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Comment composter sa merde sans paniquer Guide pratique en 23 étapes faciles

mis en ligne le 16 août 2018 - Tom et Julie

« La merde de l’un est la bouffe de l’autre. »
Joseph Jenkins

Bonjour !

Ici Tom et Julie ! C’est nous les Intrépides !

Après le grand succès du zine « Comment sortir de la civilisation sans
paniquer », on a eu l’idée de faire un texte qui explique comment composter
sa marde, et oui toujours dans le but de ne pas paniquer. On habite dans des
maisons où on utilise / veut utiliser des toilettes-composts, et on n’a pas
tou.te.s la même vision. On a expérimenté, on a lu de l’info pour mieux
comprendre et mieux le faire, et pour avoir des arguments légaux devant la
municipalité. En effet, comme vous le lirez dans la dernière section de ce
document, c’est assez coriace d’avoir une toilette-compost légale... mais rien
n’est impossible avec les Intrépides !

On voulait aussi partager les informations et expériences qu’on a fait, en se
disant que ça pourrait servir, que ce n’est pas tout le monde qui va lire toute la
documentation sur le sujet (même si on ne l’a pas toute lue non plus !).
Et surtout, on veut défaire des mythes autour des toilettes-compost. Nous y
avons été confronté.e.s par la municipalité, nos familles et, malgré ce qu’on en
croirait, aussi par des ami.e.s qui, dans leurs idéaux, croient aux toilettes-
compost. Que voulez-vous, parfois nos idées se confrontent dans leur
concrétisation à une culture ancrée profondément en nous... C’est pas pour
autant qu’il faut se décourager, ça vaut le coup de tenter de déconstruire ces
mythes et préjugés.

1. BON, LA PREMIÈRE QUESTION : POURQUOI COMPOSTER SA MERDE ?

« Les selles et l’urine sont des déchets seulement lorsqu’on les jette,
lorsqu’on les recycle, elles deviennent des ressources..
 »
Joseph Jenkins

« Le monde est divisé en deux catégories de gens : ceux qui chient dans leurs
réserves d’eau et ceux qui ne le font pas. Nous, en Occident, sommes dans la
première catégorie. Nous déféquons dans l’eau, habituellement de l’eau
potable traitée. Après avoir pollué l’eau avec nos excréments, nous la flushons
« ailleurs », sans savoir où ça s’en va, en supposant qu’on s’en soucie. » [1]

Nous avions marre d’être dans la première catégorie, croyant dur comme fer
que notre marde peut être utile. On appelle cette ressource le « fumain », et
non pas excréments humains, car comme le fumier, c’est une ressource
organique riche en nutriments.

2. CONNAÎTRE LA VIE DE SA CROTTE

Voici un bref survol des systèmes les plus courants au Québec.

Tout
d’abord,
quand tu fais caca,
ta crotte tombe
dans une cuve de
toilette dans de
l’eau potable, puis
elle est flushée soit
vers les égouts,
soit vers une fosse
septique.

Égouts :

Quand on habite en ville, notre crotte fait une promenade dans le système
d’égouts municipaux, pour atterrir à l’usine d’épuration. (Pour savoir qu’est-ce
qui se passe après, il vous faudra patienter jusqu’à la section sur le traitement.)

Fosse septique :

La fosse septique est une grosse tank (en ciment ou fibre de verre), enterrée
dans ta cour ou dans celle de tes parents, et qui est rattachée à un champ
d’épuration. Le solide se dépose au fond de la fosse, et les surplus de liquide
s’écoule vers le champ d’épuration – ce champ sert de filtre naturel pour traiter
les eaux qui proviennent de la fosse. Il est constitué d’un zig-zag de tuyaux
perforés enterrés dans le sol. Ce dernier est disposé par étages plus ou moins
filtrants (sable, gravier, sol naturel). Il y a évidemment plein de variantes de ce
système, toutes supposément plus écolos les unes que les autres. En gros, les
eaux grises (lavage, vaisselle, douche) et noires (toilette) patientent dans un
processus de décomposition anaérobique jusqu’à ce que la fosse septique soit vidée (aux deux ou quatre ans si l’habitation est à temps plein ou partiel) [2],
c’est-à-dire pompée par un camion et amenée à l’usine d’épuration.

Et c’est maintenant que vous apprenez le mystère de la grosse boîte grise où
l’eau rentre noire et moutonneuse pour ressortir transparente.

Le mot « septique » vient du
latin septicus issu du grec
sepsis, signifiant « qui produit
de la putréfaction, qui est
corrompu, infecté
 ».

Le traitement :

On va y aller brièvement, parce que ce n’est pas une brochure sur les usines
d’épuration des eaux et qu’on n’a pas non plus fait de recherches exhaustives
sur le sujet. Donc, c’est là où se retrouve le contenu des égouts, des fosses
septiques, les rejets des industries, des hôpitaux, etc. Ces eaux passent par
plusieurs étapes : d’abord par des grilles et des filtres pour enlever les plus
gros morceaux et le sable, puis par un traitement chimique pour éliminer les
dernières particules en suspension et réduire la
quantité de phosphore. Il y a donc séparation de
l’eau, des boues et des écumes, ces deux
dernières seront mises à sécher pour faire des
beaux gâteaux à brûler et enfouir dans un
dépotoir, ou composté industriellement. Pour
l’eau, devinez qu’est-ce qui arrive ? Il faut
encore la désinfecter. La plupart du temps,
c’est avec du chlore (Cl2), un poison qui
tue les micro-organismes et qui est
dangereux pour les animaux et les humains – tout le monde sait bien qu’il faut sortir de la
piscine quand M. Alien en scaphandre
vient ajouter du chlore.

Ce type de traitement des eaux n’est pas
très ancien et, jusqu’à récemment, les égouts
de la plupart des villes du Québec se rejetaient
quasi directement dans les cours d’eau.

Si on prend l’exemple de Montréal, l’usine de traitement des boues
municipales est en chantier afin d’utiliser l’ozone comme méthode de
décontamination de l’eau avant de la rejeter dans le fleuve. Mais il faut savoir
que l’eau extraite du fleuve est chlorée avant de prendre la direction de nos
robinets. [3]

« Au Québec, chaque personne consomme 386 litres d’eau par jour. Si vous
avez une toilette dont le réservoir est de 18 litres, vous utilisez 30 000 litres
d’eau traitée par année pour évacuer 650 litres de déchets humains...
Ensemble, nous produisons plus de 900 000 tonnes de boues municipales (sur
base humide), par année. Le Ministère du Développement Durable, de
l’Environnement et des Parcs, (MDDEP) estime qu’en 2007, seuls 27 % de ces
boues municipales ont été valorisés d’une manière ou d’une autre comme
matières fertilisantes (épandage ou compostage). Cette situation serait liée au
faible coût de l’enfouissement sanitaire au Québec et à la présence
d’incinérateurs dans les grandes villes. 73% de ces boues ont donc été
incinérées ou enfouies. » [4]

La majeure partie de la pollution organique de nos rivières est d’origine
domestique et agricole. « Cette matière organique est transformée par les
stations d’épuration en nitrates et en phosphates (y compris par les stations
d’épuration dites “tertiaires”). Ces deux substances sont responsables de
l’asphyxie des rivières. 97% de l’azote et 50 à 80% du phosphore contenus
dans les eaux usées urbaines viennent de nos W-C ! » [5]

3. COMPRENDRE LE CYCLE NUTRITIF DE L’HUMAIN

Si on regarde tout le cycle nutritif de l’humain,
on se rend compte que les problèmes liés à la
gestion de nos déjections dépassent
largement la pollution de l’eau : le
fumain
peut
être
source
de
nutriments pour le sol tout comme
le fumier animal, en le flushant
par les toilettes, on accroît nos
besoins en fertilisants chimiques,
et on encourage donc l’agro-
industrie
et
toutes
ses
conséquences sur les sols, l’eau
et la biodiversité.

Dans un cycle nutritif humain intact,
on fait pousser de la nourriture,
on la mange, on la digère et
on l’excrète, puis on composte
et retourne les nutriments au sol.
Et le cycle se répète.

Lorsqu’il est brisé, on utilise des
fertilisants chimiques pour enrichir
une
terre
appauvrie
par
l’agriculture intensive, pour faire
pousser de la nourriture, qu’on
mange, digère et excrète. Puis,
nous jetons nos excréments, dans
une eau polluée (à traiter avec d’autres
8produits chimiques). Et on arrose nos légumes avec de l’eau pleine de produits
chimiques pour manger plus, pour chier dans l’eau, pour polluer l’eau, pour
mettre plus de chlore, pour irriguer des champs desséchés, pour s’intoxiquer
et aller faire une cure de santé dans des bains suédois, pour travailler plus,
pour faire plus d’argent, pour faire plus de poudre, pour travailler plus, ...

« Nos déjections font partie intégrante de la biosphère, ce ne sont pas des
déchets à éliminer. [...] La biomasse humaine étant devenue importante sur la
terre, la destruction de nos déjections sous prétexte d’épuration est un facteur
important de déséquilibre des écosystèmes qui nous font vivre. [...] le contenu
azoté des déjections humaines représente 40% de l’azote utilisé dans
l’agriculture mondiale. La biomasse fécale humaine est donc loin d’être
négligeable. Sa destruction [...] crée un déficit dans la fertilisation des sols,
tandis que l’épuration transforme l’azote contenu dans les déjections en
pollution par les nitrates. Malheureusement, l’épuration n’est pas la seule
technique de destruction de la biomasse fécale (animale ou humaine). Toute
technique ne respectant pas rigoureusement les conditions de la pédogenèse
(formation de la matière humique du sol), soustrait la biomasse précieuse du
fonctionnement de la biosphère. On peut aisément montrer que l’écobilan des
techniques comme le lagunage [6], la biométhanisation [7], l’épandage du lisier,
l’enfouissement de la matière organique dans le sol, etc., est négatif. »
- Országh.

4. VAINCRE SA FÉCOPHOBIE

LES GENS PENSENT QUE... La marde reste de la marde, même une fois
compostée. C’est faux ! Si tel était le cas, on en serait enseveli.e depuis
longtemps... Le problème n’est pas la matière en soi, mais ce qu’on en fait.
Elle disparaît magiquement dans l’eau ??? Pourquoi l’épuration industrielle
permettrait de boire de l’eau qui a transporté de la marde alors que le
compostage ne permettrait pas de la renvoyer au sol ? Peut-on avoir aussi
confiance en l’industrie ???
Changeons la fécophobie de place : d’où vient l’eau que tu bois ???

Si on ne veut plus chier dans l’eau potable et s’occuper soi-même de son
caca, on se heurte à la fécophobie, la nôtre et celle des autres. En effet, ce
n’est pas une bonne idée de manger du caca, on risque d’être très malade.
Mais, y’a comme une névrose dans l’air...

Le syndrome de l’empereur chinois représente une bonne image de cette
peur : « On raconte souvent que les empereurs chinois, contrairement à leurs
sujets, ne consommaient pas les aliments récoltés sur des terres fertilisées avec
des déjections humaines. On cite également le refus des ruminants de manger
l’herbe qui pousse sur leurs déjections. La réticence à utiliser les déjections
humaines est en fait de nature
psychologique et culturelle, de même
que la crainte de la contamination
bactérienne. Il ne faut pas perdre de vue que : les Chinois ne compostaient pas leurs déjections,
mais l’utilisaient directement sur le
sol ; l’herbe des prairies engraissées
avec du fumier composté est bien
acceptée par les animaux. »
- Országh.

Les mots et les expressions ont tout un bagage de sens, d’histoire
socioculturelle, qui les dépassent parfois. Une étude linguistique à propos de
Tuléar, une ville située sur le littoral sud-ouest de Madagascar démontre que
cette phobie des excréments est ancrée au plus profond de nos habitudes
langagières [8]. Sans s’en apercevoir, notre langage implique en soi notre déni,
nos tabous et certaines pratiques spécifiques de gestion des excréments. Par
l’influence de la science et de la médecine moderne, les déjections humaines
en sont venues à être considérées comme extrêmement dangereuses.
Attention si vous voyez une crotte non flushée... À vos scaphandres ! Fuyez !!

On peut aussi faire un lien avec le début des grandes
agglomérations urbaines, avec l’entassement des populations ;
toute chose qui se ferait normalement « digérer » par les
écosystèmes
environnants
devient
une
matière
supplémentaire que l’on doit gérer, se débarrasser et
cacher autant que possible. À l’inverse, le langage peut
devenir un outil intéressant pour se départir de ces
vieilles croyances et pratiques qui nous habitent. De
cette façon, les excréments humains peuvent devenir
du « fumain ».

Certaines personnes ont beaucoup d’imagination pour
apprendre à apprivoiser leur caca : « Après la Gold
Pills, la pilule qui transforme votre caca en or, la
nouvelle invention est la Glitter Pills. Une petite pilule
aux allures de médicament, mais sans aucun
médicament, à l’intérieur est uniquement des paillettes !

[...] Une fois que vous avez ingurgité la pilule, elle se
dissout dans votre estomac et libère quelques
grammes de paillettes !
 » [9]

5. L’APPRENTISSAGE DE L’AUTONOMIE

Lorsque l’on vieillit, on cesse de dire bye bye à notre crotte, c’est là que le
dénie commence.

« [C]e qu’il y a de vraiment bien avec les toilettes sèches, c’est
l’autonomisation qu’elles permettent. Déféquer et uriner sont parmi les besoins
les plus fondamentaux : « je mange, donc je chie ; je bois, donc je pisse ». La
toute première autonomisation de l’enfant est celle où il prend pour la
première fois conscience qu’il est dépendant de sa mère, et où il s’aperçoit
qu’il peut obtenir une certaine autonomie en apprenant à gérer ses déjections,
plutôt que de s’abandonner au confort et à la simplicité de la couche. En
apprenant à contrôler ses déjections, en ne comptant plus sur l’attention que
lui portent ses parents pour se libérer de cette inévitable conséquence de
l’alimentation, l’individu cesse d’être un nourrisson, et devient un enfant, qui
apprend progressivement à devenir autonome.

« De la même manière, nos toilettes à eau nous ont rendus dépendants de la
société dans laquelle nous vivons ; dépendants des autres et de la collectivité.
Elles sont les « couches » des adultes. Pour installer des toilettes à eau chez
nous, nous devons acheter des toilettes étanches, équipées d’un siphon, et
que nous ne pouvons pas fabriquer nous-mêmes. Il nous faut ensuite faire appel à un plombier pour les installer, et pour amener l’eau jusqu’à la chasse
d’eau, donc acheter encore les plomberies nécessaires à cela, dont les
matériaux viennent d’on ne sait où, et sont extraits dans on ne sait quelles
conditions. De même ce plombier doit
nous installer une évacuation, avec encore tuyauteries à la clé, fabriquées par l’immense et toute puissante industrie pétrolière. Puis nous devons acheter l’eau que nous utilisons en grandes quantités pour nettoyer sans effort ces water closet, et donc payer des impôts pour la construction et l’entretien du
réseau d’adduction d’eau, ainsi que pour financer et entretenir les infrastructures
qui permettent auparavant de rendre cette eau potable. Nous devons également payer des impôts locaux pour l’installation et l’entretien des réseaux d’évacuation, de tout-à-l’égout, ainsi que des installations très coûteuses qui vont permettre de nettoyer l’eau avant de la
renvoyer dans les cours d’eau. » [10]

En osti, en librairie,
En Turquie, endolori,
En mangeant du spaghetti,
En fumant du bon persil,
Les amis, les ennemis,
Les jeudis, les vendredis,
Du ministre Pierre Paradis
Jusqu’au petit canari.

Tout l’monde chie.

Et ce mou moton parfumé
Don l’arôme vient nous enfumer,
Égayera votre court séjour,
Du premier jusqu’au dernier jour.

Le pape aussi chie.

« Tout l’monde », Les colocs.

6. LES TOILETTES « ALTERNATIVES »

La bécosse

Vous avez probablement déjà utilisé, ou du moins entendu parlé, de la
bécosse... Oui oui le trou qui pu derrière la maison et qui attire toutes les
mouches du village.

Bon, c’est assez bref à expliquer : un trou dans le sol, par-dessus y’a une
cabane, et quand c’est plein, on couvre le trou et on recommence à côté.

Conséquences : pollution des eaux souterraines, pollution du sol, insectes
volants qui peuvent aller dans le trou et transmettre des maladies tout autour,
l’odeur...

Si c’est bien fait (choix de l’emplacement, ajout de matériel pour couvrir,...), ces
conséquences sont limitées, et faut quand même dire que ça finit par se
décomposer.

Toilettes industrielles ou pré-fabriquées

Avec l’arrivée de l’économie verte, une autre type de toilette compost a vu le
jour. Il s’agit de toilettes préfabriquées. Évidemment, c’est plus cher que les
toilettes compost faites maison : entre 1 000 $ et 5 000 $. La plupart de ces
toilettes utilisent de l’électricité pour le composteur scellé qui se trouve au
sous-sol ou dans le vide sanitaire, ou sont munies d’un réceptacle sous la
14toilette. Ces composteurs demandent l’ajout d’enzymes en sachet et une petite
quantité d’eau afin de favoriser une bonne décomposition.

Par exemple, la compagnie Sun-Mar produit une
toilette avec fosse au sous-sol munie d’une
chaufferette pour évaporer l’urine et d’une
manivelle à l’intérieur
pour brasser
constamment le tas. Et ce qui sort serait du
compost. Ah ! Ils vendent aussi du « Microbe
mix » et du « Compost quick » comme
enzymes pour aider le processus de
compostage.

Pour Országh, « le souci principal des
concepteurs des toilettes sèches est, par
ordre de priorité :
- l’élimination d’un “déchet” qui nous gêne
et nous encombre, en prenant bien soin
d’imiter, autant que se peut, le fameux water-closet, symbole du confort et
aussi de notre insouciance vis-à-vis de l’environnement ;
- assurer le maximum de confort à l’utilisation ;
- économiser l’eau ;
- soustraire nos déjections (par exemple, en infiltrant l’urine et en enfouissant
les fèces dans le sol) à notre vue ;
- si l’élimination des eaux fécales a un impact favorable à l’environnement, tant
mieux. »

Et bien sûr, derrière tout ça, il y a l’intérêt monétaire.

Beaucoup ont un système de déshydratation des excréments, dans lequel
l’urine est séparée des matières fécales par l’utilisateur (une séparation vers
l’avant de la cuve de la toilette fait que ton pipi prend un chemin différent). Le
système de chauffage pour déshydrater ta boue fonctionne à l’électricité
(Hydro-Qc, ou de l’énergie solaire pour chauffer et de l’énergie éolienne pour
la ventilation). Une fois déshydratés, les excréments forment un déchet neutre
15qu’il faut évacuer régulièrement (de quelques mois à plusieurs années selon
l’utilisation) puis traiter en fonction des règles d’assainissement locales. L’urine
étant séparée, elle doit aussi être spécifiquement traitée. Elle peut être
collectée vers un réseau d’eaux usées, drainée ou évaporée, selon les
procédés.

En somme, c’est cher, c’est compliqué, ça prend de l’énergie pour créer des
déchets. Le but étant seulement de réduire le volume de déchets et
d’économiser l’eau, ce n’est pas une alternative viable.

7. QUEL TYPE DE TOILETTE-COMPOST CONVIENT À VOS BESOINS ET RESSOURCES ?

« Le confort d’une toilette à compost : inexistence du ’’sploutch’’ !-) »
Nous-mêmes.

La toilette tout-en-un en hauteur

Les deux modèles qui suivent fonctionnent avec deux bancs qui mènent à
deux réservoirs séparés, avec alternance de siège/réservoir à chaque année. Il
faut donc construire d’assez grandes fosses pour contenir les excréments
d’une année complète. Environ 0,6m3 par personne par année [11].

L’avantage : vider seulement une fois l’an, c’est une grosse corvée, mais peut
être l’idéal pour celles et ceux qui préfèrent accumuler la tâche plutôt que de
faire les choses à mesure.

Dans les deux cas, il y a un toit au-dessus de votre pile de compost, elle ne
sera pas exposée à l’eau de pluie et il faudra donc l’arroser. (Voir la section sur
les quatre éléments – l’eau.)

À l’extérieur de la maison : la bécosse améliorée !

Avantages : s’avère une très bonne
option
pour
des
endroits
qui
accueillent des événements extérieurs
et où il y a beaucoup de gens de
passage.

Inconvénients : en hiver il fait froid en
calvaire ! Elle est donc à proscrire
comme unique installation pour les
habitations à l’année, à moins d’y
intégrer un système de chauffage ou
d’aimer chier au froid.

Dans et sous la maison : si vous
envisagez de grosses rénovations ou
une nouvelle construction.

Avantages : être au chaud et se
soucier de sa marde juste une fois par
année.

Inconvénients : il y a toujours un risque
de
moisissure
qui
vient
avec
l’accumulation d’humidité sous la
maison. Le réservoir doit donc être
très bien scellé, ce qui limite l’accès
aux
bactéries
(présentes
dans
l’écosystème) nécessaires au bon
compostage d’entrer naturellement
dans la pile de compost.

« Le véritable compostage se fait sur le sol même, en symbiose
avec la faune qui vit dans le sol. Toute fermentation anaérobie, inévitable dans les cuves, soustrait l’azote et aussi une bonne partie du
carbone au processus de formation de l’humus, tout en libérant, en prime, la
pollution par les nitrates et l’ammonium. »
- Országh.

Libre à vous de conceptualiser un système en porte-à-faux où votre caca
tombe dehors... Histoire de créer LE système idéal !

TSP mais ça c’est quoi ?
Attends je vais t’expliquer le mode
d’emploi

TSP c’est la Toilette Sèche Power
On chie pas dans l’eau potable
mais dans la sciure de bois
TSP c’est la Toilette Sèche Power
On a fait le choix de n’plus
gaspiller d’agua
TSP c’est la Toilette Sèche Power
Tu vides ça dans un coin et tu
verras ça sent même pas

Étape 1. T’arrêtes les couches et tu
prends ton pot
Étape 2. Tu montes sur le trône
c’est déjà bien haut
Étape 3. Tu t’essuies tout seul tu
tires la chasse d’eau
Étape 4. T’arrêtes la chasse et t’en
as plus d’eau

Le caca dans l’eau, c’est fini
Le plouf, c’est fini
Les fesses mouillées, c’est fini

- PANG feat. MonkeyMix - Les potes à Jé

La toilette à chaudière

C’est le plus simple !

Besoins : espace dans
la maison pour mettre
le banc de toilette-compost
et
espace
extérieur pour mettre le
bac de compost et
entreposer
le
cover
material.

Avantages : facile à installer ;
qualité du compost ; chier au
chaud
en
hiver ;
coût
pratiquement nul ; et que
dire des possibilités inouïes
de réaménagements et de
décoration intérieure ! Qui
peut se vanter d’avoir tourner sa
salle de bain de bord en quelques minutes !

Inconvénients : aller vider les chaudières... C’est relativement lourd, même si
on se dit qu’on a juste à moins la remplir et la vider plus souvent.
Malheureusement, dans les collectifs, ça revient à se dire qu’on va tou.te.s faire
notre vaisselle à mesure... À ma connaissance, je n’ai vu aucun collectif réussir
ce défi !

En plus, cette toilette est portative ! Si tu te sens exploité.e ou que t’es malade,
tu peux toujours chier dans ta chambre...

Notre préférence se situe ici, vous l’aurez probablement déjà devinée. Pour la
suite de la brochure, nous détaillerons donc d’avantage ce type d’installation.

8. POURQUOI LE CACA ET LE PIPI S’ENTENDENT BIEN

Hein, pourquoi ? Allez Országh, explique-nous !

Hum hum [12] « L’urine contient 60 à 80 % de l’azote contenu dans nos
déjections. Grâce à l’action d’un enzyme naturellement présent, l’uréase,
l’azote contenu dans l’urine se transforme spontanément en ammoniac en
quelques heures. La présence de lignine et de la cellulose contenus dans les
végétaux (dans la litière de la TLB) [13] semble
inhiber l’action de l’uréase et bloque la
formation de l’ammoniac. Dès lors, l’azote
organique des déjections commence à être
intégré dans le processus biologique de
formation
de
l’humus. Les
odeurs
disparaissent par la même occasion.

« Lorsqu’on recueille l’urine séparément, pour
le stockage dans un réservoir, ou pour
infiltration dans le sol, la formation de
l’ammoniac, suivie de celle des nitrates, est
inévitable. Dès lors, il n’y a plus de formation
d’humus, même en présence de matériaux
végétaux. La présence d’azote ammoniacal et
nitrique explique évidemment “le pouvoir
fertilisant”, mais il s’agit d’une fertilisation
chimique qui n’ose pas dire son nom. Le
lessivage des nitrates dans les eaux souterraines est le résultat final de cette opération.
C’est la raison pour laquelle les effluents des toilettes sèches dans lesquelles
on a séparé l’urine et la matière fécale ne conviennent pas pour la
régénération des terres. »

Bon... Ben... Ça dit c’que ça a à dire.

9. FAIRE LES PLANS

1. Le banc de toilette-compost

Plusieurs modèles existent, ici vous pouvez laisser aller votre créativité. Il suffit
de le construire en fonction du réceptacle choisi. Nous avons choisi des
chaudières alimentaires en plastique de 20 litres car elles sont faciles à trouver,
viennent généralement avec un couvercle (le couvercle est très recommandé,
au cas où la poignée vous lâche en chemin... c’est une histoire vraie... Depuis
tantôt on vous écœure avec le fait que la marde compostée c’est propre...
Mais il faut attendre qu’elle soit effectivement compostée), la plupart ont une
taille standard donc si elles se brisent, il n’y a pas de soucis de modification du
banc et, pour finir, elles contiennent juste la bonne quantité pour ne pas avoir à
vider trop souvent ou que ça ne soit excessivement
lourd. Dans plusieurs ouvrages, on conseille la
chaudière en inox car, contrairement au
plastique, elle ne s’imprègne d’aucune matière
(ni d’odeur) à long terme. Si ta chaudière en
plastique commence à puer, laisses-la aérer
dehors, au soleil l’été, c’est ben efficace.
Prévoir, près de la toilette, un récipient
pour le cover material.

2. le bac à compost

Dans les différents lieux que nous
avons côtoyés, nous avons exploré
plusieurs méthodes de construction.

En voici quelques-unes :

- Modèle fait avec des palettes, des poteaux de cèdre et du grillage à poules
sur le côté, ce dernier permet d’éviter les débordements par les craques ;
- Modèle classique fait avec de la planche ;
- Modèle fait avec des anneaux qui s’ajoutent à mesure que le tas monte. Il
permet de vider facilement le bac une fois le processus de compostage
terminé, il suffit d’enlever un à un les anneaux pour en libérer le contenu.

Peu importe le type
de construction, il
vous
faudra
construire
plusieurs
bacs pour laisser
mûrir la shit. La taille
idéale pour avoir un
bon compost selon
nous est un bac
d’environ 1m3, afin
que les pourtours
soient
près
du
centre,
donc
au
chaud. La taille et le
nombre de bacs
seront déterminés en
fonction du nombre d’habitant.e.s de la maison. Il est judicieux d’ajouter plus
ou moins d’espace selon la quantité de gens de passage et la fréquence de
leurs visites. En calculant environ 0.6m3 par personne par année (ce qui inclut
les déchets organiques de la cuisine, du jardin et le cover material), il faut un
minimum de deux bacs, selon le rythme auquel vous les remplissez et le
nombre de mois/années de maturation désiré/es.

Les animaux ont tendance à aller fouiller dedans, surtout s’il y a des restes de
cuisine dans le tas : si vous avez ce problème, la solution peut être simplement
un couvercle avec grillage qui laisse passer l’eau de pluie (voir point n°17
pour des précisions sur l’eau).

10. CONSTRUIRE

Ben, prends ta scie, ton tape à mesurer pis ta drill, pis suis ton plan !
Oublie pas le bois pis les vis, évidemment. On va pas tout vous dire là !

11. TROUVER LE COVER MATERIAL

Tout ce qui est ajouté au compost qui ne sent pas bon doit être couvert avec
un matériel organique, propre et « inodore ». Pour vrai, ça pue pas, mais si tu
chies sans mettre de bran de scie, ça pue ! Daaah !

1. Pour la toilette :

En plus de couvrir chaque caca avec soins, il ne faut pas que ça baigne dans
la pisse (un truc : mettre du matériel dans le fond de la chaudière pour imbiber
le pipi et éviter que le premier caca ne colle dans le fond...), donc tu dois
avoir en masse de cover material. Ce qui signifie trouver une ressource en
quantité suffisante pas loin de chez vous pour en avoir tout le temps (environ
une chaudière de cover material pour une chaudière de compost).

Le plus commun c’est le bran de scie (attention, ne pas mettre du bran de scie
de bois traité, ni de cèdre car c’est un fongicide), certaines scieries locales le
donnent ou le vendent pas cher au poids. Ça peut aussi être des feuilles
mortes, de la mousse de tourbe, des écailles de riz, de la fibre de coco,
dépendamment du climat. À éviter : la cendre de poêle et la terre.

2. Pour couvrir la pile de compost :

C’est ce qui sera au fond, sur les côtés, sur le dessus du tas de compost et
qui créera des poches d’air supplémentaires au centre de la pile. De la paille,
des feuilles mortes, du foin, des herbes sèches... encore là, faut prendre ce
qu’il y a en grande quantité près de chez soi, et refaire des réserves à chaque
année.

12. PRÉVOIR LA PROTECTION DE LA PILE

Avant de démarrer la nouvelle pile de compost, il est conseillé de faire un tapis
d’un minimum de 6 pouces (éponge) sur le sol afin d’absorber les écoulements
possibles lors des premières semaines (mélange de paille, ancien compost,
feuilles mortes,...).

Pourquoi fait-on des « tas » de compost ? En pile, le matériel sèche moins et
refroidit moins vite. En effet, les micro-organismes ont besoin d’un haut degré
d’humidité (50-60%) pour être heureux de travailler. La pile prévient le
ruissellement d’eau et retient la chaleur.

Des murs verticaux autour de la pile (en bois, en ballot de paille) bloquent le
vent et préviennent que le côté le plus exposé au vent se refroidisse
prématurément.

La couverture du compost permet de garder la chaleur, l’humidité, l’odeur et
de garder à distance les animaux curieux (ou qui ont un bon appétit pour les
crottes des voisin.e.s).

13. MONTER SA PILE DE COMPOST : BUFFET À VOLONTÉ POUR TOUTES LES BIBITTES !

Pour avoir un beau compost, il faut donner aux micro-organismes une diète
équilibrée, c’est à dire une bon ratio carbone / azote.

La plupart du matériel ajouté dans une pile de compost de fond de cour est
riche en carbone (les restes de cuisine ont généralement un bon ratio
carbone/azote et tout ce qui est « brun » comme les feuilles sèches est riche
en carbone). La lenteur de l’activité de bien des piles de compost est due au
manque d’éléments riches en azote. La solution pour remédier à ce problème
est très simple : ajouter du fumier. Mais où puis-je en trouver ? – dit-elle d’un
regard perplexe. Ben r’garde-toé dans l’miroir !

C’est aussi pourquoi les selles et l’urine seuls ne vont pas se composter, elles
contiennent trop d’azote et pas assez de carbone. Il faut balancer en ajoutant
des éléments riches en carbone, tel que du bran de scie ou d’autres produits
de plantes (cellulose, herbe, papier...).

En somme, le meilleur compost sera obtenu en mélangeant tous les déchets
organiques ensembles : restes de cuisine, excréments, déchets de jardin, eaux
usées,...

La fameuse « liste des interdits » se retrouve elle aussi au compost : la viande,
les produits laitiers, les os, les graisses, les semences, les agrumes,... tout ça
se composte. On peut y rajouter les déchets de papier, les vêtements de
coton, les animaux morts. En fait, le problème avec les éléments de cette liste
c’est qu’ils ont peut-être besoin de compostage thermophilique pour se
décomposer, et ça c’est possible avec le fumain ! Tout ce qui est organique se composte !

Il y a toutefois quelques trucs à proscrire :
- les cendres ou la chaux : c’est trop basique, ça inhibe l’action des micro-
organismes, alors c’est mieux pas (ou de la cendre seulement en petite
quantité dans le tas, pas dans la toilette direct) ou envisager plutôt d’en mettre
un peu direct dans ton jardin si la terre y est trop acide ;
- produits chimiques : ben là, c’est pas organique et ça tue.

14. VIDER LA CHAUDIÈRE

Certains fumanologues ont pu
constater que le fait de laisser le
fumain reposer un minimum de 24
heures dans sa chaudière fermée
avant de l’additionner au tas,
faciliterait par
la suite
sa décomposition naturelle. Tout ça
pour dire qu’il vaut mieux avoir 2 à 3 chaudières
et autant de
couvercles en sa possession.

La méthode simple pour vider les
chaudières :
- Découvrir le tas de son cover
material,
- Faire un trou au centre
- Renverser le contenu de sa chaudière dans l’orifice ainsi créé.
- Rincer une première fois la chaudière et le couvercle pour enlever le gros
de la crap et vider l’eau dans le même trou.
- Mettre du savon à vaisselle biodégradable et un peu d’eau dans la chaudière
et récurer avec une brosse à toilette. Envoyer le tout au même endroit.
- Refermer le trou en prenant soin de couvrir le nouvel ajout par du vieux
compost.
- Remettre le cover material et en ajouter du neuf si nécessaire.

On peut avoir une chaudière dédiée à transporter l’eau ou se faire un super
système de collecte des eaux de pluies. En tous les cas, la quantité d’eau
nécessaire pour le nettoyage est d’environ 2 litres pour une chaudière de 20
litres (5 gallons). Comme le seul endroit où déverser cette eau maintenant sale
est le tas de compost, on y va quand même avec modération.

Quelques règles d’hygiène : mettre des gants, s’organiser pour ne pas être
aspergé.e, se laver les mains après, avoir des outils réservés à cet usage (fourche, pelle, brosse, pot de savon à vaisselle, gants, chaudières, bref tout
ce qui vous servira) et prendre la peine de les nettoyer à l’occasion.

Les chats de maison sont habitués à
faire leurs besoins dans une litière
chimique. Pourquoi ne pas leur offrir
le cadeau d’enfin pouvoir les faire
dans un bran de scie tout frais tout
propre. L’odeur n’en est pas
exacerbé et la corvée de litière pour
chaton chéri se fait en même temps
que la litière des enfants et colocs
chéri.e.s !

Comme les excréments des animaux
domestiques (surtout les chats)
présentent potentiellement des
risques pour la santé humaine, on
encourage plutôt à leur faire leur
propre petite pile de compost qui
pourra être retourné dans la nature.

15. LAISSER LES MICRO-ORGANISMES S’EXCITER

Il y a une grande variété de micro-organismes dans un tas de compost : des
millions et des millions d’actinomycètes, de champignons, et de bactéries. À
chaque étape du processus de compostage, différents organismes travaillent.
En fait le succès du compost réside dans sa biodiversité. Dans cette brochure,
y’a pas la place pour faire le résumé des connaissances actuelles sur tous les
micro-organismes qui œuvrent chaque jour à la biodiversité planétaire et la
survie de ce monde, mais bon disons que quand le petit prince disait que
« l’essentiel est invisible pour les yeux », y’avait raison.

Des chiffres pour imager (parce que le langage des chiffres est présentement
très parlant dans nos vies) : dans un gramme de compost, il y a entre 100 000
et 100 000 000 d’actinomycètes, entre 10 000 et 1 000 000 de champignons
et entre 100 000 000 (100 millions) et 1 000 000 000 (1 milliard) de bactéries.

Les quatre étapes du compost

Comme le compost de « fond de cour » se fait de manière continue et non en
batch (comme par exemple le compost fait par la ville), les quatre étapes ne
sont pas divisées visiblement et peuvent se chevaucher, mais on peut quand
même identifier ces phases :

- Mésophilique
Température : entre 20-45°C (68-113°F)
Les bactéries combinent le carbone et l’oxygène pour produire du dioxyde de
carbone et de l’énergie, une partie de l’énergie est utilisée pour leur
reproduction et leur croissance et le reste fait de la chaleur. Il y a par exemple
la célèbre bactérie E. coli (coliformes fécaux) qui s’active à ce stade, mais elle
sera rapidement inhibée par la chaleur qui monte et les bactéries thermophiles
qui prennent le dessus. C’est à cette étape où la zone éponge sous la pile de
compost est utile. Elle empêche les écoulements pendant que le compost ne consomme pas encore tous ses liquides qui peuvent être dangereux pour la
santé. Ce stade dure généralement de 2 à 4 semaines.

- Thermophilique
Température : en haut de 45°C (113°F), phase de transition entre 44°C et
52°C (111°F-125,6°F), optimale entre 55°C et 70°C. Même si ça pourrait
monter jusqu’à 105°C, des températures en haut de 70°C ne sont pas
communes ni désirées dans le compost, car en haut de 82oC, l’activité
biologique arrête (voir point n°17 sur la chaleur).
Ce stade arrive assez vite et peut durer seulement quelques jours, ou des
semaines et des mois. Souvent localisé dans le haut du tas, là où du matériel
frais est ajouté régulièrement (alors que dans une batch de compost, tout le tas
peut être à ce stade d’un coup). Tant que tu continues à nourrir ton compost,
ça va durer. Il existe un tas de micro-organismes thermophiles qui s’activent à
ce moment pour manger la shit et détruire tous les pathogènes.

- Refroidissement
Après la phase thermophilique, le fumain est digéré mais pas les plus gros
morceaux. Lors du refroidissement, les micro-organismes qui avaient été
chassés par la chaleur et les thermophiles reviennent dans le tas pour digérer
les morceaux plus résistants (la plupart des champignons ne peuvent croître à
une température supérieure à 50°C et sont absents en haut de 60°C, alors
que les actinomycètes sont absents en haut de 70°C) : donc des champignons
et des macro-organismes comme les vers de terre et les cloportes viennent au
festin. Ça peut prendre des mois pour « briser » les morceaux les plus
résistants, par exemple les produits ligneux (du bois) qui ne seront pas
décomposés par les bactéries thermophiles mais par les champignons lorsque
ça se refroidit.

- Maturation
Température : selon la température extérieure.
C’est la dernière phase et la plus longue. La maturation est importante (les
producteurs commerciaux de compost la sacrifie souvent) et peut durer un an
après la phase thermophilique. Elle ajoute une sûreté de plus pour la destruction des pathogènes : beaucoup de pathogènes humains ont une durée
de vie limitée dans le sol, donc plus longtemps ils subiront la compétition des
micro-organismes dans le tas de compost, le plus sûr ils seront morts.
De plus un compost immature peut juste être nuisible dans votre jardin... alors
pas de presse.

16. APPRENDRE À AIMER LES BACTÉRIES

Comment savoir que toutes les parties du tas de compost ont été sujettes à
des températures assez hautes pour tuer tous les potentiels pathogènes ? On
ne le sait pas, on ne peut pas le savoir. C’est toujours possible de faire une
analyse d’un échantillon en labo, mais on ne peut pas faire analyser le tas au
complet !

En réalité, ce n’est pas seulement la chaleur qui tue les pathogènes, mais la
biodiversité, c’est à dire l’activité des micro-organismes : la compétition et la
consommation de nourriture, les antagonismes, et les antibiotiques générés par
les micro-organismes. Donc, il ne faut pas simplement croire que c’est la
chaleur qui détruit les pathogènes et chercher à faire monter la température du
tas de compost, car une température trop haute peut détruire la biodiversité.
Dans ce cas, les micro-organismes devront venir « repopuler » le tas pour que
le processus de compostage continue, et celui-ci pourrait donc être colonisé
par des organismes indésirables (par exemple la salmonelle). La biodiversité est
une barrière à l’arrivée des ces indésirables.

17. RESPECTER LES QUATRE ÉLÉMENTS DU COMPOST

L’eau / l’humidité

La pile de compost doit être toujours humide, elle ne va pas créer de
problème de ruissellement d’eau, à moins d’être dans une région où la quantité
de précipitations est immense, si c’est le cas on peut juste la couvrir. Le
compost perd beaucoup d’humidité dans l’air pendant le processus de compostage, ce qui fait que la pile va réduire de grosseur, normalement de 40
à 80 %. Puisqu’il chauffe lorsqu’il est actif, l’eau et l’urine s’évaporent très
rapidement. Par exemple, un compost dont le taux d’humidité est à 65% peut
descendre de 30% à 40% au bout d’une semaine sans hydratation. La quantité
d’eau nécessaire dépend de la région et du matériel utilisé, mais la plupart des
composts demandent environ un mètre de précipitations par année (Jenkins,
chap.3). Au Québec, les précipitations annuelles sont en moyenne de 90 cm [14]. Faut quand même rester attentif.ve, s’il pleut à boire debout pendant des jours,
il peut être judicieux de couvrir le compost. L’eau de pluie est donc un apport
essentiel au compost. En fait, il faut bien plus souvent ajouter de l’eau à la pile
de compost plutôt qu’avoir à gérer des écoulements. Ceci peut se faire
simplement en jetant dans la pile l’eau de nettoyage des chaudières.

L’air / l’oxygène

Les bactéries qui agissent dans le compost sont aérobiques (elles aiment
l’oxygène), contrairement aux bactéries anaérobiques de la fosse septique.
Dans une décomposition bactérienne anaérobique, c’est plus long et ça pue. Il
faut qu’il y ait des petits espaces d’air partout dans la pile, ceci se fait
simplement en ayant du matériel plus gros, ou par exemple un truc léger avec
plein d’interstices... comme des feuilles mortes ou du bran de scie – wow
quelle matière avec plein d’utilités !

Le feu / la chaleur

La chaleur tue les pathogènes : une température de 50°C pendant 24 heures
serait suffisante pour tuer tous les pathogènes selon certaines sources, ça peut
prendre une semaine à 46°C (Jenkins, p. 45) (mais comme on a dit
précédemment : « une température trop haute peut détruire la biodiversité » [15]).
La congélation arrêtera le travail des micro-organismes. Ils pourront simplement
attendre que la température augmente pour recommencer. Si la pile gèle
l’hiver, pas de panique, la job reprendra au printemps, on peut continuer à
ajouter du matériel pendant ce temps. Sauf qu’un tas actif ne gèle normalement
pas l’hiver, même à -40°C. C’est la raison pour laquelle, contrairement à nos amis Jenkins et Országh, on conseille de démarrer le compost au printemps ou
en été plutôt qu’à l’automne, afin qu’il ait davantage de temps pour s’activer et
donc se réchauffer.

La température d’un tas de compost peut monter très haut, et le feu peut
même pogner si c’est trop sec. Cet avertissement est à prendre au sérieux.
C’est vraiment vrai !

La terre / la matière

La marde, la pisse, le bran de scie, les feuilles mortes, les trognons de
pomme, les arrêtes de poisson, les croûtes de fromage, le petit grigri en bois
que tu gardes depuis ta tendre enfance et qui s’est cassé,... Pour savoir tous
les « permis » et « interdits », commandez notre liste magnétique à afficher sur
votre frigo,
via nosjokessonttropplates@hotmarde.com
ou ynousprennenttupourdescaves@gmarde.com.

18. S’EXTASIER DEVANT LE MIRACLE DE LA VIE

On disait plus haut que les produits chimiques ne vont pas dans le compost,
mais faut savoir que le compostage peut détruire certains produits toxiques,
comme les insecticides, pesticides, essence, huile à moteur. Ça peut filtrer l’air
pollué et l’eau polluée, recycler les morts et composter les excréments
animaux. (Jenkins, pp. 56 à 64) Cependant, on a ouï-dire que les résidus
d’antidépresseurs et d’anovulants ne sont pas détruits, mais on n’a pas trouvé
d’infos à ce propos.

19. PATIENTER SANS TOURNER LE TAS

On pense généralement qu’il faut retourner un tas de compost, afin de
l’oxygéner, s’assurer que toutes les parties soient sujettes à une haute
température, le brasser et casser les morceaux, bref accélérer le processus.

En fait, si ton tas est bien monté, ce n’est vraiment pas nécessaire.

On voit souvent des tas de compost trop tassés, qui se décomposent mal,
avec des mouches... le problème est la manière de faire. Évidemment si le tas
ressemble à ça (ce qui risque plus d’arriver avec du compost seulement fait de
restes de cuisine ou si vous n’avez pas bien lu cette brochure ;), vaut sûrement
mieux le brasser et ajouter des feuilles mortes.

Mais, comme on disait plus tôt, la manière la plus efficace d’avoir un compost
aéré est d’avoir de petits interstices d’air partout, en montant le tas avec du
matériel grossier (oui même les jokes de mononcle !). Alors, il y a assez
d’oxygène présent pour faire un compostage aérobique.

En fait, brasser peut nuire au processus de compostage, faire perdre la chaleur,
l’oxygène et des nutriments au tas. Donc, comme partout, laissons faire la
« gestion active du travail », la nature fait très bien seule... a-t-on déjà imaginé
aller tourner le sol de la forêt pour que les résidus forestiers se décomposent
mieux ?

Une idée : empaler !
Empaler le tas est une façon de faire des trous pour faire entrer l’air, quand le
tas est plus vieux et qu’il a déjà réduit. On le fait à l’aide d’une longue tige de
métal ou de bois pour perforer le compost dans tous les sens. En plus ça
défoule si t’es pas content.e !

20. UN PLUS : UTILISER SES EAUX GRISES

Les eaux grises peuvent être utilisées pour laver la chaudière et hydrater le
compost. Si vous utilisez les eaux grises de votre maison, il est important que
tous vos savons (vaisselle, shampoing, barre de savon...) et produits nettoyants
soient biodégradables.

21. C’ EST PRÊT !

Attention : Ne vous méprenez pas, le bac peut vous sembler plein, ne partez
pas en peur tout de suite ! Lorsque le compost est en santé et très actif, il peut
pratiquement bouffer une chaudière par jour et son volume croîtra moins vite.

Quand le bac de compost est plein et qu’il a patienté là au moins un an (deux
ans si le fumain provient d’une population malade, selon Jenkins), il peut être
vidé pour : faire un autre tas à côté et le laisser mûrir davantage, ou pour
l’utiliser.

Il existe des thermomètres à compost permettant de vérifier la température au
centre de la pile, afin de s’assurer de l’activité thermophile. Mais, même sans
cet instrument, on peut observer si le tas de compost chauffe suffisamment en
se basant sur la température extérieure : vapeur d’eau et chaleur s’en
dégagent.

Si on a des doutes à savoir si notre fumain s’est composté de manière
thermophile, donc sur l’existence de pathogènes dans notre compost, nous
pouvons l’utiliser pour des plantes non-comestibles ou pour des arbres
fruitiers, selon le degré de fécophobie. On peut aussi le laisser mûrir une
année supplémentaire.

De plus, le processus continue après l’application du compost sur le sol. La
plupart des pathogènes humains ne survivent pas longtemps dehors, faut se
rappeler que leur endroit préféré pour vivre est le corps humain !

Le compost ne doit pas être stérile. L’ère d’hygiénisme extrême dans laquelle
nous voguons, avec Purell et cie, martèle sans cesse la nécessité d’éliminer
toutes les bactéries et les germes. Ce qui nous donne envie de rappeler que,
sans ces organismes, il n’y a pas de vie :

« [...] aucun compost ni aucun sol ne sont complètement exempts de
pathogènes. En fait, tu ne veux vraiment pas qu’ils le soient afin que le système
immunitaire ait toujours quelque chose pour s’entraîner. Alors, une petite quantité d’organismes pouvant causer des maladies est désirable. Mais sans
plus. » (Jenkins, p. 47)

Si on est en santé, notre compost le sera.

22. UTILISER LE PRODUIT FINI

Sans faire le détail des bienfaits et de la composition du compost, en bref...
L’humus / le compost est un matériel « stable » qui n’attire pas les insectes ou
animaux considérés nuisibles. Il garde l’humidité, accroît la capacité du sol
d’absorber et de retenir l’eau. Il est plein de nutriments essentiels à la
croissance des plantes, aide à balancer le pH du sol, le noircit (donc l’aide à
absorber de la chaleur) et supporte la vie microbienne qui ajoute de la vie au
sol.

23. RECOMMENCER

On va pas tout répéter quand même ! Mais lorsque vous aurez de la visite, vous
aurez à le faire. On vous suggère de faire une petite affiche en face de la
chiotte qui résumera en quelques points son fonctionnement.

EN PRIME ! - COMMENT COMPOSTER SA MARDE SANS ÊTRE ILLÉGALE

« Les boues et les autres résidus provenant de
l’accumulation ou du traitement des eaux usées,
des eaux ménagères ou des eaux de cabinet d’aisances
doivent faire l’objet d’un traitement, d’une valorisation
ou d’une élimination conforme à la Loi.
 »
R.R.Q., 1981, c. Q-2, r.8, a.6 ; D.786-2000, a.8.

C’est le moment de votre claque en pleine face ! Les paragraphes qui suivent
expliquent la procédure pour avoir une toilette-compost légale comme
installation septique principale. Cependant, ça fesse pas si fort, parce que si
vous avez une toilette (à l’eau) aux normes, il est possible d’avoir une toilette-
compost en prime, comme installation complémentaire. Dans le cas d’une
nouvelle construction, ce complément sanitaire permet de réduire
considérablement la taille de la fosse septique et du champ d’épuration exigés.

À propos de la loi.... C’est chiant la loi. J’ai envie de vous éviter la lecture du
fabuleux document qui s’appelle poétiquement le Q-2, r. 22 (Règlement sur
l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées). Et oui j’ai
survécu à cette épreuve, mais non sans séquelles... Trêves de balivernes !

En gros c’est comme tout le système politique actuelle, c’est hiérarchique et
illogique ! On comprend très rapidement qu’au top de la pyramide, c’est la
solution la moins écologique et la plus chère qui prime !! Même la bécosse est
avant la toilette compost !

Pour obtenir le droit légalement d’avoir une toilette à compost, vous devez
d’abord prouver qu’il est impossible dans votre situation (le terrain sur lequel
votre maison est construite ou vous projetez de construire) de faire l’installation
de tout autres système septique. Mais bon je vais vous donner un peu d’espoir.
C’est tout de même possible puisque nous l’avons fait. On a réussi à avoir une
superbe toilette à compost légale. Il y a quelques rares maisons au Québec
qui en sont munies. Alors voici les outils/étapes par lesquelles vous serez fort
possiblement confronté.e.s si vous décidez ou êtes contraint.e.s d’aller vers ces
démarches.

Malgré le fait que dans cette histoire nous ayons très peu de pouvoir, je vous
conseille d’être très bien préparé.e.s et de maîtriser à fond votre dossier car il
ne faut pas négliger notre pouvoir d’influence envers les personnes qui
décideront du sort de nos crottes.

Mais qui décide ?

Depuis le 1er janvier 2005, le ministère du Développement durable, de
l’Environnement et Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) exige
que toute demande de permis pour la réalisation d’une installation septique
d’une résidence isolée soit accompagnée d’une étude de caractérisation du
site et du terrain naturel réalisée par une personne compétente qui est
membre d’un ordre professionnel autorisé [16]. Cette étude doit comprendre les
éléments suivants :
- la topographie du site ;
- la pente du terrain récepteur ;
- le niveau de perméabilité du sol du terrain récepteur et la méthodologie
utilisée pour établir le niveau de perméabilité du sol ;
- le niveau du roc, des eaux souterraines ou de toute couche de sol perméable,
peu perméable ou imperméable, selon le cas, sous la surface du terrain
récepteur ;
- l’indication de tout élément pouvant influencer la localisation ou la construction
d’un dispositif de traitement [17]. Et comme je disais tout à l’heure, il est difficile d’échapper à
la hiérarchie.

Quelques conseils pour le bon déroulement des choses :

Avant de prendre rendez-vous avec le-la professionnel.le, prenez le temps de
discuter avec lui-elle de votre intérêt envers les toilettes à compost. La plupart
n’y connaissent pas grand choses et sont rempli.e.s de préjugés à ce sujet.
Certain.e.s peuvent toutefois s’avérer être des allié.e.s important.e.s. C’est pourquoi il est important de magasiner le technologue-géologue-ingénieur.e.
Le magasinage est cependant limité car ils ont des territoires attribués. Selon la
densité de population du territoire sur lequel vous choisissez d’installer votre
chiotte, vous aurez plus ou moins de choix.

Je ne crois pas qu’il soit nécessaire pour tout le monde de lire le Q-2, r. 22.,
par contre, en connaissant bien la loi, il est possible d’attirer l’attention du/de
la technologue sur un détail qui fera bifurquer la rencontre. Il est surtout très
important d’avoir une bonne maîtrise de notre dossier, s’il-elle s’avère être un.e
allié.e dans la démarche que vous entreprenez, il-elle trouvera les textes de loi
qui approuvent la décision prise.

Une fois le rapport en main il vous faudra retourner auprès de l’inspecteur.trice
en bâtiment pour faire une demande de permis. À partir du moment où la
décision du type d’installation septique est rendue par le-la technologue, il est
difficile de faire changer les pronostiques. Et pour vous et pour l’inspecteur-
trice de la municipalité. Malgré le fait que la municipalité n’a pas de pouvoir
décisionnel à proprement parler à propos du type d’installation septique,
ils.elles peuvent vous mettre des bâtons dans les roues. C’est pourquoi, il est
aussi important d’établir un certain lien de confiance, et/ou de leur faire un peu
d’éducation.

La construction aux normes :

Est-ce qu’on peut m’obliger à installer une toilette à compost pré-fabriqué ?
À priori à ce sujet, c’est la municipalité ou la MRC qui doit voter ça au conseil
de ville. Comme ça n’est pas très populaire, la plupart des municipalités n’ont
pas voté de telles lois. Dans ce cas, à partir du moment où votre installation
sanitaire est officiellement un cabinet à terreau, vous pouvez être créatifs-ves
sur votre auto-construction.

Si votre toilette à compost est autorisée, vous devrez construire tel que le
rapport du/de la technologue vous l’exige et fournir des preuves que les
travaux ont été exécutés à la municipalité. Par exemple, il faudra prendre des
photos de la toilette, du bac de compost (avec les détails de sa construction),
des autres installations septiques,...

Partage d’expériences personnelles :

L’inspecteur en bâtiment et en environnement de notre municipalité s’est avéré
être particulièrement récalcitrant face aux toilettes à compost. Du coup on a eu
beaucoup de bâtons dans les roues... Mais c’est une histoire avec un bel
happy ending !

Nous avons monté un document de 47 pages afin de parfaire son éducation
et monter notre argumentaire face aux deux personnes avec qui nous aurions à
dealer. Résultat : L’inspecteur n’a rien voulu savoir et nous l’a démontré
sévèrement et le technologue était tout excité à l’idée d’avoir un ouvrage à ce
sujet entre les mains.

Dans notre cas, étant donné que le terrain se trouvait dans une zone peu
contrôlée par la municipalité, on a bénéficié d’un droit acquis, il y avait déjà
une adresse civique (même sans aucune installation septique). De plus, il n’y
avait aucun apport en électricité. Les résidences au Québec ne sont pas
tenues par la loi d’être électrifiées [18]. Le résultat est que sans électricité ou aqueduc (fourni par la municipalité), pas de tuyauterie sous pression, donc pas
de flush de toilette avec la cuve qui se remplit automatiquement !! Et le tour est
joué ? Non, pas exactement. La loi exige certains types de sol spécifiques
(perméabilité, profondeur, pente...) [19]. Elle exige aussi (ça a été le cas pour nous)
un système de filtration des eaux grises qui consiste en une fosse septique
avec un champ d’épuration, mais plus petit. Un prochain combat à faire serait à
propos des systèmes de phytofiltration. Au Québec, le seul système reconnu
légalement en matière de phytofiltration est constitué d’énorme bassin qui
recueillent les eaux grises qui seront ensuite filtrées à l’aide de phragmite
vietnamienne, une plante filtrante très envahissante qui constitue une menace
pour le maintien de l’équilibre de la flore et la faune des marais [20]. Cette plante
est entre autre responsable de l’extinction graduelle de la quenouille, une
plante indigène très importante dans le maintien de cet équilibre. Mais ceci
n’est pas le sujet de l’heure... Peut-être un futur projet pour vos auteures
préférées !

Toute cette histoire, ça a été un long combat, beaucoup d’énergie juste pour
pouvoir chier en paix avec nos convictions politiques. Le but de cette
brochure était aussi de vous éviter toute cette perte d’énergie, de partager les
connaissances que nous avons accumulées.

Il y a plusieurs endroits au Québec qui sont munis de toilettes à compost
légales, la plupart sont des toilettes industrielles. Certains de ces endroits sont
des résidences privées, et plusieurs sont des parcs municipaux (à notre
connaissance St-Jérôme et Salaberry-de-Valleyfield), provinciaux ou fédéraux [21].

POUR PLUS D’INFORMATIONS :

- The Humanure Handbook. A guide to composting human manure,
de Joseph Jenkins.
- La toilette sèche : une question de cohérence, de Joseph Országh.
- Eautarcie, Section « Toilette sèche ».
- Q-2, r. 22, Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des
résidences isolées
.

Ha ben... maudite marde !

[1The Humanure Handbook. A guide to composting human manure, de Joseph Jenkins, p.15 (toutes les citations utilisées ont été traduites très librement par nous-mêmes).

[2Ceci est une règle générale. Il y aurait possibilité d’y déroger selon la réglementation
municipale, faut s’informer auprès de l’inspecteur de la municipalité de la manière de prouver que la fosse n’est pas pleine et n’a pas besoin d’être vidangée.

[3Page web « L’eau de Montréal », Ville de Montréal (page visitée en février 2015).

[4« La vie en vert », Télé-Québec, émission du 31 janvier 2012.

[5La toilette sèche : une question de cohérence, de Joseph Országh.

[6Le lagunage, est une technique naturelle d’épuration des eaux. On recrée des bassins
« tampons » durant lesquels les eaux usées vont transiter, avant d’être rejetées dans le milieu
naturel. Les phénomènes d’auto-épuration des eaux se font ainsi dans ces bassins, de grande
surface, plutôt que dans le milieu naturel (lac, rivière) qui est ainsi préservé des conséquences
néfastes de ce phénomène d’auto-épuration (la dégradation de la matière organique par les
micro-organismes aérobies, entraîne une chute du taux d’oxygène dissous, ce qui a pour
conséquence d’asphyxier la macrofaune et la microflore aquatique). (Source : Wikipedia)

[7La biométhanisation ou méthanisation (ou digestion anaérobie) est le processus naturel
biologique de dégradation de la matière organique en absence d’oxygène. Il se produit
naturellement dans certains sédiments, les marais, les rizières, ainsi que dans le tractus digestif
de certains animaux : insectes (termites) ou vertébrés (ruminants...). En milieu anaérobie, la
matière organique dégradée est principalement transformée en biogaz (à plus de 90 %, le
reste étant utilisé par les micro-organismes méthanogènes pour leur croissance et
reproduction). La méthanisation peut être mise en œuvre dans un digesteur, pour dépolluer des
rejets chargés en matière organique tout en produisant de l’énergie sous forme de méthane. (Source : Wikipedia)

[8« Le vocabulaire vernaculaire de la propreté du Sud-Ouest dans les langues de
Madagascar : pour une meilleure approche des problèmes d’hygiène urbaine », Emmanuel
Fauroux, Botorabe Le Gros et Claire Rasoamalalavao. Avec la collaboration de Lucien David et
du groupe ethnolinguistique de l’équipe de recherche associée MRSTD-Orstom de Tuléar.

[9« La nouvelle invention pour rendre ses excréments pailletés », Le Mag, Soonnight (page visitée le 28 février 2015).

[10« Toilettes auto-maîtrisées », Graine de flibuste (page visitée le 27 mars 2015).

[11C’est le calcul proposé par Joseph Jenkins. Il est ardu de déterminer un volume précis par
personne, car ça dépend aussi du niveau d’activité du tas (plus il est actif, plus il « bouffe » de
nouveau matériel). De plus, il faut considérer qu’au Québec, le compost entre en semi-dormance lors des longs mois d’hiver, ce qui nécessite davantage d’espace de stockage.

[12(Raclage de gorge.)

[13Toilette à litière biomaîtrisée, c’est-à-dire la toilette-compost.

[14Institut de la statistique du Québec (ISQ), Le Québec chiffres en main, Édition 2012.

[15Source : Comment composter sa marde sans paniquer, p.? Quoi vous pensiez vraiment
qu’on allait vous donner la réponse, vous êtes supposé.e.s l’avoir lu !

[16Technologue, géologue et ingénieur.e.

[17Voir le site enviro-septic.com].

Cette étude coûte relativement cher (plusieurs centaines de dollars) et on ne
peut pas l’éviter, à moins d’avoir un.e ami.e bien placé.e, ce qui aiderait
beaucoup pour la suite des choses.

Le-la professionnel.le intégrera dans son rapport le type d’installation septique
qui devra être construite en fonction des résultats de l’étude de sol, mais
surtout de la loi[[Les résultats de la compositions du sol sont, entres autres, envoyés au ministère de l’énergie
et des ressources naturelles du Québec. On sait jamais, peut-être que je me trouve sur un
emplacement exploitable...

[18Pour nous c’était impossible, mais si par exemple vous vous apprêtez à construire et que
les lignes d’Hydro ne se rendent pas encore, rien ne vous empêche de dire que pour des
raisons X vous n’en voulez pas. C’est une piste de réflexion, n’a pas été testé.

[19Le tout est précisé dans la section XIV du Q-2, r. 22.

[20Groupe de recherche Phragmites. Université Laval. (Page visitée le 27 mars 2015.)

[21Sur l’installation de toilettes à compostage dans les parcs canadiens, voir le site de l’Agence
canadienne d’évaluation environnementale
.


)

Libre de copie et diffusion.
Merci à la Mauvaise Herbe.



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