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Avignon : Rencontre-débat sur les Milieux libres, vivre en anarchiste à la Belle époque en France

mis en ligne le 15 février 2008 - Les Chemins non tracés

Présentation du livre de/avec Céline Beaudet, « Les Milieux libres, vivre
en anarchiste à la Belle époque en France », Les Editions libertaires,
2006, 258 p.

JEUDI 28 FEVRIER 2008, 20h30, Maison IV de chiffre, 26 rue des Teinturiers,
AVIGNON.


Les Milieux libres :

Dans les premières années du XXe siècle vont se multiplier des
communautés
dites Milieux libres (ou colonies). Souvent à l’initiative
d’individualistes, elles sont la mise en actes d’espace de liberté ou se
rassemblent ceux qui souhaitent vivre en anarchistes, vivre le « 
communisme », lutter contre le capitalisme et fuir le mode de vie
mortifère (bourgeois, industriel) qu’il génère.
S’il s’agit pour eux de s’émanciper immédiatement sans attendre de grand
soir, ces communautés doivent aussi être des laboratoires de propagande
(par l’exemple et l’expérience économique du « communisme »),
d’éducation,
et les expérimentation ne manquent pas car l’attaque contre l’Etat et le
capital doit aussi passer par toutes les facettes de l’individu (un
travail de déconstruction) : éducation libertaire, lutte contre les
attitudes et habitudes autoritaires, amour libre, égalité des sexes,
végétarisme, etc.
Avec le temps les milieux libristes abandonnent la prétention
d’exemplarité et se concentrent sur la construction de lieux utiles à la
propagande et permettant une cohérence avec leurs idées et une autonomie
de leurs pratiques.

Céline Beaudet nous fait découvrir les influences, les idées, envies,
volontés qui firent naître et vivre ces expériences et nous donne une
autre image que celle qui leur colle en général à la peau : communautés
rurales, apaisée, pacifique, peuplées d’originaux luttant péniblement
pour
survivre matériellement, à la marge, sans efficacité extérieure et vouées
à l’échec.
Loin d’être isolés, ou coupés du mouvement ouvrier, les Milieux libres
sont très impliqués dans la lutte et la propagande anarchiste
(imprimeries, brochures, journaux, conférences) et les individus et
groupes ne restent pas cloisonnés. Ce sont des lieux de passage, de
nouveaux centres de regroupement « des lieux de vie anarchistes » où il
s’agit bien souvent de multiplier les angles d’attaque (syndicalisme,
communisme expérimental, illégalisme, antialcoolisme, naturisme, etc.).
L’histoire « officielle » de l’anarchisme, qui voudrait qu’à la
période de
la propagande par le fait (où les anarchistes ont fait l’expérience de la
violence) ait succédé celle de l’engagement constructif et sérieux des
anarchistes dans le syndicalisme (la CGT), manque donc quelque peu de
nuance. Les conceptions et tentatives autres y sont bien souvent
oubliées,
erronées ou dénigrées.
Ce livre ne cherche pas à les « réhabiliter ». Pour l’auteur, « ce qui
frappe c’est que leurs écrits comme leurs actions sont très souvent d’une
grande force et d’une étonnante actualité. Il ne paraissait donc pas
totalement absurde de faire ressortir tout cela, que ce soit pour
relativiser ce que l’on a tendance à considérer comme « nouveau » dans le
monde qui nous entoure et dans ce que nous tentons de construire, comme
pour avoir quelques repères, quelques pistes sur la façon dont nous
pourrions vivre et agir maintenant ».