A

À plus la gale
Scabei, c’est finiii

mis en ligne le 25 décembre 2025 - Acabiol et Topisrab

... aux galeureuses galèrien·nes

Sommaire

- Introduction
- Présentation de la gale
- Historique
- Le sarcopte de la gale
- Symptôme & (auto)diagnostic
- Diagnostic
- Transmission
- Traitement (de la personne, de l’environnement)
- Protocole
- En amont du traitement
- Le jour du traitement
- Le traitement de toi
- Comment désinfecter l’environnement ?
- Exemples de protocoles
- Après le traitement
- Échec de traitement
- Pourquoi ça peut avoir échoué ?
- Qu’est-ce qu’il est inutile de faire ?
- Qu’est-ce qu’il est utile de faire ?
- Remerciements

Introduction

La gale, on la connaît bien pour l’avoir pas mal fréquentée. On la connaît un peu trop même. On a constaté que beaucoup de personnes dans notre entourage l’avaient déjà chopée, que ça se répand très vite et qu’on se retrouve souvent en errance médicale à enchaîner les échecs de traitements sans réussir à se débarrasser de la bestiole. Du coup on a voulu écrire une brochure sur le sujet qui résume ce qu’on a appris de cette charmante saloperie.

Nous c’est Acabiol et Topisrab ! Deux personnes précaires ayant accès à un logement, une douche, une machine à laver, une sécurité sociale, des docteurs, des traitements en pharmacie et du soutien émotionnel. On n’est pas épidémiologues ni dermatologues, on partage ici ce qu’on a creusé du sujet et notre expérience.

Acabiol fréquente des lieux de passage et des lieux collectifs assez précaires, avec par exemple pas assez de lit pour le nombre de gens et où il y a du coup partage de literie. Il.elle est à l’époque dans un polycule (groupe qui inclut soi, son/ses partenaires et ses métamours, soit les partenaires de ses partenaires) avec plus de chances de se partager la bébète. Il.elle a chopé la gale via une métamour qui elle-même l’avait chopée via une literie partagée. S’ensuit une longue histoire de propagation aux partenaires, environ un an et demi de GALère (mdr).

Topisrab vit en coloc avec trois personnes dans une grande maison mal isolée. Il est en couple plutôt exclusif avec une personne qui vit dans une autre coloc, et avec qui iels se sont refilé la bestiole. À l’origine, il a reçu la gale d’un·e partenaire sexuel·le qui pensait en être débarrassé·e. Il a vécu la période gale avec toutes ces personnes. Ça l’a parfois bloqué pour sortir (peur de transmettre à d’autres) mais ça l’a pas empêché d’aller en manif !

Pour Topisrab, ça a duré un an et demi avec 12 traitements, et 2 ans pour Acabiol avec 8 traitements.

Présentation de la gale

Dans cette brochure on va parler de la gale commune, qui peut être dure à diagnostiquer. Elle est parfois nommée "gale des gens propres" en référence à un soi-disant manque d’hygiène mais c’est faux (avec les informations qu’on va partager par la suite vous allez comprendre pourquoi [1]).Nous on dira juste gale commune.

On ne parlera pas des autres types de gale plus compliquées : gale profuse (autrement nomée "gale croûteuse" ou "gale hyperkératosique", ou encore "gale norvégienne"), souvent liées à un diagnostic tardif, à des traitements inadaptés et/ou à une immunité diminuée (infection par le VIH, immunodéficience, prise de médicaments immunosuppresseurs). Nous ne parlerons pas non plus de la gale du nourrisson ou de la gale animale. À part la gale animale (qui ne survit pas sur les humain·es), tous ces types de gale viennent du même parasite, mais peuvent avoir des symptômes et des protocoles de traitement un peu différents. La gale commune est sans doute celle que tu connais, celle qui gratte mais qui ne fait pas de grosses croûtes partout.

Qu’est-ce que c’est ?

La gale est une maladie de la peau causée par un parasite qu’on appelle le sarcopte scabei hominis, soit le sarcopte de la gale humaine.
La gale est un parasite qui se transmet spécifiquement aux humain·es. On imagine souvent que c’est une maladie d’une autre époque, mais elle est en fait très commune : on estime à 300 millions le nombre de nouveaux cas de gale dans le monde par an [2].

En fait c’est même une maladie de plus en plus contractée : on observe en fRance et dans la plupart des pays occidentaux une augmentation de 10% des cas depuis 2002 [3].

Historique

La gale est une maladie décrite depuis l’antiquité sous de nombreux noms : psora chez les Grecs anciens (de pso, frotter), scabiès chez les Latins (en anglais aujourd’hui, on parle de scabies), on l’a appelée gratelle, rogne... Elle était déjà étudiée en antiquité par les Grecs, les Romains, les pays Arabes et les Egyptiens, mais était souvent confondue avec d’autres maladies cutanées (de la peau).

Le sarcopte a été identifié grâce au microscope en 1834 seulement, mais de nombreuses descriptions et dessins de l’acarien existaient déjà largement avant ça. Les populations concernées n’ont d’ailleurs pas attendu sa "découverte" par des scientifiques et pratiquaient depuis longtemps les traitements au soufre et le retrait du sarcopte à l’aiguille [4].

Traitement

La gale ne guérit pas spontanément, c’est-à-dire qu’il faut se traiter pour s’en débarrasser. Ici on parlera du traitement de la gale comme il est conseillé et souvent pratiqué en fRance aujourd’hui. Il y a peut-être d’autres produits, méthodes et recommandations qui existent selon l’endroit où tu habites.

La gale étant une maladie causée par un parasite, le but est de se débarasser de ladite bébète et de ses oeufs sur toutes les zones où ils peuvent être et se reproduire, soit le corps de la personne contaminée, et celui des personnes qu’elle a potentiellement contaminée, mais aussi son environnement comme dit plus haut : le linge, les draps, les canapés et autres matériaux "absorbants" (plus ou moins textiles dans lesquels les acariens aiment se loger).
Avant de prendre connaissance du protocole de traitement, deux trois trucs à savoir.

Si tu touches avec tes mains une personne qui a la gale, tu peux simplement les laver à l’eau et au savon pour prévenir la transmission, avant que le parasite ne pénètre la peau (le plus rapidement possible, sachant que le sarcopte se déplace facilement sur la surface de la peau, de plusieurs cm/heure). Les solutions hydro-alcooliques ne sont pas efficaces sur le sarcopte, seule l’action mécanique du lavage permet d’éliminer les parasites [5].

Une dermato que nous avons consulté nous avait même parlé de comment ça s’passait à l’ancienne : avant de mettre de l’insecticide en pommade sur le corps, on se frottait à la brosse de chiendent pour "ouvrir les sillons" (un jours de grande déter, vers le 6e ou 7e traitement, j’ai essayé ! Ne faites pas ça chez vous, en fait les produits actuels pénètrent dans la peau donc pas besoin de se faire du mal).

Tous les produits présentés sont acaricides, c’est-à-dire qu’ils vont tuer spécifiquement les acariens. Tous les produits ne vont pas être forcément utilisés en même temps, ça dépend beaucoup de ce que les médecin·es vont te prescrire. On a à peu près tout testé (youpi). Ce sont les produits disponibles en fRance.

La plupart des produits cités sont remboursables, sauf indication contraire, donc faut checker ton/ta médecin·e.

Traitement de la personne

◦ L’ivermectine est une molécule qui peut être distribuée sous forme de comprimés. Il y a plusieurs labos qui commercialisent les comprimés mais ceux qui sont prescrits le plus souvent se nomment Stromectol. Il faut une ordonnance de ton/ta médecin·e pour en obtenir. Une plaquette de 4 comprimés de Stromectol coûte environ 13,12€ (mdr). Le nombre de comprimés à prendre dépend de ton poids : 1 comprimé pour 15kg de poids corporel.

◦ La perméthrine est commercialisée sour forme de crème à appliquer sur la peau, le plus souvent elle est prescrite avec le produit Topiscab. Il n’y a pas besoin d’ordonnance pour en obtenir. Un tube de crème Topiscab coûte environ 16,38€. Elle est contre-indiquée chez les bébés de moins de 2 mois.

◦ Le benzoate de benzyle est commercialisé sous forme de lotion, donc une sorte de crème/lait, qui se nomme en pharmacie Ascabiol. Il n’y a pas besoin d’ordonnance pour en obtenir. Un flacon coûte 12,11€.
L’Ascabiol c’est aussi efficace que les autres traitements, mais ça irrite voire ça crame un peu la peau, est c’est plus chiant à appliquer. Hésite pas à demander à ton/ta médecin·e de changer de produit sur l’ordonnance ! L’Ascabiol est contre-indiqué chez les nourrissons.
Les prix sont indiqués pour se donner une idée de combien ça coûte, ça peut varier mais une partie est remboursée sur ordonnance (65%) et le reste par ta mutuelle, ta complémentaire santé solidaire (C2S, ancienne CMU-C) ou ta poche.

Traitement de l’environnement

L’A-par est un acaricide (pesticide) commercialisé en pharmacie sous forme d’aérosol désinfectant antiparasitaire. On met que celui-là parce que c’est le seul recommandé. Une bouteille de pschit coûte entre 15€ et 20€ selon où tu l’achètes (difficilement chourrable, en pharmacie il est derrière le comptoir), et ça fait chier mais il t’en faudra bien deux. On explique pourquoi dans la partie protocole. Il n’est pas remboursé par la sécu, même si ça devrait. Cependant, y’a des consultations pour les personnes sans couverture maladie où iels en donnent gratos : les permanences d’accès aux soins de santé (PASS), médecins solidarité Lille (MSL).

En plus de ces frais vont s’ajouter les frais de traitement du linge que tu vas devoir laver, et donc utiliser une machine chez toi/dans une laverie. Tout ça fait vite très cher, ce qui peut mener à plus d’échecs de traitement quand t’es précaire.

On nous a déjà refusé des prescriptions de traitement alors qu’on était sûr·es de sûr·es d’avoir la gale. Si ça t’arrive, tu peux essayer d’aller voir un·e autre médecin·e et de lui dire qu’un·e de tes partenaires sexuelles a été diagnostiqué.e de la gale, et que tu as des symptômes ("ça te gratte beaucoup, surtout la nuit").

Si tu ne peux pas aller voir un·e médecin·e pour x raisons, tu peux demander à des proches d’y aller à ta place pour tenir un discours type ci-dessus pour qu’iels te filent le traitement.

On peut aussi réfléchir à partager collectivement les frais de traitement. La gale est malheureusement une maladie collective qui se propage aussi parce que certaines personnes ont moins accès à des traitements efficaces. Plus le traitement est effectué correctement, moins on doit remettre de la thune à cause d’une réinfestation !

En plus, ces traitements ne sont pas anodins pour la santé : le pschit A-Par est irritant pour les voies respiratoires et donc pas bon du tout pour les personnes asthmatiques ("la literie traitée ne doit pas être utilisée dans les 12 heures suivant l’application du produit" précise la notice), les comprimés d’Ivermectine peuvent aggraver les démangeaisons (prurit) en début de traitement (généralement de courte durée) et est contre-indiquée chez les personnes de moins de 15kg, les personnes enceintes ou allaitantes [6]. Donc autant ne pas avoir à refaire les traitements trop de fois.

Protocole

Le traitement consiste à s’attaquer à la bébète qui se trouve sur ton corps, mais aussi potentiellement dans l’environnement. Il faut faire le traitement le même jour pour tous les membres du même foyer, ainsi que les personnes avec qui les membres du foyer entretiennent des contacts directs, prolongés ou répétés.

Mais qui sont ces contacts ?

Pose-toi 5 minutes pour faire le point

Les medecin·es ne sont pas d’accord sur la question "est-ce qu’il faut traiter tout le monde ?" dans la maison. On nous a tout conseillé, de "nettoyez toute la baraque et vos colocs avec" à "même pas la peine d’en parler à vos cohabitant·es". Ce n’est pas parce qu’une personne a la gale dans un lieu de vie que les autres l’ont par magie, ça se transmet principalement par contact physique ou par linge/literie.

Ça nous paraît donc intéressant de se demander si chez toi vous partagez tout ça fréquemment, et si plusieurs personnes commencent à être atteintes de symptômes, s’il faut enlever le tapis de bain et avoir son torchon individuel. Ce sur quoi il n’y a pas de doute en revanche, c’est qu’il faut traiter toustes ses partenaires sexuel·les en même temps que soi, et toutes les personnes qui se traitent doivent le faire le même jour. Même si t’es pas sûr·e de l’avoir, parles-en à ton entourage.

Mieux vaut prévenir une personne chez qui tu vas dormir, quitte à reprogrammer les câlins à plus tard.

En amont du traitement

Mieux vaut reculer la date du traitement et être bien préparé·e, que de se précipiter et d’oublier certaines étapes, qui par la suite vous feront douter de votre rigueur ("oops, il me manque un slip propre, pas grave j’peux reprendre celui d’hier toute façon ça me gratte pas à cet endroit"). Par exemple, deux semaines avant votre première dose de traitement, vous préparez vos tenues propres dans un sac hermétique que vous n’ouvrirez que le jour j+1. Ainsi, vous n’aurez aucun doute sur le fait que vos tenues soient décontaminées. Un vêtement décontaminé est soit lavé à 60°, soit n’a pas été porté ni été en contact avec des matières textiles (potentiellement) contaminées depuis 2 semaines. Cette partie n’est pas à négliger car il arrive qu’à cause de la fatigue on baisse notre vigilance, et on ne se souvient plus qu’est-ce qui est propre ou sale, qu’est-ce qui est contaminé ou non. Vous pouvez vous faire un "planning spécial gale", avec des petits dessins, explication "quoi faire au réveil le jour j quand j’ai la tête dans l’cul", tout est bon à prendre pour vous faciliter la tâche.

Se couper les ongles des pieds et des mains, car à force de se gratter, les sarcoptes peuvent se loger sous les ongles (et ça évite de trop s’abîmer la peau si on se gratte).

Le jour du traitement

Mettre tout le linge de la literie (couette incluse si pas pschitée), le linge de toilette et le linge personnel dans une machine à 60°C (c’est pour ça qu’on a pas envie de le refaire plusieurs fois). Pour le linge ne supportant pas cette température (doudou antinucléaire, gants tricotés par une copaine, cagoule, ...) : le mettre dans un sac hermétique (type grand sac poubelle), pulvériser dedans le produit A-Par (dans une pièce bien aérée), fermer le sac pendant au moins 4 heures.

Si vous n’utilisez pas de produit A-Par, vous pouvez stocker vos affaires dans des sacs hermétiques pendant minimum 2 semaines. On propose d’attendre 2 semaines pour être sûr·e. Car le sarcopte survis en dehors de son hôte pendant plus de 4 jours, et les œufs, qui mettent jusqu’à 10 jours pour éclore, sont résistants aux acaricides (à toi de voir combien de temps vous pouvez supporter vos vieux vêtements pas stylés).

Le traitement de toi

◦ Pour le Stromectol : prendre les comprimés en une seule fois. On l’a pris à 2h de distance des repas (en suivant les recommandations).

◦ Pour le Topiscab ou l’Ascabiol :
• prendre une douche avec un savon doux et se sécher
• appliquer le produit sur tout le corps
• insister au niveau des lésions (là où ça gratte), les plis, nombril, sous les ongles. Pour l’Ascabiol, appliquer avec un pinceau ou une compresse, ça permet de bien passer partout (en 2 couches successives, à 10-15 minutes d’intervalle). Mettre des moufles aux bébés pour éviter qu’ils n’ingèrent le produit. Pas la peine d’appliquer sur le visage, les muqueuses et les cheveux (mais un pote médecin nous dit qu’il faut traiter le cuir chevelu, donc le crâne)
• laisser le produit agir selon le temps indiqué (8h en moyenne pour Topiscab, 24h pour l’Ascabiol). Si vous devez vous laver les mains, mettre à nouveau le produit après
• prendre une douche après le temps de pose en utilisant des produits pour peaux sensibles. Le traitement peut abîmer la peau.

Comment désinfecter l’environnement ?

La désinfection de l’environnement doit se faire dans les 12h qui suivent le traitement médicamenteux. 12h, c’est le temps qu’il faut pour que les médocs agissent et que les sarcoptes meurent.

Un conseil : diminuer le nombre d’objets dans votre environnement, pour diminuer les risques et les efforts de ménage. Par exemple, vous pouvez ramasser votre tapis au grenier quelques mois le temps que cette mauvaise période passe.

Les oreillers, couvertures, couettes, matelas, canapés en tissus et toutes autres surfaces textiles (chaussures, peluches...) avec lesquels vous avez été en contact depuis moins de 7 jours doivent être traités :
◦ pulvériser l’A-Par à 30 cm de distance sur ces objets, dans une pièce bien aérée. Ne pas utiliser les objets pendant 12h.
◦ ou bien, isolés-les pendant au moins une semaine.
◦ passer l’aspirateur, nettoyer l’aspirateur (jeter le sac ou désinfecter le réservoir).

Une transmission par des matériaux inertes comme le bois, le métal ou le plastique est plus rare, mais il est quand même conseillé de passer l’aspirateur sur les sols au moment de la désinfection des lieux, par exemple aux cas où des squames de peaux avec le sarcopte (ou œuf) seraient tombées après grattage ou hors d’un sac mal fermé contenant des vêtements contaminés. Vous pouvez profiter de cette étape pour faire un gros ménage de fond dans les chambres, un peu dans le salon, rapidement dans la cuisine.

Et on refait tout ça 7 jours plus tard !

Ce qu’on a tué avec la première dose de traitement, c’est les sarcoptes adultes, nymphes et larves. Un deuxième traitement sept jours plus tard est obligatoire car les différents produits utilisés sont inefficaces sur les œufs, qui éclosent jusqu’à 10 jours plus tard. Nous on a déjà testé de refaire le traitement 10 jours plus tard, mais les médecin·es et les notices disent de refaire une semaine plus tard (parfois dans les 8 à 15 jours) [7].

Du coup on refait tout, traitement de l’environnement, de soi, de ses partenaires sexuel·les et en fonction des situations, de ses colocs.

Exemples de protocoles

Mettre le linge à laver à 60° le matin du jour J. Mettre tout ce qui ne passe pas à 60°C dans des sacs plastiques hermétiques, 2 semaines au moins si pas d’acaricide. Pschiter le matelas dans la foulée. Le soir (12h après), passer l’aspirateur sur le matelas puis nettoyer l’aspirateur. Prendre le traitement 2h après avoir mangé. Se couper les ongles courts, prendre une douche et appliquer la crème. Dormir sur un matelas gonflable à côté du lit, dans un duvet non utilisé depuis plus de deux semaines. Le lendemain, reprendre une douche pour enlever les restes de crème et mettre des vêtements décontaminés. Le soir du J+1, dormir dans le lit avec des draps propres. À J+7, refaire l’intégralité du traitement (environnement et tout).

Exemple de protocole d’une pote : "Moi je faisais l’option moins intense (que j’ai beaucoup pratiquée) de dormir dans mon lit normal (pas désinfecté) la nuit du traitement, et le bomber le lendemain matin et redormir décontaminée dedans le soir ! Ça me paraît largement suffisant."
La recommandation des médecin·es c’est le traitement de la personne à J0, et traitement de l’environnement à J1.

À un moment, on était tellement parano qu’on étendait notre linge décontaminé (donc lavé à 60°C) en utilisant des gants à usage unique pour ne pas recontaminer le linge avec nos mains pas encore traitées. On sait pas à quel point c’est utile.

Un autre protocole détaillé :
recomedicales.fr/recommandations/gale/

Le cycle de vie du parasite est toujours le même, mais on souhaitait partager différents protocole pour rappeler que parfois il n’y a pas une bonne manière de faire, donc ça sert à rien de se chamailler avec vos colocs/cohabitant·es sur "c’est quoi la meilleure méthode la plus efficace". Trouvons plutôt un protocole qui nous convienne à toustes !

Après le traitement

Que dire aux personnes avec qui on a envie de contact étroit, prolongé et fréquent ?

On pourrait considérer que l’on n’est plus contagieux·se 24h après le traitement, car l’acaricide a détruit les sarcoptes adultes et les larves. Mais attention, 10 jours environ après le premier traitement de nouveaux œufs peuvent éclore ! Il vaut mieux ne pas être en contact étroit, prolongé et fréquent avec une personne en cours de traitement.

Exemple des précautions demandées aux visiteureuses à l’hôpital, qui viennent voir une personne qu’a la gale :
◦ port de surblouse manche longue à usage unique.
◦ éviter les contacts avec la personne en dehors du visage, durant les premiers jours du traitement.
◦ ne pas s’asseoir sur le lit ou y déposer des vêtements.
◦ ne pas sortir d’objet de la chambre.
◦ ne pas emporter le linge avant les consignes de l’équipe soignante.
◦ ne pas utiliser les toilettes de la chambre.
◦ se laver les mains en sortant. En cas de gale profuse : proscrire tout contact.

Souvent, ça gratte encore (jusqu’à plusieurs semaines), ou bien ça peut faire des picotements. Pas de panique ! Plusieurs facteurs peuvent donner l’impression qu’il y a ré-infestation.

Les produits utilisés pendant le traitement sont agressifs et irritants pour la peau. L’Ascabiol peut accentuer un eczéma déjà présent, ou entraîner une sécheresse de la peau. Et comme dit plus tôt, l’Ivermectine (les comprimés) peut même accentuer le prurit (les grattements) après la prise. Si c’est le cas, tu peux demander un émollient (crème hydratante, huile, beurres ou autre) ou des antihistaminiques (antiallergènes) à ton/ta médecin·e et voir si ça se calme.

Le prurit est censé dimininuer en quelques jours après le traitement, mais peut parfois persister pendant 2 semaines, soit parce que ta peau est un peu flinguée par les produits, soit par stress. On a peu de sources sur le sujet mais on parle visiblement d’acarophobie. Le prurit est parfois long à disparaître de part son ancrage psychologique et la phobie que suscite cette parasitose [8].

Être englobé·e dans un contexte de gale où ça prend du temps, ça gratte potentiellement depuis longtemps et où on a peur de la refiler à d’autres, ça n’aide pas à se sentir bien dans son corps et à séparer les symptômes de la gale du stress.

Si tu as des nodules (comme dit dans la partie "symptômes"), ils peuvent persister plusieurs semaines après le traitement sans que ça signifie qu’il y a réinfestation.

Tout ceci dit, il arrive que ça continue de gratter longtemps, et que d’autres personnes se mettent à avoir des symptômes...il faut alors se demander si ce n’est pas un échec de traitement.

Échec de traitement

Rassurez-vous, ce n’est pas grave, ce n’est que la gale ! Et des fois on a juste pas de chance. Apparemment on peut considérer que le traitement est un échec s’il n’y a pas de diminution des symptômes 8 à 30 jours après avoir tout bien fait comme il faut [9]. Mais comme on l’a vu précédemment, des fois on a des symptômes alors qu’en vrai on a plus rien. Alors comment on peut savoir si c’est un échec ou non ? Si t’as l’occasion de (re)passer un examen parasitologique, on te conseil donc d’attendre 4 semaines après la deuxième prise. Si c’est positif, bas on est désolé pour toi mais va falloir refaire. Mais attention, si lae dermato voit rien sur son dermatoscope ça veut pas dire que tu l’as plus.

Des personnes ressentent encore un prurit plusieurs semaines après un traitement, et ça peut simplement venir d’une réaction inflammatoire du corps humain. Penser à : une irritation par le traitement, un eczéma de contact, une parasitophobie d’infestation cutanée [10].

Pourquoi ça peut avoir échoué ?

◦ La majorité du temps, c’est que les cas contacts ne se traitent pas bien en même temps ou pas assez, ou pas comme il faudrait [11].
◦ Mauvaise désinfection de l’environnement. Par exemple il est conseillé de désinfecter le(s) siège(s) de la voiture entré(s) en contact avec la gale [12].
◦ Mauvaise application du traitement : ne pas en avoir mis partout (bien dans les plis de la peau, sous les ongles, ...), ne pas en avoir remis sur les mains après les avoir lavées, etc.
◦ Réinfestation par une autre personne.
◦ Rechute liée à une résistance au traitement (dans de rare cas) [13]. Si on est sûr d’avoir tout bien fait, ça vaut peut-être le coup de tester une autre molécule.

Qu’est-ce qu’il est inutile de faire ?

◦ S’autoflageller.
◦ Se dire qu’on ne sait pas s’laver.
◦ Penser être vraiment nul·le.
◦ Ne plus voir ses ami·es.

Qu’est-ce qu’il est utile de faire ?

◦ Prendre rendez-vous avec un·e médecin·e. Le mieux, c’est qu’on t’examine au dermatoscope pour chercher la bestiole.
◦ Chercher sur soi s’il y a des lésions spécifiques qui ressemblent à des sillons de la gale.
◦ Vérifier si dans ton entourage proche d’autres personnes commencent à avoir des symptômes.
◦ Si ça passe pas, refaire un traitement.
◦ Dédramatiser la situation : tout le monde peut avoir la gale.
◦ En parler, informer tes proches (mais pas de panique, ça ne se refile pas en se serrant la main ni en se faisant la bise).
◦ Soulager les démangeaisons. En attendant d’avoir un traitement ou qu’il fasse effet, il y a quelques solutions pour ne pas enchaîner les insomnies de grattage :
• se laver avec un savon ph neutre, sans alcool (diminution de l’irritation)
• se laver à l’eau pas trop chaude, tiède voire même froide
• après une douche, se sécher en tamponnant, sans frotter
• éviter la laine, plutôt porter des tissus doux type coton
• se couper les ongles courts pour éviter les lésions en grattant
• si ça démange tapoter ou frotter doucement
• appliquer un émollient (sans parfum ni huile) [14]
• demander un antihistaminique [15] à la médecine.

[1Cette maladie souffre toujours de préjugés : certaine personne pense que la gale est une pathologie de la pauvreté et du manque d’hygiène. Même si les milieux défavorisés sont souvent touchés, toutes les classes de la population peuvent être contaminées. La gale des gens propres est d’ailleurs, elle aussi, une forme de plus en plus courante. La gale sarcoptique humaine, thèse en pharmacie, Sophie Lajarthe, 2011.

[2Prise en charge de la gale à l’officine et problématiques associées, thèse en pharmacie, Munier Charlotte, 2014, p.18.

[3Nouveau profil épidémique de la gale humaine dans un cabinet de médecine générale de la Métropole Lilloise, thèse en médecine, Anaëlle Grujon, 2017, p.39.

[4Les traitements de la gale à travers les âges, thèse en pharmacie, Thomas Lerouge, 2015, p.8.

[7Notice de Ivermectine sur la base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr.

[9"Vous ne saurez pas, pendant 4 semaines, si le traitement a été totalement efficace", notice de Ivermectine sur la sur la base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr.

[10Cette phobie peut provoquer des sensations de démangeaison par peur que ces bestioles se logent ou se déplacent sous la peau et du coup, provoquer des lésions cutanées dues aux tentatives d’extraction et d’élimination des parasites. On la confond souvent avec le délire de parasitose ou Syndrome d’Ekbom, dont la symptomatologie est proche mais à l’air d’être plus vénère (wikipedia). Le délire de parasitose ou d’infestation peut aussi être secondaire à une prise de drogue. Topisrab associe parfois sa consomation de cannabis à des sensations de démangeaisons, de picotements, de grouillements ou fourmillements.

[11Nouveau profil épidémique de la gale humaine dans un cabinet de médecine générale de la Métropole Lilloise, Anaëlle Grujon, 2017, p.39.

[12La gale sarcoptique humaine : maladie, épidémiologie, diagnostic, traitements et prise en charge à l’officine, Elodie Oustric, 2014.

[13« La résistance parasitologique n’a été recherchée que rarement par la réalisation de tests "maison" difficilement reproductibles. Les deux premiers cas de résistance clinique à l’Ivermectine, objectivés par une étude in vitro provenaient de patients appartenant à la communauté aborigène d’Australie, communauté dans laquelle la gale sévit de façon endémique. Ces deux patients souffraient d’une gale hyperkératosique et avaient reçu respectivement 38 et 50 doses d’Ivermectine ». Survenue de un ou plusieurs cas de gale. Conduite à tenir, du Haut Conseil de Santé publique, 2012.

[14Crème hydratante. Attention si tu appliques un émollient à base de vaseline sache que comme c’est un dérivé de pétrole c’est très inflammable, même sec.

[15Médicament qui réduit ou élimine les effets de réactions allérgiques (dont urticaire, prurit, ...), et qui peut provoquer une somnolence diurne et des troubles cognitifs.


Remerciements

Merci aux (re)lecteur·ices professionnel·les de la santé et non-professionnel·les (Ours, Thérèse, Patchine,TBob), merci à celleux qui ont contribué à ce travail direct-et-indirectement, et déjà merci à celleux qui y contribueront ! Contacte-nous pour des conseils, modifications à apporter à cette brochure, accéder aux documents présentés... et pour nous envoyer des mots doux <3

francegale[chez]herbesfolles.org



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