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Bruxelles : programme d’Acrata en janvier-février 2019

mis en ligne le 17 janvier 2019 - Lokaal Acrata

Lokaal Acrata
rue de la Grande Ile 32
1000 Bruxelles, Belgique
acrata@@@post.com

Permanences chaque jeudi de 17h à 21h, et chaque samedi de 15h à 18h.

Jeudi 17 janvier - 19h30 - Projection
Revolutionary Road (fiction de Sam Mendes, 2008, 1h59).

Voilà un film qui soulève un peu de réflexion et suffisamment de haine pour
vouloir mettre en pièces d’un seul coup le RÊVE AMÉRICAIN : cette opulente
désolation d’une vie de famille bien rangée et monotone en banlieue
résidentielle. Véritable cauchemar dont l’anéantissement ne serait pas si urgent
s’il ne persistait à ravir le sommeil de tant de nos contemporains jusqu’à
aujourd’hui.
C’est l’histoire de deux êtres déchirés par une aspiration impossible à combler
dans le « vide désespérant » de leur vie quotidienne. Le vide des rôles sociaux,
cette façon de modeler ses attitudes existentielles sur les normes de
l’organisation sociale, et qui nous rend étrangers à nos propres désirs. Le vide
du paraître, qui nous fait vivre dans l’idée des autres, sur le plan de
l’apparence, et selon les images stéréotypées que la publicité trace de
nous-mêmes. Le vide de la séparation, car les circuits de la vie courante – de
l’automobile à la télévision, du domicile au bureau, de l’autoroute aux vacances
– toujours identiques, organisent l’isolement de tous.
Quelque part conscient de tout cela, IL mettra pourtant ses rêves de côté, au
premier prétexte venu – la promotion, l’argent, l’amour des enfants -, avec une
amère facilité qu’on ne connait que trop bien. Bientôt rattrapé par le
quotidien, le dernier éclat de vie s’efface dans la soumission joyeuse au
pouvoir. Et les talents qu’il déployait à rompre l’ennui du travail, une fois
reconnus et homologués, serviront à habiller de couleurs neuves et séduisantes
les vieux rapports d’exploitation. Impossible pour ELLE de renoncer (à vivre
intensément) sans perdre la « raison » ou la vie. La folie est alors une
catégorie commode pour ranger et tenir à l’écart les individus que le pouvoir ne
peut gouverner, les inadaptés qui se moquent des rôles ou les refusent. D’où le
rôle de la psychiatrie, de faire accepter aux gens une société qui les rend malades.
Quelques années plus tard (le livre sort en 1961), le monde de la survie n’étant
plus perçu comme une fatalité par tout le monde, il se trouva des gens pour
entreprendre une révolution de la vie quotidienne. D’ailleurs Revolutionary Road
nous intéresse moins pour ce que l’auteur y exprime de critiques inabouties, et
davantage pour ce que son oeuvre laisse poindre et qui lui échappe.

Samedi 26 janvier - 18h - Discussion
Santiago Maldonado et la lutte des Mapuche

Discussion en anglais à l’occasion de la sortie du livre Wënuy. Por la memoria
rebelde de Santiago Maldonado
(possibilités de traduction).
En partant de deux parcours de lutte qui se sont croisés, celui de Santiago
Maldonado, enlevé et tué par l’État argentin, et celui du peuple mapuche, qui
cherche sans relâche à récupérer son territoire et son identité collective, nous
voulons donner un aperçu des conflits sociaux qui se renforcent dans la région
du monde dominée par les nations argentine et chilienne.
Alors que le capital et les États tentent d’appauvrir et d’aggraver la condition
des prolétaires, qu’il s’agisse des Argentin.es, des Chilien.nes, des Mapuches,
des Qoms, des Wichís ou des migrant.es, les mouvements sociaux se multiplient,
se rencontrent et approfondissent leurs relations.
Mouvements aborigènes, luttes contre l’exploitation minière et forestière,
contre le fracking et l’industrie agroalimentaire, grèves de prisonniers,
mouvement des femmes, manifestations urbaines massives contre la réforme des
retraites et des lois sur le travail… et la liste n’en finit pas.
Les échos de 2001 résonnent à nouveau.

Jeudi 31 janvier – 19h30 – Discussion
Retour sur l’expérience révolutionnaire de 1968 pour nourrir nos
perspectives aujourd’hui

Discussion à partir du texte « Comité d’action ouvriers-étudiants, France mai 68 » par R. Gregoire et F. Perlman.
La rupture de la paix sociale survient souvent de manière soudaine et virulente.
On la cherche, on l’encourage, on la rêve, on bosse dessus, mais elle restera
toujours un saut dans l’inconnu. Une rupture de l’existant momentanée, aussi
souhaitée soit-elle, met en branle nos manières d’agir, nos habitudes de lutte.
Elle demande une réaction immédiate tant qu’une réflexion profonde, or les deux
sont facilement opposables. Pour ne pas être surpris, ébahi par le spectacle,
pour ne pas se retrouver à s’agiter fébrilement tout en laissant s’échapper
plein de possibilités d’action qui approfondiraient la tension sociale, nous
proposons de nous retrouver pour en parler.
Comment penser nos actes en dehors de toute routine, comment se détacher de
l’habitude et de son confort ? Quelles sont nos actions présentes qui peuvent
préparer à la prochaine confrontation, quelles sont les actions que nous
voudrions entreprendre lors du moment de rupture et comment s’y préparer
aujourd’hui ? Toujours dans l’objectif de prolonger l’insurrection, de la rendre
socialement importante, de l’internationaliser, de rendre la révolution sociale
possible et vivante.
Nous voudrions vous inviter à une discussion autour de la brochure de Perlman et
Grégoire « les comités ouviers-étudiants en 68 ». Ils témoignent par ce texte de
leur expérience de lutte lors du Mai 68 français, de leurs tentatives, de leurs
espoirs, mais surtout ils se livrent, dans la deuxième partie de la brochure, à
un retour critique sur leurs propres actions, les limites qu’elles ont
engendrées, les dépassements et les ruptures qu’elles n’ont pas su provoquer.
Outre les questions soulevées, qui peuvent nous éclairer sur nos propres
tentatives d’agitation, de révolte, la critique proposée par Perlman et Grégoire
nous semble assez intéressante que pour être discutée collectivement avec des
personnes qui essayent d’inscrire leur action dans une perspective de révolution
sociale.
La brochure est disponible au local ou ici.

Samedi 9 février – 19h30 – Soirée de soutien
Soirée de soutien pour des prisonniers anarchistes italiens

Venez discuter, boire, manger, chanter pour aider à payer les frais liés à la
défense des compagnons accusés d’avoir posé un engin explosif contre une
librairie fasciste de la Casapound le 31 décembre 2016 à Florence.
– Point info
– Bouffe
– Karaoke
Le soir du nouvel an 2017, un engin explosif déposé devant la librairie fasciste
« Il bargello » éclate au visage d’un policier peu soucieux qui l’enlevait à
mains nues. Le 3 août, le squat historique de Florence est perquisitionné et
expulsé dans le cadre d’une enquête concernant deux épisodes : l’attaque de la
Saint-Sylvestre et le jet d’un cocktail Molotov contre une caserne des
carabinieri à Florence le 21 avril . Ces deux évènements ont depuis lors été
joints à l’« Opération Panico » (entamée l’année précédente) menée contre
diverses actions qui ont eu lieu entre janvier et avril 2016, qui vont
d’attaques nocturnes sur des locaux de Casapound ou de flics à des manifs
sauvages ou encore un banquet antimilitariste. De nombreuses personnes ont été
mises en examen, certaines d’entre elles soumises à des mesures de contrôle
judiciaire puis libérées. Aujourd’hui, trois compagnons sont en détention
préventive inculpés de « tentative d’homicide » et de « fabrication d’explosifs
 », le tout assaisonné d’une « association de malfaiteurs »…
Peu nous importe de savoir s’ils sont coupables ou innocents. Alors que les
locaux fascistes se multiplient sur tout le territoire italien, notre complicité
va à celles et ceux qui décident d’agir sans médiation contre la peste
nationaliste, pour réaliser un monde qui n’ait plus besoin de frontières, de
prisons et d’autorité.