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Caravanes partout !

mis en ligne le 13 juin 2016 - NÉBuleuse des échanges intergalactiques

Réflexions et idées pratiques autour des caravanes

Caravanes partout !

Ce seraient plusieurs petites caravanes, qui se rencontrent, créent des liens, mutualisent leurs bons plans, portent des actions par petits groupes ou toutes ensemble... Des roulottes, vélos, camions, ânes, caravanes, remorques, tentes berbères, tipis ou chapiteaux, et surtout des idées plein la tête !

Nomades et relié.e.s

Vous avez peut-être déjà entendu parler des caravanes ? Ces groupes d’action et/ou de vie qui parcourent les routes tout au long de l’année ? Tu en fais même peut-être partie ? Que ça soit oui ou non, peu importe.

Cet hiver, certains membres de la caravane intergalactique ont commencé un travail sur diverses questions et vous partagent les prémisses dans cette brochure. Une chose est essentielle pour nous, pour les temps qui viennent : se rencontrer ; pour ainsi conspirer, imaginer, construire, puis voyager.

Peu importe la forme, créons des caravanes !

Combien nous rêvons de voir se concrétiser un tas de caravanes différentes ! On espère voir apparaître plein de caravanes partout, que d’autres groupes forment d’elleux mêmes, dans leur façon de faire et avec leurs buts propres.
On te propose donc, toi individu isolé, ou avec des ami.e.s motivé.e.s, ta famille, tes collègues, de former ta caravane ! Pour un temps, pour longtemps, qu’importe ?

Enfin, être moteurs de cette invitation à se rassembler ne signifie cependant pas d’avoir la volonté d’organiser un regroupement, un quelconque réseau.

Latcho drom !

Des amies de la caravane intergalactique,
pour des caravanes partout

Un mail pour entrer en contact : caravane@riseup.net
Une liste de discussion mail : discu-caravane@lists.riseup.net (pour s’inscrire, écrivez-nous)

Ceci est une première brochure, résumant les idées que nous avons commencé à triturer depuis plusieurs mois maintenant. Nous espérons en publier d’autres prochainement, moins compactes, sur des thèmes plus précis... Pour le moment, voici un aperçu d’idées et réflexions que nous avons déjà clarifié, entre quelques personnes de la caravane intergalactique, qui forme une base pour la suite.

La caravane intergalactique

Avant de vous présenter l’idée du mouvement nomade, il nous paraît important de vous parler concrètement de notre collectif, sachant que c’est au sein et autour de ce cercle que sont nés ces questionnements, et l’envie d’y réfléchir, d’y proposer nos réponses, si partielles fussent-elles.

En décembre 2013, une trentaine de personnes qui se connaissaient à peine se rassemblent pour préparer le départ d’une caravane : un groupe nomade dit autonome qui partira courant avril. Après un enchaînement de petits rassemblements pendant l’hiver, tout le matériel est rassemblé. Ainsi en avril nous sommes prêt.e.s à partir, qui en camion, qui en vélo, qui en stop. Le matériel collectif comporte : une caravane bibliothèque, son infokiosque mobile et son placard herboristerie, une caravane cuisine-pirate, un camion plein d’outils, du matos de jongle, une friperie, des vélos, des flex-yourtes (“yourtes 2s”), un tipi… Et plein d’idées d’actions et l’envie de les mettre en pratique.

Le groupe s’est organisé sans aucun type de structure officielle ni subventions. Le nom même de Caravane Intergalactique n’est venu qu’après un certain temps passé sur les routes. Nous avons cherché au mieux à mettre en pratique l’autogestion, vers l’autonomie individuelle et collective. Le premier numéro de la gazette de la caravane explique plus en détail notre fonctionnement interne et ses aléas.

À la fin août, le groupe a considéré qu’il était nécessaire de reprendre des forces : des personnes sont parties renflouer leurs caisses personnelles, d’autres étaient fatiguées de voyages difficiles ou de la vie en grand groupe... Il manquait l’énergie pour gérer les soucis de gestion collective, entre autres l’argent. A la fin de l’automne, on se rapprocha à nouveau d’une ferme amie, pour établir une base arrière où il était possible de passer du temps, se réunir ponctuellement.

Notre quotidien hivernal, facilité par l’accueil sans égal de ce collectif, est agrémenté de petites rencontres intergalactiques. Nous avançons ensemble sans définir de façon formelle un avenir commun, bien que plusieurs nouveaux projets surgissent et orbitent autour de la Caravane Intergalactique. D’un autre coté, le travail de méthodes d’organisation, de communication, relations personnelles, etc continuent d’être travaillés collectivement, se fluidifient. D’une certaine façon, la caravane est intergalactique autant par son ouverture que par sa dispersion.

Cette caravane était et reste bel et bien un terrain fertile d’expérimentation et de questionnement collectif et personnel... et son potentiel se révèle d’autant plus que les questions courantes de logistique, d’interactions, accaparent à chaque fois moins notre énergie, deviennent simples par l’apparition d’habitudes, de rituels qui fluidifient la dynamique.

Dès lors, les expériences de l’année passée nous mènent à partager les questions auxquelles nous avons dû donner réponse. Quoique on se soit basé sur nos vécus individuels, sur nos « lectures », notre créativité, une bonne partie des solutions que nous avons adopté au fil du temps sont dues à des rencontres avec d’autres collectifs et individus, à l’intérieur ou hors de la caravane. Quelques simples recherches « historiques » nous donnèrent conscience d’autres mouvements nomades politisés qui existèrent ou existent toujours.

Nous concevons les caravanes comme des outils politiques qui permettent créer des ponts entre lieux et connaissances et augmenter leur visibilité, ou leur force. Une de leurs potentialités qui nous paraît de plus grande importance serait de permettre la rupture des murs qui séparent les mouvements qui se considèrent alternatifs à la société même. En partie, ces murs doivent leurs existence à une certaine mentalité, économie et politique aliénante, mais se reposent parfois sur des facteurs d’ordre matériel, logistique et, en général, à des dynamiques externes.

Nomadisme, vie collective et action politique

Cela fait un certain temps que nous avançons ensemble à la recherche de nouvelles réalités, et nous espérons que cela va durer. Voyager ensemble nous permet de combler partiellement la solitude et la fatigue que procurent le voyage en solitaire : nous étions en constante « rencontre » de nouvelles personnes, peu approfondie, il était dur de donner une continuité à nos projets, compliqué de se sentir satisfait.e.s du peu d’impact que provoque une seule personne de passage, etc.

De là surgit l’envie de vivre le voyage collectivement. De cette façon, les relations du quotidien sont plus durables et stables. Nous avons plus de contrôle sur notre quotidien, et réduisons notre dépendance par rapport aux collectifs qui peuvent nous accueillir. Nous pouvons développer nos propres habitudes et dédier notre énergie à des projets à plus long terme.

Cependant, le mouvement permanent propre au nomadisme ne tend pas à générer de la stabilité. Les nécessités du quotidien deviennent aussi un empêchement pour rester ambitieux dans notre organisation. Le fait de changer régulièrement d’endroit, tout comme l’arrivée et le départ constants de caravanièr.e.s rend difficile la continuité des projets. Et, enfin, s’autogérer dans quasiment tous les aspects du quotidien avec un groupe assez large est en général très complexe.

Pour se confronter à ces difficultés, nous avons crée divers outils qui rendent possible et enrichissent notre vie ensemble. En général, les propositions d’organisation sont vues comme des prises de pouvoir injustifiées, ce qui a une justification historique évidente. D’un autre coté, nous nous sommes rendus compte que l’absence de structures d’organisation donne naissance à des formes de domination difficiles à solutionner. Ces outils d’intelligence et d’organisation collective ne sont pas des formules universelles et ne peuvent s’appliquer sans adaptations. Ce sont plutôt des sources d’inspiration et de matériels pour la critique des relations que nous entretenons tous les jours.

De toute façon, nous basant sur la ferme conviction que la liberté collective n’existe que si la liberté individuelle est préservée, nous avons établi diverses formes d’organisation collective qui régulent la vie en commun, certaines basées sur une participation collective, comme les assemblées, d’autres à la discrétion de chacun.e, d’autres encore mis en place ponctuellement lorsque notre campement ne dispose pas de son intimité propre. Nous vous invitons à connaître, discuter et critiquer les accords que nous avons pris au consensus et que nous sommes amené.e.s à modifier sur les routes. Nous cherchons à faciliter l’inclusion de points de vue divergents, tout en exprimant nos convictions et en développant notre point de vue par rapport au projet politique de la caravane. Un œil à la Gazette 2 de la Caravane Intergalactique donne un aperçu de ces outils, qu’une discussion avec l’un.e d’entre nous complétera si vous le demandez.

Centres Sociaux Nomades

Nous sommes confronté.e.s quotidiennement à d’innombrables situations où nous avons besoin d’outils que la formation étatico-capitaliste rend monnayable et délègue à des sphères difficiles d’accès. À chaque étape de la caravane, nous offrons des ateliers et activités pour développer des capacités qui permettent augmenter notre autonomie (matérielle, psychologique ou culturelle, émotionnelle, spirituelle, etc.) par rapport au système. Ces activités résultent de nos parcours personnels ou collectifs, chaque personne ayant potentiellement des savoirs et pratiques à partager… Et ce pas seulement de la part des personnes arrivant avec la caravane.

Ainsi, ce que nous proposons ne sont pas des conclusions univoques sur les choses, mais plutôt la recherche d’un dialogue avec les luttes et initiatives locales de façon à construire ensemble. Par le partage et la volonté d’apprendre, nous cherchons à fortifier l’union et la cohésion ; et tout autant « ouvrir des portes » à des personnes qui sont peu ou pas impliquées, curieuses, ou ayant des approches différentes, plus douces ou naïves de ce qu’on appelle ici « lutte ».

Donc, au-delà de se préoccuper nous-mêmes de faire mouvement, nous cherchons aussi à ouvrir un débat autour du potentiel et les limitations des caravanes sous l’angle de Centres Sociaux Nomades (SCN). N’y voyez pas d’élan institutionnaliste, l’inspiration nous vient plutôt des centres sociaux autogérés des okupas barcelonnaises.

La caravane est partout

Pour finir sur une note plus légère, voici notre conception actuelle de ce que représente une caravane, au sens large :
Une caravane n’est pas forcément un convoi de camions ou de dromadaires. Pour nous, c’est plutôt un état d’esprit. Pas nécessairement un déplacement matériel, donc, mais des savoirs et des pratiques qui voyagent ; des sensibilités diverses qui cohabitent, se télescopent.
Cette richesse trouve son sens lorsqu’elle est partagée, et les nomades assurent ainsi la circulation du foisonnement d’intuitions et d’apprentissages inhérents à l’évolution d’une culture alternative.
On essaye de théoriser à notre façon, une idée que beaucoup ont réfléchi et mise en pratique avant nous. Un nombre considérable de personnes applique déjà ces façons d’agir, sans s’introduire dans une démarche “de caravanes”, ni même de nomadisme.

En définitive, les caravanes sont un mode de vie et un outil politique peu visible, qu’on aimerait rendre plus flagrant. Explorer son potentiel. Pour ça, on imagine la matérialisation d’un réseau nomade, intégré dans la grande constellation contestataire qui étire petit à petit ses filaments.

Une constellation de caravanes ?

Voici certains aspects que nous considérons essentiels à l’heure de semer des trajectoires communes et élaborer des stratégies complémentaires.

Ce qui suit pourrait ne pas avoir tout son sens si confronté à la complexe réalité dans laquelle nous sommes. Il s’agit uniquement d’une tentative de dessiner les grandes lignes d’une carte de sujets que nous avons pu travailler, selon le point de vue que nous venons de vous décrire. Nous voulons lancer un débat qui, espérons, donnera lieu à de nombreuses dynamiques concrètes.

Une plate-forme de lien entre les lieux et les groupes :

Comment lire le monde qui nous entoure ? Peut-on distinguer plusieurs échelles sociales pour envisager des angles d’approche différents ? Quelles qu’elles soient, ces échelles seront poreuses. Elles ne peuvent servir qu’à donner une image et à faciliter la pensée. Ceci quand nous décrivons « constellation », « monde alternatif », « reste de la société », … Il s’agit de notre point de vue, pour clarifier notre fil de pensée.
Les caravanes pourraient avoir un rôle pour densifier les liens au sein du monde alternatif ; agir comme un interface entre le monde alternatif et le reste de la société ; et enfin participer à tisser des liens avec d’autres mondes sociaux, d’autres groupes et cultures.

Répandre l’information, des savoirs et des pratiques

Le nomadisme permet de partager simplement et humainement les connaissances en vue d’améliorer notre autonomie et notre bien-être. Les caravanes peuvent donc créer facilement des situations propices à la diffusion de textes, ateliers pratiques, improvisations créatives, etc. Son rôle sera principalement de visibiliser ce que certain.e.s souhaiteraient partager, ouvrir aux autres.
Se limiter à nos connaissances propres serait insuffisant, nous enfermerait dans le champ limité de nos savoirs et expériences. Certains thèmes peuvent être amenés par le groupe entier, spontanément, parce que personne s’y connaît, parce qu’il y a une nécessité. Mais avec le temps, et la prise de confiance, c’est aussi aux personnes extérieures, en recherche d’espaces d’expression et de partage, que les caravanes peuvent mettre à disposition ce potentiel d’échange.

Travailler l’émancipation individuelle et collective

Un autre axe de réflexion tourne autour de l’éducation populaire et la reconstruction de nous mêmes. Les caravane permettent de mettre en cause les chemins tout tracés par le régime actuel. Elles plantent aussi un débat sur la réalité de la vie de chacun.e, autant pour les dits sédentaires que pour les autoproclamés nomades. La distance critique que le nomadisme offre permet d’avoir une meilleure compréhension des similitudes et différences entre nous. Et aussi pour se questionner tous les jours, et chercher à faire cohabiter divers points de vue.
Il nous paraît essentiel de creuser ce travail au niveau individuel, collectif et structurel ; c’est pour nous un premier pas vers une révolution discrète mais imparable.

Soutenir les luttes et participer à la contestation en cours

Nous cherchons d’ores e déjà à participer de façon active et constructive aux actions concrètes en cours là où se trouve la caravane. Au delà de contribuer par notre présence physique et nos moyens logistiques, la caravane pourrait -par exemple- être présente comme un point d’information sur comment généraliser le lancement de nouvelles caravanes, ou d’autres sujets subversifs qui ne perdraient rien à être divulgués, entendus, critiqués.
De cette façon, nous cherchons à rencontrer les marges du système et à subvertir l’ordre établi par l’irrévérence et la créativité. Enfin, nous considérons essentiel que l’analyse reste fine et qu’il y ait une réflexion de fond sur la situation autour de nous (et ailleurs). Et pour cela, nous ne sommes pas autosuffisant.e.s, loin s’en faut.

Proposer le nomadisme comme mode de vie

Dès ses débuts, l’humanité a compté, de façon plus ou moins importante, sur les différentes formes de nomadisme, pour la survie du groupe en mouvement, le déplacement des idées, des savoirs et des biens, etc. Ceci a semble-t-il toujours été associé à de nombreux préjugés, et comportements excluants, xénophobes même. Or aujourd’hui, l’excessive réglementation du nomadisme tend à renforce les situations de violence structurelle, et la stigmatisation des conduites et de l’esthétique « hors norme ». Les nomades d’aujourd’hui se trouvent trop souvent dans cette situation. Nous pensons qu’il sera bien plus profitable aux peuples de s’inspirer de ces groupes, de réfléchir au potentiel et limites de ce mode de vie ; pour leur laisser place dans la société actuelle, se réapproprier comme à d’autres époques ce qui sera jugé pertinent, adapté au contexte actuel et local.
Enfin, tant que le système génère de l’insécurité et de la précarité, le nomadisme peut être une alternative viable à qui n’a ni maison, ni terres, ni travail. Quand on le considère à long terme, le voyage devient automatiquement nomadisme quand on accepte que les décisions sur quoi faire et où aller se prennent au fil de la route...

Participer à la vague d’agitation populaire généralisée

La subversion n’est pas nouvelle, dans nos civilisations elle est garante du changement, de la remise en cause de l’ordre établi. Sa forme est tantôt qualifiée de violente, insidieuse, lâche par les tenant.e.s du pouvoir. Et ce vocabulaire, une fois dépassé le sens premier, révèle une peur de perte de contrôle, qui va à nos yeux dans le sens de l’atteinte de nos objectifs, de potentielles victoires sur l’état inerte et préétabli des choses.
Nous sommes d’une génération qui a tout vu, tout fait, tout entendu, et à laquelle les soubresauts de rébellion ont des réponses toutes faites, calculées par avance ; c’est pourquoi nous insistons ici sur l’importance de la forme de la subversion. Qu’elle soit créative, pour que chacun.e prenne plaisir à imaginer et à mettre en acte, qu’elle soit irrévérencieuse, pour que l’humour devienne une arme désarmante face aux lois, aux normes sociales. En bref, sortons des sentiers battus, l’inconnu que cela nous réserve promet un potentiel bien plus agréable à vivre, sinon plus efficace que les pratiques de lutte conventionnelles et anticipées sans effort.

Une seule Caravane, aussi Intergalactique et subversive fut-elle, ne suffirait pas à porter ces ambitions. Quand bien même elle le pourrait, la centralisation que cela induirait provoquerait des effets indésirables selon nos critères (hiérarchie, jugement, discrimination,...). Nous rêvons de caravanes plurielles, différentes, chacune proche des préoccupations d’une frange de la société ou d’une autre. C’est pourquoi nous appelons -par ce texte et dans notre démarche en général- tou.te.s celles et ceux qui le souhaitent à prendre la route, en petite ou grande équipée. Basée sur des relations informelles, des réseaux de connaissance variés, cette constellation de caravanes, et la multitude de lieux sédentaires qui s’y connectent petit à petit, donnera une entité diffuse, insaisissable et véritablement autonome. Nous ne nous sentirons que mieux préparées aux grand ou petits chambardements actuels et des temps à venir.

Quelles perspectives pour un mouvement ?

Nous estimons prioritaire de nous organiser entre nous, pour s’installer solidement dans le nomadisme, sans céder le terrain sur nos convictions.

Avant tout, dédier nos efforts à la construction d’une identité artificielle n’a, de notre point de vue, aucun sens. Tout comme l’idée de travailler sur une proposition de méthode univoque pour lancer un mouvement serait une perte de temps, et mènerait probablement à des dérives autoritaristes.
Nous partageons une profonde défiance vis à vis des organisations, et par là même la volonté collective de rester diffus,.se.s non centralisé.es, non fédéré.e.s et donc incontrôlables.

Trop s’avancer sur ces questions de notre coté uniquement est inutile. La plupart de ces problématiques nécessiteront un grand nombre de personnes impliquées, agissant de concert, pour être cohérentes. De plus, nous savons que beaucoup de ce que nous présentons est déjà en cours, sans avoir besoin de nous.

Notre contribution consiste ici à proposer d’une part l’élaboration d’une suite de textes critiques développés en détail, et plus simplement la mise en pratique directe d’outils pratiques pouvant nous être utiles en tant que constellation.
Voici quelques points que nous souhaitons d’ores et déjà creuser :

Autonomisation du mouvement nomade

Mise en place et mutualisation d’outils pour l’autonomie des groupes nomades. Avancer avec la volonté de continuer sur les routes, et de s’installer durablement dans le nomadisme.

des lieux fixes pour se rencontrer, s’organiser indépendamment, entretenir des cultures pérennes : les bases arrières
des allié.e.s sédentaires : pour s’entre-aider, pour développer des techniques difficiles à déplacer telles que la filtration d’huile, l’imprimerie, ateliers mécanique, bois, fer, etc.
se déplacer : auto-construction de véhicules pratiques et non-destructeurs , partage de savoirs sur l’entretien et les réparations, ...
se loger, construire des habitats légers, parfois durables sur les bases arrières
s’alimenter, se soigner sur les routes : connaissance de l’environnement, échanges avec les paysan.nes, habitats nomades, cuisine au bois (rocket stove)...
créer son énergie par la force musculaire ou des éléments, ne pas trop en dépendre
troc, échanges et argent, développer des moyens simples et collectif

Trouver un langage commun

Recherche d’une reconnaissance diffuse, sans but de se scinder des autres, mais pouvoir s’identifier et créer rapidement des relations de confiance. Un point sensible car il y a le risque de s’enfermer dans une identité, de former un nouveau ghetto.

 Marquages et symbolique inspirées des hobos
 clarifier le rôle des rituels (cercles de parole, célébrations +/- festives,etc.) dans nos milieux
 écriture, discussion, et confrontation de nos points de vue,

Matérialiser un réseau

Faire connaître une série d’outils pratiques utiles aux nomades spécifiquement.

 des outils de communication communs (une gazette, une liste mail, des boites aux lettres de nomades, …)
 des rassemblements ponctuels pour faire vivre et construire le réseau
 des rassemblements thématiques : base arrière, bouger, autonomie alimentaire…
 des rassemblements entre nomades et paysan.ne.s, et/ou autres catégories sociales.
 le jeu (chasses aux trésor – invitations),
 des pratiques artistiques et créatives à notre quotidien, les connecter.

Restons attentives et attentifs...

Un mouvement est fait pour mourir. Bien que l’on ait parfois des envies de révolutions de grande ampleur, il nous reste un fond de réalisme, et on se contentera de petites révolutions, aux échelles que les impliqué.e.s choisiront. On espère toutefois être là pour les soutenir.
Il ne faudrait pas non plus tomber dans un esprit prétentieux “on a tout compris, faites comme nous”. Quoique pas né de la dernière pluie, notre mouvement si on peut le qualifier ainsi reste balbutiant, en tout cas la part que nous en connaissons.
Les entrelacements de personnes sont toujours prêts à se scinder ou s’autodissoudre, n’importe quand, si les trajectoires ne sont plus communes... ce sera la tristesse ou la beauté des prises de distance, que de nouvelles rencontres viendront combler. Celles et ceux qui ne seront plus nomades un jour seront probablement d’un grand soutien lors de nos escales dans leur zone.

Tout comme ces textes, rédigés par très peu de personnes, nous ne voulons absolument pas devenir les promoteurs officiels des caravanes ; ni avoir écrit une sorte de manifeste, qui serait néfaste à l’originalité et à l’inventivité de ce mouvement.
Espérons plutôt que ces écrits aident à lancer une dynamique surprenante et partagée.



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