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Mauvaises intentions #2 Outil « antiterroriste » - « Mouvance anarcho-autonome » - Luttes & révoltes

mis en ligne le 30 janvier 2009 - anonymes

SOMMAIRE

Retour sur les différentes arrestations et procédures [lire plus bas]

Lettres de l’intérieur
Antiterrorisme : lettre d’Isa et Farid, les 2 de Vierzon lire.
Vues du délire antiterroriste, par Farid. lire
Pourquoi je me suis fait la malle – Lettre ouverte n°1 de Bruno. lire
Lettre d’Isa depuis la prison de Lille-Séquedin (mai 2008).
lire
Lettre de Damien en prison à Villepinte.
lire
Lettre de Juan depuis la prison de Rouen (octobre 2008).
lire
Récit d’un mouvement à la maison d’arrêt des femmes de Rouen (juillet 2008), par Isa.
lire

Luttes & Révoltes
Briser les prismes de l’État. lire
Temps de chien. lire
Anarcho-autonome. lire
ADN
Existe-t-il un gène de flic ? lire
Affiche “Crachez ici c’est pour nos fichiers”. lire
Expertise génétique, laboratoires & tribunaux. lire
PRISONS POUR ÉTRANGERS
Affiche “Rassemblement contre la machine à expulser à La Chapelle”.
Comme une prison qui brûle. lire
Affiche “Beau comme des centres de rétention qui flambent”. lire
Quand Vincennes a brûlé. lire
Liberté pour les inculpés de feu Vincennes ! lire
L’État isole, renforçons les liens ! lire
SABOTAGES
Sur les sabotages de voies de chemin de fer. lire
Du sabotage considéré comme un des beaux arts. lire
La Caténaire qui cachait la forêt. lire
Antiterrorisme : la dépanneuse raconte ! lire
Un pavé dans les rouages. lire

Tactiques policières & judiciaires
« Tactiques d’interrogatoires policiers ». lire
Directive de la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces (ministère de la Justice). lire
Le « cadeau » de la juge antiterroriste. lire

Solidarité
Quelques réactions sur les comités de soutien de novembre. lire
Qu’est-ce que la solidarité ? lire
Chronologie des actions de solidarité [avril-décembre 2008].[lire plus bas]

* * * * * * * * * * * *

Cette fois, cela n’aura échappé à personne.

LE 11 NOVEMBRE 2008, suite à des sabotages sur les lignes TGV, une opération de police à grand renfort médiatique est menée à Tarnac, Rouen et Paris. Elle aboutit à l’inculpation de 9 personnes dans le cadre d’une « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », deux d’entre elles, Yildune et Julien, sont aujourd’hui en détention provisoire.
La mise en scène médiatique de ces arrestations active un ensemble de mots-clés : terrorisme, ultra-gauche, anarcho-autonome, sabotages, esthétique de la violence, mythe d’Action Directe, semi-clandestinité.
Des termes pas si nouveaux : celui d’ “anarcho-autonome”, fondé entre autres sur une participation à des luttes en dehors des partis et des syndicats, réapparaît lors des mouvements de contestation des présidentielles (manifs sauvages, dégradations de permanences electorales, incendies de voitures...). Mais c’est bien à l’occasion des arrestations du mois de janvier 2008 que police et justice concrétisent cette figure d’une menace intérieure. Fichage “anarcho-autonome” à l’appui, Bruno, Ivan, Isa*, Farid*, Juan* (* surnoms) et Damien sont en l’espace de quelques mois tous les 6 mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et, pour certains, « transport et détention de produits incendiaires ou explosifs », pour d’autres, « tentative de destruction de biens ».
Ivan, Bruno et Damien sont arrêtés alors qu’ils se rendent à une manif devant le centre de rétention de Vincennes avec des fumigènes artisanaux et des crève-pneus, qui deviennent pour la justice et les médias une “bombe à clous”. Ivan et Bruno sont placés en détention préventive et Damien sous contrôle judiciaire.
Quelques jours plus tard, Isa et Farid sont arrêtés lors d’un contrôle des douanes à Vierzon en possession de manuels expliquant des techniques de sabotage, du plan d’une prison pour mineurs et de chlorate. L’antiterrorisme se saisit de l’affaire. Les flics prétendent que l’ADN d’Isa correspondrait à une des 5 traces ADN présentes dans un sac contenant des bouteilles d’essence, retrouvé sous une dépanneuse de flics dans l’entre-deux-tours des présidentielles.
Rapidement, ces deux enquêtes sont jointes en un seul dossier, instruit par les mêmes juges antiterroristes.
La police ratisse alors dans l’entourage des personnes arrêtées et des personnes fichées “anarcho-autonomes” pour trouver qui se cache derrière les ADN manquants. Juan, le frère d’Isa, puis Damien (qui avait été arrêté avec Ivan et Bruno) sont mis en prison car leurs profils ADN correspondraient aussi à ceux de la dépanneuse.
Isa, Juan et Damien, qui nient leur participation à cette tentative de sabotage, sont toujours en détention préventive dans le cadre de cette procédure criminelle ; Ivan, Farid et Bruno ont été placés sous contrôle judiciaire (Bruno s’y est soustrait).

DANS CES AFFAIRES de janvier et de novembre, on assiste au même procédé judiciaire, qui construit en amont une théorie d’accusation, l’existence d’une “menace terroriste”, et un profil de coupable, “l’anarcho-autonome”, suffisamment maléable pour être adapté en fonction des besoins. A coups de spécialistes et de déclarations de ministres, on apprend que les “anarcho-autonomes” seraient des centaines, certains seraient potentiellement très dangereux. Voilà ce qui justifie cette répression préventive.
Pour ça, les plus grands alliés sont les médias, qui comme dans tant d’autres histoires vendent de la chair à faits divers, du sensationnel, et diffusent les infos de la police pour transformer des personnes inculpées en coupables évidents. En exploitant les histoires personnelles des inculpés (mode de vie, études, origine sociale...), ils éclipsent le sens des actes reprochés et les luttes dans lesquelles ils s’inscrivent. Ainsi, des sabotages, extraits de tout contexte, deviennent des actes de terrorisme.
Face aux propos tenus par l’État et les médias, le choix de porter publiquement notre propre discours sur des arrestations, n’est ni une évidence ni un automatisme. Parfois ce peut être inutile, voire absurde. Cependant, pour les affaires de janvier, nous avons choisi de parler nous-mêmes de ce qui nous touchait directement.
Dès les arrestations, il y a eu plusieurs communiqués et textes publiés sur des sites de “médias alternatifs” afin de donner des infos, de raconter le déroulement des procédures judiciaires... Et, malgré les difficultés, les camarades en prison ont aussi écrit des lettres publiques. Puis est venue l’idée d’une brochure comme une compilation de textes et d’analyses pour informer de ce qui se passait et de ce qu’on en pensait. Tout en se battant pour la libération des copains, nous avons refusé d’utiliser des moyens et des discours en contradiction avec ce pour quoi on lutte.
On a préféré partir de là où on était, s’organiser avec nos propres moyens, nos propres forces.

CE QU’ON A CHOISI DE DIRE, c’est que les actes dont sont accusés les camarades ont un sens, un contexte, qu’ils participent de révoltes. Et cela nous a paru d’autant plus évident que, dans ces affaires de janvier et de novembre, la justice elle même donne une teneur politique aux affaires. Les inculpés sont accusés d’être des membres d’une supposée organisation terroriste, la « mouvance anarcho-autonome francilienne » (MAAF), dont le mot d’ordre serait la « haine de l’État bourgeois et de ses appareils ». C’est clairement le fait de vouloir s’en prendre au système capitaliste qui est aujourd’hui condamnable.
Faire une brochure, c’est tenter d’aller au-delà des aspects matériels liés à la répression (trouver de l’argent pour payer les mandats, préparer une défense juridique...) et ce, même si on sait bien que “l’antirépression” nous contraint pour un temps à la position “défensive”, à aller sur un terrain qui nous est imposé, plus encore que d’habitude, et que des problèmes et des contradictions se posent alors. Cela est d’autant plus difficile qu’on est confronté à des situations de peur, de séparation et d’isolement qui sont souvent accrues lorsque la répression s’intensifie.

COMMENT PARLER DE CETTE RÉPRESSION qui nous touche dans nos façons de lutter, parce qu’elle vise des modes d’organisation et des pratiques dans lesquels nous nous reconnaissons ? Comment ne pas se considérer comme des martyrs ni comme des victimes ?
On peut tenter de faire d’une situation de répression un moment de lutte, sur lequel nous devrions être capables de trouver des prises. Choisir le discours que nous voulons porter, défendre des pratiques de lutte inscrites dans leur contexte social.
On a choisi de parler de ces arrestations, avec la certitude qu’elles s’inscrivent dans une réalité politique plus vaste, qu’elles sont liées à la question du système dans lequel on est, à son contrôle, à ses taules... Parce que d’une répression “spécifique” surgissent des questions plus larges qui touchent tout un chacun, l’aspect défensif de l’anti-répression doit s’allier à d’autres batailles. Quand plusieurs personnes se retrouvent en prison, accusées de l’incendie du centre de rétention de Vincennes, cela devrait logiquement entraîner une solidarité au moins de la part de tous ceux qui participent à la lutte contre les centres de rétention et aux côtés des sans-papiers. Il y a un enjeu, au sein même de cette lutte, à être solidaire des inculpés et à se battre pour leur libération.
Aussi, nous avons fait le choix de parler de la répression au sein des luttes, et non de la penser comme un moment séparé du reste. Et cela parce que la chaîne répressive poursuit toujours le même objectif : arrêter par la force et la violence des actes d’insoumission, qu’ils soient individuels ou collectifs. Parce qu’elle a notamment pour but que tout le monde marche droit, il faut répondre à l’offensive de la manière la plus large possible, et être solidaire non seulement des personnes inculpées, mais aussi des actes reprochés. Lorsque l’État s’attaque à un c’est l’affaire de tous.
Mais, et c’est toujours le même problème, comment parvenir à relier les luttes entre elles, sans se retrouver face à une opposition si globale et si abstraite qu’elle en devient paralysante, qu’on ne sait pas par quel bout commencer ? On est sans cesse tiraillé entre la volonté de prendre la critique du monde par un bout et la conviction que c’est un système entier et une logique globale qu’il faut attaquer.
Ce n’est pas une raison pour ne pas tenter le coup. Alors on est partis de ce qu’on vivait, de la volonté de réagir par rapport aux arrestations de camarades. On a parlé de ces arrestations dans des espaces de discussion qui nous sont proches, avec l’idée de les faire exister dans des assemblées de lutte, des lieux où on s’organise politiquement. Faire entendre des voix à la radio, distribuer des textes dans les manifestations, organiser des rassemblements, des concerts de soutien et des discussions, lancer des appels à la solidarité. Par ces biais-là, on souhaite réussir à aller au-delà de ces arrestations, gueuler contre les taules, contre le fichage qui nous enferme tous, assumer le sabotage de ce qui nous emmerde...
C’est pour cela que l’on n’a pas choisi la forme d’un comité de soutien pour les copains de janvier. Évidemment qu’on voulait les défendre et les arracher à la prison, mais il nous était impossible de nous centrer totalement sur eux en oubliant que les prisons sont pleines, et que personne n’a rien à y faire. Du coup, la forme comité de soutien à “Tartempion” nous semblait manquer de perspective, être trop étriquée, décalée avec ce qu’on voulait faire.
Parce que nous luttons contre toutes les prisons, nous avons gueulé « liberté pour tous les prisonniers » en même temps que “liberté pour Tartempion”. Évidemment, ce n’est pas pour autant que s’est développée une grande lutte contre toutes les prisons et le monde qui va avec, mais le cœur y était !

LA PREMIERE BROCHURE MAUVAISES INTENTIONS DE MAI 2008 montre bien les paradoxes dans lesquels on est pris. Relue aujourd’hui, elle nous paraît souffrir des conditions dans lesquelles elle a été faite. L’urgence des premières semaines, la qualification en juridiction antiterroriste (assez angoissante aux premiers abords), tout cela a surdéterminé cette brochure, qui nous semble manquer d’une analyse plus vaste de la situation, des pratiques. Nous avons voulu démonter la catégorie “anarcho-autonome” et ne pas envisager “l’antiterrorisme” comme une juridiction si exceptionnelle, mais comme un traitement judiciaire parmi tant d’autres, qui s’applique en fonction d’un “profil”, et comme un des outils utilisés par l’État pour s’autoriser toujours plus de contrôle sur tous. Et si nous sommes restés un peu coincés dans ces catégories, c’est qu’il était nécessaire d’en parler pour tenter de les démonter.
Alors on a décidé de récidiver. Parce qu’on a peut-être aujourd’hui un peu plus de recul, parce que nous avons continué de réfléchir ensemble, et qu’entre-temps de nouveaux événements sont survenus.
Et aussi, pour que reste posée la question des personnes et des actes visés par la répression.
Pour ce qui est des actes reprochés à Isa, Juan et Damien : au-delà de la relative banalité des faits, à savoir la tentative ratée de brûler une bagnole de flics pendant les présidentielles, qui occasionne rarement une instruction antiterroriste de plusieurs mois, c’est bien l’engagement de ces personnes dans des luttes qui a déterminé la teneur de la répression.
Or, cet engagement est une grande part de ce que nous avons partagé avec eux et avec d’autres : la volonté commune d’enrayer la marche de ce système par la réflexion critique, la rencontre, la confrontation et le sabotage. Le sabotage, non pas comme un moment séparé du reste, mais comme une forme d’action parmi d’autres.
Le sabotage qui vient des condamnés à vie au travail à la chaine a toujours été un moyen d’arracher quelques instants de liberté. Il permet concrètement — bien que provisoirement — de perturber, ralentir, casser les dispositifs qui nous contraignent. Parce que chaque caméra est un point faible de la vidéosurveillance, parce que la solidarité de quelques passagers peut rendre inefficaces les décisions de “reconduite à la frontière” des sans papiers, parce que tout chantier de prisons ou de centres de rétention a besoin de machines-outils en bon état de fonctionnement, parce qu’aucun patron ne peut tirer sa plus-value d’un piquet de grève...

Ce nous qui écrit, n’est pas un nous de groupe constitué ou homogène. Il fait référence à un nous de personnes proches des personnes incarcérées, à une proximité faite d’amitiés, et de luttes.

* * * * * * * * * * * *

Retour sur les différentes arrestations et procédures

19 janvier 2008
Bruno et Ivan sont arrêtés à Fontenay-sous-Bois (94) en possession de pétards, de crève-pneus et de fumigènes artisanaux. Les fumigènes artisanaux sont un mélange de chlorate de soude, de farine et de sucre ; ce mélange est inflammable mais, n’étant pas confiné, il ne peut exploser.
Alors qu’Ivan et Bruno sont contrôlés depuis plusieurs minutes, Damien passe par hasard devant eux. Les flics s’empressent de l’arrêter lui aussi.
S’ensuit pour tous les trois une garde à vue de 48 heures, au cours de laquelle ils ne déclarent rien, refusent de se faire prendre en photo et de donner leurs empreintes digitales et génétiques (ADN). Les flics leur prennent de force certains de leurs vêtements (type pulls) qui sont analysés probablement pour rechercher des traces d’explosifs (en vain), puis mis sous scellés.
Le fumigène est lui aussi analysé par la police scientifique, qui rend un premier rapport d’expertise. Elle « oublie » de mentionner la présence de farine et prétend qu’il s’agit d’un mélange explosif contenant uniquement du chlorate de soude et du sucre, et que ce mélange, utilisé avec les clous, peut servir à la fabrication d’une bombe à clous. Cette interprétation tendancieuse donnera lieu à un aller-retour entre qualification criminelle et correctionnelle.
Une perquisition a lieu au domicile de Damien et Ivan. Sont alors mis sous scellés des ordinateurs, des appareils photo et des tracts, affiches, brochures... La brigade antiterroriste se déplace sur les lieux, mais décide de ne pas se saisir de cette affaire.

21 janvier
Bruno, Ivan et Damien sont mis en examen pour « transport et détention de substances incendiaires et/ou explosives en vue de commettre des atteintes aux biens et/ou aux personnes, association de malfaiteurs et refus de se soumettre aux photographies, aux prises d’empreintes digitales et génétiques (ADN) ».
Ils sont interrogés par Ludovic André, juge d’instruction à Créteil (94). Bruno, Damien et Ivan ne passent pas en comparution immédiate. Il n’y a pas de procès sur le moment. Un juge d’instruction est nommé pour poursuivre l’enquête. Les personnes accusées sont “mises en examen” en attente d’un procès.
Devant le juge, Bruno et Ivan déclarent qu’ils se rendaient à la manifestation devant le centre de rétention de Vincennes (94) et qu’ils avaient des fumigènes pour se rendre visibles auprès des sans-papiers enfermés, et des clous tordus pour crever les pneus de véhicules.
Damien déclare qu’il n’était au courant de rien, qu’il s’est trouvé par hasard non loin d’Ivan et Bruno au moment où ils se sont fait arrêter. Damien est placé sous contrôle judiciaire
Bruno et Ivan sont placés sous mandat de dépôt correctionnel (qui est de 4 mois renouvelables). Ils sont mis en détention préventive à Fresnes (94) et à Villepinte (93) ; chacun d’entre eux est alors en cellule avec un codétenu.

23 janvier
Isa* et Farid* (* surnoms) sont arrêtés par les douanes au péage de Vierzon (18). Les douaniers contrôlent leur identité et constatent que Farid est fiché. Ils fouillent alors la voiture et trouvent dans un sac un peu moins de 2 kg de chlorate de soude, des plans originaux de l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Porcheville (78) et un CD avec des fichiers de ces plans portant la mention « Nous encourageons la diffusion de ces plans afin de soutenir et de documenter toute critique, toutes luttes s’attaquant au système carcéral », du chlorate de potassium et deux ouvrages. L’un, en italien, nommé A chacun le sien, 1000 moyens pour saboter ce monde qui décrit différentes techniques de sabotage. L’autre livre, en anglais, est intitulé Manuel de munitions improvisées.
Isa et Farid sont immédiatement pris en charge par les services antiterroristes et subissent une garde à vue de quatre jours à la Division nationale antiterroriste (DNAT) à Levallois-Perret (92), au cours de laquelle ils n’ont pu voir leurs avocats qu’après 72 heures.
Trois perquisitions ont lieu. Une dans chacun de leurs appartements parisiens. Chez Isa, sont mis sous scellés un drap et un document administratif. Chez Farid, les flics prennent un ordinateur, des pétards, des tracts (notamment contre l’enfermement des mineurs et l’expulsion des sans-papiers), des affiches anarchistes grecques, des livres et des brochures sur la lutte anticarcérale en Europe ainsi qu’un tampon de la CAF de Seine-Saint-Denis.
La troisième perquisition, étalée sur deux jours, a lieu à quelques centaines de kilomètres de Paris dans une maison dont Isa est copropriétaire. Les flics emportent un numéro de L’Envolée (journal anticarcéral), des pétards et feux d’artifice, ainsi que des draps, des verres, des brosses à dents et des objets du quotidien dans le but d’effectuer des prélèvements d’empreintes digitales et d’ADN. La maison est mise sous scellés, elle l’est encore aujourd’hui.
Au cours de leur garde à vue, après plusieurs refus, Isa et Farid finissent par accepter le prélèvement ADN. Selon les flics, le profil ADN d’Isa correspondrait à un cheveu retrouvé sur un dispositif incendiaire qui n’a pas pris feu. Composé de plusieurs bouteilles d’essence et d’allume-feux, il a été découvert le 2 mai 2007 sous une dépanneuse de police garée devant le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris. En plus de cette trace d’ADN féminin, 4 autres masculins auraient été retrouvés sur cet engin incendiaire.

27 janvier
Isa et Farid sont entendus par la juge d’instruction antiterroriste Marie-Antoinette Houyvet. Très rapidement, Edmond Brunaud, un autre juge antiterroriste, travaille avec elle sur cette affaire. Ces deux juges interrogeront les “mis en examen” et enverront des commissions rogatoires qui permettront aux flics de réaliser des perquisitions, des convocations, des arrestations et de multiples surveillances.
Isa et Farid sont accusés de « transport et détention de substances incendiaires et/ou explosives en vue de commettre des atteintes aux biens et/ou aux personnes et participation présumée à une association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, en l’occurrence pour avoir participé aux activités de la “mouvance anarcho-autonome francilienne” (MAAF), ces faits s’inscrivant dans le cadre d’actions concertées et violentes visant à déstabiliser les structures de l’Etat français. » Du fait de l’histoire de la dépanneuse, Isa est aussi inculpée pour « tentative de destruction de biens par l’effet d’une substance incendiaire ou explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes ».
Farid déclare qu’il ne savait pas ce qu’il y avait dans le sac. Isa déclare qu’il s’agit bien de son sac et confirme que Farid ne savait pas ce qu’il y avait dans ce sac. Le chlorate de soude lui appartient, il lui sert à faire des fumigènes. Les plans de prison et les livres ne sont pas à elle. Elle les a trouvés dans son appartement, qui est un lieu de passage pour beaucoup de personnes, et voulait s’en débarrasser. Quant à l’affaire de la dépanneuse, Isa nie toute participation à cette tentative d’incendie.
Isa et Farid sont tous les deux placés en détention préventive à Fleury-Mérogis (91). Farid est sous mandat de dépôt correctionnel (c’est-à-dire par périodes renouvelables de 4 mois) et Isa sous mandat de dépôt criminel (périodes d’un an).
Isa et Farid sont chacun seuls en cellule et peuvent rencontrer les autres détenus en promenade et pendant les activités (quand ils en ont). Ils sont classés « Détenus particulièrement surveillés » (DPS), ce qui leur vaut notamment un attirail sécuritaire spectaculaire pour tout déplacement. Des proches et toute personne voulant rendre visite à Isa et Farid sont convoqués chez les flics de la Section antiterroriste (SAT), au Quai des Orfèvres à Paris. C’est le groupe dirigé par Ménara qui s’occupe des interrogatoires.

15 février
Isa et Farid passent devant la chambre de l’instruction car ils contestent leur mise en détention préventive. Leurs demandes de mise en liberté sont refusées. (Voir l’encart sur les demandes de mise en liberté)

24 février
Farid est tabassé par des détenus auxquels des matons ont fait croire qu’il était d’extrême droite. Après un passage à l’hôpital, il est transféré dans un autre bâtiment de Fleury-Mérogis.

mars
Bruno refuse de réintégrer sa cellule, puisqu’il demande depuis un certain temps à y être seul. Il est placé au quartier disciplinaire (le QD, ou le mitard, sorte de prison dans la prison) à plusieurs reprises pour la même raison et une durée totale de près d’un mois.
Il n’obtiendra jamais de cellule seul en régime normal à Fresnes : il sera finalement placé au quartier d’isolement (QI) de Fresnes. Les QI (anciens QHS, quartier de haute sécurité) sont des quartiers destinés aux détenus estimés les plus « dangereux ». Ces derniers sont isolés : toujours seuls en cellule comme en promenade, ils ne peuvent bénéficier que des activités spécifiques au QI.

début avril
La juge d’instruction antiterroriste Marie-Antoinette Houyvet demande au juge Ludovic André (juge d’instruction à Créteil) de se dessaisir de l’affaire d’Ivan, Bruno et Damien à son profit. Autrement dit, elle demande à ce que les affaires d’Isa et Farid, et d’Ivan, Bruno et Damien, soient liées et constituent un seul et même dossier. Elle étaye ce rapprochement en invoquant une « connexité » entre ces deux affaires : tous les mis en examen appartiendraient à la même « mouvance anarcho-autonome francilienne » et certains se connaîtraient.

début avril
Ivan et Bruno déposent une demande de mise en liberté. Le juge d’instruction et le juge de la détention et des libertés (JLD) rejettent cette demande. Ivan et Bruno font appel de cette décision.

3 avril
Isa est transférée à Lille-Séquedin (59), une des prisons les plus récentes, ultrasécuritaire et souvent utilisée pour les transferts punitifs. L’explication donnée est qu’elle a envoyé des dessins de la prison, ce qui a été interprété comme un projet d’évasion. Pendant des mois, Isa ne cessera de demander à regagner la région parisienne..

17 avril
Farid est transféré à la prison de Meaux-Chauconin (77) pour soi-disant « mesure de sécurité », mais le motif réel invoqué par la justice est la proximité avec les prisonniers politiques basques.

17 avril
Le juge André se dessaisit du dossier au profit de la juge Houyvet. Les deux affaires relèvent désormais toutes les deux du domaine antiterroriste, et sont donc instruites à Paris.
Les chefs d’accusation sont requalifiés pour Damien, Ivan et Bruno : la juge y ajoute « en relation avec une entreprise terroriste, en l’espèce la Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne ». (Voir l’encart sur la MAAF.)
Concrètement, à partir de cette date, toute nouvelle personne voulant obtenir un parloir avec Ivan ou Bruno est convoquée préalablement au quai des Orfèvres. Certains des parents d’Ivan, Bruno et Damien y seront aussi interrogés pendant plusieurs heures.

21 avril
Parution de la « Lettre d’Ivan et Bruno » (voir Mauvaises Intentions n° 1) depuis les prisons de Fresnes et Villepinte.
Bruno passe en appel devant la chambre de l’instruction. Sa demande de mise en liberté est rejetée.

28 avril
Ivan passe devant la chambre de l’instruction. Sa demande de mise en liberté est elle aussi rejetée.

mai
Parution de la Lettre d’Isa et Farid, depuis les prisons de Lille-Séquedin et de Meaux-Chauconin.

21 mai
Juan* est arrêté en pleine rue par les flics de l’antiterrorisme. (Il avait, quelques mois auparavant, demandé un parloir pour aller voir sa sœur, Isa. Il avait alors été convoqué et ne s’était pas présenté). Les flics le placent immédiatement en garde à vue au quai des Orfèvres et lui disent qu’ils veulent avoir son ADN pour savoir s’il « match » (« correspond ») avec l’un des ADN retrouvés sur l’engin incendaire de mai 2007. Juan ne déclare rien et refuse photos, prises d’empreintes digitales et génétiques. Mais on lui prend de force son caleçon pour y prélever de l’ADN. Les flics perquisitionnent son domicile et embarquent quelques documents personnels en plus des objets qu’ils avaient déjà saisis sur lui (clé usb, listes téléphoniques, tracts...). Après 48 heures, Juan est finalement relâché, son profil ADN ne correspondrait pas.

fin mai
Contre l’avis du juge d’instruction, le JLD décide de ne pas renouveler le mandat de dépôt de Farid. Le parquet (ou procureur, représentant de l’État) ayant fait appel de cette décision, Farid passe devant la chambre de l’instruction qui décide elle aussi de le remettre en liberté provisoire.
Farid est alors libéré sous contrôle judiciaire. Il doit travailler, habiter à son domicile parisien, prévenir la juge s’il veut sortir d’Île-de-France, pointer une fois par semaine chez les flics à côté du dépôt à Cité dans le palais de justice, et tous les mois à l’Association d’aide pénale (AAP). Il ne peut ni voir ni entrer en communication avec les autres mis en examen dans la même affaire. Il contestera cette dernière obligation et aura finalement le droit d’écrire à Isa.

fin mai
Transfert de Bruno à la prison de Mulhouse (68).

6 juin
Ivan et Bruno passent devant la chambre de l’instruction car ils contestent le renouvellement pour 4 mois de préventive décidé quelques jours auparavant par le juge d’instruction et le JLD. La chambre de l’instruction décide de les remettre en liberté provisoire.
Tous les deux sont placés sous contrôle judiciaire : Ivan en Normandie, Bruno près de Belfort (90). Ils ont obligation de travailler, autorisation de se déplacer dans un ou deux départements uniquement pour travailler ou chercher du travail, interdiction de voir les autres mis en examen dans la même affaire, obligation de pointer une fois par semaine chez les flics et de se rendre deux fois par mois au Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).

17 juin
Parution de la lettre de Farid, Vues du délire antiterroriste.

20 juin
De nouveau, Juan est arrêté au domicile de ses parents. Il est directement conduit devant le juge antiterroriste Brunaud, qui demande sa mise en détention et l’accuse d’« association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste et de tentative de destruction de biens par l’effet d’une substance incendiaire ou explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes ». Lors de sa dernière garde à vue, les flics auraient aussi prélevé de l’ADN sur un gobelet. Or il semblerait que, cette fois-ci, ce profil ADN correspondrait à l’une des traces ADN relevées sur l’engin incendiaire de la voiture de flics. Juan nie ce dont il est accusé. Il est incarcéré à Fresnes sous mandat de dépôt criminel.

3 juillet
Isa et Juan sont transférés à la prison de Rouen (76).
Pour Isa, l’idée de la juge serait de la rapprocher de Paris — ce qu’elle accepte, Rouen étant plus proche que Lille. On lui promet alors que ce transfert est temporaire, en attente d’une place dans la région parisienne, où elle serait transférée en septembre.
Mais, pour Juan, le motif invoqué est le rapprochement familial ! Alors que ce transfert ne fait que l’éloigner de ses parents et de ses proches qui habitent à Paris.

6 juillet
Parution de la lettre de Bruno, Pourquoi je me suis fait la malle. Bruno se soustrait à son contrôle judiciaire.

mi juillet
Suite au tabassage par les matons d’une détenue à la prison de Rouen, un mouvement collectif s’organise. Les prisonnières refusent notamment pendant quelques minutes de regagner leurs cellules. Une quinzaine d’entre elles passent en commission de discipline. Quatre filles prennent cher : celle qui s’est fait battre est transférée à Lille-Séquedin, une fille est transférée ailleurs, une autre prend 6 jours de mitard, et Isa prend 10 jours (elle est accusée d’être la meneuse de ce mouvement). Voir le Récit d’un mouvement à la maison d’arrêt des femmes de Rouen, par Isa.

22 juillet
La juge d’instruction décide de modifier le contrôle judiciaire de Farid, y ajoutant l’interdiction de rendre visite à tout détenu (avant son incarcération, Farid rendait régulièrement visite à Pascal Brozzoni, un prisonnier accusé de braquages et d’incendie d’un atelier pendant la mutinerie de la centrale de Clairvaux en 2003). Farid dépose un recours pour contester cette décision.

29 juillet
G. est arrêté en pleine rue par les flics de l’antiterrorisme. Il est immédiatement placé en garde à vue et les flics lui expliquent qu’ils veulent son profil ADN pour savoir s’il correspond à l’un de ceux de la dépanneuse de police (et ce, au motif que G. a subi, par le passé, 2 garde à vues avec Juan). G. ne déclare rien et refuse photos, prises d’empreintes digitales et ADN. Les flics lui ouvrent la bouche de force pour lui prendre un peu de salive.
Ils perquisitionnent un appartement ; ils embarquent des tracts, brochures (par exemple, Refuser le fichage ADN, Pourquoi nous haïssons la police, Quand la BNP collabore, Fêtons la destruction du CRA Vincennes...). Les menaçant de ne pas relâcher G., les flics convoquent au Quai des Orfèvres les trois personnes présentes lors de la perquisition ; elles s’y rendent.
G. est finalement relâché au bout de 48 heures, son profil ADN ne correspondrait pas à ceux de la dépanneuse.

31 juillet
Juan, qui demande à y être seul, refuse de retourner en cellule. Il est placé au mitard pour 7 jours, durant lesquels on l’empêchera de dormir. A l’issue de ces 7 jours, on lui propose soit le quartier d’isolement, soit de regagner une cellule, où ils ne seront plus trois comme avant, mais deux. Ce qu’il accepte.

9 août
Parution de la Lettre d’Isa depuis la prison de Lille-Séquedin (mai 2008).

14 août
Isa dépose une demande de mise en liberté.
Damien se rend à une convocation devant la juge Houyvet. Celle-ci a demandé au mois de mai que soient effectués des prélèvements ADN sur ses vêtements mis sous scellés lors de sa garde à vue du mois de janvier. Une trace ADN prélevée correspondrait à l’un des ADN de la dépanneuse.
La juge lui ajoute alors un chef d’accusation : « tentative de destruction de biens par l’effet d’une substance incendiaire ou explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes ». Au passage, la juge cherche de nouveau à obtenir l’ADN de Damien, ce qu’il refuse, expliquant son opposition au fichage. La juge demande son incarcération. Damien nie tout ce dont il est accusé. Il est emprisonné à Villepinte sous mandat de dépôt criminel.

15 août
Parution de la lettre de Damien, en prison à Villepinte.

27 août
Damien ayant contesté sa mise en détention, son dossier passe devant la chambre de l’instruction, qui refuse de le libérer.

septembre
Damien passe au prétoire, sorte de tribunal dans la prison. Il est condamné à 100 euros d’amende et à 30 jours de mitard avec sursis pour être allé chercher lors d’un match de foot un ballon un peu plus loin que ce qui est autorisé !

5 septembre
Nouveau refus de remise en liberté d’Isa par la chambre de l’instruction. Farid fait un recours devant la chambre de l’instruction pour tenter d’avoir le droit à des parloirs. La chambre de l’instruction, contre la décision de la juge d’instruction, n’interdit à Farid que de rendre visite à Pascal Brozzoni.

22 septembre
Ivan et Farid sont convoqués chez la juge Houyvet qui dit alors envisager de les emprisonner. Elle les accuse de violation flagrante de leur contrôle judiciare, s’appuyant sur une photo des RG les montrant ensemble, alors que leur contrôle judiciaire leur interdisait de se voir. Elle décide finalement de renforcer leur contrôle judiciaire : en plus de ce qu’ils subissaient déjà, elle les assigne à résidence à Paris de 21 h à 6 h et leur interdit de sortir de la région parisienne. Farid se retrouve en plus interdit de communiquer par lettre et coups de téléphone avec Pascal Brozzoni (les parloirs lui ayant déjà été interdits).

octobre
Répondant à la demande de rapprochement familial à Paris d’Isa et Juan, la juge d’instruction propose différents transferts. Pour Isa, c’est Rennes ! Et pour Juan, c’est Quimper, Avignon, d’autres villes à plusieurs centaines de kilomètres de Paris et... Saint-Pierre-et-Miquelon !!!
Évidemment, Juan et Isa refusent ces propositions et demandent, à nouveau, leur transfert en région parisienne.

novembre
Parution de la Lettre de Juan depuis la prison de Rouen (octobre 2008).

novembre
Un maton refuse de faire sortir Juan en promenade sous prétexte qu’il n’était pas “prêt” à temps. Juan conteste et est condamné à 15 jours de mitard avec sursis pour “tapage”.

13 novembre
Isa est transférée à Versailles (78)

11 novembre et jours suivants...
Arrestations à Tarnac, Rouen, Nancy et Paris. 10 gardés à vue pendant les 96 heures antiterroristes. 5 seront mis en détention. Seul Julien reste incarcéré à ce jour [février 2009].

début décembre
Juan est condamné à 3 parloirs avec hygiaphone (séparation vitrée) pour avoir été surpris à la sortie d’un parloir en possession de quelques petits mots !

18 décembre
Un mois après sa soeur, Juan est transféré en région parisienne, à Bois d’Arcy (78).

23 décembre
La chambre d’instruction refuse à nouveau de libérer Isa.

23 décembre
Après une semaine au quartier des arrivants, Juan est placé dans une cellule où il y a déjà deux prisonniers. Il refuse et est immédiatement placé au mitard. Il y passera 6 jours.

15 janvier 2009
Le JLD a décidé de renouveler le mandat de dépôt d’Isa et donc de la maintenir en prison.
Bientôt Isa repassera devant la chambre de l’instruction pour l’appel de la décision de son maintien en détention pour 6 mois supplémentaires, après déjà 1 an de prison préventive ! A suivre...

Deux ADN masculins ne seraient à ce jour pas encore identifiés.
Il n’y a aucune date de procès pour toutes ces histoires. Ces différentes enquêtes sont toujours en cours.

encart n° 1
Demandes de mise en liberté en période d’instruction : quelques éléments juridiques pour essayer de s’en sortir

Lorsqu’il y a instruction (c’est-à-dire enquête en cours), différentes instances juridiques décident des incarcérations. Après avoir entendu le mis en examen au sujet de l’affaire dont il est accusé, le juge d’instruction l’interroge sur sa situation (domicile, travail...) et demande, ou non, son incarcération. Le juge d’instruction peut décider seul de la libération, mais, s’il demande l’incarcération, il a besoin de l’aval d’un juge des libertés et de la détention (JLD) qui valide, ou non, sa décision. A de rares exceptions près, le JLD suit l’avis du juge d’instruction.
Donc, après être passé devant un juge d’instruction qui demande l’emprisonnement, le mis en examen est entendu par le JLD. Il peut choisir d’être entendu tout de suite, ou de faire reporter cette audience. Il doit exprimer son choix au tout début de l’audience devant le JLD. L’avantage de différer cette audience est que cela permet parfois de prendre le temps de trouver un avocat et de réunir des garanties de représentation (certificat d’hébergement, contrat de travail...) ; ce qui peut peut-être permettre d’éviter la détention préventive. Cependant, durant le laps de temps du report (qui est de quelques jours), le mis en examen est obligatoirement incarcéré.
Au final, lors de l’audience, le JLD décide de libérer ou d’emprisonner la personne. C’est sa décision qui sera effective.
Après cette décision, il est toujours possible de faire appel, tant pour le procureur (ou parquet, c’est-à-dire le représentant de l’État) qui souhaite que le mis en examen soit gardé emprisonné, que pour le mis en examen, qui demande ainsi à être libéré [voir “RÉFÉRÉ DÉTENTION” plus bas].
Le mis en examen peut donc, dès qu’il est emprisonné, contester sa mise en détention préventive. Il faut le faire le plus rapidement possible car le délai d’appel est de 10 jours. Le détenu peut demander à son avocat de déposer ce recours, ou le faire de lui-même auprès du greffe de la prison (et ce, qu’il ait, ou non, un avocat).
Si ce recours est déposé, c’est la chambre de l’instruction (équivalent d’une cour d’appel) qui peut confirmer ou infirmer la décision précédente (incarcérer ou libérer). Cette audience a lieu quelques jours ou semaines après que le recours ait été déposé. Pour être présent à l’audience, le mis en examen doit préciser dans le recours de contestation de la mise en détention qu’il veut y assister. Le jour où il est conduit devant la chambre de l’instruction, le mis en examen peut au tout début de l’audience demander à ce que cette dernière soit publique, mais le juge peut le refuser, et c’est ce qu’il fait la plupart du temps. Ces audiences ont presque toujours lieu à huis clos.
Le détenu peut déposer des demandes de mises en liberté autant qu’il le souhaite : rien n’interdit de le faire tous les jours. C’est d’ailleurs pour certains une stratégie de harcèlement. D’autres préfèrent n’en déposer que quelques-unes à des moments « stratégiques ». Le détenu peut effectuer cette demande soit à l’aide d’un avocat, soit seul (en se rendant auprès du greffe de la prison). Concrètement, il s’agit d’un dossier qui est envoyé au juge d’instruction puis transmis au JLD. Ce dossier explique les raisons pour lesquelles le détenu demande à être libéré, et peut aussi contenir des garanties de représentation (domicile, travail...). Ce dossier transite dans les deux bureaux ; il n’y a pas d’audience.
A partir du moment où le dossier est envoyé, le juge d’instruction et le JLD ont quelques jours pour statuer. Dès que le mis en examen sait que ces deux juges décident de le garder emprisonné, il peut faire appel. Le délai pour faire appel n’est que de dix jours, il faut donc aller au plus vite. Si le détenu fait appel, une audience aura lieu devant la chambre de l’instruction, dans les mêmes conditions que décrit précédemment (c’est-à-dire comme lorsque l’on conteste dès le début sa mise en détention).

Un peu avant la fin du mandat de dépôt (période de 4 mois en correctionnelle et d’un an en criminelle), la juge d’instruction et le JLD décident s’ils gardent la personne incarcérée (donc s’ils renouvellent le mandat de dépôt) ou s’ils la libèrent. Il est possible de faire appel de cette décision et de passer alors devant la chambre de l’instruction. C’est alors la même procédure que lorsque l’on conteste son incarcération.

Référé détention
Il existe aussi une procédure dite “référé détention” ou “référé liberté” qui remet immédiatement en jeu la décision que prend le JLD. Elle s’effectue en référé, c’est-à-dire en urgence : cette décision est prise en 3-4 jours. Ce référé peut être demandé soit par le mis en examen (qui demande à être libéré) soit par le parquet (qui demande à ce que la personne reste incarcérée). Pendant la durée de ce recours, le mis en examen reste dans tous les cas incarcéré. La décision est prise par le président des chambres de l’instruction et vaudra jusqu’au passage du mis en examen devant la chambre de l’instruction, c’est donc une sorte de décision provisoire.
Sauf dans des cas très exceptionnels, le mis en examen incarcéré n’a aucun intérêt à demander cette procédure en urgence. Le plus probable est en effet que le président de la chambre d’instruction décide de son maintien en détention car il ne regarde que très rapidement son dossier (vu qu’il doit statuer très vite). Or, dans ce cas, il y a très peu de chances que, quelques jours après, la chambre de l’instruction demande la libération du mis en examen : il est très rare que la chambre de l’instruction aille à l’encontre de l’avis du président des chambres de l’instruction.
En revanche, cette procédure de “référé détention” semble être souvent utilisée par le parquet. Elle lui permet de s’opposer à la demande de mise en liberté du JLD et d’obtenir la plupart du temps le maintien en détention du mis en examen.

encart n° 2
la MAAF...

Les 6 camarades mis en examen le sont notamment pour “participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, en l’espèce la Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne”.
Les flics et les juges lancent donc, avec cette affaire, un nouveau concept : la Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne serait une “
organisation terroriste” qui sévirait sur le territoire.
Bien décidés à mettre toutes les chances de leur côté, ils baptisent “Mouvance” ce qu’ils qualifient dans le même temps d’ “Organisation”. Deux termes qui recouvrent pourtant des choses a priori passablement opposées. Car, si l’expression “mouvance” évoque un mouvement diffus, aux contenus divers et aux contours flous, “organisation”, en revanche, désigne une entité bien définie et tout à fait structurée. Les mouvements de lutte ont montré qu’ils se jouaient parfois des lois de la physique, mais on voit mal quel ovni pourrait réunir des qualités aussi contradictoires.
Si l’on ajoute à cela le choix de la qualification de “terrorisme” qui fait entrer en jeu des lois dont la caractéristique principale est d’être absolument autoréférentielles (les actes de terrorisme sont ceux qui sont commis par les organisations terroristes et les organisations terroristes sont celles qui commettent des actes de terrorisme), on commence à entrevoir la couleur de la sauce à laquelle ils voudraient nous manger.
La question n’est évidemment pas ici d’infirmer ou confirmer cette thèse d’accusation, mais de la considérer comme telle et en tant que telle comme un piège.
Car il y a un intérêt évident pour la répression à créer un “objet de transition” — l’Organisation avec un O majuscule — qui les libère encore un peu plus du souci d’avoir à établir un lien quelconque entre les personnes qu’ils décident de poursuivre et les actes pour lesquels ils les poursuivent.
Par ailleurs, en gratifiant cette MAAF d’un mot d’ordre tel que “
la haine de l’État bourgeois, du Capitalisme et de ses appareils”, et d’un engagement contre les prisons et les centres de rétention, ils se laissent une marge de manœuvre tout à fait confortable pour y intégrer des pans entiers des mouvements de lutte actuels. Les flics ont listé des actions dont la MAAF serait responsable qui vont des manifs sauvages lors des dernières présidentielles aux incendies de voitures et dégradations de permanences électorales de cette même période, des diffusions de tracts et graffitis en solidarité avec des squats danois aux détériorations sur le chantier de la prison pour mineurs de Meaux, de la tentative d’incendie des toilettes d’HEC à l’occasion d’une visite de Sarkozy et Parisot aux rassemblements devant les Centres de rétention....
Cela n’a pas tardé puisque depuis ces arrestations, les juges demandent un travail de police accru sur cette fameuse Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne — en gros, tout ce qui bouge hors du cadre des partis ou syndicats —, y compris dans ses liens avec des pays étrangers comme la Grèce, l’Italie, l’Allemagne. Et ce avec les moyens qu’ils jugent adéquats : rechercher des ADN bien sûr, mais aussi surveillances, filatures, analyses des portables, perquisitions, arrestations... c’est donc aussi pour eux une belle occasion de remettre à jour bon nombre de fichiers qui dépassent largement le cercle des personnes mises en examen. Et on a assisté ces derniers mois aux nouvelles déclinaisons de la Mouvance Anarcho Autonome...

Chronologie des actions de solidarité [avril-décembre 2008].

5 avril, Paris
Lors d’une manif où des dizaines de milliers de personnes défilaient dans les rues pour crier leur rage face à la terreur que fait régner l’Etat français sur les étranger-ère-s, des flots de fumigènes ont éclairé le défilé afin de marquer un soutien à Bruno et Ivan. Une grande banderole « Vive la solidarité avec les sans-papiers. Liberté pour Bruno, Ivan et tous les autres » a été déployée.
La manif s’est notamment prolongée en sauvage, d’abord devant le centre de rétention de Vincennes, puis à Joinville où un sans- papiers avait été assassiné la veille par la police (mort noyé après une course-poursuite depuis la gare RER). A partir de là : tags, slogans, voiture de la police municipale défoncée, panneaux publicitaires démolis et caméras de surveillance de la gare RER de Vincennes obstruées.

11 avril, Dijon
Rassemblement devant la préfecture, en solidarité aux sans-papiers et à Bruno et Ivan. Environ 80 personnes ont barré la route avec deux grandes banderoles : « Libérez Ivan, Bruno et les autres, Vive la solidarité avec les sans-papiers » et « Ni sélection ni expulsion ! » De nombreux fumigènes ont été cramés.

17 avril, Paris
« Hier, le 17 avril 2008 vers 16 h, l’hôtel Ibis de porte Dorée (Paris XIIe) a reçu une visite : “Feu aux prisons !” et “ACCOR Collabo” ont été tagués sur les murs, les caméras et l’écran de surveillance ont été obstrués et l’ordinateur a reçu des coups de masse.
Les hôtels Ibis appartiennent au groupe ACCOR, qui a toute sa part dans la machine à expulser (plusieurs hôtels de ce groupe servent aux zones d’attentes pour les sans-papiers dans les ports, ACCOR a aussi participé à la construction de celle de Roissy : ZAPI 3).
N’oublions pas les autres rouages de la machine à expulser : Carlson Wagons-Lits Travel, les compagnies aériennes comme Air France, les banques comme la BNP, les constructeurs comme Bouygues, la RATP, la SNCF... Solidarité avec tous les prisonniers avec ou sans papiers !
 »

21 avril, Paris
Une cinquantaine de personnes étaient présentes pour l’audience de demande de liberté conditionnelle de Bruno. L’audience s’étant déroulée à huis clos, les soutiens sont restés dans le couloir et ont crié « Liberté pour Bruno, liberté pour les sans-papiers », « Pouvoir assassin, justice complice. » D’après l’avocat, les slogans étaient audibles depuis la salle d’audience et tout le monde a pu se rendre compte que Bruno n’était pas seul, avocats et juges ayant même du mal à s’entendre.
Trente minutes après, le groupe s’est retrouvé sur le trottoir derrière une banderole « Vive la solidarité avec les sans-papiers ; liberté pour Bruno, Ivan et les autres. »

21 avril, Lille
« Hier, mardi 21 avril 2008, la BNP située 84 rue Gambetta à Lille a été attaquée : distributeur fracassé à la masse et sa dizaine de vitrines largement étoilées. Solidarité avec tous les prisonniers, avec ou sans papiers, avec ou sans chlorate. Liberté pour tous ! ».

22 avril, Grenoble
Les bureaux du CROUS sont occupés pendant cinq heures et demie, notamment pour protester contre la collaboration de cette institution avec la police lors de l’arrestation d’un étudiant sans papiers le 8 avril dernier. Le collectif “Des fumigènes pour toutes et tous” était présent et a appelé à la solidarité avec Bruno et Ivan. Deux fumigènes ont été brûlés par une fenêtre du dernier étage du bâtiment et des tracts jetés à l’attention des passant-e-s.

26 avril, Paris
Concert de solidarité avec les inculpés et les enfermés des luttes contre la machine à expulser, à la CIP-IDF. Une banderole pour Ivan et Bruno est présente derrière la scène, un dossier/recueil de textes titré Mauvaises Intentions largement distribué.

28 avril, Paris
Rassemblement d’environ 70 personnes pour l’audience de demande de liberté conditionnelle d’Ivan. Elles ont crié « Liberté pour les sans-papiers, liberté pour Ivan », tandis qu’un journaliste du Parisien était chassé à coups d’invectives et de crachats. En sortant en cortège du tribunal, les gendarmes ont poussé les manifestants dans les escaliers tout en donnant des coups. Les personnes se sont défendues, une première a été interpellée. Puis, devant le Palais de Justice, une partie du groupe s’est fait encercler et le reste courser sur la place de la préfecture. Les cafetiers des Deux Palais ont aidé les flics à arrêter des gens. Un bus de police a emmené en tout 28 interpellés au commissariat central du IIe arrondissement. Ils ont subi plusieurs fouilles et palpations et un contrôle d’identité parqués dans le parking souterrain du comico.
Presque tout le monde a été relâché, pour certains au bout de quatre heures et demie, sauf une personne qui n’avait pas ses papiers. Un ami a apporté ses preuves d’identité mais il s’avère que peu avant, la commissaire Nicole Bordas c’est défoulée sur notre camarade. Elle était menottée à un banc de fer. Au bout de 4 heures, elle se lève et la commissaire est entrée, lui a donné un coup de poing dans le ventre en criant : « Assise ! » Elle s’est relevée en disant : « Je ne suis pas un chien ! » et la commissaire l’a étranglée et, les mains autour de son cou, l’a soulevée. La flic a dit : « Je préfère les chiens à toi » et lui a mis sa matraque en travers de la bouche en criant : « Maintenant tu la fermes. » Notre camarade assise s’est vu étouffée par le corps de la flic sous les regards de nombreux autres flics. Elle a passé la nuit en garde à vue.

29 avril, Paris
« Dans la nuit de lundi à mardi, une agence Air France située rue du Faubourg-Poissonnière à Paris (IXe) a été attaquée. Les six vitrines de l’agence ont été brisées et un tag a été laissé “AIR FRANCE EXPULSE, BRISONS AIR FRANCE”.
En effet et depuis des années, la célèbre compagnie aérienne se charge d’expulser la majorité des sans-papiers arrêtés en France et emmenés de force en avion dans un autre pays, entourés de flics et souvent ligotés. Elle accorde même des cartes de fidélité et des avantages à ses meilleurs « clients » flics qui escortent les personnes expulsées. Air France participe directement à la gestion des expulsions contre lesquelles de nombreuses actions et manifs se succèdent depuis décembre. Sabotons la machine
à expulser dans tous ses rouages et par tous les moyens possibles, harcelons les entreprises qui collaborent et qui profitent de cette politique d’expulsions.
Liberté pour tous les prisonniers, avec ou sans papiers, avec ou sans chlorate.
 »

30 avril, Paris
« Dans la nuit de mardi à mercredi 30 avril, deux distributeurs de la BNP (connue pour balancer des sans-papiers à la police) située rue Dugommier (XIIe) ont été défoncés à la masse, suivis de toutes les vitres du bureau de la Croix Rouge (qui accompagne les expulsions en France, et gère des centres de rétention en Italie et en Belgique) situé rue Lemonnier (XIIe) et de celles d’une Mercedes à immatriculation d’une ambassade quelconque (contre tous les Etats). Cette même nuit, c’est aussi le siège de l’Agence nationale d’accueil des étrangers et des migrations (ANAEM, ex-OMI, qui gère notamment les primes au retour) situé rue Bargue (XVe) qui a vu ses vitres voler en éclats.
Contre tous les rouages de la machine à expulsions, la lutte continue... Solidarité avec celles et ceux qui se rebellent dans les prisons, les centres de rétention ou les commissariats.
 »

4 mai, Grenoble
Apéro-concert de soutien à Bruno et Ivan au squat Palm Bitch.

4 mai, Paris
Plusieurs centaines de personnes manifestent entre la porte Dorée et le centre de rétention de Paris-Vincennes, où des retenus observent une grève de la faim, pour réclamer la fermeture des centres de rétention administrative (CRA).
Des manifestants, qui criaient « Socialos collabos », ont violemment pris à partie la députée socialiste de Paris George Pau-Langevin, qui a tenté de prendre la parole. Elle a dû être évacuée sous protection policière (et celle de membres du 9e collectif de sans-papiers et de la CNT Vignoles). Par ailleurs, Keny Arkana et Kalash ont chanté devant le centre.

7 mai, Toulouse
Rassemblement de 30 à 40 personnes à 17 h sur la place des Salins, derrière le tribunal de grande instance. Des banderoles avaient été mises disant « Non au terrorisme d’Etat », « Non à la répression de la contestation » et «  Solidarité avec tous les prisonniers ».
La lettre de Ivan et Bruno a ensuite été lue pour voir peu après un cortège partir en déambulation sauvage de la place des Salins jusqu’à la place Esquirol. Des slogans appelant à se révolter contre la politique de terreur de l’Etat, la fermeture de toutes les prisons et les centres de rétention se sont fait entendre tout le long du parcours.

10 mai, Paris
Perturbation de l’émission « Répliques » de France Culture et lecture d’un texte, diffusé à l’antenne vers 9 h 30. Il se termine par « Solidarité avec Ivan et Bruno et tous les enfermés. Merde aux croque-morts. »

13 mai, Grenoble
Rassemblement à 10 h devant le tribunal administratif en solidarité avec Régis (étudiant sans papiers arrêté dans sa chambre du CROUS), Najib (sans-papier arrêté chez lui à Meylan) et tous les sans-papiers, ainsi que Ivan et Bruno. Il y avait un peu plus de 80 personnes, des centaines de tracts expliquant les raisons du rassemblement ont été distribués ainsi que 200 exemplaires de la lettre publique écrite par Bruno et Ivan depuis les prisons de Fresnes et Villepinte.
Une grande banderole a été déployée, similaire à celle qui avait été suspendue au-dessus de la manifestation de solidarité avec les sans-papiers à Paris le 5 avril dernier : « Vive la solidarité avec les sans-papiers, liberté pour Bruno, Ivan et les autres. »
Pendant le rassemblement, qui bloquait la rue Marcel Benoît, où se situe le tribunal administratif, quatre fumigènes ont été allumés et quelques slogans criés. Sur la rue Lesdiguières, lors de la manif lycéenne qui venait de commencer, deux fumigènes ont été allumés et des tracts appelant au rassemblement ont été diffusés. Arrivant sur la place de Verdun (où se trouvent à la fois le tribunal administratif et la préfecture), les lycéen-ne-s ont acclamé le rassemblement de solidarité avec Bruno et Ivan. Des fumigènes brûlaient alors dans la manif et dans le rassemblement, qui s’est finalement dirigé vers la manif, pour rejoindre les lycéen-ne-s en lutte.

24 mai, Paris
Soirée hip-hop à la CIP-IDF « Contre la machine à expulser, pour Ivan, Bruno et tous les autres ».

28 mai, Rennes
80 personnes se sont réunies place de la Mairie pour exprimer leur solidarité avec les sans-papiers en lutte dans les prisons administratives et aussi pour celles et ceux qui luttent solidairement...
Une banderole a été déployée, des fumigènes ont été tirés, la lettre de prison d’Ivan et Bruno a été lue au mégaphone, des brochures ont été distribuées...

5 juin, Montreuil
Discussion autour de la solidarité sur le thème « la meilleure défense c’est l’attaque » au 26, rue Rochebrune, 18 h.

7 juin, Lyon
À 15 h, une petite centaine de personnes est rassemblée derrière la préfecture, rue Dunoir, derrière une banderole « Vive la solidarité avec les sans-papiers. Liberté pour Bruno et Ivan. » Le temps de lire la lettre écrite en taule par les camarades inculpés et le petit groupe décide de s’ébranler hors de ce trou à rat, histoire d’être un peu plus visible un samedi après-midi. Des fumigènes sont allumés, dont certains artisanaux (terroristes !). Les slogans ? Contre les prisons, les frontières, en solidarité avec les sans-papiers et puis « Liberté pour Bruno et Ivan. »

9 juin, Genève
« Dans le cadre de la semaine de soutien aux camarades arrêtés avec des fumigènes au cours d’une manifestation au centre de rétention de Vincennes (près de Paris) : affichage à Genève sur les maisons occupées et évacuées depuis l’été dernier. [...] A Genève, une affiche de soutien intitulée “Qui sont les terroristes ?” a été placardée sur une dizaine de maisons occupées et évacuées depuis l’été dernier. L’affiche se termine par les mots : “Nous ne subirons pas cette déclaration de guerre en baissant la tête.” Nous la reprenons à notre compte face aux menaces d’expulsion qui pèsent sur les Tulipiers et la Tour 2 ; nous la reprenons à notre compte face aux dix expulsions qui ont eu lieu depuis l’été dernier. D’autres actions sont à venir ! Mort aux vaches ! Ça va continuer ! »

8-9 juin, Paris
« Dans le cadre de la semaine de solidarité, trois banderoles ont été posées dans le XVIIIe arrondissement de Paris dans les nuits de samedi à dimanche et de dimanche à lundi : “Résistances aux contrôles. Plus de papiers du tout” sur un échafaudage de la rue du Poulet (héhé) ; “Émeutes dans les centres de rétention, solidarité”, sur une grille du square Léon, “Solidarité avec les sans-papiers en lutte”, sur un pylône de signalisation pour les trains sur la rue du Département. »

8-9 juin, Lyon
« Résistance active contre la machine à expulser. Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, cinq institutions participant activement à la traque et à la “gestion” des sans-papiers ont été attaquées, à Lyon. Leurs vitres ont été brisées et leurs façades peinturlurées.
— L’ANAEM (ex-OMI), qui gère la main d’œuvre étrangère et organise les retours volontaires vers les pays d’origine : “
L’ ANAEM déporte et humilie”.
— Air France, qui permet la déportation quotidienne des sans-papiers : “
Non à la déportation des sans-papiers.
— La Police de l’Air et des Frontières, qui réprime, contrôle et déporte les sans-papiers : “
PAF=NAZI.”
— Un bureau de vente Bouygues Immobilier, qui construit les prisons et les centres de rétention : “
Non aux prisons”.
— Une agence BNP, qui exploite et livre les sans-papiers.
Solidarité avec les enfermé/es, avec ou sans chlorate !
 »

9-10 juin, Brest
« Au matin du 10 juin, les brestoises et brestois ont pu voir la ville parsemée de tags : “Guerre sociale”, “Mort aux keufs”, “Nos révoltes font nos solidarités et vice-versa”, “l’État assassine, réappropriation de la violence”, “Libérez les autres”, “Plutôt chômeur que militaire”... Ainsi qu’une banderole posée sur un pont au-dessus de la voie express Quimper-Brest : “Contre toutes les prisons”.
La nuit du 9 a été une nuit d’action en faveur de la libération des deux de Vierzon (Isa et Farid) suite à l’appel à solidarité pour Bruno, Ivan et Damien récemment liberés ainsi que pour tous les prisonniers ! Ici comme ailleurs, contre toutes les prisons !!!
 »

9+11 juin, Moscou
Environ 30 anarchistes sont venus devant l’ambassade de France, ont distribué des tracts et crié des slogans en russe et en français : « Solidarité avec les sans-papiers ! », «  Non à la répression ! », « Non à la terreur ! » Une banderole a été accrochée sur l’ambassade avec le slogan « Solidarité avec les sans-papiers et les anarchistes qui sont soumis à la répression ! » et des fumigènes ont été allumé pour exprimer une symbolique de solidarité avec les compagnons accusés de terrorisme pour avoir possédé ce même type d’objet. Le premier acte de solidarité avec les incarcérés avait eu lieu le 9 juin : des anarchistes ont allumé des fumigènes devant l’ambassade de France, en scandant des slogans.

11 juin, Rouen
« Aujourd’hui mercredi 11 juin à 20h une banderole a été déployée à ROUEN, sur l’immeuble du Théâtre des Arts, à l’occasion d’un concert. On pouvait y lire : “DESTRUCTION DES CENTRES DE RETENTION. LIBERTE POUR ISA ET TOUS LES PRISONNIERS”. Des tracts expliquant l’objet de la semaine de solidarité sans frontières ont été lancés depuis le toit ainsi que les lettres d’Ivan et Bruno et d’Isa et Farid. Solidarité pour tous les sans-papiers et tous les prisonniers ! »

11 juin, Grenoble
Rassemblement à 13 h 30 devant la préfecture puis occupation pendant quelques heures du musée de la Résistance par une cinquantaine de personnes. Des banderoles « Solidarité avec les sans-papiers », « Résistons encore ! » ou « Ni prison, ni frontières, ni matons, ni charters » ont été déployées sur sa façade, et de nombreux tracts distribués.

12 juin, Paris
« L’APIJ, CONSTRUCTEUR DE PRISON, ATTAQUÉE A PARIS. Jeudi après-midi, dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontières avec Isa, Farid, Ivan, Bruno, Damien et tous les révoltés, une trentaine de personnes ont attaqué l’APIJ (Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice) à Paris dans le XIIIe arrondissement. L’APIJ (anciennement l’AMOTMJ) est un acheteur public qui s’occupe de mettre en œuvre les programmes immobiliers du Ministère de la Justice, c’est-à-dire de s’occuper principalement de la construction des prisons. Lors de cette action, une grande quantité de déchets en tout genre a été déversée dans le hall de l’agence ainsi que sur la façade : œufs de peinture, huile de vidange, boules puantes, litières, ordures, nuage de farine et autres mixtures bien pourries. Des slogans ont été tagués à l’entrée «  GUERRE SOCIALE », «  FEU AUX PRISONS », «  LA TERREUR D’ÉTAT C’EST ICI  ».
Solidarité avec tous les prisonniers, avec ou sans papiers, avec ou sans chlorate.
Liberté pour Isa, incarcérée a Lille, et tous les prisonniers.
Feu aux prisons et aux centres de rétention.
 »

12-13 juin, Paris
« Dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin, deux entreprises collaborant avec l’Etat ont été attaquées à Paris. Dans le IXe arrondissement, rue du Faubourg-Poissonnière, une agence Air France a eu toutes ses vitrines brisées et un slogan a été tagué dessus : «  SABOTONS LA MACHINE A EXPULSER ». Air France prend en charge volontairement l’expulsion de la plupart des sans-papiers arrêtés.
Dans le XXe, rue des Pyrénées, c’est une agence Bouygues Telecom (l’entreprise Bouygues étant l’un principaux constructeurs de prisons et de centres de rétention) qui a eu ses vitrines endommagées et tagguées « 
FEU AUX PRISONS ». Rappelons que l’agence Air France du Faubourg-Poissonière avait déjà été attaquée de manière similaire il y a deux mois. Continuons à harceler les entreprises qui font leur fric en construisant des prisons ou en expulsant des sans-papiers !
Ces actions ont eu lieu dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontières avec Isa, Farid, Ivan, Bruno, Damien, tous mis en examen sous une juridiction antiterroriste pour s’être révoltés contre ce monde et avoir participé à des luttes contre les expulsions et contre tous les enfermements. Isa est encore incarcérée à la prison de Lille. Cette semaine est l’occasion d’exprimer, chacun à sa manière, sa solidarité avec tous les enfermés et tous les révoltés.
Destruction des prisons.
Liberté pour Isa et les autres.
 »

13 juin, Thessalonique (Grèce)
Un peu plus d’une soixantaine d’anarchistes, d’antiautoritaires et d’autonomes ont participé à un rassemblement devant le consulat de France, qui a duré une demi-heure et s’est terminé en petite manifestation. « La politique antiterreur de l’Etat ne peut pas nous terrifier, elle ne peut que nous rendre plus enragés et plus déterminés. Solidarité avec les deux de Vierzon, Bruno, Ivan, Damien. Liberté pour tous les prisonniers, avec ou sans papiers. Liberté pour tous. »

13 juin, Turin (Italie)
Une heure et demi d’émission sur « Radio black out » pour parler de la situation française par rapport aux CRA, à l’ADN, aux opérations antiterroristes et puis pour parler des copains en taule... lecture des 2 lettres et d’autres documents de Mauvaises intentions.

13-14 juin, Santa Cruz-Californie (États-Unis)
« Peu après minuit, vendredi 13 juin, le tribunal de Santa Cruz a expérimenté non pas de la malchance, mais un acte délibéré de révolte. Inspiré par des actions récentes dans le coin et les luttes d’autres personnes partout dans le monde, des galets ont été lancés à travers deux baies vitrées. La rupture des vitres a été pour nous un moment de pure joie. Nous aimerions la dédier à tous les prisonniers et détenus forcés de subir la farce déshumanisante de la froide justice, et en particulier avec ces compagnons : Eric McDavid, Marie Mason, Daniel McGowan, Leonard Peltier, John Graham, les guerriers Mohawk de Tyendinaga et des Six Nations, les émeutiers d’Olympia Washington, Lukas Winkler, Stephanie Trager, and Sven Maurer (squatters de Munich), Isa, Farid, Damien, Bruno and Ivan (de France). »

13-14 juin, Paris
« Dans le cadre de la semaine internationale de solidarité avec Isa et tous les autres, plusieurs véhicules se sont incendiés simultanément dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin à Paris : une voiture diplomatique rue Weiss (XIIIe arrondissement) devant le ministère de l’Economie (et une BMW défoncée), une camionnette toute neuve de l’entreprise Forclum (appartenant au groupe Eiffage, constructeur de prisons) rue de Charenton (XIIe), et un camion de la mairie de Paris rue de Coriolis (XIIe), qui s’évertue comme ses prédécesseurs à chasser les pauvres de la ville. Feu à toutes les prisons ! Liberté pour tous les prisonniers, avec ou sans papiers, avec ou sans chlorate ! »

13-14 juin, Bruxelles
L’entrée de la station de métro Osseghem, dans le quartier de Molenbeek, est totalement dévastée par un groupe d’inconnus en moins de deux minutes : distributeurs de billets, composteurs, caméras de surveillance et grandes baies vitrées. Sur place, un tag précise « Stop aux rafles ».

14 juin, Moscou
« Les bureaux de la compagnie aérienne française Air France ont été repeints avec les slogans “Solidarite avec les san-papiers” (en français) et “No states, no borders, no races” (en anglais). En ce moment se déroule partout dans le monde une campagne de solidarité avec Ivan, Bruno et les autres anarchistes français sous pression de l’État répressif français. Le motif est leur participation aux manifestations contre la politique d’immigration. Air France participe aux déportations d’immigrés, multipliant les souffrances et la douleur sur la planète. »

14 juin, Le Vigan
« Rassemblement sur le marché du Vigan. Quelques idées sur les luttes qu’il nous importe aujourd’hui de mener. Lutte au côté des camarades inculpés ou incarcérés, lutte contre les CRA, lutte contre les prisons, lutte contre la société qui les engendre, lutte contre le contrôle de nos existences. Cette petite action fut appuyée par une table de presse assez bien fournie, une bouffe tirée du sac, une caisse de soutient, des affiches collées un peu partout dans la ville, une projection en soirée avec la préparation d’une journée de manif à Sète et devant le centre de rétention qui est prévue le 28 juin. »

15 juin, Paris
Rassemblement d’une cinquantaine de personnes contre la machine à expulser au métro La Chapelle à 16 h. « Le choix de ce quartier n’est pas anodin : entre Barbès et Stalingrad, la police sait qu’elle va attraper des travailleurs sans papiers. Et les autorités — de la préfecture à la municipalité — y trouvent leur compte, ça “nettoie” le quartier pour laisser place à la “mixité sociale” avec l’installation des bobos sur les Quais de Seine et à la Goutte d’Or. Cela fait plusieurs années que ces quartiers sont en “restructuration” : augmentation des loyers, expulsions des pauvres aux portes de Paris, contrôle des places et des rues. »

16 juin, Kiev (Ukraine)
Rassemblement de solidarité avec les anarchistes emprisonnés en France devant l’ambassade de France (banderole, tracts, etc.).

16 juin, Bruxelles
« Dans la nuit de lundi 16 juin 2008, une camionette de ISS Cleaning a été incendiée à Bruxelles. ISS Cleaning effectue les travaux de nettoyage dans les centres fermés (centres de rétention). »

16 juin, Vancouver (Canada)
« Deux caméras de surveillance du Centre Commercial (Commercial Drive) ont été visiblement obstruées avec de la peinture, tandis que le toit et les portes du ministère de la Protection Publique (comité de probation) et le centre commercial ont été taggés par des “Fuck probation”, “Brisons les prisons, maintenant” et “Solidarité sans frontières — la Liberté est notre crime !”. Cet acte a été réalisé dans le cadre de la « semaine de solidarité sans frontières », appelée suite à l’arrestation et l’incarcération de cinq personnes en France. »

17-18 juin, Lille
« Dans la nuit du 17 au 18 juin, les vitres de l’agence de la BNP située rue Gambetta à Lille ont été brisées. “Non aux rafles, BNP collabo” a été taggé sur le mur en face. Cette action est à placer dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontière. Solidarité avec les inculpés ! Fermeture des centres de rétention ! Liberté pour tous et toutes !
Des retardataires en colère.
 »

9-16 juin, Grenoble
« Du 9 au 16 juin 2008, a eu lieu la semaine de solidarité sans frontières, en soutien avec les sans-papier-e-s, expulsé-e-s et traqué-e-s, ainsi qu’avec celles et ceux qui les soutiennent et qui multiplient les actes d’insoumissions qui enrayent la machine à expulser.
Pendant cette semaine, les locaux de plusieurs entreprises ou institutions qui participent à la traque et à l’expulsion des sans papier-es ont été attaquées. Leurs vitrines ont été taguées, peinturlurées ou brisées.
— Air France qui prend en charge volontairement la plupart des expulsions de sans papier-e-s.
— Bouygues, un des principaux constructeurs de prisons et de centres de rétention.
— BNP, connue pour livrer les sans-papier-e-s aux flics.
— La Croix Rouge, constructeur de centres de rétention en Belgique et en Italie ; chargée en France de donner un « visage humain » aux CRA.
— la TAG qui dernièrement avait balancé une sans-pap’ aux keufs.
— la CGT qui récemment a attaqué les sans-papier-e-s, qui occupaient la bourse du travail à Paris, lors d’une manifestation.
Continuons à harceler les collabos qui font leur fric en construisant des prisons et en participant à l’expulsion des sans-papier-e-s.
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-e-s, avec ou sans chlorate.
 »

9-16 juin, Bizkaia (Pays-Basque)
Chaque jour de la semaine du 9 au 16 juin, dans les villages de Algorta et Erromo (Bizkaia), des banderoles informatives ont été suspendues en soutien aux 5 compagnons français. A Astrabadua (Bizkaia), un autre groupe d’individus solidaires ont envoyé des fax pendant une demi-heure à l’ambassade de France en Espagne. Le fax comportait une seule phrase : « Liberté pour Isa, relaxe pour Bruno, Ivan, Farid et tous les autres. »

23 juin, Montevideo (Uruguay)
« La nuit du 23 juin 2008, un engin explosif de faible intensité à explosé dans la chambre uruguayo-française de Montevideo.
Pour saluer les compagnons et tous ceux/celles qui résistent à la répression, et ceux/celles qui sont séquestréEs par l’État français.
Parce que la liberté est plus qu’une parole écrite. Pour la liberté de toutes et tous.
 »

24 juin, Paris
Vers 18 h 30 à l’université Paris V, le début de la conférence du psychiatre généticien Philip Gorwood a été retardée par une dizaine de perturbateurs qui ont distribué un tract et pris la parole, en solidarité avec Isa et Juan, incarcérés à partir de leur supposé ADN. « Mais qui n’a jamais songé à brûler des caisses avec gyrophare face à leurs rafles contre les immigrés, leurs tabassages dans les manifestations, leurs assassinats dans les quartiers ou leur racket quotidien ? Certainement Gorwood et ses acolytes, et tous ceux qui défendent son cauchemar policé. »

26 juin, Rennes
Manif sauvage devant le centre de rétention de St-Jacques, deux fumigènes allumés et 22 personnes interpellées et placées 24 h en garde à vue pour « port et détention d’artifices non détonant. »

28 juin, Sète
Sète, 14 h, un cortège commence à se constituer. Une demi-heure plus tard, il s’ébranle et parcourt les rues du centre-ville. Il se dirige alors vers le centre de rétention au son de slogans comme « Pierre par pierre, mur par mur, détruisons les centres de rétentions (ou toutes les prisons) », « Ni prisons, ni frontières, ni centres de rétentions » ou « des papiers pour tous (ou pour personne !). » Passant par le quartier alloué aux immigrés, des rencontres se font. Petit à petit le cortège grandit.
C’est environ 150 personnes qui se retrouvent devant le centre de rétention de Sète. Là, un vacarme de ¾ d’heure vient saluer les sans-papiers enfermés (au nombre de 5 à ce moment, cantonnés dans une pièce d’où il leur est impossible de communiquer avec l’extérieur). Les slogans répondent aux pétards et fusées. Le portail est repris aux flics et sera tambouriné pendant un long moment... sans céder ! Le cortège repart alors en direction du port, laissant derrière lui quelques traces de son passage (tags, collages...). Un bateau de la compagnie COMANAV est à quai. Celle-là même qui régulièrement collabore avec l’État pour les expulsions. Les vigiles s’empressent de fermer la plate-forme d’accès. Des tracts sont alors distribués aux personnes embarquant. Le cortège repart ensuite vers le centre-ville, avant de se disperser.

2 juillet, Fresnes
Au rendez-vous public à 13 h 30 au métro La Chapelle (Paris), près d’une dizaine de cars de CRS et d’innombrables policiers en civil attendaient les individus solidaires venus au rendez-vous. 6 personnes ont été arrêtées et retenues deux heures au commissariat de la place d’Italie au prétexte d’un « rassemblement illégal ». Toutes les autres ont échappé au dispositif policier.
Peu après 15 h, plus d’une vingtaine de personnes se sont retrouvées derrière la prison de Fresnes, où Juan est incarcéré depuis le 21 juin. Une banderole «  Vincennes crame — feu aux prisons ! » a été accrochée au grillage, tandis qu’une dizaine de fumigènes étaient allumés malgré la pluie battante. « Liberté pour Juan, liberté pour tous », « Mur par mur, brique par brique, détruisons toutes les prisons », « Liberté pour tous les prisonniers, et feu aux prisons » ont notamment été scandés pendant un quart d’heure, provoquant quelques cris et tee-shirts aux fenêtres de plusieurs cellules. Au final, 4 personnes passeront en procès le 3 septembre.

3 juillet, Paris
« Dans la nuit du 2 au 3 juillet, toutes les vitres de l’agence BNP de Dugommier (Paris XIIe) ont été défoncées, et ses deux distributeurs incendiés.
Spéciale dédicace aux incendiaires du CRA de Vincennes (la BNP a balancé des sans-papiers aux keufs à plusieurs reprises).
Liberté pour Isa, Juan et tous les autres. Liberté pour tous les prisonniers de Fresnes et des alentours. Liberté pour tous et toutes. Feu aux prisons !
 »

5 juillet, Marseille
Concert de soutien aux prisonniers de la guerre sociale.

20 août, Hambourg (Allemagne)
« Dans le cadre des “campement antiraciste” et “campement climatique” qui se déroulaient à Hambourg (Allemagne) du 16 au 24 août, la journée du 20 août a été marquée par l’intrusion de 40 personnes cagoulées en pleine journée dans les bureaux traitant les demandes de papiers des étrangers, équivalent aux préfectures françaises. En moins de deux minutes selon la police, les ordinateurs, et mobiliers se sont faits saccagés et les locaux ont été recouvert de jets d’extincteur plein de peinture rouge. »

21 août, Hambourg
« Lors de la journée d’actions décentralisées contre les déportations, le consulat de France de Hambourg a été occupé en soutien aux luttes des sans-papiers et aux personnes inculpées et incarcérées dans le cadre de la répression contre les dits “anarcho-autonomes” par le gouvernement français. Une quarantaine de personnes ont réussi à rentrer dans le consulat, alors que la plupart des institutions et bâtiments officiels ou cibles potentielles d’actions étaient surveillées par des cohortes de policiers suite à l’action dans le bureau des étrangers. Une banderole de solidarité avec les sans-papiers a été accrochée du balcon par dessus le drapeau français tandis qu’une autre sur le perron demandait la libération de Isa, Juan et Damien. Après un début de bousculade autour de la machine à fax et quelques débats avec le consul et le personnel offusqués de l’occupation et de la banderole sur la façade alors que “la nation était en deuil suite à la mort de soldats français en Afghanistan”, les occupants ont fini par obtenir un engagement clair sur l’envoi de faxs au gouvernement français. Les policiers appelés à la rescousse ont vaguement tentés d’interpeller les occupants lors de leur sortie du consulat, mais sans succès. Diverses émissions de radio et diffusions de textes ont déjà été organisées en Allemagne sur cette affaire, à l’heure où vont s’ouvrir les procès 129A (articles de loi qualifiant les actions de “terrorisme politique”), concernant notamment des personnes inculpées sur des affaires d’incendie de voitures de l’armée. »

2 septembre, Rouen
A 9 h, des prisonniers et prisonnières de Rouen ont pu voir une banderole « FEU AUX PRISONS » flotter dans les airs et voir et entendre peu après des pétards et des feux d’artifice.

2 septembre, Villepinte
A 21 h 30, c’est au tour des prisonniers de Villepinte de voir un feu d’artifice.
Le lendemain, on pouvait voir une banderole « LIBERTÉ POUR LES PRISONNIERS » près de la prison de Villepinte et sur l’autoroute A1 en direction du centre de rétention du Mesnil-Amelot : « AU MESNIL-AMELOT COMME AILLEURS, A BAS LES PRISONS. »

2-3 septembre, Angers
« Dans la nuit du 2 au 3 septembre un tag “SOLIDARITÉ” a été fait face à la prison d’Angers.
Le jour du procès sur Paris de 4 personnes arrêtées à Fresnes pour avoir participé à une action de soutien aux prisonnierEs, nous avons décidé de faire cette petite action en solidarité pour toutes les personnes en prise avec la justice, pour toutes les personnes prisonnières ainsi que leurs proches, et pour celles en cavale.
 »

13/15 novembre , Zurich (Suisse)
« En temps de crise, il est plus facile de regarder derrière la façade de l’Etat et de l’Economie...
Que ce soit à travers la crise financière, la fermeture des frontières de l’Europe aux indésirables, le durcissement
du contrôle, le déchaînement contre le terrorisme, l’empoisonnement éhonté de notre environnement — partout les contradictions se font toujours plus éclatantes, les tentatives de les étouffer toujours plus désespérées et pour cela plus aggressives encore.
Cela ne laisse plus aucune place aux subtilités dérisoires sur la morale et le politiquement correct — et c’est bien ainsi !
Laissons les bla-bla théoriques aux intellectuels de gauche et aux bavards, NOUS appartenons à la rue, de jour comme de nuit. Car si NOUS n’attaquons pas, qui le fera ? Si nous n’attaquons pas MAINTENANT, alors quand ?
L’attaque est la priorité absolue, mais cela ne doit cependant pas signifier la perte de la théorie. Même si celle-ci doit lever son cul du confort du fauteuil et quitter la sécurité des livres poussiéreux, ici et maintenant, et se concentrer sur l’attaque et la défense.
Dans ce sens nous envoyons des salutations solidaires enflammées en France, où une vague répressive semble justement venir déferler sur quelques camarades — NOUS SOMMES AVEC VOUS !
C’est pourquoi nous avons — ce que nous considérons comme une réaction minimale — incendié quatre voitures de luxe à Zurich, deux le jeudi 13 novembre et deux autres le samedi 15 novembre.
Le truc : Des allume-feux dans le circuit d’aération et partir vite...
Le commando-grill anarchiste
 »

27 novembre, Moscou
Un groupe d’anarchistes a diffusé des tracts et crié en russe et en français les slogans suivant devant l’ambassade de France : « Solidarité avec les interpellés de Tarnac ! », « A bas la terreur d’Etat ! » Sur un bâtiment près de l’ambassade, ils ont accrochés une banderole sur laquelle était écrit « Solidarité avec les interpellés de Tarnac ! » Un train en carton avec l’inscription « La mouvance anarcho-autonome revient ! » a également percuté les portes de l’ambassade. Des policiers se sont alors précipités pour disperser le groupe, un des participants a été saisi à la gorge et arrêté. Il a été relâché quelques heures plus tard.
« Nous, anarchistes de Moscou, déclarons notre solidarité absolue avec les interpellés de Tarnac. Aujourd’hui devant l’ambassade de la France en Russie nous accusons que sous prétexte de la “lutte contre le terrorisme” (et en Russie dans le cadre de la “Loi concernant la lutte contre l’extrémisme”), les Etats établissent des normes permettant d’incriminer facilement de terrorisme des individus et des mouvements de libération dans le monde entier . »

28 novembre, Paris
Au son de « Libérez les prisonniers », plusieurs dizaines de personnes sont venues au palais de justice de Paris en solidarité aux emprisonnés de Tarnac qui passaient en appel contre leur mise en détention. 48 d’entre-elles ont été interpellées : 47 vérification d’identité, 1 plainte...

début décembre
Création de multiples comités de soutien aux inculpés de Tarnac

3 décembre, Athènes
Une attaque commise avec un engin composé de quatre petites cartouches de gaz et placé devant la porte du bureau de l’AFP (Agence France Presse) provoque un début d’incendie sans faire de blessé. Dans un appel téléphonique au quotidien Elefthérotypia (gauche), un inconnu a revendiqué l’action au nom de la Conspiration des cellules de feu « en signe de solidarité avec les camarades français. »
« Pendant que les citoyens paisibles profitaient de la pause café de leur inexistence dans la rue pavée de Kolonaki, nous nous sommes mis une fois de plus au “service” de la destruction et avons préparé un nouveau cadeau de cendres. A travers lui, nous envoyons nos saltutations révolutionnaires aux camarades français qui ont choisi d’attaquer le réseau de trains à grande vitesse, en sabotant les voies de l’angoisse quotidienne d’une vie déterminée, pré-sélectionnée et imposée par le bio-pouvoir à ses sujets. »

5 décembre, Hambourg
Le consulat de france est bombardé d’oeufs de peinture noire.

9 décembre, Varsovie (Pologne)
Des anarchistes manifestent devant l’ambassade de Grèce suite à l’assassinat d’A. Grigoropoulos et en solidarité avec les émeutiers grecs, puis devant l’ambassade de France en solidarité “avec les 9 de Tarnac”.

10 décembre, fac économique d’Athènes occupée
« Liberté à Isa Juan Damien !!!
NOTRE SOLIDARITE TOTALE
A Isa, Damien, Juan, tous les inculpes par la loi antiterroriste.
Par Athenes qui brule, par les barricades des etudiants, travailleurs, immigres insurge(e)s, on vous embrasse fort, nous vous penseons beaucoup avec chaleur au coeur !
La solidarite est notre arme, nottre force. On vous aime !!!!!
 »

23 décembre, Paris
Rassemblement pour la demande de mise en liberté d’Isa : « Ce matin, le rassemblement a réuni une quarantaine de personnes pour exiger la remise en liberté d’Isa. Les gendarmes en très grand nombre (avec déjà la présence du panier à salade des flics dehors) ne nous ont pas permis l’accès à la galerie de la chambre d’instruction. Nous sommes donc restés le temps des débats devant l’entrée de l’escalier A. Après un bref compte-rendu de l’avocat, nous avons fait le choix de ne pas manifester à l’ intérieur du Palais de Justice comme nous avions pu le faire précédemment mais plutôt de se faire entendre dans la rue. Devant le Palais de Justice nous avons déployé une banderole sur laquelle était écrit “Liberté pour Isa, Juan, Damien et tous les prisonniers” et nous avons marché sur la chaussée, ralentissant ainsi la circulation jusqu’au siège de l’Administration Pénitentiaire rue du Renard en criant des slogans : “Libérez Isa et tous les prisonniers”, “Pouvoir assassin”, “Flics, porcs, assassins”, “Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons”...Nous nous sommes dispersés sans arrestation (à notre connaissance) alors qu’arrivaient les gendarmes mobiles...
La demande de mise en liberté d’Isa a été rejetée par les juges. Au bout d’un an de détention, au cours du mois du janvier, le mandat de depot criminel d’Isa sera peut-être renouvelé et elle repassera alors devant les juges. De nouvelle initiatives sont à prévoir pour exiger sa libération...
La solidarité est une arme ! La lutte continue !
 »

15 janvier
« Il y a eu un rassemblement d’une centaine de personnes venues la soutenir dans le tribunal. Nous avons criés « Libérez Isa ! » quelques minutes puis nous sommes partis en manifestation à l’intérieur du tribunal puis dans la rue. A ce moment, et un peu avant, des autocollants ont été collés dans les couloirs du “palais” sur lesquels on pouvait lire : “Samir en prison à Villepinte assassiné le 6 janvier par les matons”, “Liberté pour Isa, Juan, Damien et les autres ! Vive le sabotage ! Vive la révolte ! »

janvier 2009
Appel à une semaine de solidarité sans frontière avec Isa et tous les prisonniers du 18 au 25 janvier 2009
« Bonne année ?
Un an...
Ça fera bientôt un an qu’Isa est en prison. Qu’ils la transfèrent sans cesse : d’abord Fleury-Mérogis, puis Lille-Séquedin, Rouen, et aujourd’hui Versailles. Isa est accusée de la tentative d’incendie d’une voiture de flics pendant les élections présidentielles, et d’avoir eu en sa possession des plans d’un Établissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM), du chlorate de soude (produit servant à fabriquer des fumigènes) et des manuels de sabotage.
L’enquête est toujours en cours, il n’y a pas de date de procès. Ni pour elle, ni pour les autres accusés reliés à cette affaire (Damien et Juan, encore en prison, ainsi que Farid, Ivan et Bruno). Il s’agit d’une des enquêtes sous régime anti-terroriste (dont « Tarnac » est l’exemple le plus visible) qui concerne la dite « mouvance anarcho-autonome », catégorie policière utilisée pour désigner de multiples personnes participant à des luttes sociales.
Au bout d’un an, avant le 26 janvier au soir, les juges doivent décider de renouveler, ou pas, le mandat de dépôt criminel d’Isa : de la maintenir en détention préventive, ou de la libérer.
Parce que cette affaire est un exemple parmi d’autres de la répression et du serrage de vis généralisé qui frappe de plus en plus de personnes et remplit toutes les prisons y compris les nouvelles (pour étrangers, pour mineurs, de haute sécurité...),
Parce que notre solidarité s’adresse à celles et ceux qui se révoltent contre l’ordre de ce monde,
Appel à une semaine de solidarité internationale avec Isa et tous les prisonniers entre le 18 et le 25 janvier 2009 : multiplions les actions (banderoles, tags, rassemblements, réunions publiques, manifs, feux d’artifice ?...) pour rompre l’isolement carcéral et continuer la lutte.
Encore une occasion d’échanger et de partager notre rage, et de s’en prendre à ce qui exploite et enferme.
Liberté pour Isa, Damien, Juan et tous les prisonniers !
Vive le sabotage !
Vive la révolte !
 »

18 janvier
« Nous étions encore une centaine à nous réunir devant les portes de la maison d’arrêt, 28 avenue de Paris, à 16 h. Deux banderoles ont alors été déployées du coté de l’avenue qui mène au château de Versailles sur lesquelles on pouvait lire sur l’une, “Liberté pour Isa, Juan, Damien et tous les prisonniers” et sur l’autre “Destruction de toutes les prisons”. En même temps de nombreux pétards étaient lancés vers le mur de la prison, dont certains au-delà, et on pouvait entendre “Libérez Isa ! Libérez les prisonnières !” Au bout d’un moment nous nous sommes déplacés vers une rue à coté, la rue de l’assemblée nationale, de laquelle on peut voir une partie des bâtiments de détention. Là, des pétards ont à nouveau été lancés de l’autre coté du mur et quelques feux d’artifices ont été tirés. Des prisonnières nous ont alors répondu en nous saluant de la main, ont crié “On veut la liberté !” et quelques mots ont pu être échangés. De notre coté, nous avons encore crié “Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons !” et des “Tenez bon !”, “Liberté !” ou “Feu aux prisons ! »

24 janvier 2009, Paris
Appel à manif, le samedi 24 janvier. RDV à 15 h métro Barbès
« C’était rue de Clignancourt, devant le commissariat du 18è arrondissement. Sous une bagnole de flics (une dépanneuse), des bouteilles d’essence et des allume-feu ont été retrouvés. Mais la voiture n’a pas brûlé…
C’était il y a plus d’un an, en mai 2007, pendant les élections présidentielles. Un moment où les manifs étaient sauvages, où beaucoup de vitrines de permanences électorales ont éclaté, où des voitures de flics ont cramé.
Sous la voiture du XVIIIe ont aussi été retrouvées cinq traces ADN. Les flics prétendent qu’elles correspondent à trois personnes qui sont aujourd’hui en taule, accusées de cette tentative d’incendie, sous mandat de dépôt anti-terroriste :
Isa depuis presque un an (à Versailles)
Juan depuis 6 mois (à Bois d’Arcy)
Damien depuis plus de 4 mois (à Villepinte)
Vive la révolte ! Vive le sabotage !
Liberté pour tous les prisonniers !
 »



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