La première fois que j’ai entendu « ils sont différents de nous, ils n’accordent pas la même valeur que nous à la vie humaine », j’étais au lycée en Floride. L’homme qui parlait était un recruteur de l’armée s’adressant à une bande de garçons, leur expliquant ce qu’était vraiment l’armée et ce à quoi ils devaient s’attendre outre-mer. Un sentiment de colère froide m’avait envahie. J’avais entendu le mot "ils" prononcé sur le même ton dur, avant. "Ils", ces gens là-bas, ces gens ne sont pas nous, ils meurent si facilement, s’entre-tuent si aisément. Ils sont différents. "Nous", j’ai pensé. "Moi."
Ma famille et moi, nous avons toujours été "eux". Qui suis-je ? me demandai-je en écoutant ce recruteur. Qui sont mes semblables ? Nous mourons si facilement, disparaissons si sûrement – nous/elles/eux, les pauvres et les queers. J’ai pressé mes pauvres poings blancs osseux contre ma bouche de lesbienne têtue. La fureur était une bonne sensation, plus forte et plus pure que la honte qui lui succédait, que la peur et l’envie soudaine de courir et de se cacher, de nier, de faire semblant de ne savoir ni qui j’étais ni ce que le monde me faisait.
J’ai grandi dans la pauvreté, la haine, victime de violence physiques, psychologiques et sexuelles, et je sais que souffrir ne rend pas noble. Ça détruit. Pour résister à la destruction, à la haine de soi ou au désespoir à vie, nous devons nous débarrasser de la condition de mépriséE, de la peur de devenir le "eux" dont ils parlent avec tant de mépris. Nous devons refuser les mythes mensongers et les morales faciles. Nous devons nous voir nous-mêmes comme des êtres humains, avec des défauts, et extraordinaires. Nous touTEs – extraordinaires.
MOTS: Féminisme, (questions de) genre
Articles
-
Une Question de Classe
27 décembre 2014, par Dorothy Allison -
"En êtes-vous bien sûre ?"
30 mars 2022, par Fanny Sabbah, Nicolas Bonanni« Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie », dit le proverbe. C’est le préjugé auquel sont confrontées les femmes qui demandent à leur médecin une stérilisation, pourtant autorisée par la loi sans restriction.
Sommaire :
L’accident de trop
Politique contraceptive en échec
Les médecins se défilent
Une bonne couche de paternalisme
Non, je ne regrette rien
« Un enfant, si je veux, quand je veux ! »
Droit à l’enfant versus droit à ne pas en avoir ?
Encart / En pratique
Encart / Rendez-moi ma testostérone ! -
Vulvatomique
26 août 2022, par Rosae canine" Rosæ Canine est une collective d’herboristes militantes et féministes pour la réappropriation des corps. A la convergence des sciences, des savoirs empiriques et des intuitions, nous organisons des rencontres autour de l’usage des simples, et en particulier des plantes de la sphère gynécologique et urologique.
Notre soulèvement est politique, Queer, anticapitaliste, libertaire. Nous contestons toute forme d’oppression, et militons pour la libre circulation des personnes et des savoirs.
A travers balades et ateliers hybrides, nous tentons d’aborder de la manière la plus inclusive possible nos sexualités ou asexualités, pour questionner ensemble nos ressentis et nos états de corps."
-
Femmes trans en prison
17 juillet 2011, par CollectifCette brochure tente de mettre à jour la situation des femmes trans en prison.
« Le directeur est venu dans ma cellule et m’a dit "Tu as un pénis ou un vagin ?" J’ai dit "un pénis". Il m’a dit "voyons voir", alors j’ai dû lui montrer. Et puis il a dit "On ne va pas te soigner, ici. Il est plus que probable que tu finisses par te tuer." Il a eu un sourire narquois, il est sorti et voilà. »
« Le sergent est passé derrière moi, m’a touché les seins, m’a pincé les tétons avec ses doigts, les a fait rouler et m’a touché les fesses, les a serré, les a claqué. J’ai porté plainte et ils sont venus me dire que je ne quitterais jamais la prison vivante. »
« Ils ont mis cet homme dans ma chambre. Il m’a dit : "Voilà pourquoi tu es dans ma chambre : pour être ma femme." C’est ce qu’ils veulent tous ici, ils veulent une jolie transgenre. C’est leur cerise sur le gâteau. »
« Je me sens femme dans une prison d’hommes. J’ai des seins, un traitement hormonal, pas de pénis, mon nom officiel est féminin. Je devrais être dans une prison pour femmes. »La transphobie en prison n’est que le reflet exacerbé de la transphobie générale de la société. De même, les personnes trans en prison ne font que subir, d’une manière exacerbée par la transphobie, les mauvais traitements infligés aux prisonnierEs en général.
-
Le dilemme de Cologne
1er janvier 2019, par MélusineLe titre de ce texte fait référence à une vague d’agressions sexuelles qui a eu lieu à Cologne la nuit du 31 décembre 2015, celle-ci ayant provoqué par la suite un déferlement médiatique anti-migrants, ceux-ci étant supposés être, en tant que groupe social homogène, les responsables de ces agressions...
Été « burkini », bar de Sevran, femmes « en voie de disparition » à la Chapelle… Le débat public mêle allègrement féminisme instrumentalisé et racisme décomplexé. Entre le marteau et l’enclume, quel espace politique pour les femmes racisées ?
-
Comprendre le patriarcat
11 avril 2019, par bell hooksDans ce texte, extrait de son livre The Will to Change : Men, Masculinity, and Love, bell hooks parle de son expérience personnelle du patriarcat, notamment dans son enfance, puis de comment il affecte les femmes et les hommes.
-
Toute rage dehors
8 mars 2020, par anonymes, Toute rage dehors« C’est koi ça ?
Des mots sur la vengeance, la revanche, l’autodéfense, l’attaque, la riposte.
Une idée qui a émergée il y a deux trois ans. Ca fait long ! Des positions figées sur le papiers mais qui voudrait encore s’élargir, s’approfondir, ou s’affiner.Ce zine vient de l’envie de partager des expériences contre le patriarcat là où
il s’incarne parce que moi ça me fait du bien d’en lire. Un appel à
contribution a donc été lancé pour collecter les petites et grandes histoires de
nos quotidiens qui parlent de la manière dont on a réussi à ne pas rester
seul.e avec ces violences qu’on nous met dans la gueule. Celles qu’on a
réussi à renvoyer avec rage et colère. Une envie de visibiliser ces moments
pour se rappeler que c’est possible mais aussi et surtout pour se donner des
idées, des petits trucs et astuces qu’on a essayé et qui ont marché (plus ou
moins bien). Que ce soit pour rendre le crachat au harceleur de rue ou que ce
soit par des petites et grandes vengeances faites à un.e personne auteur.e que
ce soit dans l’intime, dans "nos milieux" ou dans des espaces plus large.Une manière de faire vivre la riposte et la vengeance comme quelque chose
de concret. La proposition s’ancre dans une vision anarchistequeer
feministe, qui cherche à trouver les solutions en nousmêmes et avec nos
potEs complices et non dans l’appel à une quelconque institution qui
existerait pour nous protéger ou qui chercherait à parler en mon nom. » -
Plaisirs de femmes
16 juin 2009, par Les FarfadettesRéflexions et témoignages de femmes, sur nos sexualités, nos corps, nos plaisirs, nos blocages, nos aventures heureuses et malheureuses...
-
Bouteldja, ses « sœurs » et nous
12 octobre 2016, par MélusineCe texte constitue une réponse à l’arnaque qu’est le livre d’Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous – Vers une politique de l’amour révolutionnaire. Mélusine focalise notamment son attention sur le chapitre "Nous, les femmes indigènes", mais au-delà de la critique, c’est surtout l’occasion d’exprimer une position féministe et antiraciste alternative.
« L’amour révolutionnaire que propose Bouteldja est une arnaque, et cette arnaque n’est même pas audacieuse ou originale, c’est le rappel à l’ordre ordinaire des femmes : tu ne t’appartiens pas, tu es à nous – à nous les hommes, à nous la famille, à nous le peuple, à nous la nation. (...) Susciter le respect par l’abnégation et l’endurance silencieuse, voilà la seule récompense à laquelle peut prétendre la femme loyale à son sang. Comment céder à cette arnaque qui va si nue, si claire, si franche ? »
-
Le mouvement de libération transgenre
14 janvier 2011, par Leslie Feinberg"Cette brochure constitue une tentative de retracer le développement historique d’une oppression qui, à ce jour, ne porte pas encore un nom bien connu. Nous parlons ici de personnes qui sont un défi aux frontières sociales de genre."