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Nous voulons détruire la gauche

mis en ligne le 10 janvier 2004 - Catta

Nous voulons détruire la gauche

Nous voulons la mort de la gauche pour aider la lutte, nous
voulons la mort de la gauche tout autant que celle de la
droite et du capitalisme.

Nous voulons détruire la gauche car elle empêche toute
prise de conscience collective, elle freine toute initiative de
renversement d’une société que nous rejetons tous : toute
initiative révolutionnaire.

Non, ce texte n’a pas pour but de s’attaquer aux partis déjà haïs
de la gauche plurielle. Car nous savons déjà que cette gauche
est critiquable de par ses positions, de par ses actions, et de par
le simple fait d’exister en tant que partis politiques, par le simple
fait de réclamer le pouvoir.

Ce texte a été écrit pour critiquer la gauche, quelle qu’elle soit.
Son existence même. La gauche telle qu’elle est en 2003, dans
ses partis, dans ses mouvements (l’altermondialisation pour n’en
citer qu’un). La gauche qu’elle soit institutionnelle ou non.
Pas seulement celle qui expulse les squatteur- euses et les sans-
papier- e- s, qui se fout des travailleurs, qui pactise avec le Medef,
qui lutte pour le pouvoir, qui use de tous les artifices de la société
capitaliste.

Toute la gauche.
Celle qui milite.
Celle qui réclame, qui
proteste gentiment, qui
veut réformer le
capitalisme...
Celle qui se dit libertaire,
qui se complait dans le
tourisme militant et dans
ses revendications...

Cette gauche est à détruire par le simple fait qu’elle plait, qu’elle
séduit dans son fonctionnement actuel.

Nous savons que les rassemblements militants de la gauche,
d’Evian au FSE, en passant par le Larzac ne mènent à rien.
Nous savons tous que les manifestations ponctuelles, les grèves
d’un jour n’apportent rien. Et nous savons aussi que cet état de
fait est en grande partie dommageable aux partis, aux syndicats
et aux organisations de gauche.

Ces organisations qui ne souhaitent pas la disparition d’un
système qui les fait vivre ; tout autant que les collectifs qui se
complaisent dans l’attente du grand soir.
Pourtant, malgré cela, la gauche arrive toujours à créer l’illusion
d’un changement possible.
Un changement qui devrait passer par elle.

La gauche récupère.
La gauche phagocyte tout mouvement,
d’où qu’il vienne.
La gauche récupère volontairement, de
par son fonctionnement même. Et
involontairement de par son existence,
de par la façon dont elle est perçue par
le reste du monde.

Un drapeau de la LCR dans un
mouvement suffit pour que ce dernier y
soit entièrement associé par les médias bourgeois (ou non).
Actuellement tout mouvement DOIT être associé à la gauche.
Sinon il perturbe. La gauche est associée aux mouvements car
elle est active.

Oui la gauche est active. La gauche critique ceux qui ne sont pas
actifs. Mais tout en restant impuissante.
Pourtant il ne suffit plus de montrer aux gens cette impuissance
de la gauche.
Il faut détruire la gauche, en commençant par détruire la vision
qu’ont les gens de la gauche.
Car par son activité débordante, qu’on ne peut nier, la gauche
nuit à toute initiative révolutionnaire
.

La gauche est un grand canalisateur, un grand abrutisseur. La
gauche est la télé, la religion des gens qui se sentent éveillés.
Ces gens n’ont plus besoin de bouger, de vouloir. Leur activité
militante leur suffit.

Certain-e-s se laissent mener par la gauche. N’agissent que par
elle. Mais qu’illes se laissent guider complètement ou non par la
gauche, illes pensent toujours que leur activité, que leur
appartenance à la gauche sert à quelque chose.
Et c’est ce qui rend la gauche dangereuse.

Pour détruire la gauche commençons déjà par ne plus être la
gauche. Cessons de reproduire les schémas que nous critiquons.
Cessons de revendiquer et de s’activer. Cessons de nous
chercher des noms. Cessons de penser à notre image. Seule
l’action compte. Maintenant il faut agir.

Cessons de soutenir inconsciemment la gauche, cessons de
participer à leur activité, il faut arrêter de cultiver cette image de
gauche utile.

Enfin empêchons la gauche de jouer ce rôle de récupérateur et
de canalisateur.

Systématiquement, la gauche doit devenir inexistante dans un
mouvement qu’elle n’a pas insufflée. Commençons par détruire
tout symbole de la gauche qui pourrait s’immiscer dans une lutte
et qui participe à un phénomène de récupération, parfois
inconscient mais inexorable.

Quand la contagion de la gauche sera maîtrisée, il n’y aura plus
qu’à la détruire, cesser l’aliénation.
Pour que l’individu- e qui lutte existe en tant que tel, pour qu’une
lutte ne soit plus associée qu’à sa cause et non à ceux qui la
maintiennent. Pour que les gens ne se complaisent plus dans
une activité militante inefficace.

Le changement se fera sans la gauche ou ne se fera pas.



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