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Aimer ses parents n’est pas un devoir. Vom Recht, seine Eltern nicht lieben zu müssen.

mis en ligne le 30 mars 2025 - melitruc

Chapitre 1

2020 : j’écris ce texte
dans ma langue étrangère préférée
2015, 5 mois avant sa mort
mon père demande à son frère
si celui-ci peut trouver
les adresses
de ses quatre enfants.

2010 : La psy que je consulte
pour des douleurs chroniques
me demande
comment je me sentirai
quand mon père mourra
sans que je l’ai revu.

2000 : je coupe les ponts
avec mon père

Chapitre 2

Comment vais-je ?
je vais bien, lecteurices, très bien.
je suis satisfaite et même fière
d’avoir pris
la bonne décision
au bon moment
sans me laisser dissuader
de prendre mes distances
de ne plus le rencontrer
de ne plus être en contact avec lui
une décision
possible
parce que j’ai reçu
une autonomie
matérielle
financière
psychologique

Je vais bien
maintenant que je sais
que mes demi-frères et soeur aussi
n’avaient aucun contact avec lui

Je vais bien
maintenant que j’ai entendu
tant de voix raconter comment
les parents peuvent être mauvais
maintenant que j’ai appris que
on a le droit de ne pas voir ses parent.e.s
on a le droit de ne pas aimer ses parent.e.s

Je me suis protégée
moi-même
toute seule

Toute seule j’ai porté
cette lourde culpabilité
j’ai eu honte
je me suis cachée
et malgré le poids
de la culpabilité et de la honte
j’allais mieux
sans avoir de contact avec mon père

Le temps de la culpabilité est révolu
Je suis fière.

Chapitre 3

Aimer ses parents n’est pas un devoir.
Je vous renvoie la question :
Pourquoi devrais-je aller mal ?
Pourquoi les enfants
qui coupent les ponts
devraient être pathologisés ?
Pourquoi est-ce moralement répréhensible
de se dérober à ses parents ?
Pourquoi voyez-vous seulement
les ponts coupés par les enfants
au lieu des faits et gestes des parents ?

Pourquoi les enfants devraient
aimer leurs parents à tout prix
indépendamment de leur souffrance ?
Ma réponse est :
Aimer ses parents n’est pas notre devoir.
Aimer n’est pas un devoir.
Nous pouvons prendre nos distances
autant que nécessaire.

Chapitre 4

Parent.e.s, il faut qu’on parle.
Ecoutez ce que vos enfants adultes
ont à vous dire
toustes les enfants
Celleux qui vont mieux
parce qu’ielles ont coupé les ponts
Celleux qui ne vont pas mieux
parce qu’ielles n’ont pas (encore) pu
couper les ponts
Celleux qui ont trouvé une manière
de faire avec vous malgré tout
Celleux qui passent leur vie
à vous pardonner
Celleux qui croient que c’est
leur faute quelque part
Celleux qui vivent tous les jours
avec peur cauchemars et contraintes
Tous les enfants

Parent.e.s, écoutez vos enfants.
nous ne prendrons pas en compte
que vous avez eu la vie dure
nous ne prendrons pas en compte
combien vous nous aimez
comment vous avez travaillé dur
ni les sacrifices que vous avez fait

ce ne sont pas des justifications
cela ne compense pas les maux
les bonnes intentions ne suffisent pas
votre amour ne justifie aucune souffrance
nous n’avons pas à être reconnaissant.e.s
il n’y a pas de circonstances atténuantes
nous connaissons le capitalisme,
le racisme, le sexisme,
le validisme et aussi
les conditions de vie difficile
que vous et nous avons eu

ni le capital culturel
la reconnaissance sociale
les convictions politiques
rien ne vous protège
de ce que nous avons à vous dire.

que vous soyez coupable ou non
n’est pas (forcément) le problème
le problème est
que vous êtes responsables
de ce que vous avez fait

Chapitre 5

Parent.e.s, vous devez écouter
quand nous coupons les ponts
il ne s’agit pas de vous
mais de nous
mais de notre (sur-)vie
nous voulons une vie
faite de relations avec des gens
qui nous font du bien
qui ne renient pas notre amour-propre
qui nous soutiennent tel.les quel.les
et non avec des gens
qui veulent décider à notre place
qui nous font violence
qui ne nous croient pas

Chapitre 6

Ce n’est pas facile
oui, c’est super dur
d’élever des enfants
oui, il n’y a pas de parent.e parfait.e
oui, le patriarcat nous isole encore
dans des cellules familiales
et c’est trop bête.
oui, vous êtes parents dans un contexte
insupportable et pénibles
dont une des conséquences
est que vous faites des erreurs
tout le monde fait des erreurs

rares sont celleux
qui réparent leurs erreurs

quand vos enfants vous tournent le dos
demandez-vous, demandez-leur
écoutez-les
écoutez les encore et encore
réparez vos erreurs
tant que c’est possible.

Chapitre 7

Enfants, mes adelphes
aimer nos parents n’est pas un devoir
nous n’avons aucune obligation
envers nos parents
ni celle de pardonner
ni celle d’oublier
nous avons le droit de nous taire
nous avons le droit de partir
le droit de demander des comptes
le droit de ne pas faire ce qu’iels veulent
nous avons le droit d’être qui nous voulons
à la place de ce que nos parent.e.s veulent
nous avons nos propres besoins
nous avons nos propres limites
il n’y a que toi qui puisse les tracer
tu peux les poser

ta voix compte
j’entends ta voix
quand tu es en colère
j’entends ta voix
quand tu es triste
j’entends ta voix
quand tu racontes
j’entends ta voix
quand tu es désespéré.e
Nous t’entendons
nous sommes avec toi
nous sommes innombrables.

Ecrivons
nos histoires
ensemble

Kapitel 1

2020 schreibe ich diesem Text
Lieber in meiner geliebten Fremdsprache
2015 und sechs Monaten vor seinem Tod
fragte meiner Vater seinem Bruder
ob dieser nicht die Anschrift
seiner vier Kinder
herausfinden könnte.

2010 fragte mich meiner Therapeutin
die ich wegen chronischer Schmerzen
besuche
Was aus mir wird
wenn mein Vater stirbt
ohne dass ich ihn wiedergesehen hätte.

2000 breche ich faktisch
den Kontakt zu meinem Vater ab.

Kapitel 2

Wie geht’s mir ?
mir geht’s gut, Leser*in, sehr gut
ich bin zufrieden und im Nachhinein stolz
an den richtigen Zeitpunkt
die richtige Entscheidung
getroffen zu haben
ohne mich ausreden zu lassen
abstand zu nehmen
ihm nicht mehr zu treffen
kein Kontakt mit ihm zu haben.
Eine Entscheidung
die möglich war
weil ich materiell,
finanziell
und psychologisch
Autonomie
bekommen habe

Mir geht’s gut jetzt
nachdem ich weiß
dass meinen Halbgeschwistern
auch keinen Kontakt hatten

Mir geht’s gut jetzt
seitdem ich erfahren habe
von so viele Stimmen
wie schlimm Eltern sein können
seitdem ich gehört habe
es ist okay seine Eltern nicht zu sehen
es ist okay seine Eltern nicht zu lieben
ich habe mich geschützt
ich mich
ganz alleine
ganz alleine habe ich
große Schuld getragen
mich geschämt
mich versteckt
trotz der Last
dchuld und Scham
ging’s mir besser
ohne Kontakt zu meinem Vater.
nun ist die Zeit der Schuldgefühle vorbei
Ich bin stolz.

Kapitel 3

Eltern lieben ist keine Pflicht.
die Frage stelle ich euch zurück :
warum auch sollte es mir schlecht gehen ?
warum sollen Kinder
die den Kontakt abbrechen
pathologisiert werden ?
warum ist es moralisch verworfen
sich den Eltern zu entziehen ?
warum sieht ihr nur
den Kontaktabbruch des Kindes
statt die Taten und Verhalten der Eltern ?
warum müssen Kinder ihre Eltern
auf jeden Preis lieben
ungeachtet von ihren Leiden ?
meine Antwort ist :
wir Kinder müssen nie unsere Eltern lieben.
Liebe ist keine Pflicht.
wir dürfen soviel Abstand nehmen
wie gut für uns ist.

Kapitel 4

Eltern, wir müssen reden.
Hört zu, was eure erwachsenen Kinder
euch sagen wollen.
all die Kinder,
Denen es besser geht
weil sie mit ihnen abgebrochen haben
Denen es nicht gut geht
weil sie mit ihnen (noch) nicht abbrechen können
Denen ein Weg gefunden haben
trotz allem mit euch umzugehen
Denen ihren Leben damit verbringen
euch zu entschuldigen
Denen irgendwo glauben
es muss auch ihre Schuld gewesen sein,
was ihr getan habt
Dene jeden Tag in Angst,
Alpträume und Zwänge leben
All die Kinder
Eltern, hört eure Kinder zu.
wir werden nicht berechnen
wie schwer ihr es selber gehabt hat
wir werden nicht berechnen
wie sehr ihr uns liebt
wie hart ihr gearbeitet habt
wieviel Opfer ihr für uns gebracht habt
es sind keine Rechtfertigung
es wägt das Schlimme nicht aus
gute Absichten reichen nicht aus
eure Liebe rechtfertigt kein Leiden
wir müssen nicht dankbar sein
es gibt keine mildernden Umstände
wir wissen von Kapitalismus
Rassismus, Sexismus,
Ableismus und noch so viel mehr
von schweren Lebensbedingungen
worunter ihr und wir gelitten haben
weder kulturelles Kapital
soziale Anerkennung
politische Gesinnung
nichts schützt euch vor dem
was wir zu sagen haben.
es geht nicht (immer) darum
ob ihr Schuld seid oder nicht
es geht darum
dass ihr verantwortlich seid
für eure Taten.

Kapitel 5

Eltern, ihr müsst hören
wenn wir abbrechen
geht es nicht um euch
sondern um uns
sondern um unsere (Über-)leben
wir wollen ein Leben
mit Bindungen zu Menschen
die uns guttun
die uns Selbstwert nicht absprechen
die uns unterstützen wie wir sind.
nicht mit Menschen
die uns bestimmen wollen
die uns Gewalt antun
die uns nicht glauben.

Kapitel 6

Es ist nicht einfach
ja, es ist verdammt schwer
Kinder großzuziehen.
ja, es gibt keine perfekten Eltern.
ja, die patriarchale Isolierung der Kernfamilie
ist verdammt doof.
ja, die Umstände des Elternseins sind
unerträglich und falsch.
eine Konsequenz ist
dass ihr Fehler macht
jede.r macht Fehler
selten aber sind die,
die ihre Fehler wiedergutmachen
wenn eure Kinder der Rücken zeigen
fragt euch, fragt ihnen
hört ihnen zu
hört wieder und wieder zu
macht es wieder gut
solange es noch möglich ist.

Kapitel 7

Kinder, meine Geschwister
wir müssen unsere Eltern nicht lieben
wir haben keine Verpflichtungen gegenüber
unseren Eltern
wir müssen nicht verzeihen
wir müssen nicht vergessen
wir dürfen schwiegen
wir dürfen weggehen
wir dürfen zur Rechenschaft ziehen
wir dürfen tun was sie von uns nicht wollen
wir dürfen sein wer wir sind
statt was sich die Eltern wünschen
wir haben eigene Bedürfnisse
wir haben eigene Grenzen
nur du kann sie bestimmen
du darfst sie bestimmen
deine Stimme zählt
deine Stimme höre ich
wenn du wütend bist
deine Stimme höre ich
wenn du trauerst
deine Stimme höre ich
wenn du erzählst
deine Stimme höre ich
wenn du verzweifelt bist
wir hören dich
wir sind mit dir
wir sind unzählbar viele.

Schreiben wir
unsere Geschichten
zusammen

melitruc@riseup.net
melitruc.wordpress.com
2020



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