des prisonnier⋅es, de celles et ceux que l’État déclare « mentalement inaptes », et des personnes sans-papiers, y compris les résident⋅es léga⋅les permanent⋅es) sont contraints de choisir parmi des règles et des dirigeant⋅es étroitement sélectionné·es. Le collectif anarchiste Crimethinc note : « Le vote concentre le pouvoir de toute une société dans les mains de quelques politicien⋅nes. » Quand ce processus est conduit par l’autorité coloniale, il n’existe aucune alternative à la mort politique pour les personnes autochtones. En d’autres termes, le vote ne peut jamais constituer une stratégie de survie sous la domination coloniale. C’est une stratégie de défaite et de victimisation qui prolonge la souffrance et les préjudices historiques induits par le colonialisme de peuplement toujours en cours. La volonté de « réduction des risques » a beau être sincère, cela n’empêche pas que les réformes marginales durement gagnées par le soutien populaire puissent être renversées par le simple coup de stylo d’un⋅e politicien·ne quelconque. Si le vote est la participation démocratique à notre propre oppression, le vote comme réduction des risques est une politique qui nous maintient à la merci de nos oppresseur·es.

Alors que de nombreuses personnes à gauche – dont certain⋅es autochtones radical⋅es – s’inquiètent de la consolidation du pouvoir dans les mains des fascistes, elles ne parviennent pas à comprendre à quel point le pouvoir colonial est déjà consolidé. Il n’y a rien d’intersectionnel dans le fait de participer et de maintenir un système politique génocidaire. Il n’y a aucune solidarité significative à trouver dans des politiques qui nous pressent de rejoindre nos oppresseur⋅ses sur leurs positions. Le vote comme réduction des risques impose une fausse solidarité à celles et ceux qui sont identifié⋅es comme les plus vulnérables aux politiques et actions publiques nuisibles. En pratique, il s’agit d’une politique d’identité paternaliste, dans laquelle les libéraux s’efforcent de dénicher les candidat⋅es les moins dangereux⋅ses et de se rallier à leurs campagnes. La logique du vote RDR veut que la personne confrontée au plus grand nombre de dommages reçoive la plus grande protection du dénominateur le moins dangereux dans un système violemment autoritaire. Cette naïveté coloniale met en danger plus de gens, d’êtres non-humains et de terres qu’autre chose. Le plus souvent, les mêmes activistes libéraux qui prétendent que le vote permet une réduction des risques se retrouvent également à dénoncer et à tenter de réprimer les formes militantes d’action directe ou de sabotage au prétexte qu’elles ne feraient que « nuire à nos mouvements ». Le « vote comme réduction des risques » est le langage pacificateur de celles et ceux qui veulent fliquer les mouvements.

Le vote comme réduction des risques est la couverture offerte par le Parti démocrate, on peut s’y blottir pour s’endormir, ou y mourir [2].

S’organiser depuis une position qui conçoit le vote comme une action de limitation des dégâts brouille les dommages que le colonialisme de peuplement et de pillage impose.

Sous domination coloniale, tout pouvoir s’exerce par la violence. Il n’y a absolument rien de « moins dévastateur » dans le fait de participer et de perpétuer le pouvoir politique des forces d’occupation. Voter ne défera pas le colonialisme de peuplement, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat ou le capitalisme. Le vote n’est pas une stratégie de décolonisation. L’ensemble du processus qui a abouti au « vote des natif⋅ves » a consisté en une imposition de l’identité étasunienne aux peuples autochtones, alimentée par la suprématie blanche et facilitée par le capitalisme.

Le vote des natif⋅ves : une stratégie de domination coloniale

Avant l’invasion coloniale, les peuples autochtones disposaient d’organisations culturelles complexes que l’œil des envahisseurs européens était incapable de discerner. Depuis leur fondation, les États-Unis ont reconnu les peuples autochtones en tant que nations souveraines. La projection du statut de nation s’est établie dans les termes des colons, qui avaient besoin d’entités politiques avec lesquelles établir des traités (notamment pour la guerre et à des fins économiques). Les organisations sociales autochtones ont donc été politiquement manipulées, et le rôle des matriarches et des personnes bispirituelles [3] a été complètement méprisé, voire directement attaqué. La priorité du projet colonial étasunien a toujours été de saper et de détruire la souveraineté autochtone, c’est la nature insidieuse du colonialisme.

En 1493 le pape Alexandre VI fait publier la bulle papale « Inter Caetera ». Ce document établit la « doctrine de la découverte », centrale dans la stratégie de christianisation espagnole, visant à s’assurer des « droits exclusifs » sur les peuples autochtones réduits en esclavage et sur les terres envahies par Christophe Colomb l’année précédente. Le décret explicite également la menace de convertir de force les peuples autochtones au catholicisme afin de renforcer « l’Empire chrétien ». Cette doctrine a conduit à plusieurs générations successives de guerres génocidaires et écocidaires menées par les colons européens contre les vies des autochtones, contre les terres, l’esprit, et tout le monde vivant qui fonde l’ensemble de nos relations. En 1823, lors de l’affaire Johnson contre McIntosh, la « doctrine de la découverte » est inscrite dans le droit étasunien par la Cour Suprême, de façon à empêcher l’accès des terres aux autochtones. Dans sa décision, le juge en chef des États-Unis, John Marshall, écrit que les nations chrétiennes européennes ont pris le contrôle total des terres de l’« Amérique » lors de l’âge des « Grandes Découvertes ». Et qu’en se déclarant « indépendants » de la Couronne anglaise en 1776, les États-Unis avaient de fait, et donc par la loi, hérité de l’autorité anglaise sur ces terres, « nonobstant l’occupation des indigènes, qui étaient païens ». Selon ce jugement, les peuples autochtones ne pouvaient prétendre à aucun droit en tant que nations indépendantes, mais seulement en tant que locataires des États-Unis sur leurs propres terres. À ce jour, la « doctrine de la découverte » n’a pas été révoquée, et l’arrêt Johnson contre McIntosh n’a pas été annulé.

La généalogie du vote des natif⋅ves est liée aux pensionnats, à l’endoctrinement chrétien, aux programmes de répartition des terres, et aux guerres mondiales qui ont consacré l’impérialisme étasunien. Les politiques d’assimilation étasunienne n’ont pas été conçues comme des formes charitables de réduction des risques, elles sont une extension d’une stratégie militaire qui ne pouvait pas parachever ses projets génocidaires. La citoyenneté a été imposée aux peuples autochtones dans le cadre de la stratégie coloniale consistant à « sauver l’homme, mais tuer l’Indien ».

Il fut un temps où les peuples autochtones ne voulaient rien avoir à faire avec la citoyenneté étasunienne ou avec le vote.

Katherine Osborn, ethnohistorienne à l’Université d’État d’Arizona, déclare : « Les politiques [autochtones] entretiennent une relation de gouvernement à gouvernement avec les États-Unis. Leur statut est ainsi unique puisqu’iels ne sont pas simplement un autre groupe minoritaire qui espère être intégré à l’ordre politique étasunien. Pour les communautés autochtones, la protection de leur souveraineté en tant que nations tribales est la préoccupation politique primordiale. »

Lorsque la Constitution étasunienne a été créée, chaque État pouvait définir à sa discrétion qui pourrait accéder à la citoyenneté. Certains États l’accordaient rarement et, pour que des autochtones y aient droit, ils devaient renoncer à leurs relations tribales et devenir « civilisés ». Cela signifiait généralement renoncer à leur affiliation tribale, payer des impôts, et s’assimiler pleinement à la société blanche. Alexandra Witkin écrit dans To Silence a Drum : The Imposition of United States Citizenship on Native Peoples : « Les premières politiques de citoyenneté reposaient sur l’hypothèse que l’allégeance ne pouvait être accordée qu’à une seule nation ; ainsi, les personnes dont l’allégeance allait à une nation autochtone ne pouvaient devenir citoyens des États-Unis. » La tendance n’était cependant pas à respecter et à soutenir la souveraineté indigène, mais plutôt à la condamner car « non-civilisée » et à la saper par des tactiques extrêmes d’assimilation forcée.

Lorsque le 14e amendement de la Constitution a été ratifié, en 1868, il accordait la citoyenneté aux seuls hommes nés ou naturalisés aux États-Unis, ce qui incluait les anciens esclaves, mais il a été interprété de façon à ne pas concerner les peuples autochtones, à l’exception de ceux qui s’assimilaient et payaient leurs impôts. Le 15e amendement a ensuite été adopté en 1870 pour garantir le droit de vote aux citoyens étasuniens sans discrimination de « race, de couleur, ou d’une précédente condition de servitude », mais a lui aussi été interprété de façon à en exclure les autochtones qui ne s’assimilaient pas. En un sens, il s’agissait là d’une privation du droit de vote, mais c’était surtout un chantage à destination des autochtones alors confronté·es à des campagnes de terre brûlée et des marches forcées vers des camps de concentration. Le message était clair : « Assimilez-vous, ou mourez. »

En 1887, le Congrès a adopté la Loi sur l’attribution des terres, plus connue sous le nom de Loi Dawes, qui visait à accélérer l’invasion coloniale, à faciliter l’extraction des ressources, et à assimiler encore davantage les peuples autochtones à l’ordre social colonial. La Loi Dawes a marqué le passage d’une stratégie militaire à une stratégie économique et politique, qui consistait notamment à diviser les réserves en lots individuels. Seuls les hommes « chefs de famille » pouvaient se voir attribuer 160 acres [4], le reste était mis à la vente pour les envahisseurs blancs qui affluaient en masse pour hériter de leurs « destinées manifestes » [5]. Les autochtones ayant accepté ces attributions pouvaient recevoir la citoyenneté étasunienne et, bien qu’il s’agisse de la première loi du Congrès à leur accorder ce statut, cela s’est fait au prix du sacrifice des identités politiques et culturelles des peuples autochtones, et plus particulièrement en brisant encore davantage l’intégrité de leurs sociétés matriarcales. En vertu de la Loi Dawes, les terres des peuples autochtones sont passées de 138 millions à 52 millions d’acres [6]. En 1890, la population autochtone totale se réduisait à 250 000 personnes, alors qu’elle comptait des dizaines de millions de personnes au moment de l’invasion européenne. En comparaison, la population coloniale étasunienne s’établissait à 62 622 250 personnes la même année.

La destruction par la loi des nations souveraines autochtones a été accomplie dans les décisions de la Cour Suprême par le juge John Marshall qui a écrit en 1831 que la nation cherokee n’était pas une nation étrangère, mais plutôt qu’« il serait peut-être plus correct de les qualifier de nations domestiques dépendantes… Leur relation aux États-Unis ressemble à celle qui lie un enfant à son tuteur. »

Les campagnes militaires génocidaires étasuniennes connues sous le nom de « Guerres indiennes » sont censées avoir pris fin en 1924. Cette année-là, le Congrès a adopté la Loi sur la Citoyenneté indienne (ICA) qui garantissait la citoyenneté aux peuples autochtones, mais laissait aux États le soin de décider s’ils pouvaient voter. En conséquence, certains États ont écarté les peuples autochtones du vote jusqu’en 1957. Jusqu’à l’adoption de l’ICA, qui était une mesure réglementaire adoptée sans débat, les peuples autochtones étaient considérés comme des « sujets domestiques » du gouvernement étasunien.

La confédération Haudenosaunee [7] a complètement rejeté l’imposition de la citoyenneté étasunienne par l’ICA et l’a qualifiée de trahison.

Joseph Heath, conseiller général de la nation onondaga, écrit : « La nation onondaga et les Haudenosaunee n’ont jamais accepté l’autorité des États-Unis, qui voulait faire des citoyen⋅nes des Six-Nations des citoyen⋅nes étasunien⋅nes, comme le veut la loi sur la Citoyenneté de 1924. Nous sommes signataires de trois traités avec les États-Unis : le traité de Fort Stanwix de 1784, le traité de Fort Harmor de 1789 et le traité de Canandaigua de 1794. Ces traités reconnaissent clairement les Haudenosaunee comme des nations distinctes et souveraines. Accepter la citoyenneté étasunienne serait une trahison pour nos propres nations, une violation des traités et du droit international… »

Iels ont rejeté l’ICA et « résisté à son application dès son adoption, car iels comprenaient, par leur histoire et leur culture, qu’il ne s’agissait que de la dernière politique en date visant à s’emparer de leurs terres et à les assimiler de force. »

Heath ajoute encore : « Pendant plus de quatre siècles, les Haudenosaunee ont maintenu leur souveraineté face aux assauts du colonialisme et de l’assimilation, et iels ont continué à assumer leur fonction de gardien⋅nes du monde naturel. Iels ont résisté aux expulsions et aux attributions ; iels ont préservé leur langage et leur culture ; iels n’ont pas accepté les diktats des Églises chrétiennes ; et iels ont rejeté l’imposition de la citoyenneté. »

Aussi paradoxal que ça puisse être, il est important de noter que les colons qui ont conçu la Constitution étasunienne ont été grandement influencés par la Confédération Haudenosaunee.

Zane Jane Gordon, de la nation wyandotte, a critiqué l’ICA au moment de son adoption : « aucun gouvernement organisé (…) ne peut incorporer qui que ce soit à la citoyenneté sans consentement explicite (…). Les Indien⋅nes sont organisé⋅es sous forme de “nations”, et ont en tant que tels conclu des traités avec [d’autres] nations. Le Congrès ne peut les incorporer dans la citoyenneté de l’Union par une simple loi. »

Dans Challenging American Boundaries : Indigenous People and the « Gift » of U.S. Citizenship, Kevin Bruyneel écrit que le chef Tuscarora Clinton Rickard, qui s’opposait vivement à l’adoption de l’ICA, « était également encouragé par le fait “que [son] peuple n’était pas pressé d’aller voter aux élections de l’homme blanc.” » Rickard a déclaré : « En vertu de nos anciens traités, nous espérions être protégé⋅es par le gouvernement. L’homme blanc avait obtenu la plupart de nos terres et nous estimions qu’il se devait de fournir une compensation en retour, à savoir la protection des terres qui nous restaient, mais nous ne voulions pas pour autant être absorbé⋅es et assimilé⋅es dans sa société. La citoyenneté étasunienne n’était qu’un moyen de plus de nous absorber et de détruire nos coutumes et notre gouvernement (…). Nous craignions également que la citoyenneté ne mette en péril nos traités et n’entraîne des taxes sur nos terres. Comment un⋅e citoyen⋅ne pourrait-iel avoir conclu un traité avec son propre gouvernement ? (…) Il s’agissait d’une violation de notre souveraineté. Notre citoyenneté allait à nos propres nations. »

Les Haudenesonee ont également exprimé leur opposition à l’imposition des politiques de citoyenneté étasunienne en raison de la séparation de leurs nations par la frontière canadienne. L’imposition de la citoyenneté a entraîné une ségrégation politique selon un tracé colonial, à laquelle sont toujours confrontés les peuples autochtones dont les terres sont découpées par les frontières canadiennes et mexicaines.

L’une des illustrations les plus claires des stratégies assimilationnistes sur le vote et la citoyenneté provient peut-être d’Henry S. Pancoast, l’un des fondateurs du groupe chrétien et suprémaciste blanc Indian Rights Association (IRA). Pancoast a déclaré : « Rien [à part la citoyenneté étasunienne] ne tendra autant à assimiler l’Indien et à détruire son étroite appartenance tribale, que de lui faire sentir qu’il dispose d’une voix et de droits au sein de la nation de l’homme blanc. »

À sa fondation, l’objectif déclaré de l’IRA était de « parvenir à la complète civilisation des Indiens et à leur acceptation de la citoyenneté ». L’IRA se considérait réformiste et est parvenue à faire pression sur le Congrès pour qu’il mette en place un système de pensionnat, adopte la Loi Dawes, réforme le Bureau des Affaires indiennes [8] et adopte l’Indian Reorganization Act de 1934 [9].

La citoyenneté étasunienne a été imposée pour détruire la souveraineté autochtone et faciliter le vol des terres à grande échelle. Aujourd’hui encore, le « vote des natif⋅ves » est lié à des dispositions assimilationnistes qui servent des intérêts coloniaux.

Assimilation : la stratégie du droit de vote

La pratique historique de retrait du droit de vote pourrait sembler en contradiction avec la stratégie d’assimilation. Après tout, si les politicien·nes blanc·hes voulaient tellement que les autochtones deviennent des citoyen⋅es, pourquoi alors s’acharner à les priver du droit de vote ? C’est la contradiction sous-jacente du colonialisme aux États-Unis qui a été formulée sous le nom de « problème indien » et qui peut se résumer plus crûment à la question d’« annihiler ou assimiler ? »

Comme nous l’avons mentionné précédemment, ce n’est qu’en 1957 que les peuples autochtones se sont vu accorder le droit de vote dans tous les États étasuniens.

Selon Katherine Osborn, « certains États ont emprunté le langage de la Constitution étasunienne et de son article 1, section 2, qui exclut les “Indiens non imposés” de la citoyenneté, pour leur dénier le droit de vote. Les législateurs de l’Idaho, du Maine, du Mississippi, du Nouveau-Mexique et de l’État de Washington ont refusé le droit de vote à leurs concitoyen⋅nes autochtones parce que celles et ceux qui vivaient dans des réserves ne payaient pas d’impôts fonciers. Au Nouveau-Mexique, en Utah et en Arizona, les représentants de l’État ont fait valoir que les Indien⋅nes, puisqu’iels vivaient dans des réserves, n’étaient pas réellement résident⋅es de l’État, et par conséquent les empêchaient d’accéder à cette forme de participation politique. »

Osborn ajoute : « L’article 7, section 2, de la Constitution de l’État d’Arizona prévoit : “Aucune personne sous tutelle, non pleinement consciente, ou aliénée n’est autorisée à voter lors d’une élection.” Les législateurs de l’Arizona ont interprété cette loi de façon à interdire les Indien⋅nes de voter puisqu’iels seraient prétendument sous tutelle fédérale dans leurs réserves. »

La politique de citoyenneté étasunienne à propos des peuples autochtones était claire : la privation du droit de vote se maintiendrait jusqu’à ce que nous soyons pleinement assimilé⋅es et que nous ayons abandonné nos statuts tribaux. La privation du droit de vote était et demeure une stratégie visant à établir les conditions de l’assimilation. La suppression de la participation a toujours été une façon, pour le système, de se réguler et de se maintenir. Les suprémacistes blancs qui contrôlaient la politique de régions où vivaient de très nombreuses populations autochtones craignaient de devenir minoritaires dans leur propre système démocratique. En réaction, ils ont donc souvent renversé le droit de vote par la violence, mais ce qu’ils craignaient n’a en réalité jamais été une menace étant donné l’ancrage dont disposait déjà la suprématie blanche dans le projet colonial étasunien.

Ce n’est pas la société coloniale qui a capitulé devant les intérêts des peuples autochtones, ce sont les peuples autochtones qui ont été – par la force ou l’usure – absorbés par la politique étasunienne.

Cela n’a peut-être jamais été aussi évident qu’avec la création des Conseils Tribaux. Par exemple, le Conseil Tribal Navajo est créé en 1923 dans le but de légitimer l’extraction de ressources par le gouvernement étasunien. Selon un rapport déposé par la Commission étasunienne des Droits Civils, le conseil tribal a été « créé en partie pour que les compagnies pétrolières disposent de représentants légitimes navajos auxquels s’adresser pour louer les terres sur lesquelles du pétrole avait été découvert. » On peut lire sur le site internet de la Navajo Nation Oil and Gas Company : « En 1923, un gouvernement tribal navajo a été mis en place, principalement pour que le Bureau des Affaires indiennes approuve les contrats de location avec les compagnies pétrolières étasuniennes qui étaient impatientes de commencer à exploiter le pétrole sur les terres navajos. »

Avant d’accomplir et de maintenir la domination coloniale et l’exploitation, les colonisateur⋅ices ont façonné et contrôlé l’identité politique des peuples autochtones. Les capitalistes ont facilité la dissolution de l’autonomie autochtone pour faciliter leurs activités de prédation. La citoyenneté a toujours été payée au prix de notre souveraineté, les conditions pour y parvenir ont toujours été celles de la suprématie blanche.

Le fait que les peuples autochtones se sont vu accorder le droit de vote en 1924, mais que nos pratiques religieuses ont été illégales jusqu’en 1979, est l’un des nombreux exemples de la discordance de l’identité politique autochtone dans les soi-disant États-Unis.

Les mouvements pour le droit de vote aux États-Unis ont lutté pour une participation égalitaire au système politique, mais ont échoué à accuser et à abolir les systèmes d’oppression qui sous-tendent la société coloniale. Après des décennies d’organisation, les femmes blanches ont obtenu le droit de vote en 1920, en récompense entre autres de leur mobilisation lors de la Première Guerre mondiale. L’hétéro-patriarcat n’a pas été aboli pour autant et les personnes noires ont été délibérément ignorées durant leurs campagnes.

Lucy Parsons, une anarchiste afro-autochtone, était de celles qui critiquaient le vote à l’époque. Elle écrivait en 1905 : « Pouvez-vous blâmer un⋅e anarchiste qui déclare que les lois créées par l’homme ne sont pas sacrées ? (…) Le fait est que les gens sont gouvernés par l’argent, et non par les politiciens pour qui ils votent. Et les capitalistes ne se soucient plus d’acheter des électeurs, ils achètent simplement les “serviteurs” après qu’ils aient été élus pour “servir”. L’idée que le vote des pauvres compte pour quoi que ce soit est la plus grande des illusions. Le bulletin de vote n’est que le voile de papier qui cache la supercherie. »

Les personnes noires ont souffert pendant des décennies des « Lois Jim Crow », des lois suprémacistes qui imposaient la ségrégation raciale et étaient conçues pour réduire à néant leur pouvoir politique. Ces lois racistes n’ont pris fin qu’avec les puissants mouvements des droits civiques des années 1960. Le gouvernement étasunien avait fait passer, dans les années 1950 et 1960, des lois – et notamment la loi de 1965 sur le droit de vote – qui avaient été critiquées par les révolutionnaires nationalistes noirs tels que Malcolm X : « Le bulletin de vote ou le fusil. Si vous avez peur d’utiliser une expression pareille, quittez le pays, retournez cultiver le coton sur votre parcelle, retournez à la ruelle. Ils ont pour eux toutes les voix des noirs, et lorsqu’ils ont ces voix, ils ne donnent rien aux noirs en retour. »

Les mouvements radicaux ont soit été confrontés à la violence extrême de l’État et à la répression, soit systématiquement assimilés dans l’environnement politique étasunien. Le milieu associatif a joué le rôle d’allié tacite de l’impérialisme étasunien dans ses efforts de refoulement et de pacification. C’est peut-être là la méthode de la machinerie étasunienne pour réduire les risques ou l’impact que des mouvements sociaux et environnementaux efficaces peuvent avoir. S’ils ne peuvent tuer ou emprisonner les organisateur⋅ices, alors ils les intègrent dans la bureaucratie ou font de leurs luttes des entreprises commerciales. Au bout du compte, tout le monde ne peut pas être suprémaciste, mais tout le monde peut être capitaliste.

Tant que le système politique et économique reste inchangé, tant que rien ne bouge dans l’équilibre politique global, le droit de vote sera toujours opportun – même si les suprémacistes blancs déclarés s’y opposent. L’égalité politique de façade peut bien exister sous une occupation violente, la libération ne se trouvera jamais dans l’urne de l’occupant. Dans le contexte du colonialisme de peuplement, voter est le « devoir » civique qui maintient notre oppression. Il est intrinsèquement lié à une stratégie d’extinction de nos identités culturelles et de notre autonomie.

L’existence durable des peuples autochtones est la plus grande menace contre le projet colonial étasunien, car nous pourrions un jour nous lever, affirmer notre souveraineté sur nos terres, et réfuter la doctrine de la découverte.

Dans Custer Died for your Sins, Vine Deloria Jr. idéalisa « les peuples autochtones, non comme les bénéficiaires passifs des droits civils et de l’incorporation à l’État-nation, mais comme des peuples colonisés exigeant activement la décolonisation. »

On ne peut pas décoloniser le scrutin

Puisque l’idée de la « démocratie » étasunienne est la règle de la majorité, et à moins d’une énorme poussée démographique, les électeur⋅ices autochtones seront toujours à la merci d’allié⋅es politiques « bien intentionné⋅es ». Réunir le vote des natif⋅ves en un bloc prêt à s’aligner sur le moindre parti, politicien⋅ne ou loi qui paraît faire moins de dégâts n’est pas une stratégie visant à exercer le pouvoir politique, c’est le syndrome de Stockholm.

Le vote des natif⋅ves cherche également à produire des politicien⋅nes natif⋅ves. Et quelle meilleure façon de faire assimiler la loi que de la présenter avec un visage familier ? La stratégie consistant à voter pour des personnes autochtones dans un contexte structurel de pouvoir colonial n’est pas un acte décolonisateur, mais un accomplissement de la colonisation. Les forces coloniales nous ont toujours utilisé·es contre nous-mêmes, notamment lorsque des autochtones assimilés servaient d’« éclaireurs indiens » pour assister les armées ennemies. Dans un seul cas, à notre connaissance, des éclaireurs Ndee (Apache Cibicue) se sont mutinés contre les États-Unis alors qu’on leur demandait de se battre contre leur propre peuple. Suite à cela, trois des éclaireurs Ndee furent exécutés.

Peu importe ce que n’importe quel⋅le politicien⋅ne qui cherche à se faire élire veut vous faire croire, au bout du compte iels ont prêté serment de défendre le système qui a été conçu pour nous détruire, nous et nos modes de vie. Le serment des membres du Congrès stipule : « Je jure (ou j’affirme) solennellement que je soutiendrai et que je défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ses ennemis, étrangers et nationaux ; que je lui porterai une foi et allégeance véritable ; que je souscris à cette affirmation librement, sans aucune réserve intellectuelle ou intention de m’y soustraire ; et que je remplirai bien et fidèlement les devoirs de la fonction que je suis sur le point d’occuper : que Dieu me vienne en aide. »

Même si nous supposons que leurs valeurs culturelles et leurs intentions sont conformes à celles du peuple, il est rare que les politicien⋅nes ne soient pas lié⋅es à un certain nombre de financeurs. Aussitôt élu⋅es iels sont également confronté⋅es à d’implacables groupes de lobbying armés de leurs millions de dollars, et malgré leurs meilleures intentions, iels se font inévitablement submerger par leurs pairs politiques.

Aujourd’hui nous avons des candidat⋅es qui ont été élu⋅es sur la base de promesses de mettre un terme à l’enlèvement et au meurtre à grande échelle de femmes, de filles et de personnes bispirituelles autochtones, et que proposent-iels ? Iels n’inculpent pas les colonisateurs qui détruisent nos terres en en pillant les ressources et dont les industries précipitent la crise de la traite des êtres humains et de l’extrême violence à l’égard des femmes. Iels ne proposent pas de mettre fin au capitalisme et à la colonisation extractiviste. Iels proposent des lois, et plus de police avec plus de pouvoirs pour faire appliquer ces lois dans nos communautés. Ainsi, alors que nous faisons face à une épidémie de violences policières et de meurtres des nôtres, les politicien⋅nes autochtones répondent à une crise en empirant celles que nous connaissons déjà. C’est l’accomplissement du génocide culturel assimilationniste qui veut « tuer l’Indien pour sauver l’homme ». Avec ce vote, votre participation volontaire et la validation de la violence du système, vous tuez l’Indien et devenez « l’homme ».

La politique tribale, locale et régionale s’inscrit dans le même dispositif colonial qui profite à la classe dominante : les politicien⋅nes s’occupent des lois et du gouvernement, la police et l’armée font respecter la loi, les juges emprisonnent. Peu importe qui et à quelle échelle, aucun⋅e politicien⋅ne ne pourra jamais représenter des modes de vie autochtones dans le contexte d’un système politique établi par le colonialisme.

Une forme moins néfaste d’occupation coloniale relève du fantasme. Le processus de décolonisation ne se fera pas par le vote. Vous ne pouvez pas décoloniser le scrutin.

Rejeter l’autorité coloniale, c’est-à-dire ne pas voter

Voter aux élections des colonisateur⋅ices maintient les autochtones dans l’impuissance.

Notre pouvoir, d’une manière générale, ne nous vient pas d’une règle de majorité non consensuelle, d’une loi imposée par le haut, mais dérive de la relation entre tous les êtres vivants. Il s’agit d’un pouvoir corporel et spirituel qui existe depuis des temps immémoriaux et qui a permis aux peuples autochtones de rester en vie pendant plus de 500 ans d’extrême violence coloniale.

Feu Ben Carnes, un puissant défenseur des Choctaw, est cité dans un article de Mark Maxey à propos du vote des natif⋅ves : « Ma position est que je ne suis pas citoyen d’un gouvernement qui perpétue le mensonge visant à faire croire que je le suis. L’esclavage, tout comme [les lois] Jim Crow, était légal, mais ce qui est légal n’est pas forcément juste. Nous n’avons pas demandé la loi sur la citoyenneté, elle nous a été imposée comme une étape supplémentaire vers le conditionnement mental et social des natif⋅ves et la confiscation de leur identité. C’était également une méthode visant à contourner la clause “Indien⋅nes non taxé⋅es” de la Constitution, et ainsi justifier l’imposition de taxes. Le système électoral étasunien est malade de la corruption qui permet à des candidat⋅es d’être acheté⋅es par l’entreprise (ou lae contributeur⋅ice) la plus offrante. Voter pour le moindre mal est une logique qui justifie l’existence d’un système bipartite. Il n’existe pas de frein ou de contre-pouvoir qui permette de s’assurer que les fonctionnaires respectent la volonté de tous et toutes. L’ensemble du système doit être abandonné, tout comme le gouvernement lui-même. »

Voter ne constituera jamais une « réduction des risques » tant que l’occupation coloniale et l’impérialisme étasunien règnent. Pour guérir, nous avons besoin d’empêcher les préjudices, pas de les amoindrir. Il ne s’agit pas simplement de s’abstenir ou d’ignorer le problème jusqu’à ce qu’il se résolve de lui-même, mais d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et des mesures qui renforcent l’autonomie des peuples autochtones.

Puisque nous ne pouvons pas attendre de celles et ceux qui sont choisi⋅es pour diriger dans ce système qu’iels prennent des décisions qui nous profitent, à nous et à nos terres, nous devons les prendre nous-mêmes. L’action directe, ou l’expression non médiée d’un désir individuel ou collectif, a toujours été le moyen le plus efficace de changer les conditions de vie de nos communautés.

Que pouvons-nous tirer du vote que nous ne pouvons pas directement nous fournir à nous-mêmes ? De quelles manières pouvons-nous nous organiser et prendre des décisions en accord avec nos différents modes de vie ? De quelles façons pouvons-nous rediriger l’immense quantité de ressources matérielles et d’énergie consacrée à persuader les gens de voter vers les services et le soutien dont nous avons besoin ? Comment diriger nos énergies, individuelles et collectives, vers des efforts qui impactent directement nos vies et celles des gens qui nous entourent ?

Il s’agit d’une position non seulement morale, mais aussi pratique, et nous assumons donc nos contradictions. Nous ne nous mobilisons pas en faveur d’une prescription parfaite de la « décolonisation », ou pour une multitude de nationalismes autochtones, mais pour défaire le projet colonial que constituent les États-Unis d’Amérique, afin que nous puissions rétablir des relations justes et saines avec la Terre Mère et tous ses êtres. Notre tendance va vers les luttes anti-coloniales autonomes qui s’interposent et attaquent l’infrastructure sur laquelle reposent les États-Unis et leurs institutions. Fait intéressant, ce sont les régions de nos terres d’origine qui sont les plus menacées par le colonialisme extractiviste. C’est là que le système est le plus enclin à la rupture, c’est la fragilité du pouvoir colonial. Nos ennemis ne sont pas plus puissants que les infrastructures qui les soutiennent. Le résultat brutal de l’assimilation forcée est que nous connaissons nos ennemis mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Quelles stratégies et actions pouvons-nous concevoir pour empêcher ce système de gouverner sur des terres volées ?

Nous ne militons pas pour une solution étatique, pour une politique européenne pseudo-socialiste ou pour aucune forme de fantasme ou d’« utopie ». En rejetant l’abstraction du colonialisme de peuplement, nous ne visons pas à saisir l’État colonial, mais à l’abolir.

Nous ne cherchons rien d’autre que la libération totale.

Sources :

- Principles of Harm Reduction, Harm Reduction Coalition.
- The Citizenship Act of 1924, Joseph Heath, Esq. General Counsel of the Onondaga Nation.
- To Silence a Drum : The Imposition of United States Citizenship on Native Peoples, Alexandra Witkin.
- Challenging American Boundaries : Indigenous People and the “Gift” of U.S. Citizenship, Kevin Bruyneel.
- Custer Died for Your Sins : An Indian Manifesto, Vine Deloria Jr.
- Indian Rights Association, encyclopedia.com.
- Indigenous Act helped complete the work of the 19th Amendment, asunow.asu.edu.
- The Ballot Humbug, Lucy Parsons.
- The Ballot or the Bullet, Malcolm X.
- Act Responsibly : Don’t Vote !, Wendy McElroy.
- Voting vs. Direct Action, CrimethInc.
- Anarchists, Is It Really Our Duty To Vote, Workers Solidarity Movement.
- Indigenous votes matter, Mark Maxey.

[1Note du traducteur (Ndt) : Campagnes visant à faire augmenter le taux de participation aux élections, notamment en insistant sur l’importance de l’inscription sur les listes électorales, puis sur le vote lui-même. Ces campagnes peuvent être menées par des organisations non partisanes afin de renforcer la « participation démocratique », mais aussi par les partis politiques eux-mêmes, en quête d’électeur·ices potentiel·les.

[2Ndt : L’image fait référence à la pratique des militaires britanniques ayant consisté à faire don de couvertures contaminées par la variole à des natif·ves, au moment de la guerre de Sept Ans (1756-1763), dans le but de les exterminer.

[3Ndt : Identité de genre propre à certaines communautés autochtones nord-américaines. Les Deux-Esprits disposent à la fois d’un esprit masculin et d’un esprit féminin, et certaines fonctions cérémonielles ou sociales leur sont parfois attribuées. Cette identité est spécifique aux cultures natives américaines et ne trouve pas d’équivalent strict dans les sociétés occidentales.

[4Ndt : Environ 65 hectares.

[5Ndt : Croyance messianique calviniste selon laquelle les colons étasuniens auraient pour mission divine d’étendre la « civilisation » à l’ouest du territoire nord-américain.

[6Ndt : De 558 000 km² à 210 000 km².

[7Ndt : Plus connue sous le nom de Confédération iroquoise, ou Six-Nations, il s’agit d’un regroupement de peuples autochtones partageant une même aire géographique (le nord-est des États-Unis et le sud-est du Canada actuels) et une même famille linguistique (les langues iroquoiennes).

[8Ndt : Administration étasunienne censée gérer au mieux les affaires des natif·ves, notamment sur la question des droits territoriaux. Elle dispose également d’un pouvoir de police. Elle est souvent critiquée pour ne pas remplir son rôle et participer au pillage des ressources par les grandes entreprises étasuniennes.

[9Ndt : Loi fédérale américaine, souvent appelée « New Deal indien », qui a eu pour objectif d’inverser l’objectif d’assimilation des natif·ves pour renforcer et perpétuer les cultures autochtones. Elle restitue également la gestion des terres aux communautés autochtones.


)

Le texte Le vote n’est pas une réduction des risques – Une perspective autochtone a été publié initialement en anglais (US) le 5 février 2020 sur le site de l’Indigenous Action : Voting is Not Harm Reduction – An Indigenous Perspective

Traduction effectuée par Baazi.

Plus d’infos (en anglais) :

Indigenous Action
https://www.indigenousaction.org/
indigenousaction@@@gmail.com

Táala Hooghan Infoshop / Outta Your Backpack Media Center
1704 N 2nd St., Flagstaff/Kinlani, AZ 86004, USA
https://www.taalahooghan.org/
iainfo@@@protonmail.com

"Our rage knows no borders."



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