A
« Aux armes ! » - Le mouvement lycéen en guerre contre l’État
Grenoble - Printemps 2008
mis en ligne le 12 juin 2009 - Collectif
Considérations préliminaires
Grenoble a vécu lors du printemps 2008 un mouvement lycéen d’une intensité qui se situe dans la continuité des mouvements de révolte de ces dernières années. Depuis au moins le mouvement lycéen de mars-avril 2005, la France n’a cessé d’être agitée par des soulèvements de plus ou moins grande ampleur (mouvement incendiaire d’octobre-novembre 2005, mouvement dit anti-CPE en février-avril 2006, émeutes post-présidentielles en mai 2007, mouvement étudiant dit anti-LRU en novembre-décembre 2007, grèves à répétition dans différents secteurs salariés et grandes manifs inter-syndicales, etc.) [1].
Le point de départ de ce mouvement lycéen, qui s’est étendu sur Grenoble du mois de mars jusqu’à fin mai 2008, c’est un projet de réforme de Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, impliquant la suppression de plusieurs milliers de postes dans les lycées. Mais ce mouvement a été essentiellement porté par les lycéen-ne-s. Les profs, pourtant directement concerné-e-s, ont été globalement absent-e-s de ce mouvement, ce qui a vite permis à celui-ci de ne pas rester bloqué sur des aspects revendicatifs et corporatistes.
Le titre de cette brochure fait écho au slogan principal de ce mouvement, celui qui était repris lors de chaque manif, connu de tous les lycées, avec une variante selon les moments :
Aux aaaaaaaaaaaaaaaaaaaarmes !
Nous sommes les lycéens
en guerre contre Darcos / Sarko / l’État
Ce slogan résume à lui seul l’état d’esprit de ce mouvement [2] : une révolte présente bien au-delà des projets de réforme du ministre de l’éducation nationale, mais une révolte qui a pu prendre corps collectivement, s’exprimant sur les lycées (notamment lors des blocages) et surtout dans la rue, agrégeant des tas d’autres personnes, ex-lycéennes ou déscolarisées, de tous âges (même si ce mouvement est resté « jeune » dans sa grande majorité).
Avec Paris-banlieue (de fin janvier à mi-avril 2008) [3], Grenoble a été la ville la plus chaude lors de ce mouvement lycéen, au point qu’il nous est aussi difficile de comprendre pourquoi ici ça a autant bougé que pourquoi ailleurs ça ne bougeait pas... Indirectement, il y a bien sûr des bouts d’explication, concernant Grenoble, parmi les récits présentés dans cette brochure.
Plusieurs éléments peuvent être pris en compte pour expliquer la relative réussite de ce mouvement. En tout cas, il est certainement judicieux de les garder en mémoire pour de prochaines occasions...
- Le mouvement lycéen est arrivé quelques semaines après le mouvement dit anti-LRU, qui, à sa façon, fut relativement intense également. Des lycéen-ne-s sont passé-e-s sur le campus universitaire lors de l’occupation d’une partie de la fac, des contacts fructueux ont eu lieu, entre étudiant-e-s, lycéen-ne-s et autres.
- Lors du mouvement lycéen, la présence d’autres forces, « extérieures au mouvement » dirait le Dauphiné Libéré, fut un atout non négligeable, au point de faire fantasmer un paquet de journalistes sur le rôle des fameux « anarcho-libertaires »... De nombreuses personnes se sont reconnues dans ce mouvement, sans pour autant être lycéennes.
- Plusieurs groupes de lycéen-ne-s étaient organisés de manière autonome (certains, en collectifs constitués, tels le Culot à Grenoble, le Caviar à Vizille, etc.).
- Les syndicats lycéens ont été assez peu présents, ou plutôt, ils ont vite été débordés, car au départ ils ont bien évidemment essayé de contrôler le mouvement. Un peu à l’image de l’UNEF pendant le mouvement dit anti-LRU de novembre-décembre 2007, la FIDL et l’UNL (les deux principaux syndicats lycéens) ont assez rapidement lâché l’affaire. Ce qui n’a donc pas empêché, à Grenoble, que le mouvement continue de plus belle, de manière plus offensive et plus joyeuse, moins encadrée.
- Les services d’ordre lycéens, même aidés par des cégétistes, ont été submergés par de nombreuses personnes (surtout des lycéen-ne-s, mais pas seulement) qui ont réussi à rendre tout service d’ordre tellement impopulaire qu’il devenait quasiment impossible pour les syndicats d’en imposer au mouvement. Cette critique des services d’ordre a été exprimée très rapidement, à base de tracts et d’actes.
- Le groupe « anti-répression » a diffusé pas mal de tracts avec des conseils en cas d’arrestation et ce genre de choses, d’autres ont distribué des foulards et des appels à manifester masqué-e-s et à se défendre face aux flics, et bien sûr le sérum physiologique et le citron tournaient à volonté (contre les gaz lacrymogènes). Il y avait donc une présence « active » qu’on ne trouve pas forcément dans toutes les manifestations...
- Les violences policières, notamment à travers les lancers de grenades lacrymogènes, ont fait l’unanimité contre les forces de l’ordre. Et face à cela, la police voulait bien sûr éviter une certaine « escalade de la violence » qui aurait pu la rendre encore plus impopulaire (dans un système dit « démocratique », c’est jamais bon). Ces lancers de lacrymogènes ont donc été plus ou moins ritualisés à pratiquement chaque fin de manif, permettant de créer une ambiance plus ou moins excitante (mais quand la police essayait de retarder au maximum l’envoi de lacrymos – dans l’intention de calmer les ardeurs des manifestant-e-s – ça partait quand même en affrontements et en manif sauvage...).
- L’opposition à la police (et plus largement, à l’État) a réuni la plupart des manifestant-e-s. Tout le monde se trouvait pris dans le sentiment d’être agressé par les flics. Du lancer de canette au sit-in à fleur, il y avait une réelle diversité de réactions face à l’autorité de la police. Et sans conflits entre partisan-e-s de telle ou telle tactique.
- Il y avait souvent un temps ensoleillé, ce qui rend tout de même plus agréable le fait de traverser la ville pendant des heures.
- Bon, ce n’est pas vraiment un élément d’explication non plus, mais l’énergie qui se dégageait de ce mouvement était assez folle et belle, elle semblait porter coûte que coûte ce mouvement.
Les éléments expliquant le relatif échec de ce mouvement sont plus clairs, plus habituels, et plus difficiles à dépasser, aussi...
- En 2006, alors que les personnes et groupes les plus actifs pendant le mouvement dit anti-CPE étaient en lutte contre bien plus qu’un simple projet de loi, le mouvement s’était tout de même écroulé quasiment du jour au lendemain, quand le projet de loi concernant le CPE (Contrat Première Embauche) a été retiré. Pour le mouvement lycéen du printemps 2008, il n’y a pas d’explication aussi « directe », mais là aussi, le mouvement a commencé assez fort et s’est éteint assez rapidement également, plus à coup de bac (baccalauréat) qu’à coup de BAC (Brigade Anti Criminalité). Comme la plupart des mouvements sociaux, celui-ci n’avait pas vraiment de perspectives de dépassement de l’état actuel des choses. Ce n’était pas qu’un mouvement défensif (contre des réformes), mais à l’image de la plupart des mouvements de ces dernières années, c’était plus un mouvement de révolte qu’un mouvement révolutionnaire. Ça viendra (ou pas – cela ne tient qu’à nous, tou-te-s).
- Globalement, le mouvement est resté dans des pratiques assez classiques (pratiques qui ont tout de même montré leur efficacité) : manifs, blocages de lycées et de rues, etc. Le principal moment où des perspectives autres ont été mises en place a été l’occupation de la Maison du Lycéen, squattée comme lieu de rencontre, d’organisation... et de révision des cours. Cependant, l’expérience n’a malheureusement pas duré bien longtemps (les vacances d’été et les menaces d’expulsion auront suffi à faire déserter le lieu).
- Alors que plusieurs « journées de mobilisation inter-syndicale » de fonctionnaires, profs et autres travailleur-euse-s, pour la défense du service public et des retraites, etc. ont eu lieu, avec grosses manifs, interventions au micro-sono et stands de merguez, ces moments de possible « convergence des luttes » se sont limités à des manifs « traîne-savates » et quasiment aucune connexion n’a été faite entre le mouvement lycéen et d’autres secteurs en lutte (hormis, de manière éphémère, lors de la manif du 22 mai, quand des syndicalistes sont arrivé-e-s au milieu des lacrymos jetées par les flics, en soutien aux lycéen-ne-s, exhibant bien leurs drapeaux d’organisation syndicale pour qu’on ne se trompe pas... hum !).
Cette question des connexions entre secteurs, milieux, corporations, quartiers, etc. nous semble être un des principaux enjeux pour arriver à élever le niveau d’antagonisme avec le pouvoir. Mais le but n’est pas l’unité à tout prix, à base de représentants syndicaux empêchant le mouvement de décoller et d’assumer des perspectives révolutionnaires, on connaît la chanson... Si l’autonomie des luttes (vis-à-vis des syndicats, des partis, des institutions) nous semble une nécessité de base, c’est justement pour permettre une ouverture, un décloisonnement, la possibilité de se reconnaître dans des objectifs communs.
En tout cas, pour le moment, si ça pète un peu partout, ça pète de manière trop éparpillée et éphémère pour qu’on puisse envisager sérieusement d’aller plus loin dans des perspectives révolutionnaires.
Ces moments de révolte participent tous à instaurer un rapport de force qui est utile pour tou-te-s face à l’État et au capital, mais d’une certaine manière ils peuvent aussi être vécus comme des moments de défoulement cathartique, se limitant à l’expression ponctuelle d’une colère, d’une rage, souvent sans lendemain.
Si ces moments de lutte de rue permettent en partie d’en finir avec la résignation, voire avec la peur du bouleversement social ; s’ils permettent, notamment dans les moments d’émeute, de briser certaines séparations catégorielles, ainsi qu’un certain sentiment d’atomisation et de solitude politique, ils ne suffisent pas à créer des connexions durables, en particulier les connexions qui font défaut à toute perspective révolutionnaire actuelle : celles qui, transversales aux diverses catégories bien utiles au pouvoir (diviser pour mieux régner), permettraient d’organiser des solidarités au-delà des identités de quartiers, de milieux, de corporations, de générations, etc.
Ces connexions ne se feront pas en un jour, ni probablement en un mouvement, des tas de bâtons seront d’ailleurs mis dans leurs roues. C’est d’ailleurs déjà le cas quand ces connexions prennent forme : quand ce n’est pas l’ordre légal (police, vigiles, contrôleurs, administrations) qui empêche ces rencontres par la répression ou « pour des questions de sécurité » (mouvements de rue, occupations de bâtiments ou de places publiques, etc., rien n’est aisé pour la rencontre), ce peut être tout aussi bien d’autres formes d’autorité qui peuvent avoir tout intérêt à empêcher ou à s’approprier ces puissances potentielles montantes : syndicats et gauche citoyenne, « responsables » religieux ou communautaires, il existe un bon paquet de « représentants » plus ou moins institutionnels qui considèrent de fait que la conservation des rapports sociaux actuels leur est favorable. Toutes ces instances « respectables et responsables » qui ont pour rôle d’être les « partenaires sociaux » du pouvoir (pour grappiller quelques réformes et, surtout, pour calmer les « énervé-e-s ») sont de véritables freins à la subversion de la société. Voilà, on nous met des bâtons dans les roues et nous on aimerait bien les mettre sous les roues, les « partenaires sociaux »... Mais que voulez-vous, c’est la démocratie !
Pas tout à fait dans le même ordre d’idée, mais avec une méfiance relativement similaire, et compréhensible, il existe dans tous les milieux des réflexes de repli communautaire et de défiance vis-à-vis d’éléments extérieurs. Dans ces histoires de perspectives révolutionnaires, le seul moyen de rendre communs des objectifs est d’envisager le plus clairement possible l’abolition de la société de classes. Car dans bien des « révolutions », une nouvelle classe sociale a pris le dessus sur l’ancienne et s’est appropriée le pouvoir. Avec la fragmentation du prolétariat, les stratifications entre catégories de travailleur-euse-s, des RMIstes aux fonctionnaires, des banlieues les plus délabrées aux quartiers middle class les plus tranquilles, une question centrale se pose : comment faire pour que, du lumpen-prolétariat [4], qui vit de débrouilles et de combines, jusqu’à la classe moyenne, qui vit une forme d’exploitation elle aussi mais avec un vague sentiment de privilèges / confort à préserver, en passant par l’ensemble des exploité-e-s (en CDI, en CDD, en intérim, fonctionnaires ou dans le privé, etc.), tout le monde se sente solidaire dans un même élan révolutionnaire, avec les mêmes objectifs de bouleversement social sans prise de pouvoir, sans le remplacement des vieilles hiérarchies par de nouvelles ? Pour que l’objectif commun ne soit pas le remplacement de la classe dominante (la bourgeoisie) par une autre, mais bien l’abolition de toutes les classes (pour aller vers une société sans exploiteur-euse-s ni exploité-e-s, sans dominé-e-s ni dominant-e-s), y’a du pain sur la planche, pas vrai ?
Des connexions, solides et durables, entre différents secteurs de populations en lutte, qui habituellement se côtoient peu, nous paraissent de toute façon nécessaires à toute possibilité d’insurrection. Ce sont d’ailleurs ces connexions qui effraient les chefs du gouvernement et de la police. Sarkozy, en mars 2006, flippait d’une « connexion entre les étudiants et les banlieues » ; Borel-Garin, chef de la police grenobloise entre 2004 et mars 2009, déclarait au sujet des « anarcho-libertaires », au moment de sa mutation en banlieue parisienne, que « ces gens-là arrivent à entraîner derrière eux, très souvent, les jeunes », entretenant le fantasme des horribles anarchistes qui manipulent la jeunesse, naïve et innocente... et montrant par là son ras-le-bol de solidarités de plus en plus prégnantes entre révolté-e-s.
Lorsque plus rien ne séparera les révolté-e-s de tous horizons, les étudiant-e-s et les jeunes déscolarisé-e-s des quartiers pauvres, les lycéen-ne-s et les chômeur-euse-s, les travailleur-euse-s et les zonard-e-s, les retraité-e-s et les sans-papiers, etc., alors le pouvoir pourra se sentir sérieusement mis en danger.
Pour cela, un des enjeux au sein des luttes sociales, est, sans rester les bras ballants, de réussir à ne pas se faire isoler dans des figures d’épouvantails utiles à la répression policière (les « anarcho-libertaires » s’ajoutent aux « délinquant-e-s de banlieue », la force de la police sur cette question est sa capacité sans limite à créer de nouvelles catégories identitaires, sur fond d’anti-terrorisme grandissant). Pas sûr que cela soit simple, mais ce qui peut aider, plutôt que de cesser toute activité offensive, est de populariser certaines pratiques de lutte en les rendant « accessibles », appropriables et vécues comme possibles et envisageables puisque faisant partie intégrante d’une révolte permanente contre l’ordre établi.
A bon entendeur-euse...
Zanzara athée et G. Majaks (Grenoble, mai 2009)
Chronologie du mouvement lycéen, Grenoble 2008
Mercredi 26 mars 2008
Premier jour de manif pour le lycée Vaucanson, un des premiers à bloquer sur Grenoble : les flics interviennent mais le blocage est maintenu (petite barricade en feu sur la route).
Jeudi 27 mars
Second jour de blocage au lycée Vaucanson. Les pompiers interviennent deux fois pour des petits incendies. Les flics sont encore là, mais moins nombreux que la veille.
Une AG a lieu et vote la poursuite de la mobilisation.
Vendredi 28 mars
Troisième jour de blocage au lycée Vaucanson. D’après France 3, près de 600 élèves manifestent devant le lycée.
Les lycées Louise Michel et Pablo Neruda se mobilisent.
Lundi 31 mars
Nouvelle AG à Vaucanson. La poursuite du mouvement est votée.
Mardi 1er avril
Manif lycéenne, entre 700 et 2 500 personnes (déjà à la fois "contre les suppressions de postes" et "aux armes ! nous sommes des lycéens en guerre contre l’Etat").
Une fois devant la préfecture, tentative de manif sauvage vers le rectorat, écourtée par le SO et les flics.
Mercredi 2 avril
Manif sauvage d’environ 600 personnes. Participation de plusieurs lycées : Pablo Neruda, Vaucanson, Jean Jaurès, Guynemer, Louise Michel, ... Devant le lycée Louise Michel, on assiste même à un battle de breakdance.
Jeudi 3 avril
Manif. SO (trop) présent. Passage devant le rectorat et dispersion par "des organisateurs"...
A Marie Curie, les bloqueurs sont dégagés par les flics, à l’appel de la proviseure du lycée.
Vendredi 4 avril
Manif d’environ 500 personnes, qui se termine devant le rectorat.
Mardi 8 avril
Manif de 2 500 personnes.
Les syndicats cherchent à s’emparer du mouvement (notamment la CGT).
Mercredi 9 avril
Blocage-filtrage d’un rond-point à Vizille.
Jeudi 10 avril
7 000 manifestant-e-s pour les services publics. Présence de profs, syndicalistes, etc.
Quelques vitres du rectorat sont brisées. Affrontements devant le rectorat. Lacrymos à gogo entre le rectorat et la préfecture. Quelques personnes sont blessées par les flics (au moins deux personnes aux urgences). 3 interpellations.
Manif sauvage tout l’après-m’ (300 personnes).
Mardi 29 avril
Plus de 1 000 manifestant-e-s.
Affrontements et dispersion devant le rectorat (jets de pommes). Trois arrestations.
250 personnes partent en manif sauvage.
Jeudi 1er mai
Manif « traditionnelle » du 1er mai, beaucoup plus agitée que les années précédentes : plusieurs milliers de personnes (dont plusieurs cortèges lycéens), beaucoup d’actions directes (fumigènes, collage d’affiches, pochoirs, tags, ampoules de peinture, bris de vitres de panneaux publicitaires, etc.).
Puis, manif sauvage d’une centaine de personnes (surtout des lycéen-ne-s).
Vendredi 2 mai
Le lycée Marie Curie est débloqué par la police.
Mardi 6 mai
Entre 1 000 et 2 000 manifestant-e-s. Affrontements devant la préfecture et alentour. Plusieurs arrestations.
Mercredi 7 mai
Manif contre les violences policières (quelques centaines de personnes) : blocage du carrefour Chavant et dispersion par la flicaille.
Mardi 13 mai
1 000 manifestant-e-s (jonction avec rassemblement pour Bruno, Ivan et les autres). Affrontements avec la police (pendant une heure) et petite manif sauvage. Au moins 4 arrestations.
Jeudi 15 mai
Matin : Blocages de lycées puis manif lycéenne de 3 000 personnes (affrontements autour de la préfecture), suivie d’une manif sauvage (blocages et petites barricades).
Après-m’ : Manif de la fonction publique, entre 10 000 et 15 000 personnes, puis gros bordel en manif sauvage (affrontements, barricades, bris de vitrines).
Plus de 200 grenades lacrymos balancées
dans la journée.
Sur toute la journée, une dizaine d’arrestations.
Mardi 20 mai
Manif lycéenne (1 000 personnes), puis
manif sauvage. 4 arrestations. Petite
autoréduc’ au magasin Lacoste de la
place du Dr Martin.
Jeudi 22 mai
Journée de mobilisation pour la défense
des retraites et contre les suppressions
de postes dans l’éducation nationale.
Manif de 10 000 à 30 000 personnes.
Le cortège se scinde en deux place Gustave
Rivet (les lycéen-ne-s abandonnent
le parcours officiel et bifurquent
en direction de la préfecture, où les
attendent les gendarmes mobiles).
La place se remplit, fumigènes et projectiles.
Les forces de l’ordre arrosent
alors de gaz lacrymogène. Les affrontements
continuent devant la préfecture,
puis une manifestation sauvage part en
direction de Félix Poulat (1 000 à 2 000
personnes) : lacrymogènes, caillassages
massifs, bris de vitrines et de panneaux
de pub.
On dénombre une dizaine d’arrestations.
Samedi 24 mai
Petite manifestation lycéenne. Une
banderole est accrochée sur le parvis de
la préfecture. En fin de manifestation
quelques accrochages ont lieu avec des
jeunes d’extrême-droite.
Mardi 27 mai
Petits blocages et petite manif (100
personnes). Réu en plein air sur la place
de la préfecture et délégation envoyée
au rectorat.
Jeudi 29 mai
Manifestation lycéenne (entre 200 et
300 personnes). Arrestations ciblées
par des flics en civil. Frictions avec la
police.
En fin de journée une centaine de personnes
ouvrent la "Maison du lycéen".
C’est un lieu de vie, de rencontres... et
de révision du bac !
Mi-juillet 2008
Le squat de la "Maison du lycéen" est
délaissé par ses occupant-e-s et retrouve
son état de bâtiment abandonné.
Textes du mouvement lycéen
Petit récit de grosse manif lycéenne
écrit le mardi 1er avril 2008 — anonyme
Départ de manif (02/04) depuis Guynemer
écrit le mercredi 2 avril 2008 — anonyme
Manif lycéenne : récit éclair
écrit le jeudi 3 avril 2008 — Segolène_Royal_du.38
Lycée de Vizille : nous aussi on joue à la révolution !
écrit le vendredi 4 avril 2008 — Vladimir Pourfairelavaiselle
Brèves de la grève
écrit le vendredi 4 avril 2008 — Pasqua_président3838
Appel à la mobilisation de quelques lycéens de Marie Curie
écrit le lundi 7 avril 2008 — anonyme
Modestes réflexions d’un lycéen sur le mouvement en cours
écrit le mardi 8 avril 2008 — laurent.fabius@hotmail.com
Test ! [5] — Tract du CULot, distribué à Grenoble en avril 2008
lors de quelques manifestations lycéennes.
Lycée de Vizille, épisode 2
écrit le mercredi 9 avril 2008 — Roger Pludbièredanslefrigo
Education on t’aime, et on veut te garder - En finir avec la défense inconditionnelle de l’école publique
écrit le mercredi 9 avril 2008 — pie.XII@pontif.vat
EtudiantEs solidaires des lycéenNEs
écrit le mercredi 9 avril 2008 — Des etudiantEs
Interpellations un peu hardcore
écrit le jeudi 10 avril 2008 — P2C, plate-forme chimique
Interpellation sauvage et chantage à la liberté de la presse
écrit le jeudi 10 avril 2008 — anonyme
Une journée de luttes vue par quelques lycéen-ne-s de Marie Curie (jeudi 10 avril)
écrit le vendredi 11 avril 2008 — fuck "fuck anarch"
Récit de la manif "lycéenne" du 29 avril
écrit le mardi 29 avril 2008 — tanuki
Quelques mots sur la manif lycéenne du 29 avril
écrit le mardi 29 avril 2008 — Jurôjin
Haut les masques ! Fais-le toi aussi ! [6] — Tract anonyme distribué lors de quelques manifs lycéennes
à Grenoble, notamment le 29 avril 2008.
Quelques mots sur la manif du 1er mai (hé ouais)
écrit le jeudi 1er mai 2008 — Albert C.
Récit de la manif lycéenne du 6 mai à Grenoble
et des affrontements
écrit le mardi 6 mai 2008 — anonyme
Bref récit de la manif "lycéenne" du 7 mai
écrit le jeudi 8 mai 2008 — anonyme
Récit d’une matinée de lutte mouvementée à Grenoble
écrit le mardi 13 mai 2008 — anonyme
15 mai : Ambiance émeutière à Grenoble
écrit le vendredi 16 mai 2008 — Jean-Claude K.
Un autre récit des manifs de jeudi 15 mai à Grenoble
écrit le vendredi 16 mai 2008 — Jean-Luc Danslarue
Nous, on veut vivre
écrit le lundi 19 mai 2008 — anonyme
Récit d’une manif zarb (20 mai)
écrit le mardi 20 mai 2008 — tandori
22 mai de l’an de grâce 2008 : bataille à Cularo (ancien nom de
Grenoble) — Liégeois, Saint-Denis !
écrit le jeudi 22 mai 2008 — Dame Cunégonde
22 mai : le mois de l’émeute à Grenoble, ça continue
écrit le vendredi 23 mai 2008 — Marielle G.
Récit de la petite manif lycéenne du 24 mai
écrit le samedi 24 mai 2008 — anonyme
Baccalauréat 2008. Épreuve de Français. Analyse d’article
écrit le mardi 27 mai 2008 — anonyme
Récit partiel de la journée lycéenne du mardi 27 mai
écrit le mardi 27 mai 2008 — anonyme
Baccalauréat 2008 - Epreuves scientifiques
écrit le mercredi 28 mai 2008 — Recteur
Arrestation par un infiltré
écrit le jeudi 29 mai 2008 — anonyme
Grenoble : La Maison du Lycéen Occupée est ouverte !
écrit le jeudi 29 mai 2008 — anonyme
La police est parmi nous !
écrit le vendredi 30 mai 2008 — anonyme
Projet de révision dans la "Maison du Lycéen Occupée"
écrit le vendredi 30 mai 2008 — MDL
Désarmons les porcs !
écrit le samedi 31 mai 2008 — anonyme
Grenoble : Des nouvelles de la Maison du Lycéen Occupée
écrit le lundi 2 juin 2008 — Potentis
Des nouvelles de la Maison du lycéen après presque un mois d’occupation
écrit le jeudi 19 juin 2008 — anonyme
La Maison du Lycéen Occupé(e) — Texte anonyme publié en page 2 de Génération Pirate n°1, Grenoble, hiver 2008-2009.
[1] Et ça continue, la grève générale, les blocages de partout et les émeutes en Guadeloupe au début de l’année 2009, le mouvement similaire en Martinique, sont de véritables sources d’inspiration et de questionnement. Idem pour les luttes des ouvrier-e-s de Caterpillar à Grenoble, qui à l’heure où nous écrivons ces lignes semblent ralentir assez sérieusement, mais auront donné lieu en février-avril 2009 à une intéressante actualisation de la lutte des classes...
[2] D’où le titre de cette brochure...
[3] Voir chronologie sur http://cettesemaine.free.fr/spip/ar....
[4] Le « lumpen-prolétariat » désigne l’ensemble de la population située encore en-dessous du prolétariat, en termes de niveau de vie (les chômeur-euse-s, les galérien-ne-s de tous bords, les clandestin-e-s, les adeptes de l’économie parallèle et du système D, etc.).
[5] Contenu du tract :
A travers ces 10 questions, penchons-nous sur la nature
de notre engagement et son impact quant à la
réussite du mouvement.
1- Tu es descendu-e dans la rue :
a. Pour faire péter ton DS de maths.
b. Pour protester contre les réformes qui portent atteinte
à l’éducation nationale.
c. Pour lutter contre un monde globalement inégalitaire
dominé par des relations marchandes et contre
une éducation vendue aux intérêts économiques,
donc de classe.
2- La lutte aboutira :
a. Grâce aux pétitions, aux CVL, en adressant des
lettres aux élus...
b. En démontrant notre nombre à travers des manifestations
légales ponctuelles.
c. En bloquant le pays et en créant les conditions nécessaires
à l’élaboration d’alternatives (occupations,
assemblées permanentes...).
3- Est-il nécessaire de voter les blocages ?
a. Le blocage est violent, c’est une entrave à la liberté
d’étudier. On ne doit pas l’imposer à ceux qui veulent
suivre les cours.
b. Oui, il faut montrer la nature démocratique du
mouvement.
c. Non, ce n’est pas à ceux qui refusent la grève de
décider des moyens de lutter. La lutte appartient à
ceux qui la font.
4- Dans les manifs, le Service d’Ordre est là pour :
a. Nous débarrasser des casseurs et des extrémistes
qui décrédibilisent le mouvement.
b. Nous protéger et assurer la sécurité pour faire en
sorte que « tout se passe bien » et que chacun se déplace
sur la route afin d’être comptabilisé.
c. Collaborer avec les forces de l’ordre en pratiquant
la délation et en imposant de façon autoritaire un
parcours validé préalablement par la préfecture.
5- Le rôle des syndicats dans les mouvements est :
a. D’ appuyer le complot judéo maçonnique pour spolier
le travailleur français et les intérêts de la Nation.
b. De nous représenter pour négocier avec le gouvernement.
c. De faire partie intégrante du processus de sabotage
des mouvements sociaux, en servant d’interlocuteur
complice au gouvernement, en monopolisant la scène
médiatique, en trahissant les revendications de la
base.
6- Les médias sont :
a. Un relais indispensable des luttes sociales qui permettent
de rendre un mouvement crédible en toute
objectivité.
b. Un outil a utiliser avec vigilance pour éviter de choquer l’opinion publique.
c. Un appareil de contrôle social aux mains de grands
groupes (Dassault, Bouygues, Lagardère...) qui cultive
l’illusion du pluralisme et éloigne les militants de
la lutte réelle en les conditionnant à l’action
« symbolique » et « démonstrative ».
7- Une personne subissant une interpellation est :
a. Forcément coupable, la police sait ce qu’elle fait.
b. Jugée turbulente et risque de décrédibiliser le mouvement.
c. Un camarade de lutte à secourir.
8- Si tu étais un personnage célèbre tu serais :
a. Chuck Norris
b. Joseph Staline
c. Louise Michel
9- Le rapprochement avec d’autres secteurs en lutte :
a. Est dangereux : un mouvement lycéen doit être
apolitique.
b. Comporte un risque : mélanger les revendications
pourrait faire passer les nôtres au second plan.
c. Une richesse : ensemble nous sommes plus forts et
pouvons mener une grève générale. De plus, ces
convergences occasionnent une vision globale des
maux qui nous touchent en particulier.
10- Le sérum physiologique sert à :
a. Décoller les yeux en cas de conjonctivite
b. Déboucher le nez
c. Soulager les yeux qui brûlent sous l’effet des gaz
lacrymogènes (une goutte dans chaque oeil).
Prochainement...
... les réponses.
Un jeu proposé par TAZER FRANCE ©, homologué
avec C.U.L.O.T. - Collectif Ubiquiste Lycéen Ouvert à Tous.
[6] L’original vient de Suisse (Lausanne, 2003) et se trouve sur http://squat.net/contre-attaque/tex....
Quelques autres lectures pour aller plus loin
Sur le mouvement lycéen de 2008
- Chronologie du mouvement lycéen en cours (région parisienne, de fin janvier à mi-avril 2008)
Sur le mouvement lycéen de 2005
- Des bouts du mouvement lycéen 2005, Paris et aussi un peu Grenoble. Recueil de textes édité en
juillet 2005 par Zanzara athée. Textes publiés en mars-avril 2005 sur Indymedia-Paris et Indymedia-
Grenoble.
- Class Wars. Bédé détournée et éditée à Paris en mai 2005 par la CRETE du CUL, suite au mouvement
lycéen de la même période.
Sur le mouvement dit « anti-CPE » en 2006
- Le CPE, une goutte d’eau dans un lac de rage – Quelques remarques sur la violence, l’illégalité et
l’orientation des luttes sociales, par Les enragé-e-s ouvrent le bal. Brochure éditée en avril 2006 par
Zanzara athée. Texte écrit à Grenoble en avril 2006, juste à la fin du mouvement anti-CPE.
- Récits grenoblois des luttes contre le CPE et son monde (février-avril 2006). Recueil de textes édité
en novembre 2007 par Zanzara athée. Textes publiés initialement sur Indymedia-Grenoble.
- Les mouvements sont faits pour mourir…, par Le jardin s’embrase. Livre édité en mars 2007 par
Tahin-Party suite au mouvement anti-CPE. Lire notamment la première partie du livre…
- Bachibouzouk n°1 (hiver 2006-2007). Revue éditée en région parisienne. Lire notamment Quelques
propos sur la violence pendant le mouvement anti-CPE, un entretien avec un lycéen d’Alès et la retranscription
d’une discussion entre deux-trois personnes ayant participé au mouvement sur Paris.
- Solidarité n° 23 (mars 2006), 24 (mai 2006) et 25 (juin 2006). Journal du SIA (Syndicat Intercorporatif
Anarchosyndicaliste) de Caen. Ces trois numéros reviennent sur la lutte anti-CPE à travers
un bilan, un récit et des infos sur la répression à Caen.
- Contre le CPE et son monde – Notes sur le mouvement dit anti-CPE en Avignon. Brochure éditée en
juin 2006 par les éditions Impossibles.
D’autres brochures et d’autres textes concernant le mouvement anti-CPE
se trouvent sur le site infokiosques.net et dans les revues Cette semaine et Meeting.
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