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Florilège des révoltes suite à l’assassinat de Nahel

mis en ligne le 10 décembre 2023 - Anonyme , Sans Nom

Suite à l’exécution de Nahel par les flics lors d’un contrôle routier le 27 juin 2023, des révoltes ont embrasé les nuits de la France entière. Ce qu’il s’est passé, les traces que ces quelques nuits ont laissées, sont inoubliables pour chacun-e les ayant vécues. Pour que l’on puisse transmettre ces histoires, ces ressentis, il faut y mettre des mots, faire des récits. C’est grâce à de multiples textes, initiatives, auxquels cette chronologie prétend modestement participer, que l’on peut arracher au récit du pouvoir ces actes révoltés, et en tirer nos propres bilans dans l’espoir que ça recommence et que la prochaine fois ça aille plus loin dans la remise en cause de ce monde de domination.

Quand il se passe ce que j’ai l’impression d’avoir attendu depuis toujours – pas juste les bras croisés dans une attente passive, mais ce pourquoi je me bouge à peu près quotidiennement dans l’espoir de rencontrer des complices qui partagent ma rage, ce pourquoi je tente de faire des trucs qui pourraient résonner dans le cœur d’inconnu‑es – je me sens partie prenante de la révolte, à la première personne, et j’ai envie d’y porter mes rêves de liberté. C’est pour ça que je suis descendue dans la rue qui grondait sous mes fenêtres, et même si je ne suis a priori pas la plus représentative des émeutier-es, j’ai envie de participer à faire vivre ces émeutes et m’en nourrir.

Je n’ai pas la prétention de deviner les pourquois de chacun-e mais de ce que j’ai vu autour de moi et de ce qui ressort de cette chrono (bien que tirée de la presse et forcément pas exhaustive), les actes qui ont été posés me semblent compatibles avec ce qui me met en mouvement. Ça veut pas dire qu’on vit tou-tes la même chose, qu’on subit tou-tes ce monde de la même manière, que tout est homogène dans les vécus qui nous mettent en branle ni dans ce à quoi on aspire. Je ne veux pas tout lisser, nier que des conflits ont aussi existé pendant ces heures libérées des flics et de la normalité marchande, ou parler à la place d’autres, j’ai juste l’espoir qu’en mettant des mots sur ce qui me fait vibrer d’autres émeutier-es ou potentiel-les s’y reconnaissent.

Ça me semble important de continuer à parler de ces émeutes sans se poser en extériorité sous prétexte qu’elles ont été majoritairement portées par des jeunes hommes de cités qui subissent le racisme.Ce qui m’importe ce n’est pas les identités sociales des insurgé-es mais leurs raisons, pas le qui mais le pourquoi. Par exemple qu’on ait ou pas subi personnellement la violence de la police (ce qui arrive malheureusement à plein de gens pour peu qu’on traîne dans la rue et/ou qu’on fasse des trucs illégaux), j’ose penser qu’on ne se révolte pas seulement contre nos conditions personnelles, mais aussi contre celles que subissent celles et ceux qui nous entourent, même quand nous-mêmes en sommes épargné-es. C’est la seule manière pour moi d’espérer une révolution, car finalement on a à peu près tou-tes un privilège à conserver dans ce monde autoritaire, il y a toujours plus bas que soi sur une des échelles.

Ce qui me saute aux yeux, durant ces quelques nuits destructrices, c’est que dans leur grande majorité les cibles représentent clairement le pouvoir de l’Etat, même celles moins consensuelles qui en sont les cautions humanistes comme les médiathèques, maisons de quartier ou autre salle des fêtes. Et qu’au‑delà de la symbolique, les attaques ont entravé concrètement la normalité de l’exercice de l’autorité et du capitalisme. On a connu le bonheur éphémère de pouvoir se promener dans des rues libérées de la menace des flics, trop occupés à défendre leurs personnes et leurs comicos massivement pris pour cible. Les caméras ont été coupées à plein d’endroits, des quartiers entiers plongés dans le noir, jusqu’à des centres de supervision urbains cramés. Le concept des soldes de cet été n’a pu que donner de l’air à tou-tes celles et ceux, toujours plus nombreux.ses, qui galèrent à boucler les fins de mois, avec nombre de supermarchés en libre service la nuit. Plein de mairies ont été attaquées, et parfois les moyens de nous ficher entravés : états civils détruits, titres d’identité volés… Beaucoup de bus et tramways ont été mis hors d’état de fonctionner,même si finalement lors de ces quelques jours c’est plus le dodo qui a été bouleversé que le métro-boulot. Les vacances d’été ont commencé plus tôt pour certain-es élèves dont les écoles ont été contraintes de fermer ou des bachelier-es dont le centre d’examen a été réduit en fumée. Des metteurs au travail de force ont aussi dû laisser un peu de répit à leurs victimes, comme Pôle Emploi, la Mission locale, ou d’autres assos d’insertion qui ont été très ciblées. On a pu imaginer que le slogan « Justice pour Nahel » n’était pas entendu par tou-tes de la même manière, avec une remise en cause plutôt claire de l’institution judiciaire concrètement mise à mal par des attaques de tribunaux, de maisons du droit et de la justice, de services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), de locaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Jusqu’aux forteresses de la répression elles-mêmes qui ont été prises pour cibles, on parle d’au moins trois prisons visées dont l’attaque mémorable de la maison d’arrêt de Fresnes.

A chaque fois, l’acte a son sens par lui-même et par ses conséquences. Combien de caméras sont encore trois mois plus tard hors d’usage, combien de personnes ont pu esquiver leurs rendez-vous dans des administrations de flicage voire même leurs contrôles judiciaires, combien de flics se sont mis en arrêt, combien de gens ont pu se prendre quelques jours de repos, faute de transport, ou se faire un peu plus plaisir grâce aux marchandises devenues gratuites… ?

De quoi se réjouir donc, mais sans oublier la réaction, rapide, brutale, de l’Etat. Malheureusement on ne peut pas dire que c’est du jamais vu car ça réagit de façon similaire chaque fois que l’ordre des choses est menacé. Mais la violence de la répression qui s’est abattue dans la foulée des émeutes est venue confirmer pourquoi on avait envie de tout détruire en premier lieu. Dans les chambres de comparutions immédiates, la justice a intensifié son travail habituel en envoyant à tour de bras des centaines d’émeutier-es présumé‑es, en extrême majorité pauvres et racisé-es, dans les geôles déjà surpeuplées. Les parents ont été menacés d’être condamné-es pour les enfants. Des couvre-feux ont été instaurés dans plusieurs villes.Dans les rues, des drones et des équipes d’élite telles que le Raid ont été déployées, avec des équipements de ouf genre véhicules blindés ou encore des munitions dites « bean-bags » qui ont plongé une personne dans le coma. Une autre est morte à Marseille tuée par un tir de flash-ball, sans dénombrer toutes celles qui ont été mutilées. Il n’y a même pas eu besoin de mettre en place l’état d’urgence vu que c’est une coquille vide depuis que tout a été passé dans le droit commun en 2016.

Le retour de bâton immédiat est sûrement l’une des explications de comment un mouvement, inédit en France par son intensité et son ampleur géographique, est retombé aussi vite qu’il était monté, nous laissant sur notre faim et se demandant parfois si on n’a pas rêvé tout ça, même si heureusement il reste encore des traces concrètes du passage de la colère : impacts de feu sur les routes, commerces fermés, caméras éteintes,… et nos souvenirs ardents bien sûr.

Pour tou-tes les Nahel, celles et ceux qui crèvent, à petit feu ou brutalement, aux mains des flics, aux frontières, dans les taules, les CRA, les HP, partout où l’Etat et le capitalisme nous imposent leurs hiérarchies nauséabondes… que vive l’émeute !

[J’ai repris des articles publiés sur le site internet sansnom.noblogs.org tels quels, sauf que j’ai enlevé tout ce qui concernait les appels au calme qui sont venus d’un peu partout. C’est intéressant d’analyser comment, en plus de la répression étatique et du battage médiatique d’extrême-droite, des discours plus de gauche et « compréhensifs » ont tenté d’isoler les révolté-es et de délégitimer la violence. Cependant ce n’est pas le sujet de cette brochure qui propose plutôt un focus sur les actes en eux-mêmes.]

Septembre 2023


Ile-de-France : la rage émeutière se répand suite à l’assassinat policier de Nahel

28 juin 2023, Sans Nom

Des scènes d’émeutes, de tirs de mortiers d’artifices et d’incendies ont rythmé la nuit de mardi à mercredi dans le département des Hauts-de-Seine, mais aussi de manière plus sporadique dans d’autres départements d’Île-de-France après la mort de Nahel, 17 ans. L’adolescent a été tué mardi matin 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine) par un tir policier [à bout portant dans le thorax], ce dernier justifiant son acte par un refus d’obtempérer. Le policier auteur du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre.

En plus des 31 interpellations lors de cette première nuit d’émeutes, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin parle de « 24 policiers blessés » et d’une « quarantaine de véhicules brûlés ».

Ce mercredi soir 28 juin, 2 000 policiers et gendarmes devraient être déployés à Paris et sa petite couronne.

A Nanterre même, les affrontements se sont concentrés dans les quartiers du Vieux pont d’où était originaire Nahel, mais également de Zilina, Berthelot, Pablo Picasso et Damades. Les forces de l’ordre ont été ciblées par des projectiles, mortiers d’artifice et parfois des cocktails Molotov. Environ 25 véhicules et poubelles – souvent érigées en barricades – ont été détruits dans la commune. Des feux ont également été allumés le long des rails du RER A, entre Nanterre et Rueil-Malmaison. Plusieurs bâtiments administratifs (finances publiques, maison de quartier, deux groupes scolaires) ont aussi été dégradés par des incendies. « Plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d’importantes et inacceptables dégradations, parfois irrémédiables », se désole le maire Patrick Jarry.

Du côté des autorités, 20 policiers ont été légèrement blessés, dont 18 CRS et deux agents de la BAC de Gennevilliers. Dix véhicules de police et un engin de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ont aussi été dégradés.

Hauts-de-Seine. Des voitures, deux roues et poubelles ont été incendiés à Asnières, Clichy, Colombes, Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne, Rueil-Malmaison, Suresnes, Boulogne-Billancourt, Bourg-la-Reine, Clamart, Montrouge, Bagneux, Vanves, ou encore Malakoff. Dans les communes où les heurts étaient les plus durs, les forces de l’ordre ont fait usage de lancers de grenades lacrymogènes et de tirs de LBD.

Yvelines. Les premiers heurts ont été signalés aux alentours de minuit, à Mantes-la-Jolie. Ils se sont répandus comme une traînée de poudre à Sartrouville, Andrésy, Trappes, Les Mureaux, Limay, Poissy, Coignières, Bougival, Montigny-le-Bretonneux, Conflans-Sainte-Honorine, Chanteloup-les-Vignes, La Verrière. Dans la majeure partie des cas, il s’agissait de feu de poubelles et de jets de projectiles. A Meulan-en-Yvelines, la maison de quartier située allée des Marguerites a été incendiée aux alentours de 3h10. Tout le rez-de-chaussée a été atteint : des personnes auraient brisé une vitre, avant de jeter à l’intérieur un engin de type molotov. Dans la même nuit, un incendie a été allumé sur la façade arrière du supermarché Sitis Market, situé à quelques centaines de mètres de là, sans causer trop de dommages. À Mantes-la-Jolie, la mairie annexe du Val-Fourré a été incendiée et d’importants dégâts sont à déplorer. Selon plusieurs informations, un groupe de jeunes adolescents a forcé l’entrée du bâtiment vers 0 h 30, avant de mettre le feu à des palettes dans le hall principal.

Essonne. Sept véhicules et des containers de poubelles ont été incendiés à Athis-Mons. Aux Ulis, un commissariat a été dégradé et deux voitures de police ont brûlé. Des poubelles et véhicules en feu ont aussi été éteints à Courcouronnes, Corbeil-Essonnes, Massy, Evry, Etampes, Epinay-sur-Orge et Juvisy-sur-Orge.

Seine-Saint-Denis. Les tensions se sont également propagées en Seine-Saint-Denis, notamment à Saint-Denis et Montfermeil. Dans le département, les forces de l’ordre ont riposté avec plus de 46 tirs de lanceur de balles de défense (LBD) au cours des interventions.

A Aulnay-sous-Bois, un bus de la ligne 9 de Transdev est détourné par cinq hommes armés qui font descendre le chauffeur, puis l’emmènent rue Edgar Degas, dans le quartier des 3000, où il est incendié. Erwan Guermeur, secrétaire départemental d’Unité SGP Police 93, déclare le lendemain 29 juin suite aux émeutes urbaines qui ont éclaté un peu partout en Seine-Saint-Denis : « On ne comprend pas pourquoi pourquoi un événement qui se produit dans les Hauts-de-Seine dégénère en Seine-Saint-Denis. Tous les prétextes sont bons pour que les bandes de criminels qui sévissent dans les cités, expriment leur haine de la police, notamment à Aulnay où un bus a été incendié ».

Val d’Oise. Une personne a été interpellée à Argenteuil, dans le Val-d’Oise, suspectée d’avoir dégradée une voiture de police municipale. Des barricades ont été installées dans la nuit, et des tirs de mortiers ont été tirées. Des feux de poubelles ont eu lieu également à Cergy, à Deuil-la-Barre, Sarcelles, Saint-Gratien, Eragny.

Un peu plus loin. Outre certains quartiers franciliens, des tensions ont également été constatées ailleurs en France. À Bordeaux notamment, dans le quartier des Aubiers, ainsi que dans la cité du Midi à Floirac et le quartier prioritaire Génicar à Lormont. Des voitures et des poubelles ont été incendiées. À Dijon, plusieurs dizaines de personnes se sont opposées aux forces de l’ordre entre 2h et 5h du matin dans le quartier des Grésilles. Des projectiles et des cocktails molotov ont été lancés sur les policiers qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène, ainsi qu’à Roubaix et Hem (Nord) ou Colmar (Haut-Rhin).

[Synthèse du Parisien/France Bleu/Actu78, 28 juin 2023.]


Partout : 2e nuit de rage émeutière suite à l’assassinat policier de Nahel

29 juin 2023, Sans Nom

Cette deuxième nuit d’émeute consécutive du mercredi 28 au jeudi 29 juin après celle d’hier suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin, s’est encore étendue à de nombreuses villes supplémentaires, multipliant également le nombre et le type de cibles. Au-delà des affrontements avec la police et des voitures brûlées, on trouvera ci-dessous une recension non-exhaustive des bâtiments incendiés, pillés ou attaqués à travers tout le pays, allant des comicos aux mairies, des centres sociaux aux médiathèques, des supermarchés aux stations de métro et trams, non sans oublier l’entrée de la prison de Fresnes ou le tribunal d’Asnières-sur-Seine…

Quelques chiffres

2377 incendies ont été recensés sur la voie publique la nuit du 28 au 29 juin, selon une source policière citée par Le Parisien. Parmi eux, 609 véhicules et 114 bâtiments ont été touchés. 27 attaques de locaux de la police nationale ont également été rapportées (dont 7 par incendie), 4 casernes de la gendarmerie, 14 locaux de police municipale (dont 10 incendies). Au moins huit mairies ont été incendiées ou dégradées, 6 écoles et six bâtiments publics.133 membres des forces de l’ordre ont été blessés, dont 123 policiers et 10 gendarmes.

Pour le plaisir…

Airparif écrit ce jeudi que « des niveaux importants de particules (PM10 + PM2.5) ont été constatés dans l’air cette nuit et ce matin » en Île-de-France, et que cette « hausse sur la région est principalement liée aux émissions en lien avec les émeutes ». Ce genre de pollution peut être due aux nombreux incendies qui ont eu lieu dans la nuit.

Transports en commun en Ile-de-France

Deux rames de tramway ont été cramées dans les Hauts-de-Seine. L’une de la ligne T6 à Clamart, à l’arrêt Georges Pompidou. « Les caténaires ont brûlé, le tram est encastré dans les rails. On va désencastrer la rame cet après-midi (jeudi) mais les travaux vont prendre des semaines », a détaillé une responsable. L’autre rame qui a été incendiée, est celle du tramway T10, qui venait tout juste d’être inauguré samedi dernier, à Châtenay-Malabry.

De plus, 11 bus ont été brûlés dans toute l’Île-de-France, dont trois en Seine-Saint-Denis et à Viry-Chatillon, au niveau du carrefour dit du Fournil. « Une quinzaine d’individus sont montés dans le bus, ont fait sortir tout le monde et puis ils ont mis le feu au véhicule », relate le maire. « Ensuite ils sont allés dans la rue pour mettre le feu à plusieurs poubelles ».

Bourgogne Franche-Comté

Doubs. Des événements de violence urbaine se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi à Montbéliard, à Valentigney, à Audincourt et, dans une moindre mesure, à Besançon et à Pontarlier. A Montbéliard, dans la cité des Princes, rue Mozart, trois engins ont été incendiés sur un chantier géré par l’organisme HLM Néolia. Les dégâts, sur ce sinistre, sont estimés à plus d’un million d’euros. Conséquences : le chantier est à l’arrêt.

Grand-Est

Nancy (Meurthe-et-Moselle) : La police a été prise pour cible dans le quartier du Haut-du-Lièvre à Nancy cette nuit. Un ou des objets incendiaires ont été lancés, notamment contre le poste de police nationale.

A Mont-Saint-Martin, la bibliothèque a été incendiée, l’école maternelle a subi des dégradations et plusieurs véhicules ont été incendiés. Le collège Anatole-France a également été touché, et, surtout, l’antenne locale du service d’éducation spécialisée et d’aide à domicile (Sessad).

Strasbourg (Alsace) : Plusieurs quartiers de Strasbourg ont été le théâtre de violences urbaines dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 juin : 66 voitures ont été incendiées dont 17 sur le parking de l’hypermarché Leclerc à Schiltigheim, dans le quartier des Écrivains.

Remiremont (Vosges) : vers 2h du matin, six voitures sont incendiées ou défoncées dans le quartier du Rhumont. Elles appartenaient toutes à la Fédération médico-sociale (FMS) des Vosges, une grosse structure para-étatique qui s’occupe d’insertion par le travail et de mineurs.

Sud-ouest

A Lormont (Gironde), les premières tensions ont commencé aux alentours de 23 heures dans le quartier de Génicart notamment, où plusieurs feux de poubelles et de mobilier urbain ont été allumés sur les routes afin de bloquer la circulation. Un peu plus loin, des véhicules ont été incendiés derrière l’école élémentaire Albert Camus. Mais les images les plus impressionnantes sont celles de l’incendie de L’Espace citoyen, un bâtiment municipal logé dans l’imposant château Génicart, qui a pris feu aux alentours de minuit, et dont les flammes atteignaient plusieurs mètres de haut. Entre 2 et 3 heures du matin, plusieurs dizaines d’individus, plutôt jeunes selon le maire, ont investi le site pour le vandaliser et y mettre le feu. « Cela va prendre deux ou trois ans avant qu’il ne réouvre », pronostique, las, le maire Jean Touzeau.

A Bordeaux même, plusieurs infrastructures ont été dégradées, notamment les stations de tramway Aubiers et Grand Parc ainsi que les arrêts de bus à proximité, et le parking relais des Aubiers. Du mobilier urbain a aussi été touché et des feux de poubelles allumés dans le quartier de La Benauge, sur la rive droite de Bordeaux.

Concernant le parking-relais des Aubiers, «  la loge d’accueil a été incendiée et des dégâts importants sont à déplorer sur les équipements d’exploitation », annonce Keolis. Le parking-relais Aubiers « est désormais fermé pour une durée interminée, le temps que les expertises et les réparations soient réalisées ».

Nord

Plusieurs attaques ont eu lieu à Amiens (Somme) cette nuit.
Le président du Département déplore la longue liste des bâtiments publics et biens privés détruits dans cette ville : « C’est avec stupeur et émotion que nous constatons, ce jeudi, les dégâts d’une nuit de violences extrêmes dans plusieurs quartiers d’Amiens. Plusieurs bâtiments publics ont été la cible d’incendies volontaires : la mairie de secteur Nord Atrium, le centre d’animation jeunesse L’Odyssée, une partie de la piscine Le Nautilus [sa partie administrative], le gymnase qui abritait le club de boxe française ou encore la future médiathèque Ouest, projet important pour le quartier Etouvie et qui était sur le point de voir le jour. Des commerces ont été dégradés. Plusieurs véhicules, des bus, des voitures, et les locaux de Synapse 3I, association d’insertion soutenue par le conseil départemental de la Somme, ont été également incendiés. » Deux bus ont aussi été incendiés, dont un fumait encore près de la place du Colvert jeudi matin.

Dans le Nord, les équipements publics de Wattrelos ont particulièrement été pris pour cible par les émeutiers, dans la nuit de mercredi à jeudi. Le premier point de tension était le centre social de la Mousserie, pourtant fermé depuis le début de l’année pour cause de fissures. Il a été ravagé par les flammes. Alors que les pompiers luttaient contre l’incendie, vers 3 h du matin, ils ont été pris à partie par une bande de jeunes, qui leur a lancé des projectiles et les a pris pour cible – eux et leurs véhicules – avec des mortiers d’artifice.

Après cette intervention avortée, le déplacement des soldats du feu s’est alors calculé en centaines de mètres : à quelques pas, le magasin Lidl, boulevard des Couteaux, a été complètement détruit par les flammes, non sans avoir été pillé auparavant. Vers 4 h du matin, les pompiers (venus de toute la métropole lilloise) tentaient encore d’éteindre l’incendie au moyen de deux grandes échelles. De ce magasin de hard-discount, inauguré en 2016 sur la route reliant Wattrelos à Tourcoing, il ne reste plus qu’un amas de tôle et de vitres fondues.

Un autre supermarché Lidl, à Roubaix, a été pillé. Deux mairies annexes ont été saccagées à Roubaix.

A Tourcoing, une école a été incendiée, des banques ont été prises pour cible, et le Pôle Santé Travail (qui comprenait 18 cabinets médicaux, 1 200 m²) est intégralement parti en fumée dans le quartier du Pont-Rompu.

À Mons-en-Barœul (Nord), plusieurs bâtiments publics, dont la mairie, ont été incendiés vers 23 heures. Les dégâts sont considérables selon le maire Rudy Elegeest : « Ils ont cassé les vitres, défoncés les portes. Dans la mairie, j’avais des policiers municipaux qui étaient là. Ils ont du se réfugier, se cacher pour ne pas être victime de ces agissements. Vers 0h30, on a réussi à sortir ces agents du bâtiment en feu, qui ont été très courageux. » La mairie abrite les locaux de la police municipale et une antenne de la nationale, ouverte deux jours par semaine. Tout a été dévasté. Au rez-de-chaussée, les locaux du CCAS – le centre communal d’action social – n’existent plus. La salle de spectacle Allende, située juste en face, a aussi été en partie incendiée.
De plus, une voiture a été projetée, en flammes, contre la porte du garage de la police municipale (attenant à la mairie), provoquant l’incendie du local et des véhicules de flics qui s’y trouvaient.

Enfin, à Lille, l’entrée d’une station de métro (Porte de Douai) a été incendiée et les dégâts sont très importants. La station ne rouvrira que le 14 août après avoir été nettoyée de ses traces de suie, avoir refait la chape, le carrelage au sol et les murs, ainsi que remplacé plusieurs circuits et équipements électriques.

L’hôtel de police municipale, rue Frédéric-Mottez, fait aussi partie des bâtiments dégradés. Sur les réseaux sociaux, une vidéo montre un groupe d’individus briser une vitre puis balancer à l’intérieur du bâtiment un objet enflammé.

Centre/Rhône-Alpes

La ville de Limoges (Haute-Vienne) n’a pas été épargnée par les violences et dégradations dans la nuit de mercredi à jeudi. L’antenne-mairie du quartier de Beaubreuil a été attaquée avec des cocktails Molotov. Les locaux ont entièrement brûlé. De nombreux incendies ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la ville. Un car de transport scolaire vide et garé dans le secteur du lycée Renoir a aussi été pris pour cible.

Lyon (Rhône) et sa métropole ont aussi été touchés par des violences urbaines dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin. Dans le 8e arrondissement, la maison de la métropole a notamment été la cible d’un incendie volontaire.

A Décines, la mairie a été partiellement incendiée vers 4h du matin. Trois foyers ont été allumés par des individus vêtus de noir et dont le visage était dissimulé. Le bâtiment a été noirci par les flammes, des dégâts à l’intérieur sont à déplorer. La salle des archives a failli être réduite en cendres. Un tag « Justice pour Nahel » a été inscrit sur la façade du bâtiment. Quatre voitures ont par ailleurs été détruits sur le parking du site. La mairie restera fermée ce jeudi matin pour les besoins de l’enquête et le temps du nettoyage.

À Vaulx-en-Velin vers minuit, la porte du poste de police municipale, située rue Jules-Romains, a été dégradée et un véhicule de police a été partiellement incendié. Vers 1 h 30, un groupe s’est introduit dans la nouvelle médiathèque du Mas du Taureau. Les individus ont détérioré le rideau métallique ainsi que la porte et le hall d’entrée. En parallèle, un véhicule de gendarmerie a été la cible de mortiers d’artifice, la voiture s’est embrasée.

Ouest

Du côté de Rouen (Seine-Maritime), un feu a été allumé devant le commissariat du quartier Châtelet, situé sur les hauteurs de la ville. La mairie annexe du quartier a, quant à elle, été incendiée. Elle abritait en sus la Maison de justice et du droit ainsi que le CCAS, qui n’ont pas échappé aux flammes. Vu le coût des travaux de remise en état de la maire annexe du Châtelet, la ville annoncera en juillet que le bâtiment sera finalement démoli et reconstruit ailleurs.

Au Havre, dans le quartier de Caucriauville, des violences ont été commises. Ainsi, le bureau de poste a été dégradée et un bureau de tabac du quartier a été pillé, note la préfecture.

A Brest (Finistère), le magasin Biocoop Kerbio Europe a été en partie incendié dans le quartier de Pontanézen. Des véhicules se trouvant sur le parking attenant ont également été brûlés. Plusieurs voitures de la concession Fiat ont également été incendiées.

A Laval (Mayenne), plusieurs entreprises du quartier Saint-Nicolas ont été ciblées. Le restaurant McDonald’s a notamment été détruit par les flammes et un magasin Conforama pillé. A partir de 2h30 du matin aux Fourches, des dégradations et incendies volontaires ont ciblé la maison de quartier, une annexe et le centre aéré Planète môme, qui a été pratiquement détruit, et un second McDo. La situation est revenue calme vers 5h.

À Alençon (Orne), le quartier de Perseigne a lui aussi vécu une nuit de violence. Les bureaux de l’association ATMPO (Association Tutélaire des Majeurs Protégés de l’Orne) ont été particulièrement visés. Le local, situé sur l’avenue Winston Churchill, a été pillé, saccagé et brûlé. Une dizaine de voitures de service de l’association a été brûlée, et certaines ont été déplacées sous le porche du local pour que l’incendie se propage au bâtiment.

Des vitres du centre social Paul Gauguin, dont les murs sont hourdés de tags, ont été détruites. Une partie de la salle de la Paix a également été vandalisée et incendiée.

A Vernon (Eure), la nuit a été marquée par les incendies criminels, notamment ceux des locaux de la Mission locale et du centre de formation Alfa.

A Hérouville Saint-Clair (Calvados), des voitures ont été incendiées tout comme une partie du Pôle animation et jeunesse, cramé à plus de 40%. À l’intérieur de l’établissement se trouvaient la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) et le service jeunesse de la Ville. Le Pôle animation jeunesse sera donc fermé pendant plusieurs mois.

Oise

A Compiègne (Oise), en lisière du quartier du Clos-des-Roses peu après 0h30, un incendie criminel s’est propagé depuis une voiture garée sur le parking extérieur de la concession Peugeot, le long des grilles : résultat, trente voitures parties en fumée. Un tabac a aussi été pillé puis incendié, ainsi que deux engins de chantier.

Ile-de-France...

Seine-Saint-Denis

À Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), sept voitures, soit l’ensemble du parc de la police municipale, ont été brûlées sur la place François-Mitterrand. Les véhicules étaient stationnés au pied du bâtiment du service logement de la ville, et le feu s’est propagé au rez-de-chaussée. Dans le quartier des Fauvettes, des carreaux de la médiathèque ont été cassés et un incendie s’y est déclaré. La veille, l’école maternelle André-Chenier avait également été vandalisée mais les enfants ont pu y faire leur rentrée ce jeudi matin. «  Ce sont les services les plus essentiels qui ont été visés, l’éducation avec l’école, le social avec le service logement et la culture avec la médiathèque, déplore le maire Zartoshte Bakhtiari (DVD). C’est l’essence même du service public et de la République qui est aujourd’hui atteinte. »

Ailleurs dans le département, [le commissariat de police de Bagnolet a été complètement incendié]. L’hôtel de ville de L’Île-Saint-Denis a été endommagé par un incendie. Quand le maire est rentré chez lui, vers 1h30, les rues de L’Île-Saint-Denis sont vides et il pense avoir évité le pire. Un coup de fil du préfet de Seine-Saint-Denis le sort de son lit vers 3h45. « Monsieur le maire, votre mairie brûle », l’alerte Jacques Witkowski. Les pièces du rez-de-chaussée ont été complètement détruites par les flammes. L’hôtel de ville demeurera fermé jusqu’à nouvel ordre.

À Romainville, la mairie a aussi été dégradée, [tout comme un magasin La Vie Claire], et la crèche départementale située dans le quartier Youri-Gagarine a été en partie détériorée par les flammes.

Val-de-Marne

Le poste de sécurité de l’entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué par une vingtaine de jeunes cagoulés, avec des mortiers d’artifice et divers projectiles. Une alarme a retenti lors de l’attaque. Des incendies ont également été allumés dans la rue menant à la prison. Vers 4 heures du matin, des CRS ont finalement été déployés aux abords du centre pénitentiaire. Entre-temps, « entre 150 et 200 » agents avaient été déployés par la direction du centre pénitentiaire afin d’éviter les intrusions et surtout toute tentative d’évasion.

À Fresnes, l’antenne du commissariat a également fait l’objet d’un incendie. Les locaux ont été endommagés au point d’être inutilisables par les fonctionnaires, qui sont rapatriés sur le commissariat de L’Haÿ-les-Roses. La police judiciaire a été saisie cette enquête et celle concernant le commissariat de Cachan, dont la façade et la porte ont été fortement endommagées par l’incendie criminel d’une voiture.

Dans le Val-de-Marne, plusieurs ont aussi été attaquées : Valenton, La Queue-en-Brie, Gentilly, L’Haÿ-les-Roses, mais surtout Villeneuve-le-Roi, qui paye le plus lourd tribut. Vers 1h30 du matin, quelques individus pénètrent dans l’enceinte de la mairie. Le gardien donne l’alerte rapidement mais les émeutiers ont le temps de se saisir de pavés et de les jeter contre les fenêtres du bâtiment. Le double vitrage renforcé pour protéger du bruit des avions d’Orly ne résiste pas. « Puis, ils ont jeté des cocktails Molotov dans le rez-de-chaussée, qui accueille notre centre communal d’action sociale (CCAS) », raconte le maire (LR), Didier Gonzales. L’incendie, peu étendu, est éteint sans difficulté. « Mais voyant que leurs dégradations n’étaient pas suffisamment importantes, ils sont revenus une heure plus tard environ, vers 2h30. Et cette fois, ils étaient près d’une quarantaine, poursuit l’élu. Nos deux agents présents, qui terminaient de nettoyer et réparer les dégâts, ont été menacés avec des manches de pioche. Ils n’ont rien pu faire pour les empêcher d’agir. » Les malfaiteurs ont alors mis le feu en différents endroits de l’hôtel de ville. Les flammes se sont répandues rapidement. Les fumées ont envahi tout le rez-de-chaussée, atteignant ensuite le premier étage puis la toiture. Les dégâts sont importants : « Selon les pompiers, 90 % du bâtiment est inutilisable. Le CCAS est détruit, de nombreux bureaux dans les étages aussi comme celui de mon directeur général des services, d’une adjointe, etc. La toiture en zinc a fondu. On a perdu des maquettes de la ville, des documents, du mobilier… Il reste une coque », décrit le maire.

A Villejuif, le centre d’examen/espace de congrès des Esselières a été partiellement incendié. Les dégâts sont jugés importants. Il n’y a « pas de garantie » que le lieu puisse continuer à accueillir du public ces prochains jours, regrette la municipalité. Les Esselières sont un site qui accueille des étudiants en examen, des réunions publiques, des forums pour l’emploi, etc.

Seine-et-Marne

Communiqué du syndicat FO Justice, 29 juin : » Cette nuit de multiples violences ont touché nos institutions. Effectivement, plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’attaque par des individus. Une intrusion a eu lieu sur le domaine du Centre Pénitentiaire de Réau. Plusieurs véhicules ont été incendié sur le parking du personnel [c’est-à-dire des matons]. À ce stade, nous ne savons pas si cela est dû à l’évènement survenu sûr Nanterre. »

A Dammarie-les-Lys, le commissariat a été attaqué vers 0h15. Une grosse poubelle a été installée devant l’entrée en vue d’être incendiée. En revanche, quatre voitures de policiers ont été incendiées. L’Espace Emploi, qui abrite l’association d’insertion ODE et le dispositif de création d’entreprises l’Atelier, a été pris pour cible quant à lui vers trois heures du matin. Au collège Politzer, la salle de restauration scolaire a été incendiée et la médiathèque du centre Schweitzer a été vandalisée.

Dans le nord de Seine-et-Marne, onze voitures appartenant à des policiers ont été dégradées devant le tout nouvel hôtel de police de Torcy. Une cinquantaine d’assaillants étaient sur place. Une porte du bâtiment a été dégradée. Trois personnes ont été placées en garde à vue. Toujours dans le nord du département, les bâtiments de la police municipale de Bussy-Saint-Georges et de Roissy-en-Brie ont été pris pour cible.

Du côté de Savigny-le-Temple, le supermarché Diagonal a été littéralement pillé. Et quatre voitures de la police municipale ont été incendiées. D’autres destructions concernent la mairie de Nandy, les polices municipales de Melun (le quartier Montaigu a été particulièrement touché), [de Le Méé-sur-Seine] et de Moissy-Cramayel, ainsi que le commissariat de Pontault-Combault.

A Melun également, l’office de préparation de la cantine scolaire Montaigu est incendié : la cuisine et la chambre froide sont atteintes, tous les câbles des faux plafonds ont brûlé, une partie de la charpente devra être refaite. Les dégâts sont estimés à 1,3 million d’euros, et la ville prévoit un an de fermeture pour lancer et réaliser les travaux.

Essonne

Un des premiers événements recensés mercredi soir est l’incendie d’un bus, place de la Treille à Viry-Chatillon. Filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux, la scène s’est déroulée à seulement quelques mètres du lieu où, en 2016, quatre policiers avaient été attaqués avec des cocktails Molotov. Plus tard dans la soirée et dans la nuit, d’autres bus ont été incendiés, notamment dans le quartier des Hautes-Mardelles à Brunoy, Évry-Courcouronnes et Grigny. « Une quinzaine d’individus sont montés dans le bus, ont fait sortir tout le monde et puis ils ont mis le feu au véhicule », relate le maire. « Ensuite ils sont allés dans la rue pour mettre le feu à plusieurs poubelles ».

À Athis-Mons, un bus a été volé par des émeutiers qui l’ont ensuite conduit à vive allure dans les rues de la ville.

À Vigneux-sur-Seine, des individus ont tiré au fusil sur une caméra de vidéosurveillance dans le quartier de la plaine de l’Oly. Des émeutiers auraient également vandalisé puis pénétré à l’intérieur du restaurant McDonald’s de la ville, avant de fouiller dans les caisses.

Dans la ville préfecture d’Évry-Courcouronnes, les dégâts sont importants : l’ancienne maison de quartier du Parc aux Lièvres aujourd’hui désaffectée a entièrement brûlé, tout comme la mairie annexe du Canal et la maison de quartier des Épinettes. Ailleurs dans le département, la façade de la mairie des Ulis a été dégradée, tout comme celle d’un bâtiment administratif à Sainte-Geneviève-des-Bois ou encore les locaux de la police municipale à Vigneux-sur-Seine. Plusieurs commissariats, à l’image de ceux d’Évry-Courcouronnes, des Ulis, d’Athis-Mons et Draveil ont également été pris pour cible au cours de la nuit.

Val-d’Oise

À Garges-lès-Gonesse, un feu s’est déclaré au rez-de-chaussée de la mairie, toute neuve un peu avant 2 heures. Une surface de 1 000 m2 a brûlé. L’intervention qui a nécessité deux lances à eau, a pris plus de 5 heures. Les dégâts sont évalués à plusieurs millions d’euros, et l’hôtel de ville restera fermé deux ans pour travaux annoncera le maire fin août.

Une demi-heure plus tôt, c’est celle de Montmagny qui a été attaquée et incendiée. Entre quarante et soixante personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville. La bande s’est acharnée à mettre le feu au bâtiment. Les portes d’entrée ont été cassées et des engins incendiaires lancés à l’intérieur. Les individus ont également répandu du gazole sur les volets avant d’essayer d’allumer sans grand succès. Mais les flammes qui ont pris à l’intérieur ont occasionné d’importants dégâts. « Toute l’entrée de la mairie, l’accueil et le bureau du directeur général des services ont été détruits », énumère le maire (LR) Patrick Floquet.

À Bezons, c’est le feu d’un véhicule qui s’est propagé à l’école Angela-Davis. C’est essentiellement un bardage métallique qui a été détruit. Le groupe scolaire devrait pouvoir fonctionner partiellement. Les sapeurs-pompiers ont engagé 4 lances à eau et lutté pendant 7h25. Le poste de police a subi une tentative d’incendie, qui a pu être empêchée par les forces de l’ordre. La façade vitrée de l’hôtel de ville a été dégradée par de nombreux coups. Un bus a été incendié juste devant.

Des dégradations ont également été relevées à Argenteuil, où la maison de quartier du Val-Notre-Dame a subi un incendie. Des actes de vandalisme ont aussi touché la mairie et un centre culturel à Montigny-lès-Cormeilles.

À Cergy-Pontoise des sites très variés ont été pris pour cible cette nuit. Des palettes ont été rassemblées puis enflammées devant l’antenne du commissariat de police située rue de l’abondance à Cergy-le-Haut, au pied d’un immeuble. Des individus ont également tenté de faire intrusion dans l’enceinte du cinéma UGC et des flammes ont été vues à l’intérieur du hall d’accueil, mais les dégâts occasionnés semblent cependant limités.

Hauts-de-Seine

L’incendie de la colère s’est propagé à l’ensemble du département. La deuxième nuit de violences consécutive à la mort de Nahel, tué par un policier, mardi à Nanterre, s’est nettement différenciée de la veille. Si mardi soir les violences étaient globalement concentrées sur Nanterre et la boucle nord du département (Asnières, Gennevilliers, Colombes, Villeneuve), cette fois c’est l’ensemble des Hauts-de-Seine qui a senti le brûlé et le gaz lacrymogène. Principale cible des émeutiers la nuit dernière : les bâtiments publics. De Montrouge à Gennevilliers en passant par Meudon, Suresnes ou Clichy, quasiment aucune commune ne s’en est tirée indemne. Ces violences ne se sont pas limitées aux communes populaires et aux quartiers sensibles.

A Nanterre même, un incendie a été allumé dans un centre Enedis, rue Montesquieu. Il a touché une dizaine de véhicules d’intervention qui étaient situées à l’extérieur du bâtiment, dans une cour et il s’est propagé à quelques bureaux du site.

Autre belle cible à Nanterre cette nuit-là, le bâtiment des Archives départementales des Hauts-de-Seine qui a été en partie incendié : des inconnus ont forcé la porte puis ont mis le feu au hall d’entrée avec de l’essence. Il restera fermé deux mois pour travaux (peinture, électricité, décontamination de la suie, etc.) jusqu’au 22 août.

Plusieurs commissariats ont été attaqués : à Suresnes, Bois-Colombes et à Gennevilliers où les tirs tendus de feux d’artifice ont pulvérisé plusieurs vitres. À Meudon, c’est le poste de police municipale qui a été ciblé, comme à Villeneuve-la-Garenne la veille.

À Meudon-la-Forêt, le quartier prioritaire de Meudon et à Châtenay-Malabry, des assaillants s’en sont pris aux mairies annexes. Dans leur colère, les groupes d’émeutiers ont incendié aussi des chantiers : celui de la médiathèque à Clichy où les flammes ont ravagé une partie de la base vie et un engin de chantier tandis qu’à Puteaux, à la limite avec Nanterre, c’est celui d’une école qui a été la proie des flammes. À Gennevilliers, une « bulle » du promoteur immobilier a été ravagée rue Debussy. Si les pillages n’ont pas été une spécificité de la nuit, le Manège à bijoux d’un des centres Leclerc de Colombes a été mis à sac.

Le tribunal d’Asnières-sur-Seine a aussi été incendié. Un agent de sécurité était à l’intérieur du tribunal quand une quinzaine de jeunes y ont mis le feu aux alentours de 3 heures du matin. Du rez-de-chaussée de ce tribunal de proximité, il ne reste presque rien. Les flammes ont tout ravagé. Ce tribunal devra nécessiter d’importants travaux avant de pouvoir rouvrir ses portes, et d’ici là, des locaux provisoires devraient être installés à Colombes.

Sur le terrain, les techniques de ces petits groupes extrêmement mobiles ont elles aussi évolué. Plus efficaces, plus pointues comme en témoigne la présence de nombreuses herses artisanales destinées à crever les pneus des véhicules à commencer par ceux de la police. « Ils ont mis les CRS à pied pour les immobiliser et réduire leur capacité de mouvement », analysait un observateur à Nanterre.

Paris

Dans le XVe arrondissement de Paris, il y a eu «  des tirs de mortiers, des feux de poubelle, de terrasses des cafés vandalisées, et des caméras de vidéoprotection détériorées », assure le maire LR Philippe Goujon, qui condamne ces violences. Une quarantaine de jeunes tout au plus ont agi sur le quartier de Beaugrenelle entre minuit et trois heures du matin.

Dans le secteur Raymond-Queneau du XVIIIe arrondissement, les locaux de la Bapsa, la brigade d’assistance aux sans-abri, a été incendiée par une trentaine de personnes.

[Synthèse de la pression régionale et nationale, 29 juin 2023]


« Ils ont tout pris » : des supermarchés pillés en marge de la nuit de violences urbaines
Le Parisien, 29 juin 2023

En marge d’une deuxième nuit de violences consécutive à la mort d’un adolescent à Nanterre (Hauts-de-Seine), tué par un policier mardi matin à la suite d’un refus d’obtempérer, plusieurs supermarchés de Seine-Saint-Denis mais aussi des Yvelines, de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne — un supermarché Lidl a été pillé à Vitry — ont été le théâtre de vols et de dégradations en Île-de-France.

Comme hébétés, les habitants du quartier de la Rose-des-Vents à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui passent par là marquent inévitablement l’arrêt devant l’entrée de « leur » Aldi ce jeudi matin. La porte est ouverte, mais le magasin est fermé. Au sol, canettes de soda, bouteilles d’huile d’olive et divers emballages témoignent du pillage nocturne. Un homme en short s’avance vers cet amas, récupère un pack de bières et s’éloigne. À l’intérieur, un vigile observe la scène sans broncher.

À Aulnay-sous-Bois, le Lidl situé à proximité du rond-point de l’Europe, toujours dans le nord de la ville, a lui aussi été victime de pillards. « Ils ont tout pris : des robots à 500 euros, des vêtements, même de l’alcool », énumère un agent de sécurité. Vers 11 heures, des policiers étaient sur place pour constater les dégâts.

À quelques centaines de mètres de là, à l’entrée du Aldi, le désarroi le dispute à la consternation et à la colère. L’ambiance contraste avec celle qui régnait, il y a un peu plus d’un an, lorsque le supermarché de l’enseigne allemande de hard-discount a ouvert ses portes, près de deux ans après la fermeture de la seule grande surface du quartier.

À la vue du chaos, une femme laisse éclater son « ras-le-bol » : « C’est honteux ! C’est une catastrophe ! Je suis écœurée. » Et se jure de « demander à partir » de la Rose-des-Vents.

« Ils ont fait leurs courses »

Qui blâmer ? Alors qu’un groupe d’habitantes prend en photo ou filme les dégâts au seuil du magasin, un homme et une femme engagent une conversation. « Ce sont les adultes qui sont responsables, assène le premier. À un moment, il faut qu’ils se réveillent ! » Son interlocutrice s’offusque : « Arrête de dire n’importe quoi ! Il y a des parents qui ont l’autorité, d’autres non. Il y a même des enfants qui tapent leurs parents. »

À Trappes (Yvelines), c’est le Carrefour Market qui a été visé. Le supermarché, situé au cœur des Merisiers, n’a pas pu être protégé par son rideau de fer. Et des dizaines de jeunes ont vidé et mis à sac les rayons de ce magasin alimentaire, principalement fréquenté par des familles du quartier. Venue constater les dégâts ce jeudi matin, la direction du magasin n’a pas souhaité commenter. Tout comme les habitants, regards en coin vers des jeunes dont la présence les dissuade de s’exprimer.

À Romainville (Seine-Saint-Denis), une femme en short, cigarette au coin de la bouche, s’éloigne du magasin Aldi de la route de Montreuil en criant : « Qu’est-ce qu’on s’en fout du matériel ? C’est un enfant qui est mort, un enfant ! » Dans son dos, quelques passants se pressent devant la porte du magasin, lui aussi pillé dans la nuit. Les riverains se disent « choqués » face à cette démonstration de violence, vitres brisées, cartons étalés au sol. Les faits se seraient déroulés entre 2 heures et 4 heures. Devant le magasin, deux voitures ont été incendiées.

Un salarié du magasin, la mine consternée, erre dans les rayons. « Un voisin m’a dit qu’il avait vu des gens sortir avec des couches, des trucs comme ça. Ils ont fait leurs courses, soupire une vieille dame du quartier. Mais ceux qui travaillent ici, ils ont besoin de bosser, c’est pas évident pour eux. »

Le seul magasin du quartier dévasté

Un retraité s’attarde également devant la devanture. Voisin immédiat du discounter, il a été réveillé dans la nuit et a pensé à des feux d’artifice de jeunes voulant s’amuser. « J’étais loin de me douter que c’était la guerre, commente-t-il. Je ne sais pas ce que ça a à voir avec Nanterre (de piller un magasin) mais bon, ils en profitent. »

En s’attaquant à l’Aldi, disent plusieurs habitants, les pilleurs s’en sont pris au seul magasin du quartier. « Je suis handicapé, reprend le riverain, en pointant ses jambes. Ça m’arrangeait bien de venir ici. Voilà, on n’a plus rien. »


Partout : 3e nuit de révolte émeutière, pillages et incendies à gogo

30 juin 2023, Sans Nom

Suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) mardi matin, une première puis une deuxième nuit d’émeutes se sont déroulées dans tout le pays, émeutes destructrices dont nous avons publié de larges recensions illustrées ici. Et finalement, une troisième ne s’est pas fait attendre cette dernière nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin… malgré le déploiement annoncé de 40 000 policiers -soit quatre fois plus que la veille-, malgré l’arrivée du RAID (à Toulouse, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Strasbourg), de la BRI (Nanterre) et du GIGN (à Evry, Savigny le Temple, Nantes, Toulouse, Tours et Avignon) en mode anti-émeute, malgré les couvre-feux nocturnes, malgré l’arrêt des transports urbains de surface en Ile-de-France et ailleurs à partir de 21h, malgré les rotations d’hélicoptères de la gendarmerie et de drones policiers, et malgré les interdictions préfectorales de port et transport d’articles pyrotechniques comme de combustible.

Ce qui a marqué cette troisième nuit d’émeutes, en plus des affrontements avec la police aux quatre coins du pays, en touchant désormais plus d’une centaine de villes (y compris petites), a non seulement été une belle constance à incendier les transports en commun, mais aussi à multiplier les pillages en tout genre (parfois lors de véritables descentes au centre-ville, mais aussi dans des Darty, Decathlon ou centres commerciaux), avec plusieurs destructions d’entreprises et temples de la marchandise. Et avec un seul langage commun, qui se passe de toute revendication et de tout dialogue avec le pouvoir ou ses médiateurs : le Feu !

A noter qu’aujourd’hui 30 juin, de premiers pillages de jour ont commencé, comme à l’Apple Store du centre de Strasbourg, au supermarché Spar du quartier Pays-de-France à Reims, ou aux grands centres commerciaux de Rosny 2 et Créteil Soleil en région parisienne…

Quelques chiffres

Le ministère de l’Intérieur recense cette nuit du 29 au 30 juin 79 repaires de flics attaqués (39 locaux de la police nationale, 24 de la police municipale et 16 de la gendarmerie), et 119 bâtiments publics visés, dont 34 mairies et 28 établissements scolaires. Par ailleurs, 917 personnes ont été interpellées cette nuit partout en France, dont 408 à Paris, dans les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne (et 170 gardes à vue). Un total de 249 policiers et gendarmes ont été blessés cette nuit.

Aujourd’hui 30 juin, Elisabeth Borne a déclaré depuis le commissariat d’Evry-Courcouronnes (Essonne) que « toutes les hypothèses », dont l’instauration de l’état d’urgence, sont envisagées par l’exécutif pour « le retour de l’ordre républicain », L’Elysée a de son coté souligné qu’Emmanuel Macron était prêt à adapter le dispositif de maintien de l’ordre « sans tabou »… Pour commencer, les 18 nouveaux blindés Centaure de la gendarmerie vont être mobilisés ce soir, et tous les transports en commun de surface de l’ensemble du pays ont été mis à l’arrêt par le ministère de l’Intérieur.

Concernant les chiffres, « Nous avons interpellé 917 émeutiers hier. Leur moyenne d’âge c’est 17 ans, un tiers sont des mineurs. Nous avons même interpellé des enfants de 13 ans », a déclaré le ministre de l’Intérieur.

Le pronostic vital d’un manifestant engagé en Lorraine

Un homme a été grièvement blessé à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), dans la nuit de jeudi et vendredi, et dans des conditions restant à éclaircir. Vendredi, L’Est Républicain faisait le lien entre cette blessure et un tir de lanceur de balles de défense (LBD) par une membre d’une unité du RAID déployée sur les lieux. Sollicitée par Le Monde, la procureure de Val-de-Briey, Catherine Galen, rapporte que « les éléments ont permis de saisir l’IGPN [inspection générale de la police nationale], qui enquête sur ces faits depuis ce matin ».

« En l’état de l’avancement de l’enquête de flagrance, un tir de LBD par le RAID n’est ni confirmé, ni infirmé », ajoute la magistrate, précisant que « l’état de santé du jeune homme reste inquiétant ». Selon L’Est Républicain, le pronostic du jeune homme était « engagé ». Selon le quotidien local, il a été « évacué des émeutes et transporté à l’hôpital d’Arlon, en Belgique ».
(Le Monde, 30 juin 2023)

Colonies

Saint-Denis, Sainte-Marie, Saint-André, Le Port ou encore La Possession : la nuit a été agitée dans plusieurs villes de La Réunion, jeudi 29 juin. De nombreux incendies, essentiellement de poubelles et de quelques véhicules, et des jets de galets ont eu lieu dans plusieurs quartiers.

Au Port (La Réunion), la Maison de justice et du citoyen a été prise pour cible et incendiée. Plusieurs émeutiers se sont introduits dans l’établissement public situé rue Raymond Vergès, en passant par le toit. Ils ont ensuite ouvert les fenêtres, permettant à d’autres jeunes de lancer des molotovs à l’intérieur. Le feu s’est propagé rapidement, causant des dégâts estimés 40 000 euros. De plus, deux voitures et deux engins de chantier ont été incendiés, et une pharmacie a été pillée.

Région lyonnaise / Rhône Alpes

A Lyon (Rhône) même, des affrontements avec la police ont éclaté dans le 8e et 9e arrondissement de Lyon, dans le quartier des Etats-Unis et de la Duchère. Des véhiculés et un bus ont notamment été brûlés dans le 3e arrondissement, avenue Georges-Pompidou près de la gare de la Part-Dieu. A cause d’incendies de tram et de bus en début de soirée, le réseau TCL a été partiellement à l’arrêt, alors que Keolis avait assuré qu’il n’était pas question de stopper le réseau après 21h comme en Ile-de-France ou à Lille.

A Villeurbanne, vers 2h du matin, un volet roulant et une vitre du restaurant d’entreprise de l’IRA (Institut régional d’administration), situé au parc Jean Monnet dans le quartier du Tonkin, sont fracturés puis un molotov est jeté dans le bâtiment. Une partie de la salle est incendiée (tables, chaises, plafond), et la centaine de salariés qui fréquentent ce restaurant trouveront portes closes jusqu’à nouvel ordre. La même nuit, la carrosserie d’un tram est endommagée suite à la propagation d’un incendie rue Frédéric-Fays, le centre social Grandclement est saccagé et le local technique du groupe scolaire du même quartier est incendié (bureau de la gardienne et hall d’entrée). Les portes coupe-feu ont sauvé de justesse le réfectoire et les salles de classe.

A Bron, dans le quartier de Parilly, un bus a été incendié, suivi d’un deuxième un peu plus tard.
A Vénissieux vers à 20h50, le tramway a été bloqué par des poubelles en feu puis ses vitres ont été brisées et plusieurs foyers incendiaires allumés à l’intérieur.

A Saint-Fons, la Coursive d’entreprises (hébergeant 25 d’entre elles) est entière détruite vers 2h du matin. Les 2 000 m² sont partis en fumée grâce à l’incendie d’une voiture contre les bureaux de la direction.

A Rillieux-la-Pape, dans le quartier de la Semailles, la médiathèque a été saccagée. Sans compter les 13 véhicules incendiés et les commerces attaqués à partir de 22h. La façade d’une crèche et d’un local associatif ont aussi été brûlés, et la porte du poste de police municipale attaquée.

A Chambéry (Savoie), l’agglomération chambérienne n’avait jamais subi de pareilles destructions, y compris lors des émeutes de 2005. Peu de bâtiments d’importance ont été épargnés dans le quartier de Chambéry-le-Haut : les vitres de la mairie de quartier, qui accueille également une Maison France Services et siège social de Cristal Habitat, a été vandalisée et incendiée : elle est aujourd’hui inutilisable. Le hall d’accueil du cinéma le Forum a été détruit par les flammes. Deux écoles ont subi également des tentatives d’incendie : l’école Madeleine Rebérioux, dont le hall a été incendié. L’équipement a été déclaré inutilisable et par mesure de sécurité. Et celle de Chantemerle, qui a également été prise pour cible, mais la tentative d’incendie a été rapidement maîtrisée. Dans le quartier Mérande, le centre social du Biollay ou encore un collège privé ont également été visés.

À la mairie de La Ravoire (en banlieue de Chambéry) l’entrée principale a été caillassée, forcée puis incendiée avec des poubelles.

À Villefontaine (Isère), outre le poste de police municipale détruit (fenêtre explosée au mortier puis essence versée à l’intérieur), la mairie, la médiathèque, les locaux de la Sécurité sociale ont été pris pour cible, occasionnant des dégâts.

À Charvieu-Chavagneux (Isère), le bureau de l’état civil de la mairie a été incendié. Plusieurs individus, déterminés à en découdre avec les forces de l’ordre, ont lancé des molotovs contre la mairie. L’un est venu briser une fenêtre du rez-de-chaussée, provoquant un départ de feu dans le bureau de l’état civil.

A La Ricamarie (Loire), la mairie est incendiée. Le rez-de-chaussée, qui abrite notamment les services techniques, a été le plus durement touché. Outre l’hôtel de ville, les émeutiers s’en sont aussi pris à l’agence du Crédit agricole, située à proximité, dont les vitres ont été brisées. Par ailleurs, un bus de la Stas, assurant la liaison entre La Ricamarie et Le Chambon-Feugerolles a été ravagé par les flammes, rue Rémi-Moise dans la zone d’activité Montrambert-Pigeot.

Ouest

A Nantes (Loire-Atlantique), dans le quartier Bellevue, un magasin Lidl a été attaqué à la voiture-bélier vers minuit, avant d’être pillé. Dans le quartier du Breil Malville, un tabac est pillé et incendié. Dans le quartier Bottière, le magasin de meubles et de décoration Centrakor a brûlé. Le magasin, 1.500 mètres carrés, avait ouvert fin 2021, et il n’en reste qu’un amas de ferraille et des cendres. Il a été pris pour cible vers 1h30. Au total, neuf personnes travaillaient dans ce magasin.

Dans le quartier du Clos-Toreau, un busway a été incendié : une « petite dizaine d’individus masqués et dotés de barres de fer et masques à oxygène ont stoppé un Busway, demandé aux passagers de descendre puis l’ont incendié ». Et sans oublier la mairie annexe de Nantes-nord qui a été incendiée.

A Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) du quartier du Plateau, place de la cité, a été incendiée avec son minibus, 400m2 du bâtiment sont partis en fumée. Les pompiers sont aussi intervenus pour de nombreux incendies dans l’agglomération briochine : 6 voitures ont été brûlées, deux engins de chantier, un cabanon de chantier et plusieurs poubelles. Le Carrefour Express de la place de la Cité a été pillé vers 2h du matin.

Dans le quartier Balzac, en face du city stade, une construction modulaire de chantier et un engin ont été partiellement détruits par un incendie. Les pompiers sont également intervenus devant la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, rue des Fusillés, pour des feux de poubelles. De plus, le Crous Bretagne indique qu’une « vitre du Resto U’Mazier a été fracturée et la porte a été forcée. Les distributeurs de boisson ont été vandalisés et pillés. Le mobilier a été jeté à terre. »

Au Mans (Sarthe), les émeutes ont commencé vers 23h. Aux Sablons, un bâtiment de Le Mans Métropole habitat a été incendié, boulevard des Glonnières, avec 1 000 m2 de bureaux totalement détruits. Le commissariat des Sablons a également été attaqué. Le feu a été mis dans le sas d’accueil. De plus, le bureau de Poste d’une surface de 150 mètres carrés, a été totalement détruit par les flammes, et le Carrefour Market a été pillé.

A Maromme (Seine-Maritime), le maire, David Lamiray a été poursuivi par des dizaines de personnes, après une tentative d’incendie du commissariat. Il s’est réfugié dans la mairie, dont toutes les vitres ont été cassées. Un magasin Action a aussi été pillé. D’autres attaques ont eu lieu à Darnétal, Elbeuf ou Petit-Quevilly, où un engin de chantier a été volé.

À Canteleu (Seine-Maritime), le bureau de police a subi de nombreuses attaques, et l’entrée du bâtiment a été fortement touchée par un incendie.

Au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), l’école Robert-Desnos a été attaquée vers 2h30 du matin. Des molotovs ont été lancés à l’intérieur, ravageant complètement l’école.

A Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime), les supermarchés Aldi et Action ont été pillés (et le second incendié) tout comme une pharmacie. De plus, on relève deux beaux incendies dans le quartier du Madrillet, celui de la Maison de l’information sur l’emploi et la formation (Mief) qui accueillait l’antenne de la Mission locale, et celui de la dite Maison du citoyen, qui est en fait ni plus ni moins la mairie annexe hébergeant notamment la Maison de justice et du droit (1,5 millions d’euros de dégâts évalués dans cette dernière).

Au Havre (Seine-Maritime), des feux de poubelles ont été allumés dans les quartiers de Caucriauville, de l’Eure et du Mont-Gaillard. Dans le quartier de l’Eure, les vitres du commissariat ont été brisées, ainsi que celle de la maison communale toute proche.

A Vernon (Eure), le centre des finances publiques a été incendié dans la nuit. La veille, c’est la Mission locale qui avait flambé dans le quartier des Boutardes.

A Tours (Indre-et-Loire), près du quartier du Sanitas sur la Place de la liberté, un bus et un minibus ont été incendiés. Le magasin Lidl du quartier a lui été pillé, tandis qu’une agence immobilière était défoncée.

A Poitiers (Vienne), le bureau de police du quartier des Trois-Cités est « totalement incendié » et deux autres ont été « dégradés par des véhicules béliers incendiaires » dans les quartiers de Bel-Air et Couronneries. Dans ce dernier, les sept magasins du centre commercial ont aussi été pillés et incendié. Et dans toute la ville, 8 mâts de vidéosurveillance ont été détruits.

A Châtellerault (Vienne), le centre commercial de la Plaine d’Ozon, situé place Churchill, est dévasté par un incendie après qu’une trentaine d’émeutiers aient défoncé les rideaux de fer des commerces pour les piller. Il ne reste plus rien du tabac-presse, distributeur bancaire, bureau de poste, salon de coiffure et autres boutiques de restauration rapide.

A La Rochelle (Charente-Maritime), dans le quartier de Villeneuve-les-Salines, la mairie annexe a été incendiée après avoir été saccagée. Elle ne retrouvera pas ses locaux avant l’été 2024, et déménagera en attendant ses services dans les bureaux de la police municipale, ce qui a le mérite d’être clair. Le bureau de tabac a également été pillé.

A Dreux/Vernouillet (Eure-et-Loire), le centre Leclerc des Bates a été pillé : les rayons vidéo, hifi, électroménager et multimedia ont été littéralement dévalisés, et un tabac de la galerie marchande a connu le même sort. Sur la rocade D 928 entre les deux communes, trois camions y ont été incendiés en pleine nuit, après avoir été pillés, une fois leurs chauffeurs sortis des cabines « manu miltari ».

A Vernouillet, le Point information jeunesse a été endommagé par un incendie vers 23 heures.

A Lucé, les locaux de la mairie ont été incendiés au niveau de l’entrée et de l’accueil.

A Mainvilliers, les locaux de la police municipale ont été incendiés du côté de la porte et de l’accueil (après avoir percé l’entrée). La mairie de la commune n’a pas été épargnée : « La porte a été dégradée, des individus s’y sont introduits et ont saccagé différents services de l’état civil, des assurances et de la communication. »

A Châteauroux (Indre), alors que le centre commercial et autre bureau de poste sont durement défendus (77 tirs de LBD et 50 tirs de Cougar) par les forces conjointes de la police et gendarmerie nationales secondées par la police municipale face aux assauts des jeunes des quartiers Saint-Jean et Vaugirard, on note tout de même une voiture de police pillée et incendiée, ainsi que la bibliothèque municipale Saint-Jean est entièrement saccagée : ordinateurs, rayonnages, fenêtres, portes et livres (dont une partie sont volés). Elle ne rouvrira que fin août après travaux.

Du lendemain jusqu’au 3 juillet, le maire décrète un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés (22h-6h).

A Saint-Herblain (Loire-Atlantique), le bureau de Poste Neruda est incendié, et restera fermé « pour une longue durée » selon l’entreprise.

A Brest (Finistère), les différents quartiers de la ville (Pontanézen, Bellevue, Keredern et Kérourien) s’enflamment vers 22h. Le centre commercial Carrefour du Valy-Hir, quartier populaire jouxtant celui de Kérourienla, est notamment attaqué, la salle de sport Physic Form est totalement incendiée, tout comme deux agences bancaires. Des descentes ont aussi lieu en centre-ville. Il y a aussi 33 voitures brûlées et plusieurs bâtiments publics calcinés (deux mairies de quartier, une médiathèque, deux centres sociaux, deux comicos).

Centre

A Montargis (Loiret), peu avant minuit, un imposant groupe d’une centaine d’émeutiers s’est dirigé vers le centre-ville de Montargis et son artère commerçante : la rue Dorée. Là, les vitres des magasins ont été fracassées, la pharmacie Mirabeau et des boutiques ont été pillées puis incendiées. Le maire Benoit Digeon, tire un premier bilan : « Dans l’hyper centre-ville, environ 21 vitrines complètement cassées et plus de 50 vitrines très endommagées. 10 véhicules sont brûlés et plus de 50 endommagés. Trois immeubles sont à détruire et un quatrième en cours d’incendie et contamination par le toit. » La mairie a été attaquée et est « bien abîmée«  par près de 300 émeutiers selon le maire. « La ville brûle en son centre je suis très inquiet » ajoute Benoit Digeon.

A Limoges (Haute-Vienne), le commissariat de la Bastide a été incendié. L’antenne-mairie du quartier de Beaubreuil a également été entièrement brûlée. Par ailleurs, le camion d’un chauffeur routier a été volé avant d’être incendié, cette fois au niveau de la Zup du Val de l’Aurence

Grand Est

A Dijon (Côte d’Or), c’est vers 22 heures que les premiers véhicules incendiés ont été constatés, dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. Deux bus de l’opérateur Divia Mobilités ont été incendiés dans le quartier des Grésilles, avenue Champollion, aux alentours d’une heure du matin.

A Besançon (Doubs), dans le quartier de Planoise, une agence du Crédit Mutuel est incendiée et le supermarché Euromarket près de la place Ile-de-france est pillé.

À Sens (Yonne), dans le quartier des Champs-Plaisants, vers 4 heures du matin au terme de longs affrontements, les bâtiments en chantier du futur centre social qui devait abriter en 2024 une crèche, un centre d’animation et la mairie annexe a été incendié. Dans un bilan publié en août, la mairie publiera les comptes suivants sur les émeutes dans la ville : » La démolition de l’ancien centre [celui en construction incendié par les émeutiers] et la préparation du futur chantier vont porter la facture à 5,5 millions d’euros contre un investissement initial de 4,3 millions d’euros. Le remplacement de sept caméras de vidéosurveillance détruites représente une facture de 37.200 €. La dégradation d’un des véhicules de la police municipale est estimée à 12.200 €. »

A Joigny (Yonne), un bus Mobigo a été incendié sur le parking du lycée Louis-Davier.

A Reims (Marne), le commissariat du quartier Croix-Rouge a été pillé et incendié, causant le vol de vêtements sérigraphiés « Police Nationale ». L‘école de police située à quelques pas du commissariat a elle aussi été saccagée par des tirs de mortiers. Un incendie de 2 rames de tramway a été maîtrisé. Des commerces et bâtiments publics ont aussi été attaqués dans la ville, dont une agence bancaire, une agence postale, une maison de la presse.

De plus, le supermarché Spar, situé , en plein cœur du quartier Croix rouge, a été forcé pillé dans la nuit. Certaines familles ont continué leurs allers-retours gratos, caddie à la main, après le lever du jour.

A Troyes (Aube), vers 3h la maison de quartier des Sénardes a été totalement détruite par les incendies allumés dans la nuit. Cette structure municipale inaugurée en 2018 avait coûté 2 millions d’euros. « Les agents de la ville sont très choqués. Nous les avons réunis au CMAS (centre municipal d’action sociale) ce matin (vendredi) pour les prendre en charge, les soutenir. Certains étaient en pleurs. C’est leur outil de travail qui a été détruit », indique Marc Bret, adjoint au maire chargé des affaires sociales. Le groupe scolaire Marcel-Pagnol a lui aussi été ciblé par les émeutiers. Des vitres ont été brisées par des projectiles. La caméra de surveillance de la place a été incendiée, détruisant du même coup la clôture de l’école.

A Belfort (Bourgogne Franche-Comté), un bâtiment communal de plusieurs centaines de m² a été détruit par un incendie volontaire, vers 2 h 30 du matin près du stade Coubertin. Le bâtiment était utilisé par le service des espaces verts de Belfort pour stocker du matériel : 6 véhicules ont été détruits. Par ailleurs, dès la tombée de la nuit et jusqu’à l’aube, plusieurs feux de poubelles et de voitures ont eu lieu dans différents quartiers de Belfort.

A Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire), la mairie est incendiée vers 22h. La porte vitrée du hall d’accueil a été éclatée, puis un jerrican d’essence lancé à l’intérieur. Les travaux de remise en état devraient durer un an, pour un montant global estimé à plus de 800 000 €.

A Mâcon (Saône-et-Loire), l’école maternelle Jean Zay, dans le nord de la ville, est prise pour cible par des émeutiers. Une voiture a été projetée contre le bâtiment puis incendiée, au même titre que les locaux. Les flammes ont ravagé une salle de classe et endommagé d’autres parties de l’école. Elle ne rouvrira pas pour la rentrée scolaire du mois de septembre.

A Strasbourg (Alsace), dans le quartier de Cronenbourg, le collège Sophie Germain (photocopieurs et mobilier cramés).et à l’école Marguerite Perey ont été incendiés : les flammes ont détruit 230 mètres carrés, une salle d’activité, un bureau et la bibliothèque dont les livres ont été utilisés par les émeutiers pour nourrir les flammes au centre de la pièce. Dans le quartier du Neuhof-Meinau, la régie du bailleur Ophéa a été dégradée aussi par des incendies, tout comme la mairie de quartier, vandalisée et en partie incendiée.

La préfecture du Bas-Rhin avait annoncé le déploiement du RAID dans les quartiers de Cronenbourg et de la Meinau dans la nuit, tandis qu’un hélicoptère survolait la ville. Ce vendredi matin, la préfecture annonce 76 véhicules brûlées dans tout le département.
Aujourd’hui 30 juin, sans même attendre la tombée de la nuit, des jeunes ont attaqué et pillé un magasin Apple dans le centre de Strasbourg.

A Wittelsheim (Alsace), un groupe d’une quarantaine de jeunes s’en sont pris à la mairie en lançant pierres et mortiers sur une façade latérale du bâtiment, recouverte en grande partie de vitres. Puis c’est la bibliothèque qui a subi le même sort, tandis que la voiture de la police municipale était incendiée.

A Metz (Moselle), deux mairies de quartier, celles de Borny et Bellecroix ont été incendiées. La salle de musiques actuelles de la BAM, à Metz-Borny, a aussi été saccagée.

A Maizières-lès-Metz, une voiture de la ville a brûlé, et les volets du poste de police ont fondu sous l’effet de la chaleur, une poubelle ayant été incendiée le long du bâtiment.

A Woippy, le magasin Super Cash a été pillé et le commissariat de la commune a même été filmé en flammes vers 23 heures.

A Fameck, une centaine de jeunes sont entrés à l’intérieur de la mairie et ont arraché tous les postes de travail des agents. De nombreux émeutiers ont ensuite incendié La Poste et ont voulu prendre d’assaut la gendarmerie, où logent aussi les familles des gendarmes.

À Longwy, le centre des finances publiques a été incendié.

A Hagondange, le commissariat a été pris d’assaut par une soixantaine de jeunes. Les policiers se sont retrouvés bloqués à l’intérieur, en essuyant jets de molotov et de pierres. Trois fonctionnaires sont légèrement blessés au nez et aux mains. Les véhicules personnels des policiers ont également été incendiés devant le commissariat. Quant à la gare, totalement rénovée il y a un an, elle a été saccagée.

A Moyeuvre-Grande, 10 bus scolaires ont été brûlés dans un dépôt Kéolis.

À Talange, un incendie a été constaté à l’école Jean Burger, il a été maîtrisé, mais les enfants seront redirigés vers l’école voisine ce matin à cause des odeurs. Des véhicules ont brûlé aussi dans la cour des services techniques de la mairie.

A Forbach, seize voitures de différents concessionnaires automobiles ont été incendiées.

A Sarreguemines, la maison de quartier de Welferding est ravagée par un incendie.

A Vandoeuvre (Meurthe-et-Moselle), un bus a été incendié boulevard de l’Europe.

A Nancy, dans le quartier du haut-du-Lièvre, la mairie de quartier a été incendiée vers 1h20. Une dizaine d’émeutiers, barres de fer à la main, se sont déchaînés sur le bâtiment, en braisant ses vitres, puis en allumant un feu qui a embrasé l’ensemble de la mairie, dont une partie de la toiture a été réduite en fumée.

A Laxou, quatre véhicules de La Poste ont été incendiés sur leur parking.

A Toul, dans le quartier de la Croix-de-Metz, l’Espace André Malraux, qui abrite des services publics (notamment la Maison de la justice et du droit, le CCAS, la Maison départementale des solidarités) et un espace public numérique est mis à sac : vitres cassées, début d’incendie, ordinateurs, photocopieur et d’autre matériel détruits.

Nord

A Lille, la mairie du quartier populaire de Wazemmes a été la proie de flammes qui ont endommagé le rez-de-chaussée et noirci la façade, et dans un autre quartier populaire, à Fives, la mairie a été caillassée. Dans le quartier de Moulins, l’école Launay a été incendiée, ainsi que le Mcdo situé boulevard de Metz, dans le quartier du Faubourg de Béthune.

A Roubaix, plusieurs bâtiments ont été incendiés, notamment dans le quartier de la gare où une trentaine d’émeutiers ont pillé la supérette Proxy, au pied de l’hôtel B&B, avant d’y mettre le feu. A 200 mètres de là, à l’entrée du quartier de l’Alma, c’est un énorme ancien bâtiment industriel de la Redoute dont la façade s’est effondrée à la suite d’un incendie, qui a tout détruit. Il abritait depuis un an et demi la société Prochèque Nord, du groupe Tessi, une entreprise de digitalisation administrative. Environ 500 personnes y travaillaient. Le centre social du Pile a également été incendié.

A Halluin, la mairie a été incendiée vers 23h. La salle des mariages, au premier étage de la mairie, a été totalement détruite par les flammes.

A Jeumont, le centre-culturel qui abrite le cinéma, a été brûlé dans la nuit par un plusieurs individus qui ont aussi mis le feu aux locaux de la police municipale situés à proximité.

A Seclin, à partir de 1 h 30, un groupe d’émeutiers a commencé à canarder les locaux de la police municipale situés à côté de de la mairie avec force mortiers d’artifice et molotovs. Le maire de Seclin, était avec les forces de l’ordre et ses agents municipaux qui ont été pris pour cible et il a dû se protéger des tirs en se réfugiant dans une voiture. Le groupe d’émeutiers n’a stoppé ses agissements qu’une fois que le local de police a été complètement détruit.

A Hem, du quartier des Hauts Champs, la Maison de l’Emploi située au croisement de l’avenue Laenec et de la rue Henri-Dunant a été prise pour cible par les émeutiers : l’accueil a été complètement saccagé mais, surtout, les locaux de Pôle Emploi ont été incendiés.

A Boulogne-sur-Mer. dans le quartier du Chemin Vert, à Coccinelle Market, Lidl et le bar tabac Le Fontenoy ont été pris pour cible. Un incendie a ravagé une partie des locaux de l’Association Mission Insertion Emploi du Boulonnais.

A Maubeuge, dans le quartier de Sous-le-Bois, un groupe de jeune s’en prend aux locaux de la mairie annexe située rue de la céramique, touché par un début d’incendie. Scène rare, les pompiers interviennent, entourés par des policiers casqués, habillés en tenue de maintien de l’ordre. Pendant que les soldats du feu déploient le bras élévateur, les émeutiers visent le véhicule à coup de mortiers ou de pavés. Des individus s’infiltrent pour percer les tuyaux d’eau ou défoncer le système hydraulique du véhicule. Le bras élévateur est hors-service, un autre fourgon à incendie est lui aussi détruit. La nuit s’est achevée par des incendies de poubelles en série avant que la pharmacie du Tilleul ne soit pillée par un groupe venu avec une fourgonnette. Ils ont emporté du matériel médical et des médicaments avant de mettre le feu à l’officine et à des garages voisins. À 6 h, les pompiers étaient toujours sur place pour éteindre les flammes. L’enseigne Supermarché 2000 et le garage Distinxion ont aussi été dégradés.

A Amiens (Somme), dans le quartier Saint-Ladre, l’école maternelle Michel Ange a été incendiée.

Oise

A Nogent-sur-Oise, le hall de la mairie – où s’est produit un d’incendie – a été ravagé. « Tout le rez-de-chaussée, notamment les services accueil, titres d’identités, état civil, guichet unique, scolaire, urbanisme ont été sévèrement détruits », précise la ville ce vendredi. Même chose au sein de la médiathèque de la commune qui a été vandalisée et de La Poste de la rue du Valois qui a été saccagée.

A Creil, une agence du Crédit agricole a été la cible d’un groupe d’individus. Une vitre a été brisée et a permis aux jeunes de pénétrer à l’intérieur pour « tout saccager ». Plusieurs bars-tabac ont également été pillés, au moyen d’un véhicule de chantier. C’est le cas notamment du Nerval, rue Henri-Dunant à Creil, dans le quartier du Plateau Rouher.

A Beauvais (Oise), dans le quartier Argentine, une soixantaine d’émeutiers ont vandalisé et pillé plusieurs commerces du centre commercial des Champs Dolent, dont un bureau de poste (et son disributeur), un café, un coiffeur, un laboratoire, ainsi que l’antenne de la police municipale. L’annexe de la mairie et son CCAS y sont aussi passés.

Ile-de-France...

Paris

Alors que de nombreux messages sur les réseaux sociaux avaient appelé au pillage de magasins dans le centre de Paris, l’hyper centre a été le théâtre de plusieurs actes de vandalisme dans la soirée. Quelques poubelles ont été également été incendiées, malgré la présence massive de forces de l’ordre qui ont reçu des cailloux et autres projectiles. Le magasin Nike du Forum des Halles dans le 1er arrondissement, notamment, a été pillé vers 0h30, ainsi que le magasin Zara de la rue de Rivoli et deux autres magasins de vêtements (dont Jott). Le magasin de bijoux Mauboussin a lui aussi été visé, mais sa vitrine n’a pas cédée sous la pression.

Dans le 10e arrondissement, rue du Faubourg Saint-Denis, un bar-tabac a été pillé à son tour,et d’autres pillages ont eu lieu à Barbès (19e).

De nombreux heurts avec la police ont aussi eu lieu cette nuit dans la capitale, les 20e, 12e, 14e, 15e et 17e arrondissements étant les plus touchés.

Dans le 19e arrondissement, à place des Fêtes, une partie des commerces ont été saccagés et pillés, comme Monoprix et le magasin d’optique voisin. En face, la pharmacie Lafayette a aussi été touchée et le bar tabac voisin a brûlé.

Seine-et-Marne

Au Mée-sur-Seine, le magasin Carrefour a été pillé et le centre commercial Croix-Blanche a été totalement incendié.

A Saint-Fargeau-Ponthierry, la caserne des pompiers a été attaquée.
Dans la ville préfecture, Melun, une concession Honda a été pillée. Trente motos auraient été volées.

A Nemours, dans le quartier du Mont-Saint-Martin, les deux camions frigorifiques de la cuisine centrale, qui permet d’alimenter les cantines de Nemours et des environs, ont été incendiés. Le centre social et culturel a été ciblé, et tout le rez-de-chaussée est détruit.

A Brie-Comte-Robert, une quarantaine d’individus a s’en sont pris à l’hôtel de ville. Les vitres de la salle du conseil ont été brisées par des molotovs. Le mobilier est totalement saccagé à l’intérieur. Les individus ont tenté de forcer la porte du bureau de police municipale attenant, en essayant de l’incendier.

A Provins, c’est le magasin Aldi qui a été victime des flammes. L’enseigne est totalement détruite. En ville, 32 voitures ont été dégradées, dont une brûlée au sein du garage Renault. Des cars de la société de transport Procars ont été ciblés également. Quatorze cars sont partis en fumée, et un 15e est endommagé.

A Montereau, outre les voitures incendiées, les enseignes Afflelou et Carrefour ont été saccagées dans le quartier de Surville.

Val-de-Marne

Dans le Val-de-Marne, des personnes encagoulées ont attaqué le tribunal armées d’engins incendiaires et de mortiers. Ils étaient entre 100 et 200 individus.

« Presque tous les commissariats ont été attaqués cette nuit », résume un policier. Les attaques du Kremlin-Bicêtre et de Choisy-le-Roi ont été particulièrement violentes et des équipes de la BRI ont dû intervenir pour prêter main-forte à leurs collègues, submergés. Dans le premier, les assaillants, entre 80 et 100 selon les sources, ont jeté de l’essence dans le sas d’entrée avant d’y mettre le feu. Ils ont été mis en fuite avant qu’ils ne pénètrent dans les locaux ». « À Cachan, ils ont jeté des boules de feu dans la cour intérieure du commissariat, n’en revient pas une source. On ne savait pas si l’engin allait exploser ou pas. » À Fontenay-sous-Bois, l’attaque a été aussi brusque qu’intense.

Après les commissariats, les locaux des polices municipales ont été sciemment attaqués, comme à Bry-sur-Marne, à coups de mortiers. À Bonneuil-sur-Marne, trois agents municipaux ont été pris en charge après avoir inhalé des fumées alors qu’un incendie s’était déclaré à l’intérieur des locaux. À Choisy, les assaillants se sont rabattus sur la police municipale après l’attaque du commissariat. À Sucy-en-Brie, le rez-de-chaussée des locaux de la police municipale a été ravagé en partie par un incendie. Des véhicules ont aussi été brûlés.

Le palais de justice de Créteil, sous haute surveillance après des appels sur les réseaux sociaux à venir le brûler, a fait l’objet d’une attaque peu avant minuit. Les policiers ont été reçus à coups de projectiles dont un molotov.

A Orly, le McDonald’s, a été en partie saccagé aux abords de minuit.

A Bonneuil-sur-Marne, le magasin Darty a été pillé et plusieurs personnes arrêtées sur place.

A Ivry-sur-Seine, une armurerie située boulevard de Stalingrad a été pillée vers 3h45. Au moins 2 fusils à pompe et 4 fusils de chasse ont été volés.

Essonne

Arpajon : Dégradations et pillages en centre-ville
Athis-Mons : Incendie d’un semi-remorque et du siège départemental du bailleur I3F et pillage du magasin Auchan
– Bondoufle : Dégradation d’une agence postale
Chilly-Mazarin : Plusieurs commerces pillés et incendiés, attaque du poste de police municipal
Dourdan : Effraction à la mairie et début d’incendie rapidement circonscrit
Draveil : Dégradation de l’école municipale d’arts plastiques
Epinay-sous-Sénart : Attaque du poste de police municipal à l’aide d’un rouleur compresseur volé sur un chantier avant une mise en fuite par l’intervention des CRS, attaque du poste de police municipal et vol de motos.
Évry-Courcouronnes : Intrusions et pillages dans le centre commercial Évry 2 ; Incendie partiel d’un local des Finances publiques, Plusieurs attaques de l’Hôtel de police.
Fleury-Mérogis : Dégradation par incendie du portail de la brigade de Gendarmerie, incendie d’un camion
Grigny : Attaques contre le commissariat
Juvisy-sur-Orge : Dégradation du poste de police municipal, pillages de commerces
Les Ulis : Effectifs de police pris à partie au niveau du commissariat, mobilier urbain incendié, pillages de commerces
Lisses : Incendie du poste de police municipal
Massy : Attaque du commissariat et Pillage du magasin Cora
Saint-Germain-lès-Corbeil : Incendie de la concession Citroën
Saint-Michel-sur-Orge : Attaque du poste de police municipale du secteur du Bois des Roches
Savigny-sur-Orge : Portes de la mairie fracturées, dégradations légères par incendie du hall d’entrée
À Ris-Orangis, la station-service Esso, dans le quartier du Plateau, a été incendié.
Vigneux-sur-Seine : Pillages dans des commerces du quartier de la croix-blanche, Effraction de la Maison de quartier, Deux commerces pillés dont l’enseigne Darty

Yvelines

A Achères, la mairie est attaquée par des tirs de mortiers puis saccagée et incendiée par une quarantaine de jeunes. Quelques minutes, ce sontl es commerces du centre-ville qui avaient été pillés : opticien, magasin de scooter et de téléphonie.
A Trappes, un Carrefour Market a été pillé.
A Saint-Cyr-l’Ecole, le Monoprix a été attaqué et pillé.
A Fontenay-le-Fleury, un bus touristique a été calciné.
A Mantes-la-Jolie, une banque Société Générale a également été visée, de l’argent pourrait avoir été volé.
A La Celle-Saint-Cloud, c’est la bibliothèque de la place Bendern qui a été vandalisée.
A Villepreux, les commerces du quartier de la Pointe-à-l’Ange ont été vandalisés
À Coignières, une équipe a fait irruption dans la concession automobile vendant des Dodge, une marque américaine connue pour ses modèles excentrique. Une dizaine de pick-up RAM, un modèle vendu entre 58 000 et 120 000 euros (HT), ont été dérobés. Le préjudice pourrait atteindre 1 million d’euros.
A La Verrière, environ 200 élèves sont sur le carreau après que le feu ait été mis à deux écoles du quartier du Bois-de-l’Etang.

Seine-Saint-Denis

A Pantin, douze bus du dépôt de la RATP du Fort d’Aubervilliers ont été incendiés.

De nombreux supermarchés ont été pillés notamment à Montreuil et Epinay-sur-Seine. A Drancy, des émeutiers ont utilisé un camion pour forcer l’entrée d’un centre commercial qui a été en partie pillé et incendié.

A Montreuil, les incidents se sont concentrés sur la place de la mairie, sur le boulevard qui mène au commissariat et, surtout, contre des boutiques du centre commercial à proximité de la mairie. Pharmacie, magasin de téléphonie, d’optique, parfumerie, restaurant McDonald, distributeur de billets… tous ont été pillés. Les grandes baies vitrées du cinéma municipal, le Méliès, fierté des Montreuillois, ont, elles, été épargnées. A la différence de mercredi soir, les jeunes, venus de nombreux quartiers de cette ville de quelque 110 000 habitants, se sont donné directement rendez-vous devant la mairie, les affrontements commençant vers 23 heures.

A Sevran, le magasin Action est pillé puis incendié. Le centre commercial, dont l’entrée se situe à quelques mètres du magasin incendié, a lui aussi été totalement pillé. Ce vendredi matin 30 juin encore, certaines personnes ont profité que les vitrines soient ouvertes pour repartir avec de la marchandise avant l’arrivée des forces de l’ordre.

A Stains, le centre commercial Carrefour a été envahi et pillé.

A Aulnay-sous-Bois, trente-neuf caméras de vidéosurveillance ont été détruites. Après avoir volé une pelleteuse, des émeutiers ont foncé sur les mâts qui supportaient ces équipements. Trois supermarchés (Aldi, Action, Intermarché) ont été pillés et incendiés, et le centre technique municipal brûlé aux trois quarts avec une trentaine de véhicules de la ville.

Val d’Oise

A Osny (Val d’Oise), la grande concession automobile Renault Rousseau a complètement brûlé vers 2h30, chaussée Jules-César. Au total 6000 m2 d’ateliers automobiles et de locaux commerciaux sont partis en fumée, sans parler des 70 véhicules neufs ou en réparation calcinés. Une centaine de personnes se retrouve ainsi au chômage technique, selon la direction.

À Groslay, c’est un entrepôt de 2 500 m2 contenant du matériel médical qui est parti en fumée. Les pompiers ont déployé six lances, dont deux sur des moyens aériens, afin de venir à bout des flammes.

A Saint-Gratien, vers 22h45, des individus ont ainsi incendié le centre culturel Camille-Claudel du square Georgette-Agutte, dans le quartier des Raguenets.Les pompiers ont déployé trois lances pour venir à bout du sinistre qui a détruit 600 m2 du bâtiment.

À Cergy, le supermarché Franprix du quartier des Touleuses a été incendié et toutes les autres petites boutiques du quartier ont été saccagées.

À Sannois, la porte vitrée de la mairie est enfoncée avec une barrière de police puis de l’essence est déversée à l’intérieur. Elle a aujourd’hui gardé porte close à cause des dégâts.

À Garges-lès-Gonesse, plusieurs magasins de la ZAC des Portes de la Ville ont été pillés, comme le supermarché Aldi. Le distributeur de La Poste dans le quartier de la Dame blanche nord a été attaqué.

À Goussainville, les jeunes ont fait main basse sur un poids lourd. Ils se sont servis de ce 38 tonnes pour abattre un mât de caméra de vidéosurveillance avant de finalement le brûler avenue Albert Sarraut.

Hauts-de-Seine

A Nanterre, Au sud de Nanterre, l’avenue Georges Clemenceau a subi de gros dégâts : carcasses calcinées sur la chaussée, magasins pillés comme ce tabac délesté de toutes ses cigarettes en une soirée. Une agence bancaire a été incendiée, et des bâtiments publics, des écoles ainsi qu’un centre des impôts ont été dégradés.

Dans la nuit de jeudi à vendredi vers 1h15, un photographe du Point s’est fait frapper et dévaliser à Nanterre. Alors qu’il se trouvait isolé, « une dizaine d’individus (…) l’ont alors encerclé, ont tenté de lui arracher son matériel, puis l’ont violemment passé à tabac, lui jetant même des pavés », déroule un communiqué de la Société des rédacteurs de l’hebdomadaire.

Idem, deux journalistes du Figaro ont été attaqués cette nuit : l’un a été frappé et volé à Nanterre, cité Pablo Picasso, devenue l’épicentre des violences depuis la mort de Nahel. Il a dû aller se faire soigner aux urgences. Le second a été braqué en région parisienne, alors qu’il tentait de prendre des photos des émeutiers.

Sud

A Marseille (Bouches-du-Rhône), des scènes de violences et de pillages ont été observées pendant une bonne partie de la nuit. La devanture de la bibliothèque municipale de l’Alcazar a été endommagée, et à quelques encablures de là, sur le Vieux Port, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre aux émeutiers.

La municipalité a pris la décision de tripler les effectifs de police municipale au centre de supervision urbain (CSU), où convergent les images des caméras urbaines.

Dans le 3e arrondissement, le supermarché Auchan du boulevard de Strasbourg a été mis à sac par 300 personnes qui ont vandalisé et pillé le magasin.

Enfin, vers 3h30, deux policiers hors service ont été passés à tabac et sérieusement blessés par un groupe d’émeutiers qui les ont reconnus alors que leur véhicule a été bloqué par une poubelle incendiée. Les deux hommes ont été transportés à l’hôpital et l’un d’eux souffre notamment d’une fracture de la mâchoire.

A Bordeaux (Gironde), plusieurs enseignes du quartier du Lac à Bordeaux ont été saccagées et pillées. Dont le Décathlon : « L’alarme incendie s’est déclenchée. Les pompiers étaient déjà sur place quand la sécurité est arrivée », raconte Jacques Bouffard, directeur régional de Decathlon. « Des pillards se sont introduits en pleine nuit dans le magasin, forçant le rideau métallique. Un départ de feu a déclenché le système anti-incendie. Plusieurs produits ont brulé, et ce matin, il y avait de l’eau partout à l’ouverture ». Des montres, des sacs, des boules de pétanque, des trottinettes et des vélos ont disparu. Des munitions de chasse ont également été subtilisées.
Chez le concurrent Intersport du quartier Ginko, à Bordeaux, même scénario. Des individus cagoulés et vêtus de noir ont brisé une vitre avant de s’introduire dans la boutique. Les rayons textiles ont été dévalisés. Bon nombre de vélos et de trottinettes ont également disparu.
« Chez nous ils sont venus deux soirs d’affilée », témoigne Loïc, le patron d’une lunetterie installée à quelques pas. Sa vitrine est fracassée, ses étagères sont vides. « Ils m’ont tapé toutes mes solaires », raconte Loïc. Il estime le préjudice entre 50 et 100 000 euros.

A Bordeaux aussi, la mairie annexe du Grand Parc a été saccagée et pillée (puis incendiée) et environ 300 titres d’identité, cartes d’identité et passeports, ont été volés dans la nuit. Les émeutiers ont aussi dérobé des tampons de la mairie.

A Ambarès-et-Lagrave (Gironde), l’école Bel Air et le collège Claude Massé ont été saccagés.

A Mérignac, la salle de spectacle du Pin Galant a été attaquée par des individus dans la soirée. Ils ont brisé les vitrines de la façade et saccagé des bureaux.

A Pessac, dans le quartier de la Châtaigneraie, le bâtiment de la police municipale a cramé. Dans le quartier de Saige, la plateforme des services publics a été totalement détruite par le feu, la Caisse d’épargne attaquée et le lieu de stockage d’un supermarché pillé. À Haut-Livrac, des caméras de vidéosurveillance ont été détruites à l’aide d’un engin de chantier, et le rideau de fer du tabac-presse a été fracturé.

A Albi (Tarn), dans le quartier de Cantepau, la porte du siège de l’Agence régionale de santé (ARS) a été forcée et le bâtiment a été incendié. Sur le parking, il ne reste que les carcasses de ses huit voitures. Un peu plus loin, les portes automatiques des locaux de Maison France Services Albi Rive Droite ont été fracassées et ne tiennent debout qu’appuyées l’une sur l’autre. À l’intérieur, tout a été saccagé : mobilier, chaises, vitres, matériel informatique.

A Toulouse (Haute-Garonne), vers 1h30, la cabine d’une grue de 25 mètres de haut a été incendiée, rue Sullerot Evelyne dans le quartier de la Reynerie. Selon un dernier bilan, 18 voitures ont été incendiées ainsi que deux autocars du côté du rond-point du Dr Maurice Cahuzac, à Bellefontaine, ainsi que deux semi-remorques et une camionnette.

A Béziers (Hérault), la mairie annexe et la maison de quartier Albert-Camus sont attaqués dans le quartier de la Devèze. Si pour la première, ce sont les baies vitrées et la porte d’entrée qui ont été complètement fracassées à coups de pierres, concernant la maison de quartier, les émeutiers ont réussi à pénétrer à l’intérieur, pour saccager et incendier le rez-de-chaussée. « Les six ordinateurs et les deux photocopieurs ont été méticuleusement cassés, précise Elisabeth Camilleri, directrice générale adjointe à la mairie de Béziers. Tout comme le mobilier et le matériel d’animation qui s’y trouvaient. Les fumées ont gagné les étages, noircissant tous les murs. »

[Synthèse non exhaustive de la presse régionale et nationale, 30 juin 2023]


Partout : 4e nuit de révolte émeutière, ça flambe et ça pille toujours

1er juillet 2023, Sans Nom

Suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) mardi matin, une première, une deuxième nuit puis une troisième nuit d’émeutes se sont déroulées dans tout le pays, émeutes destructrices dont nous avons publié de larges recensions illustrées ici. Et finalement, une quatrième ne s’est pas fait attendre cette dernière nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet.

Ce qui a marqué cette quatrième nuit d’émeutes, en plus des affrontements avec la police aux quatre coins du pays, a été l’entrée de nouvelles villes dans le bal (petites ou moyennes), les débuts d’usage ou le vol d’armes à feu du côté émeutier (Lyon, Marseille), et des pillages pour lesquels des centaines de jeunes gens ont pu se donner rendez-vous (y compris en journée ou début de soirée : selon le ministre de l’Economie, le bilan est déjà de 200 magasins de la grande distribution attaqués et pillés, 250 débits de tabac, 250 agences bancaires touchées et une dizaine de centres commerciaux, soit 700 en tout).

Avec du côté des cibles détruites —sur lesquelles nous nous concentrons plus volontiers bien que les journaflics les filtrent davantage—, c’est encore tout ce qui incarne la domination étatique et institutionnelle de proximité (des mairies aux écoles, en passant par les centres socio-culturels, les bailleurs sociaux ou La Poste) qui a été le plus cramé cette nuit.

Quelques chiffres

Le ministère de l’Intérieur a recensé cette nuit du 30 juin au 1er juillet, 2.560 incendies sur la voie publique (contre 3.880 dans la nuit de jeudi à vendredi), 1.585 incendies de véhicules (contre 1.919 la nuit précédente) et 266 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 26 mairies, 24 écoles et 5 établissements de justice (contre 492 la nuit précédente). De plus, 58 repaires de flics ont été attaqués (31 commissariats, 16 postes de police municipale et 11 casernes de gendarmerie). 1311 personnes ont été interpellées cette nuit partout en France. Un total de 79 policiers et gendarmes ont été blessés cette nuit.

(La carte ci-dessus, faite par l’AFP le 1er juillet 2023, est "très minorée"...)

Grand Est

A Châlons-en-Champagne (Marne), dans le quartier La Bidée, l’école Gérard Moulin est incendiée dans la nuit.

A Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle)
, après plusieurs tentatives, une trentaine de personnes ont fait irruption dans la mairie où se trouvaient deux agents d’une société de surveillance. Un incendie a débuté au niveau de l’accueil, puis l’intervention des policiers a permis de faire fuir les assaillants. Plus tard dans la nuit, un groupe est revenu à la charge pour cette fois monter dans les étages et saccager les locaux, jusqu’au bureau du maire : « Il y a de la suie partout, les vitres sont brisées. Tout le mobilier est cassé : les photocopieurs, les ordinateurs, les meubles. Tout est dévasté » se désolé ce dernier.

A Metz (Moselle), vers 20h15, plus de 200 de personnes se sont réunis sur la Place de la République. Les manifestants ont alors déchaussé des dalles du sol de la place pour les utiliser comme projectiles sur les forces de l’ordre. Les émeutiers ont ensuite pris la direction Palais du Gouverneur, brisant au passage la plupart des vitres de la salle de spectacle l’Arsenal. Dans la soirée, la médiathèque Jean-Macé dans le quartier de Borny du quartier de Borny a été incendiée. Le bâtiment est totalement détruit et inutilisable. « Il y aura pour des millions d’Euros de dégats », commente le maire de Metz François Grosdidier. Toute la nuit, il a suivi l’évolution de la situation depuis le centre de vidéosurveillance de la police municipale.

A Woippy et Yutz (Moselle), les restaurants McDonald’s ont été incendiés. Dans la seconde ville, une vingtaine d’émeutiers ont également pénétré dans le magasin Décathlon durant la nuit en brisant les portes vitrées, faisant main basse sur des vêtements et des vélos. Un peu plus tard, les concessionnaires Suzuki (10 véhicules défoncés, neuf dans le hall un à l’extérieur, plus les bureaux saccagés) et Peugeot Car Avenue (30 voitures défoncées, dont dix carbonisées, plus une volée) ont été attaqués par des dizaines d’émeutiers, vers 23h30 puis 1h15.

A Strasbourg (Alsace), entre 14 heures et 15 heures, des centaines de jeunes sont arrivés devant les Halles, avant de se diriger vers les magasins du centre-ville, par petits groupes, éparpillés. De nombreux commerces ont décidé de fermer, mais pas toujours assez tôt, comme l’Apple store qui a été pillé. L’Opéra national du Rhin a aussi été pris pour cible : la terrasse du restaurant a été dévastée, la porte d’entrée brisée et le hall saccagé.

A Saint-Florentin (Yonne), les pompiers se rendent vers minuit aux abords du magasin de bricolage Weldom, en flammes, situé aux abords du quartier de la Trécey. Les émeutiers présents sur place les repoussent avec des pierres et et des tirs de mortiers jusqu’à 4 heures du matin, où les pompiers pourront réellement intervenir sur le sinistre, alors que les 1.500 mètres carrés de surface du magasin se sont totalement embrasés.

A Auxerre (Yonne), un magasin de location de voitures est ouvert et saccagé : plusieurs véhicules de type Mercedes ou Range Rover sont défoncées.

A Dijon (Bourgogne), vers 18 heures dans le quartier des Grésilles, l’école élémentaire Champollion est incendiée : au moins une salle de classe est entièrement détruite.

Auvergne-Rhône Alpes

A Lyon (Rhône), après le rassemblement aux Terreaux (1er), qui a réuni plus d’un millier de personnes, bien qu’interdit par la préfecture, les affrontements avec la police et les pillages se sont propagés dans la ville. Le poste de police de dépôt de plainte de la Croix-Rousse (4e) a été incendié, une trentaine de commerces ont été saccagés/pillés jusque tard dans la nuit : des boutiques de sport (Courir et JD Sport rue de la République), des magasins de luxe (Louis Vuitton et Lacoste rue Simon-Maupin), mais aussi des magasins d’électroménager (Boulanger à Cordeliers) et au moins deux Monoprix (Croix-Rousse et Cordeliers). Parmi les établissements recensés, on trouve aussi une banque, un bureau de tabac, un bureau de Poste, un magasin de vélos (pillé).

A Vaulx-en-Velin, dans la cité du Mas du Taureau, un émeutier à scooter fait feu avec un fusil chargé à la grenaille contre les policiers (à 50m de distance), au niveau de la place Guy Moquet où des barricades avaient été enflammées par une cinquantaine d’émeutiers. Dix policiers sont blessés et quatre hospitalisés, touchés par des plombs aux bras, aux cuisses et au visage (pommette).

À Grenoble (Isère), à partir de 20h, des centaines de jeunes ont investi le centre-ville avec force poubelles incendiées et mortiers d’artifice, tout en s’en prenant aux boutiques : Lacoste, Hugo Boss, Foot Locker, des dizaines de grandes enseignes du centre-ville (et les Galeries Lafayette), mais aussi des plus petites boutiques des rues piétonnes, ont été complètement pillées.

Dans la nuit, à Echirolles, l’atelier du garage automobile Norauto, situé avenue Salvador-Allende est forcé et plusieurs véhicules incendiés. À Villefontaine, le bureau de police est incendié.

À Chambéry (Savoie), la soirée a commencé par une manifestation au départ de la place d’Italie, et la petite centaine de participants s’est ensuite dirigée vers le quartier du Covet. Plus tard, vers 22h30, les locaux de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL, association d’éducation populaire) ont été totalement incendiés. Un peu plus loin, la cantine de l’école élémentaire Simone-Veil, rue Hector-Berlioz, dans le quartier de Mérande, a aussi été incendiée.

A Annemasse (Haute-Savoie), la maison de quartier Nelson-Mandela a été incendiée vers 2h du matin. Elle abritait le service jeunesse de la ville.Un bureau de tabac a également été pillé.

A Scionzier (Haute-Savoie), nuit émeutière dans les quartiers des Ewües et de la Sardagne. Les locaux administratifs du collège Gallay sont cramés, tandis que le poste de police municipale a été attaqué.

A St-Etienne (Loire), dans le centre-ville, plusieurs centaines de jeunes ont brisé des vitrines de magasins à coups de pierre ou d’objets en métallique, puis pillé plusieurs boutiques de vêtements, d’optique et de bijoux. Dans le quartier de Montreynaud, les incendies et attaques se sont enchaînés jusqu’à 4h30 du matin : pépinière d’entreprises (dans la zone d’activités de la Grand’Ourse), mairie, Centre loisirs jeunesse de la Police nationale, bureau de poste, voitures.

A Roanne (Loire), dans le secteur de la route de Charlieu, le magasin Centrakor a été totalement détruit par un feu provoqué par des jets de molotovs. Dans le quartier du Parc, le CFA (Centre de Formation des Apprentis) BTP (Bâtiment et Travaux Publics), rue Marcel-Cerdan, a été incendié. Il venait de rénover ses bâtiments et équipements la semaine dernière. Son portail a été arraché et la porte d’entrée fracturée, puis plusieurs salles de classes ainsi que l’atelier d’électricité ont été livrés aux flammes

A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le centre social du quartier des Vergnes a été incendié, tout comme la maison de quartier de Croix-de-Neyrat.

Centre

A Limoges (Haute(Vienne), plusieurs boutiques du centre-ville ont été vandalisées et pillées, couplé à des barricades installées à plusieurs endroits en ville et les nombreux tirs de mortiers en direction des forces de l’ordre. Il y a aussi eu des pillages en zone nord. Cash Converter, un commerce d’achat revente de produits d’occasion a été attaqué à la voiture bélier. Des motos ont également été volées chez Evolution 7 en zone Sud et le supermarché U proche de la rue Aristide Briand a aussi été incendié vers deux heures du matin. Une équipe du GIGN a été envoyée à Limoges depuis Toulouse, accompagnée par le PSIG (Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie) de toute urgence.

Ouest

A Brest (Finistère), le centre social de Kerourien a été incendié avec son local de Brest métropole habitat. La mairie annexe et le poste de police de Bellevue ont été dégradés, tandis que le KFC de la zone Carrefour Iroise a été incendié.

A Niort (Deux-Sèvres), une dizaine de bureaux bailleur social Deux-Sèvres habitat ont été saccagés, les PC détruits et les mobiliers de bureau cassés. Les émeutiers se sont introduits dans les locaux en cassant toutes les portes et vitres du rez-de-chaussée. L’agence sera fermée jusqu’à nouvel ordre.

A Nantes (Loire-Atlantique), dans le quartier de la Boissière, un incendie ravage une seconde fois les locaux de la mairie annexe, déjà touchée par les flammes la veille, afin de terminer le travail. Plus tôt en soirée, lors d’un rassemblement « Justice pour Nahel » interdit par la préfecture, la librairie catholique et nationaliste Dobrée est attaquée vers 20h30 à l’aide de matériel de chantier.

A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), plusieurs magasins du centre-commercial Ruban Bleu ont été pillés, et idem pour le Mc Donald situé dans le centre commercial Océanis.

A Coulaines (Sarthe), la mairie a été la cible d’émeutiers vers 2h30, qui ont détruit les portes coulissantes et l’entrée, puis lancé des molotovs à l’intérieur. L’accueil, l’état-civil et le centre communal d’action sociale ont été ravagés par les flammes. La mairie n’a pas été pillée : « C’est simplement une tentative de destruction de la part de voyous écervelés », lance le maire Christophe Rouillon remonté contre cette « sorte de profanation inacceptable. »

A Angers (Maine-et-Loire), dans le secteur de Monplaisir, le commissariat de police, a été attaqué par les émeutiers dans la nuit et entièrement incendié, des commerces ont été pillés, la crèche Tom-Pouce, la Maison des solidarités et une dizaine de voitures ont été incendiés, le relais-mairie et le bureau de Pôle emploi ont été dégradés.

A Lorient (Morbihan), dans le quartier du Bois-du-Château, le local jeunes de la maison de quartier Elsa Triolet est incendié vers 1h30 du matin.

Au Mans (Sarthe), une centaine d’émeutiers ont dégradé des véhicules et pillé plusieurs magasins dans le centre-ville.

A la Roche-sur-Yon (Vendée), le poste de police a subi un début d’incendie.

A Gaillon (Eure), on en est à la deuxième nuit d’émeute dans cette ville de 7000 habitants. Dans celle du 29 au 30 juin, le garage Renault a été attaqué : après avoir brisé la vitre, deux véhicules d’exposition ont été sortis pour être brûlés à l’entrée du quartier, tandis que le concessionnaire était enflammé, détruisant une vingtaine de véhicules stationnés à l’intérieur, et endommageant les sept voitures entreposées à l’extérieur.
Dans celle du 30 juin au 1er juillet, après avoir été empêchés de piller le Auchan les émeutiers sont revenus à 5h du matin et ont cramé le McDonald’s adjacent

A Evreux (Eure), un hypermarché a été pillé et un poste de police visé par des engins incendiaires.

A Cholet (Maine-et-Loire) , la maison du maire LR (depuis 1995) en cours de déménagement a été copieusement saccagée et pillée dans la nuit.

A Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le collège Pablo-Picasso a été attaqué et en partie incendié. La cuisine centrale est inopérante. Les magasins Action et Aldi ont aussi été pillés.

Nord

Des affrontements avec les forces de l’ordre et des pillages ont eu lieu dans plusieurs villes du Nord-Pas-de-Calais, notamment à Lens, Maubeuge, Calais, Douai, Béthune, Valenciennes, Avion, Berck-sur-Mer, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Longuenesse, Carvin, Lillers, Sallaumines, Saint-Omer, Aulnoye-Aymeries ou encore Roubaix.

Des commerces et un bureau de police ont été endommagés dans le centre-ville de Lens, deux autres bureaux de police, à Béthune et à Sallaumine, ont également été endommagés, ainsi que la porte d’entrée d’un commissariat à Carvin.

A Quiévrechain (Nord), le magasin Action de la petite zone commerciale Match, avenue Jean-Jaurès, est incendié vers 1h30

À Amiens (Somme), où un couvre-feu avait été instauré hier dans certains quartiers pour les moins de 16 ans non accompagnés, la médiathèque du quartier d’Etouvie a été incendiée pour la deuxième fois cette semaine.

A Charleville-Mézières (Ardennes), Boris Ravignon, le maire LR avait décidé d’organiser une ronde citoyenne à proximité des crèches, écoles et équipements municipaux. Dans le quartier de la Ronde-Couture, il s’est pris des jets de bouteilles après avoir éteint un feu de poubelles allumé par des émeutiers. La voiture dans laquelle il a dû se replier avec d’autres élus a ensuite eu la vitre arrière brisée par les pierres.

A Lens (Pas-de-Calais), c’est vers 23 h 30 que les hostilités ont été lancées à la Grande résidence. Peu avant minuit, les émeutiers ont convergé vers le bureau de police de la tour Flaubert qu’ils sont parvenus à saccager. Des groupes, plus disparates, ont également investi le cœur de ville où des commerces ont été dégradés et pillés (dont la bijouterie Bijou Brigitte). Partis de la gare, ils sont ensuite remontés jusqu’à l’hôtel de ville qui a été pris pour cible. En attestent les impacts qui criblent la façade vitrée du bâtiment de la place Jean-Jaurès.

Ile-de-France...

Seine-Saint-Denis

A Bondy (Seine-Saint-Denis), une centaine de jeunes hommes cagoulés s’étaient rassemblés sur le pont au-dessus du canal de l’Ourcq à côté des quartiers Nord de Bondy (Seine-Saint-Denis) avec l’intention de piller le Conforama situé juste à côté. L’objectif avait été annoncé sur les réseaux sociaux : « Communiqué pour les gens Bondy ce soir on fait tous Conforama. Soyez prés et organisé et une bonne logistique. Aller a se soir pour Conforama. Rdv à 23h30. Faite tourné ».
Par dizaines, ils se sont rués vers le commerce. Certains sont repartis avec des écrans plats. D’autres avec des cartons impossibles à identifier. Face à eux, le RAID a effectué plusieurs charges, soutenu par des unités traditionnelles de la police. Au milieu des flammes d’un barrage, les jeunes cagoulés ont jeté des pierres et tenté de repousser les policiers afin de récupérer plus de matériel. Une équipe du RAID s’est positionnée devant l’entrepôt pour les bloquer.
Puis le RAID est reparti. Les émeutiers, de tous âges, sont revenus piller le magasin avec des dizaines de voitures prêtes pour remplir les coffres.

A Montreuil, De nombreux feux et à nouveau un grand nombre de pillages. A Croix de Chavaux, le cœur de la ville, le grand Monoprix a été pillé de même qu’un Franprix avenue Gabriel Péri, ainsi que de nombreux petits commerces. L’avenue Péri est jonchée de débris, de barrières de chantier. Alors qu’une partie de la ville est plongée dans l’obscurité, soulignant encore plus l’intensité des feux, cela circule beaucoup. Les événements ont débuté tard dans la soirée, nombre de pillages ayant eu lieu plutôt après 1 heure du matin.

A Romainville, dans le quartier des Trois-Communes, un magasin de scooters a été pris d’assaut et pillé.

À Saint-Denis, les émeutiers ont fait partir en fumée le Centre administratif de la ville. Le bâtiment situé non loin de l’hôtel de ville a été incendié vers 0h30 : c’est toute une aile du centre administratif, comprenant le service d’état civil qui a été ravagée.

A Drancy  : le supermarché Carrefour et la galerie marchande pris pour cibles et complètement pillés par un groupe de jeunes

Seine-et-Marne

A Nemours, malgré le couvre-feu en vigueur à partir de 22h, l’Espace culturel qui accueillait l’association La Scala et la salle municipale Claude Monet, est totalement détruit par un incendie.

Yvelines

A Mantes-la-Jolie, le centre des impôts implanté sur la place Jean-Moulin, dans le quartier du Val-Fourré, est la cible d’un incendie volontaire peu avant 3 h du matin. Il est complètement inutilisable et le restera « au moins jusqu’à fin octobre » selon les autorités : le couloir est dévasté, tous les câbles électriques ont fondu. À cause de la suie qui s’est infiltrée dans les locaux, l’air est irrespirable dans tous les bureaux.

Val d’Oise

A Persan, la mairie a été incendiée dans la nuit. La porte a été totalement détruite et tout a été dévasté par les flammes. C’est vers 1h30 que l’incendie a été signalé : le bâtiment a été détruit à 80 %. Par ailleurs, le poste de police municipale et le centre de supervision urbain (vidéosurveillance) ont été totalement détruits.

Hauts-de-Seine

A Nanterre (Hauts-de-Seine), ville où vivait le jeune Nahel assassiné mardi par un policier, un car de tourisme est parti en fumée près de la gare RER Nanterre Ville. Aux alentours de 3h30 du matin, les locaux de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) ont été attaqués. Les émeutiers n’ont pas réussi à pénétrer à l’intérieur mais des vitres ont été brisées. Dans le même périmètre, une banque, une boulangerie et un supermarché ont été saccagés.

Val de Marne

A L’Haÿ-les-Roses, la Halle de style néo-Baltard inaugurée l’an dernier a été incendiée par des tirs de mortiers. Des inscriptions destinées aux autorités locales telles que « On a vos adresses… on va vous brûler » ont par ailleurs été retrouvées sur place.

Sud

A Nîmes (Gard), le rez-de-chaussée du bâtiment de la Direction départementale des territoires et de la mer situé près du quartier Pissevin a été détruit par le feu sur 300m2. Quatre autres bâtiments ont aussi été incendiés dont un opticien, un bureau de tabac, une agence du Crédit agricole.

A Montpellier (Hérault), plusieurs dégradations et pillages de commerces ont lieu aussi bien au centre-ville (la bijouterie Swarovski, boutiques Orange et Dior) que dans les quartiers Petit-Bard, Cévennes ou cité Astruc (bureau de tabac, distributeur du Crédit agricole…). Dans le quartier de la Mosson, le bureau de Poste est entièrement incendié.

A Toulouse (Haute-Garonne), près du quartier Sept-Deniers, un magasin de motos Yamaha, situé au 6, rue Louis Bonin a été vandalisé par un groupe d’individus qui n’ont pas hésité à utiliser un tractopelle volé pour enfoncer la vitrine du magasin vers 3h, après avoir d’abord détruit le portail d’entrée de cette mini zone commerciale. Plusieurs motos ont été volées (et sept personnes arrêtées sur une trentaine d’assaillants).

A Privas (Ardèche), dans le quartier Lancelot, un camion d’Ardèche Habitat a été incendié.

A Bordeaux (Gironde), un rassemblement contre les violences policières s’est déroulé place de la Bourse en début de soirée malgré l’interdiction de rassemblement décrétée par la préfecture. Un cortège a ensuite défilé dans le centre-ville. Des poubelles ont été brûlées et des vitrines brisées notamment dans la rue Sainte-Catherine, la principale artère commerçante de la ville.

A Agen (Lot-et-Garonne), dans le quartier de Montanou, la station de lavage et le supermarché Netto contigus ont été attaqués vers 23h. La première a été brûlée quand le deuxième a été pillé, après avoir brisé sa vitrine avec à coups de chariots.

A Marseille (Bouches-du-Rhône), Après de premiers affrontements en début de soirée sur la Canebière, la situation s’est rapidement tendue. De nombreux magasins ont été pillés après avoir subi des dégradations, et le magasin Aldi des Flamants (14e arr.), a été incendié. Après avoir détruit un mur et forcé la vitrine, « Cinq à huit » fusils de chasse ont été dérobés dans l’une des deux armureries de la ville, Negrel et Mistral, située rue d’Aubagne, lors des émeutes. Au cours de la nuit, les centres commerciaux en périphérie de la ville (Le Merlan, les Terrasses du Port, le Centre Bourse, Grand Littoral) sont attaqués avec plus ou moins de succès.

Par ailleurs au cours de cette émeute, un car de l’entreprise drômoise Rapid’Bleus, qui était à Marseille pour accompagner un groupe de touristes de Romans-sur-Isère en voyage organisé, a été réduit en cendres près du Vieux port. Et un autre car, cette fois rempli de 40 touristes chinois, a eu son pare-brise réduit en miettes pendant qu’il tentait de manoeuvrer pour s’éloigner de l’émeute, certains de ses passagers se prenant aussi des pierres, ce qui a provoqué une condamnation officielle du ministère chinois des Affaires étrangères.

Selon un dernier bilan des autorités, 95 personnes ont été interpellées durant la nuit, et 31 policiers blessés. Par ailleurs, une unité de CRS est arrivée en renfort dans la nuit et des renforts de gendarmerie ont également été déployés à Marseille, en appui des policiers. L’association Marseille Espérance qui rassemble les chefs spirituels des différentes communautés religieuses de Marseille, a de son côté lancé « un appel à l’apaisement ».

[Synthèse de la presse régionale et nationale, 1er juillet 2023]


Partout : 5e et 6e nuits de révolte émeutière sous pression

4 juillet 2023, Sans Nom

Suite à l’assassinat policier de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) mardi matin, une première, une deuxième nuit, une troisième nuit, puis une quatrième nuit d’émeutes se sont déroulées dans tout le pays, émeutes destructrices dont nous avons publié de larges recensions illustrées ici. Et finalement, deux autres (5e et 6e) se sont déroulées ce week-end au cours des nuit du 1er au 2 puis du 2 au 3 juillet, sous grosse pression policière (plus celle exercée par les structures associatives para-municipales ou citoyennistes).

Ce qui a marqué ces cinquième et sixième nuits d’émeutes, que l’Etat et ses relais ont présenté comme beaucoup plus calmes malgré les 157 bâtiments incendiés ou dégradés en un court week-end, a notamment été que faute de pouvoir tenir suffisamment la rue ou effectuer des pillages abondants comme les jours/nuits précédents, on a aussi vu ces deux derniers jours des attaques plus ciblées et à moins nombreux, notamment de lieux dédiés à la Justice (tribunal, résidence pénitentiaire ou Maison du Droit – à Créteil, Aix-en-Provence, Blois, Forbach, Villeneuve-sur-Lot), d’un club de tennis et d’une base de loisirs ou de biens privés appartenant aux maires. Mais qu’on se rassure, les institutions de la domination de proximité (centre social, médiathèque, mairie, école, police) n’ont pas été épargnées non plus…

Quelques chiffres

Pour la nuit de samedi 1er à dimanche 2 juillet, le ministère de l’Intérieur a recensé 871 incendies sur la voie publique, 958 de véhicules et 123 de bâtiments. Au total, 26 repaires de flics (dix commissariats, dix casernes de gendarmerie et six postes de police municipale) ont été attaqués. Le ministère de l’Intérieur rapporte 45 membres des forces de l’ordre blessés et quelque 773 personnes interpellées lors de la cinquième nuit de révolte.

Pour la nuit de dimanche 2 à lundi 3 juillet, le ministère de l’Intérieur a recensé 352 incendies sur la voie publique, 297 voitures brûlées et 34 bâtiments incendiés. Quelque 157 personnes ont été interpellées lors de cette sixième nuit de révolte.

Ile-de-France

A Lognes (Seine-et-Marne), la nuit du 1er au 2 juillet, le centre social Simone Signoret a été pris pour cible à la voiture bélier, qui a ensuite été enflammée.

À Groslay (Val d’Oise), un véhicule de police municipale est incendié devant le poste de police la nuit du 1er au 2 juillet.

A Nanterre (Hauts-de-Seine), une camionette de formation aux gestes de secours de la Croix-Rouge est incendié dans la nuit du 1er au 2 juillet. Dans un communiqué, la Croix-Rouge indique que ce camion contenait l’ensemble de leur matériel de formation grand public et évoque un préjudice financier « très important ».

A Nanterre toujours, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet vers 2h du matin, une vingtaine d’émeutiers ont attaqué une résidence du domaine pénitentiaire qui héberge les familles rattachées aux ministères de l’Intérieur et de la Justice. Les voitures de la résidence ont été défoncées et des vitres de logements ont volé sous les pierres et mortiers d’artifice.

A La Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), le club house du tennis-club est incendié dans la nuit du 1er au 2 juillet. Le club est désormais inaccessible car le toit est endommagé, et son tournoi, qui devait se terminer le 9 juillet, est annulé.

À Fosses (Val d’Oise), dans la nuit du 1er au 2 juillet, la salle de spectacle Germinal a été en partie incendiée vers 1h10 du matin. Un peu plus tôt, vers 23h45, des émeutiers s’en sont pris à la gendarmerie et à des logements de gendarmes qui ont été dégradés.

A Pantin (Seine-Saint-Denis), la maison de quartier des Courtillières est incendiée la nuit du 1 au 2 juillet. Quatre bureaux de tabac ont notamment été saccagés et pillés dans le département.

Dans les Yvelines, un local associatif a été incendié à Mantes-la-Jolie et un autre à Limay.

A L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), le domicile du maire est pris pour cible vers 1h30 du matin (dimanche 2 juillet). Le portail de son domicile est enfoncé à la voiture-bélier, qui est ensuite incendiée.

Paris. Dans le 13e arrondissement (quartier Olympiades), deux policiers de la BAC sont blessés au fusil à grenaille la nuit du 1er au 2 juillet. L’un d’eux a été touché dans le dos, l’autre au niveau du ventre, sous son gilet pare-balles. Une enquête a été ouverte pour « tentative d’homicide volontaire », précise le parquet de Paris.

A Draveil (Essonne), la nuit du 2 au 3 juillet entre 23h et 0h30, la base de loisirs du Port aux Cerises est touchée par une incendie : « Plusieurs départs de feu ont été constatés dans différentes pièces de la galerie technique. Des armoires électriques et des analyseurs ont été détruits volontairement. Tout porte a croire qu’il s’agit d’un acte criminel ciblé  », note le président du Conseil syndical de l’Ile de loisirs. Il n’y aura pas de baignade cet été sur le premier lieu touristique du département, qui accueille entre 800 000 et un million de passages par an.

Créteil (Val-de-Marne), la nuit du 2 au 3 juillet, une trentaine d’individus a attaqué le tribunal vers minuit et demi avec des tirs de mortier, provoquant un début d’incendie et l’intervention de la BRI sur place.

Nord

Lomme (Nord), le supermarché Le Triangle part en fumée vers 2h du matin la nuit du 1 au 2 juillet.

Feignies (Nord), vers 3h la nuit du 1er au 2 juillet, la médiathèque est incendiée avec un feu de poubelles déposées devant. La salle d’atelier d’arts plastiques est calcinée.

Barlin (Nord), la nuit du 2 au 3 juillet vers 4h du matin, six véhicules stationnés sur le côté du concessionnaire Peugeot ont été incendiés, puis le feu s’est propagé à l’ensemble du garage où se trouvaient dix autres véhicules.

A Grenay (Pas-de-Calais), la nuit du 2 au 3 juillet, un bus de transport scolaire de la région Hauts-de-France est incendié vers 21h40 avenue de la République.

A Hazebrouck (Nord), samedi 1er juillet vers 1h du matin, le véhicule des agents de surveillance de la voie publique (ASVP, sous-flics municipaux) est incendié sur le parking à l’arrière de la mairie. « Les agents disposent par ailleurs de quatre vélos », ajoute pince sans rire le journal local.

Grand Est

A Valdoie (Terr. de Belfort), la Maison pour Tous, le bâtiment municipal qui sert de local à différentes associations est incendié la nuit du 1er au 2 juillet.

A Epinal (Vosges), les véhicules de deux structures sont attaqués à la suite, la nuit du 2 au 3 juillet. D’abord ceux de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) d’Epinal, située allée des Noisetiers, dont l’un est incendié et le second perd ses vitres. Puis cinq véhicules de l’AVSEA (Association Vosgienne Sauvegarde Enfance Adolescence) qui partent tous en fumée.

Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Une camionnette de livraison du magasin d’électroménager Boulanger est incendiée dans la nuit du 2 au 3 juillet, vers 2h30 du matin. Les flammes ont endommagé une partie de la façade arrière du magasin.

A Forbach (Moselle), dans le quartier du Wiesberg, la Maison de la justice et du droit fait l’objet de sérieuses dégradations dans la nuit du 1er au 2 juillet, suite à une tentative d’incendie

Rhône-Alpes

A Roanne (Loire), dans le quartier du Parc, le bâtiment municipal qui abrite une partie du centre social Condorcet est incendié la nuit du 1er au 2 juillet.

Ouest

A Brest (Finistère), dans le quartier de Keredern, la cantine du groupe scolaire Paul-Dukas est incendiée la nuit du 1er au 2 juillet : 100 m² sur 400 ont été détruits. De plus, dix voitures de la concession Renault Occasions ont été incendiées dans le quartier de Pontanézen (route du Gouesnou).

A Plougastel-Daoulas (Finistère), dans la nuit du 1er au 2 juillet, un bus scolaire garé à hauteur du collège Sainte-Anne est incendié vers 4h du matin.

A Angers (Maine-et-Loire)dans le quartier de Belle-Beille, la Maison des familles, qui regroupe différentes associations dans une annexe du centre social Jacques-Tati, est incendiée la nuit de samedi 1er à dimanche 2 juillet.

A Coudray (Eure),dans la nuit du 1er au 2 juillet vers 3h30 du matin, le double vitrage de la mairie est attaqué sur le côté à l’aide d’une masse, puis deux molotovs sont lancés à l’intérieur à travers le trou, enflammant plusieurs bureaux de l’édifice.

A Lorient (Morbihan), au matin du 1er juillet, l’incendie d’une poubelle enflamme un transformateur électrique rue Benjamin-Delessert, dans le centre-ville. Le site administratif qui héberge l’hôtel des impôts, le bâtiment de la Sécurité sociale, celui de l’inspection du travail est privé de jus toute la journée.

A La Riche (Indre-et-Loire), vers 1 h 30 du matin la nuit du 1er au 2 juillet, des émeutiers sont rentrés dans le jardin du maire pour incendier sa voiture où elle était garée.

Lisieux (Calvados), dans le quartier de Hauteville, le tabac est pillé avant d’être incendié la nuit du 2 au 3 juillet.

Lucé (Eure-et-Loir), dans la nuit du 30 juin au 1er juillet vers 3h45, un molotov est lancé dans un véhicule stationné sur un parking :il s’agissait de la voiture du maire. L’habitacle s’est embrasé et les flammes se sont propagées à une autre voiture garée juste à côté.

A Châteauroux (Indre), le collège Rosa-Parks est attaqué dans la nuit (notamment son entrée) du 1er au 2 juillet, et décide de rester fermé pour toute la journée de lundi. Déjà ça de gagné pour les élèves…

Centre

A Montluçon (Allier), la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, un élu a fini la soirée aux urgences. Il a été touché à la tête par une pierre lancée par les émeutiers en direction d’une délégation d’élus qui tentaient de s’interposer. Dans le quartier de Ville-Gozet, une quarantaine d’émeutiers s’en sont pris à plusieurs magasins, dont l’enseigne spécialisée dans l’aide à domicile Solutia a fait les frais en finissant incendiée. Les émeutiers ont ensuite pris la direction du centre commercial Saint-Jacques 2. Après avoir brisé les vitres d’Intersport, ils ont réussi à pénétrer dans le magasin en le pillant. Si les vitres de Darty ont été également endommagées, les émeutiers n’ont pas réussi à rentrer dedans.

Orléans (Loire), dans le quartier de l’Argonne, trois camionnettes de l’association Orléans insertion emploi (OIE, 135 salariés) partent en fumée sur leur parking la nuit du 2 au 3 juillet.

Blois (Loir-et-Cher), dans la nuit du 1er au 2 juillet entre 2h30 et 3h du matin, une poubelle incendiaire est allumée place Lorjou dans un bâtiment institutionnel, sous la cage d’escalier près de l’entrée arrière du bâtiment. Celui héberge la Maison de la justice et du droit, l’Union départementale des associations familiales (UDAF) ou France victimes. Si l’incendie a pu être éteint, tout le sol et les murs sont recouverts de suie, mettant à l’arrêt forcé tout ce beau monde.

Sud

A Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), les deux voitures de la police municipale garées devant le tribunal sont incendiées, touchant les murs du bâtiment. Le tribunal d’instance n’a pas pu ouvrir ses portes lundi.

A Moissac (Tarn-et-Garonne), vers 3h30 la nuit du 1er au 2 juillet, les véhicules garés derrière le haut portail métallique donnant accès au parking municipal à proximité de la mairie sont incendiés : trois appartenaient à la police municipale et sont complètement détruites.

A Albi (Tarn), la porte de la préfecture du Tarn est incendiée la nuit du 1er au 2 juillet par des émeutiers.

À Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans le quartier du Jas-de-Bouffan, la maison de la Justice et du Droit est incendiée pendant la nuit du 1er au 2 juillet peu après minuit. Plusieurs émeutiers se sont introduits dans les locaux et ont incendié la salle de réunion et l’accueil. D’autres émeutiers D’autres ont tenté en vain de forcer la porte de la mairie annexe du quartier.

A Marseille (Bouches-du-Rhône). Dans la journée de samedi 1er juillet, plusieurs centaines de jeunes émeutiers harcèlent l’important dispositif de forces de l’ordre qui a été déployé dans le centre-ville. Un hélicoptère de la gendarmerie survole en permanence le quartier. Repoussés par les forces de l’ordre depuis la Canebiere, quelques groupes d’émeutiers sont arrivés sur la place vers 22 heures. Incendies de poubelles, tirs de gaz lacrymogènes, interpellations de trois hommes qui tentaient de dévaliser un tabac. A 23 heures, plusieurs groupes tentent de s’en prendre aux centres commerciaux de Grand Littoral (où un Cash Converters est pillé) et du Merlan dans les quartiers Nord et de Bonneveine, tout au sud.

Dans la nuit du 1er au 2 juillet entre minuit et 1h du matin, une concession Volkswagen est attaquée dans le quartier des Arnavaux (nord), où 38 voitures (neuves principalement, sans plaque d’immatriculation) sont volées après que le portail ait été détruit à la voiture-bélier. De leur côté, les policiers étaient alors surtout concentrés sur les minots à l’autre bout de la ville (La Canebière et vers le Vieux Port), et non pas dans les quartiers Nord. Ils sont arrivés plus tard, comme la cavalerie, vers 2h du matin.
Les pertes pour les commerçants de la région Aix-Marseille sont estimées par les assureurs « à plus de cent millions d’euros« , selon Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille-Provence. Rien qu’à Marseille ces derniers jours, ce sont « quasiment 400 commerces » qui ont été vandalisés, « une partie en centre-ville mais aussi dans des centres commerciaux ».

[Synthèse de la presse locale et nationale, 3 juillet 2023]


Les chiffres du jour sur les émeutes

5 juillet 2023, Sans Nom

Au total entre la nuit du 27 au 28 juin et celle du 3 au 4 juillet, il y a eu officiellement 12 031 véhicules brûlés, 2 508 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 273 locaux de la police nationale, municipale et de la gendarmerie, 105 mairies incendiées ou dégradées, 168 écoles qui ont fait l’objet d’attaques. 722 membres des forces de l’ordre ont été blessés.

3 625 personnes ont été placées en garde à vue
sur l’ensemble du territoire (dont 1124 mineurs). Parmi l’ensemble des interpellés, « la moyenne d’âge est entre 17 et 18 ans (…) le plus jeune a 11 ans et le plus âgé 59 ans, un tiers sont mineurs », « 60% du total n’ont pas de casier judiciaire », « 10% des personnes interpellées sont non-françaises et il y a eu 40 placements en centre de rétention administrative » selon le ministre de l’Intérieur. Sur le nombre de gardés-à-vue, 990 majeurs et 253 mineurs ont été déférés devant le parquet, et 480 majeurs renvoyés au tribunal en comparution immédiate. A ce jour, 380 personnes ont été envoyées en prison, qu’elles aient été condamnées ou placées en détention provisoire en attente d’un procès.

Du côté des dégâts, l’Association des maires de France (AMF) fait état de« 150 mairies ou bâtiments municipaux attaqués depuis mardi, une première dans l’histoire du pays ». Et la Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a annoncé que 436 bureaux de tabacs ont été touchés depuis le début des émeutes, les trois quarts d’entre eux ont été pillés et 10% ont été totalement détruits.

De plus, environ 370 agences bancaires ont été vandalisées ces derniers jours, dont 80 détruites ou incendiées, selon la Fédération bancaire française (FBF). Sur les 7 000 bureaux de poste présents sur le territoire national, 80 n’ont pas pu rouvrir notamment en raison des destructions, 150 ont « été impactés » et 80 distributeurs automatiques de billets de La Banque Postale « ont été détruits.

Les dégâts pour les entreprises seraient de l’ordre d’un 1 milliard d’euros, selon Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, le syndicat patronal. Les assureurs font quant eux état d’une facture de départ de 280 millions d’euros, avec les 5800 premières déclarations de sinistres reçues. À titre de comparaison, après plusieurs semaines d’émeutes en 2005, la facture s’était élevée à 204 millions pour les assureurs. Et ce n’est qu’un début des évaluations. Quant à Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France (AMF) et maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) il estime que « si on fait le total de ce qui s’est passé sur les bâtiments communaux, les bâtiments publics, la voirie et évidemment les destructions dans les commerces, on doit être à plusieurs centaines de millions d’euros, 300, 400 millions d’euros« …

Dans la région Ile-de-France, c’est en tout 39 bus et une rame de tramway du T6 qui ont été brûlés depuis le 28 juin, dont le total est estimé à « au moins 20 millions d’euros de dégâts » pour les transports publics dans la région. Des dépôts de bus ont été incendiés à Aubervilliers, Provins, Evry, le Blanc-Mesnil, Dugny ou Savigny-sur-Orge. Dix stations de tramway ont été détruites sur les lignes T5, T6, T8 et T9 pour un montant de 2 millions d’euros.

Enfin, « sur les 500 villes qui ont des quartiers prioritaires (QPV), plus de 150 n’ont pas connu d’échauffourées et une cinquantaine de villes qui n’ont pas de quartiers politique de la ville ont connu des échauffourées », a recensé le ministre de l’Intérieur au Sénat le 5 juillet. Et selon les décomptes établis par le ministère de l’Éducation nationale dimanche 2 juillet, 210 établissements scolaires ont subi des incendies et des dégradations (feux de poubelles, destruction ou des tentatives d’effractions). Des classes bien sûr, mais aussi des salles des professeurs et des bureaux administratifs ont été dégradés, voire totalement détruits. Avec «  une soixantaine d’établissements qui ont subi des dégâts importants, dont une dizaine ont été détruits ou partiellement détruits » a déclaré le ministre de l’Éducation nationale.

[Mis à jour avec les chiffres du ministère de la Justice, bilan arrêté mardi 4 juillet à 20h, et ceux donnés par le ministre de l’Intérieur lors de son audition au Sénat le 5 juillet après-midi.]



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