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Disjoncté.es

mis en ligne le 22 octobre 2025 - disjonctedelamygale

Des fois on en a RAS-LE-BOL !

Rires, colères, blagues, coups de gueules, balades, pleurs, c’est ce que l’on partage à deux. On essaie de parler. La plupart du temps, ça reste dans nos carnets malgré l’omniprésence et les conséquences des violences sexuelles dans notre quotidien. Il est temps de partager ces témoignages qui dorment dans nos placards. Et à toi qui as mal, on aimerait que tu te sentes moins seul·e.

Il y a quelque temps, une idée a germé : l’envie de créer un espace d’expression à nous parce que peu d’espaces permettent de raconter, de déposer ce qu’il nous est arrivé, de raconter les impacts sur la vie de tous les jours, sur les relations, etc. Et de créer un outil permettant aussi de raconter ce qui est vécu sans devoir toujours et encore expliquer, raconter, se faire violence lorsque l’on n’en a pas la force, ou que c’est encore trop vif. Et pourquoi pas, que les personnes dites alliées prennent position sincèrement, en étant informées et de manière active (il y a plein de genoux à péter et nous, on est fatiguées et souvent paralysées).

Nous avons choisi de parler des mécanismes de survie face aux évènements traumatiques et de leurs conséquences. Un sacré truc qu’il nous a été essentiel de comprendre pour pouvoir avancer.

Avec cet écrit, nous vous faisons part de ce que l’on a compris, de ce que ça veut dire au quotidien de devoir gérer le sentiment de culpabilité, les émotions débordantes et lutter pour se sentir légitime !

L’objectif est de se faire du bien !

Les Disjoncté·e·s de la mygale

"Je ne veux pas être forte.
Je ne veux pas être courageuse.
Je veux retrouver ma légèreté."
TOUCHÉES, 4ème de couverture

Acte TRAUMATIQUE

Chaque personne a ses propres limites face à un événement violent. Cet évènement va devenir traumatique lorsqu’il va dépasser la compréhension logique de la personne ou lorsqu’elle va être surprise ou en danger de mort (physique ou mental).

LA SIDÉRATION

La sidération est un état de survie, qui peut engendrer des syndromes post-traumatiques plus ou moins invalidant pour les victimes.

Lorsqu’une personne subit un événement violent, son corps se met en alerte. L’amygdale cérébrale produit alors de l’adrénaline et d’autres drogues produites par le cerveau. Ce phénomène permet de rentrer en action rapidement. Le cortex cérébral se met en fonctionnement également pour analyser la situation et stimule l’hippocampe qui contient la mémoire. Dans un contexte où l’acte n’est pas traumatique, le cortex et l’hippocampe modulent, affinent puis arrêtent l’activité de l’amygdale.

Lorsque l’acte est un non-sens, donc traumatique, le cortex cérébral et l’hippocampe tournent en rond, car ils ne trouvent pas de manière d’agir. L’amygdale continue de secréter des hormones qui sont toxiques, voire mortelles lorsqu’elles sont en surdoses. Pour ne pas atteindre cette limite de stress, le cerveau disjoncte le circuit responsable du stress. La personne agressée ne peut alors plus réagir, plus ressentir et plus enregistrer ce qui se passe. Ce phénomène est la sidération.

SIDÉRÉ

Il est difficile de commencer par un bout lorsque les souvenirs reviennent tard, après d’autres évènements.

Ça m’est revenu il y a quelques mois, j’avais entre 5 et 6 ans. Je me réveillais dans un camping installé dans un champ à côté du jardin de mes parents. C’était lors du mariage de mon oncle et ma tante, je pense, en tout les cas, il y avait un évènement familial et je ne connaissais pas tout le monde. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis resté tard à regarder les gens se réveiller, se préparer et partir prendre leur petit déjeuner. Au bout d’un moment, le camping était presque vide. Quand les souvenirs me sont revenus, j’ai ressenti le danger jusqu’au fond de mon corps. Un homme, que je connais, serviette sur l’épaule, grand, d’un certain âge, vient dans ma direction. Je me lève et attrape mes affaires pour aller déjeuner. Je n’ai pas le temps de partir que je sens l’homme derrière moi qui m’attrape, me retourne. Je découvre que les douches, des tissus cachant une palette avec un tuyau d’eau servant de pommeau de douche, sont juste derrière moi. Il me fait entrer dans une douche et trou noir.

Je ne me souviens pas de la suite. Je ne me souviens de rien de cette fête. Cet évènement est revenu dans ma mémoire que 20 ans après. Ensuite, je flotte. Je ne ressens rien, je ne vois plus rien. Je me regarde de haut comme sur un nuage au-dessus d’un corps, mais rien ne me pénètre, je ne ressens plus les émotions.

Après, il s’est passé plusieurs années : mon enfance. J’ai peu de souvenirs, la plupart sont faits des moments photographiés. Je les ai beaucoup feuilletées ces photos pour me souvenir.

Je ne voulais pas faire tâche petit. Je faisais ce que l’on me demandait, ce qu’il fallait faire sans savoir de quoi j’avais envie. À l’intérieur, c’était la guerre, mais je n’ai pas pu parler. Je ne me souviens que depuis peu. 20 ans de dissociation semi voir totale, c’est un peu comme passer à côté de la vie…

Anonyme

« Ton agresseur avait choisi cette fille avec soin. C’est plus rapide, moins dangereux et même moins fatigant d’agresser une personne qui a déjà subi des violences. Une victime qui n’a pas été soignée se dissocie presque instantanément, les agresseurs savent les repérer, ils savent qu’elles ne se débattront pas, et qu’ensuite, elles ne pourront rien dire (…). Le principal facteur de risque de subir des violences est d’en avoir déjà subit. »
La petite fille sur la banquise, P.167

Conséquences POST-TRAUMATIQUES

Les violences sexuelles et leurs impacts traumatiques sont universels, le traumatisme entraîne des manifestations à court, moyen et long terme comme des cauchemars, le souvenir de l’événement qui surgit dans les pensées ou le fait de se tenir en permanence sur ses gardes. Celles-ci diminuent le plus souvent au fil du temps, grâce aux ressources que nous trouvons en nous-mêmes et autour de nous pour faire face au traumatisme. Quand ces manifestations persistent après plusieurs semaines et perturbent de manière importante notre quotidien, il peut s’agir d’un trouble de stress post-traumatique.

La dissociation et l’amnésie traumatique sont des symptômes caractéristiques de l’état de stress post-traumatique.


Parce que nous avons eu besoin de comprendre ces mécanismes pour comprendre nos histoires, et parce que les notions de sidération et dissociation sont utilisées dans le langage courant, nous avons choisi de décortiquer ici les notions de dissociation traumatique et de mémoire traumatique consécutive à l’état de sidération. Parce que cet apprentissage nous a rendu plus fort·e.


Les explications suivantes sont tirées des travaux de Julie FRANCOLS, Psychologue clinicienne, spécialisée en psychotraumatologie et de Dr Murielle SALMONA, Psychiatre et fondatrice de l’association mémoire traumatique et victimologie.

Pourquoi n’a-t-elle pas dit non ? N’a-t-elle pas crié, ne s’est-elle pas défendue ? N’a-t-elle pas fui ?

Dans les situations de stress extrême, l’effraction psychique peut générer un effet de sidération expliqué avant. Par cette « déconnexion », la souffrance physique et la détresse psychique ne sont plus ressenties ; la victime est comme paralysée dans son corps et dans sa pensée, elle ne ressent plus la douleur ni la panique et ne peut plus réagir de façon adaptée face au danger. Elle est comme « anesthésiée », vivant la situation avec une impression d’étrangeté, de dépersonnalisation et de déréalisation ; elle peut se sentir extérieure à elle-même, comme spectatrice de l’événement. La victime se trouve en état de « dissociation traumatique  ».

Tant que la victime reste en contact avec son·a ou ses agresseur·euses, le danger et la sidération persistent ainsi que le stress extrême, et le mécanisme de sauvegarde biologique continue d’être enclenché, produisant chez la victime un état de dissociation traumatique chronique.

Témoignage illustré de Carlotta Lux

Témoignage illustré de Carlotta Lux

Comme la victime ne ressent alors ni les émotions, ni les douleurs provoquées par les violences, elle les banalise et les tolère d’autant plus. Cette absence de réaction et ces sentiments d’irréalité aggravent les doutes et les sentiments de culpabilité chez la victime et l’empêchent d’identifier la réalité de ce qu’elle a subi, de dénoncer, de revendiquer ses droits et de se reconnaître comme victime. Cet état de dissociation peut être réactivé longtemps après l’événement traumatique, lorsque la victime est contactée par son ou ses agresseur·euses ou se confronte aux faits ou à la recherche d’éléments de compréhension de son histoire.

Ce mécanisme de survie, en plus de créer une « disjonction » du circuit émotionnel, provoque également la disjonction du circuit de la mémoire.

Cette déconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe empêche la mémoire émotionnelle d’être traitée et intégrée en mémoire autobiographique. L’hippocampe ne peut pas réaliser son travail d’encodage et de stockage de la mémoire ; la mémoire sensorielle et émotionnelle reste donc bloquée dans l’amygdale cérébrale, prisonnière dans le circuit émotionnel.

C’est ce que les psys appellent « la mémoire traumatique ». Elle contient, mélangés, à la fois le vécu et les ressentis de la victime, les violences et leur contexte, les paroles et les émotions du ou des agresseur·euses. Le contenu de la mémoire traumatique se retrouve hors du temps, hors de toute possibilité de traitement et d’intégration, et peut rester ainsi « coincée » durant des mois ou des années.

Iels parlent alors d’amnésie traumatique : « incapacité de se souvenir en totalité ou en partie d’éléments importants d’un événement traumatisant » (Salmona, 2018).

La mémoire traumatique sera réactivée un jour où quelque chose, un objet, un bruit, une sensation, une situation lui fera écho et laissera échapper les réminiscences de l’épisode traumatiques. Les réminiscences sont le retour à l’esprit d’un souvenir non identifié comme tel.

La sortie de l’amnésie traumatique désorganise l’équilibre de vie de la personne ; La mémoire traumatique surgit de nulle part et crée le chaos dans la vie de la victime. Elle agit comme une bombe à retardement prête à se déclencher à tout moment, incontrôlable et dévastatrice, qui vient confronter la victime qui revit sous forme de flashbacks l’horreur de l’épisode traumatique. Elle revit la douleur, la terreur, la détresse émotionnelle. « Comme si » l’événement était en train de se reproduire. La victime revit ce qu’elle a vu, entendu, agit et ressenti, « comme si » l’épisode se déroulait au présent, et ce, jusqu’à plusieurs dizaines d’années après l’événement traumatique.

A contrario, les souvenirs stockés dans la mémoire narrative autobiographique sont flexibles et évolutifs ; ils se dégradent avec le temps et perdent en précision et en intensité.

Ces réminiscences plongent la personne dans une grande confusion, ne sachant plus différencier ce qui est vrai ou faux, ce qui a réellement existé ou ce qui est imaginé. Les victimes expriment souvent l’impression de devenir folles, de perdre la tête ; et, n’ayant pas confiance dans leurs souvenirs, elles n’osent parler de ce qui les hante et les terrorise. Elles se retrouvent de fait généralement seules face à leurs cauchemars et leurs réminiscences, et vont tenter de trouver des solutions pour se protéger.

Face à ces « relents traumatiques » et à la détresse émotionnelle qu’ils génèrent, la victime, pour se protéger, peut mettre en place un certain nombre de stratégies en multipliant les conduites d’évitement et de contrôle. Ces stratégies sont très coûteuses en énergie et limitantes, voire handicapantes dans la vie sociale et relationnelle des personnes : évitement de situations, de contextes, de pensées, d’émotions... La victime va adapter sa vie en fonction des éléments contextuels à éviter pour ne pas déclencher le ressort de la mémoire traumatique. Elle va s’installer dans un état d’hypervigilance et de contrôle permanent. Les conséquences peuvent être très importantes : perte d’emploi, rupture des relations sociales, isolement, etc.

Lorsque les conduites d’évitement ne suffisent pas et que la mémoire traumatique envahit le corps et la psyché, la victime peut mettre en place des conduites plus radicales encore : des conduites dites dissociantes. Il s’agit ici de redéclencher la disjonction du circuit émotionnel, comme lors du traumatisme, en augmentant le niveau de stress dans l’organisme. La victime recherche le stress extrême pour provoquer ainsi la libération des drogues anesthésiantes. Pour cela, elle peut recourir à des conduites autoagressives ou des conduites de mises en danger, ou bien encore à une consommation excessive de drogues ou d’alcool. Une fois le circuit émotionnel « disjoncté » et les drogues secrétées, elle se sentira de nouveau comme « anesthésiée », physiquement et affectivement, et n’éprouvera plus l’angoisse insupportable provoquée par les réminiscences ou la difficulté à accepter les faits.

Selon Julie Francols, les situations de viols et d’agressions sexuelles sont les événements les plus traumatogènes et donc les plus susceptibles de provoquer un état dissociatif et une amnésie traumatique.

J’étouffe ! Halète ! Suffoque !! Plane au-dessus de mon corps ! Je me regarde et me déteste !!!

Je suis vidé de tout ce que j’ai, je me sens boulet, boulette de ne pas pouvoir être dans la douceur. Remplie de tristesse, je suis. Je débloque complètement. Je me sens perdu, avançant à travers un courant où les vagues sont de plus en plus forte.

Je me sens épuisé de vouloir m’implanter, de lutter, de divaguer. Le temps devient mon ennemi, je ne profite pas de l’instant. Je me sens seule et lorsque je suis entouré, je ne sais que dire, faire, je flotte. Je flotte sans réussir à toucher terre. Je flotte, ma tête est lourde. Hier, avant-hier où il y a un mois, un ressenti, un déjà-vu inconnu, une sensation de malaise, l’envie de vomir. J’ai revécu une sensation, une émotion appartenant à avant.

Une pénétration par un objet tenu par un autre, objet froid, dure, vaet-vient qui me donne le tournis, entre douleur et plaisir. Je me retrouve tétanisé, dissocié, mal. Une masse noire au-dessus de la tête, un terrible poids dans le corps. Incompréhension, mal-être : À quoi ça rime ?

Ces derniers jours, comme régulièrement ces dernières années, c’est fade et flou. Je me sens bloqué, bloqué dans mes mouvements et dans ma tête qui ne veut pas s’arrêter. J’essaye de comprendre, de me rappeler, mais page blanche.

Lorsque je mets la bouilloire à chauffer, j’oublie de mettre l’eau dedans. Je fais brûler les casseroles, j’oublie des rendez-vous, des choses que j’ai dit que je ferais.

Je ne ressens pas grand-chose. Ni haut et bas, je m’ennuie dans une mer noire et gluante. Les rires et rencontres ne me touchent pas ou peu, j’ai l’impression d’avoir des serpents et couleuvres qui sortent de ma bouche. Je suis vaseuse.

Lorsque je te parle ma tête s’égare, et je ne sais plus de quoi nous parlions les minutes d’avant.

C’est étrange, car tout continue, mais c’est comme si je me déplaçais dans un grand silence, un silence froid, sans fin. L’espace est vide et je suis là sans pouvoir accrocher mon regard et ressentir.

Lorsque des personnes me parlent, leur voix est loin, de l’autre côté de la glace sur laquelle je marche. Je les perçois, mais doit me concentrer pour capter l’arrêt du grésillement qui attend réponse. Je regarde sans voir, essaye de dire ce que je pense, ce qui me paraît tenir la route. Ce sont des bégaiements et des phrases sans queue ni tête qui reviennent à mes oreilles.

Ce matin, je ne savais plus ce que tu avais dit hier. Je m’adapte, sors des phrases toutes faites, mais au fond, je me sens mal, l’impression de trahir celles et ceux qui m’entourent, de te trahir toi.

Lorsque tu m’accompagnes, je ne vois pas la situation de mes yeux, mais comme si j’étais allongé sur un nuage et que j’observais la scène. Je me commente, je me détaille, je me tire des balles dans le dos, me juge, …

La petite voix dans ma tête parle en même temps que toi, elle recouvre presque ta voix et celle des autres. Je dois me concentrer pour suivre, parfois, je me perds et ne sais plus répondre, je ne sais plus quelle était la discussion. L’ardoise qui me sert de cerveaux a été effacée, je me sens bête, vide.

Cela fait deux ans que je parle consciemment d’une agression subie : une vraie drôlerie, 3 semaines de viols chaque soir et matin par un hôte, que je pensais ami.

Depuis ce temps, beaucoup de choses ont évolué. Je me fais accompagner, j’ai mis des mots sur d’autres agressions. J’ai pris de la distance avec celles et ceux que j’aime ou j’aimais avant, j’ai déménagé, j’ai été de nouveau violé, attouché, je suis hypersensible, je me suis retrouvé seul, au mot viol, j’ai appris à ajouter le mot inceste.

Je suis tombé amoureuse, j’ai eu mes premiers orgasmes non simulés, j’ai été bien, mal, très mal, mieux.

J’ai appris à avoir un espace à moi, je me suis fait manipuler. J’ai eu des projets. Des personnes ont profité de mes faiblesses.

Une chose me suit et a été mon état durant plusieurs années : l’état de dissociation. Il a été difficile à comprendre. Maintenant, j’essaye de le détecter pour ne pas me blesser encore plus et apprendre à me protéger. Il survient souvent et pour un rien.

Dans beaucoup de relation intime ou moins, il ne me permet pas de me prémunir face à des agresseur·euses ou des émotions. Je dissocie avant de pouvoir donner mon consentement. À cet état se rajoutent des réminiscences qui apparaissent. Elles débarquent fréquemment lorsque je m’y attends le moins.

Ces souvenirs, ils ne me semblent pas très importants dans les faits, mais ils sont insupportables dans les émotions, dans le ressenti. Je ne sais d’où ils viennent parfois et à qui ils sont reliés.

Pendant plusieurs jours, des partenaires n’ont pu me toucher, je sursaute lorsqu’ils s’approchent. Certains sont mal aussi. J’ai honte, le dégoût de moi-même et la culpabilité de leur imposer d’être les déclencheurs, les déclencheuses de ma douleur.

La plus violente date de cet été : un cauchemar, ou plutôt une réminiscence sous forme de rêve, où même réveillé il continua.

JE ME SUIS RÉVEILLÉ EN PANIQUE : J’avais l’impression que quelqu’un etait là ! 20

Dans la cabane que je louais. J’ai attrapé mes lunettes, allumé la lumière : Personne. Je me suis levé d’un coup, ai fermé la porte et essayé de tourner la clé. Je n’y suis pas arrivé. J’ai eu peur, j’ai sentis une présence qui me voulait du mal, qui allait revenir. J’ai essayé de me résonner et me suis recouché.

Je ne pouvais pas. Je me suis relèvé pour de nouveau essayer de fermer cette porte à clefs. Impossible, j’ai réessayé 2, 5,... 10 fois.

J’ai fini par défaire la clé, l’ai prise avec moi et me suis recouché en la mettant entre mes doigts tout en me disant que je planterais la personne qui rentrera. Je n’ai pas dormi jusqu’à partir au travail.

Il m’a fallu plusieurs jours pour remettre la situation rêvée en lien avec la réalité. Cet homme me hante. Cette terreur revient régulièrement, je ne me sens plus en sécurité nulle part et surtout, j’ai peur la nuit, peur de dormir seul, ce qui est nouveau.

Les souvenirs me surprennent et sont décousus. Ils surviennent par exemple lorsque l’on me propose une banane, lorsque je prends une douche, etc.

Des illuminations ? Je ne peux pas croire tout ça à la fois, un, deux, trois, quatre… ça me semble impossible. La phrase toute faite qui vient de s’écrire tout d’un coup dans ma tête est

« C’EST IMPOSSIBLE ».

Je suis folle :
Qu’est-ce que ça veut dire si c’est vrai ?
Mais dans quel but ?
Pourquoi ?
C’est ça l’enfance ?
C’est quoi ce monde de merde ?

Jusque-là, mon cousin, un gars, un autre qui ne me demande pas mon consentement, un autre qui me viole sur une longue durée toutes les nuits, un autre qui ne comprend pas que je n’en ai pas envie, … et d’autres histoires de rues, d’attouchements…

OK, j’acceptais, je pensais que oui, c’était possible, que oui ces personnes, ces hommes jeunes, pourquoi pas. Mais là, ça devient trop. C’est mon vécu, ce sont mes souvenirs mais pourquoi ont-ils toujours cette coloration de l’inceste, du viol, de la manipulation ?

Je me demande souvent où je suis là-dedans, dans cette famille, dans cette société. Quels sont les espaces et moments malléables où j’existe ? Ce corps, où est-il ? Comment sert-il ? À qui ? Mais comment est-ce que l’on peut vivre avec des gens sans être en danger ?

A.R.R.E.T - S.U.R - I.M.A.G.E

Trop violent d’accepter, de poser les mots, de laisser aller le cerveau pour assimiler ces nouvelles informations.

Mon corps me brûle, j’ai les articulations qui lancent. Je me sens épuisé de la tête, de trop penser, ressentir, de vouloir être partout sans arriver à bien faire les choses.

Je suis stressé en permanence, aucune pause dans ma tête. Elle fonctionne à dix mille à l’heure. Mes émotions sont à fleur de peaux. Je sens que dans mes épaules ça tire, je ne suis plus que nerfs bloqués. Courir, courir, courir, je ne sais plus m’arrêter, car la fuite ne fonctionne pas. Je reste et je suis ballotté dans tous les sens.

Un engrenage est lancé, c’est comme s’il y avait eu un peu d’huile et depuis trop de pluie et que la rouille se mettait partout.

Je passe mon temps aux aguets et ai peur de sortir pour le moment. Peur du dehors, et en même temps l’impression d’étouffer de l’intérieur. Des espaces agréables et en même temps pleins de tristesse, de grisaille.

Cet état revient régulièrement. Lorsque je ne suis pas dans cette léthargie, je dois apprendre à gérer mes émotions, à les ressentir. Elles étaient recouvertes par ce brouillard. J’apprends aussi à vaincre ma peur des réminiscences et ne pas partir en crise de panique.

J’ai eu une enfance floue et maintenant mon quotidien ressemble souvent à ça !

J’aimerais qu’ils aient plus mal que moi, que ce soit leurs vies qui soit impactées. Mais je n’éprouve pas de colère, je n’ai pas la force.

La force, il faut la trouver tous les jours pour déconstruire ce que j’ai appris, se retrouver nu, face à des codes, des interactions et autres, sans outils, face à mes émotions, dangers, relations. Et ensuite, il faut aussi beaucoup d’énergie pour trouver de quoi s’habiller, tester certaines choses pour reconstruire malgré ces souvenirs qui parfois font tout dégringoler.

Anonyme

« Ces fantômes qui s’agitaient en silence dans leur monde intime explosent au grand jour, sous forme d’un syndrome psychotraumatique, ils surgissent plusieurs années après, comme si ça venait d’arriver »
Mourir de dire, la honte p.111


"C’est fou comme tu es sensible, c’est une vieille histoire tout de même"
La petite fille sur la banquise, p. 112


16 ans, nuit de fête. Je n’ai pas réagi quand ce mec a mis ses doigts dans ma chatte, alors que je dormais. Je voyais bien ce qu’il se passait, ma voix intérieure était bien présente, j’étais prise par surprise. Ne surtout pas bouger, faire croire que je dors, il va s’arrêter. Ne pas respirer, ne pas bouger. Mais bordel, il n’a pas fini ! Il ne voit pas que je dors, que mon corps est mort ? Il tripote un cadavre.

La voix intérieure / le corps. Pas de lien entre les deux.

Qu’est-ce qu’il se raconte ? C’est ça une relation sexuelle ? Mais je n’ai rien demandé moi, je dormais, et puis je suis défoncée, c’est comme irréel.

Après un temps interminable (vraiment, en vrai), je reconnecte à mon corps et je m’écris « j’ai chaud » en me retournant violemment. Il s’arrête. Il se colle à mon dos. Je ne m’endors pas, je me recroqueville. J’attends le matin sans bouger, ne surtout pas bouger, ne pas respirer. Nous sommes au moins 5 dans la chambre, ce sont mes ami.e.s, j’ai confiance en elles/eux. Je pouvais largement me débattre, crier, m’enfuir, le pousser.

Rien. Je n’ai rien fait. J’ai dit « J’ai chaud », après une éternité.

Je me souviens très clairement de cette scène, je n’ai pas l’impression d’avoir été plus traumatisée que ça sur le moment. Honteuse oui, surtout de ma réaction bizarre, mais j’ai quand même pu en parler à une amie et elle m’a cru, son copain m’a même proposé de réagir, de lui parler. Je leur ai demandé de ne jamais en parler à personne. La honte. La honte qui protège les agresseurs, qui installe le déni, la peur. Qui fait se sentir seule.

Ce qui s’est inscrit en moi de manière consciente cette fois-là et qui ne me quittera plus, c’est cette idée que « mon corps me trahit », cela affectera beaucoup ma sexualité, mon rapport à mon propre désir. C’était difficile de ressentir mon désir, mais j’étais tellement perméable au désir de l’autre, étouffée par le désir de l’autre, écrasée. Difficile de savoir si je désire vraiment, moi. Et incapable de l’exprimer ou d’en parler. On m’en fera souvent le reproche. La honte. Le déni.

Ce que je comprends aujourd’hui, c’est que j’étais sidérée lors de cette agression, et que ce n’était pas la première fois. C’était même une conséquence des agressions incestueuses subies dans l’enfance aux alentours de 7 ans. Aucune aide, aucune écoute à mes appels à l’aide (ni à l’école, ni dans la famille), aucune prise en charge émotionnelle. À tel point que je pensais avoir tout inventé. J’étais nulle, seule, en admiration de cette personne qui avait abusé de moi.

Et vas, te construire en tant que femme avec ça ! Pour la suite de ma vie, je vais dealer avec ce sentiment d’insécurité affective et d’infériorité. Piétinée.

Une amie m’a dit récemment que je lui avais dit être mythomane lorsque nous nous sommes rencontrées, j’avais environ 13 ans. J’avais oublié.

Encore aujourd’hui, et malgré le témoignage de mon agresseur, je ne me rappelle pas des « faits ». Mon cerveau a disjoncté ! Un trou noir, des sensations, des émotions. Je sais que je ne serai pas tranquille tant que je ne saurai pas précisément comment qualifier ces abus sexuels incestueux. J’ai déjà la chance d’avoir été confirmée dans mes ressentis. Je ne suis pas une menteuse, je l’ai découvert il y a 3 ans, lorsque mon agresseur a parlé, soit environ 27 ans après les faits. Ces abus dans l’enfance expliquent beaucoup de choses selon moi, les angoisses et les crises de larmes sans motifs dès que je vois ma famille, les conduites à risque depuis l’adolescence, une estime de moi au ras des pâquerettes, le nombre de connards qui m’ont mis des mains au cul ou tripoté dans mon sommeil, les douleurs chroniques, le sentiment de solitude, la colère, la honte et les difficultés à identifier mes émotions en temps réel, à les nommer.

Bloquer tout ça dans le corps pour ne rien laisser paraître.

La dissociation est une arme utilisée contre moi qui me rends très vulnérable face aux prédateurs sexuels.

Septembre 2010, les vendanges, j’ai 24 ans. Il y a dans l’équipe un de ces prédateurs/ manipulateurs. Nous sommes 4 ou 5 filles dans l’équipe de saisonniers. Il me choisit, moi, me viole dans mon sommeil, je dissocie immédiatement et pour tout le reste de la période de vendange, je suis à sa merci, menacée, humiliée, sous emprise. Je passe les vendanges dans un état d’hébétude, discrète, calme. Je me répète en boucle « c’est bientôt fini, ça se termine bientôt ». Je ne dis rien. J’ai peur. Il me surveille, son regard est partout. Je ne me douche pas, la porte de la salle de bain n’a pas de verrou. Je quitte l’équipe au plus vite et minimise les faits jusqu’à les oublier.

Pendant 6 ans.

Mais durant ces 6 années, j’avais une colère monstre en moi, je me suis battue à plusieurs reprises, j’étais agressive, sur la défensive, je commençais à blinder ma carapace. Je me sentais vulnérable, j’avais perdu mon côté casse-cou, j’ai commencé à avoir des phobies, des crises de panique, de l’asthme, des insomnies, du psoriasis, des ruminations, des idées noires, une fatigue intense, une perte de sens.

Et puis PATATRA, la mémoire traumatique s’est fissurée grâce à un interrogatoire bien bourrin sur mes troubles sexuels de la part de mon partenaire. J’arrive à parler de cet épisode en quelques phrases, mais je me rends compte que c’est très confus, que je n’y ai plus repensé, qu’il manque beaucoup d’éléments dans ce que je raconte. Sa réaction est une phrase du genre « mais comment ça t’as pas réagi, j’ai jamais entendu parler de ça ! », suivit d’une colère froide.

J’étais pétrifiée. Pourquoi je n’avais pas réagi ? Aucune idée. Culpabilité.

Et les souvenirs sont remontés pendant les deux années qui ont suivi.

Ma mémoire est toujours partielle concernant ce viol, mais j’ai pu reconstituer assez d’éléments du puzzle (à grand coup de crise d’angoisse, d’images intrusives et de sensation/flash-back). J’ai pu m’entourer d’ami.e.s informé.e.s et/ou formé.e.s et/ou concerné.e.s et de mon médecin génial (qui me diagnostique un syndrome post-traumatique sévère) pour aller jusqu’à la plainte en 2018. Il a fallu un effort de titan pour me confronter à ces souvenirs-sensations, et surtout pour me faire confiance. Je n’avais que moi pour me souvenir, pour être certaine que je n’invente rien, faire confiance aux intuitions et attendre que les souvenirs remontent pour les confirmer. Je me rappelais, je ré-oubliais, je devais noter lorsque ça revenait avant d’oublier de nouveau. M’enlever de la tête que « j’invente, que je dramatise ». Faire des formations, lire des livres, pleurer devant des films, entrer dans le cercle bienveillant et tellement soutenant des féministes. Dire, parler, écouter, accompagner, recouper, m’insurger, comprendre les mécanismes. J’avais la sensation qu’il n’y avait plus que ça dans ma vie, des discussions glauques, des histoires glauques, des rêves glauques.

Je n’en pouvais plus, tellement dure la réalité. Tellement protecteur le déni.

J’ai réussi à porter plainte, quasi déguisée en inspectrice des impôts, aisselles rasées, pour qu’on me prenne au sérieux. Depuis, il ne se passe rien du côté de la justice. J’ai fait mon job, j’ai alerté.

Nous sommes en 2023, il m’a fallu 27 ans pour accepter de n’avoir pas réagi lorsque j’étais enfant, pour faire confiance à mes souvenirs et mes ressentis, pour ne plus penser que mon corps est un traître. Il m’a fallu attendre mes 30 ans pour comprendre que, ce qui m’a sauvé la vie m’a aussi rendu la vie impossible.

Anonyme

Illu de Marion

J’ai six ans, pas sûr, j’ai neuf ans, c’est sûr, car je vérifie ce jour la date de sortie du disque de Sheila, l’école est finie.

Les voisins viennent chez nous avec un électrophone. Ils ont une fille, copine de ma sœur, elles dansent. Lui, me dit de danser aussi, je ne le fais pas. Ma mère me dit de cesser de faire mon intéressante et ma « sainte-nitouche ». Je porte une robe courte et des chaussettes et si je tourne vite, on voit mes cuisses et ma culotte. Lorsque je vais chez eux, à côté, il me dit d’approcher, ses mains remontent le long de mes jambes et viennent fourrager à l’intérieur et me volent ce que je devrais expérimenter moi-même, ses mains sont chaudes, il n’y a pas de violence, il y a toutes les violences, les graines sont semées.

Nous déménageons, j’ai treize ans. Quand ils viennent chez nous, il tourne très vite la tête pour que ses lèvres tombent sur ma bouche. J’ai seize ans, je vomis un peu après les repas, vite fait. Un seul sein pousse, je ne veux pas, je n’ai pas de règles. J’ai dix-huit ans, le médecin de famille m’appelle « la basketteur ». Je voudrais être filiforme. Ma mère me mène à une consultation gynécologique hospitalière, les cuisses écartelées devant les externes. On me donne des hormones. Je suis renfermée, inhibée, solitaire.

Je lis et découvre un livre fondateur et me dis : « quand je ne pourrais plus tenir, je sais qu’il y a cela ». Je décide aussi que l’on m’aimera pour moi et pas pour mes fesses. Les grandes robes et les chemises deviennent des remparts contre les regards.

J’ai vingt et un ans, je suis vierge et en prison. Je rencontre un garçon qui ne me touche pas, qui bouscule mon silence, nous défonçons les portes ensemble. J’ai vingt-trois ans, je pousse la porte d’un psy pour la première fois.

J’ai soixante-huit ans, je prends soin de mon corps, je le regarde vieillir, il est doux, il est à moi.

Anonyme

Illu de Chloé Peiterman

"Une fois le livre sous presse, je n’aboierai plus. J’aurais enfin d’autres choses à dire"
La Petite fille sur la banquise, p.124

MAIS NE COMPTEZ PAS SUR NOUS POUR NE PLUS ABOYER !

Et pour finir, on remercie :

Les personnes qui ont témoigné et qui nous ont fait confiance Les potes qui nous ont prêtées une maison pour écrire La maison sous l’orage Les personnes qui nous ont encouragées à écrire ce fanzine Celles qui auraient aimé écrire, mais pour lesquelles ce n’était pas le moment Les chéri·e·s d’amour qui ont illustré ou relu cette brochure Les personnes qui nous écoutent et qui essayent de comprendre Les personnes qui ont cherché, écrit tous ces livres, brochures, podcasts, films et articles, qui nous font du bien Le chat pour ses câlins Et l’atelier FLUO puis Martin de RISOME

NUMÉROS & CONTACTS D’URGENCE

Dans l’urgence :
114 - En remplacement du 15, 17 et 18 pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques, dysphasiques
112 - Les services d’urgence européen
15 - Les urgences médicales (SAMU)
18 - Les pompiers

Pour trouver une écoute, des infos et être orienté :
3919 - Violences Femmes Info

Pour signaler des violences sexuelles et/ou sexistes :
Se fait en ligne ou au 17 ou 112
Tchat en avant toutes

Si vous souhaitez trouver des ressources pour vous aider ou aider vos proches, vous pouvez contacter :

 Association polyvalence, Les objectifs de Polyvalence sont de recevoir, entendre, écouter et diffuser la parole - de dénoncer toutes les violences

 L’AIVI, association internationale des victimes de l’inceste. Elle a pour “vocation de militer contre l’inceste, d’informer le grand public et les professionnel·le·s sur l’inceste et ses conséquences, et de mettre à disposition des survivant·e·s de l’inceste et de leurs proches des outils d’entraide.

 Mémoire Traumatique et Victimologie. Association pour la formation, l’information et la recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Une mine d’informations précieuses. Cette association ne prend pas en charge directement les victimes de violences.

 AREVI. Association d’action/recherche et échange entre les victimes d’inceste au moyen de différents supports (groupes de parole, ateliers thématiques, forums internet, etc.). Nos familles, et plus largement, la société, nous ont imposé le silence sur nos histoires d’inceste ; pour aller mieux, nous devons sortir de cette situation d’isolement et rompre ce silence nocif”.

 CIIVISE, Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants : Groupe de recherche à partir de témoignages dans le but de formuler des recommandations pour mieux prévenir les violences sexuelles, mieux protéger les enfants victimes et lutter contre l’impunité des agresseurs. Un rapport est disponible sur leur site. -Pour en finir avec l’Inceste : évènement d’information, de sensibilisation et de prévention 2023 à Forcalquier. Des conférences et autres actualités sont disponibles sur leur chaîne Youtube et leur Facebook.

SOURCES

Utilisé dans le fanzine :

• Touchées, ZUTTION Quentin, Payot Graphic, 2019
• Mourir de dire, la honte, CYRULNIK Boris, Odile Jacob, 2012
• Pour en finir avec le déni et la culture du viol, SALMONA Muriel, 2016
• L’amnésie traumatique dissociative : les mécanismes neuro-biologiques à l’œuvre et les conséquences sur les démarches judiciaires, FRANCOLS Julie, 2021
• La petite fille sur la banquise, BON Adélaïde, GRASSET, 2018

BIBLIO

Pour plus d’infos et pour approfondir :

EN BD
• Quand on te fait du mal, PONTI Claude et SALMONA Muriel, Brochure pour les maternelles, Association Mémoire traumatique et Victimologie,
• Emotions, enquêtes et mode d’emploi. Tome 3- Les différentes parts de soi. ART-MELLA, POURPENSER éditions, 2020
• C’est comme ça que je disparais , Mirion Malle

EN PODCAST ou RADIO
• La fille sur le canapé, JAH NJIKE Axelle, Nouvelles Ecoutes
• Ou peut-être une nuit, PUDOWSKI Charlotte, Louie media
• Violences sexuelles : Révoltons-nous, GONTIER Agnès et YOBÉ Youna, résonance sonore
• Violé.es : une histoire de domination, LSD la série documentaire, France culture _ • 20 000 lieux sous ma chair, POTHIER Caroline, le coeur sur la table, Binge Audio

EN FILM / DOCU / SERIES
• Apnée, DE CAZENOVE Baptiste, LABAN-MATTEI Olivier, 2019
• Festen, VINTERBERG Thomas, 1998 _ • Grâce à Dieu, OZON François, 2018
• L’enfance abusée, GUERET Eric, documentaire France 2, 2018
• Les chatouilles, BESCOND Andrea, 2018
• Sans frapper, POUKINE Alexe, 2022
• Violences sexuelles dans le sport, l’enquête ARTE, 2020
• Violences sexuelles : la sidération psychique, SALMONA Muriel, youtube
• En 1986, le premier témoignage télévisé d’une victime d’inceste suscitait des réactions sidérantes, THOMAS Eva, France info, 2021

EN LITTERATURE / ESSAI / ARTICLES

De l’autobiographique…
• Un si long silence, ABITBOL Sarah, Plon, 2020
• La petite fille sur la banquise, BON Adélaïde, Grasset, 2018
• Le petit vélo blanc, B. Cécile, Calmann Lévi, 2015
• À ventre ouvert, LLY Hélène, Les points sur les i, 2021
• Triste tigre, SINNO Neige, P.O.L, 2023
• L’inceste ne fait pas de bruit, des violences sexuelles et des moyens d’en guérir, CLAVIER Bruno et GAUTHIER Inès, PAYOT, 2021
• Au moins, croyez-nous, croyeznous.blackblogs.org, récits de survivantes, brochures ...

et d’autres...
• Mourir de dire, la honte, CYRULNIK Boris, Odile Jacob, 2012 $
• Le berceau des dominations, DUSSY Dorothé, anthropologie de l’inceste, Edition _ • _ • La Discussion, 2013
• Empathie, contagion émotionnelle et coupure par rapport aux émotions, FAVRE D. et al. Enfance 4/2005 (Vol. 57), p. 363-382
• Guérir d’un abus sexuel, LOUBOFF François, Les Arènes, 2028
• Ta vie sauvée enfin, MILLER Alice, Flammarion, 2017
• Le rapport d’enquête IVSEA Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte, SALMONA Laure et SALMONA Muriel, Enquête de l’association Mémoire Traumatique et victimologie, 2015
• Le livre noir des violences sexuelles, SALMONA Muriel, Broché, 2013
• Mémoire traumatique et conduites dissociantes. SALMONA M., In Coutanceau R, Smith J (eds.). Traumas et résilience. Paris : Dunod, 2012
• Frères et sœurs, inceste sous silence, THIERY Dominique, le bord de l’eau, 2018
• Le soi hanté, VAN DER HART O., et al., Paris, De Boeck, 2010.

ET BIEN D’AUTRES ...

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