ailleurs


Paris : Bachibouzouk n°1 (hiver 2006-07) vient de sortir !

mis en ligne le 19 janvier 2007 - Bachibouzouk

"Bachi-bouzouks (zouk’) n. m. pl. : Ce nom, qui signifie en turc "les mauvaises
têtes, les têtes de désordre", désigne une sorte de corps franc levé par les ordres
du sultan, dans un cas de péril imminent pour l’empire. - Encycl. Ces troupes,
composées de tous les gens tarés et sans aveu, sont plus dangereuses pour ceux
qu’elles sont censées servir que pour leurs ennemis. Durant la guerre de Crimée, le
sultan avait envoyé un corps de
ces irréguliers aux généraux des troupes coalisés : il fallut prendre contre eux
les plus grandes précautions et, par bonheur, la plupart moururent du choléra dans
la Dobrutscha."
(Encyclopédie Larousse illustrée en 7 volumes de 1900)

SOMMAIRE :

Quelques propos sur la violence pendant le mouvement anti-CPE

À Paris comme ailleurs, des oppositions aux pratiques de casse et d’affrontement
avec les forces de l’ordre se sont largement montrées, allant des remarques
véhémentes - parfois hystériques - en AG jusqu’à
l’interposition physique (sic). Bien que chacun ait pu constater leur reflux à
mesure que la lutte gagnait en puissance, le rejet dogmatique de la violence n’a
pas cessé. Ce qui est étonnant n’est pas tant le fait que
cette position ait été tenue par bien des syndicats - que pouvions-nous attendre de
ces gestionnaires ? - mais qu’elle fut aussi celle de nombre de simples
participants. Le texte suivant tente de donner des raisons à
ces actions dites violentes, face à ceux qui, au nom d’une position « responsable
 », n’ont voulu y voir qu’une barbarie adolescente. Il est suivi d’une courte
réponse.

Un aperçu du mouvement anti-CPE à Alès

Alès, ancienne ville minière, 40 000 habitants aux pieds des Cévennes, de nombreux
chômeurs et RMIstes, des quartiers plutôt « chauds »... Un P.C.F. et une CGT encore
forts même si, depuis une dizaine d’années, ils se sont fait piquer la place à la
mairie par une crapule d’un autre style, maire, député U.M.P. qui ne répugne pas à
s’allier à l’extrême droite. Et au milieu, un énorme lycée de 3 600 élèves. Et
parmi eux, Grieg.

Paris et le mouvement anti-CPE

Cette discussion revient sur la lutte anti-CPE à Paris : lien entre ce qu’il s’est
passé à Paris et dans les autres régions, rapports entretenus entre les tenants de
pratiques dites radicales avec le mouvement au sens
large... Tentative de saisir « l’ambiance à Paris ». Et surtout, premiers matériaux
en vue d’une réflexion qui sera continuée plus tard.

Black box

On arrive, on pose la boîte, et là, il y a quelqu’un qui vient te voir pour te
demander ce que tu fais : « Je fais une image. » Il te répond alors que tu te fous
de lui. Tu l’emmènes au labo et là, il découvre le « truc ».

Images Nerfs

Images, imaginaires, images-nerfs... les images jouent avec nos joies et nous
entraînent dans leurs tristesses. L’image, synonyme d’« illusion », de « tromperies
médiatiques », de « manipulations publicitaires » : nous
avons appris qu’il fallait se méfier d’elles et de ce qu’elles véhiculent. Mais que
serait un monde vidé d’images ? Et si l’illusion nous ouvrait des mondes que la
société du Spectacle aimerait nous voir oublier ? Et si des
pestacles pouvaient nous rendre les imaginaires collectifs arrachés à nos corps,
vendus au culte du travail ; si nos yeux s’étaient enterrés à force d’observer et
de mater ? En voyant le pestacle des Fées Railleuses, se
jouant des airs et des mots dans leurs Entredits, nous avons eu des désirs de dire,
comme une danse... Un texte formé et formulé par trois personnes mais émanant d’un
imaginaire commun cristallisé par une nébuleuse de rencontres... À contre-pied
d’une pensée critique simpliste qui tend à associer image et mensonge par
opposition à une réalité-vérité, ce texte regarde des images, celles qui nous
produisent sans cesse, autant que nous les produisons, intimement ; elles sont ce
qui fait la consistance de nos vies, la formulation de nos désirs, l’enjeu de nos
luttes... et l’occasion de revivre des arts mystérieux, des rages à fleur de
peau...

Le fantôme de la Decency

En 1936, en Californie, John Steinbeck visite un camp de « squatters » dans le Kern
County. Dans ce bidonville peuplé de travailleurs agricoles, il rencontre un peuple
méprisé qui lui inspire Les Raisins de la Colère,
roman dont John Ford tirera l’un de ses chefs-d’oeuvre cinématographiques. Dans ce
comté, la possession d’une copie du roman reste aujourd’hui encore un délit. Trop
juste sans doute, trop vrai aussi. Comme un mauvais souvenir, cette famine
organisée, cette prolétarisation forcée des paysans, n’ont cessé de hanter notre
monde.

Connected brains, disconnected people

Serial Experiment Lain est une série d’animation en treize épisodes réalisée en
1998 par Ryutaro Nakamura sur un scénario de Chiaki J. Konaka. Cette série se veut
la première dont l’action se déroule dans le monde
virtuel. Comme dans beaucoup de mangas ou d’autres oeuvres de la pop culture
nippone (Gunm, Néon Génesis Evangélion ou la série des Final Fantasy), les
manifestations du progrès technique y tiennent une place importante et souvent
négative, mêlées à une fascination. On peut sans doute y voir les traces d’un
traumatisme culturel lié aux bombardements américains à la fin de la seconde guerre
mondiale : test des nouveaux bombardiers sur la province de Kyushu, bombardement
nocturne de Tokyo au napalm (plus du quart de la ville est rayé, 100 000 personnes
périssent...) et bien sûr les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Le
point de départ de la série est le suicide de Chisa Yomoda, camarade de classe de
Lain.

La quête d’une vie simple : les Naturiens, néo-Naturiens et Tahiti

Ce titre peut paraître pour le moins exotique ou anecdotique. En effet, il fait
référence à un point de vue spécifique apparu chez des ouvriers et artisans
anarchistes appelés « naturiens » (dans les années 1890) ou « 
néo-naturiens » (dans les années 1920) qui se distinguent de leurs camarades par
leurs critiques de la Civilisation, du travail ou du progrès. Ils privilégient
parfois l’émancipation individuelle et la fuite
à l’issue révolutionnaire qui paraît toujours lointaine et chimérique. Mais c’est
parfois surprenant de découvrir l’histoire d’individus et de groupes qui rappellent
par certains aspects nos propres discours, volontés
ou envies. Cela peut également être utile pour relativiser le caractère, supposé
novateur, de ce que nous faisons. Non pas pour retomber dans un relativisme
désabusé mais plutôt pour nuancer ou affiner certaines
positions et avec l’envie (l’illusion ?) de dépasser certains questionnements qui,
souvent, ne datent pas d’hier.

Logiques biométriques

Technologie de gestion des hommes fondée sur la reconnaissance de caractéristiques
physiques spécifiques (forme du visage, empreintes, paume de la main, iris de
l’oeil), la biométrie s’installe pour contrôler les
flux et identifier de manière machinique. Par-delà les critiques qui mettent en
avant la question de la vie privée, de la surveillance ou de la venue d’un monde à
la 1984, il convient de situer cette technologie dans
le cadre des logiques qui trament d’ores et déjà notre monde. Et de repérer, en
parallèle, les lignes de fractures sensibles ainsi que les forces en présence, afin
de réfléchir sur les modalités d’une opposition
fructueuse à cette mutation en cours.

Grenoble 2006 : retour sur la bataille des nanotechnologies

Le 2 juin dernier, Minatec était inauguré à Grenoble. C’est l’un des plus gros
centres de recherche consacré aux nanotechnologies, ces nouvelles technologies
explorant l’infiniment petit en utilisant des matériaux
nanométriques, c’est-à-dire dont la taille n’excède pas le milliardième de mètre.
Les scientifiques et les différents représentants de l’État investis dans ces
recherches nous promettent qu’elles vont révolutionner
de nombreux domaines de notre existence comme la santé, l’énergie ou
l’environnement. Il est certain que les nanotechnologies constituent un grand pas
en avant vers un monde de moins en moins maîtrisable, accordant
toujours plus de pouvoirs à des experts scientifiques et politiques dont les
intérêts (notamment celui de pouvoir gérer toujours plus efficacement la
population) ne sont pas ceux des gens dont ils prétendent révolutionner
l’existence. Il convient donc de s’attaquer à ce prétendu Progrès dont la
bienveillance nous écrase et à toutes ces tentatives d’artificialiser les milieux
de vie. Ces évolutions ne sont pas inéluctables, elles dépendent de rapports de
forces politiques à un moment donné, et leurs conséquences
peuvent nous toucher directement et quotidiennement. C’est dans ce cadre qu’ont eu
lieu, du 29 mai au 2 juin, diverses actions, manifestations et discussions à
Grenoble autour de la critique des nouvelles technologies Plusieurs centaines de
personnes de différentes régions s’y sont retrouvées. Nous publions ici un
entretien réalisé avec trois d’entre elles, Antonius, Anatolie et Malcolm,
présentes ensemble à Grenoble durant cette semaine.

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nous contacter à : bachibouzouk at no-log.org.