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Sexualités, corps
Plaisirs de femmes

mis en ligne le 16 juin 2009 - Les Farfadettes

ANATOMIE EXTERNE

Ou : à quoi ressemble ma foufoune ?

Encore une fois, on a eu beau suivre des cours de bio, savoir tout de la reproduction, mettre les pieds sur les étriers des gynécos ; il reste beaucoup de méconnaissance sur notre propre anatomie...

Un jour, j’ai réalisé qu’entre les types avec qui j’avais couché et mes gynécos, une bonne vingtaine de personnes avaient vu mon sexe... alors que moi même je ne l’avais jamais regardé ! Je suis donc rentrée chez moi, je me suis installée confortablement, les jambes écartées, en face d’une glace...

Les organes génitaux externes constituent la vulve. Chez la femme pubère, les poils recouvrent le pubis (également appelé Mont de Vénus) : il s’agit de la partie charnue du bas ventre ; ainsi que la face externe des grandes lèvres. Les lèvres sont les plis de peau entourant l’entrée du vagin. Il y en a deux paires : les grandes et les petites. Si l’on regarde de plus près, on peut voir le clitoris, organe de petite taille fait de tissus érectiles, composés de corps caverneux qui se remplissent de sang et se durcissent sous la stimulation sexuelle. Il est composé d’une tige et d’un gland, seule partie visible, et recouvert d’un capuchon relié aux petites lèvres situées de part et d’autre du clitoris et entourant l’orifice vaginal. Le vestibule est la partie qui s’étend entre les petites lèvres, et dans laquelle se trouve le méat urinaire (ou ouverture urinaire, ou urètre) et l’ouverture vaginale.

"Mon vagin m’a stupéfiée ! Je n’avais plus qu’une envie, rester là, les jambes écartées, à contempler mon vagin jusqu’à la fin des temps."
Les monologues du vagin

HISTOIRE DU CLITORIS :

Le rôle du clitoris dans le plaisir féminin n’a pas toujours été ignoré. Hippocrate déjà, au quatrième siècle avant Jésus-Christ, avait identifié le clitoris comme organe du plaisir féminin. Il avait également découvert l’existence de sécrétions sexuelles féminines, la cyprine, qu’il pensait équivalente au sperme et donc nécessaire à la reproduction. Il en déduisit que pour être enceinte, la femme devait avoir un orgasme pendant le rapport sexuel. Cette croyance perdura au fil des siècles. Ainsi, au moyen âge, malgré la réticence de l’église vis à vis du plaisir charnel, les médecins préconisaient pour assurer une fécondité optimale des traitements étonnants, notamment le massage circulaire du clitoris préalablement lubrifié au moyen d’huile parfumée... Au XVI siècle, la littérature médicale reconnaît l’existence du clitoris, décrit comme le siège du plaisir féminin. De nombreux ouvrages en offrent des croquis détaillées... Hélas, en 1875 un scientifique décrit les mécanismes de la reproduction et montre ainsi l’inutilité du petit bouton magique dans la procréation... Et c’en est fini du clitoris et de l’orgasme féminin ! Il tombe alors dans l’oubli, oubli renforcé par les théories freudiennes décrivant le plaisir clitoridien comme puéril et immature, et incitant les femmes à jouir exclusivement de la pénétration vaginale...

LE CLITORIS

Le clitoris est le tissu le plus sensible qui existe. Il est bien plus sensible que le pénis. Il comporte bien plus de terminaisons nerveuses à son extrémité que n’importe quel autre organe, que ce soit la langue ou n’importe quoi d’autre. Le clitoris comporte plus de 4000 terminaisons nerveuses de chaque côté, et 8000 convergent à l’extrémité de cette charmante petite pointe. Le pénis n’en a que 4 à 6000 en tout. En outre, elles sont comprimées dans un espace bien plus petit, c’est pour cela que le clitoris est bien plus sensible. Voilà pourquoi beaucoup de femmes n’aiment pas qu’on le touche directement, parce que c’est trop, huuuu, elles préfèrent un contact indirect.
Le clitoris n’est pas qu’un petit bouton magique. Il est bien plus grand qu’on ne le pense. Il mesure en moyenne 8 cm. Le corps de l’organe remonte sous le capuchon, se recourbe puis se scinde en deux longues racines qui se prolongent le long de l’os pubien. Quand le clitoris est excité, le sang afflue, l’organe double de volume, se tend et se raidit, comme c’est le cas lors d’une érection masculine. Il existe deux tissus érectiles qui descendent le long de la vulve, connus par les spécialistes sous le nom de bulbes du vestibule. Ils ne constituent pas des organes distincts du clitoris, mais en font bel et bien partie. Eux aussi se gonflent pendant l’afflux de sang, créant ainsi une zone particulièrement érogène autour de l’urètre et du vagin.

L’ORGASME

Quand j’avais 14 ans, j’aurais voulu savoir ce qu’était un clitoris. J’entendais mes copines en parler entre elles comme si c’était une évidence. Je n’ai jamais osé leur demander, ni à personne d’autre…Quand j’avais 15 ans, j’ai cherché mon point G sans jamais le trouver. Quand j’avais 16 ans, mon copain me disait que j’étais frigide, parce qu’il ne me faisait jamais jouir. Quand j’avais 17 ans et enfin découvert l’orgasme, je me demandais pourquoi je n’en avais qu’un sur deux, et si c’était le vaginal ou le clitoridien qu’il me manquait.

Ce texte n’est pas un mode d’emploi, une marche à suivre, il est juste une tentative d’explication de ce que sont nos corps de femmes dont nous-mêmes ignorons bien souvent tout. Parce que notre première oppression, c’est le silence, la négation de notre corps, de ses plaisirs et de ses attentes, que nous subissons et que nous permettons, par notre notre acceptation du tabou.

Attention : c’est le passage un peu théorique/scientifique chiant !

Les sexologues ont séparé le cycle de la réaction sexuelle en quatre phases : excitation, plateau, orgasme, et terminale. Ce sont des définitions arbitraires et une femme n’est pas forcément consciente de ce que son corps subit à chaque phase individuelle. Le temps passé dans chaque phase, et même leur enchaînement, peuvent varier considérablement d’une femme à l’autre, d’un moment à l’autre, selon qu’on est seule ou avec un-e partenaire, selon notre humeur du moment, etc.

L’orgasme est une réaction physiologique que les sexologues décrivent de la manière suivante :
la phase d’excitation, dite également de réveil, s’enclenche dès le début de la stimulation sexuelle (physique et/ou mentale). Elle peut être accompagnée des manifestations suivantes : la respiration s’accélère, les mamelons se durcissent, la volume de la poitrine augmente, les muscles du corps se raidissent, on peut observer un rougissement de la peau en différentes parties du corps (lèvres, seins, joues) ; le sang afflue dans le clitoris, l’engorge, provoquant une sorte de léger durcissement ; le vagin s’humidifie (lubrification) et commence doucement à s’étirer et à se dilater.
- ensuite, pendant la phase dite plateau, les tissus entourant la partie externe du vagin gonflent, réduisant considérablement l’orifice vaginal, le clitoris se redresse de plus en plus. La lubrification peut alors diminuer, surtout si cette phase dure longtemps. La couleur des petites lèvres peut changer considérablement, allant vers le rouge vif ou le bordeaux. Les battements du coeur s’accélèrent. Si la stimulation sexuelle perdure, les transformations du corps peuvent culminer à un stade maximal de sensibilité et de tension corporelle, qui se décharge dans l’orgasme.
- l’orgasme peut être décrit comme une succession de contractions musculaires traversant tout le corps, soulageant brusquement la tension précédemment accumulée. Les muscles du vagin se contractent en rythme, du fond de l’utérus vers le bas du vagin, ainsi que vers l’anus. Les contractions peuvent s’étendre à l’ensemble du corps, du visage aux mains, parfois sous la forme d’espèces de spasmes.
- après l’orgasme, si la stimulation sexuelle prend fin, les mamelons se rétractent, la rougeur disparaît, et le clitoris retrouve sa position normale. Il peut se passer plus d’une demie-heure avant que tout le corps revienne à l’état d’avant l’excitation. Parfois, la femme peut recommencer sans problème une stimulation sexuelle, et avoir tout de suite un autre orgasme. Dans certains cas, l’orgasme produit une sorte d’apaisement du fait du déchargement de la tension sexuelle qu’il constitue, et la femme peut ne plus désirer de stimulation sexuelle. Il arrive aussi qu’après l’orgasme, la femme ne supporte plus un contact génital direct, tout en restant excitée sexuellement.

Connaître et comprendre le processus qui nous mène à l’orgasme peut être important. Important parce que, bien sûr, il s’agit du fonctionnement de notre corps et de notre plaisir, mais également parce que cela peut nous permettre, en voyant plus clairement ce qui se passe en nous au cours d’une stimulation sexuelle, de voir la nécessité de chacune de ces étapes. Cela nous permet de comprendre l’importance de l’excitation, puisqu’elle rend certaines parties de notre corps plus érogènes ; l’importance de la lubrification. Cela permet de comprendre pourquoi parfois, une caresse au tout début de l’excitation peut être irritante, parce que notre sexe est trop sec, et pourquoi à certains moments la pénétration vaginale peut être difficile, ou désagréable. Le truc hyper important dans tout ça, c’est de comprendre que notre corps à besoin d’un certain nombre de conditions pour que le contact sexuel soit le plus agréable possible, et que cette « mise en condition » peut prendre plus ou moins de temps, même si dans notre tête on a envie à fond.

L’orgasme part toujours du clitoris et non du vagin (il n’existe qu’un type d’orgasme et non deux). Ceci implique que l’orgasme ne peut être atteint que si une stimulation est exercée sur le clitoris. Cette stimulation peut être directe, lorsque on se caresse nous mêmes ou que quelqu’un-e nous caresse, avec les doigts, un vibromasseur, une langue, etc. Elle peut aussi être indirecte quand il s’agit de pénétration ou d’introduction de quelque chose dans notre vagin. D’une part, les tissus de la paroi vaginale sont en contact avec les parties internes du clitoris, et donc lorsqu’on appuie, à l’intérieur du vagin vers le haut (c’est-à-dire en direction du pubis), c’est en fait également le clitoris qui est stimulé. C’est d’ailleurs dans ce coin là (au fond du vagin, vers le haut) que beaucoup de femmes décrivent une région particulièrement érogène, que des spécialistes ont nommé « point G », qui correspond aux parties internes du clitoris. D’autre part, lorsqu’il y a introduction d’un objet ou de doigts ou d’un sexe masculin dans le vagin, en exerçant un mouvement de va et viens d’avant en arrière, les petites lèvres produisent un frottement sur le clitoris. Ou encore, il arrive que, même sans le faire exprès, notre clitoris frotte sur un objet, ou notre main, ou bien sur le corps de notre partenaire, sur sa jambe ou son pubis. Quoi qu’il en soit, notre clitoris peut être stimulé de bien des façons pour nous amener à l’orgasme !

Il y a quelques petites étincelles qui me font approcher de l’orgasme. Puis je comprend soudain que le feu va prendre... Je rassemble toute mon énergie physique et mentale pour faire venir rapidement le plaisir. Quand il est là, je perd la notion du temps et je me laisse emporter par un souffle brûlant. Tous les nerfs de mon corps font jaillir une joie qui me coupe le souffle. J’essaye de faire durer ce moment et je suis très déçue s’il est bref.

L’orgasme débute par une pression à l’intérieur de mon clitoris et une tension cuisante tout autour de lui qui s’étend à mon vagin, à mon ventre. Tout mon corps est tendu, je suis à l’apogée...Un suspens fulgurant, tout mon être hurle : " Presque... Presque... PRESQUE... " Que dire d’autre ? Je me sens tout entière, corps et âme, prise dans un tourbillon...

Durant l’orgasme, tous les muscles dont j’ai conscience sont tendus à bloc. Mon ventre est animé de soubresauts et je me convulse... Mes spasmes se poursuivent tant que durent les contractions des muscles de mon vagin.

LE VAGIN

Le vagin, c’est quoi ? D’abord, c’est pas un trou, non non, pas du tout. Il est composé de tissus souples qui s’étendent et se distendent lorsqu’il y a excitation sexuelle. Le reste du temps, les parois se touchent et le vagin est fermé. Puisqu’il s’agit de tissus élastiques, on peut rentrer des trucs dedans, que les parois vaginales vont enserrer. C’est-à-dire qu’on peut rentrer un truc tout petit (comme un tout petit doigt) et qu’il sera en contact avec les parois vaginales, tout comme un truc plus gros (comme un pénis ou un gode). C’est un peu comme s’il s’adaptait à ce qu’on met dedans, puisqu’il se contracte sous l’effet du plaisir... (attention, ces observations ne s’appliquent pas s’il s’agit d’essayer d’insérer un tonneau de 20 litres). A l’entrée du vagin, il y a tout plein de terminaisons nerveuses, alors ça peut être une zone assez érogène. C’est aussi la partie la plus étroite. Ensuite, il va jusqu’au col de l’utérus (qui est la petite boule qu’on sent des fois tout au fond). Il paraît qu’il mesure entre 7 et 12 cm de long (cela dit, c’est une moyenne, alors pas de panique si le tien fait 18 cm ; et dis toi que c’est pratique, tu peux cacher plein de trucs dedans). Il y a très peu de terminaisons nerveuse dans les tissus de la paroi vaginale. Alors vous me direz "mais comment ça se fait puisque moi j’aime bien rentrer des trucs dans mon vagin et que c’est chouette". En fait, c’est que quand on appuie sur les parois vaginales, vers le haut ou vers le bas, on stimule d’autres terminaisons nerveuses (celles du clitoris ou encore des faisceaux de nerfs qui s’étendent vers l’anus) et ça, c’est chouette.

Il y a encore cette image très présente qu’une relation sexuelle, c’est un pénis dans un vagin, et du coup cette pratique prend souvent beaucoup de place dans la vie sexuelle des femmes qui couchent avec des hommes, au détriment d’autres. Et à partir de là, ça devient difficile de déterminer si on fait ça aussi fréquemment parce que vraiment on aime ça, ou simplement parce que c’est "normal". Un autre problème dans tout ça, c’est que ça donne une image où le plaisir vaginal implique l’introduction d’un pénis, alors qu’on peut s’amuser avec tout un tas d’autres choses. C’est pour ça qu’il y a toujours des gens pour penser que les lesbiennes s’ennuient au lit, vu qu’elles n’ont pas de pénis. Ce genre de logique est assez grave, puisqu’il nie qu’une femme puisse prendre du plaisir sans pénétration d’une part, et d’autre part que le plaisir vaginal peut être provoqué par bien d’autres choses qu’un sexe masculin : doigts, godes, objets divers et variés. Ca devient donc difficile de faire exister la réalité de certaines femmes, et là dessus encore, on fonctionne toutes un peu différemment. Il n’y a rien de normal ou d’anormal, il s’agit simplement de préférences individuelles, de choses à discuter avec nos partenaires.

Certaines femmes adorent la pénétration, que ce soit avec le sexe d’un homme, des doigts, des godes, des bouteilles, quand elles sont seules ou avec quelqu’un-e. Certaines femmes n’aiment pas que quelque chose entre dans leur vagin. Certaines femmes ne prennent pas beaucoup de plaisir physique à proprement parler quand elles ont le sexe d’un homme dans le leur, mais elles aiment pourtant énormément cette pratique, parce que la symbolique leur plaît, ou parce que ça leur laisse toute liberté pour se caresser avec le reste du corps. Certaines femmes n’aiment être pénétrées que par des doigts, parce que le doigt est plus mobile qu’un pénis ou qu’un objet, et qu’il peut plus facilement titiller là où c’est bon. Certaines femmes aiment utiliser des godes ceintures entre femmes. Certaines femmes n’aiment la pénétration que quand elles sont au maximum de l’excitation. Certaines femmes s’ennuient au bout de deux minutes quand un homme les pénètre avec son sexe. Certaines femmes adorent introduire l’objet le plus volumineux possible dans leur vagin. Certaines femmes détestent sentir le sexe d’un homme dans le leur mais adorent y sentir un gode. Certaines femmes n’apprécient quelque chose dans leur vagin qu’à condition de se caresser le clitoris en même temps, ou que leur partenaire le fasse. En plus de tout ça, chaque femme a des envies différentes, en fonction des moments : on peut aimer avoir quelque chose dans notre vagin, mais pas tout le temps ; on peut aimer des va et viens rapides parfois, des mouvement lents et doux d’autres fois, etc. L’inclinaison change aussi beaucoup de choses, selon l’angle et la partie du vagin qui est la plus stimulée, on peut aimer ou non.

ET LE POINT G ?

Combien de femmes ont passé des heures à chercher leur point G, qu’on nous présente comme le saint graal du sexe, et à désespérer de ne pas éprouver les sensations promises ? Parce que, à en croire certaines descriptions, c’est censé être the truc de ouf, genre tu l’effleures à peine et hop, c’est l’extase totale. En vrai, il semblerait qu’il n’y ait pas une règle générale, et que toutes les meufs réagissent de manière différente, comme pour tous les points érogènes. Ce que certaines femmes identifient comme le point G correspond à une zone à l’intérieur du vagin, dont la texture peut être différente du reste de la paroi vaginale. Pour certain-e-s spécialistes, le plaisir associé à cette zone serait lié au clitoris, dont les parties internes seraient plus ou moins en contact avec cette partie de la paroi vaginale. Si on a envie d’expérimenter ces sensations, on peut essayer d’aller tâtonner dans son vagin, avec ses doigts ou n’importe quel objet maniable et précis, à l’intérieur, vers le haut (c’est-à-dire vers l’abdomen ou le pubis), et de tester différentes zones. Certaines disent qu’on peut s’aider de l’autre main, posée sur l’abdomen, qui va à la rencontre du doigt ou de l’objet introduit dans le vagin juste au dessus de l’os pubien. Attention, on veut pas faire un manuel de « comment tu trouves ton point G ». Ce qui est chouette ici, c’est d’aller à la recherche de nouvelles sensations, d’apprendre à connaître son corps. Et de toute façon, si tu ne trouves pas ce fameux point G, ou que tu trouves un truc, mais que franchement ça t’éclate pas ; et bien t’auras quand même passé un bon moment avec toi même, et peut être au passage auras-tu découvert d’autres choses...

POILS

Qu’on aime nos jambes, notre pubis, nos aisselles, notre lèvre supérieure poilue ou pas, une chose est sûre : quand on est une femme, avoir des poils dans ces endroits, cela ne manque pas d’attirer le regard. Et oui, nous subissons toutes la norme de la jolie femme bien propre sur elle, et donc pas poilue du tout. Mais les poils ne signifient pas qu’on est sale ou négligée, ou je ne sais pas quoi encore, qu’on ne serait pas une vraie femme (déjà c’est quoi une vraie femme ? ). Les poils , c’est comme tout, on aime ou on aime pas, mais pourquoi n’aurait-on pas le droit de les aimer. On peut choisir de les garder parce que c’est contraignant de les retirer, parce que ça fait mal, parce qu’on ne veut pas qu’une norme sociale nous explique qu’on ne doit pas en avoir, par rébellion, parce qu’on trouve ça joli ou plus naturel, parce qu’on aime bien jouer avec, et tout ça confondu. On peut aussi vouloir s’en débarrasser parce qu’on les trouve moche, qu’on transpire plus avec des poils sous les bras, parce qu’on aime la peau douce, ou pour plein de raisons mais gardons en tête que quelque part d’autres font ce choix (que les poils ne correspondent pas à un idéal de beauté) pour nous.

ODEURS

La même pression s’exerce sur nous quant à nos odeurs... On doit toujours sentir bon de partout, même après une journée de vélo. Quand je dis bon, c’est bien sûr la rose, le shampoing à la pêche, le déodorant aux fleurs d’été et le dernier parfum qui enivre tout le monde sur son passage... Là encore, une femme qui sent ses odeurs propres se fait regarder de biais par tout le monde, alors qu’un homme, c’est qu’il travaille avec son corps, alors c’est normal. Nous avons toutes des odeurs différentes. Elles dépendent de tout plein de facteurs divers. Et tout comme nos poils on peut les apprécier, aimer celles des autres, en aimer certaines et pas d’autres, et aussi, une odeur de corps peut créer une excitation sexuelle ou tout du moins contribuer à celle-ci... Bon, je ne suis pas en train de dire que quand quelqu’unE retire ses chaussettes cela m’excite. Mais lorsque je suis en train de faire du sexe, l’odeur que dégage mon/ma partenaire contribue à mon envie de lui/elle.

SEX TOYS

Les sex toys, lorsque l’on fait du sexe avec quelqu’unE ou qu’on se masturbe peuvent ajouter certains plaisirs : qu’ils vibrent ou non, qu’ils soient de forme phallique ou soient des petits lapins roses, qu’ils se mettent dans l’anus, le vagin, sur le clitoris ou le pénis de votre partenaire... Il y en a de plein de formes différentes (qui sont même adaptés à certaines parties du corps), de couleurs différentes, de textures différentes, il en existe même qui sont télécommandés... La fonction vibrante d’un sex toy est quand même une sensation assez nouvelle pour un clitoris et peut être très appréciée. Il faut juste penser à bien les nettoyer, et en fonction de la matière du sex toy : certains se font bouillir, d’autres se nettoient à l’eau chaude et au savon, et d’autres encore sont durs à nettoyer et on préconise l’utilisation d’un préservatif dessus. Pensez à bien demander quand vous vous en procurez un.


J’AI ÉTÉ UNE FILLE ANORMALE

C’est-à-dire que je me considérais comme frigide. Etre frigide c’est, selon la terminologie acceptée, être dans l’incapacité de jouir au cours d’une relation sexuelle "normale". C’est là le hic. Une sexualité normale, c’est faire l’amour avec un gars : caresses-pénétration-éjaculation. C’est normal pour qui ?...

La première fois que j’ai fait l’amour, j’étais sidérée et à la fois très curieuse. Comme une astronaute lors de son premier vol. En même temps, absolument froide, en dehors de moi : un viol consenti. Ca a été comme ça pendant plusieurs années : aucun intérêt pour le cul, toute ma sensualité orientée vers la tendresse, l’Amour pur et total. Puis, un déclic, un premier gars avec qui j’avais envie de faire l’amour tous les jours, avec qui j’avais envie d’exploser. Mais toujours la même attitude passive, dans l’attente d’un orgasme qui, à ce que je croyais, arrivait aux jeunes filles "bien" et qui dépendait, il va sans dire, de la qualité de l’amour porté au partenaire. Ca n’a pas marché.

Au cours des années, j’ai commencé à m’inquiéter de ma « frigidité », à essayer de savoir ce qui n’allait pas dans ma sexualité. J’ai eu envie de me masturber pour savoir ce que c’était jouir. Et j’ai joui ! A partir de ce moment, toutes mes énergies sont passées à essayer d’atteindre un orgasme, d’atteindre la même chose en faisant l’amour. Ca a été la période la plus chiante de ma vie : je n’arrêtais pas d’en discuter et en même temps, je ne savais pas quoi faire au lit. Je ne pouvais quand même pas me masturber en faisant l’amour (!!!) que je me disais. Je rencontre un gars à qui je dis : "J’ai envie de faire l’amour avec toi". La première fois où c’est moi qui exprime mon désir. Je choisissais au lieu d’être choisie. Jamais je n’aurais pu penser désirer quelqu’un, comme ça toute seule, avant même qu’on me le suggère. On fait l’amour et, bien entendu, je ne jouis pas. Il le sait et on parle du fait que je jouis si je me masturbe. La fois suivante, il me demande de me caresser et lui se caresse. Déculpabilisée par son geste, j’arrive à jouir. La fois d’après (ça a sûrement pris plus de temps que ça, mais il faudrait un livre entier pour tout raconter), je me caresse et il me caresse avec ses doigts. C’est difficile d’accepter même la présence de ses doigts en moi. Un frein à ma jouissance que j’arrive à surmonter un de ces quatre matins. Je touche mon clitoris, je me caresse pendant très longtemps, pendant que lui me pénètre avec ses doigts. Je culpabilise parce que ça prend beaucoup de temps. Parce que j’ai l’impression que je l’ennuie, que je suis égoïste ; il me répond que c’est à mon tour. Je m’habitue à l’idée de me faire jouir et j’y prend goût. A deux, on arrive, à un moment donné, à faire l’amour ensemble et à ce que je jouisse. Pas comme le monde ordinaire dit qu’il faut jouir. On fait l’amour et, à tour de rôle, on pense à soi. Je me caresse toujours très longtemps pendant qu’on fait l’amour et un jour, je jouis comme un tornade alors qu’il est en moi. On achète une bouteille de champagne et on fête ça : j’accepte de jouir pendant qu’on fait l’amour. Et que je me masturbe n’a plus aucune importance.

Une chose est sûre : c’est moi qui provoque ma jouissance par mes caresses. Je jouis comme quand je me masturbe toute seule. Et il me faut me concentrer énormément, qu’il ne bouge pour ainsi dire pas, pour y arriver. Un de ces jours, je ne sais pour quelle raison, j’ai envie de me caresser avec un vibro. Il reste en observateur très attentif. Je me caresse longuement et puis, tout d’un coup, je porte attention aux sensations que me procure le vibro, j’essaie de sentir certaines sensations vaginales. Du fait que c’est moi qui imprime le rythme au vibro, je sais ce qui me fait plaisir et j’agis en conséquence. Je jouis... mais je ne reconnais pas ma jouissance, elle vient aussi d’ailleurs, d’en dedans de moi, de mon vagin. Et pourtant, je me caressais le clitoris en même temps. Tout a basculé comme si la caresse clitoridienne devenait un support ; de la même façon que le plaisir vaginal restait, auparavant, dans la pénombre, présent mais voilé.
Pour lui, c’est important aussi. Il a vu bouger le vibro, il sait ce qui me convient, le rythme que je recherche. Quand on fait l’amour, je continue toujours à me masturber pour déclencher ma sensibilité, mais ma jouissance ne vient plus seulement de mon clitoris, ses mouvements aussi me font jouir... Les miens aussi : je me caresse, j’atteins un certain degré d’excitation qui me donne envie d’agir au niveau de mon vagin : je provoque les contractions vaginales qui en viennent à se produire par elles-mêmes et entraînent ma jouissance.

Maintenant, il m’arrive, selon mes envies et mon degré de réceptivité, de jouir en me masturbant, de jouir en faisant l’amour. Il me faut toujours autant de temps pour jouir, j’ai toujours besoin de stimulation clitoridienne pour y arriver, mais je jouis. Je n’attends plus qu’un orgasme me tombe comme ça du ciel, je vais le chercher. Il y en aura beaucoup pour dire que je ne suis pas "normale", que je déguise ma frigidité. Ce n’est plus aux autres à déterminer ma sexualité, c’est mon affaire. C’est à prendre ou à laisser, je ne veux pas retourner en arrière. Le trip de vierge et martyre est terminé. Peut-être qu’un jour j’arriverai à jouir "normalement", sans aucune autre stimulation que celle de mon bonhomme ; ce sera une autre façon de faire l’amour. Si j’y parviens un jour, je serai contente, mais je n’attendrai pas ce moment pour me considérer comme normale. J’étais frigide parce que je me conformais aux attitudes imposées et que je redoutais d’être jugée. Aujourd’hui je ne reconnais à personne le droit de décider comment une femme jouit. Parce qu’aucune femme n’est faite de la même façon, ce qui oblige nécessairement à des gestes, à des positions différentes pour atteindre un orgasme.
Bien entendu, quand je me retrouve au lit avec un autre homme, il m’arrive souvent de retrouver en bloc tous mes anciens problèmes : vivre une grande gêne, ne pas oser poser les gestes qui me font plaisir et le plus souvent ne rencontrer que peu d’encouragements de la part des supermen. Il y a des siècles que les hommes et les femmes font l’amour de la même façon. Il faudra beaucoup de temps encore pour créer une nouvelle normalité. Il faudra du temps pour que de plus en plus de femmes osent exprimer leurs véritables besoins, pour qu’elles n’aient plus peur des réactions de leurs partenaires et arrivent à se sentir suffisamment en harmonie avec elles-mêmes pour ne plus craindre d’être rejetées. Du temps aussi pour que les hommes apprennent à intégrer ces nouvelles attitudes. Ce que je recherche dans un relation sexuelle avec un homme, c’est un partage des pouvoirs. Je ne veux pas humilier un homme quand je me caresse en faisant l’amour avec lui, je n’ai aucunement l’intention de lui signifier son incapacité. Au contraire, j’ai plutôt envie de lui dire qu’il n’est pas seul responsable de notre harmonie sexuelle. Que j’ai aussi ma part dans ce grand jeu là. Aujourd’hui que j’ai appris à jouir, il me faut réapprendre à faire l’amour. Ce n’est pas plus facile. Parce que, quand l’homme avec qui je suis ouvre toutes les portes à ma liberté sexuelle, je me sens tout autant perdue : peu habituée à ce nouveau contexte, je n’arrive pas toujours à trouver mes marques.
Vivre dans l’imprévisible, c’est ce qu’il nous faut réapprendre. J’ai encore peur, souvent, mais je sais que je peux et que je veux.

Aimer les femmes, aimer nos sexes. Les connaître et les toucher. Se familiariser avec ce que nous sommes et avec ce dont nous avons besoin.
Parvenir à nous satisfaire nous-mêmes, apprendre à nos amants, à nos amantes à nous satisfaire. Être présentes dans nos sexes. Parler d’eux à haute voix, parler de leur appétit et de leur souffrance, de leur solitude et de leur humour.
Faire qu’ils soient bien visibles pour qu’on ne puisse plus impunément les saccager dans l’ombre et pour que ce qui est notre clé de voûte, notre épicentre, notre essence ne soit pas plus longtemps brimé, paralysé, brisé, invisible ou honteux.

"Vous devez parler de la façon dont on entre dans un vagin" m’a dit un jour une femme. J’ai répondu "allons-y, entrons !"Entrons... Mais avant ça, partageons nos expériences, rions, pleurons autour de nos sexes, pour que ce mot enfin devienne notre, pour que notre corps enfin devienne notre.

Parce que nous voulons regarder ensemble ce qui pèse lourd sur nos épaules.
Parce que bien souvent, nos blessures ne sont pas les notres mais simplement celles d’être femmes. Parce que personne d’autre qu’une femme ne peut savoir ni ressentir ce que ça fait ni ce que c’est.
Parce que nous voulons partager, rire, échanger, s’écouter.

DIFFICULTES DANS LE RAPPORT GENITAL :

Des fois, on a super envie de faire des trucs à notre foufoune : se masturber, se faire lécher, jouer à l’intérieur de notre vagin...
Seulement, des fois, pas de bol, ça fait mal, ça irrite, c’est désagréable... Alors qu’est ce qui se passe ?
Ceci ne se veut pas être une explication scientifique : le propos est juste de dire que certaines choses peuvent être désagréables à certains moments, que c’est variable en fonction d’un tas de trucs, et qu’il ne faut pas nécessairement s’inquiéter au premier soucis...

Irritation locale : Elle peut avoir plusieurs raisons : parfois, notre peau est tout simplement sèche, comme ailleurs, ou bien notre vagin peut être irrité par un frottement (surtout si on se masturbe depuis deux heures !). Alors là, à voir selon le cas : peut-être notre sexe a juste besoin de repos (eh oui, parfois le corps à ses limites !). Peut-être juste notre lubrification est insuffisante (ce qui arrive, en fonction des femmes, du moment de notre cycle, de notre humeur). Certains vagins sont particulièrement secs après les règles, ce qui peut être lié à notre cycle mais également à l’utilisation de tampons qui assèchent le vagin (il existe des produits alternatifs : renseignez vous !). Il y a aussi des femmes qui disent mal supporter le frottement des préservatifs... bref, à chacune de voir !
En tout cas, si notre lubrification est insuffisante, il existe tout plein de lubrifiants qui régleront très bien ce problème ! Attention, pour le respect du bien être de notre sexe, utilisons des lubrifiants à base d’eau ! La salive peut également être efficace, si on trouve quelqu’un-e qui accepte de nous aider...
Notre sexe peut être particulièrement asséché par l’utilisation de certains produits : gels douches, déodorants, lingettes spéciales hygiène intime bourrées de produits chimiques hyper agressifs, etc. Là, le mieux, c’est d’éviter d’utiliser des produits de merde : soit se laver uniquement avec de l’eau, soit avec le savon le plus doux et naturel possible, et faire attention à la composition des crèmes et autres produits que l’on peut appliquer sur notre sexe.
Une irritation inhabituelle peut être causée par une infection (certaines infections peuvent ne pas être spécialement visibles au départ), alors à surveiller si ça nous paraît bizarre.

Douleurs dans le pelvis en cas de pénétration : Il arrive que l’introduction de quelque chose très profondément dans le vagin soit très douloureuse. Certaines femmes ont le col de l’utérus très sensible, et souffrent lorsque quelque chose le heurte. D’autre pas spécialement, mais cela peut changer en fonction du moment de notre cycle. Cela peut également être la conséquence d’une infection ou d’une inflammation de l’utérus.

Douleurs clitoridiennes : Le clitoris étant une zone hyper sensible, une pression trop directe peut-être douloureuse. Dans ce cas, si ce sont les caresses du ou de la partenaire qui provoquent ces désagréables sensations, il est important de réussir à lui expliquer (même si cela peut être difficile). Des douleurs peuvent également être causées par un dépôt de différentes matières sous le capuchon qui rendent le frottement irritant (un tout petit poils peut causer bien des tracas à une boule de nerfs pareille) : dans ces conditions il est possible de retrousser tout doucement le capuchon et passer un peu d’eau sur le clitoris.

LA MASTURBATION :

Certaines d’entre nous découvrent très tôt dans l’enfance que se toucher là, entre les jambes procure d’agréables et de chaudes sensations. D’autres ne l’apprendront que très tard voir même jamais. D’autres encore n’apprécieront jamais cela, et ne masturberont pas. Chacune son truc. Cela dit, nous pensons qu’il est intéressant d’en parler, afin de déculpabiliser certaines femmes, d’en rassurer d’autres...

Depuis des années, on nous dit que dorénavant les femmes sont les égales des hommes, et ce grâce à la révolution sexuelle, que le sexisme n’existe plus... Mais face à la sexualité, et notamment à la masturbation, preuve en est que non, on ne nous autorise pas la meme liberté à disposer de nos corps que les hommes. Effectivement on nous apprend depuis qu’on est toute petite que les hommes ont des « besoins » sexuels que nous, femmes, belles, douces et gentilles devont satisfaire (ce que nous appelons devoir conjugal) mais en aucun cas que nous pouvons être des êtres sexuels, avoir du désir, prendre du plaisir lors de rapports charnels... Alors nous masturber, n’en parlons pas... Nous savons aussi depuis que nous sommes jeunes que les garçons se masturbent. On peut les entendre en parler dès le collège, mais cela reste encore une pratique reconnue pour les hommes et beaucoup moins pour les femmes. Parliez vous de votre masturbation avec vos amies au collège ? Au lycée ? Cette société, de toute façon, nous apprend que notre corps ne nous appartient pas, mais est un objet à la libre disposition des hommes notre conjoint. D’où une stigmatisation encore plus forte de la masturbation chez les femmes :

Et bien oui, si vous êtes célibataires et que vous vous masturbez, c’est parce que vous êtes à la recherche de l’homme idéal, que vous ne l’avez pas encore trouvé, alors vous subvenez à vos désirs seules, en attendant que le prince charmant arrive vous libérer de cette horrible situation ! Si vous êtes en couple, vous n’avez pas à vous masturber, où cela risque de vexer votre conjoint-e. C’est qu’il-elle ne fait pas assez bien l’amour, qu’il ne vous satisfait pas, ou alors que vous êtes folle et nymphomane, puisqu’un homme satisfait toujours sa femme ! Et attention, une femme en couple qui se masturbe, c’est presque de l’adultère !

Alors que franchement, nous ne sommes pas toutes dans l’attente de l’homme ou de la femme idéale, et se masturber ne signifie pas qu’on a un manque à combler, c’est aussi se donner du plaisir seule, ce qui me paraît une activité à part entière. De plus, on n’a pas toujours envie d’avoir des relations sexuelles avec la personne avec qui on partage régulièrement ou occasionnellement cette pratique, et encore moins en même temps, mais on peut avoir envie de passer un bon moment seule... Et puis, il n’y a pas de règles : on peut passer de très bons moments avec une personne lors de rapports sexuels mais ne parvenir à l’orgasme que seule, ou autre... De plus, apprendre à se donner du plaisir seule est important, meme pour nos relations avec nos partenaires... En effet, lorsque l’on connait mieux son propre coprs, qu’on a appris ce qui nous donne le plus de plaisir, on peut vivre une relation plus épanouissante en expliquant à l’autre qu’on aime ceci et pas cela, ou qu’on préfère quand c’est fait comme cela... Savoir se donner du plaisir, c’est aussi avoir les clés pour prendre du plaisir avec d’autres.

On comprend donc que, dans la société dans laquelle on vit, la masturbation, pour les femmes, n’est pas communément admise... Pourtant, que l’on soit célibataire, hétérosexuelle, lesbienne, ou que l’on vive des relations avec qui on le souhaite, quand on le souhaite, où même que l’on décide de ne plus avoir de relations sexuelles partagées, nous avons quand même le droit d’explorer notre corps, notre plaisir, nos désirs, nos envies... Après tout, qui connait mieux notre propre corps que nous même ?

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises manières de se masturber, chacune se masturbe à sa façon, en fonction de son corps, de ses envies, des techniques qu’elle connaît et qui la satisfont le plus. Certaines d’entre nous ont une technique et une seule pour parvenir à l’orgasme, d’autres en ont plusieurs, mais il n’y a pas de technique universelle. Pour beaucoup d’entre nous, d’ailleurs, la masturbation est le seul moyen (ou tout du moins une valeur sure !) d’accéder à l’orgasme, et beaucoup de femmes disent d’ailleurs que cet orgasme est plus intense que ceux qu’elles connaissent avec unE partenaire. Il y a donc une infinité de façon de se masturber, et il y a certainement autant de femmes que de fréquence de masturbation.

Nous ne nous masturbons pas uniquement pour satisfaire une envie sexuelle, mais aussi parce que cela est plaisant. Oui, la masturbation ce n’est pas forcément un désir sexuel assouvit par un orgasme. C’est aussi un bon moment passé en tête à tête avec soi même, ou même de la détente apportée par le fait que la position dans laquelle on est assise frotte agréablement sur notre clitoris. On parle souvent du « besoin » de se masturber, mais ce mot semble inapproprié. Il sous entend que l’on se masturbe uniquement pour satisfaire quelque chose de physique en nous que l’on est obligé de rassasier. Mais aussi que c’est la seule méthode qu’on a trouvé pour satisfaire cette envie physique mais que cette envie pourrait être satisfaite par un rapport sexuel. Or on peut très bien avoir envie de se masturber sans avoir envie de sexe juste parce que c’est bon, jouir ou pas, et aimer cela ou pas ! Beaucoup de petites filles se masturbent, parce que c’est une activité agréable, non pas parce qu’elles ont envie de sexualité à ce moment là !

Et toi, comment tu te masturbes ?
Micro trottoir de la masturbation !

Avec un tube de colle dans le vagin / avec deux doigts / avec ma main entière sur mon clito / en me frottant sur un accoudoir de chaise / avec mon vibromasseur / je ne me masturbe pas / en faisant une petite boule avec mes draps pour me frotter la vulve et le clitoris contre elle / avec mon talon quand je suis assise en tailleur / avec un godemiché / en croisant mes jambes et en contractant mes muscles / avec le jet de la douche / avec la selle de mon vélo d’autant plus si j’ai mes boules de geisha / en me caressant d’abord la poitrine pour m’exciter puis les cuisses puis les fesses / en me frottant contre mon nounours c’est pas pour rien que je l’ai encore à 25 ans / le majeur dans l’anus mon pouce’ dans mon vagin et mon autre main sur mon clitoris / en me frottant sur un coussin / avec des pinces à linge sur mes tétons / par dessus ma culotte autrement ça m’irrite / dans le noir toujours / assise en face d’un miroir / quand je suis seule et sereine / dans la file au supermarché / dans mon lit / n’importe où / devant un film au cinéma / dans mon bain / devant mon-ma partenaire / quand j’ai fini mon livre éteins la lumière et retiré mes lunettes / sur les chiottes / en conduisant / quand je suis stressée / sans m’en rendre compte / après avoir fait du sport / quand j’arrive pas à m’endormir / au réveil / dès que je suis seule chez moi / tout le temps / régulièrement / quand je m’ennuie / très rarement / en cas de rapport sexuel sans orgasme / jamais / quand j’ai trop bu...

TÉMOIGNAGE :

J’aime me masturber. je le dis , je le redis, j’aime me masturber... Je n’ai pas de problème avec ça, je l’assume plutôt bien. Les ami-e-s avec qui je fais mon petit chemin de vie ont certainement arrêté de compter le nombre de fois où ils et elles me voient la main dans la culotte...

Je crois que c’est une activité que j’affectionne depuis ma plus tendre enfance. Petite, j’appréciais la compagnie de mes nounours préférés qui, frottés sur mon sexe me procuraient d’agréables et de chaudes sensations. Bon, allez je vous confie un secret... Je devais avoir 7 ou 8 ans et je tentais de m’endormir entourée d’une flopée de petits chats qui gambadaient sous la couette. L’un d’eux s’est alors pris d’une terrible envie de me laver... Mais pas n’importe où. Ce petit chat, sans crier gare s’est mis à me lécher le sexe ! J’avoue avoir pris quelques minutes avant de le repousser, bousculée entre mon plaisir et une pointe de honte qui commençait à m’envahir. Cette anecdote il n’y a que quelques années que je la raconte, que je ne me sens plus obscène et atroce d’avoir osé me faire lécher par un chat à 8 ans !!

Puis j’ai grandi, j’ai commencé à me masturber avec mon oreiller, la couette, en rêvant que j’étais une grande et que j’allais draguer dans des bars... Il a fallu du temps avant que je me masturbe manuellement, avant d’oser toucher mon clitoris, et je crois que c’est venu avec mes premières expériences sexuelles, vers 14 ans. Mais une fois que j’ai découvert le plaisir de masser moi même mon clitoris, directement avec mes doigts, je n’ai plus pu m’arrêter...
Aujourd’hui, la masturbation fait partie de mon quotidien. De ma main dans ma culotte qui joue avec mes lèvres ou mes poils pubiens à de long moment en tête à tête avec mon vibromasseur.

J’ai quand même des moments de masturbation fétiches. Le nec plus ultra, c’est mon bain. Depuis des années je ne prends pas un bon bain, chaud et relaxant sans me masturber. Presque jamais. J’entre dans l’eau bouillante, peu à peu mon corps se détend et là, c’est inévitable, j’ai envie de me masturber. Même si mon vibro est waterproof (un grand merci à la technologie) je préfère de loin dans mon bain, me masturber avec ma main. Question de contexte. Je commence à me chatouiller les poils du sexe et à exercer des pressions sur mon pubis. Puis je glisse mes doigts entre les grandes et les petites lèvres pour faire languir un peu mon cher et tendre clitoris (j’avoue jamais bien longtemps). Au bout d’un moment, je remonte ma main en ayant un doigt de chaque côté de lui (généralement le majeur et l’annulaire, ce que je trouve moi même surprenant). Je vais chercher le capuchon. Toujours me masser le clitoris avec le capuchon. Ou alors il faut à peine le frôler... Une fois que mes doigts sont sur mon capuchon, lui même bien positionné sur mon clitoris, je commence à faire des petits cercles, puis des plus grands, j’appuie à peine puis plus fort, je remonte parfois ma main de quelques cm, ce qui me procure une sensation différente. Parfois j’arrête 30 secondes, juste parce que je sais que la sensation au moment de la reprise en vaut la chandelle... Je me masturbe essentiellement en me caressant le clitoris. Parfois je rentre un doigt dans mon vagin, ou le début de mon vibro, je caresse l’entrée de mon anus... Je continue ainsi jusqu’à l’orgasme, qui tend tous les muscles de mon corps avant de laisser se répandre en moi ce grand moment de plénitude... C’est étrange, mes pratiques en solitaire ne répondent pas toujours à ce dont j’aurais eu envie à deux... c’est clairement différent... Toute seule je suis parfois plus...technique.

Je sais pas combien de temps je mets à jouir en me masturbant, c’est hyper aléatoire. 3 minutes parce que j’ai une soudaine envie, je suis chez des amies, donc je me masturbe dans les toilettes. Une demi heure, quand je prends mon temps, tranquillement installée dans un lit douillet.
De manière générale depuis quelque temps je me masturbe quand j’en ai envie. Et cela arrive, comment dire... régulièrement. Que je sois seule dans un lit, en pleine réunion (l’astuce, c’est de ne pas avoir levé la main et risquer de prendre la parole au moment où je jouis). Bon, j’assume de me masturber, mais j’avoue que lorsque je me masturbe en public jusqu’à l’orgasme je me fais plutôt discrète. Je dis facilement que je vais me masturber, que je me suis masturbée, mais rarement « je suis en train de me masturber devant vous » !! Sauf dans mon bain quand on frappe à la porte ! Si, une fois, je me suis masturbée avec mes copines à côté de moi, qui m’encourageaient !

Tout ça pour dire que, je crois que je n’ai tellement pas envie que me masturber soit une honte, j’ai tellement envie que des femmes puisse l’assumer que j’en fait en quelque sorte... ma lutte quotidienne ! Et puisque pouvoir se donner du plaisir seule c’est être déjà un peu plus indépendantes, autonomisons-nous : masturbons-nous !

MON SEXE EST UN MOYEN :

Je vais vous raconter une histoire. Marc et moi, c’était la grande histoire d’amour, l’amour avec un grand A, comme dans les films, mon prince charmant. Marc me plaisait surtout parce qu’il me respectait, et parce qu’il aimait mon corps de femme. Marc passait des heures à caresser mon sexe, à le lécher, à le regarder, à le nommer. C’était le premier à faire ça. A donner une existence à mon sexe. J’adorais ça. Je me sentais enfin entière dans ma sexualité...Seulement, des fois, je n’aimais pas trop, et je ne savais pas quoi faire... Comment dire ces choses, vous y arrivez vous ? " S’il te plaît, ne presse pas mon clitoris aussi fort, ce n’est pas un bouton de game-boy " " Ne met pas autant de doigts dans mon vagin, ça me fait mal "Alors je gigotais, je remuais pour me dégager des contacts qui me déplaisaient... Mais il ne comprenait pas. Il continuait. J’aurais juste voulu pouvoir lui expliquer, lui dire ce qui me faisait du bien... Mais j’avais trop peur de le vexer...Il avait tout le temps envie... Et moi j’aimais me sentir désirée...Parfois, je m’ennuyais pendant le rapport... mais comment interrompre une fois que ça avait commencé ? Comment le sortir de moi en disant simplement " désolée, j’ai plus envie ". Parfois, je n’avais pas envie du tout... Mais comment signifier " je n’ai pas envie maintenant " sans qu’il comprenne " je n’ai plus envie de toi " ?

On a rayé le terme " devoir conjugal " du droit et des consciences. Mais la réalité qu’il recouvrait est encore si présente. Présente en moi, en nous, femmes ; en beaucoup d’hommes. Ces hommes qui même s’ils ne le formulent pas, s’ils ne l’exigent pas, prendraient notre refus du rapport sexuel comme un rejet, et ce rejet comme expression du déclin du sentiment amoureux. Femmes qui n’osent pas dire non, qui acceptent, qui se sentent obligées. Moi qui ai tellement peur...

En fait, mon histoire commence bien avant ça, quand j’étais petite fille. Quand on m’a appris le sens du sacrifice. Quand on m’a mis dans la tête que le sexe, ce n’était pas important pour nous, les femmes. Que pour les hommes c’était un besoin... Quand on m’a mis dans la tête que pour les femmes, ce qui comptait c’était les sentiments, qu’elles faisaient l’amour avec leur tête, tandis qu’un homme ne pouvait pas survivre sans sexe.
Mon histoire commence avec les films, les livres, toutes les représentations des rapports sexuels, jusqu’aux pornos que mes potes regardaient quand j’étais adolescente.
Mon histoire commence avec tous les discours sur la sexualité que j’ai entendus, ceux de ma famille, de mes amis, de filles du collège dans les toilettes... Toutes ces petites phrases qui n’ont l’air de rien mais qui véhiculent tant de choses...Oui, mon histoire commence bien avant...Quand je savais que les garçon avaient un pénis alors même que j’ignorais ce qu’était un clitoris... Quand je comprenais que la sexualité, c’était la pénétration vaginale, quand je voyais que c’était l’homme sur la femme. Quand j’ai intégré que les caresses du sexe d’une femme étaient appelées "préliminaires", que c’était avant les choses sérieuses, importantes, juste une entrée en matière, une mise en condition, vite fait ; que le vrai sexe commençait avec la pénétration et s’arrêtait avec l’éjaculation de l’homme.

L’histoire de mon sexe, c’est celle des garçons qui l’ont approché. Parce qu’avant eux, en dehors d’eux, il n’existait pas. Oh, bien sûr, je savais qu’il était là, entre mes jambes. Je n’ai pas grandi dans un espace où on ne le nommait pas, comme tant de femmes. Mes parents m’ont appris que j’avais un sexe, tout comme j’avais des bras, des jambes, une bouche. Qu’il était une partie de mon corps comme toute autre. Justement, c’est peut-être là que ça cloche : comme toute autre. Mes parents ne m’ont jamais appris quoi faire de mon sexe, quels étaient ses possibles, quelles portes il ouvrait et quels dangers il courrait. J’avais un sexe, donc, et tout ce que je savais de lui c’est qu’il me permettait de faire pipi, puis, plus tard, qu’il laissait couler du sang. Je me souviens d’un coup, quand j’étais au collège. les grandes se moquaient souvent de nous, les plus jeunes. Une fois, en sortant du bus, il y en a une qui m’a dit : "oh, fais attention, t’as fait tomber ton clitoris". J’ai regardé à mes pieds, cherchant des yeux l’objet dont elles parlaient... puis elles ont éclaté de rire et sont parties. Je n’ai pas compris.
L’histoire de mon sexe, donc, commence bien plus tard. J’ai 14 ans, un amoureux. C’est le premier... Je suis folle de lui, je rêve déjà des prénoms de nos futurs enfants. Ca fait quelques mois que je suis avec lui, et je l’aime vraiment fort. Mes copines me demandent souvent si "on l’a fait". Avec mon copain, on se caresse un peu, parfois on dort ensemble avec juste nos sous-vêtements. Parfois il caresse mon sexe sous ma culotte, ça me fait tout chaud dans le ventre, à la fois un frémissement délicieux et une sorte de nausée. J’ai l’impression qu’il faut qu’on le fasse. Que c’est ce que toutes les autres font quand c’est sérieux. J’ai très peur, mais je l’aime. Un jour, je le laisse me déshabiller entièrement. Il m’embrasse tendrement sur tout mon corps, puis il se met nu, lui aussi, et s’allonge sur moi. Je sens son sexe contre le mien, il essaie d’écarter mes cuisses. Et là, c’est la panique. je suis complètement perdue, je ne sais pas comment je dois m’y prendre, personne me l’a expliqué. Tout ce que je sais c’est qu’il est temps qu’on le fasse, mais je ne sais pas du tout comment. J’ai trop peur de mal faire, qu’il regrette, qu’il soit déçu. peut-être ça va faire mal, les autres filles disent que y’a un truc qui se déchire et qu’on saigne. Je resserre les jambes, paniquée. Il ne comprend pas, il insiste un peu, je me sens coincée, je me débat, je le pousse.Je vois encore son visage. Je vois bien que je l’ai blessé. qu’il ne comprend pas. Il me demande " tu ne m’aimes plus ? " » Je voudrais lui expliquer, lui dire que c’est pas lui, que j’ai juste eu peur... mais je ne trouve pas les mots. Je reste roulée en boule dans mon coin. La semaine suivante, il m’a quitté pour une autre fille.

J’ai 16 ans, un nouvel amoureux. Un jour, il me déshabille et me demande entre deux caresses si je suis prête. J’ai trop peur qu’il me quitte, je dis oui. Il met un préservatif et rentre en moi. Je suis tétanisée. J’ai tellement mal au ventre que j’ai peur de vomir sur lui. Nos rapports sexuels sont tous les mêmes : il caresse mon sexe quelques secondes, puis me pénètre. Au bout de quelques minutes, il éjacule et se retire. Moi, j’ai envie de câlins, qu’il me prenne dans ses bras, mais il est fatigué et il s’endort.Un jour il me demande si j’ai des orgasmes. Je lui répond que je ne vois pas à quoi ça correspond, que j’aime beaucoup faire l’amour avec lui mais que je ne ressens pas de pics... il me dit que je suis frigide...J’ai appris beaucoup plus tard que je n’étais pas frigide, parce que j’ai connu un autre garçon qui caressait mon clitoris. Mais à l’époque, comment aurais-je pu savoir ? Je ne connaissais que lui. Et c’était bien, puisque je l’aimais...

Il y a eu aussi ce mec qui a pété un plomb parce que je ne voulais pas... Que j’ai dû repousser... Qui est subitement devenu un autre, une bête affamée tournant autour de sa proie... Qui a refusé d’entendre que je disais « non.Comment dire " mon sexe " quand en fait ça a toujours été le leur ? Quand ce qui devrait être mon corps n’est que l’instrument de leur plaisir à eux ?Des mecs qui se masturbaient en moi, utilisaient mon corps comme une poupée gonflable, en plus sympa, y’a le son, la simulation. Ecarter les cuisses et subir, mais quand même avoir la délicatesse de lui signifier que c’est bon, pour ne pas mettre en doute sa virilité... Des mecs qui aimaient mon corps, oui, mais comme si c’était le leur, comme s’il ne me concernait pas, comme s’il était leur objet, leur jouet...

Je suis devenue féministe et j’ai appris le terme "sexualité phallocentrée". Est ce que vous savez ce que veut dire "sexualité phallocentrée" ? Et bien ça veut dire que la représentation qu’on nous donne du sexuel ne considère que le plaisir masculin au détriment de celui de la femme. Ca veut dire que quand on nous présente le coït comme seule forme de rapport sexuel, comme le "moment sérieux", c’est uniquement l’homme que ça arrange. Ca veut dire que quand Freud explique que la femme mature arrive à jouir dans la pénétration, à atteindre le fameux orgasme vaginal, c’est encore pour mieux museler la sexualité des femmes et assurer la jouissance de l’homme. Ca m’a fait un bien fou. ce n’était plus moi l’anormale, plus moi la coupable. Ce n’était plus moi la malade : c’était la société qui était malade. Mais aujourd’hui encore, je suis incapable d’avoir des relations sexuelles où je me sente à l’aise.

Aujourd’hui encore, j’ai peur d’être coincée, bloquée dans une situation que je ne veux pas sans réussir à l’arrêter... Aujourd’hui encore, j’ai l’impression d’être obligée de coucher avec un homme pour qu’il m’aime...L’histoire de mon sexe, c’est une histoire un peu triste...

LES FANTASMES :

Bon. On voulait parler des fantasmes, parce que c’est un truc qui revient souvent dans ce que raconte les femmes, et que c’est important aussi le rôle que prend l’imaginaire dans notre sexualité. Il y a des femmes qui se disent incapables de se masturber sans fantasmes, d’autres que leurs fantasmes dégoûtent ou effraient. Certaines femmes refusent de fantasmer, parce qu’elles trouvent leurs fantasmes malsains, ou trop différents de leurs envies.

C’est difficile de parler des fantasmes. D’abord, c’est quoi la définition ? Où commence le fantasme ? Quelles sont les limites, les frontières, entre désirs, envies et fantasmes ? Je te regarde et j’ai envie de t’embrasser. Quand je me masturbe je m’imagine le faire devant une foule de deux cent personnes, leurs regards braqués sur moi. Je rêve de faire l’amour dans une salle de cinéma. J’ai envie de coucher avec 6 personnes en même temps. Je ne me suis jamais faite pénétrée par une personne avec un gode-ceinture et ça m’excite. Quand je fais des rêves érotiques, je parle beaucoup à ma/mon partenaire, alors qu’en réalité je suis plutôt muette...Peut-être que nos fantasmes, c’est tout simplement tout ce qu’on s’imagine, les histoires qu’on se raconte à nous-mêmes, ce qui nous excite, nous fait chaud dans le ventre.Il y a les fantasmes qu’on n’a pas envie de réaliser, qui sont juste des petites diapos qu’on se passe pour s’exciter.Il y a les fantasmes qu’on n’ose pas réaliser, parce qu’on n’arrive pas à les exprimer, parce que c’est dur de parler de nos envies, parce qu’on a peur de passer pour une « trainée », parce qu’on ne veut pas choquer notre partenaire.Il y a les fantasmes qu’on n’assume pas, parce qu’ils ne correspondent pas aux types de rapports que l’on désire, parce qu’on les trouve dégradants, avilissants, moches.Il y a les fantasmes qui n’attendent qu’une occasion pour se réaliser...

Ce qui est au centre de tout ça, c’est le tabou, l’interdit, cette petite voix dans notre tête qui nous dit « faire l’amour, c’est ça » « une fille bien se comporte comme cela » « ça c’est sale ».Peut-être qu’il nous faut apprendre à expliquer à cette petite voix qu’elle commence à devenir pénible. Parce qu’après tout, si on regarde les choses un peu différemment, cela peut être très simple. Soit nos fantasmes ne concernent que nous (par exemple, j’ai envie de m’enfoncer la plus grosse courgette possible dans le vagin), auquel cas la seule chose qui compte c’est notre plaisir. Soit nos fantasmes concernent quelqu’un-e d’autre (par exemple, j’ai envie que mon/ma partenaire me menotte), et dans ce cas, on peut essayer d’en parler avec elle/lui, même si ce n’est pas évident. Et si il/elle est d’accord, et bien tout va pour le mieux, tout le monde y trouvera son compte. On peut se dire qu’il n’y a pas de pratique bien ou mal, ce qui compte, dans la sexualité entre deux personnes, c’est le consentement : si ça va à tout le monde, eh bien il n’y a pas de mal à se faire du bien !Soit nos fantasmes correspondent à des choses que vraiment, on n’assume pas, et on n’a pas envie du tout (par exemple, décapiter mon ou ma partenaire à coup de sabre en plein rapport sexuel), auquel cas on peut évidemment se poser des questions sur d’où nous viennent ces idées, mais tant que nous n’envisageons pas de les mettre en pratique, ça n’a rien de grave : c’est juste dans notre tête, ça ne fait de mal à personne.

En fait, ce qui est important, c’est de ne pas se culpabiliser, ou s’en vouloir d’avoir tel ou tel fantasme. Ce qui ne veut pas dire que ça ne serve à rien d’interroger ses propres fantasmes, d’essayer d’en trouver le sens et l’origine.

Simplement, il y a beaucoup de choses dans notre tête que nous ne cernons pas, et que nous maîtrisons encore moins : dans un tout petit fantasme, il peut y avoir un bout qui vient du film porno que nous avons trouvé à 10 ans dans la chambre de notre frère, et qui nous a marqué parce que c’était la première fois qu’on voyait des images de rapport sexuel ; peut-être un autre bout vient de nos discussions avec notre meilleure copine ; peut-être que des choses viennent de notre éducation, de la société dans laquelle nous évoluons, qui a une certaine manière de décrire la sexualité... On peut réfléchir à tout ça, et c’est intéressant, parce que effectivement nos fantasmes ne viennent pas de nul part et sont construits. Mais ça ne vaut pas le coup de se torturer parce qu’on a tel fantasme qui nous semble un peu bizarre.

Je fantasme que je couche avec trois personnes dans une cabine téléphonique.Je fantasme que je suis la patronne d’une multinationale et que tous mes employés passent dans mon bureau les uns après les autres et que celui qui me baise le mieux à une promotion.Je fantasme que je vais voir un-e inconnu-e dans la rue et que je lui propose de me faire l’amour, là, tout de suite, sans me dire un mot.Je fantasme que j’ai une partenaire sexuelle follement amoureuse de mon sexe, et qu’elle n’arrive pas à s’arrêter de le lécher, toute la journée : quand je bouquine, que je cuisine, que je regarde un film, elle, elle s’acharne à me faire jouir.Je fantasme que je suis attachée, au milieu d’une grande pièce vide, et que des dizaines de personnes me fouettent, et me baisent violemment. Je fantasme que je me tartine la chatte de confiture, et que des centaines d’insectes, attirés ainsi, sillonnent mon clitoris avec leurs milliers de pattes. Je fantasme, quand je me masturbe, que quelqu’un-e arrive et me surprend, puis se met à me regarder en se touchant aussi.Je fantasme que je suis sur la plage, le soleil se couche, le sable chatouille chaque parcelle de ma peau. Quelqu’un-e passe, s’arrête et me dit, en me regardant droit dans les yeux "tu es l’amour de ma vie, je t’ai tant cherché", et nous nous roulons ensemble dans les dunes.

Et alors ???

Nous vivons dans une société qui donne une certaine image de la sexualité des femmes, dans laquelle il est très difficile pour une femme de vivre ses envies et d’assumer ses désirs. Parce que l’idée selon laquelle le sexe est moins important pour les femmes que pour les hommes, qu’elles sont "cérébrales", "romantiques", que "elles font l’amour avec leur tête" est malheureusement encore très présente. Le résultat bien souvent, c’est que les femmes ont du mal à être sexuelles, et que dans beaucoup de relations hétérosexuelles, c’est l’homme qui prend les initiatives. Beaucoup de femmes se retrouvent dans des dilemnes indépassables quand il s’agit de leur sexualité : vais-je frustrer mon/ma partenaire si je ne fais pas ça ? suis-je un bon coup ? ne risque-t-elle/il pas de s’ennuyer ? mais en même temps, si je me montre trop entreprenante, ne vais-je pas passer pour une salope, une nympho ? Aujourd’hui, on ne parle plus trop des "filles de mauvaises vies", mais ce sont les "filles faciles" qui les ont remplacées. On trouve toujours des magazines féminins pour nous expliquer ce que fait ou ne fait pas "une fille bien", ou que si on essaie d’expliquer des choses à notre partenaire masculin sur notre plaisir, on risque de le blesser dans sa virilité, qu’il ne faut surtout pas mettre ses capacités en doute. Les rôles sexuels sont biens définis : l’homme actif, la femme passive. On raisonne trop souvent les positions sexuelles en terme de dominant/dominée (en levrette, la femme est soumise, quand elle est au dessus de son/sa partenaire, c’est elle qui domine).

Il y a une telle pression sur ce que doit ou peut être la sexualité d’une femme que parfois les fantasmes deviennent le seul espace où on peut reprendre le contrôle. De là peuvent naître des fantasmes, que parfois on n’assume pas : être la "dominante", sauter sauvagement sur quelqu’un-e, lui arracher ses vêtements, "contrôler" le rapport sexuel, être au dessus, attacher l’autre, être hyper provocante, sexy, tout en cuir, fouetter l’autre, c’est surtout être dans une position où on obtient ce qu’on veut, où on est maîtresse de notre plaisir. C’est revenir au centre de notre sexualité, avoir du pouvoir dessus. Dans la même idée, se sentir sexuellement désirable peut être une façon de se sentir avoir du pouvoir sur notre sexualité : fantasmes où tous les regards s’arrêtent sur nous, où on se masturbe face à un public au comble de l’excitation, où nôtre partenaire nous supplierait presque de le/la toucher, etc...
De l’autre côté, on a parfois des fantasmes de soumission, femme esclave sexuelle de son/sa partenaire sexuel-le, femme ligotée, jetée violemment sur un lit, fantasmes où on perd le contrôle, où l’autre a tout pouvoir sur nous. Certaines femmes sont choquées d’avoir des fantasmes ou rêves érotiques où elles sont forcées, fantasmes décrivant des situations s’apparentant au viol. Quand on a ce genre de fantasmes, ça ne veut pas nécessairement dire qu’on rêve secrètement d’être violée : c’est un fantasme, et dans l’imaginaire, la personne qui nous "soumet" fait en fait ce dont nous avons envie, mais qu’on n’arrive pas forcément à exprimer. C’est une manière d’être sexuelle dans notre imaginaire, sans être responsable : ainsi, on n’a pas peur d’être "la salope", puisque c’est l’autre qui fait tout, et en même temps, l’autre ne fait pas des choses qui nous déplaisent, dans le fantasme nos envies sont satisfaites, puisque c’est nous qui créons le scénario.

Alors quels que soient nos fantasmes, qu’ils soient torrides, violents, ultras romantico-gnangan, qu’on ait envie de les réaliser ou pas, essayons déjà de les accepter...Parfois, les décoder peut être utile, parce que nos fantasmes peuvent aussi nous renseigner sur nos envies, nos manques, nos frustrations, et nous permettre d’avancer dans notre sexualité...

DISCUTER AVEC NOS PARTENAIRES :

Trop souvent, on fait comme si la sexualité était quelque chose de naturel, de spontané. Comme si boum ! on est deux, l’un-e en face de l’autre, et là, c’est magique, on sait exactement quoi faire avec le corps de l’autre, comment lui faire du bien, ce qu’il-elle aime ou n’aime pas... Évidemment, on peut se dire que si on fait du sexe ensemble pendant longtemps, on arrivera à apprendre son corps, à décrypter ses soupirs... Mais ce n’est pas garanti du tout et surtout, ça demande du temps !Alors pourquoi ne pas renoncer à cette belle idée qu’on va trouver toute seule, et essayer d’en parler ? Dis comme ça, je suis sûre que vous serez toutes d’accord avec moi, mais dans la pratique, c’est beaucoup plus compliqué.

Parce que ce n’est pas facile de parler de tout ça, de mettre des mots dessus, de parler de notre corps et de ses envies. Parce qu’il y a énormément de tabous, parce qu’on a peur de choquer l’autre, parce qu’on ne veut pas être blessante... Et pourtant, notre corps a souvent beaucoup de mystères pour nous, alors comment quelqu’un-e d’autre pourrait tout savoir de lui ?Parler avec notre partenaire est important pour des questions de plaisir, pour lui apprendre ce qui nous fait du bien, mais aussi pour apprendre à le/la satisfaire. C’est aussi important pour des questions de consentement : comment savoir si l’autre a envie de telle ou telle pratique si on ne lui demande pas ? Quelle femme ne s’est jamais retrouvée dans une situation ou son/sa partenaire lui faisait quelque chose qu’elle n’aimait pas, ou dont elle n’avait pas envie à ce moment là, sans rien oser dire ?

Si on se dit qu’il n’y a pas de normes en matière de sexe, pas de lois ou de règlements, de guides du bien ou mal, que toute expérience est chouette du moment que tout le monde est d’accord, la notion de consentement est centrale. Et comment arriver à ce consentement sans parler ? Il y a des gens qui disent que la sodomie, c’est mal, c’est contre nature, c’est pervers. Je ne le crois pas. Par contre, si mon/ma partenaire me sodomise violemment d’un coup sans crier gare, il y a des chances que ça me mette très très en colère. Mais si il/elle vient m’en parler, me poser des questions, me demander si j’ai envie, et si oui comment, si je peux lui dire que ça me fait peur, qu’il faut qu’il/elle fasse attention à ne pas me faire mal, que je préférerais utiliser du lubrifiant, que dès que je dis « stop » il/elle s’arrête, et bien pourquoi pas tenter l’expérience et ce sera sûrement quelque chose de chouette qu’on aura partagé. S’il n’y a pas de règlement, ça veut dire qu’il n’y a que ce que les partenaires définissent ensemble, et alors là le champ des possibles s’étend à l’infini, on peut essayer plein de choses...

Alors oui, c’est pas évident. Des fois, moi je me sens tellement conne que je me cache sous les draps avant de demander timidement « t’as bien aimé ce que je viens de te faire ? ». Ca implique de la confiance en soi et en l’autre, de savoir que l’on n’est pas là pour se juger mutuellement mais pour apprendre à se faire du bien.

Parler avec son ou sa partenaire sexuelle, ça peut se faire de plein de façons différentes. Ca peut être créer un cadre de discussion, genre « ce soir, on parle de cul », et essayer de se poser tranquillement pour se dire les choses. Ca peut être aussi réussir à parler pendant qu’on est en train de faire du sexe, apprendre à introduire la parole dans ces moments là. Au début, ça peut être un peu dur, parce qu’on se dit qu’on va tout foutre en l’air, qu’on va casser l’ambiance, briser la spontanéité. Mais si on s’y met, ça peut aussi devenir un plus, un truc qui renforce la complicité entre les partenaires, et finalement, c’est pas si désagréable que ça de se parler de nos plaisirs...

Et maintenant, toi aussi, joue avec nous au grand jeu « parlons de notre sexualité ».
Voici une liste de phrases à dire à ton ou ta partenaire sexuel-le. A chaque fois que tu arrives à en sortir une, tu peux cocher sur la liste et gagner 10 points.

Des fois, j’arrive pas trop à savoir si t’aime ce que je te fais ou pas.
J’ai un orgasme !
On utilise quoi comme protection ?
J’aime bien quand tu me lèches comme ça.
J’aimerais bien me caresser le clitoris parfois quand on fait l’amour, mais j’ai peur que tu le prennes mal... On peut en parler ?
Non, j’ai pas envie de sexe maintenant.
Tu sais, l’espèce de truc de succion que tu fait avec mes tétons... et bien je déteste ça !
Ca te dirait que ton sexe vienne dans le mien maintenant ?
Quand je fais l’amour, j’adore qu’on me griffe le dos.
Non, là je n’ai pas envie que tu me pénètres.
J’ai envie que tu me sodomises.
Je peux mettre mes doigts dans ton vagin ?
Un de mes grands fantasmes, ça serait que tu m’attaches et que ce soit toi qui fasse tout.
J’aime qu’on me lèche les orteils.
Tu me fais mal !
Ca te dit qu’on prenne un moment pour discuter de nos limites, de ce qu’on aime et de ce qu’on aime pas ?
Et si on faisait une pause ?
Des fois, tu es sur le point de me faire jouir et tu t’arrêtes. C’est frustrant. Est ce que ça te va si je te demande de continuer un peu ? Ou alors je peux me faire jouir toute seule.
Je me sens mal à l’aise avec ton sexe des fois. J’ai peur de pas réussir à te faire jouir.
Jamais sans capote.
Des fois, la douleur m’excite.
Le truc que tu fais avec ta langue sur mon clito, là, ça me rend complètement dingue ! J’adore ça !
Y’a des positions que j’aime pas parce que je me sens femme objet.
J’ose pas sortir le gode du tiroir.
T’as déjà essayé la stimulation annale ?
Quand tu mets autant de doigts dans mon vagin, ça me fait un peu mal.
J’aime bien quand tu frottes ta langue sur mes dents.
J’ai envie de toi. Je peux te déshabiller ?

LE CUNNILINGUS, PARLONS-EN :

Pour pas mal d’entre nous, le cunnilingus, quand il est bien pratiqué, et reçu sans être une source de stress, est un plaisir assez intense. Comme toujours, d’autres femmes n’aiment pas cela, pour diverses raisons. Sans parler de celles, bien sur, qui aiment le lundi mais pas le mardi ! Et oui, nous sommes toujours si différentes... C’est sûrement aussi pour cela qu’on est si chouettes !

« Je me souviens de la première fois où on m’a fait un cunnilingus, j’avais horriblement peur de sentir mauvais, que ma foufoune pue. »

Je pense qu’on est beaucoup dans ce cas, à une période de notre vie. Les odeurs corporelles sont traquées des dessous de bras aux chaussettes en passant par notre pauvre petit vagin. Alors c’est normal à un moment qu’on en ait peur, vu qu’on nous invente même des lingettes, genres de déodorants à foufoune ! Mais en fait, si nos vagins et nos vulves sont humides, c’est qu’ils s’auto-nettoient, en produisant un fluide acide qui permet de contrôler les bactéries pour prévenir les infections. Et ce fluide, il a une odeur. Et une odeur différente en fonction de milliards de choses : de ce qu’on mange, de la période du cycle, de notre excitation sexuelle, de la chaleur, des sous-vêtements (s’ils laissent respirer notre vulve ou pas du tout)... Et cette odeur peut être une odeur stimulante sexuellement, comme beaucoup d’odeurs corporelles, comme par exemple l’odeur de transpiration, etc...

Nous avons toutes une odeur de foufoune, et c’est normal. Et si on la lave trop, qu’on lui met plein de choses pour qu’elle sente la rose, on va juste l’abîmer. Et on ne fera jamais partir l’odeur de foufoune pour un cunni, étant donné que pendant l’excitation sexuelle, on va mouiller, et donc notre sexe aura à nouveau une odeur et un goût, certes différents, mais il ne sentira pas la rose !

Après on aime ou pas. On peut adorer l’odeur de son sexe mais pas de celui de sa partenaire, on peut aimer l’odeur du vagin d’une femme mais pas celui d’une autre, on peut ne jamais aimer ou aimer toujours. Le tout c’est de pouvoir le dire : j’ai envie de te lécher le sexe, mais je préfère qu’il soit propre ou non, ne te lave pas systématiquement avant chaque cunni, j’aime ton odeur et ton goût.

Par contre, si on prend l’habitude de souvent sentir et goûter notre sexe, de voir comment tout ça change, et bien on devient capable de savoir que telle odeur n’est pas normale et que peut-être on couve quelque chose...

« Par contre, quand j’ai fait mon premier cunni à une femme, je me suis non seulement dit « que c’est beau » mais en plus « qu’est-ce qu’elle sent bon ! » »

On ne va pas faire un cours de cunnilingus, je vous rassure, on n’a pas encore trouvé la recette miracle commune à toutes les femmes (et bien heureusement !). Nos vulves sont tellement différentes que les cunnilingus ne se ressemblent pas du tout. On peut avoir un gros clitoris et aimer qu’on le suce, un tout petit caché qu’il faut trouver, aimer les gros coups de langue, les lèvres qui effleurent, avoir une langue dans le vagin, se faire lécher les petites lèvres, aimer les succions du clitoris, ne rien aimer du tout même. Le tout, c’est de réussir à le dire, à guider son ou sa partenaire. De même le cunnilingus est possible dans bien des positions, l’important c’est juste de se sentir bien !

Ah, tout ça, ça me donne envie de parler d’un truc, là... de nos jours (et même dans les précédents d’ailleurs !) un rapport sexuel c’est pour beaucoup un rapport avec pénétration. Et c’est embêtant, parce qu’on aime pas toutes ça (que ce soit des godes ou des pénis) et parce que ça place les autres pratiques sexuelles en dessous. On appelle alors ces autres pratiques sexuelles des préliminaires. On voudrait me faire croire qu’un délicieux cunnilingus ne peut pas être une fin en soi ?L’important c’est de passer un bon moment avec son ou sa partenaire, et il n’y a pas de pratique qui vaille mieux qu’une autre à partir du moment où les personnes sont consentantes. Et un cunnilingus tout comme une stimulation manuelle du clitoris ou je ne sais quoi encore peuvent être des relations sexuelles à part entière, et pas seulement un moyen de nous exciter sexuellement pour nous pénétrer !

LA FEMME QUI M’A RÉCONCILIÉE AVEC MA SEXUALITÉ :

Je voudrais vous raconter l’histoire de ma première expérience sexuelle avec une femme.

Cette femme, c’est ma meilleure amie, Eva.
Nous avions un rapport très proche toutes les deux, très tendre... Mais jamais l’idée ne nous avait effleurée d’aller plus loin...
Et puis, un soir, nous étions toutes les deux chez moi, à discuter tranquillement en buvant du vin... peut-être beaucoup de vin...
A un moment, j’ai voulu lui servir un verre et j’ai fait couler du vin sur elle... dans son décolleté pour être précise...
Et là, je ne sais pas pourquoi, nous avons ri toutes les deux et je me suis mise à lui lécher le cou...
Je ne sais pas trop comment, ça s’est fait tout naturellement, d’un coup nous avons arrêté de rire et j’ai entendu sa respiration... Ce léger halètement caractéristique de l’excitation...
Alors, doucement, avec mes lèvres, je suis remontée sur ses joues jusqu’à ce que j’arrive à sa bouche. Et je l’ai embrassée...
C’était doux et tendre, tellement délicieux...
Je voudrais vous raconter l’histoire de ma première expérience sexuelle avec une femme.

Cette femme, c’est ma meilleure amie, Eva.
Nous avions un rapport très proche toutes les deux, très tendre... Mais jamais l’idée ne nous avait effleurée d’aller plus loin...
Et puis, un soir, nous étions toutes les deux chez moi, à discuter tranquillement en buvant du vin... peut-être beaucoup de vin...
A un moment, j’ai voulu lui servir un verre et j’ai fait couler du vin sur elle... dans son décolleté pour être précise...
Et là, je ne sais pas pourquoi, nous avons ri toutes les deux et je me suis mise à lui lécher le cou...
Je ne sais pas trop comment, ça s’est fait tout naturellement, d’un coup nous avons arrêté de rire et j’ai entendu sa respiration... Ce léger halètement caractéristique de l’excitation...
Alors, doucement, avec mes lèvres, je suis remontée sur ses joues jusqu’à ce que j’arrive à sa bouche. Et je l’ai embrassée...
C’était doux et tendre, tellement délicieux...
Puis, elle a passé sa main entre mes jambes, les écartant lentement. Elle a promené sa bouche, sa langue, ses lèvres le long de mes cuisses, tout à la fois embrassant, léchant, aspirant et mordillant ma peau...
Elle remontait vers mon pubis, l’effleurait à peine et repartait...
Mon désir ne cessait de croître, devenant presque douloureux. Je gémissais comme jamais je n’avais gémi. Je remuais mon bassin sans même m’en rendre compte. Tout mon corps était happé par cette vague de désir...
Je la caressais toujours, ses bras, ses épaules, parfois très doucement, parfois je l’agrippais, comme pour me retenir, ne pas me laisser emporter, submerger...
Je sentais comme une brûlure dans tout mon sexe...
Et elle qui continuait à tourner autour, s’approchant, reculant, s’approchant, reculant.
Je me sentais prête à jouir alors même qu’elle n’avait pas touché mon sexe.
Et d’un coup, je senti sa lange remonter le long de mes lèvres, trouver mon clitoris et tournoyer autour... et hum....
Mes souvenirs sont tellement confus, tout se brouille...
Je me souviens de cette vague hallucinante m’emportant avec elle, de m’être entendue gémir si fort que ça m’a étonné, comme si c’était une voix lointaine...
Je crois que je n’avais jamais ressenti un plaisir aussi intense...

Je me souviens juste de ce besoin immense de la sentir prés de moi, de presser mon corps contre le sien, de l’embrasser...
Je ne sais pas si elle l’a senti mais elle est remontée...
Nous nous sommes étreintes quelques instants, puis ma main est descendue vers son sexe, sans même que j’y prête attention.
C’était tellement spontané, comme si mon corps parlait son propre langage, trouvait ses propres chemins, sans que j’y réfléchisse...

J’ai commencé à la caresser, doucement. Elle s’agitait sous mes doigts, et j’avais l’impression de comprendre, de ressentir son envie. J’accélérais mes mouvements, tout en prenant soin de ne pas frotter son clitoris trop directement, trop brutalement.
Je la sentait prête de l’orgasme et je ralentissais...
Je repartais caresser sa vulve... Je la sentais se tendre, le clitoris en avant, à la recherche de ma main et je revenais.
J’avais l’impression d’être guidée par ses gémissements, comme si elle me disait quoi faire, comme si elle donnait des instructions précise, son mode d’emploi, sans le moindre mot...

Puis je l’ai senti se raidir. Elle m’a mordu l’épaule (elle s’est excusée plus tard, craignant m’avoir fait mal). Elle n’était plus que tension, attente, désir. Puis je l’ai senti jouir, je ne sais pas comment dire, comme une vibration qui la parcourait, comme des spasmes, des contractions et puis un immense relâchement, son bassin retombant sur le divan...

Ca a duré des heures...
On ne pouvais plus s’arrêter...

C’était facile, sans gène, sans honte, sans interdits.
Nous sommes restées là à nous caresser, à nous lécher, à nous remplir des gémissements de l’autre...
C’était comme un jeu, comme une découverte enfantine, pleine d’innocence.

Nous nous sommes endormies, nues, l’une contre l’autre, sans même nous en rendre compte...
Le lendemain, j’aurais imaginé ressentir de la gène, une sorte de mal-aise, un silence lourd qu’on arrive pas à percer... mais non...
Eva m’a réveillée tendrement avec un café, comme elle le faisait souvent... et s’est installée sur le lit, en me parlant de son corps, de son sexe, de notre nuit...
Depuis cette nuit là, nous avons recommencé à faire l’amour de nombreuses fois...
Et pourtant, ce n’est pas ma « petite amie »... Nous partageons simplement ça ensemble, quand nous en avons envie.
Nous avons construit ensemble un espace unique... Un espace où nos corps sont libres, un espace où nous pouvons dire les choses, un espace pour expérimenter, découvrir, se laisser aller...
Ensemble, nous avons reconquit nos corps... Nos corps qui si souvent nous paraissaient étrangers, extérieurs, lointains.
Au fil du temps, les barrières sont tombées, et pour la première fois de notre vie, nous avons osé.
Osé se raconter des choses, se montrer, se regarder.
Oser se poser des questions.
Nous avons appris à nous masturber l’une devant l’autre, apprenant ainsi ce que l’on aimait chacune.
Nous avons appris à essayer : à essayer de jouer avec des objets, à essayer des stimulations annales.
Nous avons appris à faire des sortes de "travaux pratiques", des ateliers, des mises en situation... On se racontait nos difficultés, nos blocages, nos craintes, et on apprenait à les dépasser ensemble.
Nous avons appris à nous parler pendant nos rapports sexuels, sans que ces mots soient gênants, sans qu’ils rompent le charme du moment.
Nous avons appris des milliers de choses que jamais je n’aurais cru possible.

LES PLAISIRS ANAUX :

"Si vous voulez mépriser quelqu’unE, enculez-le/la verbalement ou physiquement, si vous êtes flic, bidasse ou un vrai mec, enculez votre coupable, votre pote de chambre ou votre meuf. Ca voudra implicitement dire que vous êtes le plus fort et que l’autre, celui ou celle que vous enculez est en dessous, passif/ve, objet-trou-soumis, comme dans l’expresssion "se faire avoir", "se faire baiser", "se faire enculer". Bref, si t’es l’enculéE, t’es vraiment nul-le, dominéE et inférieurE. De la racaille à la gonzesse en passant par les politiques qu’on désteste, tous et toutes des enculéEs ! (...) On sait que "enculé !" (généralement au masculin, les femmes c’est plutôt des "salopes !" ou des "pétasses !" que des "enculées !") est une insulte homophobe. Le discours habituel, c’est que ça stigmatise une pratique sexuelle surtout pratiquée par ... des homosexuels garçons. (...) Or, il me semble, que comme pas mal de monde a un anus, la sodomie peut être aussi pratiquée par des lesbiennes (même si on y pense rarement, pourtant l’enculage peut se pratiquer avec un/des doigt(s), ou divers objets variés) et également par des hétéroEs, donc on pourrait dire que ce n’est pas qu’une insulte homophobe.
Mais pourquoi serait-ce une insulte tout court ?"

Avec toute cette stigmatisation des plaisirs anaux, on peut comprendre que ce soit pas le truc le plus facile à pratiquer quand on fait du sexe. Depuis toujours on nous explique à quel point c’est rabaissant et « contre nature ». Mais certaines d’entre nous peuvent y prendre du plaisir. En effet, lors de l’excitation sexuelle, le sang afflue dans les tissus anaux qui deviennent très élastiques. Le faisceau nerveu clitoridien descend vers l’anus. C’est donc une zone qui peut être source de plaisir. Le plaisir anal peut être procuré de plein de manières différentes ou jamais apprécié.

On peut aimer juste des petites caresses sur l’entrée de l’anus, avec un doigt, une langue, un vibro, un pénis... ou l’introduction de son/ses propre(s) doigt(s), de ceux de son/sa partenaire, du pénis de tel partenaire mais pas de tel autre, d’un très petit plug ou d’un énorme gode, d’un vibro anal ou de tas d’autres choses. On peut aimer juste toute seule mais jamais avec d’autre ou juste avec d’autre et jamais seule. On peut aussi détester que qui/quoi que ce soit s’approche de cet orifice. Il se peut qu’avec le temps et l’expérience on aime mettre des objets plus gros, mais quoi qu’il arrive, même si vous aimez avoir un doigt dans l’anus ne vous étonnez pas qu’une bouteille de bière soit douloureuse et ait du mal à passer. Si cela vous attire, soyez progressives, cela vaut sans doute mieux pour vos derrières !

Le principal dans tout ça c’est peut-être de réussir à en parler. C’est pas forcément facile : le sexe anal renvoie une image dégradante, en plus les termes sont utilisés comme des injures dans le langage courant. Ca peut paraître difficile de dire « encule-moi ! », « t’as pas super super envie de me titiller le trou du cul ? » en plein moment érotique, mais « j’ai envie que tu pratiques une sodomie sur mon orifice anal ! » c’est pas forcément plus érotisant. Alors, il n’y a pas de super solution, mais essayer de parler de sexe avec nos partenaires, ça reste important dans les pratiques anales et le reste. On peut trouver une façon plus simple ou rigolote d’en parler, ou bien essayer de « dévulgariser » les termes « enculer », « sodomiser », en les utilisant uniquement à bon escient.
Et ce n’est pas le tout de réussir à dire quand on en a envie, il faut aussi réussir à dire que l’on aime pas ça. Vous me direz, comme toute pratique sexuelle, mais j’ai l’impression qu’il existe un réel fantasme pour beaucoup d’homme d’enculer la femme avec qui ils ont une liaison, dans une logique de domination, de se sentir fort (comme on l’a dit dans le premier paragraphe). Dire non ne veut pas dire qu’on est pas drôle, pas un bon coup où je ne sais quoi. L’autre doit comprendre que non, c’est non.

Beaucoup de femmes qui pratiquent les caresses anales disent ne pas le faire avec tous-tes leurs partenaires. Il faut qu’elles soient en confiance totale. Parce que c’est très intime, et le rapport au caca est présent et bloque beaucoup d’entre nous : on est pas à l’aise avec tout le monde de la même façon, et lécher l’endroit d’où sortent les excréments peut-être gênant, demander du temps, de la confiance, de ne pas avoir peur d’être jugée... Des femmes qui pratiquent la sodomie, de la même manière ne le font pas forcément avec toutes les personnes avec lesquelles elles ont une relation.

"Toute seule, quand je me masturbe, je mets toujours un truc dans mon anus... Ca m’aide à avoir un orgasme... Avec mes partenaires... Ca dépend, d’eux et du moment."

"Mes partenaires savent qu’elles ne doivent pas approcher mon anus... Dès qu’un doigt, ou leurs langues le frôle, ça me coupe toute envie de sexe... "

"Quand mon partenaire a un trop gros pénis, je ne peux pas, c’est trop douloureux... Je n’ai des pratiques d’enculade qu’avec ceux qui en ont un petit... Qui a dit qu’avoir un gros pénis ça devait être valorisé !? "

LE SAFE SEX :

Alors oui, on y coupe pas, il y a toujours un moment, quand on parle de corps ou ce sujet vient sur le tapis ! Mettre des bouts de plastique entre nous et notre partenaire... Mais bon, voilà, des fois il faut faire attention, et se préserver, alors parlons-en...

Tout d’abord, avouons que ce n’est pas toujours facile, on a toutes certainement des mauvais souvenirs de notre premier tête à tête avec un préservatif masculin, féminin, ou avec une digue dentaire... Mais cela peut aller en s’améliorant et même devenir un moment drôle dans notre sexualité (si si je vous assure ! ).

Souvent, on ne pense qu’au sida, qui est la maladie n°1 qui fait peur, aux hépatites, mais il y a aussi tout plein de maladie, infections, champignons que oui, c’est pas la fin du monde si on les attrape mais qui sont désagréables et dont on se passerait bien !

Pour cela il existe plein d’outils divers et variés :

Le préservatif masculin : celui-là, pas la peine de lui faire un max de pub, il est déjà bien connu... Il est en latex la plupart du temps, mais pour les allergiques il en existent en d’autres matières (plus chers !). N’hésitez pas à utiliser du lubrifiant qui évite qu’il se déchire. Et puis pour celles qui ont envie, il y en a de couleurs et de goûts différents...

Le préservatif féminin : il reste assez cher en pharmacie mais on peut s’en procurer dans diverses structures. Beaucoup moins connu que son acolyte, il est composé de deux anneaux. Un qui sert à mettre le préservatif en place au fond du vagin, l’autre qui recouvre les lèvres, permettant aussi une protection lors du cunnilingus. On peut le placer jusqu’à 8 heures avant, ce qui est pratique, ne demandant pas de pause préservatif pendant la relation sexuelle si on n’en a pas envie. Il est très lubrifié, très doux et en polyuréthane. Beaucoup de femmes vantent le mérite de son anneau externe qui frotte de manière agréable sur le clitoris pendant les rapports avec pénétration.

La digue dentaire ou carré de latex : c’est effectivement un carré de latex (alors que tu peux fabriquer toi même en coupant une capote dans la longueur, des gants en latex ou avec du film plastique) qui permet de lécher son/sa partenaire sans aucun risque de transmission de maladie. Cunnilingus, anulingus sont de cette manière 100% sécurisés. Il y a plein de petits trucs qui en plus transforme la digue dentaire en jouet sexuel, comme aspirer et faire des petites bulles au niveau du clitoris de sa partenaire, se permettre d’aller plus profond dans l’anus avec sa langue quand on aime pas trop le contact avec le caca...

Les gants : ils peuvent être en, latex ou en vinyle, il en existe même de couleur. Ils permettent de se protéger en cas de lésions des mains, et ils permettent aussi, quand on les retire (faut pas oublier sinon ça ne sert à rien !) de jouer avec son propre sexe alors qu’on a joué avec celui de notre partenaire sans mettre ses sécrétions en contact avec nos muqueuses.

N’oublions pas non plus que l’usage de lubrifiants à base d’eau permet de se faire moins de micro lésions et donc minimise les risques de contamination. N’oublions pas non plus que lors de l’échange de sex toys (ou de poireaux !) on change de préservatif.

CES IMAGES QUI ENFERMENT NOTRE SEXUALITÉ :

On aimerait croire que la sexualité est une affaire de goûts personnels, de préférences individuelles. Malheureusement, nous vivons dans une société qui produit une certaine vision de la sexualité, et qui nous la transmet. Depuis que nous sommes petites, nous développons notre rapport à la sexualité, rapport influencé par le monde qui nous entoure : nos parents, ce que disent les autres gamin-e-s dans la cour de l’école, ce qu’on trouve dans les livres, puis dans les romans, dans les films, ce que disent les magazines pour ados, puis pour femmes adultes, ce que nous racontent les filles de notre collège, les mecs du lycées, ceux avec qui on couche.
On nous transmet une image de la sexualité, image fermée, réductrice, normative, image qui véhicule des normes sociales. Image qui dit ce qui existe et invisibilise le reste. Image qui définit ce qui est bien ou mal. Image qui génère en nous son lot de problèmes, blocages, difficultés, interdits et autres restrictions... Partout, on nous renvoie au même schéma.


Le sexe, c’est l’amour.

Pour faire du sexe, il faut s’aimer. Sinon, c’est mal. Encore plus pour les femmes, qui sont supposées plus sentimentales que les hommes. Ce qui veut dire qu’on doit limiter notre plaisir à une seule personne, du coup choisir le-la bon-ne, se privant de la possibilité d’expérimenter, de découvrir, d’apprendre de chaque partenaire. C’est aussi focaliser toutes ses attentes sur une seule personne, qui doit satisfaire tous nos besoins, parce qu’il ne peut pas y en avoir d’autre.

Une fois, un pote m’a demandé si j’avais déjà couché avec quelqu’un dont je n’étais pas amoureuse. Quand je lui ai dit que ça m’était déjà arrivé, il m’a dit qu’il n’imaginait pas ça de moi. Et quand je lui ai demandé si ça ne lui était pas arrivé, à lui aussi, il m’a dit « moi je suis un mec, c’est différent ».

Moi j’en veux pas de leur pseudo bonheur à la conte de fée made in Walt Disney. Je vois pas bien comment tu peux trouver tout ce dont t’as envie en une seule et même personne . Je veux découvrir différents horizons, tester des choses multiples et variées. Ça m’éclate de chercher ce qui marchera, bidouiller par ci, gratouiller par là... Pourquoi je pourrais pas avoir plusieurs partenaires sans être une salope ?

Le sexe, c’est sacré.

Il n’y a qu’à voir comment on nous présente la très sainte « Première Fois » : c’est le moment crucial, le grand saut. Et ça ne fait que continuer ensuite : ça devient un monde à part, quelque chose qui se doit d’être parfait, magique, et donc quelque chose de stressant, d’angoissant. Tout amène à ce que le premier contact avec le corps de l’autre soit à la fois désiré, fantasmé et considéré avec appréhension jusqu’à la panique totale précédant le passage à l’acte. Ainsi, au lieu d’un échange simple et spontané, d’une découverte des corps (du sien et du différent), c’est les « est-ce que je suis prête ? » ou « est- ce que je vais être à la hauteur ? »


Le sexe, c’est un homme et une femme.

Bah ouais, lorsqu’on est petite, on nous demande si on a un amoureux, plus grande si nous avons trouvé un petit ami, mais le féminin est assez rare. Combien de parents expliquent à leur petite fille qui rentre de l’école en demandant « c’est quoi faire l’amour » que c’est quand un homme et une femme qui s’aiment beaucoup se donnent du plaisir ensemble ? Sur tous les films que nous avons vus, toutes les séries télés qui bercent nos adolescences, combien montrent des relations sexuelles entre deux femmes ? Ca ne peut pas être sans conséquence. Si dans toutes les images, dans tous les discours, on ne nous montre que ça, forcément que quand on débute dans notre sexualité, on élimine d’emblée la moitié des humain-e-s. Tu as de l’attirance pour les femmes ? Dommage pour toi, aux yeux de la société tu n’existes pas, sauf quand il s’agit de trouver quel gène à bien pu t’amener à te conduire ainsi. Des femmes qui couchent ensemble ? Ca permet de faire des pornos que les hommes adorent. Ou alors, c’est que les pauvres n’ont pas eu de chance, elles n’ont pas rencontré de « vrai » mec.

Lorsque j’avais 15 ans, ma meilleure amie a essayé de m’embrasser. Ca m’a tellement choquée que j’ai arrêté de la voir. Quand j’en ai parlé à ma mère, elle m’a dit que j’avais fait le bon choix.

J’ai toujours été beaucoup plus attirée par les femmes. Mais comment le signifier, comment le montrer ? Avec un homme, c’est facile... Dès qu’on s’entend bien la question du désir se pose, spontanément... Mais une femme ?


Le sexe, c’est le plaisir de l’homme.

Surtout, le sexe, ce n’est pas le plaisir des femmes ! Et oui, c’est quand même plus important pour un homme que pour une femme : chez eux c’est un besoin, chez nous c’est de l’amour ! Les mecs ignorent souvent beaucoup du plaisir d’une femme, mais le pire c’est que les femmes aussi ! Si à la fin d’un rapport sexuel, le mec n’a pas eu d’orgasme, c’est dramatique : on se dit qu’on est un mauvais coup, qu’on s’y est mal prise sinon il aurait éjaculé. Alors qu’il est hyper fréquent que les femmes n’aient pas d’orgasme, et qu’on s’en soucie pas beaucoup. Au final, ce qui est valorisant, c’est d’être capable de satisfaire son homme. La conséquence, c’est que souvent on fait passer le plaisir de l’autre avant le notre, et c’est le fameux « sens du sacrifice » féminin qui revient. Bizarrement, on entend vachement plus parler de femmes qui simulent que d’hommes qui simulent, de femmes frigides que d’hommes frigides...

Quand j’étais jeune, malgré le fait que j’arrive parfaitement à me donner du plaisir toute seule, ben pendant longtemps j’ai cru que j’étais frigide. Parce que je ne couchais pas assez avec des gars, parce que ça me faisait pas assez d’effet, parce que je m’attendais a un truc vachement plus fort et vachement différent, au final. Et pourquoi ça serait moi qui serait frigide ? Pourquoi ça serait pas les gars avec qui j’ai couché qui s’y prenaient comme des pieds, hein ?


Le sexe, c’est la pénétration.

Le sexe de la femme est toujours présenté comme le réceptacle de celui de l’homme. D’ailleurs, ne dit-on pas souvent que c’est un trou ? Si on regarde des scènes d’amour dans des films, ce qui est suggéré, c’est toujours la pénétration, et rarement un cunni !Et parfois, on ne pense meme pas à faire autrement : comme si un rapport sexuel sans pénétration n’était pas un "vrai" rapport. Il y a pourtant bien d’autre moyens de donner du plaisir, que ce soit à un homme ou à une femme...Le rôle du clitoris dans la sexualité féminine est constamment occulté. Logique, voir le point précédent : le but de la sexualité c’est le plaisir de l’homme, la pénétration est un moyen sûr pour l’homme d’arriver à l’orgasme (ce qui n’est pas le cas des femmes), le clitoris ne sert qu’aux femmes, il est donc inutile. Chez les ados, la version féminine de « branler », c’est « doigter » (sous-entendu pénétrer avec des doigts) : rien qui se rapporte au clitoris !

Je n’ai que très rarement d’orgasmes pendant un coït... Ce qui fait que je n’ai pas eu beaucoup d’orgasmes dans ma sexualité avec des hommes... Entre ceux qui trouvaient pas mon clitoris, ceux qui s’en foutaient et ceux qui savaient même pas qu’il existe... c’était mal barré !

Les préliminaires... Comment on peut appeler ça « préliminaires » ? C’est comme l’apéritif avant le dîner, comme des petits amuses-gueules, et pis si on n’a pas le temps, c’est pas grave, on passe direct au plat principal ? Et mon plaisir, mes orgasmes, c’est « préliminaire » ? C’est un truc facultatif, comme la clim, en option ?

Le sexe, c’est le pouvoir de l’homme.

Il n’y a qu’à se référer une fois de plus au langage : l’homme et la femme ne font pas l’amour ensemble, c’est l’homme qui prend la femme, l’homme qui la baise, la saute, la tringle. L’homme possède et la femme appartient. L’image de l’homme actif dans le rapport sexuel et de la femme passive paraît souvent logique : le sexe est vu comme un rapport de domination, avec une dominée et un dominant. Combien avons-nous entendu de discours expliquant que c’est à l’homme de prendre les initiatives, de diriger le rapport, que dans telle ou telle position la femme est plus ou moins soumise ? Quand il s’agit de relations lesbiennes, on trouve toujours des abruti-e-s pour se demander laquelle des deux « fait l’homme ». Ca veut dire quoi ? Celle qui fait l’homme, c’est celle qui gère le rapport, qui a le dessus, qui contrôle la situation. Ne peut-on pas envisager les relations sexuelles comme un partage, un rapport d’égalité ?

Vu que t’es mal à l’aise, tu te laisses faire et c’est l’autre qui prends les initiatives. Et plus c’est l’autre qui les prend, moins t’oses et moins tu te sens à l’aise et moins t’es à l’aise, plus tu te laisses faire et plus c’est l’autre qui gère. Et finalement on s’en sort plus !! Tu t’enfermes dans un truc où t’as plus du tout le contrôle de la situation et où t’as plus vraiment le choix !


Le sexe, c’est technique.

Soit on est un bon coup, soit pas. C’est pas plus compliqué que ça. On trouve toujours des magazines pour nous expliquer comment arriver à l’orgasme en dix leçons. Apparemment, il n’est pas envisageable qu’on soit toutes différentes, et qu’il n’y ait pas de mode d’emploi universel. Résultat : dans plein de situations, on n’essaie même pas de chercher, de découvrir, on applique juste les instructions. Et si ça ne marche pas, et bien c’est qu’on n’est pas normale, qu’on ne sait pas s’y prendre, qu’on est frigide, qu’on a un problème.

J’ai trop peur de mal faire, de pas savoir, de pas assurer, de pas être un « bon coup » ! Et comment ça marche un corps ? Je suis supposée le deviner ? Y a un gène spécial pour ça ? Le chromosome "maîtrise des corps" ? Malheureusement, tous ceux que j’ai connus sont fournis sans mode d’emploi !

J’ai plein de copines qui se sont mises très jeunes avec quelqu’un-e et qui y sont restées un paquet de temps. Alors forcément, avec tout ce qu’on nous dit, là, les " le sexe c’est comme ci, comme ça, faut faire ci et ça pour être un bon coup ", les " tout le monde aime ça " et j’en passe et des meilleures, t’en viens facilement à croire qu’on marche toutes pareilles et que les mecs aussi... Alors quand tu sors d’une longue relation, tu te retrouves sur le cul quand tu comprends que non, ce qui marche avec une personne ne marche pas toujours avec la suivante, hé non, toutes les voitures ne se conduisent pas de la même façon, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire !


Le sexe, c’est l’orgasme.

Alors c’est très chouette de reconnaître l’orgasme, mais quand ça devient le centre de la sexualité, son seul but, ça met sérieusement la pression. Un rapport sexuel sans orgasme devient forcément raté, alors pas la peine de perdre de temps à caresser d’autres parties du corps, à expérimenter d’autres plaisirs. Et ça donne des moments ou au lieu d’être satisfait-e-s de s’être fait du bien, c’est la prise de tête parce qu’on n’a pas réussi à faire jouir l’autre, et qu’on est un mauvais coup.


Le sexe, on n’en parle pas.

C’est censé être naturel, aller de soi, alors pas la peine d’essayer de causer. Déjà, on parle pas de notre propre corps : combien de mères expliquent à leurs petites filles qu’elles ont un clitoris ? Et vu que c’est un truc intime, plein de gène et de honte, parfois même avec nos meilleures copines c’est pas évident d’en parler honnêtement ! Et pourtant, ça fait du bien de partager nos expériences, de savoir que parfois on vit des trucs semblables, et qu’on n’est pas anormales.

Et le pire dans tout ça c’est que y a pas moyen d’en parler. D’abord parce que c’est vexant et puis dans l’ensemble j’aime bien quand on fait l’amour et je ne veux pas m’attarder sur des détails qui pourraient être blessants. Et moi non plus, j’ai pas envie de m’entendre dire que je suis un mauvais coup. J’ai peur aussi de casser la magie du moment. Je me vois pas là, tout arrêter pour faire un commentaire technique ou poser une question qui doit sûrement être idiote. « Excuse moi chéri, je sais que tu es sur le point de jouir mais je voulais te dire, c’est pas mal mais ralentis, redresse toi, un peu plus à gauche et plus circulaires les mouvements... ! » Et puis même si je me décidais à parler, qu’est ce que je pourrais bien dire, les termes sont, soit trop vulgaires, soit trop techniques ! Entre « pratique moi un cunnilingus » et « bouffe moi la chatte ! », j’ai du mal à choisir !


Le sexe, ça se fait à deux.

Enfin, quand on est une femme. Parce que pas de problème, il est communément admis que les mecs ont besoin de se branler, qu’il est normal qu’ils fantasment sur quatre superbes femmes dont le seul but serait de les satisfaire sexuellement. Mais comment regarderait-on une femme qui dit « moi, je me masturbe au moins une fois par jour » ou « j’adore les partouzes ? » La masturbation des femmes est loin d’être admise : on n’en parle pas, parce que une femme qui se masturbe, et bien c’est qu’elle est délurée, ou gravement frustrée, dans tous les cas c’est un peu pathologique. C’est déjà grave parce ça provoque des blocages vis-à-vis de la masturbation, on n’ose pas, ou alors on a honte. C’est grave aussi parce que ça nous empêche de découvrir notre corps, et que le résultat c’est qu’on le connaît mal. Et au final, on laisse à l’autre toute la responsabilité de notre plaisir, parce que nous on ne sait pas.


Le sexe, ça doit être moral.

L’image de la sexualité qu’on nous présente donne des définitions de "ce qui se fait" et "ce qui ne se fait pas". Ainsi, adolescentes, nous intégrons que la fellation est une pratique écœurante (ne parlons même pas de celles "qui avalent" !), que la position dite "en levrette" est asservissante, que la sodomie est sale, et que, bien sûr, l’homosexualité, on veut bien la tolérer, mais c’est quand même un peu contre nature ! Autant de présupposés qui viennent délimiter ce que doit être notre sexualité de notre sexualité, et nous prive de la liberté d’expérimenter et de définir nous-même ce qui nous plaît ou non.

Des fois, j’ai l’impression d’être complètement schizo... Soit je me lâche et j’ai peur de passer pour une salope nymphomane, soit j’ai pas envie de lui faire peur, et du coup je passe pour une petite vierge effarouchée, une coincée. J’arrive pas à me positionner... Quelle attitude choisir entre ce qu’on attend de moi et ce dont moi j’aurais envie ? Est ce que je dois me conformer aux attentes de mes partenaires et brimer mes envies ?Est ce que je dois imposer ce qui moi me fait envie et risquer de passer pour une grosse chaudasse ?Est ce que je dois les laisser tout faire et ne pas les brusquer et passer pour une grosse coincée du cul ? Mais dans ce cas là je me laisse complètement happée par les désirs de mes partenaires ?


Le sexe, c’est obligatoire.

Puisque le sexe c’est l’amour, c’est difficile d’avoir une relation privilégiée, intense, intime avec quelqu’un-e sans coucher avec. D’ailleurs, rien que le mot « intime » à cette connotation. Quand on dit « on a une relation très intime », beaucoup de gens comprennent « on couche ensemble ». On trouve toujours quelqu’un-e pour nous demander si on tient le coup, ou nous regarder avec compassion quand on n’a pas baisé depuis 6 mois. Et c’est les « alors, tu l’as fait » ou « t’es encore vierge ? » de notre adolescence...Et qu’arrive-t-il à celles qui n’ont pas de relations sexuelles, parce qu’elles n’en ont pas l’occasion ou simplement parce qu’elles n’en ont pas envie ? Et bien, ce sont des « frustrées », des « coincées », des « mal-baisées », des « frigides »...

Ma première relation sexuelle, j’avais 26 ans... Toute mon adolescenCe, pour ne pas paraître nulle auprès de mes ami-e-s, je me suis inventée des copains imaginaires, qui habitaient tous loin, que j’allais voir, et avec qui j’avais des relations sexuelles torrides.
J’aime pas le sexe. Enfin, j’aime la sensation de l’orgasme, mais j’y arrive bien mieux toute seule, alors... j’ai pas envie de faire du sexe avec les gens, ça crée une attente et après je me sens obligée de la réaliser, et ma relation devient glauque.

Notre but, c’est pas de dire "la sexualité, c’est trop nul, trop compliqué, oublie". Bien sûr qu’on peut avoir des relations chouettes et prendre énormément de plaisir. Simplement, ça nous paraissait bizarre de ne parler de la sexualité que comme d’un truc qui ne dépendrait que de nous. Ce qu’on veut dire, c’est qu’on est pas programmées pour avoir une sexualité épanouissante, et c’est une chose qu’il nous faut apprendre. Apprendre à oublier tout ce qu’on nous a appris sur ce qui est bien ou mal, pour faire de la place à nos envies, à ce que nous apportent nos partenaires éventuel-le-s, aux discussions, à l’expérimentation.

L’ÉJACULATION FÉMININE :

L’éjaculation féminine peut être une chouette expérience de plaisir pour certaines d’entre nous. L’important, c’est de ne pas avoir peur, si cela arrive mais c’est aussi de savoir, comme d’habitude qu’il y a des milliards de moyens de se donner du plaisir, orgasme ou pas, et que l’éjaculation féminine en est un.

Si vous vous référez à la littérature de ces cinquante dernières années, vous en conclurez que les femmes ont commencé à éjaculer dans les années 80. Ceci est bien évidemment absurde, et montre bien que les « expertEs » peuvent avoir tort pendant des décennies sur à peu près tout et n’importe quoi . Illes ont contraint les femmes à des opérations chirurgicales inutiles pour normaliser la pauvre « femme fontaine » qui éjaculait, à des consultations à des prix exorbitants afin de déterminer ce qui avait pu causer ce problème dans leur enfance.

Il y a certainement deux problèmes majeurs auxquels nous devons faire face et qui nous empêchent d’expérimenter l’éjaculation : le blocage dans notre tête (peur de faire pipi, peur de faire un truc pas normal...) et le manque de techniques (est-ce que vous avez souvent entendu parler de l’éjaculation féminine ?).

A en croire l’expérience des femmes qui ont connu des éjaculations féminines celles-ci se déclenchent plus facilement avec une stimulation du clitoris et une stimulation de la partie supérieure du vagin, côté pubis (donc du clitoris aussi, mais bon, c’est pour être clair !).

Beaucoup de théories divergent sur la grande question « mais d’où sort le liquide ? ». Il viendrait apparemment de l’urètre mais des femmes ont plutôt l’impression qu’il sort de leur vagin... Mystère ! Le liquide est clair comme de l’eau et non lubrifiant (ce n’est ni du pipi, ni de la mouille mais on retrouve des traces d’une enzyme aussi présente dans les sécrétions de la prostate).

Avant l’éjaculation une forte envie de pipi survient, c’est son signe avant coureur. Il ne faut pas le bloquer, non seulement on se tend et adieu l’éjaculation mais en plus il est vraiment très peu problable de faire pipi pendant que l’on a un orgasme. Il est peut-être utile de préciser que nous pouvons dans ces moments là, sortir une quantité de ce liquide impressionnant !

TÉMOIGNAGE :

La première fois que j’ai éjaculé par excitation clitoridienne, j’avais environ 20 ans. C’était après un rapport sexuel. Le mec avait éjaculé, en avait fini avec moi, s’était retourné en disant « bonne nuit ». Et moi j’étais là, comme un flan, avec ma frustration !!!Et d’un coup, je me suis rappelée un article dans un journal qui disait que si une fille avait envie d’ « uriner » après un rapport sexuel, ça signifiait qu’elle était prête à jouir. Je suis direct partie dans la salle de bain. Je me suis caressé le clito, qui s’est mis à gonfler comme un fou. Puis mon rythme manuel et cardiaque s’est accéléré encore et encore... J’ai cru que j’allais perdre connaissance ! C’était complètement fou ! Mon corps s’est raidi, mon clito m’envoyait des décharges électriques presque douloureuses, et là... !!! un jet de liquide très fluide a jailli de mon sexe. Je me suis retrouvé projetée au sol. J’étais complètement bouleversée. Je suffoquais. Mon sexe avait des spasmes. J’étais bien...Ce soir là j’ai préféré dormir dans le canapé.

Ensuite, je me masturbais régulièrement après les rapports où la frustration se faisait ressentir. Jusqu’au jour où une langue subtile et acharnée m’a faite éjaculer. Le gars était choqué de la puissance du jet. Il n’avait jamais vu ça ! Je me suis dit qu’il devait être plutôt « novice », et lui s’est dit que je lui avais pissé dessus. Aïe ! Aïe ! Aïe !Il m’a fallu quelques années pour éjaculer avec d’autres, ils étaient souvent choqués (les pauvres !).Au bout d’une dizaine d’années et de nombreux rapports sexuels plus ou moins satisfaisants, de quelques discussions, etc., je finissais par me dire que j’étais « anormale » (et oui j’aspirais encore à être « normale »)

Il m’a fallu rencontrer une féministe, lire de nombreuses brochures qu’elle me proposait pour m’apercevoir que je n’étais pas seule, et aussi pour me « permettre » de me masturber sans attendre d’avoir été frustrée par quiconque. C’était génial ! A tel point que je décidai de n’avoir des relations sexuelles qu’avec moi-même ! (y’avait d’autres « facteurs » en plus, comme mon rapport à l’autre, aux hommes et aux femmes, ma façon de relationner avec elleux ...)

Je continuai les lectures féministes avec beaucoup de difficultés (la différence d’écriture entre celles/ceux qui ont bac +++ et moi !!!) et aussi avec plein de curiosité...Il m’a fallu presque un an et demi sans aucun échange sexuel pour m’accepter, pour reconnaître mon homosexualité refoulée depuis mon adolescence, car bien sûr, comme je voulais être « normale », je ne pouvais pas être homo.

JE NE ME SUIS JAMAIS MASTURBEE :

J’ai grandi dans une famille de gauche, féministe, où l’on partageait beaucoup entre femmes, nos émotions et de la tendresse corporelle. Je suis très à l’aise dans mon rapport au corps, j’aime les corps, en mouvement, étendus, j’aime les toucher, les découvrir. J’ai passé la plupart de mon enfance avec des femmes de mon âge.
Mais de masturbation il n’a jamais été question.
La masturbation restait l’apanage des garçons, des rugbymen dans leur vestiaire.
J’ai commencé à faire du sexe à 14 ans, à cette époque, je considérais la sexualité comme un service. Je donnais mon corps à un homme pour le remercier de sa présence à mes côtés.
Lors de mes premiers rapports sexuels, je n’arrivais pas à savoir si j’avais envie de faire l’amour, j’avais besoin qu’un homme me mette un doigt dans la chatte pour que je voie si j’avais envie ou pas, selon le liquide qui s’y trouvait. BREF de la chair à soumission.
Mon goût pour les corps, mon avidité de caresses créait chez mon partenaire un désir que je me devais d’assouvir par la pénétration. Jamais je n’ai remis en question l’hétérosexualité, puisque je n’imaginais pas la possibilité de vivre ma sexualité autrement qu’avec des hommes et donc des bites.
A cette époque je pensais : Pénétration = but ultime de l’acte sexuel. Je suis impressionnée par les prouesses de l’auto persuasion puisque, pendant 5 ans, j’étais incapable de jouir sans pénétration.
Je ne regardais jamais mon sexe en face, je savais vaguement que j’avais un clitoris.
J’ai rencontré des garçons gentils, d’autres moins, un m’a aidé à prendre plaisir, à voir la sexualité autrement. Mais j’attendais toujours de mon partenaire qu’il me fasse découvrir mon propre plaisir, mon désir et les zones érogènes de mon corps. J’ai grandi dans un milieu contestataire et politique mais jusque là, la sexualité je l’ai vécue de la manière la plus conventionnelle possible, dans l’attente.
Alors que merde, comment un autre être et d’autant plus, un dont le corps, le sexe et le rapport qu’il a avec ne sont pas les mêmes, pourrait me dire comment moi je fonctionne !?! Fuck off le prince charmant.
Là dessus j’ai rencontré des hommes qui me disaient que mon désir était important, et même si j’ai de l’estime pour ces hommes, c’est encore une fois eux qui m’apprennent des choses sur ma sexualité et moi qui les écoute béatement.
Il y a quelques temps j’ai commencé à rencontrer la non mixité, à regarder mon sexe, à l’aimer, à prendre conscience que toutes nous en avions un. Au début je me sentais ridicule, je riais nerveusement lorsque j’essayais de me toucher, je le faisais en lisant sans m’y adonner pleinement. La critique de la raison pure n’est pas le meilleur ouvrage pour se laisser aller à la jouissance. J’ai acheté des sex toys, je les regardais du coin de l’oeil sur ma table de nuit pendant des mois, puis j’ai réussi à en jouer et à en jouir. J’ai donc commencé ce texte puisque maintenant je m’adonne à la masturbation avec un plaisir d’autant plus intense.

QUAND JE DIS NON C’EST NON :

Et quand je dis que j’ai mal à la tête, que je suis fatiguée, que j’ai autre chose à faire, que c’est pas le moment, que je sais pas trop, que j’ai trop bu, quand je dis non merci ou pas là, ou même quand je ne dis rien...

C’est dur de poser ses limites... Que ce soit à quelqu’un qui te siffle en t’interpellant dans la rue, cette fille qui te pelote les seins à cette soirée où tout le monde à trop bu, ton partenaire qui ne veut pas entendre que là, ce soir, tu n’as pas envie du tout...

Déjà, pour les poser, il faut les réfléchir, les connaître, en avoir conscience... Ne plus subir en se disant que c’est normal. Réfléchir à ce que l’on apprécie, ce qui nous exaspère, et l’assumer. Où sont nos limites ? La bonne question, elles peuvent dépendre de tant de choses, de notre humeur, d’à quel point on connait la personne en face (tu peux ne pas vouloir que cette nana que tu viens de rencontrer te prennes dans ses bras mais pour autant aimer prendre tes amies dans tes bras !)... Mais si on s’écoute un peu, et qu’on prend confiance en nous, on se rend bien compte des moments où on fait des choses qu’on ne voulait pas faire, qu’on accepte des remarques, des gestes qu’on n’a pas envie de subir...Et une fois qu’on se rend compte d’où sont ces limites, qui nous appartiennent, on peut passer à l’étape suivante qui est de les affirmer.

C’est pas facile, et il y a des contextes où c’est encore moins facile... Dire d’arrêter à un gars qui nous met une main au cul dans le bus, ça met moins de chose en jeu que de dire à son/sa partenaire que non, quatre doigts dans le vagin, c’est un peu trop, ça fait mal, ou autre.

Mais voilà, dire non, stop ou merde, on a oublié de nous l’apprendre dans notre petite éducation de femmes... Alors des fois on fait des efforts surhumains pour dire « euh, je sais pas trop », mais en face ce n’est pas souvent reçu comme le non catégorique qui est resté coincé au travers de notre gorge... Alors voilà, à ce niveau on est pas aidé en tant que femmes, et nous n’avons plus qu’à apprendre.

Apprenons donc à dire non et apprenons aussi à le faire entendre et respecter. Parce qu’on ne vit pas seule en ermite au fond d’une grotte. Là tu vas trop loin, je te dis non et si tu n’es pas contentE, c’est pareil, t’as pas le choix... Apprenons à dire non et à le faire entendre parce que ce qu’on nous a appris, à nous, c’est qu’une femme doit toujours dire oui. Apprenons à dire non et à faire comprendre que quand ce n’est pas oui, c’est toujours non parce que celui qui abuse de sa compagne dit qu’elle n’a pas dit non alors qu’elle pleure en silence. Apprenons à dire non et que ce non ne soit pas une insulte mais aussi un moment de complicité : « non, là je n’ai pas envie d’un cunni » et sans que cela ne porte à conséquence. Apprenons à dire non fermement pour que tous ceux qui nous embêtent dans la rue se taisent après notre passage. Apprenons à dire non pour être respectées.

PARLER ENTRE FEMMES :

Parler entre femmes, se raconter nos expériences, se poser des questions, se raconter des histoires, se donner des conseils, se rassurer, se déculpabiliser, rire ensemble, échanger nos points de vue...
Nous avons toujours des choses à apprendre les unes des autres. Parfois, c’est difficile, parce que ce sont des sujets dont on n’a pas l’habitude de parler... Mais ça fait tellement de bien.
Parler entre femmes. C’est ce que nous avons fait, et à force de parler entre nous, nous avons fait cette brochure, pour parler à d’autres femmes...

Personne ne sait mieux que toi...

On trouvera toujours des magazines pour nous expliquer comment on doit jouir, des gens pour nous dire que telle pratique est sale ou avilissante, des partenaires sexuel-le-s pour nous raconter que toutes les autres adorent ce que nous on n’aime pas. Il est important de savoir qu’aucune de nous n’est anormale, que dans le domaine du plaisir il n’y a pas de règles générales : nous sommes toutes des cas particuliers.
Toi seule connaît tes envies, sait ce qui te fais du bien ou pas.
Ne nous laissons pas dicter notre sexualité !

RÉFLEXIONS ET TÉMOIGNAGES DE FEMMES

Sur nos sexualités, nos corps, nos plaisirs, nos blocages, nos aventures heureuses et malheureuses...

Parce qu’il y a encore trop de tabous, trop d’interdits, trop de silences qui pèsent sur nos corps. Trop de méconnaissance aussi. Parce que nous voulons nous réapproprier nos corps, les rencontrer, les toucher, les connaître, et parler d’eux.

Pour toutes les femmes. Les jeunes et les vieilles, les mal baisées et les salopes, les frigides et les coincées, celles qui adorent le cul et celles qui n’aiment pas ça, les petites, les grandes, les grosses, les maigres, les moches, les hétéroes, les bies, les lesbiennes, les auto-sexuelles et les asexuelles. Pour toutes celles qui ont envie.

feminista at no-log.org



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