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Expérience partagée d’une phyto-épuration Retour d’une expérience à l’Amassada

mis en ligne le 30 avril 2020 - phytoepuration

Pourquoi une phyto-épuration à l’Amassada ?

Nous avions commencé a faire un potager au printemps, et avions aussi construit une serre. Très vite, on se rend compte que l’eau va nous manquer, au vu de l’été sec qui s’annonce, et également que nous avions mal anticipé la récupération des eaux de pluie. L’Aveyron en été est en proie au manque d’eau, comme une grande majorité des départements français.

Du coup, nous nous sommes dit qu’avec une phyto-épuration, nous pouvions récupérer facilement l’eau grise : l’eau provenant de la cuisine, non mélangée avec celle des toilettes, vu qu’on utilisait des toilettes seiches.

En fait, ce problème très local nous vient de raisonnement plus globaux, en nous questionnant sur l’utilisation et le traitement de l’eau, Sur ce territoire en lutte, nous avions la possibilité d’expérimenter d’autres formes de vie et de mettre concrètement en pratique des idées, qui bien souvent n’en reste qu’a des idées, avec la volonté de s’inscrire sur le territoire où nous vivions, et d’y trouver une forme de cohérence. C’est-à-dire questionner nos consommations d’énergies et de ressources (eau, électricité, gestion des déchets, pollutions des sols ...).

L’électricité ne vient pas de la prise, tout comme l’eau ne vient pas du robinet. Nous trouvons ces visions trop déconnectées de la réalite et nous voulions vivre en conscience du monde qui nous entoure.

Également la possibilité de vivre sur un lieu tel nous apparait comme une excellente manière de réfléchir et essayer ce qui pour nous serait une vie désirable, en plus de la confrontation directe que notre présence quotidienne impliquait avec l’occupation.

"Recréer" un marécage.

On a nos eaux grises qui sortent de l’évier qui sont chargées de nutriments, matiéres organiques (graisses, restes alimentaires ...). On souhaite avec la phyto-épuration, les traiter de manière naturelle avant qu’elle retourne dans le sol.

L’idée est donc de mettre en place une structure imitant le fonctionnement d’écosystémes naturels tel que les marécages. Dans ces endroits, plusieurs processus physiques, chimiques et biologiques (sédimentation, absorption, filtration ...) participent à l’épuration de l’eau.

Une phyto-épuration est donc une installation de traitement des eaux usées avec des bassins filtrants dotés de plantes aquatiques ou semi_aquatiques et d’une communauté bacterienne développée dans le substrat*.

* Le substrat, c’est avec quoi on va remplir les bassins : gravier, sable, terre. Le mieux étant le pouzzolane, de la roche volcanique.

Les bactéries dégradent la charge polluante et la rendent assimilable par les plantes. En échange, les plantes à travers leur racine, apportent un support et de l’oxygéne aux bactéries.

Un plan de phyto-épuration « classique » serait le suivant :

Iel y aura tout d’abord un pré-traitement, cela peut être différente installation : un dégrillage pour retenir les gros déchets, un déshuilage, un filtre à sable ou à paille.

Ensuite, pour que deux types de communautés bactériennes différentes se développent, nous avons besoin de deux bassins différents :

En premier un filtre à écoulement verticale, la sortie de l’eau étant plus basse que l’entrée d’eau, elle ne s’accumule pas, le substrat de ce bassin sera aéré en oxygéne.

Puis un filtre à écoulement horizontale, l’eau en excés sort de ce bassin par un systéme de trop-plein. Le bassin sera toujours rempli d’eau.

En sortie du deuxiéme bassin, on met un systéme de drain pour que l’eau s’infiltre dans le sol. Cela pourra une étre une tranchée rempli de gravier sur quelques métres.

On peut aussi mettre en place plus de bassins, un bassin de récupération d’eau...

Mise en place pratique de la phyto-épuration

La phyto-épuration qu‘on a faite ne nous a quasiment rien couté. Elle était composée de matériaux de récupération en majorite.
L’unique achat a été 30m de tubes PVC (diamétre 8cm), assez dur à sortir du magasin. On se dit tout de méme que ça doit clairement étre récupérable (sur des chantiers par exemple). Nous avons utilisé 30m de tuyaux car nous ne voulions pas que la phyto soit trop proche des constructions, l’installation pouvant sentir mauvais.

Juste à la sortie de l’évier, on a mis un pretraitement avec un seau, un filtre (genre un bout de tamis) et de la paille, afin de faire un premier filtrage, virer directement les gros morceaux, une partie des graisses.

Pour les deux premiers bassins, un ami nous a donné une tonne à eau. On l’a coupé en deux (meuleuse pour les barreaux en métal l’entourant et une scie pour la tonne en elle même). Le troisière bac était un bac à bovin de 300L que l’on avait déjà, mais on aurait très bien pu utiliser une baignoire, une autre tonne à eau.

On a creusé une rigole en faisant attention à ce qu’il y ait une légère pente pour que l’eau s’écoule bien, pour enterrer les tubes PVC, et relier la sortie du pré-traitement avec les bassins. Les jonctions tuyax-bassins ont été faites avec du silicone.

On a disposé les bacs en étant bien attentif.ve.s a la hauteur des bassins. Avant de remplir les bassins avec la pouzzolane et les plantes, on a vérifié si l’eau s’écoulait bien comme on le souhaitait et qu’il n’y avait pas (trop) de fuites, il n y avait pas de fuite.

Ensuite on a rempli les bacs au 2/3 de pouzzolane (que l’on a récupéré sur une aire de stockage, iel y en a pas mal aujourd’hui sur des parterres en ville, ou sur les zones commerciales). Par dessus, on a mis de la terre dans laquelle on a planté des plantes semi-aquatiques récupérée proche d’une source d’eau voisine, ainsi qu’un papyrus (qui s’est bien plu).

Et voila, notre systéme était mis en place. Cependant avant d’avoir un systéme réellement efficace, iel faut quelques mois pour que le systéme racinaire et la communauté bactérienne se développe.

La phyto-épuration que l’on a faite n’était évidemment pas parfaite. Le pré-traitement visant a éliminer les grosses particules et les graisses était assez basique. En effet, les graisses étaient assez mal éliminées.

On a vu depuis quelques maniéres de l’améliorer, comme d’avoir un filtre initial rempli de terre et de ver de terre, ces derniers digérant la graisse (il existe d’autres maniéres de faire, assez facilement réalisables).

Sur le long terme, nous pensions ajouter des bassins de traitement, plus l’eau passe dans les bassins, plus elle sera filtrée et épurée.

On s’est rendu compte que c’est une bonne idée de penser l’emplacement du jardin en fonction de celui de la phyto pour limiter les aller-retour pour arroser, et aussi parce que on peut imaginer un système d’irrigation directement depuis la phyto.

L’eau filtrée n’est pas potable. Par contre elle était parfaite pour arroser les arbustes récemment plantées et le potaget. C’est bien de tourner, de ne pas toujours arroser les mémes plantes avec cette eau, l’eau que l’on a filtré étant riche en nutriments. Faire gaffe à ne pas arroser les fruits et legumes directement avec l’eau mais seulement le pied du plant.

L’eau récupérée avec la phyto ne permettait pas d’arroser tout notre jardin mais était un complément non négligeable.

Un pied de menthe s’est vraiment plus dans le deuxième bassin, et on pouvait ainsi se faire de délicieuses infusions tous les matins.

Quelques réflexions ...

L’eau est censé étre un bien commun, mais ce que l’on aperçoit aujourd’hui est que la gestion municipale de l’eau est trés souvent privatisée, prise en charge par des entreprises comme Veolia, Suez ... L’autonomie des personnes sur leur territoire en terme d’approvisionnement, de transport et de traitement de l’eau est complétement volée par ces multinationales, qui ont le monopole. Cette dépossession entraine une dépendance préoccupante, nous pensons qu’il est nécessaire que ce soit les populations concernées qui se réapproprient la gestion de l’eau.

Partager les savoirs, c’est aussi dire qu’iel est judicieux qu’un maximum de personnes se saisissent de ces connaissances pour empêcher que l’accaparation du savoir deviennent pour certain.es, une manière d’exercer un pouvoir. En fait, cela propose une pratique plus général de déprofessionalisation, vision bien lointaine de celle des technocrates, manageur.ses, ingénieur.es...

L’envie de faire une phyto-épuration a aussi été animé par la recherche de plus d’autonomie, que nous différencions de l’autosuffisance. La mise en place, et l’utilisation d’une phyto-épuration nous rends plus autonome dans notre gestion de l’eau, qui s’inscrit dans une vision plus générale de reprendre en main nos existences, ne plus être asservi par des multinationales...

N’hésitez pas à vous lancer dans la réalisation d’une phyto-épuration.
Iel n’y a pas UNE bonne maniére de faire, toute réalisation aura normalement un effet positif sur la qualité de l’eau retournant dans la nature.

Si vous avez déja réalisé une phyto-épuration, et aimerez partager aussi votre experience, n’hésitez pas à nous écrire. On aimerait bien recueillir différente expérience, pour améliorer et completer cette brochure au fur et à mesure.

Et on invite aussi à nous érire, si vous avez des retours à nous faire, des questions sur des points pas assez clair, des critiques. si vous comptez réaliser votre phyto, que vous organisez un chantier collectif ....

Adresse mail de contact : phytoepuration@ @ @riseup.net



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