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L’agriculture industrielle et le chaos climatique
mis en ligne le 27 mars 2020 - The Climate Collective
POUR LA JUSTICE CLIMATIQUE, ÉCRASONS L’AGRICULTURE INDUSTRIELLE
Il est temps de reconnaître le rôle majeur de l’agriculture industrielle dans la crise climatique. Le mouvement pour la justice climatique a su exposer avec succès comment l’industrie des énergies fossiles est en train de brutalement tuer la planète afin de faire des profits, mais jusqu’à présent le rôle du système agricole industriel est largement passé inaperçu. Ce livret montre comment le business de l’agriculture met en place de fausses et dangereuses solutions à la crise climatique, pour continuer à étendre leurs marchés et leurs activités destructrices. Ensemble, individus et groupes luttant pour une justice climatique mondiale, élargissons le point de mire du mouvement pour la justice climatique et démantelons le système agricole industriel !
Le système agricole industriel dépossède les paysan·ne·s de leurs terres et crée des méga-plantations en monoculture, produisant pour le marché mondial des bio-carburants, de la nourriture pour les animaux et des ingrédients pour la fabrication de nourritures industrielles. L’agriculture industrielle produit sans se soucier de la nature, de la biodiversité ou de la sécurité alimentaire au niveau local, elle est une des causes principales de la crise climatique. Il est estimé qu’entre 44 % et 57 % des émissions globales de gaz à effet de serre (GES) ont pour origine l’agriculture industrielle. La seule production et l’utilisation des engrais de synthèse représentent 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre , en prenant en compte l’utilisation d’énergie fossile par cette industrie et sa dépendance à la fracturation hydraulique et à la dégradation des sols. De vastes terres arables sont détruites pour trouver des minéraux rares et des énergies peu chères.
Ce n’est pas une coïncidence si les mêmes quelques sociétés qui produisent des engrais, des pesticides et des monocultures sont aussi celles qui dominent les processus politiques mondiaux et les décisions politiques en matière agricole, apportant de fausses solutions pour résoudre la crise climatique. Elles ne font cela que dans le but d’étendre les marchés de leurs produits, par exemple en forçant les paysan·ne·s à utiliser des engrais de synthèse, des pesticides et des semences brevetées. Le seul but des « solutions » qu’ils proposent est de nous maintenir prisonniers dans un modèle mortel de production agricole industriel.
STOP À L’EXPLOITATION DE LA TERRE
Nous devons mettre fin aux pratiques dévastatrices du système agricole industriel et arrêter les quelques sociétés qui le contrôlent. Nous savons déjà à quoi ressemblent les solutions : l’agroécologie, les pratiques agricoles durables et la souveraineté alimentaire qui sécurise l’auto-détermination en matière de système alimentaire. Détruisons l’agriculture industrielle au nom de la justice climatique ! Éduquons-nous, partageons nos connaissances, créons des réseaux de résistance, menons des actions, et frappons les industriels là où cela fait le plus mal.
En 2019, une action collective de masse aura lieu en Europe du Nord contre l’un des principaux acteurs du système agricole industriel. Cette action vise à mettre fin à la destruction en s’attaquant à ses origines et à mettre en lumière les pratiques dévastatrices de l’agriculture industrielle.
De la nourriture pour les peuples, pas pour le profit !
L’agriculture industrielle
L’agriculture telle que nous la connaissons aujourd’hui est le résultat du développement capitaliste des sociétés industrielles. Les méthodes industrielles en agriculture se sont plus particulièrement développées en Occident après la Seconde Guerre mondiale.
L’agriculture industrielle est caractérisée par la :
– Spécialisation - L’agriculture industrielle est généralement spécialisée dans une production, par exemple les produits laitiers ou le blé.
– Mécanisation - L’utilisation de machines de plus en plus grandes et de nouvelles technologies signifient des besoins en main d’œuvre de plus en plus faibles. Cela implique aussi la nécessité de gros investissements dans des équipements technologiques.
– Concentration - L’agriculture est concentrée dans quelques endroits, mais sur de plus grandes surfaces. Les terres des petits producteurs sont achetées et regroupées, en conséquence, un petit nombre d’entreprises agro-industrielles possèdent d’énormes surfaces agricoles.
– Utilisation intensive des engrais de synthèse et des pesticides - Les méthodes agricoles traditionnelles sont remplacées par une production fondée sur l’utilisation de produits industriels, par exemple des engrais de synthèse.
– Monoculture - Typiquement, une seule espèce est cultivée sur de grandes surfaces. Les cultures tournées vers l’exportation, pour la nourriture animale, les bio-carburants, et la production de nourritures industrielles, sont particulièrement priorisées. Au niveau mondial, la production de soja, de maïs, de colza, de blé, de canne à sucre, de riz et d’huile de palme augmente au détriment de la sécurité alimentaire locale et de la biodiversité.
Suite à l’expansion du capitalisme aux quatre coins du monde, les modes de production agricole ont également été soumis aux grands principes du capitalisme : concurrence, profit et prix. L’objectif de l’agriculture, aujourd’hui, est de produire le plus possible, le plus rapidement et le moins cher possible, sans tenir compte des conséquences sociales et environnementales. Voilà le fondement de l’agriculture industrielle. L’industrie agricole a également une énorme responsabilité dans la crise climatique, notamment en raison de l’utilisation d’engrais synthétiques ainsi que de technologies et machines qui ont besoin de quantités incroyables d’énergie fossile.
Dans le système de l’agriculture industrielle, les multinationales sont les gagnantes, au détriment des paysan·ne·s, des consommateur·trice·s et des populations en général. Elles tirent d’énormes sommes de la vente d’organismes génétiquement modifiés (OGM), d’engrais synthétiques, d’hormones, d’antibiotiques et de technologies agricoles de pointe, alors que la part des agriculteur·trice·s est de plus en plus petite.
S’ATTAQUER AU SYSTÈME AGRO-INDUSTRIEL
Malgré la compréhension croissante des effets des systèmes agricoles sur le changement climatique, il n’y a pratiquement aucun·e politicien·ne·s prêt à remettre en question le modèle de production actuel.
Les multinationales et les gouvernements du monde entier préfèrent à la place miser sur de fausses « solutions », comme « l’Agriculture intelligente face au climat », des cultures OGM résistantes à la sécheresse ou la géo-ingénierie à grande échelle.
Si l’agriculture doit faire partie de la solution à la crise climatique, alors nous devons changer fondamentalement le système agricole industriel mondialisé qui est contrôlé par les sociétés multinationales, et travailler à la mise en place de systèmes locaux gérés les paysan·ne·s.
Le rôle de l’agriculture dans la crise climatique peut être fortement réduit et les émissions mondiales de gaz à effet de serre réduites de moitié en quelques décennies si une redistribution des terres vers les petits agriculteur·trice·s est assurée et combinée à des méthodes qui recréent la fertilité des sols et à des politiques qui soutiennent les marchés locaux.
Nous n’avons pas besoin de beaucoup de recherche ou de nouvelles technologies. Les pratiques agricoles paysannes qui constituent la solution sont déjà connues et pratiquées.
AGRO-INDUSTRIE, CAPITALISME ET COLONIALISME
L’agriculture industrielle et l’escalade de la crise climatique sont connectées. Malgré le fait que l’agriculture mondiale a augmenté sa production ces dernières décennies, la sécurité alimentaire au niveau mondial ne s’est pas améliorée – des millions de personnes n’ont toujours pas accès à une alimentation suffisante puisque le but de l’agriculture industrielle n’est pas de produire de la nourriture, mais de faire des profits. La nourriture n’est qu’un produit secondaire. Le système agricole que nous connaissons aujourd’hui – mondialisé, industriel, exportateur – est la continuité des schémas de colonisation passés. Lorsque les européens ont colonisé l’Afrique dans les années 1800, les terres les plus fertiles ont été confisquées. Les petites fermes, qui pendant des siècles ont produit des variétés locales pour une consommation locale, ont été accaparées par les colonisateurs européens et transformées en d’immenses plantations produisant des cultures propices à l’exportation – comme le café, les palmiers à huile ou la canne à sucre.
Les multinationales continuent aujourd’hui ce processus d’accaparement de terres et sont souvent soutenues par les gouvernements. Cela a entraîné et entraîne toujours une réduction de la production alimentaire pour les communautés locales et une destruction de leur sécurité alimentaire. Le besoin continu d’expansion de ces plantations a également entraîné le défrichage de millions d’hectares de forêts et d’autres espaces naturels. Cela cause des destructions environnementales massives, par exemple à cause des phénomènes d’érosion qui suivent la déforestation. L’agriculture industrielle moderne, en se concentrant exclusivement sur les variétés servant à l’industrie agroalimentaire et se vendant sur les marchés internationaux, détruit la production locale de nourriture. La plupart de ces variétés sont utilisées pour les bio-carburants, l’alimentation du bétail ou comme ingrédients pour la nourriture industrielle. Un exemple de cela est l’accaparement d’immenses terrains en Argentine, au Brésil et aux États-Unis, par l’industrie de la viande du Nord de l’Europe, pour produire du soja qui sert d’alimentation à leurs animaux.
Aujourd’hui, les paysans sont de plus en plus sous pression. Les États et les grandes sociétés agricoles achètent d’immenses terres agricoles, grâce à des méthodes coercitives permises par des flous juridiques. En faisant cela, ils ignorent les droits fonciers des populations locales et leur volent leur accès à la terre, à l’eau et à l’alimentation. Bien que ce soit l’agro-industrie qui possède la vaste majorité des terres agricoles dans le monde, ce sont toujours les paysan·ne·s qui produisent la majorité de l’alimentation mondiale. Ces paysan·ne·s sont typiquement plus productif·ve·s en terme de rendement par unité, et peuvent potentiellement encore plus augmenter leur production en utilisant des méthodes écologiquement durables.
– Il est estimé qu’environ 72 % des exploitations agricoles dans le monde font moins d’un hectare. Ces paysan·ne·s ne contrôlent que 8 % des terres agricoles dans le monde. Néanmoins, il est estimé que les paysan·ne·s d’Afrique et d’Asie sont responsables de 70 % de la production alimentaire mondiale.
LA PROPRIÉTÉ LOCALE DES TERRES ET LE CHANGEMENT DE CAP LOCAL
Une des solutions à la crise climatique, et pour assurer une véritable souveraineté alimentaire pour tous, est de démanteler le complexe agro-industriel et de rendre les terres aux paysan·ne·s. Ils peuvent produire plus efficacement et par des méthodes plus respectueuses de la planète qui émettent bien moins de gaz à effet de serre . Une grande part des émissions du système agricole peut aussi être réduite en se concentrant sur les aliments frais et la production locale, plutôt que sur la nourriture industrielle et la viande bon marché.
Comment l’agriculture industrielle contribue à la crise climatique.
D’après le livre de GRAIN « Hold-up sur le climat »
Entre 44 et 55% de toutes les émissions de gaz à effet de serre ont pour origine le système agricole mondial, qu’on peut décomposer ainsi :
– 11-15 % Production agricole
L’agriculture émet entre 11 et 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre , principalement par son usage d’intrants industriels, comme les engrais de synthèse, l’essence pour les tracteurs, les systèmes d’irrigations et l’excès de fumier provenant de la production intensive de viande.
– 15-18 % DÉFORESTATION
L’agriculture industrielle est constamment à la recherche de plus de terres arables. Savanes, zones humides et forêts sont détruites et accaparées partout dans le monde. Selon la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) l’agriculture est responsable de 70 à 90 % de la déforestation dans le monde, soit entre 15 % et 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre .
– 8-10 % TRANSFORMATION ET EMBALLAGE.
La transformation est une part très profofitable du système agricole industriel. La production de repas tout prêts, d’en-cas et de boissons est extrêmement énergivore ce qui est aussi le cas de l’emballage de ces produits. La transformation et l’emballage permettent de remplir les supermarchés de centaines de formats et marques différentes, mais génèrent surtout beaucoup d’émission de gaz à effet de serre , jusqu’à 8-10 % des émissions mondiales.
– 5-6 % Transport.
Presque toute notre nourriture est transportée sur des milliers de kilomètres avant d’atteindre notre assiette. Ainsi, de la nourriture pour bétail peut être cultivée en Argentine, puis des poulets au Chili sont nourris avec, et ensuite envoyés en Chine pour être "transformés" , et ils sont finalement servis dans un McDonald’s en Allemagne. Une estimation prudente est que l’agriculture est responsable d’un quart des émissions totales liées aux transports, ce qui équivaut à 5 ou 6% des émissions mondiales.
– 3-4% DÉCHETS
Le système agricole industriel jette jusqu’à la moitié de la nourriture qu’il produit. La perte se produit lors des longs trajets, depuis les champs jusqu’aux revendeurs ou restaurants en passant par les usines de transformation. Sur le total des émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 3,5 et 4,5% sont
causées par les déchets, sachant que 90% des déchets découlent de l’agriculture
– 2-4 % Réfrigération et vente
Les systèmes de réfrigération sont la pierre angulaire des supermarchés modernes et du système mondial de vente. La réfrigération est responsable de 15 % de la consommation mondiale et contribue, en tenant compte des fuites de produits chimiques permettant la réfrigération, à hauteur de 1 à 2 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre . La revente de produits alimentaires émet elle aussi entre 1 et 2%.
ENGRAIS DE SYNTHÈSE
– Azote (N), phosphore (P), potassium (K)
Les « ingrédients » des engrais synthétiques sont des substances naturelles. Le phosphore et le potassium se trouvent tous deux dans certaines roches. La source la plus importante de phosphore est le phosphate - une ressource non-renouvelable dont la formation prend de 10 à 15 millions d’années. Lorsque les réserves de phosphore seront épuisées, ce qui, avec le mode de développement actuel, se produira dans moins d’un siècle, il sera impossible de maintenir un modèle d’agriculture industrielle avec des rendements aussi élevés. L’engrais azoté est produit presque exclusivement à partir du gaz naturel dans un procédé extrêmement énergivore.
Le principe capitaliste de maximisation des profits est apparent dans l’utilisation des engrais pour augmenter les rendements bien au-delà de ce que peut supporter la terre si on veut conserver sa fertilité. L’agriculture industrielle exploite la terre à tel point que les engrais de synthèse vont devenir indispensables. Les engrais de synthèse sont la principale source d’émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture. La production d’engrais de synthèse, surtout azotés, demande d’incroyables quantités d’énergie. Il est estimé que la production d’engrais synthétiques absorbe 1 à 2 % de la consommation mondiale d’énergie, et la production augmente chaque année. Malgré un processus de production extrêmement énergivore, la plupart des émissions liées aux engrais ont lieu au moment de l’épandage, lorsqu’ils s’évaporent ou sont emportés par les eaux. Les engrais synthétiques sont des éléments nutritifs artificiels composés de combinaisons d’azote (N), de phosphore (P) et de potassium (K). Ces éléments sont tous présents à l’état naturel dans le sol, mais l’agriculture intensive les épuise plus vite qu’ils ne peuvent se régénérer naturellement.
– Pour chaque 100 kg d’engrais azoté répandu dans les champs, 1 kg s’évapore dans l’atmosphère sous forme de protoxyde d’azote ; un gaz 300 fois plus puissant que le C02 et donc extrêmement nuisible pour la couche d’ozone.
DES CRIMINELS CLIMATIQUES
L’industrie mondiale des engrais est dominée par un petit nombre de sociétés. La société d’engrais Yara, qui est partiellement détenue par l’État norvégien, domine le marché mondial des engrais azotés. Le marché du phosphore et du potassium est lui dominé par une poignée de sociétés, dont la société Mosaic basée aux États-Unis et la société canadienne PotashCorp.
DES TERRES AGRICOLES PLUS FERTILES
Si on arrête d’utiliser des engrais de synthèse, les émissions globales de gaz à effet de serre diminueront immédiatement de 10 %. La perte de matière organique dans les sols est une des causes principales des émissions occasionnées par l’agriculture industrielle.
En restructurant l’agriculture vers l’agroécologie et des méthodes plus douces, il est possible de régénérer les sols exploités par l’agriculture industrielle et d’avoir des terres agricoles plus fertiles et donc capables de stocker plus de CO2.
Si nous nous engageons pour ce processus, le niveau de matière organique dans les sols pourrait être ramené dans les 50 ans à ceux pré-industriels ; à peu près le même laps de temps qu’il a fallu à l’agriculture industrielle pour les faire chuter. Cette amélioration des sols pourrait réduire les émissions globales de gaz à effet de serre de 25 à 30 %.
PESTICIDES
L’utilisation d’engrais de synthèse et de pesticides a ouvert la voie au développement de l’agriculture industrielle et est l’une des principales raisons de la surexploitation des sols. Les pesticides sont utilisés pour lutter contre les plantes, insectes, champignons, rongeurs et tout autre organisme considéré comme nuisible. Si les engrais synthétiques sont la principale source d’émissions de l’agriculture industrielle, les effets des pesticides sur l’environnement sont, quant à eux, moins perçus. Les pesticides sont indispensables à l’agriculture industrielle ; c’est pourquoi les industries des pesticides voulant conserver leur statu quo et leur pouvoir, tentent de cacher l’impact négatif de ces pesticides sur l’environnement.
La mauvaise utilisation des pesticides entraîne la pollution des nappes phréatiques, une perte immense de biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols – ce qui ne fait qu’augmenter les besoins en engrais de synthèse.
L’utilisation de pesticides détériore les sols et conduit à la perte de matière organique. Cela contribue au chaos climatique puisque c’est la matière organique qui capture le CO2 dans les sols. L’utilisation des pesticides est aussi inséparable du modèle agricole industriel qui requiert de vastes zones de monoculture et l’utilisation de grands engins agricoles. Les terres agricoles sont traitées comme une ressource intarissable. Comme si, une fois surexploitées et empoisonnées, elles pouvaient être remplacées par de nouvelles et meilleures. C’est cette mentalité catastrophique qui a permis à l’industrie des pesticides d’acquérir un immense pouvoir. Un pouvoir qui est détenu par une poignée d’entreprises.
D’AUTRES CRIMINELS CLIMATIQUES
Les quelques entreprises qui dominent l’industrie des pesticides dominent aussi le marché des semences. Cela leur donne une immense influence sur le développement mondial de l’agriculture. Au cours des dernières années, le nombre de ces entreprises s’est de plus en plus réduit.
Parmi les plus grandes entreprises en 2017, Dow, DuPont, Bayer, Monsanto, BASF et Syngenta, contrôlent 75 % du marché mondial des pesticides et 63 % du marché des semences commerciales.
ARRÊTER L’UTILISATION DE PRODUITS CHIMIQUES
Arrêtons l’utilisation des produits chimiques en agriculture et à la place trouvons un pesticide capable d’exterminer le capitalisme. En retournant à des pratiques compatibles avec le climat, plus diversifiées et adaptées aux conditions locales, nous pouvons régénérer les terres agricoles, augmenter les rendements et créer une meilleure production alimentaire. Les savoirs nécessaires pour une agriculture durable qui ne dépend pas des produits chimiques existent encore chez les paysans à travers le monde.
AGRICULTURE INTELLIGENTE FACE AU CLIMAT OU AGRICULTURE INTELLIGENTE POUR L’ENTREPRISE
L’agro-industrie et les grandes entreprises d’engrais et de pesticides travaillent sans relâche pour « verdir » leurs produits et pour présenter de fausses solutions à la crise climatique. Une organisation en particulier, l’Alliance globale pour l’agriculture intelligente face au climat (ou la GACSA pour « Global Alliance for Climate-Smart Agriculture »), traite du rôle de l’agriculture dans le cadre des négociations internationales sur le climat. La GASCA apparaît comme une coalition à but non-lucratif, tournée vers l’action et dirigée par des agriculteurs, bénéficiant de nombreux partenaires. Malgré cela, seulement un petit nombre d’organisations d’agriculteurs font partie de cette alliance, elle est donc en grande partie dominée par de grandes entreprises d’engrais, dont Yara.
En 2009, l’expression « agriculture intelligente face au climat » était lancée afin de « promouvoir un changement de paradigme à tous les niveaux en agriculture ». Ces termes ne renvoient pas à un type spécifique de production, mais sont censés identifier les pratiques et programmes les plus à même de répondre aux défis que le changement climatique engendre en terme de sécurité alimentaire. Cependant, cela ne comporte aucun indicateur spécifique sur comment et quand juger si des pratiques et programmes sont durables ou non. L’agriculture intelligente face au climat est une expression trompeuse qui permet que des pratiques destructives soient étiquetées comme « climato-intelligentes », malgré leurs effets négatifs avérés. Ainsi, les multinationales et leurs partenaires peuvent utiliser l’étiquette de l’agriculture intelligente face au climat pour promouvoir n’importe quel projet – technique manifeste de « green-washing ». Les membres les plus influents du GASCA étant des industriels du secteur des engrais, ce sont principalement des pratiques promouvant l’utilisation d’engrais comme une solution à la crise climatique qui sont mises en avant comme « agriculture intelligente face au climat ». Des termes encore plus trompeurs comme « intensification durable » et « croissance agricole compatible avec le climat » sont également mis en avant. Ces fausses et dangereuses solutions empêchent toutes véritables actions ou changements allant vers la sécurité alimentaire et des pratiques agricoles plus durables.
L’AGROÉCOLOGIE, PAS DES FAUSSES SOLUTIONS « CLIMATO-INTELLIGENTES »
Nous devons montrer que la GASCA et l’agriculture intelligente face au climat ne sont pas une solution, mais bien la continuation de la destruction du climat. Nous devons œuvrer pour un système construit sur l’agroécologie : des systèmes agricoles qui s’inspirent des fonctions des écosystèmes locaux et des processus naturels qui assurent une bonne circulation des nutriments et une grande biodiversité. En utilisant les synergies existantes entre les plantes et avec les animaux, il est possible de créer des pratiques agricoles durables et productives.
En tant que mouvement social, l’agroécologie regroupe les individus et les communautés qui contribuent à la construction de systèmes agricoles durables et justes, en mettant l’accent sur la propriété locale et la consommation durable.
SOURCES ET POUR APPROFONDIR
La liste des sources utilisées pour la rédaction du livret est disponible sur : https://www.luttespaysannes.be/spip.php?article215
Ci-dessous, nous proposons certaines ressources -majoritairement en français - pour creuser le sujet :
– A Brief History of Our Deadly Addiction to Nitrogen Fertilizer. Tom Philpott www.motherjones.com (2013)
– Climat : l’agriculture paysanne pour refroidir la planète, Confédération paysanne (2015), https://www.confederationpaysanne.fr
– Climat et agriculture : la souverenaité alimentaire et l’agroecologie comme solutions, in Beet the systeme, FIAN Belgium, 2018.
– Climate Resilient Sustainable Agriculture Handbook. Action Aid, (2016), https://www.actionaid.org/
– Climate-Smart Agriculture : What is it ? Why is it needed ? FAO, CGIAR & CCAFS, 2014. ETC Group Communiqué 115 (dec 2015)
– Hold-up sur le climat. Comment le système alimentaire est responsable du changement climatique et ce que nous pouvons faire, GRAIN (2016) , https://www.grain.org/
– Souveraineté alimentaire : Cinq façons de rafraîchir la planète et de nourrir son peuple, GRAIN (2014) , https://www.grain.org/
– Organizing cools the planet - tools and reflections to navigate the climate crisis. Hilary Moore & Joshua Kahn Russell (2011), https://organizing- coolstheplanet.wordpress.com/
– www.freethesoil.org Free the Soil est une campagne contre l’agriculture industrielle et le rôle majeur que joue cette industrie dans la crise climatique. Free the Soil fournit des informations, lance des appels à l’action et organise une action de masse contre une entreprise de de l’agro-industrie.
– www.grain.org Grain est une petite organisation internationale qui soutient la lutte des paysans et mouvements sociaux. A publiée plusieurs études sur les enjeux climatiques.
LIVRET D’INFORMATION écrit par le Climate Collective
Le Climate Collective est un collectif politique danois basé sur des affinités communes. Nous nous attaquons aux causes sous-jacentes du changement climatique - en paroles et en actes. Nous nous considérons comme faisant partie du mouvement mondial plus large contre le changement climatique et le système capitaliste. Cette brochure d’information s’adresse principalement à d’autres organisations et groupes qui luttent pour la justice climatique mondiale. L’objectif est d’informer sur l’influence de l’agriculture industrielle sur la crise climatique et d’encourager l’action.
facebook.com/climatecollective
TRADUCTION par des membres des Brigades d’Actions Paysannes (Belgique), un réseau d’appui à l’agriculture paysanne et au mouvement pour la souveraineté alimentaire. Nous nous mobilisons depuis la base pour soutenir directement des actions / chantiers en soutien aux paysan.ne.s.
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